Recherche

Heckle Freux

Extraits

ActuaLitté

Littérature Espagnole

Don Quichotte de la Manche

Don Quichotte lui-même, au seuil de la "Seconde partie" (1615), n'en croit pas ses oreilles : "Il est donc vrai qu'il y a une histoire sur moi ?" C'est vrai, lui répond le bachelier Samson Carrasco, et cette histoire – la "Première partie" du Quichotte, publiée dix ans plus tôt –, "les enfants la feuillettent, les jeunes gens la lisent, les adultes la comprennent et les vieillards la célèbrent". Bref, en une décennie, le roman de Cervantès est devenu l'objet de son propre récit et commence à envahir le monde réel. Aperçoit-on un cheval trop maigre ? Rossinante ! Quatre cents ans plus tard, cela reste vrai. Rossinante et Dulcinée ont pris place dans la langue française, qui leur a ôté leur majuscule. L'ingénieux hidalgo qui fut le cavalier de l'une et le chevalier de l'autre est un membre éminent du club des personnages de fiction ayant échappé à leur créateur, à leur livre et à leur temps, pour jouir à jamais d'une notoriété propre et universelle. Mais non figée : chaque époque réinvente Don Quichotte. Au XVIIe siècle, le roman est surtout perçu comme le parcours burlesque d'un héros comique. En 1720, une Lettre persane y découvre l'indice de la décadence espagnole. L'Espagne des Lumières se défend. Cervantès devient bientôt l'écrivain par excellence du pays, comme le sont chez eux Dante, Shakespeare et Goethe. Dans ce qui leur apparaît comme une odyssée symbolique, A.W. Schlegel voit la lutte de la prose (Sancho) et de la poésie (Quichotte), et Schelling celle du réel et de l'idéal. Flaubert – dont l'Emma Bovary sera qualifiée de Quichotte en jupons par Ortega y Gasset – déclare : c'est "le livre que je savais par coeur avant de savoir lire". Ce livre, Dostoïevski le salue comme le plus grand et le plus triste de tous. Nietzsche trouve bien amères les avanies subies par le héros. Kafka, fasciné, écrit "la vérité sur Sancho Pança". Au moment où Freud l'évoque dans Le Mot d'esprit, le roman est trois fois centenaire, et les érudits continuent de s'interroger sur ce qu'a voulu y "mettre" Cervantès. "Ce qui est vivant, c'est ce que j'y découvre, que Cervantès l'y ait mis ou non", leur répond Unamuno. Puis vient Borges, avec "Pierre Ménard, auteur du Quichotte" : l'identité de l'oeuvre, à quoi tient-elle donc ? à la lecture que l'on en fait ? Il est un peu tôt pour dire quelles lectures fera le XXIe siècle de Don Quichotte. Jamais trop tôt, en revanche, pour éprouver la puissance contagieuse de la littérature. Don Quichotte a fait cette expérience à ses dépens. N'ayant pas lu Foucault, il croyait que les livres disaient vrai, que les mots et les choses devaient se ressembler. Nous n'avons plus cette illusion. Mais nous en avons d'autres, et ce sont elles, peut-être – nos moulins à vent à nous –, qui continuent à faire des aventures de l'ingénieux hidalgo une expérience de lecture véritablement inoubliable.

09/2015

ActuaLitté

Desserts, pâtisseries

Des gâteaux et des saisons

De la poésie dans l'assiette ! Avec ce premier livre, Claire Damon nous ouvre avec beaucoup de sensibilité son grand herbier de la pâtisserie moderne. Proche de la nature qu'elle vénère et défend, étroitement liée à ses origines auvergnates et aveyronnaise, Claire Damon a construit un univers végétal que l'on suit au rythme de ses gâteaux de saisons et de l'évolution de la végétation. 72 recettes de tartes, entremets, galettes et autres gâteaux ont pour point de départ une exigence absolue du choix des produits selon leur exacte maturité à la bonne saison. Il faut par exemple écouter Claire Damon nous parler des pommes en faisant mentir les étals de primeurs qui voudraient nous faire croire qu'elle se consomme douze mois sur douze. Pour cette cheffe pâtissière, chaque variété de pomme a son propre goût, toutes ne se prêtent pas à la cuisson et aucune ne caramélise de la même façon. De la pomme à la verveine sauvage, chaque ingrédient fait l'objet d'une réflexion. Quelle est sa provenance, son mode de culture, qui est son producteur ? Découvrir les gâteaux de Claire Damon, c'est aussi comprendre les jeux sur les accords et les mélodies gustatives. La tarte Vert absinthe, c'est toute la beauté des petits matins d'été dans l'Aveyron. Fracas sur la banquise est un gâteau à la vanille et au chocolat pour le creux de l'hiver. Suivent avec beaucoup de poésie des gâteaux aux agrumes (calisson mandarine), puis tendres comme la rhubarbe (bâton de rhubarbe), puis rouges carmins (J'adore la fraise et cheesecake framboise), puis bruns comme l'automne (chou noisettes et moellon marron). Si la nature est terriblement inspirante pour cette cheffe pâtissière, elle n'est pas la seule à déterminer la construction d'un dessert. Une fragrance orientale, un jus qui claque ou le parfum du foin coupé éveillent aussi son imagination. Claire Damon travaille à la manière d'un parfumeur, avec une note de tête, une note de coeur et une note de fond. La dégustation doit être fluide, déclencher des émotions évidentes. Le moelleux Shahzadeh qui reprend l'accord pistache/rose est ainsi marqué par des notes douces et très orientales. Préserver l'ingrédient, en restituer le goût le plus justement possible est une discipline dont Claire Damon livre ici les secrets. Qu'il s'agisse de prélever les zestes d'agrumes ou de peler les fruits, la main est une alliée irremplaçable. Afin de respecter la morphologie des fruits et ne pas écraser les fibres, rien ne vaut la lame d'un couteau en inox aiguisée à la perfection. A la fin de chaque recette, la cheffe insiste sur les techniques qui lui semblent primordiales. Souvent, il est question du temps. Le temps, c'est aussi ce qui donne de la valeur au travail d'une pâtisserie accomplie. Le temps du feuilletage, temps de repos et temps de pousse. Un luxe que le lecteur apprend ici à s'offrir. Le temps de voir défiler 72 recettes qui rendent compte du passage des saisons et de leur extraordinaire traduction pâtissière.

09/2021

ActuaLitté

Poésie

Poésies d'Emily Dickinson illustrées par la peinture moderniste américaine

Au XIXe, dans un village de la côte est américaine, une femme invente un univers à elle, inspirée par l'immensité des petits rien et la légèreté de l'éternité. Emily Dickinson s'adonne à ce qui la fait vibrer : l'écriture. Dans la première moitié du XXe, des artistes américains expriment leur amour pour leur pays en peignant l'immensité de ses paysages, de ses ciels, ces vibrations de couleurs... Un désir affirmé : s'affranchir de l'influence de la peinture européenne. Le texte Au xixe siècle, dans un village de la côte est américaine une femme crée son destin, invente un univers à elle, inspirée par l'immensité des petits rien et la légèreté de l'éternité. Emily Dickinson s'adonne entièrement à ce qui la fait vibrer : l'écriture. Du regard qu'elle porte sur le monde depuis sa fenêtre se dégage une spiritualité et une sensibilité universelle qu'elle retranscrit dans ses poèmes. Au cours d'un siècle et sur un territoire marqué par le puritanisme et le classicisme, elle se démarque en imposant un style audacieux et libéré de toute contrainte : des vers rythmés mais non rimés, des majuscules aléatoires, des tirets comme respiration. Une modernité étonnante. La poésie d'Emily Dickinson se contemple comme un tableau. De multiples teintes se côtoient au creux de ses mots : le pourpre de l'aube ou du crépuscule, le vert du brin d'herbe rencontrant le papillon, le bleu céleste de l'infini. Des couleurs qui s'assombrissent lorsque la perte, la mort et la souffrance de ceux qui restent s'invitent dans ses vers, ou qui s'égayent à l'idée d'une danse, d'un sentiment amoureux, d'une musique ou d'une impertinence sur la religion. Son écriture, espiègle et pleine d'ironie, nous touche par la véracité de ses ressentis. La vie d'Emily Dickinson (1830-1886) est entourée de mystères. Elle vécut toute sa vie dans la maison familiale d'Amherst (Massachusetts), sans être mariée ni avoir d'enfant. C'est dans l'espace clos de sa chambre qu'elle écrit des centaines de poèmes et de lettres. Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des plus grands poètes des Etats-Unis d'Amérique. L'iconographie Dans la première moitié du xxe siècle, des artistes américains expriment leur amour pour leur pays en peignant l'immensité de ses paysages, de ses ciels, les vibrations de couleurs propres à la terre qui les nourrit. Avec un désir affirmé : s'affranchir de l'influence et des codes de la peinture européenne, en vogue depuis si longtemps. Ainsi Charles Burchfield, Arthur Dove, Edward Hopper, Georgia O'Keeffe, Agnes Pelton, Charles Sheeler, Henrietta Shore, Marguerite Zorach et tant d'autres cherchent dans les émotions émanant de la nature une réponse sensuelle au formalisme conceptuel qui émerge des mouvements d'avant-garde européens du début du xxe siècle. Anna Hiddleston, attachée de conservation aux collections modernes du centre Pompidou, dirige la sélection iconographique et présente dans son introduction la peinture moderniste américaine.

10/2023

ActuaLitté

Essais

Sur les brisées d'Alain Didier-Weill . L'écriture, l'art et la psychanalyse

Alain DIDIER-WEILL ou l'intelligence, la culture et l'humanité... Nouées. Ombre discrète, modeste, Alain avait en lui, à la profondeur d'un trésor, générosité qui n'existe que chez les grands auteurs : celle d'autoriser son lecteur à se surprendre lui-même et, par voie de conséquence, à s'apercevoir qu'il était plus intelligent qu'il ne l'avait cru jusqu'alors. Qui connaissait Alain Didier-Weill sait que, dès le premier instant du premier face-à-face, il venait de faire ce qu'il est d'usage d'appeler : une rencontre ! Il est des personnes, comme ça, rares, on ne les rencontre ne serait-ce qu'une seule fois et elles nous manquent... déjà. Inouï ! ... Ainsi Alain Didier-Weill. Cependant, ce n'est pas spécifiquement à l'homme que les actes de ce séminaire de l'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse désirent rendre hommage, c'est surtout et d'abord à son oeuvre. Glissant ses pas dans ceux de Freud, de Lacan, de quelques autres et dans ceux de la philosophie, des arts (littérature, musique, danse, théâtre, etc...), et encore dans ceux des textes sacrés, Alain (psychanalyste, psychiatre, écrivain et dramaturge) a su marier la fidélité à l'imagination. Une pensée transversale, dirait-on... Et, dans la transversalité, la liberté ! ... Dans ce recueil, on y lira partie des linéaments présidant aux différents moments de la création de l'I-AEP, et sa nécessité. I-AEP (trait d'union - et non pas tiret du 6 comme aurait pu dire Alain...). I-AEP, qu'Alain a initié et construit, accompagné de quelques autres. On y lira aussi tout l'intérêt clinique de la réflexion constante d'Alain Didier-Weill. Des psychanalystes en témoignent, ici, au travers de leur pratique. On y lira encore les interrogations et les propositions de sens qui furent les siennes au sujet de cet au-delà de l'inconscient". On y lira, enfin, quelque chose ayant trait à sa conception du réel... Un réel qui excède celui du fantasme. On y lira ce trou réel au coeur-même du symbolique, favorisant une sorte de "pas-de-deux" entre le réel et le symbolique, justement. Etrange tango, illustrant une sorte d'histoire d'amour constituée d'avancées et de reculs entre l'un et l'autre. Lire et relire Alain Didier-Weill. L'exercice est salvateur et incitateur. Il invite la pensée psychanalytique à l'audace ou bien au courage - celle, peut-'être, d'emboîter le pas d'un oiseau dans le ciel... Et, retrouver, nommer ce lieu à la fois précis et mystérieux du vent que vient à peine de frôler l'aile de l'oiseau... Instant éclair, peut-être, d'éternité. Explorateur de la pensée, Alain Didier-Weill a ouvert des pistes, dessiné des horizons pour la psychanalyse. Il appartient maintenant aux psychanalystes, au présent et à l'avenir, de suivre ses brisées ! ... "[...] à l'aube du troisième millénaire, que reste-t-il à l'homme qui, en se retournant, constate que tous les idéaux qui l'avaient incité à espérer ont failli ? Quelque chose : l'inespéré".(Alain Didier-Weill, Un mystère plus lointain que l'inconscient.)

