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Iida Pochi

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Poésie

Rusticatio Civitati Piratarum. La Ville des pirates

Souvent considéré comme un cinéaste littéraire, auteur de plusieurs ouvrages, théoriques comme de fiction, on ignorait que Raoul Ruiz était aussi poète (il est l'auteur de plus de 500 poèmes dont une anthologie est parue au Chili en 2019), et qu'il lui arrivait d'écrire des recueils de poèmes pour préparer ses films, ce qui est probablement un cas unique dans l'histoire du cinéma. Rusticatio Civitati Piratarum : La Ville des pirates est le seul exemple de ce type qui ait été conservé dans ses archives. Le livre, écrit en 1974, tisse en un jeu d'évocations labyrinthiques le motif de deux films que le cinéaste franco-chilien réalisera en 1983 : Les Trois couronnes du matelot et La Ville des pirates. Ces poèmes ne constituent pas un scénario avant l'heure, ils ont plutôt pour Ruiz la fonction de réservoir à images dans lesquels il puisera librement ; ce seront les oiseaux migrateurs, les pièces de monnaie glissées sous la langue, les bateaux et les ports dans Les Trois couronnes du matelot, les miroirs, le prophète et les meurtres pour La ville des pirates. Poèmes et films partagent ainsi des visions communes, agissent les uns sur les autres comme deux dimensions autonomes d'un même monde - "le monde a deux dimensions" déclare d'ailleurs l'un des personnages des Trois couronnes du matelot - et nourrissent ce sentiment de passage fluide entre le temps des vivants et celui des morts, entre l'espace vécu et l'espace rêvé qui est si caractéristique de l'oeuvre de Ruiz. Poésie où tout se fait énigme, tout fait signe en d'infinis dédoublements, aussi bien dans la lecture du vol des oiseaux que dans celles des lignes des rues ou de la main. D'obscures malédictions foudroient les hommes au détour d'une phrase comme s'il y avait des mots interdits, des villes fantasmées flottent dans le regard des marins, des vaches sont sacrifiées dans la nuit, les miroirs séparent les visages, les chansons s'échangent contre une pièce de monnaie aussitôt changée en sel. Ces poèmes, en levant le voile sur la matrice créative de Raoul Ruiz, révèlent tout autant ce qu'il y a de littéraire dans son cinéma que ce qu'il y a de cinématographique dans son écriture. Comme le souligne Bruno Cuneo dans sa préface, la poésie était la "première vocation artistique" du cinéaste - grand lecteur de Pessoa et de Pound, et bien-sûr de ses compatriotes Gabriela Mistral, Pablo Neruda, Nicanor et Violeta Parra - qui cherchait dans ses films à ce que "chaque plan ait sa vie propre" , tout comme chaque poème existe en lui-même. Raoul Ruiz aura trouvé avec le poème le moyen d'irriguer ses films d'un réseau de visions d'où jaillissent des récits composés d'évocations fulgurantes à la symbolique mystérieuse, avec en guise de viatique pour naviguer entre les mondes de l'exil et de l'errance, deux pièces dans la poche des vivants et une dans la main des morts. Du mystère, ou, pour reprendre les dernières paroles du matelot du film : "de la poésie, c'est de la véritable poésie ! " .

09/2023

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Romans, témoignages & Co

Devenir. Edition à destination de la nouvelle génération

Michelle Robinson est née dans le quartier du South Side de Chicago. Issue d'un milieu modeste, elle est devenue Michelle Obama, puissante première dame érigée en modèle, lorsque son mari, Barack Obama, a été élu 44e président des Etats-Unis. Pour la première fois, une famille noire entrait à la Maison-Blanche, et elle servirait son pays pendant deux mandats. Dans sa jeunesse, Michelle partageait avec son grand frère Craig une chambre de l'appartement familial, au premier étage de la maison de leur grand-tante Robbie. Ses parents, Fraser et Marian, ont consacré tout leur amour et toute leur énergie à leurs enfants. Son père, qu'elle adorait, leur a transmis des valeurs simples : travailler dur, tenir leurs promesses et ne jamais oublier de rire. Sa mère leur a appris à penser par eux-mêmes, à faire entendre leur voix et à n'avoir peur de rien. Après ses études secondaires à Chicago, l'heure était venue pour Michelle de quitter le foyer familial. Armée de sa détermination, de projets bien ficelés et d'une farouche volonté de réussir, elle était impatiente d'élargir ses horizons. Elle a intégré l'université de Princeton, où elle a découvert combien il était singulier d'être la seule femme noire dans ce milieu. Elle est ensuite entrée à la faculté de droit de Harvard et, son diplôme en poche, est retournée à Chicago où elle est devenue une avocate dynamique. Puis sa rencontre avec Barack Obama, dont elle est tombée amoureuse, a bouleversé son plan de carrière. Revenant sur les premières années de son mariage, sur la difficulté de concilier sa vie professionnelle et son rôle d'épouse et de maman de deux fillettes, Michelle Obama raconte comment elle s'est engagée en politique et évoque les répercussions de la foudroyante ascension politique de son mari et de sa campagne présidentielle sur sa famille. Elle parle du faste des robes de bal et des voyages aux quatre coins de la planète, mais aussi de son impuissance à consoler les familles meurtries par des tragédies. Tout au long de son séjour à la Maison-Blanche, elle n'a pas manqué une compétition de natation de ses filles et a réussi à assister à leurs spectacles scolaires sans leur voler la vedette, tout en créant et soutenant de nombreuses initiatives, s'investissant particulièrement dans les programmes destinés à la jeunesse. Cette version destinée aux jeunes lecteurs est avant tout un récit sincère et passionnant de la vie de Michelle Obama. Prêchant par l'exemple, l'ancienne première dame assure que, quelle que soit leur situation sociale, tous les jeunes peuvent prendre leur destinée en main et également aider les autres. Elle engage le lecteur à admettre que nul n'est parfait, mais que l'important est d'être toujours en devenir, puisque nos aspirations ne cessent d'évoluer à mesure que l'on va de l'avant. En livrant son histoire avec audace, elle demande aux jeunes lecteurs : qui êtes-vous et qu'avez-vous envie de devenir ?

