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Littérature française

Les machines célibataires

En 1954, le surréaliste Michel Carrouges publie Les Machines célibataires (le terme vient de Marcel Duchamp pour désigner la partie inférieure de son Grand Verre - soit La mariée mise à nu par ses célibataires, même), érigeant cette notion en mythe contemporain. Pour appuyer son propos, il puise dans la littérature toutes sortes de machines imaginaires et tentaculaires conçues par des auteurs comme Franz Kafka, Lautréamont ou encore Alfred Jarry. Une deuxième édition augmentée paraît en 1976. Nous rééditons aujourd'hui cet ouvrage légendaire depuis longtemps épuisé. Marcel Duchamp introduit la machine célibataire dans le monde de l'art avant que Carrouges ne poursuive son exploration du côté de la littérature tout en prenant l'oeuvre de l'artiste comme point de départ. En 1954, Carrouges rassemble une série de textes-machines dans un répertoire où se côtoient Kafka et La Colonie pénitentiaire, Raymond Roussel et son Locus Solus, Alfred Jarry et Le Surmâle, Edgar Allan Poe et Le Puits et le Pendule, Hillel-Erlanger et Les voyages en kaléidoscope, Villiers et l'Eve future. Puis trois nouvelles machines viennent s'ajouter dans l'édition de 1976 : Adolfo Bioy Casares avec L'invention de Morel, Lautréamont et ses chants de Maldoror, et enfin Jules Verne avec Le château des Carpates. Quel est le trait en commun entre toutes ces oeuvres ? Que mettent-elles à chaque fois en scène ? Le mouvement autosuffisant d'une machine qui obéit à des règles strictes renvoyant à l'impitoyable indifférence d'une technique qui porte la mort comme l'extase.

05/2024

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Littérature française

Un carrousel sur la mer, du sang et des coquelicots

A la fois roman d'amour et roman policier. Ecriture poétique pour cette longue lettre d'amour (parfois de haine), adressée par le narrateur à une personne qu'il nomme Madame, à la façon de confidences, mais aussi comme monologue. Le but de ce roman est de montrer la puissance de l'imagination, but pleinement atteint, puisque le lecteur s'y laisse entraîner sans résistance. Un homme aveugle plante le décor dès les premières lignes : Solitude, tristesse, et annonce abrupte de l'assassinat d'une dame âgée, dans son village de Belgique, Aumont. Le narrateur redoute l'assassin, mais il en deviendra l'ami très proche. Il nous apprend que la perte de sa vue est survenue lors d'un accident, alors qu'il avait treize ans, dû à la négligence de son père, qui, lui, a perdu la vie à ce moment-là. Il laisse deviner, en plusieurs endroits, que les relations avec sa mère ont fait de lui à la fois un enfant aimé et mal-aimé. Il nous laisse entendre que la femme à qui il s'adresse n'est pas réelle. Mais ensuite, immédiatement, elle revient dans une intense présence. Jeux de miroirs, de kaléidoscopes. Kaléido est justement le nom donné à son bateau, à bord duquel il a navigué, avec Madame, vers de merveilleux horizons, évoqués avec moult détails, en dépit de sa non-voyance.

06/2015

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Histoire de France

La France de la Renaissance

Si l’on vous dit XVIe siècle, vous pensez immédiatement à la Renaissance, à Chambord, et à Léonard de Vinci. Peut-être aussi à Catherine de Médicis, aux guerres de Religion et à Saint- Barthélemy. Mais, que savons-nous sur les origines de la fraise et sur l’invention de la braguette qu’arbore si fièrement François Ier sur ses portraits ? Sur le langage peu châtié et fort imagé qu’on pouvait entendre de la cour à la rue? Sur les massacres de villageois pratiquant le culte vaudois dans le sud de la France ? Sur la légende d’une Anne de Bretagne, reine de France, chaussée de sabots, noble paysanne qui serait restée fière de sa terre et de sa culture ? Sur les origines de la cédille et sur les différents traitements inventés pour combattre une nouvelle maladie : la syphilis. Enfin, comment un animal aussi ridicule que le coq a-t-il été préféré à tous les autres pour servir de faire-valoir à une nation ? En abordant le XVIe siècle par des entrées aussi variées qu’inattendues, mêlant le culturel, le militaire, le politique et le religieux, dosant savamment l’anecdote croustillante, les événements majeurs et la recherche historiographique la plus pointue, ce Dictionnaire de curiosités nous offre un kaléidoscope haut en couleur, qui restitue la complexité et la richesse d’une époque majeure de l’histoire de France. Didier Le Fur vous invite à partager avec lui une balade. Une balade qui n’omet bien entendu pas les moments et les personnages historiques majeurs, mais qui donnera toujours la préférence aux chemins buissonniers, légers, drôles, insolites et surprenants.

10/2011

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Littérature étrangère

Bilbao-New York-Bilbao

Il se dégage de ce roman, structuré autour d'un vol entre Bilbao et New York, une poésie qui puise à la fois dans l'Atlantique Nord, avec ses marins et ses légendes, et dans l'histoire millénaire d'une des cultures les plus riches et singulières d'Europe : celle du Pays Basque. Kirmen Uribe dessine un pont entre ses deux mondes à travers les lettres, les journaux intimes, les courriers électroniques, les entretiens et même les fragments de dictionnaire avec lesquels il reconstitue ici la destinée de trois générations de sa famille. Au cours de ce voyage vers le passé, certains tableaux révèlent ce qu'ils avaient dissimulé, des récits montrent la bravoure de ceux qu'une époque bâillonnait et un secret soigneusement préservé vient nous rappeler que, même au XXème siècle, la générosité du coeur a su parfois ignorer les conflits d'idées. Petit kaléidoscope magique, dans ce journal de bord en forme de puzzle, les temps, les hommes et les traditions se répondent : sans jamais céder à la nostalgie, Kirmen Uribe rend un hommage soutenu à l'épopée des pêcheurs basques et à un métier qui disparaît peu à peu ; mais il salue également le monde vers lequel nous allons et nous montre qu'au début de ce nouveau siècle, la culture la plus locale peut devenir globale car le particulier réside désormais au cour de l'universel. Ce roman dont la petite musique nous invite incessamment à poursuivre la lecture en est une preuve formidable. Au-delà des frontières, il s'élève comme un hymne à la continuité de la vie qui nous impressionne par sa nouveauté, sa profondeur et sa beauté.