01/2022

ActuaLitté

Design

Tools N° 3 : Le pliage

On plie. Tous les jours, on plie. On plie du bois, du linge, du métal, du carton, de la terre, on plie même nos jambes, nos bras. Le pli s'immisce au creux de la peau, dans le coin des yeux, dans les mouvements de la terre... Les plis de l'eau... Le pli est partout. Dans les métiers aussi, le pli est à l'origine de nombreux gestes techniques : cintrer, plisser, tordre, former, ployer, etc. Eventails, parachutes, tentes, serviettes, chaises... les objets se plient et se replient. Tout le temps. Donc, on plie. Mais pour quoi faire ? C'est ce qu'on a tenté de comprendre avec ce troisième numéro du magazine Tools. Un zingueur plie le métal avec sa plieuse portative. Une plisseuse plisse le carton avec ses doigts de fée. Un serveur de bistrot plie chaque jour les serviettes en tissu en attendant le rush du service. Un designer dessine les plis qui éviteront des assemblages trop complexes. Un ingénieur calcule le poids et la portée des armatures de la tente afin qu'elle puisse se déployer d'un seul geste. Une couturière plisse d'un geste précis le tombé d'une jupe de lit. Un légionnaire apprend à repasser et plisser sa chemise. Un militaire plie de la tôle pour construire à la hâte une caserne préfabriquée. Parfois, plier c'est une question de vie ou de mort. Prenez l'exemple d'un parachute replié. Au prochain saut, il risque fort de ne pas se déplier correctement - et alors, on vous laisse imaginer la suite... Au fur et à mesure de la construction de ce numéro 3, on s'est donc rendu compte que plier, parfois veut dire cadrer : prendre le pli, rentrer dans le cadre... On dit bien "se plier aux règles" . C'est peut-être le numéro de Tools où le lecteur ou la lectrice rencontrera le plus de militaires ! En effet, l'invention de nouveaux matériaux pliés, cintrés ou ondulés ont parfois appuyé des logiques de camps temporaires, d'infrastructures d'urgences. On trouvera dans ce numéro aussi des vies nomades, des plis effectués dans l'urgence, comme lorsqu'on déploie une tente dans la rue, dans un contexte précaire. Plier, déplier, c'est alors une façon de se protéger, de chercher un abri. On aura un aperçu des couches de temps immenses qui se faufilent dans chacun de nos plis : les gestes du pliage accompagnent l'Humanité depuis bien longtemps, depuis les premiers outils et les premières toges. Le pli fait partie, par exemple sous la forme des drapés, de notre histoire culturelle commune. Au temps de la modernité et de l'industrie, le pli est devenu le moyen de concilier des vies de plus en plus urbaines et sédentaires avec le désir du mouvement, comme une sorte de pont entre le passé et le présent. Le pli fait gagner de la place dans les appartements de ville, fait entrer de nouveaux objets dans des espaces de plus en plus petits. Comme si on était des escargots avec notre maison sur le dos, comme si on allait tout emporter, bientôt, sur le toit de la voiture.

09/2023

ActuaLitté

Historique

Naufrageurs

Une histoire de trésor maudit, de navires fracassés et de villageois pilleurs d'épaves. Jim, le plus jeune de ces villageois, deviendra-t-il à son tour un naufrageur ou gardera-t-il son innocence ? Résumé : Greenway, Angleterre, 14 octobre 1704. Les habitants scrutent la mer, un navire a été aperçu, luttant contre la tempête. Jim atteint l'âge d'être initié contre son gré aux activités nocturnes des adultes de son village : pour améliorer leur quotidien misérable, ils allument des feux qui amènent les navires à se fracasser sur la falaise accidentée. Le Mérédith les a vus, et il approche. Pour Greenway, c'est le navire de trop ! A son bord, un mystérieux passager, attendu par un Lord et porteur d'un fabuleux trésor. Le chevalier de St-Martin et son équipage sont portés disparus, des soldats partent à leur recherche, mais les villageois sont malins : ils ont tout caché, ou presque. Le pacte qui les lie les oblige à sacrifier l'un d'entre eux pour préserver leur secret. Des pirates de Weymouth, et leur chef " Le Capitaine ", découvrent leur secret et arrivent au village pour faire main basse sur le trésor. Tout aussi impitoyables, au prix de quelques meurtres, ils mettent la main sur la cachette du butin et sur l'épave du Mérédith au fond des eaux. Mais, à leur tour, ils sont victimes de la folie meurtrière du chef des naufrageurs... Jim assiste à tous ces meurtres en cascade, écoeuré. Il se réfugie dans les bois, avec pour compagnie son chien, le singe rescapé du naufrage et Jenny, la fille du chef du village, une jeune aveugle. Ni les pirates ni les naufrageurs ne mettront la main sur le trésor du chevalier. Il reviendra peut-être à celui qui ne le cherchait pas... Présentation : On entre dans cette terrible histoire de pirates par un biais inédit : celui de la côte, où les hommes se révèlent tout aussi mauvais que les pirates des mers. Le butin s'arrache par la ruse, la traîtrise, le sang, la violence. Face à leurs aînés, les tendres et innocents jeunes gens que sont Jim et Jenny ne peuvent que subir le mal ambiant et ce lourd fardeau qu'exercent les villageois. Ces naufrageurs ont réellement existé dans le royaume d'Angleterre du XVIIIe siècle. Des villages entiers, unis par le crime et le secret, assuraient leur survie en pillant les épaves des navires qu'ils attiraient sur les récifs. Le trait incisif, semi-réaliste de Gnoni rappelle celui des meilleurs illustrateurs de BD historique. Il porte admirablement les couleurs de cette belle histoire de pirates, servie par un scénario enlevé de Rodolphe, suintant le mal à souhait. Tous les ingrédients d'une bonne histoire de pirates sont là, et le pas de côté pour la rendre encore plus originale : les naufrageurs sont cette fois les - anti - héros de l'histoire.

05/2023

ActuaLitté

Sociologie

Revue du MAUSS N° 61 : En commun ! Eloge des institutions partagées

Chacun connaît cette scène originaire qui ouvre la secondeA partie du célèbre Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques RousseauA : "A Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de direA : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblablesA : Gardez-vous d'écouter cet imposteurA ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. A " Dénonçant le "A Ceci est à moiA " du premier planteur de pieux, Rousseau dessinait, en creux, la société telle qu'elle devrait êtreA : "A Ceci est à nous. A " Il nous rappelait ainsi, à travers cette fable, combien l'histoire humaine est contingente et ouverte à d'autres possibles. Parmi ces possibles s'affirme aujourd'hui un nouveau paradigme au sein duquel cherchent à se penser une démocratisation de la société et un dépassement des désordres et des hiérarchies imposés par le capitalismeA : le paradigme des "A communsA ". Les communs désignent une forme immémoriale de conception de la propriété, largement répandue, notamment jusqu'à la fin du Moyen Age, lorsque, dans les campagnes, l'organisation coutumière des usages de la nature -A pâturages, étangs, forêtsA - primait sur la notion de propriété. L'histoire rejoignant la fable, ces modes d'accès aux ressources déclinèrent à mesure que s'imposèrent les fameuses "A enclosuresA " décrites par Marx, ces "A décrets d'expropriation du peupleA " au moyen desquels "A les propriétaires fonciers se font eux-mêmes cadeau des biens communauxA ". Face à l'hégémonie du régime propriétariste, radicalisée par les nouvelles enclosures promues par les politiques de privatisation et de marchandisation néo-libérales, l'originalité du paradigme du commun est de dépasser les dichotomies classiques opposant propriété privée et propriété publique, régulation marchande ou étatique, ainsi que les formes de domination qui résultent de l'appropriation des ressources naturelles et des moyens de production. Comme le montrent de multiples expériences contemporaines, et notamment les travaux du prix Nobel d'économie, Elinor Orstrom, partout dans le monde, des communautés sont capables d'organiser durablement des "A règles d'usageA " afin de garantir à la fois la survie des habitants et la préservation d'un réservoir de ressources pour les générations suivantes. C'est ce paradigme alternatif et ces expériences foisonnantes que ce numéro propose d'interroger, tant pour en souligner la richesse que les conflits qu'ils suscitent. En effet, très polysémiques, le ou les "A communsA " constituent l'un de ces concepts essentiellement contestés dont le milieu militant s'est saisi comme d'une bannière pour des initiatives diverses et, parfois, divergentes, et dont les chercheurs tentent de délimiter les contours dans les domaines économique, juridique, politique, anthropologique et philosophique. Qu'il s'agisse des communs numériques, environnementaux, urbains mais aussi des communs politiques ou de la redéfinition de la notion même d'entreprise, l'espace de débat et de controverses qu'ouvre ce numéro se veut résolument pluraliste, comme les formes, plurielles, de propriété qu'appelle une démocratie radicale.