08/2021

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Poésie

Sonnets de la prison de Moabit. Edition bilingue français-allemand

Les "Sonnets de la prison de Moabit" d'Albrecht Haushofer occupent une place particulière dans la poésie allemande du XXe siècle : leur auteur, avant de les écrire, n'avait composé que très peu de poèmes et était surtout connu pour ses travaux savants. Professeur d'université, géographe réputé, spécialiste de géopolitique, Haushofer, sans jamais adhérer au Parti nazi, avait occupé des fonctions officielles, notamment dans une organisation diplomatique du IIIe Reich (le "bureau Ribbentrop"). Impliqué, comme bon nombre de ses amis, dans le putsch manqué du 20 juillet 1944 (tentative d'assassinat de Hitler), il fut arrêté les jours suivants et incarcéré à la prison de Moabit, prison berlinoise tenue par les SS. C'est là qu'il composa, sur seulement cinq feuilles A4 recto-verso couvertes d'une écriture minuscule, les 80 sonnets qu'on retrouva sur lui après sa mort : il fut abattu avec quatorze autres prisonniers par un détachement de SS dans la nuit du 22 au 23 avril 1945, à la veille de l'entrée des armées soviétiques dans Berlin. Publiés en 1946, ces "Sonnets" eurent aussitôt de nombreux lecteurs et furent traduits dans de nombreuses langues européennes. Une première traduction française (la seule à ce jour) parut chez Seghers en 1954 (sous le titre "Sonnets de Moabit"). Elle n'a jamais été réimprimée. Il était grand temps de donner de ce chef d'oeuvre de la poésie allemande une nouvelle traduction : non seulement parce que le temps a passé, mais aussi parce que le texte publié en 1946 était tronqué par rapport à l'original, comportait des erreurs de lecture et ne présentait les sonnets dans l'ordre voulu par l'auteur. Ce n'est qu'en 1976 qu'une édition fiable et complète a vu le jour, en édition de poche, vendue à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires en Allemagne. Comparables en un sens aux "33 sonnets composés au secret" de Jean Cassou (1944), les "Sonnets de la prison de Moabit" ne sont pas l'oeuvre d'un "résistant" de la première heure, mais d'un homme qui fait son examen de conscience et s'accuse de ne pas s'être opposé plus tôt à un régime qu'il désapprouvait depuis longtemps, mais en silence. Haushofer n'est pas tendre pour lui-même, ni pour son père, Karl Haushofer, plus gravement compromis que lui, qui souffla à l'oreille d'Hitler la notion d' "espace vital" (avant de rompre, il est vrai, avec les nazis). Ces sonnets sont le testament d'un homme qui sait qu'il ne sortira pas vivant de sa prison : il y passe en revue les épisodes de sa vie, se remémore ses voyages, ses amitiés, ses amours, cherche à prendre exemple sur d'illustres persécutés (de Boèce à Thomas More), et se fraye un chemin vers la sérénité en s'inspirant surtout des sagesses orientales. Ce sont les circonstances qui ont fait éclore en Haushofer le poète. Ces 80 sonnets suffisent pour lui assurer une place dans la poésie du XXe siècle.

01/2019

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Equitation

Champion, le jour JO ! Médaille d'or olympique en saut d'obstacles, mode(s) d'emploi

Dans ce livre " collector ", les dix derniers champions olympiques individuels de saut d'obstacles tentent d'expliquer comment l'on fait pour monter sur la première marche d'un podium dans une discipline particulièrement exigeante techniquement et mentalement, où l'expérience et la patience sont primordiales. Comment prépare-t-on son cheval, des années durant, comment met-on la chance de son côté, etc. Sans un crack d'exception et sans une grande complicité, pas de champion ! Comment se prépare-t-on soi-même pour pouvoir se dépasser tout en restant zen face à la pression et à un environnement différent ? Appréhende-t-on l'événement totalement différemment d'un autre ou non ? Chacun a sa recette, les plus méticuleux invoquent la chance, alors que les plus spontanés, curieusement, parlent des moult détails à peaufiner, du staff et du planning ! Et quid d'un coach mental ? Les uns répondent oui, les autres " jamais " ! Les périodes de doute, la boule au ventre, la plupart d'entre eux connaissent pourtant fort bien. Beaucoup estiment que c'est sur une grosse défaite, sur une désillusion, que l'on bâtit un succès. Chacun avoue aussi être ou avoir été... un brin superstitieux. Trois anciens champions individuels ne s'étaient-ils pas transmis un " lucky dollar " plié et mis dans une poche ? Alban Poudret a demandé aux héros des JO depuis Los Angeles 1984 et jusqu'à Tokyo 2021 leurs conseils, confidences et anecdotes. Tous se sont prêtés au jeu avec beaucoup d'entrain et d'attention. Comme journaliste spécialisé de référence et speaker passionné depuis plus de quarante ans, et aussi comme organisateur de concours, directeur sportif du CHI de Genève depuis plus de trente ans, Alban Poudret était la personne indiquée pour interroger avec sincérité et complicité ces dix champions hors du commun, lui qui avait vécu leurs exploits de visu. Et les confidences de champions plus anciens, comme Pierre Jonquères d'Oriola, Hans Günter Winkler, Raimondo d'Inzeo ou Bill Steinkraus, avec lesquels il avait également sympathisé, complètent cet ouvrage. Un sujet vaste et passionnant, qui sort à quelques mois des JO de Paris-Versailles 2024. En prime, dans ce collector uniquement (les dix interviews sont publiées par Actes Sud), des portraits des quinze derniers champions individuels, agrémentés de nombreuses photos, ainsi que les confidences de Philippe Guerdat, le coach et sélectionneur le plus titré de ces quinze dernières années, qui a successivement amené les Belges, les Français et les Brésiliens aux Jeux olympiques et aux Mondiaux avec beaucoup de fougue et une grande réussite. Les Jeux olympiques sacrant à la fois des individuels et des équipes, il était intéressant que ce Collector fasse une place au jeu des équipes. Parmi les autres compléments, des tableaux d'honneur, avec tous les médaillés individuels et par équipe de saut d'obstacles aux JO depuis 1912. Et un classement des plus grands cavaliers de l'histoire, de 1912 à nos jours, en tenant compte des JO et de tous les grands championnats, ainsi que des principaux rendez-vous, une initiative prise par l'auteur de ce livre, passionné par l'histoire de notre sport

