Recherche

Karl Zéro

Extraits

ActuaLitté

Religion

Frédéric Ozanam et la civilisation de l'amour

C'est la jeunesse, et en premier lieu celle de l'université, qui constitua son public de prédilection et lorsqu'il participa, à 20 ans, en 1833, à la création des conférences Saint- Vincent de Paul, il visait non seulement les pauvres, mais aussi les étudiants qu'il voulait sortir de leurs livres et d'eux-mêmes pour les envoyer aux pauvres estimés à 100 000 dans le Paris des années 1830. La question sociale lui paraissait plus importante que les débats constitutionnels ou dynastiques et, à la veille de la révolution de 1848, il demandait que l'Eglise passât aux barbares, c'est-à-dire qu'elle aille vers le nouveau prolétariat créé par l'industrialisation, comme hier dans l'empire romain du Ve siècle les évêques avaient été au devant des envahisseurs germaniques. Son oeuvre scientifique porte essentiellement sur l'histoire culturelle de l'Europe médiévale et notamment sur les poètes franciscains. Sa thèse traite de la philosophie de Dante, Etienne Gilson, un siècle plus tard à la Sorbonne, réalisera avec L'esprit de la philosophie médiévale (1932) une partie du grand projet de son prédécesseur, il faut aussi citer l'historien belge Godefroy Kunh (1847-1916), et son ouvrage sur Les Origines de la civilisation moderne (1886), tandis que Léon XIII dans ses encycliques sociales reprenait certaines intuitions d'Ozanam. Imposante postérité pour un jeune professeur dont l'humilité et bientôt la maladie lui donnèrent un sentiment d'échec nullement justifié même sur le plan proprement scientifique. La première moitié du XXe est romantique et prophétique, mais l'esprit chrétien est menacé de partout. Auguste Comte élabore une nouvelle religion positiviste et Karl Marx en invente une autre révolutionnaire et matérialiste. Ozanam pensait que le christianisme et singulièrement l'Eglise catholique étaient en mesure de relever le défi de ces temps nouveaux en tirant les leçons de la fin d'un Ancien Régime caractérisé par des rapports dangereusement étroits entre l'Eglise et l'Etat monarchique. Passer aux barbares, était pour lui prendre ses distances avec un monde qui gardait du christianisme surtout des apparences et des convenances, ce que Mounier appellera plus tard. le désordre établi. La délicatesse d'âme d'Ozanam n'a pas des accents proprement mystiques et son catholicisme ardent donnait à sa charité un caractère social marqué. C'est sur le prochain et la réalité ecclésiale qu'il posait un regard évangélique. Sa sainteté est tournée vers l'action et l'enseignement. Comme tous les amis de Dieu, la croix ne lui fut pas ménagée, elle accompagnait ses réussites professionnelles, familiales et missionnaires d'une sone d'abattement physique et même spirituel qui devint dans les dernières années un vrai martyre accepté dans la nuit de la foi. Qui pouvait comprendre ce drame secret ? Ses lettres, si nombreuses et fort longues, le montrent tourné vers autrui et abordent les grandes causes auxquelles il s'était voué. Elles sont d'admirables rapports de v

08/1997

ActuaLitté

Religion

Lecture de la Bible et engagement politique en République démocratique du Congo. Le paradigme de l'histoire biblique d'Israël à l'heure de la Covid-19

"Et si l'Afrique refusait le développement ? ", tel était le titre de l'ouvrage d'Axelle Kabou en 1991. Joseph Ki-Zerbo, lui, s'est demandé, en 2004 : "A quand l'Afrique ? " suivant pour ainsi dire, J.-M. Ela qui n'hésita pas à parler du "Le Cri de l'homme africain" (1993) ou les théologiens africains, auteurs de : "Les prêtres noirs s'interrogent" (1956/2006). La question d'Axelle Kabou resurgit en sourdine dans cet ouvrage dont la question de fond est : "Et si le Congo — et avec lui, l'Afrique et le tiers/quart monde — repoussait enfin la multiséculaire infructueuse et suicidaire coopération bi/multilatérale avec les continents ouest-européen et nord-américain pour un modèle de collaboration et de partenariat adapté à son histoire et à sa vocation dans le monde ? " Une telle décision sera, certes, pénible pour tout le monde. Mais cela paraît être le prix à payer pour qu'enfin "renaisse", sur les cendres et les ruines de "Sodome et Gomorrhe africain", le "berceau de l'humanité". Cette espérance est fondée sur le constat de l'inattendu déséquilibre actuel, dû à la mystérieuse échappée de la Covid-19, laquelle continue de menacer nos assurances du passé et du présent et l'avenir de notre "maison commune". D'où le recours inconditionnel au paradigme de l'histoire biblique d'Israël que l'auteur aborde à partir d'une approche exégétique dite "interculturelle" (cf Prof. André Kabasele Mukenge). Ses conclusions, plus originales, bien que discutables, ouvertes à la perspective d'un monde conçu comme une "boule de chou pommé ou d'oignon", méritent d'être visitées. En cela apparaît l'originalité de ce livre.

11/2020

ActuaLitté

Aviation

Apprendre à piloter les ULM multiaxe et les avions légers. 3e édition

Cet ouvrage a pour but essentiel d'aider le futur pilote d'ULM (ou le pilote déjà breveté) et le pilote d'avion léger, dans l'application d'une méthode de l'apprentissage du pilotage. Les auteurs ont conservé la rigueur qu'ils se sont imposée dans leur précédent ouvrage (La maniabilité du PPL), en restant toujours axés uniquement sur la partie "pilotage" mais s'adaptant, sans contraintes, avec plus de simplicité, aux ULM multiaxe. Après une introduction à l'aérodynamique et à la mécanique du vol, dépouillée de toutes formules mathématiques ou physiques complexes, ils proposent un chapitre sur la phraséologie type sur un terrain non contrôlé, ainsi qu'un glossaire adapté aux ULM. Des aquarelles humoristiques accompagnent chaque chapitre. Les deux auteurs de cet ouvrage dispensent leur enseignement bénévole au sein des Aéro-clubs du Pays Basque. Jacques ATTIAS, ancien officier pilote sur de nombreux appareils de l'Armée de l'Air dont le MIRAGE IV-A des Forces Aériennes Stratégiques est instructeur (FI), examinateur (FE), instructeur vol à voile, montagne et voltige. Gabriel DARTAGUIETTE est ingénieur du contrôle de la navigation aérienne (Contrôleur du ciel) instructeur ULM et avion (FI et FE) pilote planeur. Les deux auteurs sont co-utilisateurs d'un KIT-FOX basé à BIARRITZ. Descriptif de l'appareil Introduction à l'aérodynamique Introduction à la mécanique du vol Connaissances machine Effets des commandes Masse et centrage Roulage Vol en palier Descente rectiligne Virage grande inclinaison Le virage engagé Vol lent Décrochage Vrille Le décollage Panne au décollage L'atterrissage Circuit de piste Phraséologie sur terrain non contrôlé Vol plané - Finesse Atterrissage forcé Glossaire

08/2021

ActuaLitté

Policiers historiques

Les chemins du pouvoir

Daniel Pitt à la poursuite d'un philanthrope, dont les bonnes actions semblent cacher de sombres et dangereux secrets... Daniel Pitt vient d'être nommé procureur adjoint dans une affaire qui pourrait potentiellement faire la réputation du cabinet, ou bien la détruire. Le problème c'est que Malcom Vayne, l'homme accusé, a le bras long, très très long. Aux yeux du public, Vayne est un héro mais Ian, ami de Daniel et policier, a des preuves qui suggèrent le contraire... Alors qu'il travaille main dans la main avec le directeur de son cabinet, Daniel Pitt, nerveux, sous pression, doit prouver que Vayne est coupable. Pendant ce temps-là Miriam, épouse de Daniel et experte médico-légale, devient amie avec Rose, la femme de Gideon Hunter, un collègue de Daniel et toutes deux s'engagent dans le combat des Suffragettes. Miriam se retrouve au sein d'une communauté de femmes qui n'ont pas peur de faire des grèves de la faim ou d'aller en prison. Dans ce milieu, Vayne est très apprécié car il soutient la cause, mais Miriam n'est pas dupe. Le procès de Vayne révèle ses ambitions politique en Angleterre et en Europe et les choses s'enveniment lorsque l'un des témoins les plus importants est retrouvé mort. Lors de l'autopsie, Miriam fait des découvertes qui pourraient influencer l'issue du procès, mais, avant d'avoir pu en faire part à quiconque, elle se fait kidnapper pour un partisan fanatique de Vayne. Daniel vole à son secours et, en tentant de la sauver, met leurs vies et le succès du procès contre Vayne en péril...