05/2023

ActuaLitté

Thèmes photo

Quoi qu‘il en soit

: Quoi qu'il en soit marque l'opposition entre deux choses liées ou entre deux aspects d'une même chose Quoi qu'il en soit du refoulement, le désir laisse des traces. Elles peuvent être tardives, comme cette toile de son père que Jean Yves Cousseau a choisie pour boucler une série photographique consacrée au fatum. Dans l'aveu d'un désir de peinture longtemps tu, cette toile esquisse "un autoportrait en paysage" . Autoportrait de celui qui s'efface, de ce père qui n'est plus et qui s'était saisi pour lui-même dans l'effacement. Mais portrait du fils aussi qui a choisi d'être photographe, à savoir : celui qui rend visible tout en restant caché. Sans être effacé, Jean Yves Cousseau n'est jamais là qu'en creux dans ses photographies... La naissance de Quoi qu'il en soit s'arrime au même punctum de la disparition qui est aussi rencontre de deux projets parallèles. L'un porte sur ce père, ouvrier cheminot qui a osé la peinture à la fin de sa vie. A son départ à la retraite, il avait demandé un appareil photographique pour l'offrir à son fils dont il avait toujours soutenu la vocation, de l'entrée aux Beaux-Arts aux vernissages d'exposition qu'il ne manquait jamais. A sa mort, Jean Yves Cousseau avait découvert sa peinture, et notamment cet autoportrait de l'addendum réalisé à partir d'une photographie aujourd'hui disparue. L'autre projet semble sans lien avec le premier : né de Petite épopée urbaine, livre d'artiste créé en 2013, il rassemble des photographies que Jean Yves Cousseau a placées en séries pour établir, comme par métonymie, une relation du tout de l'image à sa partie. Plus récemment, disposant ces images côte à côte, les travaillant par déchirures, est apparue la récurrence de silhouettes d'hommes qui ne sont pas celles de son père, mais qui réactivent le souvenir de la photographie perdue, modèle de l'autoportrait peint. Comme l'écrit Alain Madeleine-Perdrillat dans son poème, "celui qui marche de dos" porte un nom sans visage. C'est alors que les deux projets ont fusionné en un livre palindrome : du point d'arrivée au point de départ, et réciproquement. Ce point trouve une autre définition dans La Chambre claire, lorsque Barthes définit le punctum : Car punctum, c'est aussi : piqûre, petit trou, petite tache, petite coupure - et aussi coup de dés. Le punctum d'une photo, c'est ce hasard qui, en elle, me point (mais aussi me meurtrit, me poigne) Les photographies de Jean Yves Cousseau connaissent la piqûre : celle du temps qui parsème arbitrairement les gris de ses pointes sépia. A certains endroits, les petites taches s'intègrent au récit de l'image photographique : elles viennent ici nourrir des pigeons, là dessiner des allées de graviers. A d'autres, le mouchetage est tel qu'il recouvre l'image et lui ajoute une seconde vie : celle organique des cellules qu'un microscope aurait grandies, celle d'un ocre mycélium qui aurait gagné la partie. Ne croyons pas qu'elles ne soient que le fruit du hasard : Jean Yves Cousseau les travaille en leur imposant la géométrie des formes élémentaires : on discerne parfois le triangle et le cercle.

06/2023

ActuaLitté

Rêves

Le guide pour se connecter à ses rêves

Le rêve fait partie de nous. Dès notre plus tendre enfance, nous rêvons à devenir grand. Chaque nuit, même si l'on ne s'en souvient pas toujours, nous rêvons. Nous séparons les rêves éveillés et les rêves endormis, comme nous séparons souvent le coeur et la raison. Pourtant, savants, scientifiques, écrivains, artistes, explorateurs racontent avoir aperçu dans leurs rêves nocturnes, l'étincelle qui fit jaillir l'idée... un rêve pour l'avenir ! Les rêves diurnes et nocturnes sont complémentaires. Ils nous permettent de visiter un endroit unique, qui n'appartient qu'à nous. De faire coexister les différentes parties de nous pour faire jaillir notre trésor intérieur. Ils sont les clés de la connaissance de soi, nos alliées sur nos chemins de vie. Comme un miroir, une lumière extérieure et une lumière intérieure, les rêves diurnes et nocturnes sont là pour nous éclairer, pour nous guider. Nos rêves sont de précieux cadeaux. La nuit, les rêves nous révèlent nos émotions enfouies, nos peurs pour nous aider à mieux nous comprendre. Ils nous permettent de voyager dans l'invisible, dans notre imagination pour voir la vie sous un autre angle et faire germer la graine qui au levé du jour deviendra une aspiration pour l'avenir. Les rêves diurnes sont souvent associés à l'enfance, aux naïfs ou aux quelques chanceux qui se démarquent pendant que les autres suivent le troupeau et laissent leurs rêves au placard. Pourtant, les rêves font partie de notre nature humaine, peu importe qui l'on est. Ils nous permettent de garder espoir, de révéler nos désirs, notre unicité, de nous projeter pour voir plus loin, plus grand. Les rêves diurnes et nocturnes sont notre magie intérieure ancestrale. Comme un feu qui nous irradie de son énergie, les rêves s'alimentent. Ils ont besoin d'attention, de temps et d'espace pour révéler leur magie. Ce livre illustré accompagne pour remettre le rêve à la surface, pour ne jamais laisser les rêves s'éteindre. La clef de notre liberté portent nos initiales... elle est cachée au creux de notre être. Ce livre, comme une petite étoile dans la nuit, guide à travers les differentes étapes qui ouvrent les portes des rêves vers l'exploration de ses trésors intérieurs. Il aide à collaborer avec nos rêves diurnes et nocturnes sans les craindre, pour mener une vie gouvernée davantage par la curiosité que par la peur. A reprendre son pouvoir, révéler l'inspiration pour plonger au coeur de son imagination et raviver son énergie créatrice. A valoriser ses rêves, ses ambitions, son potentiel pour prendre le chemin de l'accomplissement. Anna Xhaard propose une structure en 4 parties, en référence aux 4 éléments composant l'univers comme un miroir de nos expériences humaines. Le lecteur découvre et s'approprie à chaque étape les clefs pour se connecter à ses rêves : 1. Air (Ecoute, Esprit) - 2. Eau (Compréhension - Emotions) - 3. Feu (Désir - Action) - 4. Terre (Ancrage - Matérialisation). Comme un carnet de voyage intérieur, les illustrations aident à comprendre le propos, à apporter légèreté, vibrations et poésie. Les couleurs du livre sont le noir, le blanc (le contraste nocturne et diurne) et le bleu, la couleur du rêve, de l'eau et de nos émotions intérieures. Enfin, des pages " Clef " aident le lecteur à mettre en lumière certaines notions, à se les approprier pour les appliquer au quotidien.

09/2023

ActuaLitté

Monographies

Corpus Painting, Xie Lei

Par conviction, Xie Lei a choisi la peinture parce qu'elle lui ouvre la voie d'un langage traduisant son univers sensible et un terrain d'expérimentation pour creuser la spécificité de ce médium dans la contemporanéité. Sa pratique part du réel mais s'en échappe pour explorer des mondes équivoques, incertains, que son imaginaire transforme. La plupart de ses tableaux renvoient à des situations troubles ou inquiétantes, discrètement rattachées à des souvenirs littéraires et cinématographiques, ou bien puisées au creuset profond des sentiments. Il s'attache à la complexité des évènements, des situations et surtout à leurs ambiguïtés, leurs tensions. Sa peinture récente intrigue par un entre-deux, celui du sommeil et la mort, du supplice et l'érotisme. Les couleurs sont sombres, mais mutent pour devenir lumineuses, puissantes. La touche est fluide ou plus en matière. La peinture telle que la pratique Xie Lei se singularise en délivrant une autre perception du temps : salutairement, elle propose de ralentir le regard et d'échapper aux ivresses de l'accélération et de l'immédiateté. ? " Xie Lei, artiste parisien originaire de Chine, compose des images et des scènes floues et ambiguës comme autant de tentatives de s'emparer du sentiment et de l'émotion quasi-impossible. Le résultat oscille toujours entre une obscurité sans fin et des lumières troublantes, obscurcissant et déformant l'apparence des choses, les silhouettes des corps et les expressions des visages. Les interactions-intercourses entre les corps masculins ou les expressions les plus intimes de l'amour apparaissent souvent comme un thème principal. Mais elles sont toujours quelque peu dissimulées par une sorte de vernis mêlant ombre et lumière, suggérant une lutte éternelle pour négocier avec le désir et les contraintes, le plaisir sexuel et la violence fatale... Ce vernis révèle la véritable substance du principe de plaisir - le Lustprinzip tel que le conceptualise Freud - et incarne l'état réel de la vie érotique : douleur et beauté ! " Extrait du texte de Hou Hanru Xie Lei (né en 1983 en Chine) vit et travaille à Paris depuis 2006. Il est diplômé de la CAFA de Pékin et de l'ENSBA de Paris. Ses oeuvres ont été exposées dans de nombreuses institutions : Mendes Wood DM, São Paulo (BR) ; Meessen de Clercq, Bruxelles (BE) ; PS120 , Berlin (DE) ; MAC VAL, Vitry-sur-Seine (FR) ; Langen Foundation, Neuss (DE) ; Musée national de l'histoire de l'immigration, Paris (FR) ; Fondation Yishu 8, Pékin (CH) ; Fondation d'entreprise Ricard, Paris (FR). Ses oeuvres figurent dans des collections publiques et privées, telles que celles du MAC VAL, de la fondation Colas, de la Burger Collection et du X Museum à Pékin. Xie Lei a été pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid en 2020-21 et de la Fondation Boghossian en 2022. Avec " Corpus Painting ", Semiose éditions lance une nouvelle collection éditoriale entièrement dédiée à la peinture. En 48 pages, relié façon beau livre, chacun des opus se concentre sur un ensemble précis de tableaux, complété d'un texte en français et en anglais signé d'une personnalité du monde de l'art. Une invitation à plonger dans la peinture, à comprendre les ressorts d'une série, à contempler une suite d'images, avec la même dévotion et passion que l'on porte aux retables ou aux icônes peintes.

02/2023

ActuaLitté

Art contemporain

Art Cruel

Au printemps 2022, le Musée Jenisch Vevey proposera aux publics une exposition intitulée Art cruel. Cette manifestation sera placée sous le commissariat de l'historienne de l'art Claire Stoullig, ancienne conservatrice et directrice de grands musées suisses et français et éminente spécialiste de l'art européen du XXe siècle. A cette occasion, elle sera assistée par Emmanuelle Neukomm, conservatrice Beaux-Arts au Musée Jenisch Vevey. L'expression "art cruel" provient du titre d'une exposition qui s'est tenue à Paris en 1937 en gage de soutien aux événements liés à la Guerre d'Espagne. Dans les imaginaires collectifs d'hier et d'aujourd'hui, "l'art cruel" renvoie à un nombre impressionnant d'images qui jalonnent l'histoire de l'art. Crucifixions, martyres, blessures, scènes de supplices et massacres ont traversé les siècles. La création contemporaine explore elle aussi cette thématique. Si la perception de la cruauté a fortement évolué au fil du temps, ses représentations se voient en partie banalisées de nos jours. Largement diffusée sur Internet et les réseaux sociaux, l'image cruelle et violente glace le spectateur autant qu'elle suscite l'indifférence. De Freud au Marquis de Sade - pour qui la cruauté était inhérente à l'humain -, les réflexions autour de la face cruelle du monde se sont développées époque après époque. En dévoiler la violence a constitué un défi permanent que les artistes ont tenté de relever, en montrant la cruauté nue ou maquillée dans des représentations religieuses, historiques ou encore mythologiques. A toutes les périodes, l'artiste est le témoin de la brutalité, et parfois même la victime. Pour autant, peut-il ou doit-il tout dire, tout montrer, en matière de cruauté ? Existe-t-il des limites à la liberté d'expression ? Au travers d'une sélection de 150 à 200 pièces issues des collections du Musée Jenisch Vevey et d'institutions de renom, suisses et étrangères, l'exposition se proposera ainsi de questionner les multiples dimensions de l'art cruel. Des oeuvres puisées aussi bien dans l'art de la Renaissance que dans l'art contemporain seront mises en dialogue à cette occasion - allant des crucifixions de Dürer et Rembrandt, en passant par les fameuses séries de Goya et Callot évoquant les horreurs de la guerre, jusqu'au Chien andalou de Luis Bunuel et aux saints martyrs de Françoise Pétrovitch. L'exposition placera au centre du propos les deux médiums qui définissent l'identité du Musée Jenisch Vevey depuis plus de trente ans : l'estampe et le dessin. Outre les arts graphiques, il s'agira d'enrichir et de diversifier la sélection présentée à l'aide de quelques peintures, sculptures, objets, installations et films emblématiques. Tout en poursuivant l'objectif de valoriser les fonds du Musée Jenisch Vevey, de même que des prêts exceptionnels, l'exposition Art cruel se penchera par ailleurs sur un véritable enjeu sociétal : la violence et la cruauté, sous toutes leurs formes, font l'objet d'une actualité constante à travers le monde. Le Musée Jenisch Vevey a à coeur de s'inscrire dans le présent et de porter un regard sur l'évolution de nos sociétés. En ce sens, ce projet s'adresse à un large public ; il veillera naturellement à respecter les sensibilités des uns et des autres, y compris des plus jeunes visiteurs.