12/2023

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Religion

La libération du juif

Avant propos pour Édition Folio 2011. Je m’apprêtais à remettre à l’éditeur une copie corrigée de ce livre en vue d’une édition de poche, lorsque la télévision nous apprend le double attentat contre les Coptes d’Alexandrie : vingt-trois morts, une cinquantaine de blessés. Ce n’est pas la première fois que les Coptes égyptiens sont ainsi frappés, parce que chrétiens, donc minoritaires au sein d’une société musulmane. Le hasard a voulu, il y a quelques semaines, qu’une consoeur , Leïla Sebbar, m’a demandé une contribution pour une anthologie qu’elle composait sur l’enfance des Juifs en pays musulmans. Il m’a semblé justifié de l’intituler l’enfance d’un minoritaire. Je me suis alors avisé que je reprenais brièvement un certain nombre de traits dont j’ai souvent rendu compte ailleurs, et qui auraient pu être groupés sous le titre de destin du minoritaire. Certes il s’agit principalement ici du destin juif mais, chemin faisant, j’ai dû le replacer dans la condition générale des minoritaires. Ce qui arrive aujourd’hui aux Coptes se retrouve chez les Kurdes, écartelés entre plusieurs majorités hostiles, dans les Balkans où il n’est pas aisé d’être Croate parmi les Serbes ou Serbe parmi les Croates ; Noir américain parmi leurs concitoyens blancs ou Roms louvoyant entre plusieurs ethnies soupçonneuses. Bien entendu, il faut toutefois mettre en relief la spécificité de chaque condition. Il m’est d’ailleurs arrivé de regretter d’avoir intitulé ce livre la libération des Juifs., ce qui en a détourné les lecteurs indifférents au problème juif ou ceux qui considèrent que, l’antisémitisme s’étant notablement allégé, il ne convient plus d’en parler. Mais l’historiographie juive a ainsi connu d’autres répits, qui n’ont pas empêché (les réveils souvent paroxystiques. En tout cas, si dans les pages qui suivent il s’agit des traits du destin juif, j’ai dû considérer ces traits dans leurs généralités. J’ai dû examiner par exemple la place du trouble langagier commun dans toutes les revendications, le rôle des mythes et des contre-mythes, les valeurs refuges comme la religion ou l’art ; la dialectique entre le refus de soi et l’affirmation de soi ; le mariage mixte ou la conversion comme solution éventuelle aux difficultés de l’intégration, etc. Les faits ont hélas confirmé que l’existence des Juifs parmi les jeunes nations arabo-musulmanes est devenue impossible. C’est pourquoi une solution nationale spécifiquement juive m’a paru la plus adaptée. Dans l’examen du sionisme, je ne me suis pas étendu sur le sort dramatique qui en est résulté pour les Palestiniens ; j’en ai assez longuement parlé ailleurs. J’ai d’ailleurs prôné la fondation d’un Etat palestinien à une époque où même les Arabo-musulmans s’en méfiaient. C’est pourquoi j’ai tout de même noté en bas de page, au chapitre intitulé l’issue, que : « la réconciliation judéo-arabe est notre tâche la plus urgente, la plus nécessaire, historiquement et moralement ». Ce livre n’est ni pessimiste ni optimiste ; il tente de rendre compte de réalités. Les humains étant ce qu’ils sont, personne ne peut affirmer que nous soyons à la veille de sortir enfin de la barbarie et des ténèbres historiques. Nous devons en revanche les dénoncer. Paris, 2011.

05/2011

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Design

Tendance, vous avez dit tendance ?

Dans ce livre de souvenirs, l'auteur évoque ces années de formation et lève le voile sur un métier de l'ombre, peu connu, mais essentiel dans notre quotidien. Depuis les années 1970, Nelly Rodi hume l'" air du temps" et explore les tendances à venir. Architecture, mode, arts de la table, matières, lumières et couleurs, rien n'échappe à son oeil avisé qui se charge de capter les goûts de demain et les évolutions futures. Tout commence en Algérie, à l'époque département français. Cette jeunesse, emplie de tolérance, de mixité humaine et sociale et de variété des styles vestimentaires, sera la matrice de sa vie future et les constantes de sa vie professionnelle. Au début des années 1970, baccalauréat en poche, elle est prise comme stagiaire par Monique Fayolle au "bureau de style" de Monoprix. Une expérience inoubliable. Dans cette équipe, on conçoit des objets du quotidien au design avant-gardiste, dont de nombreuses pièces, aux couleurs psychédéliques, deviendront iconiques. "Le beau au prix du moche", telle est la ligne de conduite. Une révolution dans la France pompidolienne, où l'on se transmet le vaisselier Henri-II depuis plusieurs générations... Puis, ce seront les différents organismes professionnels, où Nelly Rodi apprendra le métier "sur le tas", n'hésitant pas à payer de sa personne et faire les ourlets juste avant les défilés sur les robes de deux jeunes créateurs, Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld. Après vingt années à faire de la prospection pour d'autres, elle se lancera et fondera l'agence Nelly Rodi Trendlab, l'un des premiers "bureaux d'études " français indépendants et actuellement toujours leader sur le marché, avec des antennes aux quatre coins du monde. Le rôle des "bureaux d'études " ou "bureaux de style" est de prévoir les tendances dans les deux années à venir, de donner des pistes aux créatifs et aux industriels afin de préparer les saisons futures. Un travail très en amont, loin des "influenceurs" de l'instant présent, un travail fait d'observations, d'anticipations et d'intuitions. Dans ce livre, Nelly Rodi donne les clés du métier, issues de sa longue expérience. Matières, modes, couleurs, détails, époques, genre, cycles, luxe, développement durable, Intelligence artificielle, influenceurs, réseaux sociaux, tous les aspects de la tendance sont abordés et expliqués. Mais, la tendance, c'est aussi des rencontres, comme avec ce jeune créateur qui dessinait des bijoux pour se faire un peu d'argent afin de lancer sa griffe... un certain Jean-Paul Gaultier, ou avec Courrèges, qui infléchira considérablement son destin, ou encore avec Pierre Bergé, avec qui elle formera longtemps un tandem actif au sein de nombreuses organisations syndicales de la mode. Et tant d'autres. Mais, la tendance, c'est aussi des échecs, avec des événements qui peuvent surgir à tout moment et bouleverser ce qui était prévu : le 11 Septembre, les aléas climatiques, les attentats, l'actualité angoissante, etc. Un monde perpétuellement en évolution, qu'il faut savoir décrypter. De sa naissance en Anjou en passant par l'Algérie Française, le Japon et la Bretagne, pour la première fois, Nelly Rodi lève le voile sur sa vie privée ainsi que sur une profession tout de mystères et de rencontres, aux confluents de la mode et de la création.