07/2023

ActuaLitté

Sociologie

Migrations, mobilités et réseaux religieux au Burkina Faso

Dans le contexte social changeant des sociétés burkinabé, l'offre religieuse et les routes migratoires ne cessent de se diversifier. La pluralité des pratiques, des acteurs et des situations rencontrés invite ainsi à penser les articulations entre religions et migrations. Croisant des approches méthodologiques et des objets de recherche diversifiés, ce livre part d'exemples issus de recherches de terrain au Burkina Faso pour interroger de façon plus globale les liens entre pratiques religieuses et pratiques migratoires, ainsi que leur rôle dans l'insertion sociale, à un niveau local. Le religieux en migration est principalement envisagé ici lorsqu'il est mobilisé pour permettre l'insertion sociale dans des situations d'installations ou de réinstallations au Burkina Faso, ou quand les mécanismes sociaux habituellement mobilisés sont saturés ou ne suffisent plus. Cet ouvrage rend ainsi compte de recherches récentes sur les pratiques religieuses en migration au Burkina Faso, fruit des travaux d'une équipe pluridisciplinaire composée de chercheuses et de chercheurs de l'Institut des sciences des sociétés (INSS), de l'Université Joseph Ki-Zerbo au Burkina Faso, et de l'Institut des mondes africains (IMAF) en France, qui ont travaillé au sein du projet ANR "L'insertion par le religieux des migrants au Burkina Faso (Relinsert)". Les contributions sont rassemblées autour de deux grandes parties. La première revient sur des terrains connus dans les études sur les migrations au Burkina Faso, réinterrogés sous l'angle du religieux. La seconde partie du livre présente des textes explorant des terrains et des thématiques nouvelles, proposés par de jeunes chercheurs en lien avec leurs travaux sur la santé, les transports ou encore les dynamiques urbaines.

05/2021

ActuaLitté

Critique littéraire

Italo Svevo ou l'Antivie

Protagoniste incontournable de la modernité, lu et traduit dans le monde entier, Ettore Schmitz, en art Italo Svevo (1861-1928), demeure un inconnu. Il est vrai que l'homme pratiquait tous les paradoxes. Cosmopolite, né à Trieste, sujet de l'Empire pendant les trois quarts de son existence, "il préféra écrire mal en italien, ce qu'il aurait pu bien écrire en allemand", selon le mot perfide de son antagoniste, le poète Umberto Saba. Commerçant avisé, industriel prospère dans l'usine de vernis de sa belle-famille, il "entra à la Trappe" et s'éloigna de la littérature pendant un quart de siècle. Juif converti au catholicisme lors de son mariage, il resta agnostique et réclama vainement des obsèques "sans prêtre ni rabbin". Epoux et père irréprochable, il rêvait de couper les femmes en morceaux et de manger leurs bottines. Foncièrement apolitique, il accueillit sans enthousiasme l'embrasement de 1914. Italien de cour et de conviction, il comprit tôt que les troubles de l'après-guerre conduiraient à l'ère des fascismes. Très méfiant à l'égard de la psychanalyse, il a écrit pourtant le premier roman psychanalytique avec La conscience de Zéno (1923). Découvert par les élites européennes, grâce à l'amitié de Joyce et de Larbaud, il eut à peine le temps de savourer cette reconnaissance tardive, et s'éteignit en laissant inachevé son dernier chef-d'ouvre, les Confessions d'un vieillard. Bref, Svevo reste largement une énigme. Un homme qui a fait de son ouvre le siège de sa vie, mais dont "l'anti-vie", qu'il voulait faire oublier, est encore plus révélatrice.

04/2013

ActuaLitté

Guides étrangers

Vos 30 itinéraires en Sierra de Guara

La marche à pied est le plus sûr et le plus enchanteur moyen d'accéder au réel d'un territoire. Au réel de soi, de l'autre, au soustrait à l'enchaînement entêtant des jours. Les parcours de ce guide, colorés par l'amour d'un auteur pour ces espaces, ne sont pas des itinéraires pour spécialistes. C'est pour chacun ici et maintenant. C'est franchir le décor pour accéder à une dimension plus intime, voile levé certes sur des temps, des distances, des dénivelés, mais avant tout sur un accomplissement à hauteur de femme et d'homme parcourant la montagne. Se "faire Label" en sierra de Guara... À l'intérieur d'un quadrilatère (élargi) passant par Ainsa, Barbastro, Huesca et le puerto de Monrepos: la sierra de Guara. Cette terre espagnole est connue de tous les canyonistes depuis le milieu des années 1970, constituant le heu de prédilection de cette ludique activité. Le temps s'y est arrêté dans les années 1960, l'exil de ses paysans pauvres en faisant une île préservée du tourisme et présentant de magnifiques paysages, une île aux trésors... Ses plus beaux joyaux se trouvant cachés aux tréfonds des gargantas et barrancos des rios Alcanadre, Isuala ou Guatizalema. San oublier les peintures rupestres du rio Vero. L'essor de la descente de canyons et de l'escalade de haut niveau fera du village de Rodellar un des spots favoris d'une population bigarrée. L'engouement . est un peu retombé: c'est le moment d'en profiter pour aller y faire de somptueuses randonnées pédestres (24) et quelques randos aquatiques (6).

05/2014

ActuaLitté

Romans historiques

Le feu divin

1081. De vastes empires se livrent une guerre sans merci pour étendre leur puissance. L'Europe et ses abords sont un vaste champ de bataille : depuis le nord avec les Normands, jusqu'au sud avec les Byzantins, aucun peuple ne veut céder du terrain. Mais il se murmure qu'à l'est un empire encore plus puissant détient une arme capable de mettre le monde à genoux : une poudre noire qui explose lorsqu'on l'enflamme. L'empereur byzantin confie une mission secrète et presque impossible au mercenaire franc Vallon. Pour conquérir cette poudre, il devra se rendre jusqu'en Chine avec une troupe de soldats bien entraînés. Il sera notamment accompagné du médecin Hero, de Wayland, un chasseur solitaire, du Viking Wulsftan, et d'un jeune Franc nommé Lucas. Chacun possède de bonnes raisons d'entreprendre ce dangereux voyage, et chacun cache ses secrets. Cette quête, qui va durer plus de trois ans, va les mener sur des mers périlleuses et dans des déserts arides. Leur périple va prendre des tours imprévus, qui les conduiront entre autres à la recherche d'un mystérieux ermite chrétien au Tibet et au Népal. Beaucoup n'en reviendront pas vivants. Mais pour ceux qui réussiront, les récompenses pourraient dépasser toute espérance.  Après le travail monumental de La Quête, Robert Lyndon s'impose, avec cette fresque terriblement ambitieuse et d'une érudition vertigineuse, comme le nouveau grand auteur de la fiction historique. Il nous entraîne ici dans un voyage époustouflant où la description des batailles, des paysages et les aventures de ses personnages nous transportent véritablement dans le temps.

09/2016

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Eté

Sasha Greenlaw, 16 ans, et son petit-frère Robert habitent à Brighton avec leur mère. La jeune lycéenne est très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, contrairement à son cadet qui s'est muré dans un discours provocateur et exagérément conservateur - rappelant les sorties tonitruantes de Boris Johnson. Alors que la tension est à son comble après une mauvaise blague du jeune frère, débarquent Charlotte (dont Robert tombe immédiatement amoureux) et son acolyte Arthur. Tous deux sont en route pour rencontrer Daniel Gluck, 104 ans, ami de la défunte mère d'" Art " et ayant été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale à cause de ses origines allemandes. Mais le Royaume-Uni est-il une terre plus accueillante aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr, selon Sasha. Cette dernière a entamé une correspondance avec Hero, un sans-papiers enfermé depuis bientôt trois ans. Elle lui envoie des mots de soutien, parle de ses combats pour la planète, mais aussi des martinets qui reviennent chaque été sur les côtes britanniques. Alors que le Covid sévit et que les différents confinements ont éreinté la population, le virus pourrait amener les autorités à alléger la population carcérale. Et si un vent de liberté s'apprêtait à souffler sur un pays qui n'a cessé de s'isoler ces dernières années ? Au carrefour de l'histoire et des débats qui secouent aujourd'hui le Royaume-Uni, Eté est un roman multigénérationnel sur l'amour, le temps et les choix politiques d'une démocratie occidentale. Ali Smith compose ici un magnifique hymne à l'hospitalité. Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux

05/2023

ActuaLitté

Histoire internationale

Impérialisme, guerre et lutte de classes en Allemagne 1914-1918

Paul Frölich avait conçu ce livre comme la première partie d'une oeuvre plus importante (10 Jahre Krieg und Bürgerkrieg.I. Der Krieg, " Dix ans de guerre et de guerre civile. I. La guerre "), qui aurait dû s'occuper des événements intervenus en Allemagne pendant et après la Première Guerre mondiale. Toutefois, il ne réussit à terminer que le premier volume (Der Krieg, " La guerre ") que nous présentons ici dans sa première édition française. Le livre s'ouvre sur les événements d'août 1914, qui représentent un tournant. Le capitalisme entre dans le XXe siècle ayant épuisé la phase de développement progressif des forces productives et ayant atteint le stade de l'impérialisme. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale transforme les rythmes insouciants de la Belle Epoque en détonations meurtrières. Comme l'écrit Erich Maria Remarque (A l'Ouest, rien de nouveau), " une génération a été détruite par la guerre, même si elle a réussi à échapper aux obus ". Cette guerre représente le commencement dramatique de ce que Lénine appela " l'époque des guerres e des révolutions ". Il ne s'agit plus de guerres bourgeoises pour la formation de marchés, mais de guerres impérialistes pour le partage de marchés et du monde tout entier en sphères d'influence. La lutte de la Bosnie pour son indépendance de l'Autriche, qui constitue le casus belli, ne change pas le caractère essentiellement impérialiste de la guerre. L'impuissance de la bourgeoisie à résoudre les causes de l'instabilité et les conflits de l'époque impérialiste est démontrée par le fait que l'effondrement des deux Empires – l'Ottoman, et l'Austro-hongrois – a ouvert, au carrefour entre Europe, Asie, Afrique, un arc de crise encore existant, allant des Balkans jusqu'au Moyen-Orient. Remarque avait raison : la destruction n'a pas été exclusivement physique. Le conflit emporte comme un ouragan les classes exploitées. D'autant plus que, en quelques jours à peine, l'édifice politique que les travailleurs avaient construit avec leurs luttes, grâce aux efforts et aux sacrifices de beaucoup – l'Internationale socialiste – a fondu comme neige au soleil. Après les grands discours, les affirmations solennelles et les ordres du jour, la plupart des partis socialistes se rangent du côté de leurs bourgeoisies respectives, allant jusqu'à théoriser que l'Internationale doit être considérée comme un instrument pour les périodes de paix, et " suspendue " en temps de guerre. C'est la plus flagrante trahison des aspirations de la classe ouvrière. Selon certaines sources, Lénine lui-même, à l'annonce du vote en faveur des crédits de guerre par la social-démocratie allemande – jusque là point de repère de l'ensemble du prolétariat européen – aurait exprimé son étonnement et son incrédulité. Un grand rendez-vous historique est manqué. Le désarroi des masses est énorme. Les courants internationalistes restent isolés et dans l'impossibilité de renverser la situation. A l'exception de la Russie. En effet, " quelque chose de nouveau " entre en scène " à l'est ". La Révolution d'octobre et les épisodes de fraternisation entre les troupes sur le front oriental deviennent l'exemple à suivre. Ce n'est pas un hasard. L'exception russe était due à la rupture précoce de Lénine et des bolcheviks d'avec les réformistes. Son analyse de l'impérialisme, du social-impérialisme et ses bases sociales dans l'aristocratie ouvrière – corrompue par les miettes de superprofits – explique la dynamique objective de la trahison social-démocrate. Le retard de la rupture avec les réformistes empêche les internationalistes allemands et de l'Europe de l'ouest de suivre l'exemple russe. La révolution reste isolée. Sur le côté oriental, elle accélère objectivement le développement de l'Asie, en amorçant les luttes de libération nationale dans les pays arriérés. Sur le côté occidental, elle ne trouve pas l'alliance naturelle avec le prolétariat le plus important et le plus avancé politiquement du monde : le prolétariat allemand. Pour cette raison, en Occident, la révolution doit reculer devant une contre-révolution interne qui, malheureusement, en vole traîtreusement le langage, les symboles et les drapeaux : le stalinisme. Pendant des décennies, le capitalisme d'Etat oriental se présente comme socialisme voire comme communisme. Mais finalement l'histoire a réclamé des comptes. La " rupture du maillon le plus faible de la chaîne impérialiste " se réfère à l'immense " crise de déséquilibre " représentée par une super-structure encore tsariste du développement capitaliste en Russie. En effet, la social-démocratie n'a même pas essayé de limer le maillon le plus fort, le maillon allemand ; au contraire, elle l'a renforcé, en déployant le prolétariat aux côtés de sa propre bourgeoisie. C'est là l'échec historique du réformisme, un échec qui n'admet pas d'appel. La question historique et politique centrale demeure la trahison de la social-démocratie en 1914. Comment cela a pu se produire ? Quelles en ont été les conditions ? Quelle la dynamique ? Comment peut-elle justifier sa trahison devant les masses ? C'est en répondant à ces questions que le travail de Paul Frölich prend toute son épaisseur. Internationaliste, connu pour sa superbe biographie de Rosa Luxemburg, Frölich nous offre une chronique politique autant sévère que documentée de ces événements. Depuis les causes de la guerre (l'impérialisme, le colonialisme, le militarisme) et les positions internationalistes et antimilitaristes de la IIe Internationale, jusqu'au " triomphe de la folie " déclenché le 28 juin 1914, à Sarajevo, par l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône autrichien, par les nationalistes bosniaques. De la social-démocratie impériale du 4 août (date du premier vote au Reichstag sur les crédits de guerre), à la paix sociale imposée grâce aux syndicats et à la suspension des lois de protection des travailleurs. Sur ce terrain, les dirigeants sociaux-démocrates vont même au-delà des requêtes du patronat, allant jusqu'à abolir les célébrations du Premier mai. Depuis les luttes de classe qui ont eu lieu en dépit de tout cela, au courage de Karl Liebknecht qui, lors du procès politique contre lui, s'érige en juge du gouvernement et de la bourgeoisie allemands. Liebknecht est condamné à quatre ans et un mois de prison et à six ans de privation des droits politiques. Une condamnation qui contribue à faire pousser des ailes aux radicaux de gauche et au groupe Spartakus, malgré l'emprisonnement à plusieurs reprises d'autres dirigeants du calibre de Rosa Luxemburg et Franz Mehring. On en arrive ainsi à la crise finale et aux révoltes de masse, à savoir à la débâcle politique et militaire de l'impérialisme allemand. Dans son travail, l'auteur ne saisit pas toujours entièrement les limites de l'action politique de la gauche social-démocrate (voir chapitre 3, l'allusion à " la grève générale politique de masse ", une thèse chère à Rosa Luxemburg). Dans le même chapitre, Frölich fait référence à la " thèse erronée d'Engels " contre l'insurrection et en faveur d'une action respectueuse des lois. De toute évidence, il ne savait pas que l'introduction de 1895 d'Engels aux Luttes de classe en France de 1848 à 1850, de Marx, avait été grossièrement falsifiée par l'élimination de plusieurs morceaux, et qu'elle avait été publiée à l'époque sous cette forme domestiquée dans le Vorwärts. C'est Karl Kautsky qui avait refusé à Engels la publication du texte complet. Mais, dans l'ensemble, le texte de Frölich est très valable. C'est une fresque fascinante du grand drame historique dans lequel les masses anonymes, trahies et trompées, sont envoyées à l'abattoir. Un massacre que l'auteur estime à hauteur d'environ 35 millions de victimes, en comptant, dans les différents pays, la chute de la natalité, les morts au front et les victimes des famines et des difficultés de toutes sortes à l'intérieur. Nous sommes certains que, en parcourant ces pages, aujourd'hui encore, même le lecteur politiquement engagé et non dépourvu de culture historique sera pris d'étonnement, d'indignation et, peut-être, de colère. C'est bien qu'il en soit ainsi. La force que la social-démocratie allemande aurait pu déployer contre la guerre et contre sa propre bourgeoisie est impressionnante : des centaines de milliers de membres du Parti, quatre millions d'électeurs, 110 représentants au Parlement ainsi que de nombreux journaux ayant une large diffusion parmi le prolétariat, ce à quoi il faut encore ajouter les organisations syndicales et les coopératives. Mais Frölich documente la progressive diffusion – dès avant le déclenchement du conflit – de positions opportunistes, social-impérialistes et colonialistes au sein du Parti et parmi ses cadres syndicaux. Il en analyse aussi ponctuellement les formulations et les prétentions théoriques, souvent basées sur la " défense des intérêts nationaux ". A une époque telle que la nôtre, caractérisées par des processus de renationalisation, par le localisme et le racisme, il s'agit là d'une leçon précieuse. Le bruit de la campagne en faveur de la guerre est assourdissant. Les journaux surchauffent les esprits. La chasse à l'étranger est lancée. Les chants de guerre accompagnent le départ des troupes : " A chaque balle, un Russe / A chaque coup de baïonnette, un Français / A chaque coup de pied, un Britannique ! " Parmi ceux qui vocifèrent, il y a aussi de nombreux travailleurs socialistes, entraînés dans le tourbillon. Une autre leçon à retenir. Le chapitre sur la guerre en tant qu'" affaire " est instructif. " Business as usual ", écrit Frölich au tout début du chapitre. Il explique les diverses méthodes par lesquelles " l'or était distillé à partir du sang humain ". Il documente aussi l'extraordinaire multiplication généralisée des profits, la grande arnaque financière de Daimler Motoren Werke à Stuttgart, les menaces de sabotage de cette même Daimler, les dons intéressés à la Croix-Rouge, les sociétés par actions de la bienfaisance. Parmi les autres exemples, le libéralisme commercial paradoxal et effronté de Thyssen qui, en pleine guerre, vend des boucliers à l'armée allemande à 117 reichsmarks la pièce, et à 68 reichsmarks au gouvernement néerlandais. Les hommes de confiance des grands industriels deviennent les conseillers des bureaux gouvernementaux. Les épisodes d'escroquerie que relate Frölich sont nombreux. Les impôts de guerre se répercutent principalement sur la consommation de masse. Le livre contient beaucoup d'affirmations qui font réfléchir. Rappelons-en deux. " Regardez le monde tel qu'il était avant la guerre, et vous verrez que c'était un monde qui était fait pour la guerre ", écrit Frölich au début du texte. Il parle d'économie mondiale, de concentration du capital, de blocs de puissances, d'armements, de partage des marchés... Si l'on fait une comparaison, comment le monde d'aujourd'hui se présente-t-il ? " Pour nous, aujourd'hui, il est clair que les deux questions que constituaient le maintien de la paix et la révolution, n'en faisaient qu'une. Lutte contre la guerre voulait dire lutte de pouvoir contre la bourgeoisie dans tous les pays, autrement dit lutte révolutionnaire. Aujourd'hui, il est tout aussi clair pour nous que la lutte révolutionnaire présuppose certaines conditions spirituelles, morales et organisationnelles. " Et encore : " Le désarmement était une utopie. A tout moment, il était possible d'en contourner les effets en créant de nouveaux moyens de guerre. " La critique de Frölich à l'égard des positions de Karl Kautsky est ponctuelle. Ce dernier imaginait un capitalisme sans l'impérialisme et sans politique de puissance. Une lutte véritable pour la paix et contre le militarisme n'est possible qu'à la condition d'être une lutte contre le capitalisme. En conclusion de son livre, Frölich affirme qu'il ne voit pas la paix dans l'avenir de l'Europe : " Certains Etats se sont effondrés. Sous les ruines de la guerre mondiale gisent les cendres des vieilles monarchies. Le monde a été partagé de manière différente. La France se considère comme la première puissance du continent européen, les Etats-Unis comme la première puissance du monde. Certains Etats impérialistes ont été détrônés. Les colonies ont fait un grand pas en avant sur la voie de leur libération. L'Allemagne et l'Autriche sont devenues elles-mêmes des colonies. ... Les peuples se sont laissés entraîner au massacre de masse dans le but de renverser le militarisme allemand qui menaçait tout le monde. Ce but "élevé" est atteint, et le monde, plus sinistre que jamais, regorge d'armements. Avant la guerre, les armées comptaient sept millions d'hommes ; elles en comptent onze millions après la guerre. ... On dit que ce sera la dernière guerre. La Société des Nations existe désormais. Les tribunaux d'arbitrage sont mis à contribution. Les peuples sont unis sur le papier par de sacro-saints traités qui n'engagent à rien. En vue de la prochaine guerre, les techniciens et les chimistes se mettent au travail et les Etats s'arment. ... Et pourtant ! La bourgeoisie s'est elle-même porté le coup le plus terrible en déclarant cette guerre. Dans l'immense empire de l'Est, la classe de l'avenir a déjà triomphé. Les vieilles puissances capitalistes sont grosses de la révolution. Et si aujourd'hui la bourgeoisie, dix ans après ce maudit 4 août, cherche encore une fois à prêcher la conciliation des classes en vue de l'extermination des peuples, alors retentira le cri de Karl Liebknecht, répété par des millions de voix : Contre la guerre, révolution ! " Les choses ne sont pas allées comme Frölich l'espérait. L'erreur de 1914-1918, sous d'autres formes, a déjà été répétée en 1939-1945. Elle ne doit plus se répéter. Voilà pourquoi elle doit être connue.

