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Berghain. Berlin Bacchanales

Extraits

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Romance sexy

Nouveau départ à Lancaster Tome 2 : Jour de neige

En déménageant dans le New Hampshire, Bowen ne s'attendait pas à trouver l'amour. Ni à devoir se démener pour prouver à l'élu de son coeur que leur relation naissante vaut la peine de se battre. Bowen Merlin - oui, c'est son vrai nom - accepte un poste dans la ville pittoresque de Lancaster, dans le New Hampshire, où il sera désormais le directeur du groupe de musique du lycée. Il quitte New York pour la campagne enneigée de la Nouvelle-Angleterre juste à temps pour les fêtes de fin d'année. Entre les cours, les devoirs, les activités extrascolaires et un concert de Noël surprise dont il doit organiser la conception ainsi que les répétitions, Bowen est plutôt occupé. Et puisqu'il n'a jamais eu beaucoup de chance en amour, prendre du temps pour trouver Monsieur Parfait n'est pas dans ses priorités. Du moins, jusqu'à ce qu'il rencontre le propriétaire de la pommeraie Snowy Ridge, Felix Hansen. Soudain, et pour la première fois de sa vie, accéder au véritable amour semble devenir une possibilité. Les deux hommes vont parfaitement ensemble et font palpiter le coeur de l'autre. Malheureusement, aussi merveilleux que Felix puisse paraître, il garde en lui de vieilles cicatrices qui pourraient mettre fin à leur relation naissante, en particulier avec cette personne en ville qui se donne beaucoup de mal pour saboter leurs carrières. Si Bowen veut survivre à ça, il va devoir s'appuyer sur ses anciens amis ainsi que les nouveaux, convaincre Felix qu'il en vaut la peine et lui prouver que, s'ils font face à la catastrophe ensemble, ils en sortiront plus forts. #MM #PetiteVille #LesOpposésS'Attirent "J'ai vraiment apprécié la qualité d'écriture de cette histoire, ainsi que les personnages et le cadre de cette petite ville. Parfois, je veux juste quelque chose de court que je peux finir en une seule fois et ce petit livre mignon a parfaitement fait l'affaire". - Eli Easton(Goodreads) "C'était adorablement mignon et plus qu'un peu trop sentimental. [... ] C'est une de ces histoires qui vous font sourire tout du long". - Shelby (Goodreads) "Awww !!! Qu'y a-t-il d'autre à dire ? C'était juste trop adorable ! J'ai ADORE Gideon et Silas. Il faut juste le lire, croyez-moi sur parole. Il en vaut vraiment la peine ! " - Melissa (Goodreads)

12/2022

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Art contemporain

Palais de Tokyo Magazine N° 33 : Réclamer la Terre. Edition bilingue français-anglais

Les relations des êtres humains à leurs environnements sont au coeur des préoccupations intellectuelles contemporaines parmi les plus stimulantes, en ce qu'elles remettent en cause le socle idéologique qui a fondé nos manières de faire et de penser. C'est à une fusion d'enjeux essentiels que nous engage l'actualité écologique : politiques, économiques, scientifiques, moraux, sociétaux ; et bien sûr, esthétiques. Cette saison d'expositions au Palais de Tokyo, "Réclamer la terre" (du 15 avril au 4 septembre 2022), se fait l'écho de toutes ces questions et convoque les liens entre le corps et la terre, la disparition de certaines espèces animales et végétales, la transmission de récits et de savoirs minorisés, mais aussi les esprits, les énergies biologiques, l'agriculture, le jardinage. Renouant volontiers avec le spirituel, l'émotionnel et les affects, les propositions des artistes présentées à cette occasion et dans ce numéro du magazine PALAIS poétisent des enjeux parfois graves et résonnent d'une énergie positive, vivante. Au sommaire de ce numéro : un ensemble consacré aux artistes de l'exposition "Réclamer la terre" avec un texte introductif de Daria de Beauvais et les contributions spéciales de Abbas Akhavan (avec un texte de Marina Roy), Huma Bhabha, D Harding, Kate Newby, Daniela Ortiz, Yhonnie Scarce, des entretiens avec asinnajaq (par Candice Hopkins), Sebastián Calfuqueo (par Léuli Eshraghi), Solange Pessoa (par Liz Munsell), Tabita Rezaire et Yussef Agbo-Ola (par Daria de Beauvais), Thu-Van Tran (par Daria de Beauvais) et Judy Watson (par Hetti Perkins) ainsi que les textes de Mylène Ferrand sur Megan Cope et de Katrina Lewis, Natasha Lewis et Elizabeth A. Povinelli à propos du Karrabing Film Collective ; des essais d'Emanuele Coccia, Arturo Escobar, Léuli Eshraghi, Béatrice Josse, Ariel Salleh, ainsi qu'une conversation entre Barbara Glowczewski et Elizabeth A. Povinelli. Et aussi : une contribution textuelle et visuelle d'Hélène Bertin et César Chevalier, des essais de Pip Wallis sur l'oeuvre de Mimosa Echard, de Patrick Chamoiseau sur le travail de Laura Henno, d'Adélaïde Blanc sur le Jardin aux habitant·e·s de Robert Milin, des poèmes de Jeanine Leane en lien avec l'exposition de Jonathan Jones, ainsi que des interviews d'Aïcha Snoussi (par Cédric Fauq) et d'Etel Adnan et Hala Wardé (par Yves Michaud) à propos du projet A Roof for Silence.