09/2023

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Littérature française

Carnets. En un mot comme en quatre

Samuel Taylor Coleridge a commencé à tenir un carnet de notes en 1794 dans sa vingt deuxième année, lors d'une randonnée au Pays de Galles. Il devait en garder l'habitude quarante ans durant, jusqu'aux dernières semaines de sa vie. Ces carnets, le poète les qualifia lui-même de "carnets de poche" , de "confidents" , "d'amis" ou de "compagnons" . C'est dire le rôle et l'importance que ces notations au fil de la plume revêtent pour celui qui dit encore de ces "confidents" qu'ils sont sans doute les seuls qui ne "l'ont point trahi" et de ces "compagnons" que devant eux il n'avait "pas honte de se plaindre, de languir, de pleurer". Ces Carnets constituent une masse considérable de manuscrits, Coleridge tenant simultanément plusieurs carnets, parfois sans date, parfois entrecoupés de pages blanches que le poète remplissait parfois après de longues années. Mais la vitalité de cette pensée, l'acuité de l'observation font de cet ensemble bien davantage qu'une simple introduction à l'oeuvre poétique de l'auteur du Dit du Vieux marin. Il suffit de feuilleter les Carnets, dans la merveilleuse traduction de Pierre Leyris, pour être saisi par l'urgence poétique de cette écriture : "Mardi matin, 10heures et demi, 17 avril 1804 : La nuit dernière, bourrasques, ballottements sans merci, mes rêves pleins de peine et de larmes amères". Puis : "Souvent il pleurait dans soin sommeil et il s'éveillait pour trouver/Son oreiller, sous sa joue, froid de larmes/Et pour trouver ses rêves/Si fidèles au passé, ou si prophétiques". Décrire un ciel, une lumière, un arbre, c'est à la fois apaiser la fièvre de la pensée et lui donner une direction. Les Carnets sont l'expression même de l'incandescence d'une pensée qui donnera par la suite les poèmes les plus bouleversants. Suivis de "En un mot comme en quatre" par Antonin Artaud (1896 - 1948) "En un mot comme en quatre, Samuel Taylor Coleridge, comme un certain nombre de poètes notoires à qui comme à lui il fut ordonné de se taire par tels moyens de brimade occulte auxquels il serait temps enfin d'apprendre à résister, Coleridge, dis-je, avait eu vent d'une vérité qu'il n'a pu transmettre à personne et qu'il n'a pu faire passer dans ses poèmes que de très loin (...)" Ainsi commence cet étonnant commentaire des Carnets par Artaud, en 1947, lequel poursuit un peu plus loin : "Car ce qui reste de Coleridge dans ses poèmes est encore moins que ce qui de lui-même est resté dans sa propre vie". Ces quelques lignes disent assez la proximité profonde, intime, presque indicible en réalité, qui, à un siècle distance, lie Coleridge à Antonin Artaud. Peu de temps après le retour d'Antonin Artaud de Rodez, Henri Parisot lui demanda d'écrire une préface pour une traduction qu'il préparait de poèmes de Coleridge. Entre juillet et octobre 1946, Antonin Artaud entreprit à plusieurs reprises d'écrire cette préface sans parvenir à un texte qui le satisfasse. Finalement il envoya en novembre un texte à Henri Parisot sous forme de lettre à laquelle il donna le titre de "Coleridge le traitre". Texte sur lequel Artaud pratiqua par la suite nombreuses corrections manuscrites. Ecrit en juin 1947, au moment où il apportait les derniers remaniements de son texte, le dernier fragment présenté ici, constitue vraisemblablement l'un de ces adendas. Les deux oeuvres ont été publiées ensemble dans la revue L'Ephémère (n° 17) à l'été 1971.

03/2024

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Photographie

Françoise Huguier

Récente directrice artistique du festival Photoquai, Françoise Huguier décrit son programme comme "un voyage à l'écoute du bruit du monde où la multiplicité des regards invite à la découverte d'autrui comme un autre soi-même", et présente les photographes de toutes origines choisis par ses soins comme "des veilleurs, des gardiens, nous empêchant de nous endormir". Il n'est pas impossible d'entendre aussi ces mots comme ceux de l'autoportrait involontaire de leur auteur... Car, chez Françoise Huguier, la photographie semble relever d'une forme d'énergie vitale, d'une manière innée d'être au monde, perpétuellement attentive aux multiples facettes de sa réalité, pour témoigner et rendre compte, bien sûr, mais, plus encore, pour y participer corps et âme. Née en France, Françoise Huguier a grandi au Cambodge où son père dirigeait une vaste plantation. A l'âge de huit ans, elle et son frère sont pris en otages par des rebelles ; leur captivité durera huit mois. Une épreuve décisive qu'elle taira durant de longues années (J'avais huit ans, 2005). Profondément marquée par les luttes et les idéaux des années 1970, auxquels elle n'a peut-être jamais renoncé, Françoise Huguier tisse depuis bientôt quarante ans une oeuvre photographique dont l'éclectisme formel le dispute à l'unicité critique du regard. Successivement membre de l'agence VU' puis de Rapho, elle collabore de longue date à de nombreux organes de presse, notamment Libération, et acquiert une reconnaissance internationale. Cinéma, politique, société, mode, on sait sa longue collaboration avec le couturier Christian Lacroix, la palette des centres d'intérêt de la photographe et maintenant cinéaste, est aussi diverse et originale que ses pratiques photographiques qui alternent avec bonheur reportages au long cours, photographie documentaire, portraits ou paysages. Mais c'est aussi à la découverte et à l'exploration de grandes régions du monde que la photographe ne cesse de se vouer. Les rives de certains grands fleuves nourriciers (Niger, Mékong, Neva), riches de peuples et de cultures multiples, exercent sur elle une attraction irrépressible. L'Afrique, qu'elle a longuement parcourue, et dont elle a passionnément révélé les talents, tels Seydou Keïta ou Malick Sidibé - du Mali au Burkina Faso en passant par l'Afrique du Sud, lui a inspiré deux grands livres (Sur les traces de l'Afrique fantôme, 1990, et Secrètes, 1996). De même la Russie postsoviétique, des confins sibériens glacés (En route pour Behring, 1993) à l'exiguïté des appartements communautaires de Saint-Pétersbourg (Kommunalki, 2008), requiert son extrême attention. Dans ses longues et fréquentes pérégrinations, on pourrait dire de Françoise Huguier qu'elle est son propre "fixeur", ce personnage particulier tout à la fois guide, interprète et informateur que s'attachent parfois les photoreporters. C'est solitairement qu'elle définit ses itinéraires, ses champs d'investigation, selon des critères intimes qui fondent une approche anthropologique et plastique en marge de la rumeur du monde, n'hésitant jamais à laisser l'inattendu et l'imprévu modifier son dessein originel. Parmi les innombrables rencontres que ses voyages engendrent et les fortes images qu'elle en rapporte, se détachent notamment des visages de femmes. Françoise Huguier porte sur celles-ci un regard véritablement unique, empreint d'une complicité inquiète et chaleureuse, qui nous offre des portraits admirables de mères, de soeurs, de jeunes filles, qu'une même condition universelle semble relier. Elle dit à ce propos : "Les femmes m'ont permis d'entrer à l'intérieur des maisons. Dans le secret des chambres, je parle, je laisse se dissiper les timidités et j'amène ma confidente, bientôt mon amie, là où la lumière sera la plus belle sur elle." L'oeuvre de Françoise Huguier, dont ce nouveau titre de la collection "Photo Poche" entend rendre compte, est tout entière traversée par une lumineuse générosité.

