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Anthropologie structurale zéro

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Histoire internationale

Pages réservées. Un Albanais à Paris

Voici un livre singulier, écrit par un homme singulier. Pages réservées, ce sont celles qu'un diplomate, tenu au devoir de réserve, ne confie pas à ses "dépêches" officielles mais consigne discrètement dans son journal intime. C'est une année de ce Journal du 8 mai 1994 au 7 mai 1995 que publie Besnik Mustafaj. A la fois carnet de notes politiques, découverte intime de la vie française, galerie de portraits, réflexions littéraires, effort pour mesurer la juste distance entre une ex-dictature stalinienne et un pays "occidental", méditation lucide sur les limites de la réalité "européenne", Pages réservées est un livre passionnant. On y trouvera, outre l'analyse de quelques grands problèmes ("coopération" franco-anglaise mais "amitié" franco-allemande, drame bosniaque, indifférence des "grandes" nations envers les petites, étrangetés du sentiment démocratique en France), des lieux (Trieste, Andorre, Chambéry, le Vercors) et des hommes, de Mitterrand à Le Pen ou Arlette Laguiller, de Claudio Magris à Federico Zeri. Tout cela nous révèle une autre façon de regarder la France. Curiosité, sérieux, ironie : Besnik Mustafaj possède les qualités du bon diariste et du bon diplomate. D'où l'intérêt majeur de ce livre aux éclairages changeants, passionnés, moqueurs. L'auteur aime notre pays, mais il l'aime sans être jamais dupe de nos comédies, qu'il démonte avec une feinte innocence tout à fait savoureuse.

03/1996

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Critique littéraire

Emergence de la production de la littérature en langue française au Tchad

Ce travail constitue la publication de notre thèse présentée à l'Université de Ouagadougou 1, Joseph Ki-Zerbo, intitulée : "Naissance d'une littérature nationale : L'exemple du Tchad." sous la direction du Professeur Sanou Salaka. A la lumière de la sociocritique, nous visons à présenter ici une monographie attendue mais pas encore réalisée sur la production de la littérature au Tchad. Notre travail ne vise pas à donner une étude de style, de poétique des textes des auteurs tchadiens, nous tenons à présenter la production dans les circonstances de son émergence par rapport d'abord à l'émergence de l'Etat-nation indépendant, à parler de sa fondation, de sa constitution, de son évolution et de son développement, mais aussi de ses auteurs, de sa diffusion, de sa réception et de ses conditions dans les instances de promotion et de valorisation. Il est question également de préciser la place de cette production de la littérature dans le programme d'enseignement général, dans les médias, dans les revues spécialisées et dans la recherche universitaire. Nous essayons de présenter au lecteur la production de la littérature au Tchad dans ses dimensions les plus précises possible pour nous, afin de lui permettre de s'en approprier et de lui donner la place qui lui revient dans le concert des littéraires nationales d'Afrique.

01/2018

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Communication - Médias

De l'exclusion à la solidarité. Regards intersectionnels sur les médias

L'intersectionnalité, telle qu'élaborée par les féministes noires dans les années 1980, permet de réfléchir aux rapports de pouvoir dans leur complexe enchevêtrement. Au-delà d'un certain effet de mode, cette éthique est plus que jamais nécessaire pour comprendre le monde, à l'aube d'une décennie marquée par un virus ayant partout exacerbé la violence et les inégalités, et mis en évidence les systèmes de privilèges. Et qu'arrive-t-il lorsque l'on porte ce regard attentif sur les médias ? Les textes rassemblés dans cet ouvrage explorent avec aplomb les questions de l'inclusion et de l'exclusion médiatiques. Que décoder du traitement média réservé au port du hijab dans le sport, aux agressions sexuelles à l'endroit des femmes noires et autochtones, ou encore, de la place de la sourditude et des transidentités dans l'espace public ? Un recueil qui amène son lot de réponses éclairantes et douloureuses, une rareté dans le paysage des études culturelles et médiatiques francophones. Avec des textes de Alexandra Barbeau et Stéphanie Defoy-Robitaille, Kenza Bennis, Célia Bensiali et Emory Shaw, Karine Bertrand, Nathalie Bissonnette, Gabrielle Caron, Adèle Clapperton-Richard et Catherine Laplante, Geneviève Gagné, Véronique Walsh et Josette Brun, Charles Ouellet et Anne-Sophie Gobeil, Laurence Parent et Véro Leduc, Kharoll-Ann Souffrant et Ingrid Guesdon, Marilou St-Pierre, Bochra Manaï et Christopher Lavie Mienandy, ainsi que Valérie Yanick.

03/2021

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Littérature francophone

Sous aucun prétexte

"Je suis né un lundi de novembre 1964. C'est le premier cadeau que j'ai fait de ma vie : j'ai offert un long week-end à mes parents. Lorsque je l'ai dit récemment à ma mère, elle s'en souvenait, après 57 ans ! Il faut croire que ce fut un vrai cadeau... C'est passionnant de voir tout ce qui s'est passé le jour de sa propre naissance. En tout cas ça m'a passionné. Le temps n'était certes pas au beau fixe, mais enfin c'était de saison ! Et puis, dans mon pays, avec ce temps pourri qui est le mien, on ne peut pas s'attendre à mieux. Je veux croire que ma naissance fut en soi comme un rayon de soleil qui illumina cette chambre où je naquis - du moins pour moi et mes parents. Je me suis mis à versifier : La lumière a paru - Et le jour est venu ... Si jeune et déjà poète ! Se non è vero... [... ] J'imagine que je mourrai avec une centaine de livres inachevés. ". . Michel De Cock naît en 1964, à Bruxelles. Il mène des études en sciences psychologiques et pédagogiques : il valide un doctorat en 1994. A la suite de cela, il passe un certificat afin d'exercer dans le domaine de l'enseignement de la religion catholique. Il voyage peu mais lit et écrit beaucoup.

10/2022

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Histoire internationale

Mussolini, une histoire du fascisme italien

L'Histoire de l'Italie mussolinienne est longtemps demeurée un domaine qui vit triompher le préjugé et fleurir des collections d'idées reçues considérées comme des vérités incontournables. L'antifascisme des vainqueurs de la seconde guerre mondiale a imposé ses oukases aux historiens, particulièrement en France où l'étude de l'Italie contemporaine est une parente pauvre de l'Histoire universitaire. Le renouvellement complet de l'historiographie de la période qu'ont engendré, au delà des Alpes, les travaux d'un Renzo de Felice ou d'un Emilio Gentile a bousculé les interprétations conventionnelles qui ont longtemps prévalu et c'est une synthèse originale de toute cette nouvelle donne que nous propose l'ouvrage de Michel Ostenc. Se gardant des lectures de l'époque marquées du sceau de l'anachronisme et fondant ses analyses sur une connaissance approfondie du contexte italien, l'auteur nous offre une approche novatrice du Ventennio Nero. En lieu et place du manichéisme idéologique qui s'est trop souvent imposé, il ouvre des pistes nouvelles, en suivant au plus près le parcours de Mussolini, de l'extrême-gauche socialiste au nationalisme autoritaire et totalitaire, en posant au passage de nouvelles questions, relatives à la propagande du régime ou aux conceptions économiques et sociales qu'il tenta d'expérimenter, dans une Italie qui, pour une bonne part, réalisa à travers le fascisme sa nécessaire transition vers la modernité.