04/2022

ActuaLitté

Non classé

La Porte ou la parenthèse de l’éternité

Silence, espoir, mot bleu ... soleil, voici quelques mots cueillis à l'entrée et à la conclusion de cette anthologie. Il faut les approcher et s'en servir comme des clés, des passages, des poteaux indicateurs de l'oeuvre poétique de Claudine Helft . Il y a dans les lames profondes de sa poésie, les feux de la mélancolie. Question de route, homme, condamné au voyage / vers un mieux sans port où culbute le rien. Il y a aussi des poèmes qui comme des croquis racontent des histoires comme un ange de passage près des fenêtres. Claudine Helft est un poète orpailleur qui au fil de ses milliers de vers écrits depuis l'âge de raison cherche l'or sauvage / du rêve. Je considère son art d'écrire comme un Nerval retrouvé dont le lyrisme est mesuré et compté. Je suis la question sans réponse / où s'archive une phrase échouée /sur l'éternité sans rivage. Cet art met en abîme les différents visages et facettes de l'écriture du poète. Il cherche l'autre. Du côté d'Arthur Rimbaud (Je est un autre), du côté de Gérard de Nerval (Je est autre). Mais c'est toujours Nerval qui me vient à l'esprit en lisant Helft. Car sa poésie est offrande à l'amant au carrefour des infinis, de Dieu aperçu aux confins des mondes... . C'est toujours contre le gris du lavoir que je me heurte/ lors même que l'eau est claire, et contre le vent /que j'avance, quand même le ciel est sans nuage. La quête de l'amour et de l'amant, ce dieu présent distille les parfums d'une haute mélancolie. La signification de cette oeuvre que je médite serait oser l'amour et ne pas mourir. Le poète a le sens des formules. Certains de ces vers ont des allures prophétiques. Les chiens ne contrôleront plus leurs rires perdus /La terre perdra son sexe, la parole sa nuance /L'absolu demeure l'ivresse de l'homme /Bonheur, le geste d'un fou qui tente la foi et éclaire sémaphoriquement les tensions internes du poème. Il y a aux portes des ténèbres la clarté du chant. Claudine Helft est habitée par le doute. Sa poésie se place à ses frontières. Le poème Un chant d'hiver placé au commencement du livre me paraît être celui qui résume toutes les forces telluriques et oniriques de cette anthologie. Il y a dans son écriture concise tous les thèmes chers au poète : la mélancolie, la solitude, la perte de l'amour et sa constante recherche, l'absolu et ses frontières, le divin, les pouvoirs de la rencontre, le feu des images, le dialogue avec le ciel, la lumière des mots, l'espoir questionné, Dieu... Ce chant d'hiver rend un discret hommage à Charles Baudelaire avec ce Sonnet d'horloge déracinant l'espace que fomente le temps. Le poète questionne les mots, les brumes, les cieux et le passage du temps et sa poésie ainsi défait l'éternité. La mort, autre thème intimement mêlé à l'amour et à la vie s'invite en arrière-plan au frémissement du poème. Et cette alliance a toujours ce parfum tenace de fleurs et d'orages. Eurydice demande à Orphée de voir encore plus loin... . (extrait "Avant lire") - Luc Vidal

01/2016

ActuaLitté

Fantastique

Psi

Cinq jeunes ados dotés de pouvoirs PSI sont embarqués dans une enquête non officielle dont l'objet est de retrouver la victime d'un enlèvement qui est âgée d'une dizaine d'année et n'est autre qu'une star mondial des réseaux sociaux : Adame. L'affaire Adame rassemble Waël, qui peut entrevoir des bribes d'avenir, Judith, qui est capable de converser avec des personnes mortes, Quincy, qui peut déplacer des objets par la seule force de sa pensée et les jumeaux Romane et Yoann, qui sont télépathes. Réunis par une femme énigmatique qui prétend travailler pour le compte du gouvernement, ils sont vite persuadés qu'on cherche à les manipuler. Très vite, l'affaire dérape... Le futur de la planète est sombre. Rien ne semble pouvoir freiner la course au profit qui gangrène nos sociétés. Rien ne semble pouvoir faire fléchir la surconsommation qui épuise de plus en plus nos ressources naturelles. Aucune action n'est engagée pour stopper la destruction des espèces animales, des forêts, des glaciers, des océans, de tout ce qui fait la beauté de nos environnements. Les ouragans et les feux gigantesques qui dévastent nos villes et nos campagnes seront de plus en plus fréquents. La famine, la maladie et la misère seront les récompenses tragiques de ces années d'excès. Ces épreuves ne sont pas des prophéties sorties tout droit d'un film de science fiction. Ces épreuves sont la réalité - la terrible réalité - de ce qui nous attend. Et ces vérités sont assénées au grand public par une fillette nommée Adame. Chaque jour, via son compte "Spread" , l'équivalent futuriste de "Tik Tok" , Adame fait le bilan de ce qui est détruit, de ce qui a disparu, de ce qui aurait pu être fait pour l'éviter et de ce qui ne l'a pas été. Traduit instantanément dans le monde entier, les rapports d'Adame sont accablants. Ses paroles, ses boucles blondes et ses grands yeux innocents touchent le coeur de plus d'un milliard d'individus. Une audience à cette échelle, c'est du jamais vu ! Traitée comme une manifestation divine par les croyants du monde entier, toutes tendances confondues, acclamée comme la sauveuse du monde par des centaines de millions de jeunes followers, considérée comme une menace et une imposture par les lobbies politiques, économiques et industriels, Adame focalise l'attention et ne laisse personne indifférent. L'engouement est-il dû à son très jeune âge ? A son côté messianique etvulnérable ? A sa voix douce ? A sa com' bien orchestrée ? Personne ne sait. Personne ne comprend comment Adame a réussi à concentrer autant d'attention sur elle sur des sujets aussi brûlants, aussi essentiels. Mais force est de constater que du haut de ses 10 ans, Adame porte l'espoir d'un futur meilleur. Elle est un symbole, celui d'un avenir radieux. Jusqu'au jour où - stupeur ! - Adame disparaît. Son entourage affirme qu'elle a été enlevée, sans toutefois être capable d'expliquer comment les ravisseurs ont bien pu s'y prendre pour la kidnapper. Malheureusement pour ses fans, personne ne sait où elle se trouve. En revanche, les suspects potentiels sont nombreux. Mais les interrogatoires menés par la police ne donnent rien. Aucune piste n'est privilégiée. Les recherches sont dans l'impasse. Devant l'énigme de cette disparition médiatique spectaculaire, un groupe de jeunes possédant des pouvoirs PSI est alors réuni dans le plus grand secret. Cette équipe est chargée de retrouver Adame. La combinaison de leurs talents respectifs pourraient aider à localiser l'endroit où la fillette est retenue contre son gré...

10/2023

ActuaLitté

Histoire internationale

Dans l'ombre de l'Occident et autres propos / Les Arabes peuvent-ils parler ?

Avec Yasser Arafat et Mahmoud Darwich, Edward W. Saïd est sans doute l'un des trois palestiniens les plus célèbre du XXe siècle. Bien que la plupart de ses textes soient traduits en français, la pensée de ce Palestinien de nationalité américaine, dont Tzvetan Todorov disait qu'il était l'un des intellectuels les plus influents du monde, est encore peu connue du public non académique francophone. À l'heure où éclatent les révolutions arabes, où les nationalismes s'affirment sans fard un peu partout en Europe, où la France est en proie aux polémiques sur « l'identité nationale », la pensée d'Edward Saïd s'impose dans toute sa puissance, son acuité politique, et permet de porter un regard critique sur l'actualité occidentale ; manière, en somme, de regarder sous le tapis d'un occidentalo-centrisme décadent. Blackjack éditions publie ainsi Dans L'ombre de l'Occident, titre générique d'un recueil de trois entretiens, inédits en français (extraits du recueil Power, politics and culture, interviews with Edward W. Saïd, publié en 2004 par Bloomsbury) qui offrent une approche transversale de l'univers d'Edward Saïd et permettent de comprendre comment le statut d'exilé est intrinsèquement lié au développement de cette réflexion originale. Edward Saïd parle depuis l'exil, sa parole est « entre mondes ». Et c'est de cette position qu'il critique les systèmes de représentations, la manière dont l'Occident construit des images de l'Orient, du Moyen-Orient. Il discerne, par extension, la manière dont l'Occident construit son rapport à l'Autre. Ces constructions se révèlent radicalement politiques, directement dominatrices. Edward Saïd montre ainsi comment la culture, dans son ensemble, est travaillée par les rapports de forces et d'instrumentalisation. Émanciper l'altérité au sein même des représentations, introduire la parole d'un Autre qui ne serait pas réductible ou manipulable, tel est sans doute l'enjeu majeur de l'oeuvre de Saïd dont il est question dans ces entretiens. « Pris entre “salamalecs” et “charabia”, les Arabes n'intéressent pas “le monde”. Les musulmans non plus. Si l'islam retient politiquement l'attention, le “monde arabe” est décor et paysage ». À travers ce texte au titre provocateur, Seloua Luste Boulbina, philosophe et politiste, ne se demande bien sûr pas si les Arabes sont, dans l'absolu, en capacité de parole, mais cherche des territoires où les paroles des Arabes peuvent trouver des résonances singulières dans une culture occidentale historiquement dominatrice. « Les frontières coloniales, écrit-elle encore, ne sont pas géographiques, elles sont avant tout humaines ». Dès lors, les « entre-mondes », concept forgé par Edward Saïd, ces lieux de l'art et de la littérature, deviennent un fil conducteur pour dire les déplacements et les migrations qui permettent de construire un langage commun et d'instaurer une réelle esthétique de la parole. Dans Les Arabes peuvent-ils parler ?, Seloua Luste Boulbina engage des dialogues, met en écho des voix aussi diverses que celles de Frantz Fanon, Sigmund Freud, Joseph Conrad, Edward Saïd, Hannah Arendt, Henri Michaux, Mallarmé, Arjun Appaduraï, Jean Josh Rabearivelo, Victor Segalen, Jacques Derrida, Frantz Kafka, Yoko Ogawa, Theodor Adorno, René Descartes, Samuel Beckett, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Mahmoud Darwich, Sayed Kashua, Marcel Detienne, Amin Maalouf, Nietzsche, Joyce, Clément Rosset, Edgar Poe, Charles Baudelaire, Alexis de Tocqueville, Roland Barthes ou encore d'Ovide. La diversité des figures de l'exil met alors en question anciennes divisions coloniales et stéréotypes contemporains. Ici, les Arabes sortent de l'ombre, trouvent place dans l'expérience commune. Les philosophes, écrivains, poètes, artistes, exilés dans leur propre langue, seraient-ils tous des Arabes se demandant en français s'ils peuvent parler ? Entre esthétique et politique, le texte de Seloua Luste Boulbina est comme une respiration, au style précis, organique : il nous invite à tendre l'oreille.