10/2012

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Théâtre

Puzzle Hôtel

Le réceptionniste de l'hôtel, accueille un habitué qui a réservé une chambre et donné rendez-vous à sa fiancée devant l'établissement. Albert, le client, raconte qu'il vient d'être confronté à un fou, un mec qui lui a adressé la parole dans les transports en commun ! Henri, à l'écoute, mais interrompu par les plaintes téléphoniques incessantes du 226, confie qu'il attend quelque chose d'énorme, qui va arriver forcément... Une star de la chanson est déconcertée par la fille qu'il a ramené dans son lit : les journalistes qui assaillent l'hôtel ne sont pas là pour lui, mais pour elle. En effet, elle vient de gagner un grand prix littéraire... Albert et sa fiancée entrent dans une chambre d'hôtel. C'est la chambre dans laquelle il a perdu sa virginité et il tient à raconter à Dorothée sa première fois dans les moindres détails... Marion, qui aime son mari, lui a donné rendez-vous dans la chambre où elle le trompe avec Eléonore. Cette dernière attend enfermée dans la salle de bain. Après avoir compris l'infidélité et l'homosexualité de son épouse et ne pouvant accepter une telle situation, il quitte les lieux. Mais, en absence de Marion, il revient afin de faire un marché avec Eléonore... Equipée pour la plage dans sa chambre d'hôtel, Lola téléphone à ses proches afin de leur faire croire qu'elle est partie s'éclater à Majorque. C'est sa façon de voyager. Henri est son complice habituel, il consulte les guides touristiques et lui déniche des cartes postales. Mais cette fois, il en a assez... Le butin d'un hold-up a été dissimulé dans la chasse d'eau des toilettes d'une des chambres de l'hôtel par un des voleurs, mort en essayant d'échapper à la police. Sa compagne et l'un de ses complices, Pierre, sont venus récupérer les bijoux. Mais il s'avère que ces deux-là s'aiment, sans s'être encore déclarés... Elisabeth et Georges se sont rencontrés depuis peu et sont venus dans cette chambre d'hôtel pour la bagatelle. Pendant qu'il prend sa douche, elle découvre dans la presse l'existence d'un serial killer dont le signalement correspond à Georges. Dès que ce dernier sort de la salle de bain, c'est elle qui s'y enferme, puis en ressort armée d'une paire de ciseaux à ongles, l'accusant d'être le tueur. Suite aux dénégations de Georges, elle avoue avoir plaisanté. Il lui reste alors à se faire pardonner sa mauvaise blague... Deux inspecteurs de police sont en planque dans une chambre d'hôtel. L'un est débutant tandis que l'autre essaie de lui inculquer quelques trucs du métier. Ils recherchent un psychopathe qui s'en prend aux femmes. Une envie pressante oblige le bleu à quitter son poste d'observation un instant, pendant que l'autre s'est assoupit... Lors d'un voyage pas très bien organisé, Claudie et Marie se retrouvent obligées de partager la même chambre. Cela ne dérange nullement la première, tandis que la seconde, fâchée, demeure très froide. Malgré cela, Marie s'endort à l'écoute des anecdotes aussi interminables qu'inintéressantes de Claudie... Cette dernière, fort indiscrète, découvre plus tard dans les affaires de l'autre des indices qui lui font imaginer qu'elle cohabite avec une tueuse à gage... Le 226 est un drôle de représentant : il vend des identités. De plus il semble qu'il ait de graves absences au point de s'effacer réellement : "d'abord le son et puis l'image". En fait, il finit par se figer, assis sur son lit, yeux ouverts. Et c'est ainsi que le découvre Henri, venu le dépanner. Profitant alors de la situation, sur les conseils de Mike, il le dépouille et quitte l'hôtel, une petite fortune en poche...

03/2019

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XVIIe siècle

Loin de Rome

En 1655, dans une Rome en chantier que la peste menace, le grand peintre Andrea Sacchi, à qui des dessins furent volés, ne parvient pas à terminer la décoration de l'église Saint-Louis des Français commanditée pour le cardinal Mazarin. Battista Passerotti, un ancien élève retrouve dans un couvent les dessins volés par une prostituée convertie... Battista Passerotti, qui avait voulu devenir peintre après qu'une femme lui eut fait découvrir la grande peinture, mais que Sacchi avait renvoyé de son Académie, s'efforce sans succès d'écrire des Vies de peintres, domaine réservé de l'académicien Bellori. Quand il apprend que son ancien maître ne peint plus, Battista voit une occasion de se venger et sortir de l'obscurité dans laquelle il se débat. Se frayant un chemin entre les décombres des travaux que le pape Alexandre dirige du haut du Quirinal, tandis que son neveu cruel aux mains baguées noue des intrigues contre le cardinal Barberini commanditaire de Sacchi, Battista surprend le grand peintre se plaignant aux fresques de Raphaël du Vatican, saoul dans d'une taverne, et fumant du chanvre dans son atelier au lieu de peindre, autant d'aberrations qui finissent par s'expliquer par la perte des dessins qui lui auraient été volés. Décidé à retrouver ces dessins, Battista se met en chasse. Une ancienne maîtresse du fougueux Bernin qui l'avait défigurée, et qui est devenue marchande d'art réputée ; Matilda qui fait le négoce de la peinture et de son corps ; Serafino gamin des rues qui connaît Rome comme sa poche ; Salvator Rosa peintre fantasque des Sorcières ; Stalone, ancien compagnon de l'Académie Sacchi, un géant ; Giorgio, un petit chien qui manque se faire écraser par un carrosse, mais que Battista sauve in extremis au début du récit, sont autant de personnages qui accompagnent cet ancien élève du collège des jésuites dans sa quête. Battista finit par retrouver les dessins que Sacchi dans un couvent où les avait emportés la Cucchiarina, une prostituée convertie qui les avait volés pour le compte d'Agostino Tassi, violeur d'Artemisia Gentileschi et concurrent de Sacchi pour la décoration de l'église Saint-Louis des Français. La Cucchiarina n'était pas seule, Battista apprend alors la vérité sur la femme qui lui avait fait découvrir la grande peinture, et la raison pour laquelle Sacchi l'avait renvoyé de son Académie. Si Battista est dévasté, les confessions de Sacchi, à commencer par son vrai nom que Bellori ne connaît même pas, devraient lui permettre d'écrire un ouvrage riche en détails inédits sur le grand peintre, qu'il croit revenu à sa décoration. Mais ce n'est pas le cas. Alors, poursuivant plus avant son enquête, attiré par une lueur rouge vers laquelle il avait vu Sacchi se diriger, Battista descend dans les égouts souterrains de Rome. Dans une salle d'eau convertie en théâtre où la Transfiguration de Raphaël est projetée sur le mur, autour d'un feu de sorcières qui s'agitent frénétiquement sous l'oeil jubilant de cardinaux amis du neveu du pape, hilare, et de Rosa qui peint à une vitesse folle, apparaît Sacchi, chevelure dénouée, chevauchant une tortue géante, agitant un balai et hurlant le nom de Raphaël. Battista veut fuir, mais un coup sur la tête lui fait perdre conscience. Il ne la retrouvera que sur la barque pilotée par Rosa qui lui évite de justesse d'avoir la jambe happée par la pince d'un homard géant jailli des eaux noires. Exténué, hébété, Battista erre dans Rome où la peste commence à sévir. Tiré d'un évanouissement fatal par Giorgio qui lui mordille le bras, il finit par s'enfuir dans les Marches, loin de Rome, où le poursuit l'énigme du secret qu'il y a découvert.