12/2013

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Aviation

Une histoire des hélicoptères légers en France

Depuis ma naissance, au 41 boulevard Jean Jaurès à Carcassonne, à côté du clocher de l'église Saint-Vincent, j'ai vu les Stamps virevolter au sommet de leurs trajectoires, à la verticale de la piste de Salvaza. Plus tard, alors que j'avais à peu près dix ans, ma mère présenta à ses trois fils, d'après un livre qu'elle s'était procuré, les études après le Baccalauréat. Sup-Aéro m'enchanta, avec sa soufflerie et ses multiples travaux pratiques. Je m'exclame? : c'est cela que je veux faire, ce qui fit rire toute la famille. En classe prépa à Louis le Grand, à Paris, c'est toujours le concours commun Mines-Pont qui m'attire, car il contient aussi l'école Supaéro. J'y rentre quatrième, en 1966. En deuxième année, nous travaillons sur le projet Concorde ; je m'y investis beaucoup. Mais l'ingénieur de Toulouse, qui corrige mon projet, ne peut m'expliquer pourquoi la solution que je propose, pour améliorer la mauvaise qualité de l'aile mach 2 aux basses vitesses, ne marche pas. N'étant pas compris, je décide de ne pas aller travailler à Toulouse. J'irai, donc, à Marignane, sur les hélicoptères, où j'atterris en octobre 1968, sans aucune connaissance de ces merveilleuses machines. J'y resterai, jusqu'au début 2015. C'est cette histoire que raconte ce livre.

03/2024

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Littérature anglo-saxonne

La foire aux vanités Tome 2

La Foire aux vanités T. II (1847-1848) de William Makepeace Thackeray, Traduction : Georges Guiffrey Laisser, laisser parler ! Qu'importe ! Tous les biens qu'on achète à la foire aux vanités finissent en fumée et en cendres. La Foire aux vanités, Roman sans héros, (en anglais : Vanity Fair. A Novel without a Hero), le chef d'oeuvre de William M. Thackeray, l'un des plus grands classiques du roman anglais est aussi le grand roman de l'arrivisme. Tableau fourmillant et drolatique de la société britannique, sur fond de guerres napoléoniennes, ce second volet continue de suivre les destins parallèles de deux jeunes amies de pensionnat, Becky Sharp et Amelia Sedley de condition et de caractère opposés l'une de l'autre, qui évoluent au coeur de la haute société victorienne. Dans ce second volet on continue de suivre l'irrésistible ascension de Becky Sharp, brillante anti-héroïne prête à tout pour gravir les échelons de la haute société londonienne, et qui est à bien des égards, de tempérament et de condition opposés de son amie de pensionnat, la riche, douce, innocente et honnête Amélia Sdeley. Leur vie parallèle sont marquées par l'amour, le mariage, le désir, la fortune, et la perte dans toutes ses dimensions, alors qu'elles évoluent en plein coeur du cirque corrompu de la haute société anglaise de l'époque Victorienne.

03/2024

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Religion

Du libre-arbitre et de la liberté. Recherches sur le libre-arbitre et la liberté

Tous, nous proclamons notre amour de la liberté. Si celle-ci est comprise comme capacité d'initiative, comment un chrétien ne serait pas profondément d'accord ? Sur ce point, l'esprit moderne est vraiment l'héritier du christianisme. En effet, pour la tradition chrétienne, la liberté nous est accordée pour que nous puissions coopérer à la réalisation de son dessein bienveillant. Dieu nous a créés pour nous rassembler autour de son Fils bien aimé et nous faire partager sa béatitude. Il nous a donné une capacité d'initiative afin que nous prenions notre part de responsabilité dans la construction de ce monde nouveau. Mais quand dans notre culture, la liberté semble être à elle-même sa propre fin, l'intelligence de la foi s'en trouve déstabilisée. On voit alors naître un conflit entre ceux qui sont influencés par l'approche moderne et ceux qui se veulent fidèles à la tradition. Nous en faisons chaque jour l'expérience, sous le mot liberté nous ne mettons pas tous la même chose. C'est pour comprendre ce malaise et y faire face que cet ouvrage a été rédigé. L'approche historique montre que la notion de libre-arbitre est aussi ancienne que le christianisme et n'a jamais cessé de faire l'objet de recherches et de débats. En même temps, cette approche suggère une perception plus profonde de la réalité que veut désigner l'expression libre-arbitre, que la Bible désigne à travers le symbole du coeur et que nous, modernes, nous nommons à juste titre capacité d'initiative. Cette perception permet un nouveau regard sur la morale, trop souvent décrite comme limitation de la liberté alors qu'elle devrait, comme la grâce, être comprise comme ce qui contribue à la croissance de la capacité d'initiative. Dans cet ouvrage, le père Laurent Sentis précise et justifie la conception de la liberté qu'il avait esquissée dans ses travaux précédents : Saint Thomas d'Aquin et le mal, et De l'utilité des vertus. Il propose ainsi le troisième tome d'une trilogie consacrée à l'anthropologie chrétienne.

11/2019

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Sociologie

L'art de se persuader des idées fausses, fragiles ou douteuses...

On peut persuader (et se persuader) d'idées douteuses ou fausses par de mauvaises raisons ou par des théories non valides, ou encore parce que l'"esprit est la dupe du coeur". Un troisième cas de figure apparaît comme négligé, malgré son importance, par ceux - moralistes, sociologues, philosophes ou psychologues - qui ont traité de l'art de (se) persuader. En effet, les croyances fausses peuvent aussi provenir des arguments les plus justes. Il suffit pour cela que se mêlent à une argumentation fondée des a priori auxquels on prend d'autant moins garde qu'ils peuvent plus facilement être considérés comme allant de soi. Un Simmel a bien vu que toute argumentation - y compris la plus scientifique - comporte des propositions implicites qui peuvent en altérer la nature et les conclusions. De sorte que le sujet connaissant peut induire son public et s'induire lui-même en erreur à partir de l'argumentation la plus irréprochable. Les dérapages de l'inférence naturelle décrits par la psychologie cognitive suggèrent que l'homme moderne ne raisonne pas de façon moins irrationnelle et "magique" que le "primitif" cher à l'anthropologie du début de ce siècle. Or ces ratés de la pensée ordinaire peuvent être interprétés comme l'effet d'une contamination de l'argumentation par des énoncés implicites et inconscients. Mais la pensée scientifique n'a aucune raison d'être immunisée contre ces interférences. De fait, on peut montrer que bien des idées douteuses proviennent de théories irréprochables et que, réciproquement, les idées reçues les plus fragiles s'appuient souvent sur une argumentation valide. Les exemples analysés ici sont empruntés à diverses sciences humaines, mais la philosophie et la sociologie des sciences modernes y occupent une place de choix. D'abord parce que ces disciplines sont aujourd'hui actives et influentes, qu'elles abritent des théories solides et qu'elles donnent une forte impression de convergence et de cumulativité. Mais les conclusions relativistes qu'on en tire - et qui ont fini par prendre la force d'un poncif - ne sont que le résultat de ces effets de contamination de l'explicite par l'implicite.