04/2012

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Littérature française

L'avenir de l'intelligence et autres textes

Rééditer Maurras ? A l'heure où paraît ce volume, la question fera probablement débat. Au nom de quels principes des livres déjà existants devraient-ils se voir interdits de nouvelle publication ? Ce serait abdiquer face à des diktats incompatibles à nos yeux avec cette liberté d'expression dont notre pays reste l'un des meilleurs symboles. Pour autant, faut-il livrer tels quels des textes d'auteurs réprouvés à juste titre pour certains de leurs engagements ? L'un des intérêts de les exhumer est précisément de pouvoir apporter aux lecteurs, en s'appuyant sur le travail des meilleurs historiens, tous les moyens de les apprécier en connaissance de cause. Charles Maurras fut au XXe siècle une figure centrale de notre histoire nationale. Après l'avoir influencée de son vivant, ses écrits ont continué d'irriguer, de manière plus souterraine, la vie politique de notre pays, en inspirant aussi bien l'esprit monarchique de nos institutions que les choix géopolitiques de notre diplomatie. Maurras fut aussi l'un des écrivains les plus admirés de sa génération : Proust, Apollinaire ou Malraux ont salué en lui un esthète exigeant et un poète métaphysique dont l'oeuvre puise aux sources gréco-latines, toscanes et provençales. Ce sont tous ces aspects du kaléidoscope Maurras, des polémiques les plus ignobles aux méditations les plus élevées, qui sont présentés dans ce volume. Il rassemble la plupart des grands textes politiques de Maurras, un choix de ses articles de L'Action française, des poèmes érotiques inédits, ainsi que des extraits de son procès de 1945. Le tout accompagné d'un appareil critique non seulement nécessaire, mais surtout parfaitement éclairant. Jean-Luc Barré

04/2018

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Rhône

Caluire-et-Cuire au fil de l'histoire

Un peu au nord de Lyon, la Dombes se resserre et s'élève, comme assaillie par la Saône et le Rhône qui courent vers leur confluence. Se dessine alors un assez vaste plateau à peu près rectangulaire, bordé de balmes abruptes qui dégringolent vers les deux cours d'eau. Sur cet âpre relief, de modestes communautés humaines ont commencé à s'implanter avant et durant le Moyen Age. D'abord à Cuire le Bas face à l'Ile Barbe, puis autour du centre actuel de Caluire... sans doute aussi à Saint-Clair et au Vernay. La beauté, la richesse et l'avantage des lieux, ce sont peut-être les Lyonnais qui les ont découverts les premiers, à la Renaissance. A l'étroit dans leurs murailles, les bourgeois de la grande ville étaient en quête de "maisons des champs" où ils pourraient respirer le bon air et - surtout - se ravitailler en produits de la ferme. C'est alors que Bissardon, Montessuy, Cuire le Haut et Vassieux se sont eux aussi couverts de belles demeures, de jardins et de jardiniers. La suite est pleine de courage, de bruit et de fureur, de travail acharné et de créativité... de bonheur de vivre aussi. Ce sont Bruno Benoit, Bernard Basse et les membres de l'association Histoire et Patrimoine qui vous la raconteront en détail. Dans un livre "kaléidoscope" qui vous permettra de lire l'histoire de Caluire-et-Cuire d'un bout à l'autre ou de la déguster quartier par quartier. Ouvrage publié grâce au soutien de la ville de Caluire-et-Cuire. Avec le concours du Club Photoshop de Lyon.

11/2022

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Littérature française

Non-lieux de la mort

Où en est-on de la mort ? Il y a toujours lieu de se poser la question de mémoire d'homme ! Il parait que la mort reléguée dans les faubourgs de l'urbanité et de la conscience du temps qui passe, expédiée dans des rituels profanes et des contrats-obsèques, est de surcmit assignée en procès. Elle serait un scandale pour les start-up du bionique, de l'intelligence artificielle, du tout "neuro-bio", appelée à être condamnée elle-même en flagrance à une mort prochaine... Vieux rêve d'immortalité ! Tel un OVNI - Opus Vivant Non Identifié -, cet ouvrage polygraphique offre un kaléidoscope inhabituel de fictions, brefs essais et autres dérives spéculatives ou poétiques. Il renouvelle le panorama géographique et juridique conventionnel des lieux et non-lieux de la camarde et des manifestations d'une communauté des morts et des vivants... sans être dénué de fantaisie ! Matières à dérision et réflexion attendent au tournant le lecteur exigeant qui, dérouté, n'en mourra certainement pas, même de rire. Alors que des recherches universitaires sur la culture mortuaire ou le traitement des morts de guerre se distinguent dans une actualité scientifique de vie encore et encore augmentée, les auteurs n'ont nullement recherché dans cet essai littéraire à le cantonner dans quelque approche pluridisciplinaire académique. La voie est au contraire laissée libre à une diversité de genres et de tons tout au long d'une danse allègre de textes, où il est tour à tour question de mort ou de vie : lieux et langages pour le dire, ambivalences à vrai dire, déclaration universelle des droits des morts inédite, et absence de réponses sans fin...

11/2019

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Poésie

Sur le pont des regrets

Si l'avenir se lit dans le marc de café ou au coeur des cartes, le passé, lui, se relit au fond d'un verre vidé entre amis, d'une dérade menés entre camarades ou au fil fragile d'un paysage saisi soudain par la fenêtre d'un train, d'un objet sur lequel bute la main. La mémoire est un enfant à caprices, on se doit de la réveiller délicatement, avec des égards de tendresse inouï, c'est à pareil cérémonial intime que nous convie le romancier, essayiste, et ici poète, Denis Tillinac en nous invitant à traverser son Pont des regrets, un bouquet de poèmes qu'il dévide comme les couplets d'une interminable romance villonnienne, les longues stances d'un blues verlainien. Passent ainsi à leur temps, voix ou silhouettes, le fantôme de Pessoa, les proches que la mort n'a rendu qu'invisibles, tels Jean-Claude Pirotte et Guy Boniface ou les amantes en fuite, un moment étreintes ; surgissent soudain un flipper à Strasbourg Saint-Denis, le flot sans fin d'une highway américaine, la piste d'une sente corrézienne. Eparpillé en proses diverses, son imaginaire d'écrivain a toujours retrouvé ses ports d'attache dans l'aventure poétique. Souvenirs obsédants, émotions glanées sur le fil de l'instant, songeries idéales, aveux peu glorieux, regrets embrumant des plages de bonheur - le voilà tout entier dans ce kaléidoscope. "Joie inquiète coeur aux abois Si c'était la dernière fois... On meurt d'un rien il y a urgence De tout étreindre Gazouillis des mésanges Polychrome des primevères Pâquerettes picorant le gazon mouillé Violettes aux creux des murettes"

