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Nesk, Bertrand Lobry

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Sciences historiques

Histoire du café

L'origine du café est légendaire. C'est en éthiopie que semblent être nés les premiers plants de café, transportés plus tard en Arabie et au Yémen. Au XVIIIe siècle, quelques plants finissent par quitter l'Arabie pour l'Inde, et le Yémen pour la Hollande. Les premières cultures parviennent aux Antilles vers 1723 et quelques années plus tard dans les îles Caraïbes d'où le café se répand au Brésil puis à Saint-Domingue. L'engouement des pays occidentaux pour cette boisson provoque un développement rapide des plantations caféières dans la région de Rio et l'organisation d'une économie originale où des « fazendas » assurent la culture, la cueillette, la torréfaction et l'expédition vers les ports du Havre, de Bordeaux... Simultanément, de l'autre côté du globe, les Indes néerlandaises développent leur production pour satisfaire les consommateurs de l'Europe du Nord. L'abolition de l'esclavage modifie l'exploitation caféière au Brésil et la fin du XIXe siècle voit la Colombie, Haiti et Saint-Domingue fonder leur prospérité sur le café. A la même époque, l'Afrique centrale s'impose comme un producteur important, faisant notamment de la Côte d'Ivoire le troisième exportateur mondial. Cette histoire du café se devait d'évoquer la guerre féroce livrée pour la conquête du marché du café soluble entre les fabricants nord-américains et leurs concurrents brésiliens. Cette boisson devenue aussi mythique que le thé, son rival, est non seulement une matière première c'est aussi une boisson conviviale dont l'usage et les rites diffèrent suivant les pays et les civilisations. Frédéric Mauro explore l'ensemble des curiosités que cette boisson suscite et les éclaire d'un appareil documentaire riche et récent.

09/2002

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Histoire de France

Qu'est-ce qu'un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution

Objet de croyance plus que de connaissance, sujet de nombreux affrontements politiques et juridiques, la nationalité française n'avait jamais vu son histoire reconstituée, analysée, interprétée. Avec cet ouvrage, voici chose faite. Deux siècles de batailles mettant en scène Napoléon, Clemenceau, de Gaulle, mais aussi des figures ignorées, Tronchet, Barthou, Honnorat, René Cassin ou Pierre-Henri Teitgen, nous font découvrir la face cachée d'une autre histoire de France. 1803 : contre l'avis de Napoléon, en rupture avec le droit du sol qui dominait sous l'Ancien Régime et durant la Révolution, le Code civil fait prévaloir le principe du droit du sang. La nationalité se transmet désormais, comme le nom de famille, par la filiation. 1889 : la France, devenue pays d'immigration, attribue sa nationalité aux enfants nés et éduqués en France. C'est le retour du jus soli. En 1927 enfin, démographie oblige, la nationalité s'ouvre massivement aux immigrés qui le désirent, par la naturalisation ou le mariage. Chacune de ces étapes n'a été franchie qu'au prix d'une régression des droits de certains Français : en 1803, la nationalité est un attribut de l'homme, au détriment de la femme (qui devient étrangère en épousant un étranger). En 1889, un statut de plus en plus infériorisé est imposé aux musulmans d'Algérie. En 1927 enfin, l'ouverture de la naturalisation a pour contrepartie la restriction des droits des naturalisés. Mais surtout, à partir de 1940, se produisent de véritables " crises ethniques " de la nationalité : antisémite sous Vichy, racialiste à la Libération, anti-musulmane plus récemment. Aujourd'hui, ces crises difficilement surmontées, le droit de la nationalité française réalise peu ou prou le programme que Napoléon Bonaparte lui avait fixé : embrasser sans discrimination par le sol, la filiation, le mariage ou la résidence - le plus de Français possible.

04/2002

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Histoire internationale

Le modèle des colonisateurs du monde. Diffusionnisme géographique et histoire eurocentrique

Lorsque nombre d'historiens européens racontent l'histoire du monde, ils ont toujours tendance à donner à l'Europe le beau role : c'est ici que sont nés l'individualité, la démocratie, la liberté, le capitalisme, et c'est ici, et nulle part ailleurs, qu'ont prospéré des sciences en continuel progrès. Certains attribuent cette supériorité à son climat tempéré, à son comportement sexuel modéré, à sa famille nucléaire, à sa religion chrétienne ou à sa mentalité rationnelle. Les "autres", Chinois, Indiens ou Africains, seraient moins bien lotis : climat défavorable, sexualité débridée, emprise de la collectivité, "despotisme oriental", poids des superstitions, mentalité traditionnelle où domine le sens pratique. Et tant les manuels scolaires que les disciplines académiques ont leur part de responsabilité dans le récit de cette distribution inégale. Histoire, géographie, mais aussi anthropologie, démographie, économie, philosophie, psychologie et sociologie sont ainsi mises au banc des accusées. De nombreux intellectuels, comme Lévy-Bruhl, Piaget ou Jung, mais surtout Max Weber, dont l'influence est aujourd'hui si grande, n'ont cessé d'alimenter les préjugés et, ce faisant, ont contribué à l'effort colonial en le justifiant théoriquement. Or, s'il peut bien exister des différences de trajectoire entre les sociétés, elles ne ressortissent ni aux techniques, ni à la cognition, ni à la culture et encore moins à la civilisation, mais relèvent de part en part de l'histoire et de la politique coloniale et remontent, pour l'essentiel, à 1492, date à partir de laquelle les métaux précieux venus d'Amérique déferlèrent sur l'Europe. Blaut relit l'histoire du monde à l'aune de cet événement en instruisant méticuleusement chacun de ces dossiers. Ce faisant, il nous fait enfin comprendre les causes véritables de l'essor européen, en mettant à distance le narcissisme culturel avec lequel nous sommes d'ordinaire si prompts à envisager l'histoire du monde. .

05/2018

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Littérature étrangère

Gentlemen

"Il ne faut pas essayer de ménager les sentiments des gens car à être trop gentil on fait fausse route, et puis ne pas essayer d'être un gentleman du tout, c'est beaucoup plus gentleman que d'essayer et de rater ! Ce don, cette grâce, ou cette vertu, ne réside pas tant dans la conduite que dans la connaissance ; non pas tant en se préservant de ce qui est mal, qu'en sachant précisément ce qui est droit". Dans "Gentlemen", un essai écrit en Amérique, en 1888, Robert-Louis Stevenson s'attache à étudier le concept si british du gentleman. Celui qui représente en quelque sorte l'homme idéal, "l'homme qui, dans chaque circonstance de la vie, sait ce qu'il faut faire et comment le faire élégamment". Avec quelques exemples historiques à l'appui, son expérience personnelle et une bonne dose d'ironie spirituelle, Stevenson aborde la dimension sociale autant que morale de ce sujet dont la distinction constituera l'essence même. Dans le texte "Sur quelques gentlemen dans la fiction", écrit et publié à la suite du précédent, Stevenson se penche sur quelques personnages de théâtre ou de roman, nés de l'imagination de Shakespeare, Fielding, Dickens et Thackeray, et nous montre que chez eux les figures de gentleman ne sont pas toujours marqués d'une "qualité d'aptitude exquise", sans que cela nuise à leur force littéraire. À ces deux textes pleins de sève et d'érudition malicieuse, qui étaient inédits en français, nous avons joint de la même veine "Lettre à un jeune gentleman" qui se propose d'embrasser la carrière artistique, et la "Philosophie des parapluies", le premier essai théorique de Stevenson (1871) où l'humour s'allie pertinemment à l'analyse.