05/2014

ActuaLitté

Histoire de France

Mémoires d'un général d'infanterie au service de la Prusse et de la Russie (1792-1836)

Avec cet ouvrage commence une série de mémoires d'officiers et de soldats ayant combattu contre la France durant les guerres napoléoniennes. C'est la vie d'un homme hors du commun qui nous est présentée : soldat au service du Wurtemberg, il passe au service de la Prusse et devient précepteur du prince Eugène de Wurtemberg, rencontre Napoléon lors des négociations pour le mariage de Jérome Bonaparte avec Catherine de Wurtemberg ; en 1807, il intègre l'armée russe et accède bientôt au grade de lieutenant-colonel puis devient aide de camp de l'empereur Alexandre. Il doit reconnaître et cartographier la frontière Ouest de la Russie et une partie de la Pologne en prévision d'une offensive de Napoléon. Il rendra des mémoires très précis, qui ont été conservés et rassemblés dans cet ouvrage, jusqu'à l'entrée de la Grande Armée en Russie en 1812. Il est alors colonel ; il reste dans l'entourage d'Alexandre et assiste à l'incendie de Moscou. En 1813, après la bataille de Leipzig, où ses observations évitèrent à Schwartzenberg la perte de ses réserves, il quitte la Russie pour le duché de Weimar. Lors de la campagne de 1814, il est chef d'état-major du duc Carl August von Weimar, et relate un aspect peu connu de cette campagne dans le Nord de l'Europe, notamment en Belgique et Hollande. A l'issue de cette campagne, il est envoyé au Congrès de Vienne pour représenter le duc de Weimar. De 1815 à 1817, il est chargé de l'instruction militaire des princes royaux Frédéric et Guillaume de Prusse, futurs roi et empereur. Il a été enterré à la cour des Invalides de Berlin. Sur les milliers de mémoires publiés, les traductions de mémoires d'officiers étrangers sont des raretés. François Gendreau, amateur éclairé, s'est attelé à ce travail colossal, digne des érudits du XIXe siècle, en l'enrichissant d'un appareil critique remarquable. Enfin une vision qui n'est pas franco-française !

01/2002

ActuaLitté

Développement personnel - Orie

Les services du quotidien. 70 métiers exercés au domicile des clients

Vous aimez les contacts humains ? Vous aimez rendre service ? Vous êtes autonome et bien organisé ? Vous avez un savoir-faire qui sera apprécié ? Vous voulez gérer votre temps à votre guise et être " votre propre patron " ? Vous êtes prêt à accepter les aléas du travail indépendant ? Alors créez votre activité individuelle de services à domicile ! Et parmi eux découvrez les nouveaux métiers de services. La vie quotidienne familiale Cuisinier — Auxiliaire parentale — Auxiliaire de vie — Accompa-gnateur à la mobilité des personnes âgées et handicapées — Livraison de courses — Chauffeur — Animation (Père Noël, clown, musicien...) — Maintenance et vigilance pendant l'absence — Coach de vie — Doula... Les métiers de la beauté et du bien-être Esthéticienne, prothésiste ongulaire, socio-esthéticienne — Coiffeur — Coach sportif — Conseil en image — Praticien Reiki — Masseur bien être... Le soutien scolaire, les cours, l'assistance informatique et administrative Aide aux devoirs — Cours particuliers — Technicien en maintenance informatique — Assistance administrative — Ecrivain public — Traducteur... Les animaux Comportementaliste éducateur — Pet sitter et promeneur canin — Taxi animalier — Toiletteur — Palefrenier L'entretien et l'aménagement du domicile Aide-ménagère — Repasseuse à domicile / livraison de linge repassé à domicile — Laveur de vitres — Coach en rangement (home organizer) — Petit bricolage " homme toutes mains " — Jardinage — Réparateur électroménager — Affûteur rémouleur — Décorateur / architecte d'intérieur — Conseiller Feng Shui — Home stager... Les métiers commerciaux Apporteur d'affaires — Vendeur à domicile indépendant — Agent immobilier — Conseiller en voyages — Agent commercial... Autres Mécanicien auto/moto — Lavage de voiture — Réparateur vélo — Couturière — Diagnosticien immobilier — Agent d'entretien de sépultures... Le point sur les métiers nécessitant une longue formation Présentation rapide : infirmière, kinésithérapeute, ostéopathe, ostéopathe animalier, opticien à domicile, hypnothérapeute, sophrologue, réflexologue. Le choix du statut et ses conséquences Micro-entrepreneur : définition, avantages, contraintes, fiscalité — EIRL — EURL — SARL — SASU... Pour en savoir plus Les aides à la création : organismes de conseil, aides à la création d'entreprise, prêts d'honneur — Les formalités de création : selon le statut choisi — Comment bénéficier des avantages fiscaux et sociaux du secteur des services à la personne — Comment se faire payer en CESU...

03/2020

ActuaLitté

Policiers

Du même sang

La malédiction se transmet-elle de mère en fille ? A Henbane, nichée au coeur des montagnes Ozark, dans le Missouri, les habitants parlent encore tout bas de la mère de Lucy Dane, une femme enchanteresse venue s'installer en ville juste assez longtemps pour épouser Carl Dane, puis qui a disparu alors que Lucy était encore enfant. Devenue jeune femme, Lucy perd une autre de ses proches quand son amie Cheri est retrouvée assassinée, son corps placé à la vue de tous. La famille de Lucy a des racines profondes dans les Ozark, membres d'une communauté repliée sur elle-même et farouchement protectrice. Mais malgré ses liens étroits avec cette terre, Lucy n'est toujours vue que comme la fille de sa mère. Après le meurtre de Cheri, la jeune femme est hantée par les deux disparues, la mère qu'elle n'a jamais connue et l'amie qu'elle n'a pas pu sauver. Avec l'aide d'un jeune garçon du coin, Daniel, elle décide de résoudre le mystère qui se cache derrière la mort de Cheri. Le secret qu'elle découvre va se répandre dans les montagnes recluses du Missouri, alors que derrière cette terrible révélation se dissimule une affaire bien plus personnelle : la vérité sur la disparition de sa mère une décennie plus tôt. Du même sang porte un regard inquiétant sur ce qui se passe par-delà le paysage bucolique, là où la loi n'a plus cours et où quelqu'un peu s'évaporer sans laisser de traces. Laura McHugh maîtrise son thriller psychologique à la perfection et raconte une terre aussi rude et complexe que ses habitants sont vivants et inoubliables. Elle y évoque tous les aspects de la famille : les sacrifices que nous faisons, les secrets que nous gardons et les limites que nous sommes prêts à franchir pour protéger ceux que nous aimons.