04/2022

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Littérature française

Le silence ne sera qu'un souvenir

Mikluš, le vieux Tsigane, emporte son secret dans sa tombe. Et se repend. Il revoit le petit Dilino, l’idiot, qui jouait du violon pour les gadjé, sur une rive slovaque du Danube, Dilino le souffre-douleur des autres enfants rom. Il est trop tard pour raconter, toute sa vie Mikluš aura été trop lâche et se sera tu. Il est trop tard pour raconter, « s’il suffisait de glisser un erratum sur la dernière page de sa vie pour se réconcilier avec elle, ça se saurait ». Et pourtant. La communauté rom qui vit aux abords de Stupava a traversé les décennies. Du début du XXe siècle jusqu’à la chute du mur de Berlin, alors que les journalistes occidentaux affluent, Mikluš en invective un au hasard, ou tout aussi bien prend à partie le lecteur, l’attrape par le col et lui crache : « Regarde ! » Alors le lecteur regarde, enfin, et découvre « ces crasseux Tsiganes, voleurs de poules et sans savates ». Dilino avec son violon et ses cheveux blonds ne sait pas d’où il vient, ni qui est la Vieille, cette sorcière qui parfois s’occupe de lui. Avant d’être la Vieille, elle était Chnepki. Chnepki avait une si jolie voix, qui enchantait toute la communauté rom. Elle devait son surnom à ce petit oiseau qui ne fait pas d’esbroufe, picore quand il a le temps et passe le plus clair de ses journées à chanter, un oiseau qu’on n’entend plus guère sur cette rive-ci du Danube. Chnepki non plus ne chante plus. Depuis qu’un jour maudit, alors que résonnaient les bottes et fleurissaient les croix gammées, son enfance fut volée. Le père fou de douleur est assassiné. Chnepki n’a plus chanté jusqu’au jour où apparut Lubko, le gadjo à la belle tignasse blonde. Avec ses gouges et son violon, il a égayé la communauté au rythme de sa musique et de la danse de ses marionnettes sculptées. Mais le mal était entré. Et le régime communiste,par ses méthodes expéditives et discriminatoires de contrôle des naissances, achève de rendre folle la pauvre Chnepki. Elle a eu un enfant, elle n’en aura pas deux. Le silence ne sera qu’un souvenir porte le poids de la culpabilité, celle du vieux Mikluš qui n’a pas su faire se rejoindre les êtres, alors qu’un mot aurait suffi à les rendre à leur existence ; celle aussi qui pousse à stigmatiser une communauté, dans l’ignorance et l’aveuglement. Avec l’histoire que nous raconte Mikluš, c’est l’histoire des Roms et du XXe siècle que nous traversons, celle d’une communauté persécutée dont on aura égaré le dossier à Nuremberg. Une discrimination qui se poursuit sous des formes de plus en plus sournoises en ce début de XXIe siècle. Sans jamais sombrer dans le plaidoyer, Laurence Vilaine s’attache avant tout à faire parler Mikluš, enfin, et à nous raconter l’histoire de Chnepki, Lubko, Maruška et Dilino. Quand les étiquettes tombent et que surgissent les visages et les destins.