10/2019

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Musique, danse

Voyage musical dans l'Europe des Lumières

Le présent volume réunit la traduction de deux livres publiés à Londres, en 1771 et 1773, sous le titre de L'Etat présent de la musique en France et en Italie et L'Etat présent de la musique en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les Provinces-Unies. Leur auteur, qui n'était qu'un musicien sans renom particulier avant de s'embarquer pour le continent, en revenait tout auréolé de ses rencontres avec Grétry, Voltaire, Galuppi, Diderot, Rousseau, Gluck, Métastase et CRE. Bach, sans compter diverses têtes couronnées. Même s'il avait conçu ses voyages comme une étape préparatoire à la rédaction de son Histoire générale de la musique, Burney voua la plus scrupuleuse attention à la vie musicale de son propre temps, dans ses aspects matériels (salles de spectacle, enseignement, statut des musiciens) aussi bien qu'artistiques (théorie, styles de composition et d'exécution). Inlassablement, Burney nous fait revivre ses expériences d'auditeur et de spectateur, avec la précision d'un homme de l'art et avec la pédagogie souriante d'un esprit nourri des philosophes de son siècle. Aux fausses certitudes de nos histoires de la musique, la lecture de Burney oppose le kaléidoscope d'une description éclatée, nous livrant en vrac les mille composantes hétérogènes qui font la musique de son époque, du plain-chant aux quatuors de Haydn, des carillons flamands à l'Iphigénie de Gluck. Véritable pionnier de la vulgarisation musicale, Burney semble avoir trouvé d'emblée le ton juste, puisque Diderot le remerciait ainsi de son premier livre : " J'ai voyagé avec vous, et c'est voyager en bonne compagnie ".

03/2010

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Edition

Les éditeurs. Chronique du monde de l'édition (1970-2021)

Tableau de moeurs, cette chronique restitue de façon réaliste et parfaitement documenté le monde de l'édition, mais en privilégiant moins les hommes que les situations ou les phénomènes qui les façonnent. Tel éditeur, modèle de vertu et de bonhomie durant les années fastes de l'éden éditorial, deviendra un loup dans les années d'apocalypse. Ce n'est ni une autobiographie ni une chronique littéraire ni un roman, sinon un roman vrai jusque dans les moindres détails, une réflexion libre et sans concession sur la création littéraire et son environnement éditorial. A travers deux visions d'un même monde, l'une, sociologique perçue de l'extérieur, l'autre, existentielle, vue de l'intérieur, prennent corps 45 ans d'une vie d'auteur riche en rebondissements et dominée par la lumière d'un sourire, le chant d'une flûte, une mystérieuse histoire d'amour... Comme dans le kaléidoscope de la vie, on y passe du rire aux larmes, de la réflexion au lyrisme, de l'amour à la haine, du succès à l'échec, des humanistes aux escrocs... D'un éditeur l'autre, nous voilà entraînés, du sous-sol au grenier, dans les secrets d'un monde resté inconnu, où certains personnages et maisons d'édition sont désignés sous des pseudonymes, ce qui n'altère en rien l'authenticité du témoignage. Se croisent ici une galerie d'hommes et de femmes hauts en couleur et des situations tour à tour et pittoresques, picaresques ou ténébreuses mais toujours plongés dans cette atmosphère à l'épaisseur balzacienne qu'aucun auteur en renom, enfermé dans sa thébaïde, ne verra ni ne dira jamais.

10/2021

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Sociologie urbaine

Ville et Covid. Un mariage de raisons

Dans la crise sanitaire, économique, sociale et morale qui ébranle le monde depuis janvier 2020, à travers la pandémie du coronavirus, la ville n'a jamais cessé de jouer des rôles ambigus. Partie de Wuhan, capitale de la province du Hubei, emblématique de l'ouverture de la Chine, la maladie est immédiatement associée aux pratiques les plus traditionnelles de commercialisation d'animaux sauvages sur les marchés urbains. Quand la contagion gagne, on hésite entre les logiques des grands flux internationaux des hommes et des choses reliant les zones métropolisées de la planète, et des clusters aléatoires dans des aires de faible occupation démographique. De même, les classiques de la ville sont convoqués sur des modes contradictoires. La densité de l'habitat dans les métropoles est dénoncée, et même fuie. Mais on lui reconnaît des mérites d'efficacité en termes d'accès aux soins, d'innovation ou de défense de l'environnement. L'activité, nécessaire au maintien des niveaux de vie, doit se convertir au télétravail. La mobilité hésite, au grand dam de l'écologie, entre les moyens doux (marche, vélo) et le retour à la voiture individuelle, plus secure que les transports collectifs. La culture, au coeur de la Cité depuis l'Antiquité, mais nécessitant lieux dédiés et proximité spatiale, est mise en pause. En fait, la crise révèle et exacerbe les fractures structurelles de sociétés de plus en plus urbaines. Les témoignages ici réunis additionnent les points de vue de chercheurs en sciences sociales, d'aménageurs, d'élus, et des analyses nationales confrontées à des ouvertures étrangères. Ils s'essaient à transformer le kaléidoscope des faits en reconstructions intelligibles des dimensions spatiales du biologique et du politique.

06/2021

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Philosophie

Parerga et Paralipomena

Les Parerga et Paralipomena, titre grec qui signifie " Accessoires et Restes ", connurent un immense succès en Allemagne à leur parution, en 1851, et furent traduits en France entre 1905 et 1912. Bien qu'ils comptent parmi les textes majeurs d'Arthur Schopenhauer, ils n'ont fait l'objet, depuis, que de parutions marginales. Ils offrent pourtant aux lecteurs de l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation un véritable kaléidoscope des grands thèmes traités par le philosophe : l'ennui, le désespoir, la bouffonnerie des comportements humains. Son pessimisme, qui lui fait dire que " la vie est une affaire qui ne couvre pas ses frais ", connaît ici de nouveaux développements dans ses articles Sur le suicide ou Le Néant de la vie. Schopenhauer propose un art de vivre pour remédier à la douloureuse condition humaine, sous la forme de conseils et de recommandations, comme de pratiquer avec prudence la compagnie de femmes. L'Essai qu'il consacre à celles-ci connut un vif succès auprès d'écrivains français tels Maupassant, Zola, Huysmans et tant d'autres dont Schopenhauer a nourri la misogynie. Evoquant l'influence considérable de la pensée de Schopenhauer sur les créateurs de son temps, Didier Raymond souligne le paradoxe qui veut que son pessimisme ait eu sur beaucoup d'entre eux " les effets bénéfiques d'une libération longtemps attendue. Sa philosophie, écrit-il, confère enfin une certitude au sentiment de désespérance, d'extrême lassitude de l'existence ". Par sa perspicacité philosophique et sa lucidité psychologique, comme par la clarté et la lisibilité de son écriture, cet ouvrage reste à cet égard un stimulant inépuisable.