12/2023

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Géopolitique

Le Régiment immortel ou La guerre sacrée de Poutine

" Il fallait tout le sérieux de l'historienne et tous les souvenirs d'une Russe exilée en France depuis la perestroïka pour écrire ce livre quasi testamentaire sur la dérive militariste de la Russie de Vladimir Poutine. " Le Journal du dimanche Réédition poche augmentée d'une postface inédite. " Avez-vous entendu parler du fusil de Tchekhov ? Il s'agit d'un principe dramaturgique énoncé par le grand écrivain russe, selon lequel tout détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire et irremplaçable. "Si, dans le premier acte, vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, écrivait-il, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au deuxième ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. ' Le Régiment immortel décrit ce "fusil de Tchekhov' qui, en 2019, était encore accroché au mur. Je décris dans ces pages la formation d'une nouvelle identité russe qui s'organise autour de la victoire remportée à l'issue de la "Grande guerre patriotique' (1941-1945), la création d'un nouveau récit national basé sur de multiples omissions et mensonges, la militarisation de la nation entière - à commencer par les enfants -, les aspirations impérialistes visant à élargir autant que possible la sphère d'influence russe, le culte païen du "peuple éternel et invincible' et la haine de l'Ukraine et de l'Occident. Ce fusil était devant nous. Il aurait dû nous sauter aux yeux. Pourtant, nos politiques n'ont rien vu venir, débattant sereinement avec Vladimir Poutine de la sécurité européenne, multipliant les échanges commerciaux et culturels, sans comprendre que la nuit noire allait bientôt s'abattre sur la Russie, capable d'entraîner dans l'abîme non seulement l'Ukraine, mais également nos autres voisins. L'Ukraine est à feu et à sang, le fusil a servi. " Galia Ackerman, mars 2022 ___________________________________________ " Un livre indispensable pour comprendre les ressorts d'une politique identitaire et belliqueuse. " Michel Eltchaninoff, Philosophie Magazine " A lire absolument si vous vous intéressez à la Russie. " Télématin, France 2 " [Galia Ackerman] démontre comment les "technologues politiques" du Kremlin ont accaparé le Régiment immortel, "apothéose païenne du culte de la nation", pour l'accorder à la nouvelle idéologie de l'Etat russe basée sur un patriotisme effréné et une militarisation sans précédent. " Isabelle Mandraud, Le Monde " Le Régiment Immortel éclaire, à la lumière de sa longue histoire, la "folie ultra nationaliste" d'un pays où règne encore le soviétisme - l'appareil autoritaire -, mais délesté de son essence communiste " Jean-Marie Durand, Télérama " Un livre formidable et passablement inquiétant. [... ] Il faut absolument [le] lire. " RFI " C'est l'évolution de la Russie poutinienne que décrit Galia Ackerman dans un tableau impressionnant et remarquablement documenté. " Etudes " Une enquête intellectuelle passionnante. (...) Courez acheter ce livre lumineux, complet et précis. " Michel Eltchaninoff, Les Nouveaux dissidents " Dans son livre Le Régiment Immortel, l'historienne Galia Ackerman (...) analyse le piège mental créé par Poutine. En réécrivant l'histoire du vingtième siècle, ce dernier a produit la vision délirante d'une Russie combattant de nouveau le "fascisme" en Ukraine -- comme si le fait de revivre, en permanence, la "Grande Guerre patriotique" de 1941-1945 était le seul moyen de rallier son peuple. " Nathalie Nougareyde, The Guardian " Un captivant essai. " L'Express " Dans Le Régiment Immortel, Galia Ackerman revient sur les relations de la Russie à son Histoire, à partir des commémorations du 9 mai, [et] analyse surtout la récupération politique qui en est faite par Vladimir Poutine, plus de 70 ans après. " Olivia Gesbert, France Culture " Un essai profond et instructif. " Laure Mandeville, Le Figaro " L'histoire du Régiment Immortel peut être considérée comme l'allégorie de ce qui est arrivé à la Russie depuis que Poutine y a imposé un tournant politique décisif. " Brice Couturier, France Culture " Le livre de Galia Ackerman permet bien de mettre à nu le travail de construction d'une nouvelle idéologie d'Etat qui est actuellement conduit en Russie, au prix parfois d'une réécriture de l'histoire. " Alain Guillemoles, La Croix " Spécialiste de l'Ukraine, de la Russie post-soviétique et de son idéologie officielle, [Galia Ackerman] analyse dans ce livre passionnant l'utilisation très politique par Poutine de la victoire sur le nazisme. " Politis " Galia Ackerman propose un essai aussi cohérent dans la thèse qu'il défend que large dans les aspects qu'il envisage. " La Vie des idées " Magistral. "The Conversation " (...) Indispensable pour comprendre la Russie actuelle mais aussi pour défaire les rouages de l'idéologie poutinienne. " Emmanuel Languille, Fnac Nantes