11/2013

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Histoire internationale

Les Républicains espagnols à Rivesaltes. D'un camp à l'autre, leurs enfants témoignent (janvier 1941 - novembre 1942)

A partir de janvier 1941, des familles de républicains espagnols arrivent au camp de Rivesaltes. Un camp de plus sur leur long parcours d'indésirables. Pendant toute l'existence du camp, les Espagnols représentent toujours plus de la moitié des effectifs des internés. Longtemps passé sous silence, cet enfermement de familles entières resurgit ici dans les mémoires et dans l'histoire. Si les hommes sont incorporés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE) mis en place par le régime de Vichy, femmes et enfants restent confinés dans ce lieu inhospitalier, glacial en hiver et torride en été, où règnent la promiscuité, l'insalubrité et la faim. Où la mort rôde, notamment autour des enfants les plus jeunes, malgré l'aide apportée par des oeuvres d'assistance dépassées par l'ampleur de la tâche. Sur les chemins de l'exil depuis 1939, parfois depuis plus longtemps, ces familles espagnoles ont connu les aléas de centres d'hébergement répartis sur tout le territoire puis les camps lorsque ces refuges ferment. Ces femmes et ces enfants sont alors transférés à Rivesaltes, surtout lorsque le camp d'Argelès est évacué suite aux inondations de l'automne 1940. Si le camp de Rivesaltes n'est pas le premier pour les réfugiés espagnols, il n'est pas non plus le dernier, puisqu'ils seront pour beaucoup transférés à Gurs en novembre 1942. Certains connaissent ainsi de multiples camps entre 1939 et 1944, transférés sans cesse de l'un à l'autre. Douze témoignages émanant de cinq femmes et de sept hommes, nés entre 1924 et 1939, évoquent cet univers d'enfermement et d'arbitraire. Ils sont présentés, contextualisés et mis en perspective par une historienne spécialiste de l'exil républicain espagnol.

08/2020

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Poésie

Au jardin des légendes

Le projet et la réalisation de cet ouvrage sont nés grâce à la rencontre de deux habitant. e. s des Grottes, quartier populaire de Genève. Le premier, Claude Tabarini est écrivain, tandis que la seconde, Marfa Indoukaeva est illustratrice. Tous les deux sont des flâneurs urbains et, chacun à sa façon, ils prennent note de l'ordinaire, nourris par un sens de l'observation aigu, attentifs aux changements de saisons, aux bruissement des villes, aux éclats du quotidien. A la suite de Charles-Albert Cingria, Claude Tabarini perpétue avec art le vers déambulatoire si particulier à l'arc lémanique. Sorte de touriste curieux, dans sa propre ville ou ailleurs, il écrit au jour le jour des observations qui sont comme autant de petites vignettes à déguster. Des moments fugaces, des fragments de réel posés sur la page pour qu'ils continuent à exister. Que se soit par de brèves notations, des poèmes, des haïkus ou des textes plus long - sortes de chroniques -, Tabarini n'a de cesse de révéler les morceaux de poésie qui traversent l'ordinaire. Marfa Indoukaeva, elle aussi, travaille à partir de la magie et de l'enchantement du quotidien. Ses illustrations, souvent végétales ou animales, témoignent de promenades émerveillées dans la ville ou la campagne, où chaque petit détail mérite d'être constaté et rendu. La matière accumulée dans ce recueil forme une série d'éclats, de polaroïds. Ni un livre de poète, ni un livre de peintre, les textes et les gravures se démultiplient dans l'espace de la page pour mieux donner à sentir les miroitements de la vie de tous les jours, celle qu'on oublie parfois de regarder, et que les artistes nous permettent de réenchanter.

09/2020

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Histoire internationale

L'esclave, le colon et le marabout. Le royaume peul du Fuladu de 1867 à 1936

Au milieu du XIXe siècle émerge l'un des derniers royaumes de l'espace sénégambien, le Fuladu, dirigé par d'anciens esclaves. Frustrés, les chefs Rimbe - nobles ou libres - des provinces excentrées, contestent l'autorité du jiyaado, esclave devenu guerrier. Cette opposition conduit Musaa Moolo, héritier du trône, à nouer des relations avec la puissance coloniale. En 1883, il signe un traité de protectorat qui permet aux "alliés" de circonstance de consolider leurs positions respectives dans la région. Les intérêts divergents achèvent de démontrer l'antipathie entre les deux pouvoirs. Acculé, Musaa Moolo se réfugie en Gambie en 1903, alors sous domination anglaise. Ayant hérité d'un vaste territoire faiblement occupé, les Français tentent de le peupler. Ils encouragent la migration des Peuls gaabunke sous la direction d'un marabout d'origine haalpulaar. Al hajji Aali Caam. Ce pouvoir maraboutique met en place ses moyens et ses mécanismes de négociation pour s'intégrer dans l'économie coloniale. L'administration marginalise les Jiyaabe exacerbant ainsi les conflits sociaux, politiques et religieux. Même si la condition de l'esclave ne recouvre plus le même sens et que l'insertion dans un monde plus large ne répond pas à cette classification des individus selon leur "extraction sociale" et leurs filiations ancestrales, les stigmates et les stéréotypes nés de la pratique de l'esclavage se perpétuent dans la région. Ce livre analyse cette histoire tumultueuse ; le triptyque - l'esclave, le colon et le marabout - qui structure les développements permet de mieux appréhender la rencontre des trois pouvoirs, les enjeux identitaires et les trajectoires sociopolitiques qui forment les contours de la lutte de positionnement et de visibilité entre les deux "classes sociales" dans l'un des segments du Sénégal postcolonial.

12/2012

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Littérature étrangère

Ce genre de petites choses

Ce genre de petites choses. En cette fin d'année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd'hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d'autres enfants nés sans père. Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les soeurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu'elles gagnent beaucoup d'argent en plaçant à l'étranger leurs enfants illégitimes. Même s'il n'est pas homme à accorder de l'importance à la rumeur, Furlong se souvient d'une rencontre fortuite lors d'un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d'horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas. Un avis qu'il a bien du mal à suivre parce froid matin de décembre, lorsqu'il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit. Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s'active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n'écoute que son coeur. Claire Keegan, avec une intensité et une finesse qui donnent tout son prix à la limpide beauté de ce récit, dessine le portrait d'un héros ordinaire, un de ces êtres par nature conduits à prodiguer les bienfaits qu'ils ont reçus.