01/2020

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Monographies

Dior by John Galliano (édition française). 1997-2011

During his time as a student at London's Central Saint Martins, Gibraltar-born British fashion designer John Galliano worked as a dresser at the National Theatre, learning the art of costume and the power of illusion. As a regular in London nightclubs, Galliano met a coterie of artists and colorful personalities, forging strong ties with kindred spirits who would play a decisive role in his career - among which Stephen Jones, who would become Dior's milliner. Following the success of his own brand (founded in 1984,) he was appointed Creative Director of ready-to-wear and haute couture at Givenchy in 1995, before joining Dior in 1996 as Artistic Director of the women's collections. There, he distinguished himself with his extravagant shows that combined eclectic historical and cultural inspirations - a global kaleidoscope of references and unbridled inventiveness, imbued with romanticism and history. The designer's sensitivity for haute couture know-how and innate sense of the spectacular has garnered him a reputation as a master of the silhouette. John Galliano has truly reinvented the art - and the very role - of haute couture, redefining its tropes into a new type of contemporary fashion that combines the influences of his travels - whether real or born of his imagination - and the bountiful heritage of Christian Dior. This book highlights the exceptional silhouettes he created for Dior collection after collection from 1996 to 2011, through his most emblematic models, as photographed by Laziz Hamani, alongside shots by Steven Meisel, Annie Leibovitz, Irving Penn and Paolo Roversi. This singular odyssey is the fifth volume in a new series of books paying tribute to the House's Artistic Directors.

03/2022

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Littérature française

La source du Nil

Longtemps happé par le tourbillon des crises humanitaires, Mathieu Bertaux, délaissant bistouris et certitudes, arrive au Burundi en 2008. Il assiste à la dégradation des fragiles équilibres du pays, une nouvelle fois au bord du bain de sang. Il raconte ce qu'il vit à ses amis, en des lettres où l'humour masque mal un pessimisme croissant. Il écrit aussi à Pablo Miranda, un ami colombien avec qui il a travaillé auparavant dans la cordillère des Andes. Fils de colonel, il vient d'être pris en otage par la guérilla. On n'a pas de nouvelles de lui. Les lettres sont envoyées à sa cousine, Julia, à Carthagène des Indes. Mathieu y mêle son angoisse pour le sort de Pablo au récit trompeur de ses déboires amoureux au Burundi. En écho, " une sorte de journal, mal fichu et sans dates " jette de brusques éclairs sur le passé de Mathieu, né en Indochine et élevé par ses grands-parents dans les Ardennes. Les questions sans réponse de son enfance, les tourments dus à sa maladresse et sa sensibilité, son amour brisé pour Inès, les sortilèges de la violence et du désir forment le kaléidoscope de ce cahier retrouvé par Noélia, la fille de Mathieu. L'évocation récurrente de la source la plus méridionale du Nil, dans le sud du Burundi, unifie sans les confondre les trois plans de ce roman enraciné dans les tourments de la guerre et de la violence, les meurtrissures du temps, les coups du destin, la faiblesse des hommes, l'amour qui s'éteint et veut renaître. Et les mensonges de la fiction.

04/2022

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Théâtre - Pièces

Le visiteur de marbre et autres oeuvres théâtrales. Suivi de Pouchkine et sa musique par Andreï Vieru

Russie, fin du XVIe siècle. Le tsar Boris Godounov languit, dévoré par le remords d'avoir ordonné le meurtre sanglant du petit tsarévitch, âgé d'à peine huit ans. Avec épouvante, il voit resurgir le fantôme de sa victime. Loin de ces intrigues politiques, au coeur de la campagne, la fille d'un meunier trompée par un prince, éperdue de désespoir, se jette dans le Dniepr : elle deviendra Roussâlka, divinité des eaux. Plus loin encore, en Europe, alors que Don Juan est transi d'horreur devant la statue de marbre du commandeur, venue l'entraîner aux enfers, un chevalier rumine des désirs parricides. Et Salieri sanglote en écoutant Mozart jouer son Requiem. Passions, tragédies, histoire, légendes : le théâtre de Pouchkine est un kaléidoscope, qui saisit en quelques pièces tous les registres de l'écriture et de l'inspiration, des grandes figures du folklore ou du mythe aux plus obscurs tourments de l'âme humaine. Il est ici donné dans une traduction d'Andreï Vieru, sans doute la plus apte à rendre la musicalité d'un auteur qui fut avant tout poète - seule la sensibilité d'un grand pianiste pouvait nous emporter dans le rythme et la légèreté mozartienne de ces drames, petits joyaux de la littérature russe qui inspirèrent Moussorgski et Rachmaninov. Andreï Vieru a traduit les pièces de Pouchkine et rédigé l'ample postface de cet ouvrage. Pianiste, il s'est produit en récital, seul ou en musique de chambre, dans les grandes salles parisiennes où il joue Liszt, Bach, Beethoven ou Stravinsky. Ecrivain et philosophe, il a notamment publié Le Gai Ecclésiaste. Regards sur l'art (Seuil, 2007) et Eloge de la vanité (Grasset, 2014).

04/2021

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Littérature étrangère

Quatre maisons et un exil

La cloison est mince entre le petit appartement d'Amir et de Noa et celui des propriétaires, Moshé et Sima. Amir et Noa sont étudiants, l'un à Tel-Aviv, l'autre à Jérusalem ; ce petit deux-pièces dans une maison mitoyenne à Maoz Sion, localité située à mi-chemin des deux villes, leur paraissait donc être la solution idéale. Mais la cohabitation n'est pas simple, ni entre eux ni avec les voisins, qui ont deux enfants et leurs propres problèmes. Sima, devenue femme au foyer, s'ennuie, et les pressions de la famille très religieuse de Moshé, dont les parents habitent au dernier étage de la maison, sont source de conflits. Les voisins d'en face se débattent avec d'autres déchirures : leur fils Guidi est tombé comme soldat au Liban, et Yotam, son petit frère, se sent délaissé, traîne dans les terrains vagues, sèche l'école et se confie à Amir. Dans les rues de Maoz Sion travaille également Sadek, l'ouvrier arabe qui reconnaît dans la maison de la famille de Moshé celle que ses parents ont quittée en 1948 et dont sa mère a toujours la clef... À travers ce kaléidoscope narratif de destins croisés, Eshkol Nevo décrit un pays traversé par des failles de plus en plus profondes : entre Israéliens et Palestiniens, entre religieux et laïques, entre gens désireux de poursuivre le processus de paix et ceux qui sont figés dans la peur et le deuil. Mais il dessine aussi une société où l'espoir et les rêves sont omniprésents dans le quotidien, et où tout reste encore à faire.