11/2011

ActuaLitté

Littérature francophone

Éros. Saga RolePlay Tome 1

La vie de Gabrielle bascule lorsqu'elle rencontre Maxence. L'alchimie s'installe dès le premier regard. Ce séduisant parisien la fait vibrer de mille façons. A ses côtés, elle se sent belle, désirée. Le plaisir n'est plus une quête, mais une découverte qui s'apprivoise et s'assume. Le lien indicible qui unit les deux amants va progressivement les mener à s'adonner aux jeux de rôles. Lors de ces rendez-vous secrets, le jeune couple rejoue ses débuts dans des contextes où audace et adrénaline sont de mise. La passion, l'Eros, prend le dessus et les entraîne vers une relation dévorante, proche de l'addiction. Seront-ils prêts à accepter ce ravissement à l'autre ? Eros est le premier tome d'une trilogie écrite par Gabarelle Corentin, une jeune autrice de la région de Verviers (Belgique) travaillant en autoédition. C'est une romance dramatique mariant érotisme, psychologie et suspens. Il est difficile de cataloguer cette oeuvre dans un genre précis, car elle ne répond pas aux exigences des maisons d'édition spécialisées en la matière. En effet, la romance érotique est un genre littéraire aux codes assez restrictifs. Gabarelle a voulu garder une certaine liberté d'expression en abordant des sujets, comme les plaisirs solitaires féminins ou l'infidélité, souvent éclipsés par les besoins masculins dans les best-sellers d'aujourd'hui. Dans ce roman, la sexualité de la femme est mise en avant de façon assumée et naturelle. Eros est l'histoire d'une rencontre charnelle fondée sur le respect où consentement et considération ont une place prépondérante. Gabrielle - le personnage principal - goûte à ce qu'elle appelle une "jouissance non assistée" (premier orgasme qu'un homme lui procure). Elle se sent en confiance, belle, désirée et n'hésite pas à jouer de ses charmes. Le plaisir n'est pas une quête, mais une découverte qui s'apprivoise et s'assume. Le pouvoir d'attraction est le seul maître d'un jeu animé par la séduction, le désir, l'amour et l'irrésistible attirance entre deux amants. Ces derniers vont rapidement être emportés par "l'éros" , la passion. Soucieuse de donner une dimension réaliste à son histoire, l'autrice aborde la relation passionnelle sous un autre angle en rappelant qu'elle peut faire naître l'obsession, la jalousie et nous entraîner vers l'irrationnel. Plusieurs références à la mythologie grecque sont faites tout au long du récit, en parallèle à une analyse psychologique des personnages. Il existe plusieurs termes pour qualifier l'amour en grec ancien et certains seront abordés tout au long de la trilogie, entre autres Storgê qui représente l'amour de la famille, comme celui qu'une mère peut porter à son enfant ainsi que Philia qui désigne "l'amour raisonnable" . Eros, quant à lui, incarne la passion. Dans la mythologie grecque, il est le dieu de l'amour et de la puissance créatrice. Il fait naître la concupiscence et le plaisir charnel. Freud voyait Eros comme une pulsion de vie qui habite chaque être humain. Il l'opposait à Thanatos, le dieu de la mort, qui représente la pulsion de destruction. Ces deux pulsions sont, selon lui, indissociables. Eros nous lie amoureusement les uns aux autres. Thanatos, de son côté, nous pousse à rompre ce lien pour que notre "moi" reste tout-puissant. La passion fait naître une forme de ravissement à l'autre, mais notre "moi" nous dicte de garder le dessus. C'est une sorte de conflit intérieur. Les Grecs considéraient la passion comme un danger, car c'est un amour qui peut vous faire perdre le contrôle, basculer dans l'irrationalité. C'est exactement ce qui se passe dans ce roman, Eros était donc une évidence.

03/2022

ActuaLitté

Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 61, octobre 2020 : Singeries

" Singeries : tableaux représentant des primates déguisés en humains dans des scènes comiques dans la France du XVIIIe siècle ; grimaces des hommes, en référence aux soi-disant mimiques de leurs cousins primates. " Une ressemblance troublante Ce dossier de la Revue de la Bibliothèque nationale de France remonte aux bases de l'histoire naturelle et de la primatologie, avec " Jocko ", petit chimpanzé que Buffon fait naturaliser assis sur un tabouret. D'emblée, c'est la ressemblance physique du singe avec l'homme qui interroge : une autre discipline s'en empare, la physiognomonie, qui entend déduire la personnalité d'un individu à partir de son apparence physique. Pour autant, Lavater, son fondateur, ne s'y intéresse que pour le maintenir à distance. se méfie des comparaisons hâtives avec les animaux et réaffirme au contraire la supériorité de l'homme (du fait de ses convictions religieuses). Il faut attendre les Lumières puis la théorie de l'évolution des espèces de Darwin (1858) pour soustraire l'homme du cadre biblique et l'insérer au sein du règne animal. L'apparition du grand singe en Europe, à travers les circuits de l'esclavage notamment, pose la question des limites de l'humain. Un imaginaire raciste se diffuse alors par l'intermédiaire des zoos humains et des spectacles de freak shows, remplacés à partir des années 1930 par l'industrie du cinéma. Les " singeries " dans les arts Dans les arts picturaux et ornementaux, la représentation du singe et plus largement de l'animal évolue : si le motif simiesque est très apprécié dans l'Antiquité, il devient plus rare dans l'imagerie chrétienne, car associé au péché et très vite relégué à un statut purement décoratif qui annonce les singeries du XVIIIe siècle, comme chez Chardin ou Grandville. Au cours du XIXe siècle, le singe est de moins en moins représenté sous une forme anthropomorphique. Influencé par la société protectrice des animaux (fondée en France en 1845), l'art animalier se renouvelle en profondeur, remettant en cause la suprématie de l'homme dans la hiérarchie naturelle. Le rapport homme-singe a beaucoup inspiré la littérature, brouillant les frontières inter-espèces. Les premiers orangs-outans, exhibés au début du XIXe siècle, comme dans la nouvelle d'Edgar Poe L'Orang-outan, nous renvoient l'image de notre propre bestialité. De même, Pierre Boulle qui publie en 1963 La Planète des singes, adapté au cinéma en 1968, s'interroge sur la nature conflictuelle et mimétique des relations entre l'homme et l'animal. Les singeries du côté des singes Le singe est-il véritablement cet imitateur divertissant que l'on s'est plu à définir au fil des siècles ? L'imitation est un processus essentiel de l'apprentissage chez les primates, comme le démontre l'expérience menée avec Nénette, orang-outan le plus célèbre de la ménagerie du Jardin des Plantes. Pour revenir sur ce mythe de singe imitateur, Sabrina Krief, primatologue et professeure au Muséum national d'histoire naturelle, spécialiste des relations entre humains et grands singes, analyse les comportements de ces derniers en Ouganda, de l'automédication à l'apprentissage. Elle milite pour la reconnaissance de la vulnérabilité des primates et de leur environnement : ces espèces doivent être mieux connues pour être mieux protégées pour leur valeur intrinsèque, et non parce qu'elles répètent des scénettes inculquées sous la contrainte du dressage. Rubriques " Autour d'une oeuvre " dédié à la première " revue du nu ", Le Nu esthétique (1902), à mi-chemin entre académisme et érotisme " Découverte " de l'art des feux d'artifice au XVIIe siècle à partir de manuscrits conservés à la BnF Une " galerie " consacrée à un passionné de théâtre, Guillot de Saix, et à son don au département des Arts du spectacle " Innovation " (à confirmer) : la naissance du patrimoine numérique (E. Bermès)

10/2020

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

La fureur de vivre

"La fureur de vivre" est le premier livre de Lauren Hough. Best-seller du New York Times dès sa sortie en 2021, il est acclamé par les médias : Ms Magazine, Oprah Daily, The Washington Post ou NPR, la radio publique américaine. Cate Blanchett (1) bouleversée par le texte et frappée par la puissance de la voix de Lauren Hough prête la sienne pour l'audio et signe une préface inédite pour les Editions du Portrait-préface de comé- dienne débutée avec Emma Watson pour le Steinem-. Dans ce roman d'apprentissage, dans la tradition de la non-fiction narrative américaine, Lauren Hough raconte son enfance dans la secte les "Enfants de Dieu" et son insertion dans la société américaine. Lauren et sa famille sont trimballées d'un continent à un autre, d'un pays à un autre, vivent dans des maisons surpeuplées et connaissent la pauvreté. Dans la secte, les enfants subissent de nombreux abus sexuels lors des "nuits de partage" programmées avec des adultes, sont victimes de "frottements" par des garçons dont le comportement abusif est encouragé et sont forcés à pratiquer le "flirty fishing", c'est-à-dire à coucher avec des Systémites - personnes qui sont dans le système- pour leur extorquer de l'argent à re- verser à la secte - prostitution sainte ! -. A l'âge de 15 ans, elle quitte la secte avec sa mère et son frère pour aller vivre chez sa grand-mère, au Texas, un des Etats les plus conservateurs des Etats-Unis. Très vite, elle rejoint l'armée car elle veut voyager - même l'Arabie Saoudite lui donne envie ! -. La politique du "Don't ask don't tell" (2) l'oblige à dissimuler son homosexualité pour garder son travail. Mais difficile de cacher ce qu'on est. Victime d'homophobie, elle sera forcée de quitter l'armée et verra apposer sur ses papiers "aveu d'homosexualité" . Elle se retrouve alors à Washington D. C. , sans le sou, avec un ami, enchaîne les petits boulots - ba- rista, videuse dans un bar gay, technicienne d'installation de réseaux câblés - et découvre le " "Ca" freu- dien de l'Amérique en sous-vêtements qui se demande s'il a pensé à effacer son historique de recherches" . La fureur de vivre raconte l'Amérique du "make America great again" : le goût des armes, les convic- tions homophobes et anti-avortement - enceinte elle est très heureuse de se retrouver en Californie où l'IVG est pratiquée librement-. Elle met en évidence le récit américain et toutes ses contradictions. Mais surtout : elle raconte les luttes de la psyché de l'être humain qui lorsqu'elle n'arrive pas à matu- rité voit toujours ses instincts primitifs se battre contre ses désirs d'émancipation. Elle aborde ainsi la miso- gynie de ses clients gay ou la violence proférée par ceux qui détiennent la morale et le pouvoir ("car l'Eternel châtie celui qui l'aime, Comme un père l'enfant qu'il chérit") Portée par une écriture directe, pleine d'ironie et d'humour, Lauren Hough embarque le lecteur dans ses différentes vies - à tel point qu'il finit par penser que c'est de la fiction-. Il est projeté au coeur même de l'apprentissage, là où consentement, esprit critique et prises de consciences se révèlent et permettent à l'in- dividu de trouver sa place, d'être présent à soi pour devenir un être agissant et faire quelque chose de sa vie. Une perspective de vie en forme d'appel à l'esprit humain. Ici se situe la puissance de La fureur de vivre, un livre féministe joyeux, enthousiaste malgré tout !