08/1990

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Histoire internationale

L'écriture de l'histoire en Afrique. L'oralité toujours en question

Cinquante ans après la parution de l'ouvrage de Jan Vansina (1961) - De la tradition orale. Essai de méthode historique - des historiens, des anthropologues et des archéologues se sont réunis en mai 2011 à Agbodrafo au Togo pour dresser un bilan de l'apport des sources orales à l'écriture de l'histoire de l'Afrique et examiner les perspectives de recherche. Ce livre offre aux lecteurs une réflexion sur les principes méthodologiques revisités pour le bon usage des sources orales, mettant en avant les pièges qui guettent encore et toujours l'historien de terrain. Le recours nécessaire à d'autres disciplines que l'histoire a été clairement démontré. L'anthropologie et l'archéologie s'avèrent indispensables pour analyser les contextes d'énonciation ou pour éclairer des pans restés jusque-là inconnus de l'histoire des populations. Dans cet ouvrage, les auteurs proposent de nouvelles stratégies d'approche en tenant compte de l'évolution des terrains d'étude, liée à la disparition de certaines catégories d'informateurs. De nouveaux domaines de recherche peuvent encore être explorés comme le fait religieux par une étude des lieux de cultes, principalement les bois sacrés, et de leur environnement culturel. Les récits de vie permettent aussi de combler des vides importants sur l'histoire contemporaine. L'idée centrale est l'extension considérable de la gamme des sources non écrites utilisées et leur grande diversité : toponymes, anthroponymes, chants et autres contes ont été revisités. Les généalogies ont à nouveau été questionnées en croisant les sources et en s'interrogeant sur l'altération de ces listes, leur instrumentalisation et les enjeux de pouvoirs qui mènent à leur manipulation. Enfin, le lien entre documents écrits et traditions orales est à nouveau exploré, pour montrer les interférences existant entre les deux catégories. Ce livre présente ainsi un panorama large et diversifié de l'utilisation de l'oralité comme source d'histoire avec un avenir qui est loin d'être sombre. Cependant, l'urgence demeure de poursuivre les enquêtes de terrain et d'oeuvrer à la conservation des données orales recueillies. Il s'agit d'un véritable patrimoine immatériel que les chercheurs se doivent de récolter et de préserver.

06/2013

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Religion

Mission et cinéma. Films missionnaires et Missionnaires au cinéma

Dans cet ouvrage, le Centre de Recherches et d’Échanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (Credic) s’est interrogé sur l’image animée, ses usages en contexte missionnaire et sur la représentation des missions au sein du cinéma profane. Des chercheurs de disciplines variées (anthropologie, histoire de l’art, histoire des missions et du cinéma) et des acteurs de terrain (missionnaires, réalisateurs) couvrent ici le xxe siècle et le début du xxie, depuis les films 16mm des années 1920 aux vidéos d’organisations missionnaires pour la télévision ou en ligne, en passant par des films «grand public». Après un panorama replaçant la question des rapports entre cinéma et mission, l’ouvrage débute par une partie qui, dans une approche historique, propose des études de films mêlant observations anthropologiques et discours destinés à servir la propagande missionnaire. Tournées avant la seconde guerre mondiale, ces productions témoignent des mentalités de l’époque et des améliorations techniques. La deuxième partie aborde la question de la réception. Selon les destinataires (public occidental ou populations à évangéliser) et selon les époques, les usages et les lectures des images diffèrent. La troisième est consacrée à des films grand public, qui croisent la question missionnaire à travers une figure particulière ou un milieu donné. La dernière partie aborde des images plus contemporaines témoignant de l’évolution des supports et des changements ayant affecté le monde missionnaire. Qu’elles se rapportent au documentaire ou à la fiction, les images ont façonné les représentations missionnaires à travers le monde. Utilisées à des fins de propagande, d’histoire ou de culture, elles permettent de mieux appréhender l’évolution des missions et des mentalités. Émilie Gangnat est docteur en histoire de l’art, associée à l’équipe Hicsa (Université Paris 1 Sorbonne). Ses recherches portent sur l’histoire visuelle, le développement des stéréotypes et des imaginaires en contexte missionnaire. Annie Lenoble-Bart, professeur émérite en sciences de l’information et de la communication, est membre de l’EA 4426 MICA de l’Université Michel de Montaigne (Bordeaux). Jean-François Zorn est professeur émérite d’histoire du christianisme à l’époque contemporaine à l’Institut protestant de théologie et chercheur associé au Centre de Recherches interdisciplinaires en sciences humaines de l’Université Montpellier 3.

08/2013

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Géopolitique

Je ferai le tour du monde

Alexandra Szacka, journaliste de télévision et de radio, ex-correspondante de Radio-Canada à Moscou et à Paris, nous raconte ici que derrière chaque reportage, il y a toujours un supplément d'âme, une histoire qu'on n'a pas pu raconter, mais qui éclaire et ajoute un fil invisible au canevas des vies qui y ont été à peine effleurées. A l'aube de l'adolescence, Alexandra Szacka est chassée de son pays natal et forcée de renoncer à sa citoyenneté polonaise. Est-ce cela qui a fait d'elle une passeuse de frontières, toujours curieuse de comprendre ce qui a lieu à des milliers de kilomètres de chez elle ? On l'a balancée dans la gueule du loup. Elle a choisi d'apprivoiser la bête. Elle raconte dans ce livre son arrivée à Trois-Rivières, à la fin des années 1960. Sa découverte de la grise banlieue nord-américaine, mais aussi le militantisme, le théâtre, l'anthropologie et le combat du Québec pour l'affirmation de sa langue et de sa culture. Avant bien sûr la rencontre avec le journalisme, qui allait tout changer. S'amorce alors une carrière qui la mènera chez les planteurs de coca boliviens, sur la place Tian'anmen envahie par les manifestants, au coeur de la guerre russo-géorgienne ou encore en Pologne, où se réveille la douloureuse mémoire de l'antisémitisme. Derrière chaque reportage, il y a toujours un supplément d'âme, une histoire qu'on n'a pas pu raconter, mais qui éclaire et ajoute un fil invisible au canevas des vies qui y ont été à peine effleurées. C'est ce fil invisible qu'Alexandra Szacka fait dérouler ici pour nous. Elle soulève d'importantes questions liées à l'exercice de ce métier, comme l'objectivité ou le devoir moral envers les personnes interviewées. Les journalistes doivent prendre des décisions rapidement, parfois sans repères ni balises. Pourtant, ces décisions ont un effet non seulement sur le résultat de leur travail, mais aussi sur leur propre vie. Car les journalistes, elle en est aujourd'hui persuadée, ne racontent pas seulement le monde, mais se racontent toujours un peu eux-mêmes.

06/2023

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Critique littéraire

La comédie (in)humaine de l'argent

La crise financière qui sévit depuis 2008 a suscité bien des tentations visant à convoquer la littérature pour illustrer les dégâts de l'argent et instruire le procès moral de " règles " capitalistes qui engendrent le chaos. Balzac, le " romancier de l'argent " ne fut pas oublié, mais il y a toujours quelque chose d'anecdotique et d'instrumental dans ces engouements médiatiques. Instrumental, parce qu'on ne considère la littérature que comme un témoignage, guère plus efficient qu'un article de journal. Anecdotique, car ces évocations s'en tiennent à la surface des choses, au portrait de l'usurier, au méchant banquier, à l'argent corrupteur, c'est-à-dire à des d'images d'Epinal inégalement opératoires aujourd'hui car tributaires d'une machine économique en partie obsolète. Le fond en revanche - la souffrance du sujet aux prises avec l'argent, la soumission de la temporalité de l'individu aux mécanismes de la dette et de remboursement, l'empire idéologique de normes capitalistes qui régissent jusqu'au plus intime de la vie subjective - est éludé. Ce sont pourtant bien ces réalités-là qu'il convient de demander à une littérature réaliste qui, par le jeu de la fiction, met à l'épreuve les transformations qu'opère l'économie moderne sur le sujet. Le roman met au jour une anthropologie de l'argent conçu comme " l'expression subjective, sous l'espèce du désir, du rapport social monétaire " (F. Lordon). C'est ce savoir que le roman balzacien - né avec l'explosion capitaliste - nous enseigne, offrant par la même au lecteur contemporain de nouvelles clefs de lecture du la situation actuelle. En réunissant des spécialistes reconnus dans différents champs des sciences humaines, ce volume se propose de saisir quelques - uns des ressorts implicites du capitalisme mis en scène et mis évidence par le roman balzacien. Mais la critique balzacienne ne réside pas seulement dans ce travail de dévoilement : au-delà de sa faculté critique, La Comédie humaine, est une fable sur la fable économique : on y voit, mises à nu dès les années 1830 - 40, les fictions (idéologiques) que l'économie libérale a forgée au cours des XIXe et XXe siècles.