01/2008

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Littérature française

Oeuvres Complètes Tome 1 : L'esprit de Paris. Chroniques parisiennes 1934-1947

Il y a de l'esprit de Paris dans certains dialogues, reparties, scies ou mots historiques. Il y en a sur des chapeaux. Il y en a aussi tout le long de nos quais, dans les petits caboulots, chez les prud'hommes, sur la plate-forme des autobus et dans le métro, dans l'escalier, sur les toits, sous les toits où nichent les philosophes, au milieu des squares, et jusque dans les nuits camouflées de la guerre. L. -P. F. Par ses chroniques parisiennes, nourries d'une vie de noctambulisme et de rencontres, Léon-Paul Fargue n'aura cessé de célébrer sa ville, élaborant une mythologie fondée sur une connaissance érudite et vécue avec intensité. Juxtaposant en un kaléidoscope vibrant d'images le Paris d'autrefois - ses catacombes, ses caboulots, ses music-halls - et celui qui naît sous ses yeux - la féerie des expositions universelles, l'ouverture du Palais de la Découverte mais aussi le temps du couvre-feu et du rationnement -, il dresse le portrait de toute une génération, de la fin du XIXe siècle à l'après-guerre, des salons de Mallarmé et de Rachilde au cercle de La Librairie des Amis du Livre d'Adrienne Monnier. Colette, Crevel, Larbaud, Miomandre, Cendrars... tous se souviendront de ce mémorable piéton et de son verbe étincelant. Riche d'inédits, établi par Barbara Pascarel (Régente du Collège de 'Pataphysique, présidente de la Société des lecteurs de Léon-Paul Fargue et auteur d'un essai sur le cycle Ubu d'Alfred Jarry chez Gallimard), ce volume est la première édition savante du Piéton de Paris et des nombreuses autres chroniques consacrées par Fargue à la capitale.

09/2020

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Sociologie

Mille origines

Charif Majdalani est passionné par les mélanges culturels et les identités plurielles, dans toute leur richesse, drôlerie et complexité. Il nous fait part de ses réflexions sur ces sujets alors qu'il revient d'un voyage lointain et qu'il survole de nombreux lieux qui le font rêver, avant d'atterrir à Beyrouth, sa ville, son lieu de vie, si emblématique de ces carrefours de populations. Il part alors à la rencontre d'une vingtaine de personnes qui lui confient leur parcours et leur histoire familiale. Charif Majdalani les retranscrit dans un style littéraire à la façon de Svetlana Alexievitch dans "La fin de l'homme rouge". Racontés à la première personne du singulier, ces récits incarnent des vies faites d'exil, d'émigration, de guerres, d'identités religieuses multiples ou d'amours contrariés. Comme Rawwad, chrétien et premier de sa classe en cathéchisme qui apprend de la bouche du directeur de son école qu'il est musulman par son père et juif par sa grand-mère. Ou Jenny, philippine, femme de ménage devenue esthéticienne, qui se désole de comprendre trop tard que rien n'a remplacé sa présence auprès de ses filles restées au pays. Ou encore Marylin, qui doit attendre de tomber sur son ancien amoureux par hasard dans les rues de Singapour, loin de sa famille libanaise désapprobatrice de cette union, pour oser se mettre en couple avec lui et avoir un enfant. A travers ces monologues, Charif Majdalani dresse un portrait en kaleidoscope de Beyrouth, du Liban et de sa région, à l'image des croisements infinis qui se rencontrent partout dans le monde. Et offre un livre à la fois érudit et vibrant.

04/2023

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Cinéastes, réalisateurs

Ma cinéthérapie. Les épreuves 1987-1997, avec 1 DVD

Né en 1948, Philippe Vallois est un cinéaste singulier. Sa vie est un roman vitaliste et son oeuvre un labyrinthe. Après des films sortis en salle, dont certains sont devenus des icônes de l'underground homo comme Johan (1976) et Nous étions un seul homme (1979), après des créations pour la télévision comme le portrait-nébuleuse de l'artiste Huguette Spengler (I 984),Vallois n'a jamais cessé de croire en sa bonne étoile de cinémagicien. L'évolution des techniques du cinéma lui a permis, en solitaire quasiment, de faire avec une caméra ce qu'un écrivain fait avec sa plume. Se sont succédé, en DVD et en festival, des films comme Un parfum nommé Sald (2003), Sexus Dei (2006), L'Adieu à Moustafa (2018), Les Guerres de Christine S. (2023) et des rétrospectives en France et à l'étranger. Un Prix Philippe Vallois a été créé et décerné au Festival queer Ecrans Mixtes de Lyon, en mars 2023, récompensant un film de la programmation pour son audace et sa liberté. Dans La Passion selon Vallois, paru chez EO en 2013, Ivan Mitifiot évoquait sa "caméra soleil". Dans ce tome II consacré aux souvenirs de sa "décennie morbide" du sida (1987-1997), la caméra devient "cinéthérapie". Le livre est ici accompagné du DVD du film Dissidence, créé durant le confinement à partir de scènes tournées dans les années 90 et d'interviews avec le professeur Jean-Marie Andrieu, franc-tireur de la recherche contre le sida. Livre et film se font ainsi écho : dissidences sexuelle, médicale et artistique et kaléidoscope en mémoire de Jean, compagnon corps à coeur et âme frère.