11/2020

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Beaux arts

L'ARCHITECTURE MODERNE EN FRANCE. Tome 2, du chaos à la croissance, 1946-1966

Après l'effondrement de 1940 et l'occupation, la France connaît à la Libération un étonnant renouveau. A travers la Reconstruction et les efforts soutenus pour sortir le pays de la crise du logement, l'État se dote d'un puissant outil de production, qui fonde l'expansion du bâtiment sur la concentration des investissements dans les grandes entreprises (par le biais de la préfabrication lourde et des chantiers géants) et sur la maîtrise de plus en plus complète des sols (par le remembrement, puis les ZUP et les ZAC). L'architecture contribue à l'émergence d'une culture de masse. Le béton (armé, précontraint) accède à une situation hégémonique. Mais cela n'empêche pas le développement d'une filière métallique imaginative. On expérimente des profils en aluminium, des façades-rideaux, des structures tridimensionnelles hyper-légères. La modernité épanouie des trente glorieuses n'a rien à envier à celle, héroïque, des années vingt. Les architectes, qui avaient commencé leur carrière avant la guerre (Le Corbusier, Pingusson, Beaudouin, Lods, Prouvé) réalisent des œuvres majeures après la Deuxième Guerre mondiale. Confrontée au chantier du logement social et des grands équipements, la génération plus jeune (Pouillon, Dubuisson, Zehrfuss, Lopez, Aillaud, Lagneau...) innove dans le cadre rigoureux du rationalisme constructif, définissant les valeurs esthétiques d'une civilisation technique raffinée. Ce livre tente de repérer les lignes de forces à travers lesquelles les œuvres construites prennent sens. Il n'élude ni les débats, ni les traumatismes, nés d'une urbanisation accélérée, qui a abouti, en l'espace de trente ans, à la transformation radicale de nos paysages. Ce livre fait suite au tome 1 consacré à la période de 1889-1940 de Claude Loupiac et Christine Mengin. Un tome 3 : de la croissance à la compétition 1967-1999 par Gérard Monnier paraîtra en 2000.

12/1999

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Littérature étrangère

La femme fleuve et le lamantin

Nés au Burkina, ces contes et légendes des savanes entendus ou imaginés au fil des routes et dévidés aux étapes sont des traces d'une rencontre entre l'Europe et l'Afrique. Ils disent en français des réalités nées ailleurs et en d'autres langues. Aux bivouacs, chacun parle de ce qu'il connaît : de là où il vient, de ce qu'il vit, de ce qu'il croit. Qu'importe que ce pays d'origine soit le rêve ou que cette vie soit une simple apparence : on sait qu'on y habite. Un conte, c'est le plain-pied de la nature et du merveilleux. C'est le glissement sans rupture de l'homme et de l'animal dans l'unité de ce qu'ils sont : amours, contraintes et désirs. Que l'on ne sache pas très bien, ni qu'on veuille vraiment le savoir, si c'est l'ange, l'homme ou la bête qui aime, qui rit, qui punit ou qui raconte, l'important est de maîtriser par le récit le temps qui fuit, de tisser le sens de notre destin et de renforcer par la parole amitié et connivence... Tout cela pour que, comme Alaksane " la mouche qui voulut aller mendier à Ouagadougou " nous recevions l'illumination de la sagesse que procurent les vrais voyages. Elle ne tient pas dans la diversité du monde mais dans la révélation de celle de l'âme et de tous ces possibles qui sont notre être... Ce n'est pas le voyage qui fournit le récit, mais le récit qui fait le voyage. Pour écrire ces contes, l'auteur a puisé tant dans les événements vécus au jour le jour du travail de terrain au Burkina Faso, que dans le fonds burkinabé ou international des contes.

06/2001

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Psychologie, psychanalyse

1914-1918, Françoise Dolto, veuve de guerre à sept ans

A l'heure où s'achève le centenaire de la Première Guerre mondiale, deux historiens se penchent sur le destin d'une petite fille extraordinaire née en 1908 dans une famille de la grande bourgeoisie parisienne. Cette petite fille, c'est Françoise Marette, "Vava" pour les intimes, et elle deviendra Françoise Dolto, la psychanalyste qui a changé le regard que nous portons sur l'enfance. Comme beaucoup d'enfants nés peu avant le conflit, Françoise vit la guerre de loin, repliée à Deauville en compagnie de ses frères et soeur et de leur gouvernante. A six ans, déjà épistolière de talent, elle multiplie les missives à tous les membres de sa famille. Ainsi, dit Manon Pignot, historienne de l'enfance, dans sa délicate analyse, "la guerre a fourni à cette petite fille incroyablement curieuse un contexte inattendu d'expression et d'intelligibilité du monde" qui est à l'origine de sa vision révolutionnaire de l'enfance. L'implication de l'enfant s'intensifie quand elle entretient avec Pierre Demmler, son oncle de vingt-huit ans, une intense correspondance et se considère, encouragée par ia famille, comme la fiancée et la future épouse du jeune capitaine. La mort au front, le 10 juillet 1916, de Pierre Demmler, fait de la jeune promise "une veuve de guerre à sept ans". Yann Potin, en historien et analyste des archives familiales, ouvre pour nous enveloppes et albums conservés par Françoise et la famille, interroge "la manière dont le deuil se cristallise, se fixe sur le papier, par les images, mais aussi se transmet malgré nous, par le truchement de la vie matérielle propre d'autant de petits reliquaires affectifs". Ainsi, l'expérience enfantine de la Grande Guerre a vraisemblablement nourri la pensée révolutionnaire de Françoise Dolto psychanalyste quand il s'est agi, plus tard, de soigner des enfants.

10/2018

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Esotérisme

Bêtes, hommes et dieux. L'énigme du roi du monde

En 1920, dans une Russie toujours déchirée par la guerre civile entre les Bolcheviques et les Blancs, l'auteur, brillant ingénieur géologue polonais au service de la Russie tsariste, va être arrêté par un détachement de l'Armée rouge voulant le fusiller. Pour sauver sa vie, il décide de traverser à pied la Sibérie, la Mon­golie et le Tibet pour atteindre l'Inde anglaise ; ce périple lui fait traverser une nature hostile, à cheval et bien armé avec des compagnons de voyage tout aussi menacés. Son récit n'est pas une simple his­toire de fuite et de survie : il rend hommage à la beauté âpre de l'Asie. Après de nombreuses péripéties – comme la débâcle de l'Iénisséi : les énormes blocs de glace qui partent à la dérive dans des cla­quements assourdissants entraînent derrière eux les cadavres encore frais des innombrables victimes de l'automne précédent – qui le conduise à Pékin, après une tentative manquée pour s'échapper par le Tibet. Grand amateur de mystères, Ferdinand Ossendowski donne en­fin une di­men­sion ésotérique à son odyssée lorsqu'il évo­que ses expériences chamaniques et sa révélation du mythe du Roi du monde : en Mongolie, il rencontre ainsi des personnage historiques, tel le Bouddha vivant, le " roi du monde ", le Bogdo Khan, des cha­mans visionnaires, des lamas em­poison­neurs, le baron von Ungern-Sternberg un mon­de de magie et de folie mystique... Remarquable notamment est l'évocation faite de l'Agarttha (sanctuaire souterrain caché sous la chaîne de l'Himalaya où officieraient les Maîtres du Monde) : " Le roi du Monde apparaîtra devant tous les hom­mes quand le temps sera venu pour lui de conduire tous les bons dans la guerre contre les méchants ; mais ce temps n'est pas encore venu. Les plus mauvais de l'humanité ne sont pas encore nés. "