09/2023

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Critique littéraire

Ce que je fus

Ecrivain roumain d'expression française, Panaït Istrati est né le 10 août 1884 à Braïla, important port céréalier dans le delta du Danube. Enfant des fleurs, Istrati ne connaît pas son père, un Céphalonite, contrebandier de tabac qui mourut alors que Panaït n'avait que neuf mois... Le certificat d'études en poche, l'adolescent quitte sa mère Joïtza, blanchisseuse d'origine paysanne, mère admirable qui voua sa vie à un fils insaisissable qui multiplie les apprentissages, exerce cent métiers puis débarque à Alexandrie, parcourt tout le Bassin méditerranéen, fasciné par l'Orient... Avide de connaître la terre - ses hommes et ses femmes - passionné de lectures, c'est en Suisse que ce vagabond autodidacte découvre les œuvres de nos Classiques et le Jean-Christophe de Romain Rolland grâce à un écrivain juif, Josué Jéhouda qu'il rencontre au sanatorium de Sylvana-sur-Lausanne où il soignait une tuberculose qui ne devait plus jamais le quitter... C'est grâce à Rolland que le destin de Panaït Istrati bascula. C'est lui qui discernera à travers la longue lettre - dernières paroles - que lui adresse Istrati en janvier 1921, la veille de sa tentative de suicide à Nice, ainsi que dans les manuscrits qui suivront, ce tumulte du génie qui habitait le vagabond déraciné... Romain Rolland exhortera Istrati à écrire pressentant chez cet oriental passionné la puissance créatrice et la violence du cœur... Une prédiction vite confirmée. En 1924, Kyra Kyralina paraît : " Il faut que je vous le dise tout de suite ! c'est formidable ! Il n'y a rien dans la littérature actuelle qui soit de cette trempe ". Kyra sera traduit en une vingtaine de langues dans le monde entier... Les œuvres se succèdent : Oncle Anghel, Mikhaïl, Codine, Présentation des Haïdoucs, Mes départs, Méditerranée, Les chardons du Baragan... Istrati a alors quarante ans. Utilisant sa nouvelle notoriété, le nouveau Gorki des Balkans, comme le nomme Romain Rolland, poursuit inlassablement son combat pour les droits de l'homme il dénonce la terreur blanche dans les Balkans, se dresse contre la condamnation à mort des anarchistes Sacco et Vanzetti, enquête et participe au procès des mineurs de Lupéni en Roumanie qu'il défend avec passion. " Qu'il me soit permis de me compter moi aussi parmi les combattants de la justice, écrit Istrati en 1925... mes camarades me demandent d'être homme avant d'être écrivain... J'adresse ma parole de lutte et d'émotion artistique à tous les peuples qui gémissent sous le joug de l'oppression internationale... Voilà ce que je vais écrire. Voilà pour qui j'écris ". Déçu par le matérialisme de l'Occident qui rend l'homme égoïste, Panaït Istrati part pour Moscou où il est officiellement invité aux fêtes célébrant le dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre. Enthousiaste, il espère découvrir un " homme nouveau ". Il rencontre Nikos Kazantzaki avec qui il décide, au terme du voyage officiel, de poursuivre seul et à ses frais, son périple à travers toute l'URSS. Ce seront seize mois de rencontres étonnantes, de discussions passionnantes, de révélations pénibles. De désillusions... L'enthousiasme s'est brisé, c'est la révolte. En 1929, malgré les mises en garde de R. Rolland, paraît Vers l'autre flamme, Après seize mois dans l'URSS, Confession pour vaincus. Témoignage accablant sur l'Occident et le bolchevisme. Témoignage qui suscitera réactions passionnelles, attaques ignobles à l'encontre de Panaït Istrati qui dès lors se retrouvera seul - jusqu'à sa mort - seul, mais toujours solidaire des vaincus. Panaït Istrati opposant éternel s'affirme désormais homme qui n'adhère à rien. " Toi, homme nu, homme qui n'as que tes pauvres bras ou ta pauvre tête, refuse-toi à tout, à tout. Refuse de crever pour qui que ce soit. Croise les bras ! Dis à ces messieurs, d'aller eux se faire tuer, pour toutes ces patries qu'ils inventent chaque siècle. Et si l'envie te prend de crever quand même pour quelqu'un ou quelque chose, crève-toi pour une putain, pour un chien d'ami ou pour ta paresse. Vive l'homme qui n'adhère à rien ! " Panait Istrati meurt à Bucarest le 16 avril 1935. Essentiellement autobiographique, puissamment enracinée dans le peuple et la terre roumaine, l'œuvre de Panaït Istrati fascine le lecteur. Par-delà la vie quotidienne des personnages qui l'habitent, par-delà les passions et les souffrances des héros qui la traversent, des thèmes universels émergent de l'œuvre istratienne qui incitent à la réflexion et à la remise en cause des valeurs culturelles dominantes de notre Occident civilisé et... libéral... Amers et décapants, les quatre textes ici rassemblés renvoient - par leur actualité incandescente - les artistes à l'essence de l'art, les politiques à l'exigence de l'éthique, l'homme... au miroir de la dignité. C.G.

01/1991

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2016. The Pictures of Oscar Wilde