05/2015

ActuaLitté

Yi-king

Yi Jing. Le Classique des Mutations

Vieux ou plutôt vénérable de trois millénaires, le Yi Jing, que l'on peut traduire par Livre des Mutations, se situe au coeur de l'histoire et de la spiritualité chinoises : il a nourri tout à la fois le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme. Pour autant, il n'appartient à aucun dogme, ne se range sous aucune croyance. Aujourd'hui encore, en Asie, rares sont les décisions importantes prises sans consulter ses oracles. En Occident, l'influence du Yi Jing n'a cessé de croître ces dernières décennies, avec son lot de fascination et de mystère. On peut penser au Maître du Haut Château de Philip K. Dick et au personnage de Hawthorne Abendsen, mais aussi aux recherches passionnées menées par Richard Wilhelm puis Carl-Gustav Jung. Ces deux derniers y ont puisé des enseignements radicalement nouveaux pour leur discipline. Ce livre, à l'origine traité de divination, bouscule notre rapport à "l'espace-temps" . Bien loin du rationalisme occidental, il fournit une autre explication que celle de la causalité à notre perception des événements et du hasard. Il donne tout son sens à la circulation des contraires : entre objectivité et subjectivité, visible et invisible, individu et cosmos. Le Yi Jing s'organise autour de 64 figures, appelées hexagrammes, qui comportent six traits continus (le Yang, masculin) ou discontinus (le Yin, féminin). Des textes accompagnent ces hexagrammes, mêlant anecdotes historiques, indications énergétiques et formules divinatoires. Le procédé du tirage s'opère d'une manière très simple : à l'aide de 3 pièces de monnaie ou de 50 tiges de bambou (ou d'achillée). Fort de ces 384 traits et de ses 4096 mutations possibles, le Yi Jing est ainsi une source inépuisable d'interprétations et de commentaires. S'il est l'aboutissement de la science divinatoire en Chine, il est également un principe philosophique dans la conception métaphysique de l'être (yin/yang).

10/2021

ActuaLitté

Histoire de France

Justice à Dachau

Le monde garde en mémoire le procès de Nuremberg, où furent jugés une poignée de dignitaires nazis responsables de la politique de conquête, d'asservissement et d'extermination menée par le IIIe Reich pendant douze ans. Mais qui se souvient du procès concomitant de Dachau, où des centaines d'officiers, de gardiens et de médecins durent répondre de la mise en œuvre de cette politique " sur le terrain ", dans les camps de concentration de Dachau, Mauthausen, Flossenburg et Buchenwald ? Joshua M. Greene reconstitue pour nous ces procès et nous révèle le rôle essentiel de William Denson, professeur de droit de trente-deux ans que l'armée américaine nomma procureur militaire, chargé de réunir une équipe de juristes pour constituer le dossier d'accusation et de recruter des avocats pour la défense. Dans un tribunal improvisé à l'intérieur même du camp de Dachau libéré, Denson dut requérir contre des accusés comme le Dr Klaus Carl Schilling, responsable de la mort de milliers de cobayes humains victimes de ses " recherches " sur la malaria, ou Edwin Katzen-Ellenbogen, un psychologue formé à Harvard devenu un indicateur de la Gestapo, ou encore Ilse Koch, la " chienne de Buchenwald ", à qui son goût pour les abat-jour en peau humaine valut une douteuse célébrité. Malgré son inexpérience, Denson plaida avec vigueur, efficacité, et surtout un profond respect des droits de la défense, car il lui importait avant tout que les condamnations obtenues à Dachau ne soient pas considérées par les générations futures comme une justice de vainqueurs, mais comme la justice tout court. De fait, le procès de Dachau, au même titre que celui de Nuremberg, a prouvé qu'un procès pour crimes de guerre, et a fortiori pour crimes contre l'humanité, n'était pas nécessairement une variante juridique du fameux " malheur aux vaincus ", et qu'il pouvait faire jurisprudence pour peu qu'il s'appuie sur une grande rigueur procédurière et surtout morale.

02/2005

ActuaLitté

Développement durable-Ecologie

No steak

Bientôt, nous ne mangerons plus de viande. Nous cesserons définitivement de tuer des êtres vivants - 60 milliards d'animaux chaque année - pour nous nourrir.D'abord parce que notre planète nous l'ordonne : en 2050 nous serons près de 10 milliards, et nos ressources en terres et en eau seront insuffisantes pour que le régime carné continue à progresser.Mais au-delà des raisons économiques et écologiques, le passage au végétarisme va faire partie d'une nouvelle phase de notre évolution. La science nous prouve en effet un peu plus chaque jour que, contrairement à ce que nous avons longtemps prétendu, les animaux que nous exploitons sont des êtres sensibles, intelligents et sociaux. Dès lors, avons-nous encore le droit de les manger ? Le développement de l'éthique animale nous oblige aujourd'hui à reconsidérer nos devoirs vis-à-vis des autres espèces.Aymeric Caron a mené l'enquête pour décrire, avec verve et humour, tous les aspects de notre étrange rapport à la viande. Pourquoi les chats et les chiens ont-ils un palace qui leur est dédié au Canada alors qu'en Chine ils peuvent finir au fond d'une casserole ? Pourquoi avons-nous choisi de manger en priorité des cochons, des poulets et des boufs ? Comment ces animaux de consommation sont-ils produits ? Pourquoi Bill Clinton, Carl Lewis et Bryan Adams ont-ils décidé d'arrêter la viande ? Les végétariens vivent-ils vraiment plus longtemps que les carnivores ? Comment peut-on remplacer les protéines animales ?Lui-même végétarien depuis plus de vingt ans, Aymeric Caron nous fait partager son expérience. Se gardant de tout prosélytisme et refusant les catéchismes de tout bord, il nous explique de manière limpide pourquoi, un jour, la viande disparaîtra.Aymeric Caron est journaliste. Il a été grand reporter, a travaillé à Canal + et Europe 1. Depuis septembre 2012, il fait partie de l'équipe d'On n'est pas couché, animée par Laurent Ruquier sur France 2.

01/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

L'atelier du roman N° 37 Mars 2004 : Dix ans d'atelier. Jean Giono

" L'œuvre d'Andrié nous ramène à la vérité, à nous-mêmes. Cette vérité est moins glorieuse que celle que nous servent les mégalomanes nationaux patentés avec leurs histoires sur la noblesse, la splendeur et la gloire de la cour serbe médiévale où, disait-on, on mangeaient avec des cuillères et des fourchettes en or. " Miroslav Karaulac " Ce sont les romanciers qui ont le mieux compris Giono. Je ne parle pas de quelques égarés qui imaginent imiter le maître en plantant des paysans dans la montagne de Lure, en cachant un cadavre et en distribuant larga manu les prénoms sacrés d'Angelo et de Pauline. " Paule Constant " Depuis 1958, j'ai lu ou relu tout Giono avec en arrière-plan, l'envie non de bâtir une théorie, mais de mettre en balance le positif et le négatif des êtres devant l'ennui, de comprendre aussi pourquoi les bouteilles, pour certains, seront toujours à moitié vides quoi qu'ils tentent ! " Christiane Baroche " Aussitôt, un par un, parfois à deux ou trois et se querellant entre eux et même avec lui, les personnages de sa vie imaginaire passent à travers les murs, traversent son bureau et se fondent dans la masse des livres qui composent la bibliothèque de Giono. " Michel Déon " Le panthéisme, si souvent reproché à Giono, j'affirme sans rougir qu'il m'a alors profondément remué. " Jean-Max Tixier " C'est notre cécité, cécité existentielle, qui rend le monde autour de nous si mystérieux. À sa façon discrète, Petr Kral écarte le voile. " Milan Kundera " Grégoire Samsa est un voyageur de commerce. Il n'est rien d'autre. Il ne vit dans aucun autre domaine en dehors du commerce. Kafka décrit l'univers de ce que les sociologues appellent depuis trois siècles " la société économique ". Stanko Cerovic " Le critique ne saurait trop se taire - affirme Alexandre Vialatte. Je suis comblé. " Michel Host

03/2004

ActuaLitté

Thérapies diverses

La thérapie de l'enfant intérieur. Une approche intégrative pour grandir en humanité

Une approche accessible pour comprendre la richesse d'une psychothérapie dédiée à notre enfant intérieur Depuis les travaux de Carl Gustav Jung jusqu'aux récentes découvertes en neurosciences sociales et affectives, le concept d'enfant intérieur s'est considérablement enrichi, dessinant peu à peu les contours d'une approche psychothérapeutique unique et efficace. Le large éventail et la profondeur des réflexions qui sous-tendent ce concept en font une pratique intégrative et révolutionnaire. Considéré à tort comme un simple outil de développement personnel, l'enfant intérieur interroge les dynamiques intrapersonnelles et interpersonnelles de chacun. C'est une formidable métaphore ouvrant des perspectives thérapeutiques stimulantes et, par nombre d'aspects, révolutionnaires. Ce concept questionne la place de l'individu et de ses liens, le sens de l'existence et l'avenir de nos sociétés trop souvent aveugles aux véritables forces et vulnérabilités de la nature enfantine. Le lien à retrouver et à consolider avec l'enfant vivant en chaque adulte est une inépuisable source de vitalité, de résilience et d'accomplissement. Présent dans toute son immédiateté et dans toute sa vivacité, l'enfant intérieur offre à chaque adulte l'opportunité de grandir à travers les liens qu'il peut tisser avec lui-même et avec autrui. Les spécialistes francophones de l'enfant intérieur depuis 1990 livrent ici un livre précieux explicitant la richesse d'une psychothérapie aux multiples facettes encore méconnue et mal comprise. En s'appuyant sur leurs propres travaux et ceux de leurs prédécesseurs, ils éclairent les enjeux de l'intégration de l'enfant intérieur. Riches d'une expérience en accompagnement individuel, groupal, conjugal et familial auprès de milliers de personnes depuis plus de trente ans, ils partagent la richesse de leur méthode qui est une référence incontournable dans le domaine. Le lecteur est invité à une plongée au coeur d'une humanité en quête d'elle-même. Sous la forme d'une exploration aux nombreuses surprises, ce livre s'accompagne de témoignages, de pratiques, de protocoles, de fiches de synthèse, etc. accessibles au grand public comme aux professionnels.