02/2019

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Histoire internationale

Les Mamelouks XIIIe-XVIe siècle. Une expérience du pouvoir dans l'islam mediéval

Cet ouvrage est consacré à l'une des expériences politiques les plus originales qu'ait connue le monde islamique : le règne des Mamelouks sur l'Egypte et la Syrie entre le milieu du XIIIe siècle et le début du XVIe siècle. Le recrutement d'esclaves soldats (en arabe : mamluk) et la promotion d'affranchis dans la hiérarchie de l'Etat ont certes une histoire millénaire en Islam, inaugurée par les califes abbassides au IXe siècle et prolongée dans certaines provinces de l'empire ottoman jusqu'au XIXe siècle. Mais le régime qui s'est mis en place au Proche-Orient dans les années 1250 n'en était pas moins radicalement nouveau : pour la première fois, un ancien esclave soldat était élevé sur le trône avec le soutien des principaux officiers de l'armée, tous comme lui des mamelouks affranchis. L'auteur décrit le destin singulier de ces hommes, nés dans la steppe turque ou dans les montagnes du Caucase, que les hasards de l'esclavage jetaient au Proche-Orient et incorporaient à une nouvelle patrie, une nouvelle identité, une nouvelle fonction sociale. Eduqués dans la foi musulmane, formés aux arts de la guerre, les Mamelouks n'avaient pas seulement vocation à servir leur maître et à défendre leur pays d'adoption : les meilleurs d'entre eux - les plus beaux, les plus doués, les plus ambitieux - allaient ensuite gravir les échelons de la hiérarchie militaire et, pour quelques-uns, pouvoir prétendre au trône. En six chapitres à l'écriture alerte, l'ouvrage retrace le parcours des Mamelouks, depuis les marchés aux esclaves jusqu'aux tombeaux monumentaux qui conservent encore aujourd'hui leur mémoire, tout en soulignant la capacité d'adaptation du régime qu'ils avaient établi et qu'ils réussirent à maintenir jusqu'au début du XVIe siècle.

09/2014

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Philosophie

Machiavel et la communication politique

L'enjeu que représente un auteur comme Machiavel, de nos jours, est encore à lire dans la communication politique qui constitue ici notre problématique. Ainsi, nous avons tenu à montrer, dans cet ouvrage, comment la communication politique a subi l'influence de préceptes présents dans Le Prince et ceci, même si beaucoup d'acteurs politiques n'ont pas forcément lu l'auteur florentin. Toujours est-il que l'étrange familiarité qui lie Machiavel au mal, dans sa pensée politique, semble relever d'une nécessité qui souvent commande les rapports gouvernants-gouvernés, et qui s'inscrit dans une logique de réponses, face aux défis nés de ce que le penseur florentin considérait comme " la qualité des temps ". Ce présent ouvrage se propose ainsi de montrer l'influence du réalisme de l'auteur du Prince dans la communication politique. En effet, la politique de l'apparence, savamment cultivée par l'usage de la ruse, est toujours aussi forte et semble même être l'expression de tout pouvoir. A cet effet, la référence à quelques personnalités de l'histoire politique a été le point de départ de nombreuses analyses développées dans ce livre, en vue de montrer le lien entre certaines pensées contenues dans Le Prince et des attitudes notées à travers le comportement d'hommes politiques des siècles passés et de notre époque ; ce qui, peut-être, justifie l'idée selon laquelle Machiavel serait l'inventeur de la science politique moderne, comme l'a soutenu du reste Maurizio Viroli. Aussi, le lien souvent opéré entre Machiavel et les politiques modernes se lit surtout à travers l'évocation d'une expression propre au pouvoir, et que dissimule le politique grâce au concours des médias, ce qui décrit un nouveau type de rapport entre celui-ci et la presse (laquelle porte les intentions du peuple).

10/2019

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Divers

La tour Tome 1

Du haut de la tour, l'horizon se touche avec les yeux. Bruxelles, 2042. Il y a trente ans, le monde que nous connaissons a disparu. Une bactérie a décimé la quasi-intégralité de notre civilisation et la planète ne compte dorénavant plus que 2746 habitants. Ils vivent à la verticale, entassés dans une immense tour, séparés de la mort par un simple double-vitrage et principalement gérés par une curieuse IA nommée Newton. Ensemble, ils forment la Fédération des Etats-Unis d'Europe qui, elle-même se divise en deux groupes distincts : les " anciens " et les " intras ". Les premiers ont connu le monde d'avant, ils ont le souvenir d'un temps où l'air était respirable. Les seconds sont nés dans la tour, vivent selon les règles et le mode de pensée de leurs ainés et dernièrement, élèvent dangereusement leurs voix pour s'en libérer... Au sein de cette humanité chancelante, seul un groupe d'élite est autorisé à s'extirper de la tour : les chasseurs. Pendant deux heures, chaque semaine, ils traquent le gibier dans les rues désertiques d'une Bruxelles où la nature a repris ses droits. 47e membre de ce corps armé et dernière recrue en date, Aatami est un chasseur intra. De nature calme et courageuse, il ne laisse rien paraître de ses véritables intentions et pourtant, il n'a qu'une pensée : deux heures à l'extérieur, ça ne lui suffira pas. Pur récit d'anticipation, La Tour offre un regard juste et profond sur nos psychologies et nos sociétés. Tout en invoquant Snowpiercer et Je suis une légende, il met en scène un schisme générationnel imposé par la transformation radicale d'une société déliquescente. Premier tome palpitant d'un triptyque mené de mains de maitres par Jan Kounen, Omar Ladgham et Mr Fab.