09/2011

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Poésie

Sonnets de la prison de Moabit. Edition bilingue français-allemand

Les "Sonnets de la prison de Moabit" d'Albrecht Haushofer occupent une place particulière dans la poésie allemande du XXe siècle : leur auteur, avant de les écrire, n'avait composé que très peu de poèmes et était surtout connu pour ses travaux savants. Professeur d'université, géographe réputé, spécialiste de géopolitique, Haushofer, sans jamais adhérer au Parti nazi, avait occupé des fonctions officielles, notamment dans une organisation diplomatique du IIIe Reich (le "bureau Ribbentrop"). Impliqué, comme bon nombre de ses amis, dans le putsch manqué du 20 juillet 1944 (tentative d'assassinat de Hitler), il fut arrêté les jours suivants et incarcéré à la prison de Moabit, prison berlinoise tenue par les SS. C'est là qu'il composa, sur seulement cinq feuilles A4 recto-verso couvertes d'une écriture minuscule, les 80 sonnets qu'on retrouva sur lui après sa mort : il fut abattu avec quatorze autres prisonniers par un détachement de SS dans la nuit du 22 au 23 avril 1945, à la veille de l'entrée des armées soviétiques dans Berlin. Publiés en 1946, ces "Sonnets" eurent aussitôt de nombreux lecteurs et furent traduits dans de nombreuses langues européennes. Une première traduction française (la seule à ce jour) parut chez Seghers en 1954 (sous le titre "Sonnets de Moabit"). Elle n'a jamais été réimprimée. Il était grand temps de donner de ce chef d'oeuvre de la poésie allemande une nouvelle traduction : non seulement parce que le temps a passé, mais aussi parce que le texte publié en 1946 était tronqué par rapport à l'original, comportait des erreurs de lecture et ne présentait les sonnets dans l'ordre voulu par l'auteur. Ce n'est qu'en 1976 qu'une édition fiable et complète a vu le jour, en édition de poche, vendue à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires en Allemagne. Comparables en un sens aux "33 sonnets composés au secret" de Jean Cassou (1944), les "Sonnets de la prison de Moabit" ne sont pas l'oeuvre d'un "résistant" de la première heure, mais d'un homme qui fait son examen de conscience et s'accuse de ne pas s'être opposé plus tôt à un régime qu'il désapprouvait depuis longtemps, mais en silence. Haushofer n'est pas tendre pour lui-même, ni pour son père, Karl Haushofer, plus gravement compromis que lui, qui souffla à l'oreille d'Hitler la notion d' "espace vital" (avant de rompre, il est vrai, avec les nazis). Ces sonnets sont le testament d'un homme qui sait qu'il ne sortira pas vivant de sa prison : il y passe en revue les épisodes de sa vie, se remémore ses voyages, ses amitiés, ses amours, cherche à prendre exemple sur d'illustres persécutés (de Boèce à Thomas More), et se fraye un chemin vers la sérénité en s'inspirant surtout des sagesses orientales. Ce sont les circonstances qui ont fait éclore en Haushofer le poète. Ces 80 sonnets suffisent pour lui assurer une place dans la poésie du XXe siècle.

01/2019

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Histoire du droit

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen : 1789-2023. Les Lumières à l'épreuve du temps

Alors que le "Grand débat national" engagé en 2019 fait ressurgir le spectre du passage à une nouvelle Constitution, sur fond d'exigence d'une "meilleure égalité" fiscale et d'une "plus grande participation" citoyenne, la référence - justifiée ou non - à la chute de l'Ancien Régime vient rappeler que cette année accueillera également l'anniversaire des 230 ans de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au premier abord, pourtant, le rejet actuel du régime représentatif ne semble pas atteindre directement ce texte dont le préambule débute par les termes : "Les représentants du peuple français... " . La Déclaration aura d'ailleurs survécu à tous les changements de régime survenus depuis la chute de la Monarchie constitutionnelle en 1792, en dépit des nombreuses périodes de mise à l'écart et tentatives de remplacement. Alors qu'elle a longtemps été regardée comme un texte philosophique, elle aura aussi été pleinement saisie par les juridictions judicaires et administratives après la Seconde Guerre mondiale, puis par le Constitutionnel à partir du début des années 1970, se trouvant ainsi portée au sommet de notre hiérarchie des normes en droit interne. Cette longévité et cette importance sont a priori le résultat d'une spécificité ou d'un ensemble de spécificités tenant à l'essence de la Déclaration. Mais il semble cependant aujourd'hui nécessaire de reprendre et de pousser plus avant cette réflexion, dans un contexte politique et social de défiance envers la démocratie libérale et non plus d'hommage. Alors qu'à l'échelle du monde 1989 coïncidait avec la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide, ou avec le début du processus de suppression de l'Apartheid en Afrique du Sud, semblant ainsi impulser un nouvel élan pour la vision universaliste des droits de l'homme - les "vieilles" déclarations de droits faisant alors office d'étendard -, la période actuelle, dominée par la montée des populismes, paraît bien au contraire dessiner un mouvement de reflux, et à minima une régionalisation différenciée des droits et libertés. Or, si en France, plus spécifiquement, les références à la Révolution sont explicites dans le contexte d'aujourd'hui, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen évolue en 2019 dans un ordonnancement juridique et un espace social qui, non seulement ne sont fondamentalement plus les mêmes qu'en 1789, mais ce trouvent à leur tour fragilisés. Ainsi est-il possible de mentionner, pêle-mêle : la concurrence de droits économiques et sociaux liés à l'essor d'un Etat providence, désormais en recul ; celle d'une influence européenne des droits et libertés d'inspiration anglo-saxonne, semble-t-il parfois dépassée par le développement de l'individualisme et du communautarisme ; ou encore le succès d'un Etat de droit, néanmoins en proie à l' "hypertrophie" (G. Vedel). Tel sera en conséquence le double objet du présent colloque qui cherchera à capter cette essence et cette/ces spécificité(s) de la Déclaration, tout en s'interrogeant de manière sous- jacente sur les limites du texte et, peut-être, le point de rupture au-delà duquel il cesserait malheureusement d'être "la" Déclaration de 1789.