09/2013

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Préhistoire

La métallurgie du fer en pays Bassar (Nord-Togo) depuis 2400 ans. Tome 1, L'Age du Fer ancien (de 400 avant J.-C. à 130 après J.-C.)

Peu de gens le savent, mais l'Afrique est un continent où la métallurgie du fer a été découverte de façon indépendante et précoce. Les travaux d'un pionnier de l'archéologie au Togo, l'Américain Philip de Barros, depuis quatre décennies, en font une démonstration brillante, même si l'implacable rigueur du scientifique rend sa lecture un peu austère. Son cadre d'étude est le Nord du Togo, en particulier le Pays bassas à quelque 350 km du littoral, en particulier sur le site de Dekpassanware, où des fouilles portant sur plusieurs dizaines d'hectares ont mis au jour des lieux de forgeage, de réduction du fer et de commerce d'outils en métal parmi les plus anciens d'Afrique de l'Ouest. Avoir retrouvé des fourneaux, des tuyères, des marteaux, des enclumes, permet de comprendre ces productions au moins deux fois millénaires. Pour essayer d'approcher la société qui les a fait naître, on doit s'intéresser également aux haches de pierre polie, aux perles décoratives, aux traces des aliments comme aux pratiques funéraires... l'auteur a particulièrement insisté sur la poterie comme élément-dé pour la détermination de la chronologie historique régionale, avec les échanges anciens qu'elle dévoile. Ces très nombreuses trouvailles sorties du sol, si ténues soient-elles aux yeux du profane, nous apportent ainsi des connaissances riches et très originales. Après d'innombrables documents en anglais, Philip de Barros a tenu à publier cette synthèse en français. Son ampleur exige une publication en deux tomes. Celui-ci traite de la fin de l'Age de pierre et de l'Age du Fer ancien, soit d'environ 400 avant notre ère au IIe siècle après J-C. Le second tome (à venir) concernera l'Age du Fer récent, de 1200 jusqu'aux années 1950. Cet ouvrage intéressera, outre les archéologues professionnels et les étudiants en histoire, archéologie, anthropologie, etc., toutes les personnes attachées à la connaissance de l'Afrique ancienne, au premier chef les Togolais, et d'abord ceux du Pays bassar, qui peuvent être fiers du travail de leurs lointains ancêtres.

07/2021

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Histoire de l'art

Création plastique d'Haiti. Art et culture visuelle en colonie et post colonie

Ce livre étudie l'univers de la création plastique d'Haïti dans la durée, depuis l'arrivée, en 1492, des premiers conquérants espagnols sur ce territoire, tiers occidental de l'île qu'ils avaient rebaptisée Hispaniola. Pour mener son enquête, Carlo A. Célius interroge, déborde et renverse les discours et les représentations énoncés depuis l'Europe occidentale, qui ont, en continu, qualifié et classé toute création artistique non européenne à l'aide de critères propres au domaine des beaux-arts. L'histoire des modes de figuration proposée ici est aussi celle de l'accaparement, de l'exploitation et de la transformation d'un territoire, une histoire de migrations, de sujétion et d'extermination de populations. C'est une histoire de luttes, de libération et de reconfiguration sociétale ; une histoire des images et des imaginaires, de leurs échanges et de leurs confrontations. Dans cette enquête historique au long cours, qui emprunte tour à tour à l'histoire de l'art, à l'esthétique, à l'anthropologie et à la sociologie, l'auteur nous propose une approche plurielle de la figuration en colonie et postcolonie qui, au-delà des seuls beaux-arts, prend en compte l'ensemble de la culture visuelle. Du portrait aux dessins rituels du vodou et à l'iconographie catholique, des illustrations publiées dans la presse aux marques de scarification sur le corps des captifs africains réduits en esclavage, il met en lumière la complexité et les enjeux du visuel, les conflits qu'il génère, les phénomènes d'appropriation et de réappropriation. Carlo A. Célius démontre comment a pu s'édifier une hégémonie des beaux-arts dans un tel contexte et comment, à un moment donné, celle-ci a été ébranlée. Cet ouvrage revisite la notion d'art : il historicise les échelles de valeurs qui la constituent et les dynamiques sociales, politiques et culturelles à partir desquelles elle évolue. A l'aide d'un cadre conceptuel renouvelé, les lectrices et lecteurs pourront (re)découvrir les principales caractéristiques des courants artistiques du xxe siècle haïtien et apprécier quelques traits distinctifs de la nouvelle scène.

05/2023

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Monographies

Picasso, l'étranger

Picasso est longtemps resté otage des beaux-arts. C'est par le prisme des sciences sociales que le catalogue Picasso l'étranger aborde sa relation avec la France. Dans une polyphonie inattendue, à côté des oeuvres et des documents exposés, sont convoquées ici des voix plurielles (droit, géographie, anthropologie, sociologie, histoire) complétant les analyses des historiens d'art. En s'attaquant, souvent pour la première fois, à l' "objet Picasso" , elles dévoilent - paradoxe majeur - que le peintre aujourd'hui mythique a été considéré comme un paria pendant ses quatre premières décennies en France. Stigmatisé ou ostracisé parce queétranger, engagé, artiste d'avant-garde, le jeune Picasso vécut dès 1901 sous la constante surveillance de la police : autant de dates consignées, d'empreintes digitales répétées, de photos d'identité sur lesquelles il semble un repris de justice. Mais Picasso ne subit pas, il explore, il avance et construit avec obsession son oeuvre magistrale, immédiatement célébrée dans le monde occidental mais rejetée par l'Académie des beaux-arts, attachée à préserver le "bon goût" français. A quelles stratégies l'artiste a-t-il recours pour naviguer dans un pays secoué par des vagues de xénophobie et entravé par des institutions souvent obsolètes ? Comment construit-il ses réseaux pour imposer les normes de son propre univers - inclusif, innovant, subversif ? Au-delà de son génie artistique, Picasso révèle d'impressionnants talents de stratège politique. En habitant sa position d'étranger et d'artiste global, il devient un puissant vecteur de modernisation de la France. Avec ses multiples "sphères d'appartenance" , c'est comme si, en pionnier des modèles du xxie siècle, il faisait exploser les frontières traditionnelles des Etats-nations, en annonçant les nouvelles formes cosmopolites contemporaines. L'odyssée de Picasso étranger en France ne fait-elle pas écho à la renaissance de nos xénophobies ordinaires ? Ne résonne-t-elle pas aujourd'hui pour toutes ces existences subalternes qui se heurtent au rejet de l'autre ? En croisant outils et notions au carrefour de plusieurs disciplines, ce catalogue installe Picasso au coeur de nos préoccupations les plus contemporaines.