06/2021

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Sociologie

Le désenfantement du monde. Utérus artificiel et effacement du corps maternel

Les technologies de reproduction font aujourd'hui partie de l'actualité quotidienne : baby business, banques de sperme et d'ovules, enfants conçus ira vitro, "bébés-médicaments", femmes pouvant léguer leurs ovules à leurs filles, ou qui portent l'enfant d'une inconnue ou qui accouchent à l'âge de la retraite, etc. Dans la foulée de ces avancées aux allures miraculeuses, des scientifiques oeuvrent à la mise sur pied d'un utérus artificiel, machine qui permettrait la gestation entière d'un embryon / foetus à l'extérieur du corps de la femme, de la conception à la naissance. Cette maternité machinique, pour le moins révolutionnaire, permettrait de "libérer" les femmes des diverses contraintes liées à l'enfantement, de mettre fin du coup à la malédiction biblique "tu enfanteras dans la douleur" et d'assurer enfin une égalité des hommes et des femmes face à la procréation, sans compter la "garantie de qualité" des enfants nés de cette technique. L'utérus artificiel viendrait en somme couronner un mouvement qui a consisté à prendre peu à peu en charge technoscientifiquement le processus de la reproduction humaine jusqu'à l'effacement complet du corps de la femme. Mais, demande l'auteur, "pourquoi et depuis quand tenons-nous si ardemment à évacuer le corps maternel du scénario de l'engendrement ? Qu'est-ce qui fonde et matérialise ce désir de procréation sans corps ? Par quelle spirale sociohistorique la grossesse est-elle devenue "facultative", tant du point de vue de l'interventionnisme technoscientifique que de la désirabilité sociale ? Surtout, quels sont les enjeux d'une société technicienne dans laquelle le corps maternel ne serait plus une figure cardinale de la procréation ? ". Répondre à ces questions, c'est faire apparaître la profonde reconfiguration sociale et technoscientifique des paramètres de la procréation et de la famille.

03/2012

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Histoire de France

Enfants maudits. Ils sont 200 000, On les appelait les "enfants de Boches"

" Ce qui est terrible chez un enfant, ce n'est pas tellement de savoir qu'il n'est pas aimé, et pourtant c'est important, mais c'est de ne pas pouvoir aimer parce que ce noble sentiment est rejeté des autres. " Ces mots bouleversants sont ceux de Daniel, un de ces " fils de Boches ", de ces " enfants de la honte ", ou de la " collaboration horizontale ", comme les qualifiaient les patriotes zélés de 1945, les premiers à prendre la tondeuse pour stigmatiser le comportement des mères qui, aujourd'hui encore, se terrent dans la souffrance. Ces enfants maudits, niés avant même leur naissance, mis au ban la société, seraient aujourd'hui 200 000, estime-t-on à l'Institut d'histoire du temps présent. Nés de liaisons clandestines entre des jeunes appelés de la Wehrmacht, l'ennemi, et des femmes d'un pays qui les accueillait malgré lui, ces petits êtres indésirables ont grandi dans la honte, portant au plus profond de leur âme une double filiation qui a laissé chez nombre d'entre eux une plaie jamais refermée. Mis au rancard de l'Histoire, les enfants oubliés du pacte d'amitié et de réconciliation franco-allemand veulent rompre le silence. Soixante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils témoignent ici pour la première fois. Beaucoup se sont lancés sur les traces du père disparu. Certains ont retrouvé leur famille allemande en recourant aux services d'information des Archives de la Wehrmacht à Berlin, la WASt, qui, submergée de demandes, a décidé d'apporter son aide en éditant un petit formulaire que nous avons encarté dans cet ouvrage. D'autres " enfants " poursuivent inlassablement leur quête. Ce livre est pour eux un espoir. Puisse-t-il trouver un écho... et leur permettre de vivre leur singularité avec plus de sérénité.

04/2004

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Magnétisme

La magie dévoilée ou Principes de Science Occulte Suivi du Manuel de l'étudiant magnétiseur

" Mais que suis-je moi-même, pour vous parler ainsi ? Rien ou presque rien ; mon intelligence a seulement saisi un rayon de la vérité, et cela me suffit, je n'ai nul besoin d'autre chose. Je ne demande rien et n'envie rien aux hommes. En éclairer quelques-uns est ma seule envie. Franchissant la limite tracée aux connaissances humaines, nous pénétrons aujourd'hui dans le domaine moral, et les fruits que nous en rapportons n'ont point parmi vous leurs pareils. Nous pouvons donc enfin, saisissant l'homme en lui-même, faire apparaître dans tout son jour la merveilleuse faculté dont la nature l'a doué ; montrer à tous sa divine essence, et révéler un nouveau monde. Magie ! Magie ! Viens étonner et confondre tant d'esprits forts, gens pleins d'orgueil et de vanité, qui ont conservé les préjugés de leur enfance, et qui pensent être arrivés dans le vrai des choses, tandis qu'ils n'ont point dépassé la porte du sanctuaire où se trouve renfermée la vérité ils semblent frappés de vertige, et sont pour nous comme ces aveugles-nés à qui on parle de la lumière du jour, des beautés de la nature qu'elle nous laisse apercevoir et de ses brillantes couleurs qui charment tant la vue ; ils ne peuvent comprendre, et restent froids à la description de ces beautés. Je donne l'outil, l'agent ; je montre le chemin, j'y place le lecteur, afin qu'il n'ait plus qu'à marcher. Je sais que les bons seront timides, que les êtres sans scrupules avanceront hardiment, sans redouter aucune conséquence, sans reculer devant un châtiment. L'agent de toutes les merveilles, de tous les miracles, de la vie, de la mort ; le principe de toutes choses, enfin, est désormais à la disposition de l'homme. " Baron du Potet. Paris, 15 août 1852.

09/2023

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Récits de voyage

L'Afrique qui vient

Un monde meurt, et avec lui bien de nos repères – un autre monde naît, dans le tumulte et le chaos, mais avec une formidable énergie. Et une nouvelle Afrique, qui entend prendre sa place dans le siècle qui commence. Une Afrique qui met à mal nos discours convenus. Une Afrique dont les artistes, les écrivains, les poètes, nous dessinent aujourd’hui les contours. Lisez-les : ils nous parlent aussi de nous-mêmes, et de notre futur. 28 écrivains, nous disent ici, à travers 28 nouvelles, cette Afrique qui vient, surprenante, inquiétante, fascinante : un continent entier qui se met en marche, et dans le mouvement, s’invente. Parmi eux, des auteurs aujourd’hui de grand renom mais aussi la nouvelle vague des auteurs africains qui vont être les révélations des années à venir, et imposent des voix nouvelles. Nés après l’indépendance, ils ont grandi dans le cauchemar des génocides, sous le joug des dictatures, contraints souvent à l’exil. Le génocide de 1994 au Rwanda aura été un tournant : la fin de l’innocence, des paradis perdus, des discours seulement victimaires quand l’Afrique découvre sa capacité à s’autodétruire. Le nouvel espace romanesque africain n’est plus, sur place, celui du village, de la répétition du discours anti-colonialiste, du mythe d’une Afrique à retrouver, de la tradition, mais celui tout à la fois de l’exil et celui de la ville, monstrueuse, hybride, tentaculaire, où s’expérimentent également, mais d’une autre manière, métissage et multiculturalisme, se met en place un univers créole. La ville, où s’invente, au-delà du roman, une culture de la rue, slam, hip-hop, rap, par laquelle la jeunesse exprime sa révolte et ses espoirs. Lisez-les : ils vont vous étonner.