03/2023

ActuaLitté

Littérature française

Allégeance. L’Esprit Sournois du Hasard

Laure furète en quête d'un nouveau gagne-pain, lorsqu'elle fait connaissance de Karl surgi de nulle part. Un de ces jours ordinaires où l'on découvre plus tard qu'il ne l'était pas. Elle quitte Berlin pour Saratoga, là où se conçoit l'avenir numérique de la planète. Une charmante idylle se noue. Divers incidents l'entacheront pourtant, et la conduiront à des actions aux effets en chaîne aussi démesurés qu'inattendus. Rien ne prédestinait Laure à frôler des fausses barbes. Un univers qui s'exclut des feux de la rampe, évite la vacuité des discours, slalome entre le vrai et le faux, le dit et le non-dit, et agit sur ordre aux frontières du droit, voire très largement au-delà. Un monde obscur, boulimique de cyber-technologies. Des moustaches hybrides version 2. 0 en somme, mais nullement à l'abri d'un grain de sable, fut-il virtuel... Fruit de l'imagination porté par le réel, l'auteur a conçu la trame du roman Allégeance comme un désir de conjurer un futur réputé improbable qui prendrait des allures vraisemblables. Pousser tel ou tel curseur par le biais de l'écriture, puis en évaluer les possibles effets, n'est-ce pas là s'offrir la possibilité de cerner les éventuelles mauvaises graines qui ne demanderaient qu'à germer, puis à dominer. A moins qu'elles ne s'épanouissent déjà et que nous n'en discernions pas encore toutes les formes et l'insidieuse cohérence ?? Comment éviter le pire, même s'il n'est jamais certain ?? Si la littérature a des pouvoirs limités, au moins permet-elle de prolonger des courbes tendancielles, de les tordre ou de les infléchir, et tenter d'y décerner où, potentiellement, elles nous entraîneraient en catimini. Le roman n'est-il pas le bon support pour supputer des situations, y compris les plus absurdes ou les plus dantesques, mais non dépourvues de sens ?? Si nécessaire, n'est-ce pas sa vocation d'oser faire un pas de côté sur un chemin, semble-t-il, tout tracé et sans encombre, afin de creuser des situations concevables dont, justement, il semble particulièrement déraisonnable de penser qu'elles ne le soient pas ?? Pareille démarche n'est-elle pas déontique, alors que la présente période prend tous les atours d'un contexte de ruptures aux composantes disparates, mais convergeant en direction d'horizons très hasardeux ?? Nous connaissons tous à peu près le monde que nous quittons, mais les incertitudes sur les lendemains tenaillent les coeurs et les pressentiments sombres s'emparent des esprits en les noyant de sourdes inquiétudes. Mais, qu'on ne se méprenne pas. Avec Allégeance, Franck Leroy nous invite dans un roman, non dans une sorte de croisade donquichottesque. Un roman aux antipodes des récits prophétiques imprégnés de radicalisme apocalyptique où se colportent gazouillis, médiocres logorrhées ou suites poussiéreuses de petits dogmes aussi faciles à formuler qu'à digérer. Dans Allégeance, les circonstances, les rôles et les scènes attestent d'une parfaite maîtrise du sujet, des lieux et des sphères où l'intrigue se déroule. Confrontés à des événements qui les dépassent, les personnages pilotent leurs affects à vue. Les dialogues de situations ciselés d'une tonalité sonnant juste, peignent les acteurs avec finesse. Avec Allégeance, nous avons là un récit dynamique et harmonieux. Une narration captivante, une succession de chapitres rythmés de rebondissements où s'enchevêtrent cabale, mystère, passion et tragédie. Ce qui n'était qu'un projet voici quatre-cinq ans est bouclé. Il est finalisé par cet ouvrage d'un total de près de mille pages, édité en trois volumes pour en faciliter l'accès. Le premier paraîtra au cours du printemps. Les autres seront diffusés dans l'année. Une pré-édition des trois tomes est d'ores et déjà disponible pour la presse.

06/2023

ActuaLitté

Littérature française

Allégeance Tome 2 : Trouble massacre au couchant

Allégeance - Trouble massacre au couchant [Tome 2] constitue la suite du premier volume Allégeance - L'Esprit Sournois du Hasard. Laure furète en quête d'un nouveau gagne-pain, lorsqu'elle fait connaissance de Karl surgi de nulle part. Un de ces jours ordinaires où l'on découvre plus tard qu'il ne l'était pas. Elle quitte Berlin pour Saratoga, là où se conçoit l'avenir numérique de la planète. Une charmante idylle se noue. Divers incidents l'entacheront pourtant, et la conduiront à des actions aux effets en chaîne aussi démesurés qu'inattendus. Rien ne prédestinait Laure à frôler des fausses barbes. Un univers qui s'exclut des feux de la rampe, évite la vacuité des discours, slalome entre le vrai et le faux, le dit et le non-dit, et agit sur ordre aux frontières du droit, voire très largement au-delà. Un monde obscur, boulimique de cyber-technologies. Des moustaches hybrides version 2. 0 en somme, mais nullement à l'abri d'un grain de sable, fut-il virtuel... Fruit de l'imagination porté par le réel, l'auteur a conçu la trame du roman Allégeance comme un désir de conjurer un futur réputé improbable qui prendrait des allures vraisemblables. Pousser tel ou tel curseur par le biais de l'écriture, puis en évaluer les possibles effets, n'est-ce pas là s'offrir la possibilité de cerner les éventuelles mauvaises graines qui ne demanderaient qu'à germer, puis à dominer. A moins qu'elles ne s'épanouissent déjà et que nous n'en discernions pas encore toutes les formes et l'insidieuse cohérence ?? Comment éviter le pire, même s'il n'est jamais certain ?? Si la littérature a des pouvoirs limités, au moins permet-elle de prolonger des courbes tendancielles, de les tordre ou de les infléchir, et tenter d'y décerner où, potentiellement, elles nous entraîneraient en catimini. Le roman n'est-il pas le bon support pour supputer des situations, y compris les plus absurdes ou les plus dantesques, mais non dépourvues de sens ?? Si nécessaire, n'est-ce pas sa vocation d'oser faire un pas de côté sur un chemin, semble-t-il, tout tracé et sans encombre, afin de creuser des situations concevables dont, justement, il semble particulièrement déraisonnable de penser qu'elles ne le soient pas ?? Pareille démarche n'est-elle pas déontique, alors que la présente période prend tous les atours d'un contexte de ruptures aux composantes disparates, mais convergeant en direction d'horizons très hasardeux ?? Nous connaissons tous à peu près le monde que nous quittons, mais les incertitudes sur les lendemains tenaillent les coeurs et les pressentiments sombres s'emparent des esprits en les noyant de sourdes inquiétudes. Mais, qu'on ne se méprenne pas. Avec Allégeance, Franck Leroy nous invite dans un roman, non dans une sorte de croisade donquichottesque. Un roman aux antipodes des récits prophétiques imprégnés de radicalisme apocalyptique où se colportent gazouillis, médiocres logorrhées ou suites poussiéreuses de petits dogmes aussi faciles à formuler qu'à digérer. Dans Allégeance, les circonstances, les rôles et les scènes attestent d'une parfaite maîtrise du sujet, des lieux et des sphères où l'intrigue se déroule. Confrontés à des événements qui les dépassent, les personnages pilotent leurs affects à vue. Les dialogues de situations ciselés d'une tonalité sonnant juste, peignent les acteurs avec finesse. Avec Allégeance, nous avons là un récit dynamique et harmonieux. Une narration captivante, une succession de chapitres rythmés de rebondissements où s'enchevêtrent cabale, mystère, passion et tragédie. Ce qui n'était qu'un projet voici quatre-cinq ans est bouclé. Il est finalisé par cet ouvrage d'un total de près de mille pages, édité en trois volumes pour en faciliter l'accès. Le premier paraîtra au cours du printemps. Les autres seront diffusés dans l'année. Une pré-édition des trois tomes est d'ores et déjà disponible pour la presse.

11/2023

ActuaLitté

Thrillers

Allégeance Tome 3 : Double jeu aux limites obscures

Allégeance - Double jeu aux limites obscures [Tome 3] constitue la suite et fin du roman Allégeance [ tome 1 - L'Esprit Sournois du Hasard et Tome 2 - Trouble massacre au couchant] . Laure furète en quête d'un nouveau gagne-pain, lorsqu'elle fait connaissance de Karl surgi de nulle part. Un de ces jours ordinaires où l'on découvre plus tard qu'il ne l'était pas. Elle quitte Berlin pour Saratoga, là où se conçoit l'avenir numérique de la planète. Une charmante idylle se noue. Divers incidents l'entacheront pourtant, et la conduiront à des actions aux effets en chaîne aussi démesurés qu'inattendus. Rien ne prédestinait Laure à frôler des fausses barbes. Un univers qui s'exclut des feux de la rampe, évite la vacuité des discours, slalome entre le vrai et le faux, le dit et le non-dit, et agit sur ordre aux frontières du droit, voire très largement au-delà. Un monde obscur, boulimique de cyber-technologies. Des moustaches hybrides version 2. 0 en somme, mais nullement à l'abri d'un grain de sable, fut-il virtuel... Fruit de l'imagination porté par le réel, l'auteur a conçu la trame du roman Allégeance comme un désir de conjurer un futur réputé improbable qui prendrait des allures vraisemblables. Pousser tel ou tel curseur par le biais de l'écriture, puis en évaluer les possibles effets, n'est-ce pas là s'offrir la possibilité de cerner les éventuelles mauvaises graines qui ne demanderaient qu'à germer, puis à dominer. A moins qu'elles ne s'épanouissent déjà et que nous n'en discernions pas encore toutes les formes et l'insidieuse cohérence ?? Comment éviter le pire, même s'il n'est jamais certain ?? Si la littérature a des pouvoirs limités, au moins permet-elle de prolonger des courbes tendancielles, de les tordre ou de les infléchir, et tenter d'y décerner où, potentiellement, elles nous entraîneraient en catimini. Le roman n'est-il pas le bon support pour supputer des situations, y compris les plus absurdes ou les plus dantesques, mais non dépourvues de sens ?? Si nécessaire, n'est-ce pas sa vocation d'oser faire un pas de côté sur un chemin, semble-t-il, tout tracé et sans encombre, afin de creuser des situations concevables dont, justement, il semble particulièrement déraisonnable de penser qu'elles ne le soient pas ?? Pareille démarche n'est-elle pas déontique, alors que la présente période prend tous les atours d'un contexte de ruptures aux composantes disparates, mais convergeant en direction d'horizons très hasardeux ?? Nous connaissons tous à peu près le monde que nous quittons, mais les incertitudes sur les lendemains tenaillent les coeurs et les pressentiments sombres s'emparent des esprits en les noyant de sourdes inquiétudes. Mais, qu'on ne se méprenne pas. Avec Allégeance, Franck Leroy nous invite dans un roman, non dans une sorte de croisade donquichottesque. Un roman aux antipodes des récits prophétiques imprégnés de radicalisme apocalyptique où se colportent gazouillis, médiocres logorrhées ou suites poussiéreuses de petits dogmes aussi faciles à formuler qu'à digérer. Dans Allégeance, les circonstances, les rôles et les scènes attestent d'une parfaite maîtrise du sujet, des lieux et des sphères où l'intrigue se déroule. Confrontés à des événements qui les dépassent, les personnages pilotent leurs affects à vue. Les dialogues de situations ciselés d'une tonalité sonnant juste, peignent les acteurs avec finesse. Avec Allégeance, nous avons là un récit dynamique et harmonieux. Une narration captivante, une succession de chapitres rythmés de rebondissements où s'enchevêtrent cabale, mystère, passion et tragédie. Ce qui n'était qu'un projet voici quatre-cinq ans est bouclé. Il est finalisé par cet ouvrage d'un total de près de mille pages, édité en trois volumes pour en faciliter l'accès. Le premier paraîtra au cours du printemps. Les autres seront diffusés dans l'année. Une pré-édition des trois tomes est d'ores et déjà disponible pour la presse.