11/2021

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Moyen Age - Critique littérair

Les figures de Perceval

Notre propos, pour cet ouvrage, ne consistera pas à refaire ce que nombre de savants historiographes et spécialistes de littérature médiévale ont déjà si bien fait notamment dans le cadre de la Société Arthurienne Internationale, mais plutôt d'interroger le sens de cette figure de Perceval, telle que le Moyen-âge nous l'a léguée et telle qu'elle trouve écho en nos esprits, en quoi elle nous provoque. La figure de Perceval, le " nice " chevalier, s'impose en effet certes sur le plan d'une esthétique qui lui est propre et qui dépasse peut-être même les intentions de ses auteurs. Elle peut être interrogée d'abord comme porteuse d'une mythologie inhérente en ses sources et aussi, en tant que telle, comme production littéraire voire philosophique, ou encore être utilisée et replacée dans les contextes culturels de ses productions. Elle doit être aussi examinée telle qu'elle a été reçue et telle que nous la recevons car elle a affaire à l'humain en chacun de nous, et à notre humanité. Elle sollicite nos affects, nos représentations, nos imaginaires. D'un autre point de vue, en quoi le Perceval que nous connaissons a-t-il à voir avec les mythologies indo-européennes auxquelles certains ont pu le rattacher, aux thèmes de la Vengeance, à quel appel l'Autre Monde répond le fils de la Veuve Dame quand le monde qu'il découvre est frappé de stérilité et de mort ? Depuis sa fondation en 1973, le " Cercle d'Etudes Nouvelles d'Anthropologie, les Amis arthuriens de René Bansard (C.E.N.A) ", s'attache à mettre en valeur les mythes contes et récits légendaires liés aux romans de la Table Ronde et ce singulièrement dans les terroirs de l'espace Normandie-Maine, aux marches de la Petite Bretagne. La figure de Perceval ayant été abordée, voici dix-sept ans, dans une journée d'études du C.E.N.A., il a semblé aux membres de l'association qu'un nouveau travail plus complet s'imposait pour approfondir les pistes déjà entrevues, et ouvrir cette approche à de nouvelles interrogations, à d'autres points de vue.

08/2021

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Sociologie

L'appel du texte. Sociologie du savoir bibliste

Livre le plus traduit dans le monde, la Bible est aussi un recueil d'écritures saintes dont le long commentaire jusqu'à nos jours a rencontré les sciences humaines. Le questionnement de Spinoza sur l'origine, la forme et la finalité des textes transmis a suscité une aventure intellectuelle singulière qui se poursuit aujourd'hui dans les cercles transatlantiques d'exégèse. Un espace savant en a résulté au carrefour de la théologie, de la philologie, de l'histoire, et plus récemment de la narratologie et de l'anthropologie. Son inscription dans le système universitaire n'en est pas moins variable suivant les pays. En France, la séparation entre facultés de théologie et de lettres ne lui a pas permis d'acquérir l'autorité académique qu'il a dans d'autres pays occidentaux. Quelques érudits s'y distinguent cependant, tels Ernest Renan, Alfred Loisy ou Marie-Joseph Lagrange, dont les successeurs ont vu leur énergie critique libérée après la Seconde Guerre mondiale. Que reste-t-il aujourd'hui de ce savoir au moment où les Eglises se replient sur la défense de leurs traditions, où les humanités déclinent, mais où en même temps la curiosité publique pour l'histoire des religions gagne les médias ? Sans qu'ils se définissent par une discipline ou une profession particulière, les "biblistes" qui font le succès de certaines séries télévisées témoignent-ils d'une compétence ou d'un métier spécifiques ? Peut-on parler d'eux comme d'un "collège invisible" qui actualiserait le programme de recherche spinozien ? L'enquête ethnographique tente d'y répondre en délimitant le noyau cognitif de l'exégèse critique, en explorant ses réseaux de sociabilité intellectuelle, en retraçant ses parcours individuels, en décryptant ses épreuves publiques. Se dessine de proche en proche un milieu fragile mais au savoir substantiel qui partage à l'échelle mondiale un commun "appel du texte". Cet appel se manifeste au fil d'années d'études des langues et des traditions ; il se traduit par l'acquisition définitive du sentiment de la pluralité irréductible des symboles et des significations d'une parole qui se veut pourtant unique.

10/2011

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Ethnologie

Savoirs romantiques. Une naissance de l'ethnologie

Si l'ethnologie et l'anthropologie, avant de se constituer en savoirs spécialisés, ont une longue préhistoire, leur émergence véritable est justement située dans les parages de la philosophie des Lumières. Pourtant nous ressentons une affinité entre la curiosité ethnologique et un romantisme qui exalte les différences, exotiques et populaires, qui reconnaît la force poétique des langues et des traditions orales, qui fonde la modernité des nations sur des héritages de longue durée. Entre 1800 et 1850, l'expression de ces valeurs trouve chez les écrivains et les artistes, dont beaucoup sont encore des polygraphes heureux, des formes d'expression qui utilisent et parfois mêlent tous les genres: du traité de science morale au roman en passant par le récit de voyage et la recréation littéraire des poèmes et des récits de la tradition. Cet ouvrage revisite ces rencontres entre un savoir qui s'affirme et un champ littéraire et esthétique qui se réoriente et se diversifie. Mais son horizon est plus vaste. Le romantisme ne se contente pas d'accueillir les aspects pittoresques de l'altérité, il situe ces curiosités intenses sur l'horizon d'une critique morale et politique de la modernité qui tiendra une place décisive dans la naissance de l'ethnologie au sens présent du terme. Le progrès, cette idée d'une perfectibilité continue de l'homme, cette croyance en une positivité nécessaire de l'évolution a un revers préoccupant : l'Inéluctable disparition des vaincus, victimes de la marche vers le futur. Alors que toutes les sciences de la société naissent du souci de gérer et d'améliorer les sociétés proches, l'ethnologie prend en charge les condamnés et les oubliés, qu'ils soient d'ailleurs ou d ici, elle leur reconnaît une égale dignité comme expression de la situation humaine. Tel est l'apport profond et mal compris du romantisme auquel l'ethnologie doit non seulement ses choix d'objet, ses méthodes et son éthique mais sa proximité foncière avec la littérature qui, pour une part veille aussi sur ces ruptures du temps et fait sortir du silence ces apocalypses culturelles.

05/2011

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Critique littéraire

L'arbre et la lignée. Métaphores végétales de la filiation et de l'alliance en latin classique

Certaines métaphores végétales de la filiation nous sont familières en français : on parle de "racines" ou de "branches" familiales, on se déclare parfois "de souche", et le schéma qui permet de représenter notre parentèle sous la forme d'un arbre généalogique nous paraît un accessoire indispensable à toute enquête portant sur les origines d'un nom ou d'une lignée. Pourtant, ces images ont une histoire, et les métaphores banales que nous utilisons véhiculent un discours sur la filiation qui met en question les pratiques réelles et les institutions légales. L'étude du vocabulaire que les Romains empruntent à la terminologie botanique ou agricole pour l'appliquer à des relations de filiation ou d'alliance éclaire la dimension idéologique portée par ce lexique : penser l'adoption en terme de "greffe" (institio, instituus, inserere), la filiation légitime sur le modèle de la reproduction à l'identique que permettent le bouturage ou le marcottage (propago, subles), le mariage sur le modèle d'une coopération complémentaire entre la vigne et le support vivant d'un arbre (maritare, maritus) contribuent à définir la lignée comme un ensemble organique, une strips, dont l'identité perdure à travers le temps, incarnée successivement par chacun de ses membres. A travers ces métaphores, un modèle emprunté à la nature vient ainsi légitimer l'ordre social conservateur protégeant les grandes familles de la nobilitas romaine. L'objet de cette étude relève donc à la fois de la lexicologie (saisir les implicites d'une métaphore lexicalisée), de l'anthropologie (identifier un discours sur la filiation qui se démarque des pratiques et du droit romains) et de la littérature latines (repérer les contextes rhétoriques et génériques de l'emploi de ces métaphores), et propose plus généralement une réflexion sur la place que chacun est prêt à reconnaître à la nature ou à la culture dans l'établissement d'une filiation. L'enquête se fonde sur la lecture de textes littéraires, agronomiques et juridiques produits en latin entre le IIe siècle avant J-C et le IIe siècle après J-C, éclairés si nécessaire par l'examen de textes grecs de référence.