09/2022

ActuaLitté

Gestion des conflits

Dénouer les conflits par la communication nonviolente

Marshall Rosenberg a inventé et développé la Communication NonViolente (CNV) grâce, entre autres, à une méditation approfondie des épreuves qui ont jalonné son existence. Il s'appuie dans sa démarche sur l'approche de l'écoute active centrée sur la personne développée par Carl Rogers. A l'âge de neuf ans, il subissait les vexations de ses petits camarades ; bien que blessé profondément, il avait aussi observé combien son oncle irradiait de joie, même lorsqu'il consacrait son temps à aider sa mère en fin de vie. Le mystère de ces deux sortes d'êtres humains l'a taraudé toute sa vie. Père de famille, il testait déjà les premiers principes de la CNV, qu'il utiliserait plus tard pour développer des écoles-girafes et pour devenir médiateur au sein de conflits internationaux graves (Israël/Palestine, Rwanda, etc.). Rédigé par une journaliste, également médiatrice et formatrice en CNV, ce livre est un long entretien au cours duquel Marshall Rosenberg parle de sa philosophie, aborde les relations amoureuses ou l'éducation des enfants, nous livre le secret de son incroyable énergie et nous invite à nous engager pour un monde plus vrai et plus humain. Pour ceux qui connaissent déjà la CNV, cet ouvrage apportera des éclairages nouveaux sur l'homme Rosenberg. Pour ceux qui la découvrent, il leur donnera envie d'en savoir plus, car la CNV peut révolutionner nos relations et transformer notre société – elle est d'ailleurs déjà en train de le faire ! Marshall B. Rosenberg (1934 ? -? 2015) a été le fondateur et le directeur des services éducatifs du Centre pour la Communication NonViolente. Il a parcouru le monde pour promouvoir la paix et proposer des moyens d'entente pacifique. Il est notamment l'auteur de Les mots sont des fenêtres (ou des murs), Nous arriverons à nous entendre ! , Les bases spirituelles de la Communication NonViolente et Enseigner avec bienveillance, tous parus aux Editions Jouvence.

02/2023

ActuaLitté

Psychanalyse

Cahiers jungiens de psychanalyse n°156 : Contagion / Contamination - Automne-Hiver 2022-2023

Les thèmes de la contagion et de la contamination ont été fortement constellés par la pandémie du Covid 19. Les deux expressions, que Jung utilise dans les champs langagier, transférentiel et archétypique, qualifient des phénomènes intérieurs et extérieurs, où règnent l'indifférenciation aveugle, la confusion et la transmission inconsciente. Ce Cahier les aborde dans un double registre, collectif et individuel ; la contagion dans et par le collectif d'un côté, qu'elle soit en lien avec les représentations liées à la pandémie ou en rapport avec les guerres actuelles (Syrie, Ukraine) et à leur destructivité ; la contamination de l'autre, par l'activation de contenus inconscients chez un individu ou entre individus. Jung la désigne tour à tour comme infection psychique, participation mystique, bain transférentiel ou commune inconscience. Les auteurs de ce Cahier s'attachent à esquisser des voies de dégagement de ce qui apparaît comme un élément constitutif du psychisme. Toutes misent sur les capacités de conscience de l'individu et sur le travail psychique porteur d'un potentiel transformateur et libérateur. Editorial - Véronique Beldent, Laurence Lacour, Christian Marnette, Samira Richer-Villar Images de rêve autour de la maladie et la guérison - Aniela Jaffé, Carl Gustav Jung Autour du Phénix - Véronique Beldent Contagion dans un foyer pour demandeurs d'asile et dans un pays d'accueil : perspective de la psychologie analytique, application thérapeutique dans le cas clinique d'un enfant syrien - Maria Giovanna Bianchi Paranoïa : La folie qui fait l'histoire - Préface à l'édition française - Luigi Zoja La guerre des symboles - Dmytro Zaleski Fragments d'une "rêverie photographique" , ombres portées du transfert - Ingrid Berckmans La contamination et Marguerite Duras - Christiane Fonseca Portfolio - Maryse Dardaillon Mon expérience du début de la pandémie de COVID-19 en Italie - Antonio Karim Lanfranchi Plaie mobile n'est pas un jeu d'enfant - Carole Mercier Coronavirus : l'activation d'archétypes du mal provoque-t-elle un excès de souffrance psychologique ? - Nancy van den Berg-Cook Rêver la pandémie - Delphine Renard Hommage à Denyse Lyard - Brigitte Allain Dupré Bloc-notes - Delphine Renard Revue des revues - Laurence Lacour

12/2022

ActuaLitté

Méthodologie

L'évaluation psychologique en contexte multilingue et multiculturel. Questions et enjeux

Le domaine de l'évaluation psychologique a connu un essor important dès le début du XXe siècle avec le développement de différents tests qui permettaient d'établir un diagnostic. Le principe de ces tests est de soumettre des individus à des conditions standardisées pour pouvoir évaluer leurs performances ou leurs réponses au regard d'une norme représentée par la distribution des performances et des réponses de la population à laquelle appartiennent ces individus. Ces tests ont donc été conçus pour des groupes homogènes et issus d'une majorité culturelle. Mais à l'heure où les flux de population s'intensifient à cause de la crise des réfugiés, des déplacés environnementaux et des demandeurs d'asile, ces tests ne paraissent plus adéquats. Ils échouent à prendre en compte les particularités culturelles et linguistiques des individus alors même que celles-ci façonnent leur vision du monde et leur état mental. Alors, en tant que praticien, comment accompagner ces populations de manière optimale ?? C'est la question à laquelle répondent les différents contributeurs au fil de cet ouvrage. La première partie est consacrée à l'évolution du phénomène migratoire et à ses implications. La seconde montre les implications techniques de l'usage des instruments psychométriques, en termes de biais, de niveau d'équivalence, de développement ou de leur usage. Enfin, la troisième partie traite de l'évaluation de différents aspects de la personne en utilisant des instruments qualitatifs ou narratifs. Ont également participé à cet ouvrage Camilla Alberti et Christin Achermann, Catherine Wihtol de Wenden, Antoine Roblain, Karel Héritier, Eva G. T. Green, Jean Guichard, Shagini Udayar, Jean-Philippe Antonietti, Emilie Joly-Burra, Fabio Mason, Emmanuelle Grob, Paolo Ghisletta, Laurent Sovet, Kokou A. Atitsogbe, Fons J. R. van de Vijver, Koorosh Massoudi, Cecilia Toscanelli, Thierry Lecerf, Salomé Döll, Sophie Geistlich, Laurent Sovet, Kokou A. Atitsogbe, Jean-Luc Bernaud, Kokou Amenyona Atitsogbe, Amber Gayle Thalmayer, Noureddine Kheloufi, Fabrice Brodard, Kossi B. Kouno, Federico Durante, Jonas Masdonati et Koorosh Massoudi.

02/2021

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Du sens, de la vie. Autobiographie

Mary Oppen (1908-1990) était l'épouse de George Oppen (dont l'oeuvre est également publiée chez Corti), célèbre poète américain dit "objectiviste", du nom du groupe en réalité assez flou qu'il forma avec deux autres poètes, Louis Zukofsky et Charles Reznikoff, rejoint par un quatrième mousquetaire nommé Carl Rakosi. Mary fut à la fois une activiste, une photographe, une poète et une auteure. Elle rencontra George Oppen en 1926 alors qu'ils étaient tous deux étudiants. C'est le coup de foudre entre ces deux jeunes gens qui aspirent à s'affranchir de leur milieu respectif : Mary, d'origine chrétienne, rêve depuis le plus jeune âge de s'échapper des petites villes où l'on n'ambitionne pas de s'élever culturellement ni de partir à la découverte du vaste monde ; George, lui, cherche se libérer d'une famille juive qui entend lui dicter un mode de vie dont il ne veut pas. Dès lors, Mary et George partageront tout — et disons-le — l'oeuvre de Mary Oppen n'est pas celle d'une femme effacée qui serait restée dans l'ombre de son grand homme. De tous points de vue, George et Mary seront complices jusqu'au bout. Cela nous vaut le beau récit d'une équipée sur un petit voilier, partant de Détroit, pour rejoindre le cours de l'Hudson via le canal de l'Erié, jusqu'à New York. Puis ce sera le séjour en France (1929-1932), au Beausset, dans le Var, région qu'ils parcourent dans un cabriolet auquel est attelé le fringant Pom-Pon, et où ils créeront, en association avec Louis Zukofsky, resté aux Etats-Unis, une petite maison d'édition. To Publishers. Puis, à leur retour aux Etats-Unis, ce sera l'engagement dans les rangs communistes et un intense activisme dans des combats sociaux. Cela leur vaudra, d'ailleurs, d'être surveillés sans relâche et les poussera à s'exiler au Mexique (1950-1958).