03/2024

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Littérature étrangère

Le Faux Coupon

Traduction du russe (nouvelle traduction, Pierre Skorov, 2009). Le Faux Coupon est un petit joyau du grand écrivain russe. Ce texte, publié pour la première fois dans les Ouvres posthumes de Tolstoï (1911) possède un caractère philosophique qui la rend étonnement actuelle dans le contexte de la mondialisation. Tolstoï nous parle ici des liens subtils, et souvent imperceptibles, qui se forment entre le monde matériel et les valeurs essentielles de la société civilisée, ainsi que de la responsabilité personnelle, qui incombe à chaque être humain, de faire un choix à tout instant pour lui-même, mais aussi pour les autres... Les battements d'ailes d'un papillon changent-ils le cours des choses à l'autre bout de la planète ? Il semblerait qu'à cette interrogation, qui occupe les plus grands chercheurs en sciences appliquées d'aujourd'hui, le grand sondeur de l'âme humaine qu'est Léon Tolstoï ait trouvé une réponse... Les scènes s'enchaînent en une rapide succession qui décompose le trajet du coupon et racontent comment le riche Mitacha reçut un faux coupon, et ce qu'il s'ensuivit, de son origine à sa propagation qui va pair avec celle du mal puis comment celui-ci prit fin. Ce kaléidoscope, monté en une suite de tableaux, illustre trois thèses éthiques : la responsabilité de l'homme, l'amour intuitif du prochain comme fondement de la morale et la non-résistance au Mal comme l'un des éléments du Bien. Actuellement disponible au seul format de poche, l'oeuvre est proposée dans une toute nouvelle traduction, qui associe la beauté du texte à un livre grand format, rétablissant ainsi sa grandeur. Le Faux Coupon est une oeuvre atypique, à l'architecture inattendue chez Tolstoï. Outre sa portée métaphysique, il constitue un récit expérimental qui annonce la modernité et le modernisme.

02/2009

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Religion

Saint Dominique de l'ordre des frères Prêcheurs. Témoignages écrits (fin XIIe - XVe siècles)

Exact contemporain de François d'Assise, le castillan Dominique de Caleruega (après 1170-1221) a, comme lui choisi de vivre la pauvreté volontaire et l'itinérance. Comme lui, il a choisi de dialoguer avec tous ceux et toutes celles qu'il croisait sur sa route. En réponse aux défis de son temps, il a lui aussi fondé un ordre religieux qui a pris forme dans les premières décennies du XIIIe siècle : les Prêcheurs, plus tard appelés Dominicains. Silencieux sur lui-même - il ne nous reste que trois de ses lettres -, Dominique a laissé à d'autres le soin de parler de lui. La centaine de témoignages réunis dans ce volume, présentés et annotés, ont été traduits du latin et de l'italien ancien, le plus souvent pour la première fois, afin de rendre accessibles à tous des sources méconnues et insoupçonnées. Un livre indispensable, qui s'inscrit dans la commémoration du vine centenaire de la naissance de l'ordre des frères Prêcheurs. Comment est né l'Ordre des Dominicains ? Quels secrets nous révèlent les premiers écrits de ses fondateurs ? Voici, inédite, une somme historique et spirituelle sans précédent. La traduction des premiers témoignages sur saint Dominique, transcrits entre la fin du XIIe siècle et le XIVe siècle, constitue en effet un véritable défi éditorial. Les textes ici réunis, traduits, présentés et annotés, enrichissent considérablement notre connaissance du fondateur de l'ordre des Dominicains. Y sont mêlés les témoignages issus de l'ordre des Prêcheurs et un grand nombre de témoignages contemporains, pour la plupart traduits pour la première fois. Cet ouvrage éclaire ainsi de façon renouvelée la personne et l'histoire de Dominique. Il offre au lecteur un portrait en kaléidoscope d'une extraordinaire aventure qui dure depuis huit siècles. Un document exceptionnel.

10/2019

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Actualité et médias

Macron sous les masques

Caché sous les masques, quel Macron authentique peut-on débusquer ? Un voyant ou un aveugle ? Du jeune président, on connaît la spectaculaire ascension. En le portant au pouvoir, les Français ont fait le choix du renouveau et du progressisme. Mais trente mois plus tard, on sait encore peu de choses du cheminement intellectuel et politique d'Emmanuel Macron. Dans le délicat passage à l'"acte II" de son quinquennat, c'est ce destin que le chef de l'Etat, malmené par l'hiver des Gilets jaunes, met aujourd'hui en jeu. Christophe Barbier confronte cette épopée quasi-chevaleresque aux grandes sagas du pouvoir. Il replace le président "en marche" dans la lignée des monarques, Louis XVI ou Napoléon III, comme des révolutionnaires, Bolivar ou Mirabeau, et des grands réformateurs, Thiers ou Mendès France. Puisque la politique et la tragédie, sans cesse, s'imitent, l'auteur promène également devant notre "Jupiter" contemporain le miroir où se reflètent d'illustres figures antiques, mythologiques et littéraires, de Caligula à Narcisse et Rimbaud, dont Emmanuel Macron prend tour à tour les traits. Dans cet exercice inédit, l'intransigeant analyste de la vie politique construit un passionnant labyrinthe de références, de correspondances et de modèles. Apparaît alors le kaléidoscope d'un talent exceptionnel : en tout état de cause, Emmanuel Macron est le premier homme politique français du XXIe siècle. Mais s'imposera-t-il comme un personnage marquant de l'Histoire de France, dont il sait qu'elle invente et se répète à la fois ? C'est bien ce défi - celui de la postérité - que le jeune homme charismatique a l'intention de relever. De loin, le plus grand à s'être, jusqu'à présent, dressé devant lui.

11/2019

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Littérature étrangère

La douce indifférence du monde

Un homme – appelons-le le narrateur – donne rendez-vous à une femme prénommée Lena dans le grand cimetière de Stockholm. Cette femme est une inconnue (nous apprendrons plus tard qu'elle est comédienne et a joué Mademoiselle Julie au théâtre), mais elle rappelle intensément au narrateur la jeune femme dont il a été très amoureux il y a une vingtaine d'années. Cette dernière s'appelait Magdalena, était aussi comédienne et elle aussi avait joué Strindberg. Après leur rupture, le narrateur a écrit un livre sur les trois années qu'ils ont vécu ensemble et il veut en donner les détails à l'inconnue de Stockholm. Lena accepte de l'écouter, mais se moque des similitudes qui lui semblent forcées entre sa vie et celle de Magdalena, invoquant à chaque détail troublant une coïncidence et ne cessant de répéter qu'elle ne peut être Magdalena puisqu'elle a vingt ans de moins. Ce récit de Peter Stamm, ciselé en 37 petits chapitres et dont le titre rappelle « la tendre indifférence du monde » évoquée par Camus à la fin de L'Étranger, est d'une vertigineuse intelligence. Tout en conservant sa part épique qui n'en fait pas un livre sec, cette réflexion sur les confusions de la vie, les obsessions de l'existence, la portée de la littérature, la différence entre le vécu et le récit qui en est fait, frôle sans cesse les abîmes sans jamais tomber dans la confusion, encadré qu'il est par deux chapitres qui mettent encore ce kaléidoscope en perspective. Poursuivant la recherche sur la vérité et l'imaginaire et le jeu avec la réalité initiée dans L'un l'autre, Peter Stamm nous donne un livre diablement virtuose.