11/2012

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Histoire de France

LA COUR COMME INSTITUTION ECONOMIQUE. 12ème Congrès International d'Histoire Economique Séville-Madrid, 24-28 août 1998 : Twelfth International Economic History Congress Seville-Madrid, 24-28 August 1998

Longtemps négligées par les historiens, les cours royales et princières de l'Europe médiévale et moderne ont trouvé depuis vingt ou trente ans, grâce en particulier à Norbert Elias, une place centrale dans une histoire désormais plus attentive aux cultures, aux comportements et aux pratiques sociales des élites, et à leur influence sur le reste de la société. Les historiens de l'économie ont pourtant continué à les reléguer au second plan, comme ils l'ont fait d'ailleurs, jusqu'à une date toute récente, pour la majorité des institutions de l'économie d'Ancien Régime. Tout au plus acceptent-ils de leur appliquer des catégories d'analyse empruntée à l'anthropologie économique, et de parler d'économie de prestige, de dépense somptuaire et de destruction ostentatoire des richesses. Le tout situé dans une phase réputée " primitive " de l'émergence d'Etats qui cherchent à s'établir dans la durée, mais s'identifient encore avec une personne. Les études réunies dans ce livre partagent la même volonté de se libérer de ces stéréotypes, et de décrire la logique institutionnelle qui a présidé à l'émergence et à la consolidation d'un modèle original de gouvernement central. Celui-ci se retrouve hors d'Europe, à la même époque, sous d'autres formes : ainsi dans l'Empire ottoman, dans l'Inde prémogole et mogole, en Chine ou dans le Japon des Tokugawa. Il a pour originalité de juxtaposer, mais pour mieux réussir ensuite à les séparer, des fonctions administratives et d'autres, plus difficiles à définir, qui s'organisent autour du service personnel du prince. Comme les armées permanentes, dont elles précèdent la création, les cours regroupent des effectifs importants, mobilisent des ressources croissantes en argent et en nature, provoquent la mise en place de circuits économiques nouveaux, fixent des normes de consommation et de dépense, disciplinent les comportements individuels et collectifs, suscitent chez les acteurs des attentes et des stratégies rationnelles fondées sur une information partagée. Elles possèdent ainsi tous les traits que les économistes reconnaissent aujourd'hui aux institutions qui constituent le cadre non marchand nécessaire au fonctionnement de toute économie marchande.

11/1998

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Histoire de France

L'arbre. Histoire naturelle et symbolique de l'arbre, du bois et du fruit au Moyen Age

Les Cahiers du Léopard d'Or sont une publication nouvelle, consacrée à l'étude du Moyen Age sous tous ses aspects. Ils sont publiés par les éditions du même nom, qui depuis 1981 se sont spécialisées dans la publication de travaux relatifs aux études médiévales. Les Cahiers du Léopard d'Or ne sont pas à proprement parler une revue, plutôt une collection ou une série. Chaque année verra en effet paraître un volume (peut-être deux les années fastes) portant sur un thème particulier qui lui donnera son titre. Ce thème sera choisi parmi les domaines trop longtemps délaissés par les médiévistes et sur lesquels des recherches récentes ont de nouveau ou pour la première fois attiré l'attention. Il s'agira d'un Moyen Age large, ouvert sans frontière ni tabou. Toutefois l'accent sera mis sur les problèmes d'anthropologie historique, et plus particulièrement sur les questions intéressant l'histoire de la civilisation matérielle, de l'organisation sociale, des modes de pensée et de sensibilité, des systèmes de représentation. Une préférence sera donnée aux sujets qui permettront de faire tomber les barrières entre les disciplines, d'interroger des catégories de documents variées et, parmi ces documents, d'accorder une large place à l'image. Chaque volume sera le résultat d'une recherche collective. Il réunira les contributions d'une dizaine d'auteurs, certains chercheurs confirmés, d'autres chercheurs plus jeunes, étudiants même. On s'efforcera d'alterner des articles de synthèse et des monographies plus ponctuelles. Pour chaque thème sera ajouté à l'ensemble de ces contributions un dossier historiographique et bibliographique, dense et critique. Chaque volume devrait ainsi constituer en lui-même un instrument d'information et de réflexion, de méthode et de travail pour les chercheurs, les étudiants et le public cultivé. Nous est ici proposée la deuxième livraison de ces Cahiers consacrée à l'Arbre. La troisième livraison, actuellement en préparation, sera consacrée à La Couleur. Viendront ensuite des volumes portant sur les Mutations du XII siècle, Le Cheval, Les Armes et les outils et peut-être La Mer.

12/1993

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Economie

Evolution économique de Bouaké de 1858 à 1939

La ville de Bouaké, désormais perçue comme une cité attractive majeure, c'est-à-dire comme un véritable centre d'impulsion et de diffusion de la croissance, des richesses naturelles et des biens de consommation sur l'ensemble du territoire ivoirien et, partant, dans quelques pays voisins de l'espace ouest-africain, sera particulièrement sollicité par la métropole (la France). Et, pourtant, la région de Bouaké, point focal de notre intérêt, est une zone de savane arborée aux sols non propices aux cultures d'exportation traditionnelles (le café et le cacao), socles de l'économie ivoirienne. De plus, Bouaké et sa région sont éloignées de la zone côtière où, grâce à l'océan Atlantique, Abidjan et certaines villes prospèrent, du fait du commerce maritime. Enfin, les peuples baoulé autochtones de ladite région ne sont pas des commerçants. Ils sont originellement attachés aux activités de la terre. Comment alors expliquer le poids économique de Bouaké depuis la fondation de Gbêkêkro en 1858 jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? De cette curiosité générée par la contradiction ci-haut exprimée découle toute une série d'interrogations qui ouvre des pistes pour la compréhension du sujet : Comment expliquer la transition de l'économie de Bouaké du mode de production précoloniale à l'institution d'une économie coloniale de marché urbain ? Les rôles économiques ont-ils été depuis toujours les traits dominants de l'ensemble des caractéristiques de Bouaké ? Si oui, quels sont les différents atouts qui, sur le plan naturel et sur le plan des politiques économiques et des stratégies commerciales ayant régenté la ville, donnent à Bouaké sa légitimité de deuxième ville économique de la colonie après Abidjan ? Les questions relatives à la vie précoloniale à Bouaké, les motivations et les conditions de la création de la ville, ainsi que, le rapport immigration-émergence socio-économique, sont autant de questions objectives qui intéressent, au premier chef la critique historique, l'anthropologie, la sociologie et l'économie. En définitive, nous osons poser, à partir de cette étude, un problème intégré à l'histoire des grandes cités marchandes d'Afrique en général, et de celles de la Côte d'Ivoire en particulier.