Joseph BRISTOW : Oscar Wilde, Ronald Gower, and the Shakespeare Monument Le mercredi 10 octobre 1888, Oscar Wilde figurait parmi les orateurs qui prononcèrent l'éloge de Sir Ronald Gower (1845-1916) lors de l'inauguration de l'imposant monument, érigé en l'honneur de Shakespeare à Stratford-upon-Avon et conçu par Gower. Cet événement, moment le plus connu où Wilde et Gower apparaissent ensemble en public, met en évidence un aspect important de l'intérêt porté par Wilde aux arts plastiques. Comme le note Roger Fry, qui le rencontra à Venise en 1891, l'aristocrate au physique avantageux est "le modèle de Lord Henry dans Dorian Gray" . Au début de sa carrière, Gower fut parfois menacé par des scandales liés à sa préférence sexuelle pour les hommes, les militaires en particulier. Il est intéressant de noter le contraste entre la manière dont Gower sut habilement se défendre contre les allégations diffamatoires à son encontre et le destin tragique de Wilde au cours des procès de 1895, suite auxquels l'écrivain fut condamné à purger une peine de prison de deux ans pour "outrage aux bonnes moeurs" . En 1898, Gower, qui avait mis un terme à sa carrière artistique après l'érection du monument en l'honneur de Shakespeare, adopta Frank Hird, son amant âgé de vingt-cinq ans. Michael Patrick GILLESPIE : The Branding of Oscar Wilde Bien qu'au cours de sa vie, Oscar Wilde ait été entouré par un certain nombre de personnages flamboyants, il se démarqua de ceux-ci en raison du grand talent dont il fit preuve quand il s'est agi de se forger une image de marque. Cette démarche va bien au-delà de la simple mise en scène de soi, et elle a de bien plus larges implications en termes de rapports à la société. C'est grâce à la création de cette image de marque que Wilde se distingua d'une génération d'excentriques, grâce à l'habileté dont il fit preuve dans l'élaboration d'une image publique singulière, image qui parvint à frapper les esprits tout en échappant aux foudres de la censure. Cette image était celle d'un artiste apparemment sans inhibition mais qui, en réalité, savait parfaitement susciter le frisson sans pour autant provoquer de la révulsion. Entre ses années d'étudiant à Oxford et les procès de 1895, la "marque Wilde" protégea sa vanité et accrut sa réputation, à travers sa capacité à changer de registre et à s'adapter à des environnements différents. Comprendre le fonctionnement de cette image de marque et l'engagement de Wilde envers cette dernière au gré des situations, permet d'offrir un aperçu de l'évolution de sa carrière d'écrivain et de saisir au mieux les perspectives changeantes dont les lecteurs doivent avoir conscience afin de comprendre son oeuvre. Anne-Florence GILLARD-ESTRADA : Oscar Wilde's Aesthetics in the Making : The Reviews of the Grosvenor Gallery exhibitions of 1877 and 1879 En 1877 et 1879, Wilde publie dans des périodiques irlandais des comptes rendus des première et troisième expositions de la Grosvenor Gallery. Ces textes constituent un premier commentaire de Wilde sur les développements qui touchaient les arts visuels depuis une quinzaine d'années environ. Wilde évoque dans ces comptes rendus les oeuvres d'artistes alors associés à "l'école classique" ou à l' "Esthétisme" (mouvements qui se recoupaient souvent). En outre, Wilde dialogue avec les commentateurs ou les critiques d'art qui étaient favorables à cette peinture. C'est dans ce terreau fertile que l'esthétique de Wilde prend forme, et cet article se propose en particulier d'explorer l'esthétique de l'ambiguïté et de l'ambivalence qui caractérise ces tableaux et qui apparaît comme centrale dans les deux comptes rendus de Wilde. Nicholas FRANKEL : Portraiture in Oscar Wilde's Fiction Wilde se rendit compte dès le début de sa carrière que le genre du portrait reposait sur une dichotomie entre la représentation des aspects intimes de la vie d'un individu d'une part et celle du personnage public, d'autre part. Mais peu après la criminalisation des "outrages aux bonnes moeurs" en 1885 et le début de sa liaison avec Robert Ross en 1886, il prit conscience du fait que le portrait constituait également une structure imaginaire propice à la représentation de vies caractérisées par des désirs illicites, désirs que l'on ne pouvait satisfaire que secrètement, loin du regard de la société. Cet article explore la dynamique entre portrait, artiste, sujet (ou "modèle" ) et spectateur dans quatre textes de fiction que Wilde a publiés à intervalles réguliers à la fin des années 1880. Il montre qu'au fil de ces quatre textes, Wilde développa une théorie nuancée de l'art du portrait comme incarnation visuelle du désir pour les hommes et entre hommes. Il suggère en conclusion que la nouvelle compréhension de l'art du portrait acquise par Wilde a pu à son tour influencer l'oeuvre de son ami Toulouse-Lautrec, dont le célèbre portrait à l'aquarelle de l'écrivain, réalisé en 1895, constitue une rupture radicale par rapport aux normes de l'époque. Emily EELLS : "La consolation des arts" : The Picture of Dorian Gray and Anglo-French Cultural Exchange Cet article analyse l'intertextualité française dans le roman de Wilde, afin de montrer comment il s'en est servi pour construire son récit et son cadre théorique. L'article met en évidence la dette de Wilde envers Gautier, Goncourt, Huysmans et Balzac : il va jusqu'à citer ce dernier sans le nommer. Cet article étudie l'inscription des mots français dans le texte de Wilde, qui sont mis en italiques comme pour signaler leur étrangeté. Ce procédé typographique participe de l'esthétisation des livres français, que Wilde présente comme des objets d'art. Le titre de cet article cite une phrase de Gautier enchâssée dans le texte de The Picture of Dorian Gray afin de suggérer comment les arts français (les belles lettres, mais aussi les arts mineurs de la parfumerie et de la dentelle) sont une source de consolation pour Dorian Gray. Une annotation en français dans un exemplaire du roman de Wilde semble y répondre, car le lecteur dit s'y trouver conforté dans son idéalisation de l'inutile. Shannon WELLS-LASSAGNE : Picturing Dorian Gray : Portrait of an Adaptation The Picture of Dorian Gray constitue un sujet de choix pour les cinéastes, et ce, pour de nombreuses raisons : il s'agit d'un conte moral captivant, doté d'une intrigue qui regorge de beauté, d'amour et d'action; c'est un exemple célèbre de texte victorien influencé en partie par le roman "gothique" . Le roman de Wilde a ainsi inspiré de nombreuses générations de cinéastes. Toutefois, cette oeuvre pose aux réalisateurs des problèmes particuliers, dont un est suggéré par le titre même de l'ouvrage : comment représenter le portrait extraordinaire de Dorian Gray à l'écran, tant dans sa beauté éclatante initiale que dans ses métamorphoses monstrueuses? Chacune des adaptations étudiées dans cet article semble proposer un portrait qui révèle les possibilités de la fiction dans un contexte audiovisuel ainsi que les propres aspirations des adaptateurs. Ainsi, les adaptations semblent considérer le portrait de la même manière que Hallward considère son sujet : "un style artistique entièrement neuf, une manière entièrement nouvelle" : une mise en abyme de l'adaptation elle-même. Marianne DRUGEON : Aestheticism on the Wildean Stage Cet article se propose d'étudier des représentations sur scène et adaptations filmiques de trois comédies de salon d'Oscar Wilde, L'Éventail de Lady Windermere, Un mari idéal et L'Importance d'être constant, lesquelles ont toutes en commun un décor, des costumes et des accessoires représentatifs de l'Esthétisme. On connaît en effet Wilde non seulement pour ses oeuvres littéraires mais également pour son engagement dans la défense de ce mouvement artistique, ce qui a conduit les metteurs en scène à créer de véritables vitrines présentant les costumes, le mobilier et les oeuvres d'art de l'époque. L'on remarque toutefois que ce qui n'est en général qu'accessoire et décor devient, dans l'adaptation des oeuvres de Wilde, de première importance : les costumes symbolisent des personnalités, les scènes se transforment en véritables tableaux, et les personnages sont définis non plus par leurs actes mais par leur apparence, devenant eux-mêmes des oeuvres d'art. Wilde lui-même, en affirmant que la vie imite l'art, recherchait sciemment l'artificialité et rejetait le naturalisme. Ainsi, ceux qui ont mis en scène ses pièces y ont bien souvent mêlé une représentation de ses convictions artistiques, et même une représentation de l'auteur lui-même, qui aimait se créer des masques et faire de sa vie un spectacle. Gilles COUDERC : Setting Oscar Wilde to Music Depuis sa première en version concert à Los Angeles en 2011, l'opéra de Gerald Barry The Importance of Being Earnest d'après la comédie d'Oscar Wilde a obtenu un grand succès. À ce jour, ce n'est que la plus récente des très nombreuses oeuvres musicales inspirées tant par les textes de Wilde que par sa vie. De son vivant, la capacité de Wilde à se mettre en scène, la création savamment orchestrée d'un personnage destiné au public, l'a maintenu sous le feu des projecteurs. Sa chute et le retentissement de ses procès ont suscité un intérêt toujours croissant pour l'homme et pour son oeuvre : l'adaptation de Salomé à l'opéra par Richard Strauss en 1905 a lancé la vogue des adaptions musicales des textes de Wilde, alors que le personnage de l'artiste a continué à inspirer opéras ou comédies musicales. Ce qui semble frappant, c'est, après la mort de l'écrivain, la confusion, dans l'imaginaire européen, entre l'homme et l'oeuvre. Cette étude se concentrera d'abord sur des oeuvres inspirées par le personnage de Wilde, Patience de Gilbert et Sullivan, puis l'opéra Oscar du compositeur américain Theodore Morrison, oeuvre dans laquelle Wilde est présenté comme héros et martyr d'un combat libertaire. Nous examinerons ensuite les oeuvres que sa Salomé a inspirées, les opéras de Strauss (1905) et de Mariotte (1908) ainsi que la production d'Ida Rubinstein (1908), trois oeuvres dans lesquelles, derrière les personnages mis en scène, se devine la figure de Wilde. Marc PORÉE : Ceci n'est pas un tube : de l'itérabilité dans The Burning Perch de Louis MacNeice Cet article procède d'un constat : tout au long de sa carrière poétique, Louis MacNeice aura multiplié les recours à diverses modalités de la répétition. Dans The Burning Perch, en particulier, il aura fait un usage insistant et déstabilisant du refrain. Une telle itérabilité est assurément consubstantielle au fonctionnement de la poésie; elle est aussi propre à l'économie "tubulaire" , telle que l'analyse Peter Szendy, et rappelle fortement le fonctionnement de la "ritournelle" , selon Deleuze et Guattari. C'est cette parenté, mais aussi cette différence, entre la chanson et le poème, qu'on explorera ici, avant de conclure, sans grande surprise, à l'irréductibilité du poétique.

06/2016