02/2024

ActuaLitté

Notions

L'incommensurable, l'inouï, la vraie vie

L'incommensurable, l'inouï et la vraie vie Présentation L'incommensurable, l'inouï, la vraie vie sont les titres d'ouvrages de François Jullien. Ce sont trois concepts qui forment un triangle isocèle dont l'incommensurable et l'inouï sont les deux angles de base et la vraie vie le sommet. L'incommensurable dit la fêlure qui se découvre en beaucoup de points de notre expérience : tout n'y est pas bord-à-bord ou de plain-pied. Comme dans les nombres incommensurables, un hiatus y subsiste qu'on peut vouloir boucher mais qui ne se réduit pas. L'incommensurable dit simplement que cela n'entre pas dans la commune mesure que constitue l'ordre des nombres. Ainsi entre le plaisir et la jouissance, qu'on dit pourtant synonymes : le premier laisse mesurer sa satisfaction, l'autre a versé dans l'oubli de toute satisfaction. Il y a de l'incommensurable également entre la relation sociale et la relation intime : on fait un saut irrésorbable de l'une à l'autre. Parce qu'elle est irréductible, cette fêlure d'incommensurable ouvre un infini dans l'expérience. L'infini n'est donc pas seulement aux extrémités de l'expérience (l'infiniment grand ou l'infiniment petit), comme on se le représente d'ordinaire. Il se découvre au coeur de l'expérience un infini irréductible qu'on ne peut éliminer : notre existence est traversée de ces fêlures d'infini. Ces ressources d'incommensurable sont à détecter, mais à garder comme des ruptures, sans vouloir les boucher par autre chose, par du Sens et de l'idéologie. En regard de l'incommensurable, l'inouï dit, non la fêlure, mais le débordement de notre expérience. L'inouï est ce qui reste à la lisière et que d'ordinaire on n'entend pas. Car l'expérience ne devient " expérience " qu'en se rangeant dans des cadres déjà constitués : elle laisse donc échapper ce qui n'y trouve pas d'emblée sa place et qui par-là demeure " in-ouï ". Cet inouï n'est pas pour autant l'extraordinaire ou l'exceptionnel avec lesquels on le confond, car il peut être au contraire le plus ordinaire. L'inouï, autrement dit, est plutôt l'autre nom du " réel ", mais du réel auquel on n'accède pas parce qu'on ne peut le ranger dans l'expérience balisée ; et c'est pourquoi on le projette par commodité à l'extrémité de notre expérience et qu'on en fait de l' " extraordinaire " ou de l' " insolite ", comme le fait dans sa définition le dictionnaire pour nous en débarrasser. Que l'inouï puisse être le plus ordinaire, se vérifie d'ailleurs le plus simplement : vivre est de tout le plus inouï. Nous ne cessons de vivre, mais sans nous rendre compte de l'inouï de vivre, parce que vivre ne se laisse pas enfermer dans les cadres et les cases de notre expérience. Aussi faut-il fêler ces cadres figés de notre expérience pour pouvoir en déborder et commencer d'en entendre l'inouï. Tel est donc l'inintégrable qui relie l'incommensurable et l'inouï et les instaure en vis-à-vis. C'est pourquoi aussi, fêlure et débordement allant de pair, il faut fêler notre langage ordinaire pour le faire déborder dans sa capacité de dire, comme notre vie dans sa capacité d'exister, et pouvoir y dire l'inouï - ce que fait la poésie. Comme l'in-commensurable, comme l'in-ouï, la " vraie vie " est également un concept à entendre en creux, de façon négative ou plutôt nég-active, même s'il s'affirme en plénitude. Car le concept de vraie vie n'énonce pas quelque vérité sur la vie ni n'indexe la vie sur une vérité, mais fait ressortir ce qui est l'opposé de la " non-vie ", de la vie qui " ne vit pas ", de la vie qui n'est pas " une vie ", qui n'est au fond qu'une apparence de vie. Sa logique n'est pas celle de la fêlure comme l'incommensurable ou du débordement comme l'inouï, mais elle est celle du dé-couvrement : retirer ce qui masque la capacité de la vie à vivre et qui l'étiole. La vraie vie, autrement dit, se révèle quand s'y dégage ce qui recouvre l'expérience de la vie au point qu'on n'en perçoit plus ni l'incommensurable ni l'inouï. C'est pourquoi le concept de vraie vie est l'aboutissement des deux autres comme à leur départ, à la fois leur horizon et leur condition. Auteurs Jean-Pierre Bompied, enseignant de philosophie, a publié récemment Penser par écart, le chantier conceptuel de François Jullien, Descartes& Ce, 2019. Linda Branco, artiste (art souterrain et art collaboratif), anime l'association Décoïncidences Pascal David, philosophe, a publié de nombreux ouvrages, Penser la Chine, interroger la philosophie avec François Jullien, Hermann, 2016 Alain Douchevsky, philosophe, collabore à la revue Approches Patrick Hochart enseigne la philosophie à l'UniversitéParisVII-Paris Diderot Etienne Klein, physicien, philosophe des sciences, a publié de nombreux ouvrages et récemment Le goût du vrai, Gallimard, 2020 François L'Yvonnet, philosophe, éditeur (Editions de l'Herne), a publié récemment François Jullien, une aventure qui a dérangé la philosophie, Grasset, 2020 François Jullien, philosophe, a commencé son travail en Chine avant de déployer sa puissance conceptuelle et sa singularité dans de multiples domaines. Il est l'un des penseurs contemporains les plus traduits dans le monde.

01/2023

ActuaLitté

Economie

Les déchirures. France Télécom, Goodyear, Air France, Continental, paysannerie...

L'entreprise mauvaise-mère ! Ce texte de Maxime Vivas est salutaire : il nous rappelle que les actes chemisophes ne sont que l'autre face d'une violence beaucoup plus forte qui régit la vie des entreprises. La gauche s'est longtemps accordée sur le fait que l'entreprise était d'abord un lieu d'extorsion de la plus value, que les patrons ne sont riches que parce qu'ils exploitent leurs salariés en ne payant que ce qui est socialement nécessaire à un moment donné pour reproduire la force de travail. Le patronat avait dû au cours du XXe siècle mettre du social dans son eau de messe (car on ne dira jamais assez la responsabilité des églises dans la soumission des petits aux grands) compte tenu de la peur des rouges et d'un rapport de force plus favorable aux salariés. La lutte des classes existe donc bien avant même que les classes n'aient conscience d'elles-mêmes. Louis Althusser disait que la lutte ne ressemblait pas à un match de foot rassemblant deux équipes qui préexisteraient avant d'en venir aux combats plus ou moins civilisés. La lutte des classes existe dès qu'une minorité s'approprie le fruit du travail de tous les autres. Maxime Vivas nous rappelle donc en creux cette vérité première mais, en évoquant l'évolution des modes de management, il nous montre aussi que le pire est toujours possible, il nous permet de nous souvenir que depuis qu'existe l'entreprise au sens moderne du terme, les patrons n'ont eu de cesse de dépouiller les salariés non seulement de l'essentiel de la valeur qu'ils créent, mais aussi de leur savoir-faire, de leur culture de métier, de leur solidarité, etc. L'entreprise d'antan était un bagne mais les frontières de classes étaient plus visibles/lisibles. Le coup de génie du patronat moderniste a été sa volonté de s'emparer non plus seulement des gestes et de l'intelligence des salariés mais de leur âme, de leur sensibilité, de leur être. Ainsi après la maudite taylorisation des gestes, on a vu se généraliser la taylorisation du sourire. Conséquence : l'entreprise, malgré (ou grâce à ?) tous ses beaux discours sur l'importance des mal-nommées "relations humaines" refuse d'accéder à la reconnaissance de l'autre. La France est, selon deux rapports du Bureau International du travail (ONU), en tête des pays "avancés" pour la violence au travail. L'INSEE estime, pour sa part, que sept millions de Français sont concernés. La médecine du travail évalue à plus de 90 % les médecins ayant déjà eu connaissance d'au moins un cas de harcèlement au travail et 21 % d'entre eux considèrent ce phénomène comme fréquent : 97 % des victimes souffrent de complications morbides se traduisant par des insomnies, de l'anxiété, de la dépression, des troubles digestifs ou cutanés, etc. On veut croire que ce harcèlement serait le fait de "petits chefs" pervers ou de "pauvres" patrons obligés d'en user à cause des rigidités du droit du travail (sic). Si la France est championne de la violence au travail, ce n'est pas parce que les managers français seraient plus sadiques que les autres, ni parce que les salariés français seraient plus fragiles, mais parce que les Français accordent une bien grande importance au travail. J'ai personnellement tendance à le regretter mais les Français, contrairement aux autres peuples, classent le travail, avant la famille, avant les amis, avant le politique ou le religieux. Nous souffrons au travail car nous sommes plus que d'autres prisonniers de l'idéologie du travail et parce que les nouveaux modes de management nous empêchent de travailler comme nous le souhaiterions, c'est-à-dire correctement, conformément à l'image que le salarié français, amoureux de son travail, se fait du travail "bien fait", du travail "comme-il-faut". Cet amour du travail bien fait n'est pas le propre des constructeurs de cathédrales, comme on l'entend trop souvent, mais des ouvriers, des employés, des cadres, d'ici et maintenant. L'entreprise ne peut entendre cette prétention à bien travailler, c'est pourquoi elle multiplie aujourd'hui les fiches de post e et les fiches techniques dans le but de tout formaliser , dans le but de standardiser, d'uniformiser, faute d'admettre une vraie coopération d ans le travail. Conséquence : elle n'a de cesse de déshumaniser ce qui réside au coeur du travail humain, l'importance des collectifs de travail , la primauté aussi de l'utilité même du travail. L'entreprise moderne est devenue, pour cette rais on, une "mauvaise mère" qui dévore son personnel. Loïck Roche, directeur de l'école supérieure de commerce de Grenoble, explique ainsi dans "Psychanalyse, sexualité et management" que les deux modes de management qui tendent à se développe r le plus vite sont le management oral et anal et non le management génital. Par manager oral, il désigne ces nouveaux chefs, champions dans l'art de la parole, incapable de supporter qu'une autre parole que celle officielle puisse simplement exister, grands amoureux des honneurs (grands bureaux, belles voitures de fonction, etc.), spécialistes de la manipulation mentale sous prétexte de motivation toujours insuffisante des salariés. Par manager anal, il désigne ces nouveaux chefs, qui n'agissent que pour dominer, qui n'ont en tête que l'idée de punir et de surveiller, qui cèdent au fantasme de toute-puissance, non seulement en pervertissant les relations humaines mais en s'appropriant de s rémunérations obscènes, etc. Le manager dit génital serait celui qui sait reconnaître en l'autre un autre, avec sa culture propre, avec ses intérêts spécifiques, autant dire que ce manager "démocratique" se fait rare. L'entre prise moderne pourrait donc très bien exister aujourd'hui sans harceler pour exclure mais elle ne peut plus se passer d'une nouvelle forme d e harcèlement visant à intégrer à sa sauce managériale, MEDEFienne afin d'empêcher tout autre parole que la sienne d'exister... L'absence de droit à la parole a toujours été le terreau le plus propice au développement de la contre-violence salariale, celle des grèves dures et des séquestrations de cadres ou patrons. Les actes chemisophobes relèvent donc, non seulement de la légitime défense de ceux qui ont le sentiment d'être privés de parole donc d'existence véritable, mais d'un moindre mal. Ces actes chemisophobes ne sont-ils pas préférables aux "jambinisations" qui consistaient à tirer dans les jambes des petits chefs les plus salauds dans l'Italie des années soixante-dix ? La vision "bisounours" de l'histoire ne sert que ceux qui ont le monopole de la parole. Renforcer les droits collectifs des salariés dans l'entreprise serait la meilleure assurance possible pour préserver en état les chemises des dirigeants. Celles et ceux qui ont le sentiment légitime de ne jamais être entendus, celles et ceux qui perdent dans l'affaire bien plus que leur chemise ont le besoin parfois de poser des actes symboliques forts. Ces actes chemisophobes relèvent bien d'une thérapie face aux vagues de suicide.