02/2016

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Histoire internationale

Les grandes expéditions autour du monde. Toulon 1817-1840

Arsenal et port de guerre, Toulon a été le point de départ d'opérations militaires. La chose est connue. En revanche, on tend à oublier les expéditions faites au nom de la science. Certes, on n'ignore pas les voyages autour du monde effectués sous l'Ancien Régime et le Consulat, mais ceux qui furent organisés sous la Restauration et la monarchie de Juillet, restent méconnus. Or, en deux décennies, plusieurs circumnavigations ont été organisées au départ de Toulon et ont permis une impressionnante moisson de connaissances en sciences de la Terre et de la navigation, en anthropologie et en sciences naturelles. Non dépourvues d'enjeux économiques et politiques, ces expéditions ont été conduites par des "marins savants" dont les noms sont familiers : Freycinet, Duperrey, Dumont d'Urville, Laplace, Vaillant. Chargés de missions précises, ils ont été accompagnés de scientifiques, médecins, pharmaciens et artistes, moins connus, mais dont les observations et les collectes ont approfondi nos connaissances et entraîné de véritables découvertes (Antarctique). Récits de voyages, mémoires, rapports, croquis et relevés cartographiques témoignent de l'ampleur des résultats. Les aventures océanes ont bénéficié des progrès techniques de l'époque rendant la navigation plus sûre. Elles ont aussi contribué, grâce à de soigneux préparatifs, à améliorer le matériel naval par diverses innovations. Senteurs nouvelles et lieux enchanteurs ne sauraient pourtant faire oublier les dures conditions de navigation, les multiples dangers, les longues absences et les pertes au sein des équipages. Lots ordinaires des navigations anciennes, les risques et périls n'étaient pas ignorés de Rose de Freycinet, la passagère clandestine qui s'est glissée à bord de l'Uranie que commandait son mari ! Ces campagnes autour du monde marquent la fin des grands voyages de découvertes entamés au XVe siècle. La France n'y avait pris qu'une modeste part mais, grâce à ces circumnavigations, elle s'est fortement impliquée dans le mouvement qui entraîne au XIXe siècle l'Europe vers les autres continents. Qui plus est, ces voyages ont laissé en héritage les Terres australes antarctiques françaises (Taaf), dont la terre Adélie. Elles participent aujourd'hui aux recherches sur les grands enjeux planétaires.

05/2018

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Agroalimentaire

Evolution agrotechnique contemporaine. Tome 3, Animal & technique

Les élevages et les filières des produits d'origine animale vivent de plein fouet la révolution numérique. Parallèlement nous assistons à une exigence sociétale d'évaluation du bien-étre animal, à une baisse de la consommation de produits animaux et à l'apparition du refus de Consommer des produits d'origine animale. Cet ouvrage, à partir de récits professionnels d'éleveurs et de développeurs de solutions numériques et d'exposés de chercheurs en sciences animales, en anthropologie et en sciences sociales, a pour ambition d'appréhender les sens de ces évolutions sous tensions et d'en saisir les enjeux. On y voit que l'animal, au statut souvent ambigu, amène une complexification du rapport au technique parla profonde diversité tant de ses fonctions, réelles et symboliques, que de ses usages : auxiliaire de production, repère temporel et culturel, amendements des sols, source d'aliments, de textiles, cuirs, matériaux, énergie. Il occupe une place centrale dans la constitution des systèmes agricoles. L'animal s'intègre ainsi dans la production agricole selon une triple co-constitutivité et dans un triptyque relationnel homme/animal/technique. Ce sont les liens et les rapports entre ces trois composantes, leur intensité, les modalités de leur exercice, qui sont les agents de l'évolution. La dimension des élevages et la façon dont les entités techniques innovantes intègrent ce choix conduisent à des combinaisons d'échelle, du niveau microtechnique aux réseaux macrotechniques, dans lesquelles se jouent les évolutions techniques liées à l'animal : singularisation des élevages à une échelle humaine standardisation des dispositifs techniques, de certaines opérations techniques, des réseaux techniques, dans les communautés de pratiques entre éleveurs. La diversité dont témoignent les cas développés dans cet ouvrage permet de saisir la dimension socio-économique et ses dynamiques sociotechniques, la dimension écologique par la place de l'animal dans les processus agroécologiques et la dimension technologique favorisant l'innovation ouverte. Au final on peut s'attendre à ce que ces nouvelles possibilités de constitutivité conjointe du triptyque technique/animal/humain conduisent à un bouleversement des rôles que les animaux joueront dans l'agriculture et l'alimentation de demain.

03/2021

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Ethnologie et anthropologie

Histoire du concept de couvade. Edward B. Tylor et l'ethnologie victorienne

Figure de proue de l'anthropologie britannique de la deuxième moitié du XIXe siècle, Edward Burnett Tylor (1832-1917) renvoie, par la notion de convoite, à un ensemble de représentations, interdits et pratiques liés à la naissance, lesquels imposent au père de renoncer à ses activités et nourritures habituelles et, éventuellement, de s'aliter. Mobilisant une vaste littérature, allant des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes à l'ethnographie exotique et européenne du XIXe siècle, Tylor repère ces usages en Amérique, Asie, Europe et Afrique. Il propose de les désigner par le mot français couvade dans la première édition de ses Researches into the Early History of Mankind and the Development of Civilization (1865), ouvrage qui s'inscrit dans le vaste renouveau des sciences de l'homme promu par la reconnaissance, en 1859, de la haute antiquité du genre homo et de la préhistoire. Focalisant l'attention sur ce traité, Maria Beatrice Di Brizio reconstitue l'émergence du concept tylorien de couvade. La notion est d'abord analysée dans le cadre des Researches, dont on précise les enjeux de connaissance, les sources, les critères de sélection, classement et interprétation des données empiriques. Dans la seconde partie de son étude, l'autrice aborde le contexte d'émergence du concept au Royaume-Uni, entre 1810 et 1865, et prend en compte la naissance de l'ethnologie comme science générale de l'homme et science des races, le débat sur l'unité de l'espèce humaine, les théories sur l'origine et le développement de la civilisation. La troisième partie explore les usages, avant Tylor, des informations sur les comportements de couvade et du terme couvade (1538-1865). L'objectif de cet essai est d'éclairer le rôle du concept de couvade dans la construction de l'ethnologie tylorienne, théorisant l'unité de l'homme et le progrès naturel des sociétés à partir de l'état dit "sauvage". L'autrice interroge ainsi, à la fois, l'émergence d'une catégorie de classification anthropologique, le comparatisme ethnologique de l'époque victorienne et les matrices intellectuelles de l'évolutionnisme culturel britannique.

03/2021

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Art du XXe siècle

Henri Matisse. Les papiers découpés. Dessiner avec des ciseaux

Sur la fin de sa prodigieuse carrière de peintre, sculpteur et lithographe, âgé et malade, Matisse ne pouvait plus tenir sur ses jambes ni garder un pinceau en main très longtemps. Au soir de sa vie, à près de 80 ans, il mit au point une technique consistant à "sculpter la couleur" , créant d'audacieux découpages aux couleurs vives. Même si quelques critiques de l'époque y virent un signe de sénilité, ces gouaches découpées représentaient en réalité une révolution dans l'art moderne, en proposant un tout nouveau mode d'expression qui reformulait l'antagonisme traditionnel entre dessin et couleur. Cette nouvelle édition du premier volume de notre ouvrage format XL d'origine, récompensé par la critique, retrace le contexte historique des gouaches découpées de Matisse, depuis leurs origines, lors du voyage à Tahiti de l'artiste en 1930, jusqu'aux dernières années de Matisse à Nice. Elle comprend de nombreuses photos de l'artiste, dont quelques images, très rares, signés Henri Cartier-Bresson ou du réalisateur F. W. Murnau, ainsi que des textes de Matisse, de l'éditeur E. Tériade, des poètes Louis Aragon, Henri Michaux et Pierre Reverdy, et du beau-fils de Matisse, Georges Duthuit. A travers leur simplicité trompeuse, ces découpages ont à la fois atteint une qualité sculpturale et amorcé une forme d'abstraction minimaliste qui a profondément influencé des générations d'artistes ultérieures. Exubérantes, ces oeuvres aux mille nuances, souvent très grandes, forment un pilier de l'art du XXe siècle et s'avèrent, quand on les contemple aujourd'hui, tout aussi audacieuses et novatrices que du vivant de Matisse. A propos de la collection TASCHEN fête ses 40 ans ? ! Depuis ses débuts en 1980 comme dénicheur de trésors culturels, TASCHEN a toujours été synonyme d'éditeur accessible permettant aux dévoreurs de livres du monde entier d'imaginer leur propre bibliothèque dédiée à l'art, à l'anthropologie et à l'érotisme pour un prix imbattable. Nous fêtons aujourd'hui 40 ans de livres incroyables en restant fidèles au credo de la maison. La collection 40th Anniversary Edition présente de nouvelles éditions de quelques-unes des stars de notre catalogue : plus compacte, à petit prix, mais toujours réalisée avec la même garantie d'une qualité irréprochable.