02/2013

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Sciences historiques

Nos cousins d'Auvergne

Vous les avez reconnus bien sûr, leurs visages sont familiers : Jean Ferrat, Claire Chazal, Robert Sabatier, Patrick Poivre d'Arvor et le buste d'Alexandre Vialatte sur la place de la gare àAmbert. Ils sont entourés du nom de quelques-uns de nos plus célèbres comédiens, artistes, cinéastes, écrivains ou éditeurs.Vous connaissez les racines auvergnates de certains d'entre eux ou de leurs parents nés dans la région Auvergne ; pour d'autres, ce sera une découverte. Ils viennent de Thiers ou d' Ambert, de Riom-ès-Montagnes ou de Vichy, de Pionsat, Saugues ou Issoire et bien d'autres lieux. Ils plongent leurs racines parmi les paysans, les marchands et les artisans des Combrailles, des monts du Forez ou du Livradois, de la vallée de l'Allier ou de la Dore, de la plaine de la Limagne, des Montagnes d'Auvergne ou du Cantal. Ils sont tous nos cousins, vos cousins proches ou éloignés. Leurs patronymes et ceux de leurs ancêtres sont les vôtres. Leurs parents ou grands-parents ont dû souvent migrer, quitter les lieux où avaient toujours vécu leurs familles. Grâce aux efforts de deux ou trois générations, grâce à l'école et aussi à leur talent personnel, ces fils ou petit-fils de paysans sont entrés dans des écoles prestigieuses, ont atteint la notoriété. On les retrouve à l'Académie française ou couronnés au Festival de Cannes. Leur nom honore la culture française. L'histoire de leur famille, de leur ascension sociale, c'est notre histoire à tous. Alors, venez les découvrir ou les redécouvrir, venez plonger dans leurs racines, rechercher quelques liens avec les vôtres. Une manière originale de découvrir l'Auvergne et ses talents.

12/2014

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Sciences de la terre et de la

L'Homme aux bois. Histoire des relations de l'homme et de la forêt, XVIIe-XXe siècle

Pour l'homme d'aujourd'hui, les bois représentent la liberté. Il ne doute pas que ses ancêtres y circulaient et en vivaient sans la moindre contrainte. Et en effet autrefois, la forêt s'offrait aux cultures, fournissait le bois de chauffe et le bois d'oeuvre, nourrissait les bêtes et sauvait les villageois quand tout allait mal. Mais cet équilibre entre agriculture et forêt se détériore dès le milieu du XVIIIe siècle, lorsque les autorités découvrent que la forêt constitue un capital. Les paysans ne sont plus traités en producteurs mais en prédateurs et en ennemis de l'arbre. Eux pour qui la forêt signifiait abondance se révoltent. Leur opposition aux pouvoirs publics ne cessera qu'avec l'exode rural. Dans le même temps, les élites prennent conscience de la vulnérabilité de l'environnement et s'ouvrent à une sensibilité nouvelle : l'arbre devient l'élément constitutif du paysage. La forêt n'est plus l'espace des paysans. Elle dépend des citadins et ceux-ci l'adaptent à leurs besoins. Ces ruptures sont à l'origine des préoccupations écologiques contemporaines. Depuis plus d'un siècle, l'arbre s'est imposé comme l'antidote du monde industriel. L'Etat doit intervenir pour protéger les milieux naturels et non pour favoriser leur exploitation économique. De fait, les grands débats nés autour de la politique forestière du XIXe siècle sont plus actuels que jamais : libéralisme ou dirigisme ? Privatisation ou nationalisation ? La forêt est le miroir de la société. Andrée Corvol, agrégée de l'Université et docteur ès Lettres, chercheur au CNRS est l'auteur de L'Homme et l'Arbre sous l'Ancien Régime(Economica). Elle prépare un ouvrage sur l'économie des sciences de la Nature en Occident.

02/1987

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Critique littéraire

Correspondance 1954-1968. Avec des lettres de Gisèle Celan-Lestrange, Jean Delay, Marie-Madeleine Delay et Pierre Deniker, Suivie de la Correspondance René Char - Gisèle Celan-Lestrange (1969-1977)

Cette correspondance rapproche deux hommes, deux écrivains, et aussi deux lecteurs, bien qu'ils ne fussent ni de la même langue ni du même monde ni du même âge. Leur voisinage, leur rencontre n'a en fait rien pour surprendre. L'échange entre René Char et Paul Celan semble aller de soi et apparaît d'emblée sous un jour des plus prometteurs ; il laisse augurer d'une certaine égalité des voix ; d'un dialogue nourri d'expériences comparables : celui du poète du maquis de Provence avec le poète juif d'Europe orientale qui, contrairement à ses parents, ne subira que les camps de travail roumains et échappera à la machine d'extermination nazie. Tous deux connurent, jeunes, la clandestinité, la disparition de proches, le sentiment de l'imminence de la mort, la haine absolue des politiques mortifères. Tous deux ont écrit et pensé dans des situations extrêmes. Les poèmes de Celan nés dans les camps, qui constituent le socle de toute son écriture, sont encore, quand s'ébauchent leurs échanges, quasiment inconnus en France. Char et Celan ont trempé pour toujours leur parole dans ces multiples épreuves. Une parole qui devait assumer sa part obscure, issue des méandres et des gouffres du siècle. L'obscurité de leur dire résulte de la coagulation et de l'élaboration d'expériences limites, d'un passage par l'abîme et non d'un hermétisme délibéré, au sens d'un cryptage volontaire de quelque chose de préalablement clair, destiné à on ne sait quels initiés ! C'est à travers le filtre ou l'optique des événements vécus que les deux poètes mettent à l'épreuve leurs lectures, s'approprient ce qu'il leur faut pour situer leur propre voix tôt fondée en nécessité.