05/2021

ActuaLitté

Musicologie

Le langage musical baroque. Eléments et structures, Edition revue et augmentée

Publié en 2014, ce livre est rapidement devenu une référence auprès des enseignants et étudiants de musique. Epuisé, il nous a donc semblé mériter une réédition. L'auteur examine ici un problème complexe et rarement abordé de l'évolution de la musique occidentale classique : comment est-on passé de la musique modale du Moyen Age et de la Renaissance, à la musique tonale de l'époque baroque, musique tonale qui reste majoritaire dans la culture occidentale ? Cette interrogation débouche sur toute une série de questions demeurées obscures et qui font de la période baroque l'aboutissement d'une véritable révolution du langage musical en même temps que sa stabilisation jusqu'à nos jours : pourquoi, parmi les multiples modes possibles au Moyen Age, n'en a-t-on retenu que deux : le mode majeur et le mode mineur ? Pourquoi certains accords reviennent-ils plus souvent que d'autres ; ou encore : pourquoi l'apparition du tempérament égal ? Pour ne citer que quelques aspects. Laurent Fichet retrace et analyse cette évolution en faisant appel aux principaux traités de l'époque, comme ceux de Mersenne et de Jean-Philippe Rameau, ainsi qu'aux théories plus récentes de musicologues comme Carl Dahlhaus, Jacques Chailley, Serge Gut, etc. De plus, il commente et reproduit au fil du texte plus d'une centaine d'extraits d'oeuvres de compositeurs, du XVe au XVIIIe siècle (Josquin des Prés, Pergolèse, Couperin, Bach, Mozart, etc.). Un dernier chapitre est consacré à la pérennité de la musique tonale dans la production musicale contemporaine, notamment à travers la pratique instrumentale ou dans la chanson de variétés. Agrégé de musique et docteur en musicologie, Laurent Fichet a été longtemps chargé de cours à l'université de Paris-Sorbonne tout en étant professeur dans divers collèges et lycées. Inspecteur d'académie depuis 2002, il est aujourd'hui directeur adjoint des services de l'Education nationale en Maine-et-Loire.

02/2024

ActuaLitté

Histoire des idées politiques

L'ordre de la transgression. La souverainteté à l'épreuve du temps global, Edition 2022

La période est à la transgression. Transgresser est en effet la nécessité même de l'ordre. Tel est le principe de base de tout pouvoir dès lors qu'il se proclame souverain. Autrement dit, il n'est de pouvoir que transgresseur. Telle est aussi l'énigme de la puissance attribuée à l'Etat depuis son élaboration principielle par Jean Bodin jusqu'aux énoncés de Carl Schmitt dont la formule "est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle" , a permis au XXe siècle de donner un autre contenu, dictatorial, à la question de la souveraineté. L'évolution récente de cette notion prise au piège de la fondation des grands ensembles plurinationaux telle l'Union européenne, réactualise la question de l'adéquation de la souveraineté avec la nation. C'est dans cette logique qu'une archéologie de cette notion paraît indispensable pour évaluer sa double évolution dont la première, transcendante et de type vertical, la fait descendre de la toute-puissance divine jusqu'à son incarnation populaire à travers ses séquences ecclésiales (le souverain pontife), royales, nationales et populaires. Une seconde évolution à partir de la Révolution française, que l'on peut qualifier d'horizontale, l'instaure sur le versant de son incarnation imaginée au sein de la nation, souveraineté nationale, ou au plan de l'universalité des citoyens, souveraineté populaire. Qu'elle soit fondée sur une représentation imaginée collective de soi, la nation, ou sur une identité citoyenne étendue à tous, le peuple, la question de la souveraineté n'est soluble que dans cette double identité, nationale et populaire à travers la question de la démocratie qui apparaît ici fondamentale pour restituer au souverain-peuple la légitimité des choix qu'il opère au travers de la délégation de ses compétences aux représentants qu'il se donne. En fin de compte, la souveraineté est avant tout toute-puissance, et ainsi, il n'y a de puissance politique que découlant d'elle.

05/2022

ActuaLitté

Gestion de la banque

Les banques centrales. Apprentis sorciers à la manoeuvre

A la recherche d'une politique monétaire en faveur d'une transformation sociale et écologique Les événements qui se sont succédé depuis la crise financière de 2007-2008 jusqu'à la crise sanitaire causée par la pandémie du Covid-19 et la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine ont remis en plein jour le rôle des banques centrales dans la régulation monétaire et financière du capitalisme mondial et leurs actions en termes de politique monétaire. Il est vrai que les occasions n'ont pas manqué pour scruter l'évolution de cette dernière, ou plutôt les évolutions car les revirements décidés par les banquiers centraux ont été nombreux. En effet, depuis plusieurs décennies maintenant, le monde est confronté à de multiples difficultés qui soulignent les contradictions d'un système voué à ne produire que pour le profit, au détriment de toute considération sociale et de toute préoccupation écologique, même quand l'urgence climatique est avérée ou que la crise énergétique se profile. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les politiques menées par tous les gouvernements ralliés à la stratégie néolibérale ont consisté à compenser les difficultés de l'accumulation du capital par l'austérité salariale, la réduction des droits sociaux, les largesses fiscales accordées aux plus riches et la fuite en avant financière par la promotion de la finance dite " verte ". Et cela sans pouvoir donner un nouveau coup de fouet à la croissance de la productivité du travail qui avoisine à peu près partout dans le monde le degré zéro ou presque. Les politiques monétaires menées par les banques centrales portent également une lourde responsabilité dans la pérennisation de cette situation. Y a-t-il là quelque chose d'inéluctable ou est-ce un parti pris politique et idéologique conforme aux intérêts et aux privilèges des classes dominantesA ? Répondre à cette question suppose d'interroger l'histoire contemporaine et quelques éléments théoriques susceptibles d'éclairer celle-ci. Nous présenterons en premier lieu ce qu'est une banque centrale, quels sont ses fonctions et les instruments dont elle dispose pour mener une politique monétaire (chapitre 1). Nous montrerons ensuite les tournants successifs que les banques centrales ont opérés au cours des dernières décennies, souvent sans obtenir les effets attendus (chapitre 2), au point qu'elles n'ont pas vu venir les multiples crises qui ont émaillé le dernier demi-siècle (chapitre 3). Et, prises une nouvelle fois à contretemps, elles sont en train de prendre encore un virage à 180° en retournant à l'orthodoxie (chapitre 4). Nous terminerons en proposant des principes de politique monétaire alternatifs dans la perspective de favoriser une véritable transition sociale et écologique (chapitre 5).

03/2023

ActuaLitté

Code et compilateur

Arduino. Apprivoisez l'électronique et le codage, 3e édition

Ce livre s'adresse aussi bien aux professeurs des écoles, professeurs de technologie, animateurs et parents qui souhaitent découvrir le fonctionnement de l'Arduino et appréhender l'apprentissage de l'électronique et du codage, qu'aux utilisateurs, amateurs de DIY qui cherchent à rafraîchir leurs connaissances ou trouver des idées pour la réalisation de projets maker nécessitant un microcontrôleur (détecteur de CO2, robot, jeux...). Tout au long du livre l'auteur s'appuie sur des exemples concrets et ludiques : gérer des feux de circulation, envoyer un message en morse, créer un appareil enregistrant l'évolution des températures, jouer de la musique avec des bananes, contrôler plusieurs types de robots (mBot, Zumo, OTTO, Keyestudio 4WD Mecanum...), fabriquer un chapeau clignotant, un panneau de LED RGB, une manette de jeu, une télécommande pour ordinateur ou un clone du jeu Simon... Dans cette nouvelle édition, un nouveau chapitre présente désormais différentes cartes Arduino avec de nombreux exemples d'utilisation. Pour commencer, vous ferez connaissance avec le matériel nécessaire, et particulièrement l'Arduino Uno. L'auteur consacre un chapitre aux notions indispensables d'électricité. Vous découvrirez les principaux langages de programmation de l'Arduino et l'utilisation de l'IDE Arduino (versions 1 et 2) sous Windows, Mac OS X, Linux et Android. Vous étudierez la programmation par blocs avec Scratch, mBlock et Vittascience. Pour illustrer les principes de base du codage, vous travaillerez sur des exemples concrets et vous utiliserez les composants électroniques les plus courants au format modules Grove ou Breadboard (LED, boutons, résistances, potentiomètres, buzzer) puis des composants et modules plus spécialisés comme les capteurs (analogiques ou numériques), les LED adressables (Neopixel), les relais, les différents types de moteurs ou les modules d'affichage (à LED ou LCD), de lecture/écriture (RFID, carte SD) ou de gestion du temps (horloge en temps réel). Afin de faciliter l'apprentissage, tous les programmes de base sont présentés en deux versions : langage blocs et langage Arduino. Dans un chapitre dédié, l'auteur explore différents modes de communication de l'Arduino (bus I2C, liaisons série, Bluetooth, radio, infrarouge, Ethernet, et USB avec le Raspberry Pi). Il poursuit avec la présentation d'autres modèles de cartes électroniques comme l'Arduino UNO Mini Limited Edition, l'Arduino Nano, l'Arduino Nano Every, l'Arduino Leonardo, l'Arduino Micro, l'Arduino Mega 2560, l'Arduino Zero, les Arduino MKR, l'Arduino Due et les mini cartes XIAO de Seeed Studio. La fabrication d'un Arduino avec le kit ""Make Your UNO"" ou à partir d'un microcontrôleur ATmega328P (et de quelques composants électroniques) est également détaillée. Le dernier chapitre regroupe les principales instructions de l'IDE Arduino permettant de retrouver facilement une fonction pour en vérifier la syntaxe...