09/2022

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Histoire de France

Notes historiques sur la Grande Kabylie de 1838 à 1851

Le principal intérêt de la période 1838-1851 tient aux recompositions politiques qui affectent la Kabylie. Abd El-Qader n'est plus là pour contrarier les dynamiques endogènes à la société kabyle. Pour autant, la conquête d'une grande partie de l'Ouest et de l'Est algérien provoque l'afflux, en Kabylie, de nombreux chérifs et autres maîtres de l'heure (moul sa'a) qui rêvent de prendre la tête du djihad. Du fait du caractère inexpugnable de ses montagnes et de la densité démographique de ses nombreux villages, la Kabylie apparaît alors comme le môle à partir duquel la résistance peut reprendre et se redéployer. Mais si ces insurgés parviennent à rallier les plus exaltés, ils contrarient également les dynamiques locales : celle à l'oeuvre dans la Rahmania qui ne tardera pas à donner sa mesure et surtout, celles à l'oeuvre au sein des quelques grandes familles qui intriguent pour se tailler des commandements en profitant des offres des généraux français incapables de conquérir seules les tribus kabyles et, plus encore, de les administrer une fois vaincues. Le colonel Robin a su exploiter systématiquement et avec discernement toutes les sources provenant des archives militaires françaises - ordres généraux, journaux de marche, proclamations, rapports divers, correspondance entre belligérants, etc. En outre, il a lui-même recueilli, tant auprès des soldats français que des Kabyles, de nombreux témoignages pour compléter son information, précisant ainsi les noms de lieux, de villages, de protagonistes. Les chroniques de Robin représentent le plus riche gisement de données biographiques de Kabyles du XIXe. Aucun autre ouvrage ne livre comme le sien autant de portraits. Et au-delà de ces portraits, inégalement détaillés, ce sont des centaines de personnages qui apparaissent dans ces chroniques au détour d'un coup de main, d'une bataille, d'une intrigue de sof, d'un conflit local. Autant de situations toujours contextualisées et localisées. C'est dire que loin des récits convenus de la conquête coloniale, les notes de Robin sont une source précieuse qui donnent une large part à une anthropologie en temps de guerre.

04/2017

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Revues

XVIIe siècle N° 295, avril 2022 : Xviie siecle 2022, n.295. Liens jaloux au XVIIe siècle

Malgré l'apparence de condamnation morale et religieuse dont elle est traditionnellement l'objet, la jalousie, motif partout allégué des actions humaines, relève en fait du paysage social le plus ordinaire, des évidences morales les mieux partagées par les contemporains. Le pari de ce numéro est de prendre au sérieux l'omniprésence, dans les textes du XVIIe siècle, du paradigme de la jalousie. Les contributions réunies amorcent, par leur richesse, une véritable archéologie de la jalousie à l'âge classique, laquelle livre son lot de surprises. Le dossier a pour double ambition de ne vouloir ignorer ni l'historicité de ce langage culturel de la jalousie au XVIIe siècle, ni la dimension anthropologique de ses enjeux. Du point de vue de son historicité, il s'avère que le moment absolutiste est profondément marqué, sur le plan des émotions partagées, par la jalousie, pour trois raisons. Premièrement, la faveur donne au souverain des moyens d'action et lui permet de se constituer une élite de courtisans, suscitant affection, désir et jalousies multiples. Deuxièmement, la figuration de la souveraineté royale se trouvant aimantée par celle de la jalousie divine, le monarque absolu, enivré d'émulation et entouré de jalousies en tout genre, y compris celles d'ennemis nécessaires à sa gloire, se prend au piège de l'illusion de l'unité avec ses sujets, dénoncée par Machiavel. La troisième raison concerne l'individu : subjectivation à chaque fois singulière et prise dans des réseaux de relations plurielles. Ce que révèle l'ensemble de ce volume, c'est que toute recherche se fonde sur une anthropologie plus ou moins explicitée. Les sciences humaines reposent aujourd'hui sur l'idée que le monde est régi par le jeu des intérêts et par les rapports de force qu'il induit. La jalousie nous invite à déplacer ce regard. Elle nous conduit à reconnaître le caractère primitif du lien, et sa fragilité. Si les réflexions d'un philosophe, d'une psychanalyste, d'une historienne, convergent en faisant ressortir l'irréductibilité de la jalousie à l'intérêt, celles des littéraires, en l'occurrence tous également spécialistes d'histoire culturelle, bousculent aussi la théorie.

05/2022

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Histoire internationale

Les Babitchoua. Parenté, chefferie et résistance aux Allemands dans le sud-est bamiléké

Les liens entre parenté et pouvoir sont au coeur de l'anthropologie politique, et leur importance est ici décrite chez les Babitchoua du sud-est bamiléké, chefferie fondée au XIXe siècle par un groupe d'artisans du fer partis de Pitoa, près de Garoua dans le nord du Cameroun, pour fuir l'islamisation forcée du djihadiste Ousmane Dan Fodio (1804-1809). A deux unités près, la vingtaine des lignages ou "grandes familles" proviennent d'une filière unilinéraire (descent group) fondée par Moukoua, qui sédentarisa son groupe à Tchapla au sud-est de Baloua et de Bandounga, sur des terres achetées aux Loba du nord Makombé (vers Yabassi). Les institutions politiques sont donc contrôlées par un même macrolignage : le livre parle d'un cas (polémique) d'"anarchie semi-ordonnée" en milieu bamiléké qui, de fait, impose l'exogamie et la précarité du centre politique. Monogame, Moukoua et son épouse Mbon ont eu deux garçons, qui forment le système de base de la parenté dans cette société patrilinaire : Sâmou Mbon (fondateur de la lignée Sâkeke, ou Sâ) et Dimou Mbon (fondateur de la lignée Bodime, ou Bo). Les descendants ont pris le pouvoir très au sérieux : après Moukoua, des lignages dissidents et des outsiders n'ont eu de cesse de se multiplier. Crises de succession et compétitions d'ascension hégémonique sont devenues la norme : la pénétration coloniale allemande massacra des Babitchoua à Nouboum Tchapla en 1912 ou 1913 en en tirant profit. L'arrivée des Français (1923), la guerre civile (1955-1965), le décret hiérarchisant les chefferies (1977) et les tentatives hégémoniques incessantes des Bandounga, que les Babitchoua placent à l'origine de bien de leurs malheurs et des pires, ont exacerbé ces disputes, entraînant de grandes vagues migratoires. Depuis 1983, le retour et le rassemblement Sâ-Bo sont devenus des enjeux centraux dont la diaspora urbaine s'est emparé : des "courtiers en développement" en tous genres apparaissent avec l'Etat et des "projets structurants" (écoles, électrification, construction de maisons de campagne, exploitation du domaine, etc.), au moment où des confréries planchent sur des réformes inédites (refondation du code matrimonial pour marier Sâ et Bo, pouvoir unitaire, etc.). Babitchoua est en marche !

06/2016