08/2018

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Animaux, nature

Vosges, pays du cerf

Le cerf, cet emblématique hôte des Vosges, est classiquement représenté en majesté. Sa superbe attitude de combattant, mufle béant et bois rejetés sur l'encolure, stupéfie les voyeurs. Mais le grand mâle qui se bat au "cor à cor" avec ses concurrents pour contrôler une harde de biches, ne dévoile alors qu'une facette de son comportement. Car ce farouche individualiste qui risque la mort est, en vérité, un animal social qui vit paisiblement avec ses congénères du même sexe, onze mois par an. Une existence occultée par la nuit et le fourré, face cachée de l'espèce Cervus elaphus, mise en lumière dans cet ouvrage. "Vosges, pays du cerf" est ainsi un kaléidoscope de la vie rude de l'espèce, au fil des saisons. C'est un suivi du vécu des deux sexes, lors des épisodes de naissance, de croissance, de gestation des femelles puis d'allaitement des faons. Et, concernant les mâles, que de sorties pour guetter les phases de poussée des bois, de belligérance, puis de chute des mues ! Toute cette intimité a été mise au jour au fil des pages de l'ouvrage par l'auteur, secondé par une vingtaine d'imagiers de la nature vosgienne. Une telle collection de documents sur la faune et les paysages, inédite jusqu'alors, est sous-tendue par des citations empruntées aux auteurs, des plus anciens aux plus modernes, qui ont évoqué le cerf. Du quatorzième siècle à nos jours, poètes, veneurs, artistes et écologues contribuent à légender les photos de l'ouvrage. Ces fameux Fébus, du Fouilloux, Ronsard, Charles IX, Buffon ou bien des méconnus, jusqu'aux modernes, tel Hainard, apportent une touche parfois truculente à "Vosges, pays du cerf". Ainsi est abordé le cerf, animal de toutes les convoitises et de tous les débats.

04/2020

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Littérature étrangère

Les cinq derniers jours du prophète

Ce roman évoque, le récit surprenant de la dégradation psychique d'un être, Rahmi Sônmez, poète révolutionnaire, surnommé " Le prophète ". A travers ce personnage à la fois lucide et perdu, drôle et déroutant, Tahsin Yücel nous donne un kaléïdoscope de la Turquie urbaine de la seconde moitié du XXe siècle. Nous accompagnons alors ledit prophète dans son parcours où, dans un état de semi conscience, voire de schizophrénie, il est persuadé que ses rêves se réalisent alors qu'ils sont en train de s'effondrer. C'est le récit d'une douce folie qu'alimente une quête sociale, identitaire et aussi littéraire, celle qui, pour le narrateur, cimente le tout. Le livre s'ouvre sur la présentation des deux amis inséparables que sont Rahmi Sônmez et Fehmi Gülmez. Leur cheminement individuel nous mène de façon inexorable aux cinq derniers jours d'errance qui incarnent et ponctuent la vie de Rahmi Sônmez au cours de laquelle il aura passé son temps, lui, le poète révolutionnaire - certainement plus poète que révolutionnaire - à vouloir être emprisonné, ce fait étant à ses yeux la seule preuve tangible de la réalité de son identité politique. Cette œuvre littéraire, très proustienne, dans la construction des phrases, a l'immense mérite de montrer une juste image de la Turquie de l'époque enfouie sous le joug étatique. La langue semble évoluer en même temps que le personnage qui passe d'un état de souffrance maximum dans la non réalisation de ses rêves à un état de paix intérieure une fois passé de l'autre côté du miroir ; un miroir souvent déformant quand les femmes désirées, les gardiens de cimetière, les geôliers, les enfants et petits-enfants " luciolisés " par la société de consommation naissante, envahissent de désespoir et de fausses illusions le coeur presque brisé du vieil homme. Ce roman a obtenu le prix Orhan Kemal en 1993.

03/2006

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Vie chrétienne

Capitale

C'est en romancier au grand style que Jonathan Siksou se fait le promeneur de Paris égrenant les lieux et les siècles. Qu'est-ce que voir la sédimentation des âges à travers la destruction et la reconstruction des paysages ? Qu'est-ce que revoir le temps qui passe ? Un événement de la rentrée littéraire. Rues et statues, défilés et bals, décrets et émeutes, crues et incendies, saints et assassins : c'est la France qui, à travers Paris, comme en un kaléidoscope, se diffracte, se déroule et se donne tout en sourires et en larmes dans son éternel quotidien. Qu'est-ce une ville, sinon un livre tissé de livres s'ouvrant devant qui désire déchiffrer les époques, les lieux, les êtres qui l'ont façonnée ? Qu'est-ce voir vivre et mourir une ville, la concevoir siècle après siècle à se construire et à se détruire jusqu'à ne plus savoir ce qu'elle est ? Qu'est-ce le souvenir d'une ville s'il ne fait pas mémoire ? La mémoire d'une ville, si elle ne fait pas histoire ? L'histoire d'une ville si elle ne se fait pas récit ? Qu'est-ce revoir le temps qui passe et qui efface inexorablement la pierre, l'événement, le visage qui ne subsistent plus alors que dans l'écrit ? C'est en écrivain au grand style, précis et libre, ascétique et inspiré, que Jonathan Siksou se fait l'ultime promeneur de Paris, entraînant à sa suite les chroniqueurs qui l'ont précédé et qui ont tout raconté, tout chanté, tout filmé de la ville-lumière. Sauf comment, dans la Capitale, notre passé devient notre présent au point de réduire l'avenir à une nostalgie. Une démonstration littéraire à hauteur de la plus fascinante des villes du monde. Une métaphysique de l'urbanité. Un roman. Le nôtre.