10/2015

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Religion

La paroisse en France. Des origines au XVe siècle, Edition revue et corrigée

La religion chrétienne s'est installée en Gaule en utilisant la présence séculaire de Rome, si bien que les plus anciennes paroisses vont se situer dans les villes et le long des routes. Rapidement, les riches propriétaires construisirent des oratoires privés sur leurs domaines, en si grand nombre que l'on a pu affirmer que l'époque carolingienne a vu la conquête des campagnes par le christianisme. Pendant les deux siècles suivants furent créées les paroisses d'origine castrale et surtout priorale. Le clergé paroissial comprit pendant longtemps deux catégories de prêtres, ceux de bourgs relevant de l'évêque et ceux qui desservaient les chapelles privées, soumis plutôt aux puissants des domaines. La réforme grégorienne les émancipa pour les mettre le plus souvent sous la tutelle des monastères et des collégiales. Au XIIIe siècle, ces curés - c'est seulement alors que le mot apparaît - sont disciplinés et bien contrôlés par l'évêque. Pour le fidèle, la paroisse est une institution à ce point providentielle qu'il ne peut guère en échapper. Dans ce cadre territorial bien défini, le clergé, en effet, intercède pour lui, dispense le baptême, prie pour les morts et alourdit peu à peu son emprise, notamment au moment du mariage et de la confession. On a pu dire que la vie religieuse médiévale s'était cléricalisée à défaut de se christianiser. Cette affirmation est-elle fondée ? Ne sommes-nous pas victimes de préjugés nés des conciles de Trente et de Vatican II curieusement réunis ? Ce christianisme vécu dans la paroisse médiévale était au contraire remarquablement adapté aux gens de ce temps et leur a permis de réaliser une authentique communauté qui, même en partie laïcisée, demeure jusqu'à nous. C'est à cette découverte passionnante que l'auteur nous convie.

06/2008

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Littérature française

L'été aux Suds

Nés dans l'Algérie encore française des années 1950, Didier et Sydney sont des amis d'enfance dont les familles se fréquentent après l'exode de 1962 dans la France gaulliste, en partageant l'étrangeté ressentie par les expatriés d'Afrique du Nord face aux paysages socio-culturels de l'Hexagone. Après les événements de mai 1968 qui marquèrent leur véritable entrée dans la société française, ils se perdent de vue, chacun poursuivant son chemin personnel et idéologique avec comme point commun le même goût de l'observation et de l'écriture porteuse d'émotions. Quelque temps après que Sydney ait quitté Paris pour s'établir à Aix-en-Provence, y écrire et y entamer sa vie de couple, de travail et d'études talmudiques, Sydney reconnaît un jour la voix de Didier débitant des news sur les ondes d'une nouvelle radio locale. Les deux amis pourront-ils se retrouver au coeur de la Provence ? Journaliste dès 1980 au Monde-Dimanche, puis à Libération et à Tribune juive, Richard DARMON s'installe en Israël en 1985. Il travaille à la radio nationale Kol Israël en français, puis il fonde en 1990 l'édition francophone hebdomadaire du Jerusalem Post qu'il dirigera jusqu'en 1996. Il sera ensuite le correspondant en Israël d'Actualité Juive. Depuis 2001, il dirige la rubrique politique du mensuel Israël Magazine et réalise depuis 2020 pour le Studio Qualita le magazine bimensuel Israël au coeur du Moyen-Orient. Il a par ailleurs publié L'Ombre, le Seuil et le Chant (Editions L'Harmattan, Paris, 2008), Souffles de la Terre (Editions Elkana, Jérusalem, 2012) ainsi que D'un exil à l'autre (Editions Lichma, Paris, 2022).

09/2023

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Littérature grecque

On a sa fierté

On a sa fierté (1964), Le sarcophage (1971), Le seul héritage (1974) : trois livres qui forment un tout. Mêmes lieux — la Thessalonique des jeunes années de Ioànnou, les lieux où il part enseigner, comme la Libye, où il passe deux ans — ; même période — la guerre, la guerre civile, la dictature des colonels — ; même personnage central : l'auteur ; même attention extrême à soi-même et aussi aux autres (la famille, les voisins, la ville entière), dans un va-et-vient perpétuel entre le je et le nous ; même façon de raconter, loin de toute chronologie, par brèves plongées dans un passé douloureux, comme on tapote à petits coups une plaie. C'est dans ce livre inaugural que les tourments intimes sont les plus aigus. Isolé par ses origines (ses parents sont nés hors de Grèce), par son malaise d'intellectuel qui n'aime que les gens du peuple, par son homosexualité surtout — qu'à l'époque, on ne saurait vivre ou seulement dire —, Ioànnou se débat dans une terrible solitude. Il étouffe de ne pas pouvoir se confier, se confesser, se disculper. C'est ce besoin de tout dire et en même temps de tout cacher qui donne aux trois livres une tension particulière, d'où vient en grande partie leur force et leur charme. Avant ce coup d'essai, Ioànnou était un homme de trente-cinq ans qui n'avait rien fait encore de sa vie, l'auteur presque inconnu de deux minces recueils poétiques ; dix ans plus tard, il sera reconnu, fêté, imité. On peut soutenir que grâce à lui la littérature grecque, le plus souvent extravertie jusqu'alors, s'est davantage autorisé l'introspection, le discours sur soi ; qu'elle a appris à s'exprimer de façon moins frontale, plus indirecte et fine.

11/2021

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Religion

Théologie de la vie consacrée. Questions d'inculturation

L'objectif de cet ouvrage est de mieux comprendre comment le nationalisme basque a évolué dans le temps et pourquoi la géohistoire du nationalisme basque est ce qui le conduit à se transformer en terrorisme. Si une bonne partie des terrorismes territorialisés sont nés de cette idéologie nationaliste, peu ont été aussi longs et vidés de leur sens. L'histoire de l'ETA c'est l'histoire de 50 ans de guerre mais d'une guerre qui évolue dans un cadre démocratique. Temps de paix et temps de guerre s'entremêlent. La plupart des grands attentats terroristes - et notamment les plus meurtriers - ont eu lieu après 1975. Alors comment la démocratie espagnole a-t-elle pu admettre la succession de ces attentats, comment la société basque, consciente par ailleurs de l'importance des structures démocratiques mises en place, a-t-elle pu soutenir pendant si longtemps ces militants de l'ETA ? Répondre à cette question, c'est isoler les schèmes du nationalisme basque qui diffèrent des autres nationalismes européens, c'est aussi redécouvrir la taxinomie du terrorisme basque, qui, par son effet de spectacularité/spécularité, est moins éloignée qu'on ne le croit du terrorisme dit transnational. Il existe pourtant une différence : Al Qaida cherche à déstabiliser le monde alors que les terrorismes territoralisés de l'Europe et du Moyen-Orient ont pour toile de fond justement le territoire, c'est-à-dire l'espace politique de leurs revendications. Le terrorisme basque a rendu les armes le 20 octobre 2010, après 52 ans de lutte. La question de l'hystérèse de l'ETA a été, tout au long de cette réflexion une question lancinante qui se pense grâce à une analyse du temps long et du temps moyen. Mais la nouvelle trêve conduira-t-elle au désarmement de l'organisation terroriste ?