07/2023

ActuaLitté

Egypte

Grande Pyramide K 2019. La construction de la Grande Pyramide et la Nouvelle Histoire de l'Humanité dévoilées. Le grand livre.

Le livre Grande Pyramide K 2019 est une suite détaillée et avec beaucoup d'apports supplémentaires au film Grande Pyramide K 2019. Ce livre aurait pu être intitulé La nouvelle Histoire des Noirs, mais puisque les noirs ont changé le monde à jamais, cela devient la nouvelle histoire de l'Humanité. Fehmi Krasniqi est un blanc d'origine albanaise, naturalisé français. L'histoire des Noirs, depuis quelque 2 000 ans, a été écrite par les Blancs. Est-ce que c'est un énième blanc qui écrit l'histoire des Noirs ? Non. Cette fois-ci c'est différent ! Complétement différent. Fehmi Krasniqi n'a pas pu faire son film et son livre tout seul. Il a été aidé et guidé ! Il a été aidé et guidé par celui que certains appellent Dieu, d'autres, le Grand Créateur, le Grand Architecte, le Créateur de Tout, l'Entité Suprême, Le Maître de l'Univers, et toute une panoplie d'autres noms. Il est venu avertir l'humanité ! L'ignorer serait un manque d'intelligence, une anomalie. Et IL n'aime pas l'anomalie. IL effacera l'anomalie pour tout recommencer à zéro ! Des révélations totalement inédites qui lèvent enfin le voile sur le mystère de la Grande Pyramide de Khéops, de là découlera tout le reste. Ce livre nous oblige à repenser l'Histoire de l'humanité depuis 5 000 ans, autrement. Radicalement autrement ! Le puzzle est maintenant au complet. Beau, solide, comment dirait-on... en béton. Quelle est le but de ce livre ? Le but est simple mais le parcours, lui, est complexe. Le film Grande Pyramide K 2019 vient de la nuit des temps. Il vient en paix. Ce livre et ce film sont dédiés à l'humanité entière afin de s'unir autour de cette pyramide et d'avancer ensemble avec amour, paix et intelligence. Tel est le message. Telle est la mission de cette pyramide : être la source d'inspiration pour relever les défis qui nous attendent. Les défis qui attendent l'humanité entière. La maison croule sous nos yeux puisque les fondations sont mal construites depuis quelques siècles. Il est temps de rebâtir un nouveau foyer avec des fondations solides, en béton. Les fondations sont notre passé. Le passé de l'Egypte. L'humanité n'a pas de choix puisque le choix est binaire. Vrai ou Faux. 0 ou 1. Le premier l'amène nulle part, le deuxième l'amène vers la pérennité. Il est le temps de poser des questions, et des bonnes ! Le passé et le futur nous regardent, les yeux cloués, nous observent, silencieux. Que la paix, l'amour et l'intelligence règnent sur cette unique planète. Fehmi Krasniqi 2022

10/2022

ActuaLitté

Littérature française

Paris

"La province fournit Paris en combustibles : je décidai donc de m'y brûler, et pas simplement les ailes. Je n'avais pas d'ailes de toute façon. Je n'avais rien, à part cent francs en poche et la chance, grâce à un gardien de nuit complaisant, de pouvoir dormir dans les travées de la bibliothèque du centre Beaubourg, parmi les livres. Du coup j'ai lu. A l'aube, je quittais les lieux, allant traîner mes drôles de guêtres dans les rues. Je n'avais aucune connaissance, pas vraiment d'amis, zéro petite amie. Je n'avais que moi, la solitude qui pesait sur moi, et ce ciel grand cendre au-dessus de ma tête. Je me nourrissais de grec-frites. J'ai fini par rencontrer des gens. Roger Knobelspiess, ex-lieutenant de Mesrine, m'a prêté un minuscule gourbi. J'ai vécu dans un squat. J'allais bien, je ne me plaignais jamais : j'étais heureux car je savais que vingt-cinq ans était un âge inventé pour cette misère marrante, cette mélancolie spéciale, cette errance pathétique. Je me regardais en train d'être ce que je voulais devenir, ou plutôt, je m'observais en train de devenir ce que je voulais être. Paris, c'était l'édition : j'allais donc tout donner pour faire mon trou, me faire un nom, devenir célèbre - ou finir dans le caniveau, sous la pluie battante, m'enrhumer, et mourir. J'ai surjoué tout ça, avec un zest de romantisme béat, assez content de ma condition, fier de n'être rien et de vouloir beaucoup. J'ai tapé à des portes. Des gens ont été méchants. J'ai insisté. D'autres ont été gentils. Paris est une galerie de leurs portraits, mâtinée d'épisodes de galériens. J'ai beaucoup arpenté, beaucoup marché, beaucoup espéré, énormément souffert mais je dois dire que jamais je ne me suis ennuyé. Des instants de tragédie ? Il y en eut ; des scènes de comédie : plus encore. Vous allez me suivre ici en train de réussir et de rater, en train de séduire et d'échouer, en train de m'introduire dans cocktails et de m'y faire éjecter, en train de gagner un peu d'argent et d'en perdre beaucoup, en train de me faire quelques amis et de me fâcher avec eux, en train de rire souvent et de pleurer parfois. En train, surtout, d'oublier en moi le provincial, ce qui est toujours une erreur et mène droit au ridicule. Un Rastignac de plus parmi les pots d'échappements. Des débuts dans la vie ? Non : un commencement dans la carrière. Sauf que je n'ai jamais fait carrière dans quoi que ce soit. Voilà en tout cas, chers amis, comment tout a commencé". Y. M

08/2022

ActuaLitté

Internat DCEM, ECN

Pédiatrie Pédo-Psychiatrie

Les modalités de classement à l'ECN sont en permanente évolution. Ainsi, les futurs concours se révéleront être une période charnière car les types de dossiers créeront une rupture et une difficulté d'adaptation pour les étudiants. En effet, le nouveau concours 2016 comportera des dossiers progressifs contenant des questions de type QCM et QROC. Afin de répondre à l'ensemble de ces exigences, la nouvelle collection "UE ECN en dossiers progressifs" a été créée pour les étudiants passant l'iECN et se base sur le nouveau programme qui comporte 362 items répartis en 13 Unités d'Enseignement. Réalisé par des auteurs classés parmi les meilleurs de l'ECN et validé par des spécialistes de la matière, chaque dossier vous permettra un entraînement optimal adapté à votre année. En effet, l'ensemble des dossiers comprendra : Tous les "Dossiers progressifs" couvrant l'ensemble de la spécialité ; Des énoncés progressifs avec des questions de type QCM et QROC ; Un contenu conforme aux nouvelles modalités d'examen et au nouveau programme organisé en Unités d'Enseignement ; Un coaching personnalisé pour vous aider à mieux classer vos dossiers, à identifier les zéros, mois-clés et réflexes ; Une grille de cotation accompagnée de commentaires généraux et par question vous permettant, d'une part d'adopter la méthode de réflexion des meilleurs de l'ECN et, d'autre part, d'acquérir leurs astuces ; Et enfin, une partie permettant de mieux assimiler le cours se présentant sous la forme d'une "fiche synthèse" ou d'une "fiche consensus". L'ensemble des données clés sera répertorié dans un cahier de bord qui vous permettra de vous guider et de vous préparer de façon optimale à la spécialité étudiée. Nous vous souhaitons à tous une excellente préparation aux ECN.

02/2015

ActuaLitté

Philosophie

Le génie de la bêtise

Ce livre, comme tous les ouvrages de Denis Grozdanovitch, est une sorte de flânerie dilettante et savante, une promenade philosophique et littéraire éclectique, prenant fatalement la forme d'une série de variations sur le thème éminemment flaubertien de la bêtise. Tout commence ici par une "Invitation faite au lecteur" où il est suggéré que la Bêtise et l'Intelligence ne cessent de s'opposer sur la scène intellectuelle et existentielle. Ne sommes-nous pas, tous, des personnages de Molière, de Goldoni, de Marivaux ou de Beckett ? Grozdanovitch en est persuadé... D'où ce livre qui va d'un certain Valentin, idiot de village, (qui initia l'auteur à la beauté de la bêtise)  à une "taxinomie des imbéciles" (où il est question de la stupidité des "Experts"), d'anecdotes talmudiques (ici innombrables) à un développement sur "la bêtise de l'intelligence", de Clément Rosset à Jean Clair, du théorème de Gödel à Monsieur Teste, etc... On trouvera également dans ce livre, l'histoire du fantôme stupide, celle du joueur d'échecs qui refait toujours la même erreur, un résumé "enrichi" de La conscience de Zeno d'Italo Svevo, les mésaventure d'un aviateur déçu, des robots joueurs de foot et bien d'autres figures dont l'auteur tire quelques leçons d'éthique contemporaine. Inutile de préciser, enfin, que le Bouvard et Pécuchet de Flaubert et L'idiot de la famille de Sartre occupent, dans ce livre, une place assez centrale. La morale de "Grozda" : un génie à l'apparence idiote dort en chacun de nous et il suffit que la fortune - assistée d'une certaine qualité de volonté personnelle - nous aide à le libérer de son infériorité supposée pour qu'il se transforme en enchanteur. Ce livre est un vrai bijou d'érudition et de charme. On y réfléchit en souriant. On s'y amuse avec gravité.

01/2017