08/2021

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Management

Santé et management. Digital et organisation dans un monde post-Covid

Les crises sont de puissants catalyseurs de changement. Elles accélèrent les mutations en germe, propulsent de nouvelles pratiques et de nouveaux référentiels qui auraient mis des années à se concrétiser. Le domaine de la santé n'y échappe pas, surtout en période de crise sanitaire. Cet onzième ouvrage de Neoma Alumni, dédié au management de la santé, est un formidable kaléidoscope éclairant les enjeux et les défis qui attendent l'univers de la santé et ses principaux acteurs dans ce monde post-Covid. La première partie de l'ouvrage traite largement de l'innovation et du digital comme facteurs essentiels de transformation. Le déploiement des technologies numériques ou de communication, comme la télémédecine, ouvrent la voie à de nombreuses possibilités. Elles mettent en réseau les acteurs de santé autour du patient. Ces évolutions remettent en cause la place et l'organisation des acteurs institutionnels de santé. La seconde partie traite du monde de l'entreprise où la santé est devenue un enjeu incontournable, voire stratégique. C'est un nouveau paradigme auquel le chef d'entreprise ou le manager doivent s'adapter pour passer de la préservation de la santé des collaborateurs au développement du bien-être et de la qualité de vie au travail. Comment se préserver soi face au stress et à la pression de l'environnement ? A l'heure de la recherche de la performance et d'un certain individualisme, de la montée du télétravail mais aussi de la demande croissante de lien social, comment créer les conditions de travail pour rassembler les salariés autour du projet de l'entreprise ? Les sujets abordés dans cet ouvrage sont complexes et n'appellent nullement des réponses univoques mais soyez certains qu'à sa lecture vous ressortirez éclairés et plus aptes à vous forger des convictions grâce à la pertinence de ses auteurs.

07/2021

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Histoire de la gastronomie

Délires Gastronomiques. Dans les coulisses de la restauration

Au coeur de chaque repas, derrière chaque service impeccable, se cachent des histoires fascinantes et des moments mémorables qui donnent vie à l'expérience de la restauration et de l'hôtellerie. "Délires Gastronomiques" est un kaléidoscope d'anecdotes vécues par des professionnels passionnés du secteur. Ces histoires révèlent le quotidien parfois hilarant, parfois touchant, et souvent surprenant. Des rencontres inoubliables avec des clients excentriques aux moments de crise où la pression est à son comble, chaque page dévoile une tranche de vie de ces métiers exigeants. Vous découvrirez des clients dont les demandes défient l'imagination. Vous serez témoin de drames romantiques et de fous rires, ainsi que des sacrifices silencieux faits pour garantir une expérience gastronomique parfaite. Mais au-delà des anecdotes amusantes et des péripéties surréalistes, "Délires Gastronomiques" révèle la passion et le dévouement des hommes et des femmes qui travaillent dans l'ombre pour faire briller la lumière sur la gastronomie et l'hospitalité. C'est une célébration de la créativité, de la persévérance, et de l'amour pour l'art de servir. Que vous soyez un fin gourmet, un amateur d'histoires captivantes, ou tout simplement curieux de découvrir ce qui se passe dans les coulisses de la restauration, ce livre est une invitation à un voyage inoubliable. Plongez dans les coulisses de ces établissements et laissez-vous emporter par ces récits authentiques qui vous feront voir le monde de la restauration sous un nouveau jour. "Délires Gastronomiques" est bien plus qu'un simple recueil d'anecdotes, c'est un hommage vibrant à une industrie où l'extraordinaire surgit souvent de l'ordinaire. Venez savourer ces histoires, ces expériences et ces secrets qui rendent le monde de la gastronomie et de l'accueil si unique et inoubliable.

09/2023

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Littérature française

La ballade d'Ali Baba

LA BALLADE D'ALI BABA. Dédiée " aux quarante voleurs ", La Ballade d'Ali Baba est un hommage ébouriffant au père disparu. De Key West, où il conduit ses filles dans sa Buick Wildcat turquoise afin de saluer la naissance de l'année 1969, à Kalamazoo, où il les dépose pour une semaine et où il ne viendra jamais les récupérer, en passant par Las Vegas où il prétend utiliser son aînée de dix ans, Erina, comme porte-bonheur près des tables de jeu, Vassili Papadopoulos donne le change et veut épater la galerie. De ce père fantasque et séducteur, qui très tôt usa la patience de sa femme, et qu'elle ne revit que sporadiquement après le divorce de ses parents, Erina, la narratrice du roman, n'a pas été dupe longtemps. Le premier saisissement passé, c'est à peine si la spécialiste de Shakespeare qu'elle est devenue s'étonne de le retrouver, vieillard frêle et vêtu d'un léger pardessus, dans les rues de Montréal balayées par une tempête de neige, alors qu'il est mort neuf mois plus tôt... Sans avoir rien perdu de son aplomb, il lui explique doctement, lui qui a quitté l'école à quatorze ans, que son apparition lui permettra de comprendre enfin la phrase de Hamlet - " le temps est hors de ses gonds " -, à laquelle elle a consacré deux chapitres de sa thèse. Erina pressent qu'il ne va pas s'arrêter là. Catherine Mavrikakis tutoie les fantômes et se joue de la chronologie dans cet éblouissant portrait d'un homme dont l'existence nous est donnée par éclats, comme à travers un kaléidoscope. À Rhodes qu'il quitta en 1939 avec sa famille, à Alger où, très jeune, il dut gagner sa vie, à New York où il vint en 1957 " faire l'Américain " : partout, il est terriblement présent, et terriblement attachant.

08/2014

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Littérature française

L'herbe d'oubli

"Faire ses comptes, se mettre en règle, chercher à savoir qui on est, et ce que l'on pense, trouver son ordre et s'y maintenir, combien de fois au cours de ma vie ne me suis-je pas dit qu'il ne pouvait s'agir d'autre chose, que tant que cette entreprise n'aurait pas été menée à bonne fin, il n'y aurait rien de fait ni rien qui vaille, que je ne ferais que persévérer dans la confusion et vivre dans la suite de moi-même, c'est-à-dire en acceptant tout ce que je refuse. Combien de fois n'ai-je pas pensé que j'allais me mettre en route, mais sans aller jamais bien loin, repris dans les pièges de la facilité, d'une certaine paresse peut-être, soumis, toujours hanté par le soupçon que rien n'est jamais comme on croit, que tous les problèmes ne sont pas faits pour chacun et qu'il ne faut pas se laisser tenter au-dessus de ses forces. Faire ses comptes c'est aussi chercher à revoir comme à travers un kaléidoscope, s'efforcer de remettre en ordre les pages d'un livre disloqué tout en sachant qu'il en manquera beaucoup, se demander sur ce qui s'est passé à telle ou telle période : comment était-ce ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi ? Comment ai-je agi à ce moment-là ? Envers moi-même, envers les autres ? Se peut-il que l'on s'habitue à soi-même ? Que jusque dans la vieillesse on vive avec ses erreurs et ses remords comme avec ses maladies, qu'on finisse par se passer bien des choses ? Oui, mais on sait. Pour ce qui a compté il n'y a pas de prescription. " Louis Guilloux.

10/1984