08/2014

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Histoire internationale

Notre européanité. Une histoire millénaire, de l'épopée de Marathon à la réunification des peuples de l'ancien continent

C'est le récit d'une des aventures les plus extraordinaires que l'homme ait jamais entreprise : réconcilier après plus d'un millénaire de guerres fratricides les nations de notre Continent, édifier une maison commune pour y accueillir tous les peuples européens, leur offrir un espace privilégié de paix, de libertés, de prospérité, construire un monde meilleur. Cette aventure confine aux brumes de la mythologie avec la princesse Europe, entre dans l'Histoire avec la civilisation gréco-romaine et les grands mouvements de pensée tels l'Humanisme, le Siècle des Lumières, le Romantisme, aboutit au pacte de réconciliation du 9 mai 1950 entre les deux ennemis historiques, la France et l'Allemagne, un pacte auquel adhèrent immédiatement l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. C'est le début du long processus d'intégration de l'Ancien Continent : des premières Communautés économiques à la Grande Europe réunifiée de nos jours, modèle de civilisation humaniste pour de nombreux pays du globe. Dans son ouvrage, tout en décrivant les conquêtes exaltantes (et les crises profondes qui les ont engendrées) réalisées par la Nouvelle Europe, l'auteur dénonce les mystifications que des légions de prétendus eurosceptiques diffusent par ignorance ou par calcul et fournit des réponses aux interrogations légitimes que nombre d'Européens se posent sur l'essence et les finalités de l'Europe communautaire. Ce livre est écrit surtout pour les jeunes, nés dans la culture du dialogue et désireux de connaître leurs racines, leur européanité : un patrimoine de valeurs qui, de Socrate à Jean Monnet, ont forgé notre identité. Il appartiendra en effet aux nouvelles générations, héritières de ce patrimoine et gardiennes de la mémoire, de mener à bien le projet politique le plus profondément humain des deux derniers millénaires.

09/2014

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Beaux arts

Architectures modernes. L'émergence d'un patrimoine

Comment assigner une valeur à l'architecture du XXe siècle ? Comment identifier et estimer la potée culturelle des édifices du mouvement moderne ? Comment lutter contre la perte inexorable des témoignages architecturaux des mouvements modernes ? Comment le temps et la mémoire agissent-il sur les processus de patrimonialisation ? L'architecture d'après-guerre est-elle trop récente pour être reconnue comme patrimoine ? Quels critères définir pour sélectionner, classer, organiser, lier et inventorier les édifices, sites, ensembles urbains, villes et paysages fruits d'un siècle durant lequel la modernisation des approches sociales, esthétiques et techniques a transformé la vie quotidienne ? Comment atteindre une vision commune et un ensemble de savoir-faire et les bonnes pratiques adaptés à la conservation des oeuvres du XXe siècle ? Et enfin, quels sont les leviers efficaces pour sensibiliser le public à la sauvegarde du patrimoine moderne ? Les auteurs de cet ouvrage se sont attachés à répondre à ces questions à travers un large spectre d'analyses approfondies sur le contexte d'émergence local et international du patrimoine architectural du XXe siècle. Les dix-huit essais qui le composent dressent un état des lieux précis des actions, programmes de recherche et d'enseignement mis en place depuis la fin des années 1980 par des institutions privées, publiques et universitaires à travers le monde autour de la question du patrimoine moderne. Dévoilant les avancées successives qui ont permis d'intégrer de nouveaux discours et dialectiques bouleversant profondément la vision canonique du patrimoine moderne, ils révèlent aussi, par ricochet, combien les enseignements nés de ses déplacements tectoniques et de l'ouverture à de nouveaux territoires patrimoniaux permettent aujourd'hui de mener une réflexion lucide et sélective sur la mise en place de processus de patrimonialisation adaptés à l'héritage du siècle passé.

06/2012

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Sciences historiques

Mémoires souletines. Tome 2, Bergers et cayolars

Vous souvenez-vous du dimanche 20 août 1950 ? Même si vous étiez déjà nés, cette date ne vous a sans doute pas marqués autant que moi. Plus de 60 ans ont passé depuis cette journée mémorable mais le souvenir de mon premier départ pour une semaine au cayolar de Zingolatze est toujours présent dans ma mémoire. Bien avant ceux de Syracuse, Samarcande ou Venise, les noms de Zingolatze, Ahüzki, Irati ou Itürxarre ont marqué ma mémoire et nourri mes rêves. Les cayolars ont été mes premiers Eldorados. Le souvenir de ce premier séjour et de ceux qui ont suivi est toujours là, mêlé à une certaine nostalgie et une non moins certaine frustration. Ces bergers et ce mode de vie, nous sommes nombreux à les avoir connus sans y attacher toute l'importance qu'ils méritaient, sans savoir qu'ils étaient les derniers témoins d'une époque en train de disparaître. Les témoignages de ceux qui ont bien connu cette société originale dans leur jeunesse ont permis de la faire revivre. Ces hommes et ces femmes, qui commençaient toujours par dire qu'ils n'avaient rien d'intéressant à raconter, n'avaient pas conscience des trésors contenus dans leur mémoire et devenaient intarissables une fois lancés. Certains des témoins sont décédés et le retour dans leurs cuisines maintenant vides mais imprégnées de leur présence est toujours émouvant ; c'est dans ces moments-là que je regrette de n'avoir pas pris tout ce qu'ils offraient, enregistré tout ce qu'ils savaient. La phrase d'Hampâté Bâ, "En Afrique, chaque fois qu'un ancien meurt, c'est une bibliothèque qui brûle", ne s'applique-t-elle pas aussi à la Soule ?

10/2012

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Beaux arts

Zao Wou-Ki. Edition revue et corrigée

Si différentes soient-elles, les toiles de Zao Wou-Ki, depuis qu’il s’est créé son langage personnel au début de la seconde moitié du XXe siècle, portent sa signature à chaque point de leur composition, la signature d’un art en étrange pays où se fondent les espaces venus du champ de la cosmologie et des signes de la Chine ancestrale avec les espaces nés de l’affranchissement moderne chez nous, de la perspective, de Cézanne à cette abstraction lyrique qui prit son essor après la seconde guerre mondiale ; en étrange durée donc puisque celle-ci semble ne jamais s’interrompre chez lui entre les premières manifestations de cette spécificité chinoise de faire passer dans l’art le souffle de l’univers et notre fin du XXe siècle. Il n’y a pas de progrès en art et Zao Wou-Ki le sait mieux que personne. Il faut l’entendre s’enthousiasmer devant des pots à vin tripodes, les plus anciens qui nous soient venus de l’âge de bronze en Chine, sortis des objets du néolithique, comme devant les peintres T’ang ou la calligraphie primitive, la plus spontanée. Mais s’il n’y a pas de progrès, l’artiste qui ne porte pas en lui la vision de son temps ne peut être qu’un épigone. La peinture de Wou-Ki s’inscrit dans la lignée immémoriale de l’art chinois parce qu’au lieu de la suivre, elle y apporte les interrogations sur le sens de l’art, plus exactement sur le sens de la peinture, nées de notre modernité occidentale, nées des révolutions opérées dans la peinture quand celle-ci s’est émancipée en France des chefs-d’oeuvre qu’on jugeait insurpassables de la Renaissance.

05/2013