05/2016

ActuaLitté

Monographies

Chefs d'oeuvre de la collection Bemberg

Véritable cosmopolite d'autrefois, et homme de culture de toujours, Georges Bemberg est l'héritier d'une vieille famille vivant depuis longtemps entre l'Ancien et le Nouveau Monde. Si c'est en 1841 que le banquier Charles-Juste Bugnion achète la campagne de l'Hermitage, située sur une colline dont la vue superbe sur la cathédrale de Lausanne et le lac avait déjà été immortalisée par Camille Corot en 1825, c'est peu d'années plus tard que la famille Bemberg quitte Cologne, en Allemagne, et traverse l'Atlan- tique pour y commencer une nouvelle vie. Georges Bemberg aurait pu être pianiste, compositeur, écrivain, ou encore auteur de théâtre mais, avec une discrétion et un sens du secret qu'il érige en règle de vie, c'est en collectionneur qu'il se consacra à l'art. Jusqu'à ses derniers jours, il partage son temps entre Paris où il réside le plus souvent, New York dont il aime l'énergie et les hivers, et Buenos Aires auquel il garde un attache- ment profond. Né en Argentine en 1915 dans une famille luthérienne d'industriels, il grandit en France. Pianiste talentueux envisageant un temps de devenir compositeur, il choisit Harvard pour ses études afin de rejoindre Nadia Boulanger et côtoyer toute l'élite des compositeurs du xxe siècle. Finalement, il renonce à la carrière musicale, trop exclusive à son goût, pour se lancer dans la création littéraire. Diplômé en littérature comparée anglaise et française, il devient alors un familier des cercles d'écrivains et de poètes de la Nouvelle-Angleterre et rencontre de grands auteurs comme John Dos Passos ou Edmund Wilson. Il publie différents ouvrages et certaines de ses pièces sont jouées avec succès off-Broadway. En Argentine, il fréquente les milieux intellectuels sud-améri- cains et sa cousine Victoria Ocampo lui ouvre sa fameuse revue littéraire SUR. En France, ses nouvelles et poèmes au style subtil et sensible sont favorablement accueillis par la critique. Néanmoins, au-delà de la multiplicité de ses talents, il consacre sa vie à sa passion pour les beaux-arts. De sa famille, généreux mécène à qui l'on doit la Maison de l'Argentine à la Cité universitaire de Paris, et plus particulièrement d'un oncle, élève de Picasso, Georges Bemberg hérite de l'amour de la peinture. C'est à New York, alors âgé d'une vingtaine d'années, qu'il fait l'acquisition d'une gouache de Pissarro, remarquée chez un marchand et obtenue pour 200 dollars. "C'est pour un musée" dit-il, pour cacher sa timidité et anticipant inconsciemment son désir profond. Aux Etats- Unis, puis en France après la guerre, Georges Bemberg se familiarise avec le marché de l'art et parcourt les ventes. A Paris, il est ébloui par Bonnard et va constituer, au fil des ans, un des plus grands ensembles de ce peintre, riche de plus de trente toiles. Il le complètera par un nombre important d'autres signatures de la fin du xixe et du début du xxe siècle, impression- nistes, nabis et fauves. Il réunira également près de deux cents tableaux anciens, du xvie au xviiie siècle, dont des portraits de Clouet, Benson et Cranach. Son amour pour Venise le pousse à collectionner les maîtres vénitiens tels que Canaletto et Guardi. Toutes les formes d'expression artistique le passionnent. Ainsi, de remarquables bronzes de la Renaissance, de splendides reliures, une foule d'objets précieux ou encore des meubles de grands ébénistes viennent s'ajouter à sa collection, qu'il ne va jamais cesser d'enrichir. Dans les années 1980, Georges Bemberg recherche un lieu où abriter sa collection et la partager avec le public, considérantque les beaux objets doivent finir dans un musée pour être vus par tous. C'est ainsi que lui vient l'idée de créer une Fondation, seul moyen de préserver sa collection dans son intégrité, tout en la rendant accessible. La splendeur de l'Hôtel d'Assézat que la municipalité de Toulouse lui propose de mettre à sa disposition, le convainc d'installer sa collection dans la ville. Le voeu du collectionneur peut se réaliser : abriter les oeuvres et les objets témoignant d'une vie tout entière consacrée à la recherche artistique dans un lieu hors du commun. Investi dans la mise en scène de l'oeuvre de sa vie, il crée un décor semblable à celui d'une noble maison particulière, renouant ainsi avec la vocation première de l'hôtel d'Assézat. Ce qui distingue la collection Bemberg et qui en fait tout le charme et la personnalité, c'est qu'elle n'est rien d'autre que le reflet fidèle du goût et du tempérament de son auteur. Celui-ci a choisi chaque tableau, chaque objet, pour la seule beauté et l'émotion que leur contem- plation éveillait en lui. Régulièrement, dans le plus grand anonymat, Georges Bemberg venait voir ses oeuvres installées dans l'écrin qu'il leur avait choisi et, toujours sans se faire connaître, se plaisait à écouter les commen- taires élogieux des visiteurs. Lieu d'exception s'il en est, l'hôtel d'Assézat appartient depuis plus de cent ans à la Ville de Toulouse. Sa construction, qui remonte à la seconde moitié du xvie siècle, est due à Pierre Assézat, négociant ayant fait fortune dans le pastel, plante tinctoriale dont le commerce était alors florissant. Venu d'Espalion, en Aveyron, au début du xvie siècle pour rejoindre ses frères aînés déjà associés à ce commerce, Pierre Assézat en devient l'héritier et le successeur en 1545. Marié à la fille d'un capi- toul, receveur général de la reine douairière Eléonore d'Autriche, il accéde au Capitoulat en 1552. Dès 1551, il commence à acquérir les terrains nécessaires à la construction d'une "grande maison" . Le 26 mars 1555, il conclut un bail à besogne avec le maître-maçon Jean Castagné et l'architecte sculpteur Nicolas Bachelier pour la construction du corps de logis formé de deux ailes perpendiculaires reliées par un escalier. A la mort de Nicolas Bachelier en 1557, son fils Dominique dirige les travaux du pavillon d'entrée, de la galerie ouverte sur la cour et enfin, de la "coursière" 4 qui anime le mur mitoyen aveugle. En 1761, les descendants de Pierre Assézat vendent l'hôtel au baron de Puymaurin, qui modernise façades et appartements. L'hôtel d'Assézat nous parvient donc après deux campagnes de travaux bien distinctes : l'une, datant de la Renaissance, met en place la composition générale, le dessin des façades, la superposi- tion des ordres dorique, ionique et corinthien, l'importance donnée à tous les éléments d'architecture par l'emploi de la pierre ; l'autre, remontant au xviiie siècle, voit les fenêtres à meneaux remplacées par de grandes fenêtres au premier niveau, pour éclairer les salons nouvellement créés. Au xixe siècle, après avoir été transformé en entrepôts et en bureaux, l'hôtel d'Assézat fut acheté par la banque Ozenne et légué en 1895 à la Ville de Toulouse. C'est au terme d'une étude de plusieurs années qu'a pris forme le projet de réhabilitation de l'édifice et son aménagement en vue d'abriter la collection Bemberg. Les travaux, commencés en 1993, se sont achevés début 1995, et la Fondation Bemberg a ouvert ses portes dans un bâti- ment entièrement rénové et réaménagé en fonction de sa nouvelle vocation culturelle. La Fondation Bemberg a réalisé une première extension et une rénovation de ses espaces en 2001, ce qui a permis d'y intégrer de nouveaux espaces comme l'auditorium, les ateliers pédagogiques, etc. A l'issue de près de 25 ans d'activités, le musée nécessite des aménagements plus adaptés à sa fréquen- tation et aux attentes du public, notamment en ce qui concerne l'accueil. Afin d'offrir la meilleure expérience possible à chacun de ses visiteurs, le conseil d'administration de la Fondation Bemberg a décidé d'un ambi- tieux chantier de rénovation, prévu de la fin de l'année 2020 au début 2022. Ce projet est l'aboutissement d'une réflexion en profon- deur sur les aspects techniques et la conser- vation préventive, ainsi que sur les aspects fonctionnels et notamment sur le parcours, les agencements muséographiques, les systèmes d'éclairage ainsi que les dispositifs de média- tion associés. Différents paramètres sont ainsi intégrés : muséographie, architecture, patri- moine, fonctions, et techniques. La Fondation Bemberg ou l'art de se réinventer... A l'heure où cette dernière a fermé ses portes pour un an afin de de se préparer pour une nouvelle vie, elle consent un prêt tout à fait exceptionnel. En effet, depuis sa création, c'est la première fois que la Fondation Bemberg, en dehors des prêts individuels qu'elle pratique toujours avec joie, prête ici une très large sélection des chefs-d'oeuvre de sa collection de peintures. Nul doute que, européen convaincu et amou- reux des beaux lieux, Georges Bemberg aurait apprécié de voir nombre de ses tableaux favoris dans le cadre attachant et romantique de la Fondation de l'Hermitage, en attendant que le rêve de sa vie fasse peau neuve...

03/2021