11/2023

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Sciences historiques

L'Homme contre le Loup. Une guerre de deux mille ans

      Longtemps la lutte contre le loup a été vécue comme un baromètre du progrès de la civilisation. Le loup a bien été le seul animal sauvage à susciter chez l’homme autant d’énergie pour le réguler. Depuis les lois de Solon au VIe siècle avant J.-C., les sociétés ont forgé une réglementation spécifique pour le contenir, le pourchasser, puis l’exterminer. En vue de s’en protéger, les pouvoirs publics ont mis en place un arsenal répressif sans équivalent. Ils lui ont même dédié une institution, qui prétend remonter à l’an 800 et qui subsiste toujours : la louveterie.      Mais le loup est aussi l’un des rares animaux à avoir suscité autant de dissensions. Reconnu comme ennemi public de la société, il a fait l’objet de statuts dérogatoires. Alors que la chasse était réservée aux privilégiés, le danger causé par le canidé a occasionné des exceptions à l’interdiction du port d’armes. Contre lui les autorités ont organisé des battues. Autour du loup se sont cristallisées des rancœurs sociales, qui reflètent des antagonismes dans les modes de vie et d’occupation de l’espace. Aujourd’hui, le passage au statut d’animal protégé n’a pas réglé le conflit sans fin qui oppose l’homme et le loup. Il a même ravivé les tensions depuis son retour naturel en France en 1992. Dans ce contexte passionnel, le sens des réalités et l’ouverture d’esprit imposent des compromis. En retraçant un conflit de plus de deux mille ans, l’auteur offre une synthèse de référence pour contribuer à un débat d’actualité.Professeur à l’Université de Caen et président de l’Association d’histoire des sociétés rurales, Jean-Marc Moriceau est spécialiste de l’histoire des campagnes. Membre de l’Institut universitaire de France, il conduit une enquête européenne sur les relations entre l’homme et le loup. Il a publié notamment Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation (Fayard, 2002), Histoire du méchant loup. 3000 attaques sur l’homme en France, XVe-XXe siècle (Fayard, 2007) et La Bête du Gévaudan, 1764-1767 (Larousse, 2008). Il vient de faire paraître, avec Philippe Madeline, Un paysan et son univers de la guerre au marché commun (Belin, 2010) et Repenser le sauvage grâce au retour du loup (Presses universitaires de Caen, 2010).

05/2011

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BD tout public

Ar-Men. L'enfer des enfers

"J'ai choisi de vivre au fond du monde. Par temps clair, je crois apercevoir la silhouette sombre de la pointe du Raz qui s'avance comme une griffe. Plus à l'ouest, l'île de Sein résiste aux assauts incessants d'une mer jamais tendre... Maigre échine d'une terre que l'on prétend aujourd'hui engloutie. Et puis un chapelet de roches qui court jusqu'à moi : la Chaussée. Pendant des siècles les navires se sont fracassés sur ses récifs meurtriers. Un cimetière. Le territoire sacré du Bag Noz, le vaisseau fantôme des légendes bretonnes. A la barre oeuvre l'Ankou, le valet de la Mort. Au bout de cette Basse Froide, un fût de vingt-neuf mètres émerge des flots. Ar-Men. Le nom breton de la roche où il fut érigé. C'est là où je me suis posé, adossé à l'océan. Loin de tout conflit, de tout engagement, je suis libre. Ici, tout est à sa place... et je suis à la mienne. " Germain, Ar-Men, 1962. Au loin, au large de l'île de Sein, Ar-Men émerge des flots. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers". Germain en est l'un des gardiens. Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude et ses blessures. La porte du phare cède sous les coups de butoir de la mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier. Sous le crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un trésor. Le récit de Moïzez. Fortune de mer trouvée parmi les débris d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de Sein. Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la magnifique, son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et Moïzez est aux premières loges. Plus tard il participera à la folle entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à 1881. Fébrilement, Germain note tout sur un carnet. Après le travail quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore. Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...

11/2017

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Histoire de France

L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795)

Le 16 Pluviôse an II-4 février 1794 la Convention vote l'émancipation des Noirs dans toutes les colonies françaises, c'est-à-dire leur droit à la liberté et à la citoyenneté. Bien qu'étant la première abolition dans l'histoire du monde, et la seule à s'être avérée inconditionnelle, elle a été presque systématiquement dénigrée. Elle aurait été votée pour des raisons circonstancielles par une minorité de députés, eux-mêmes peu enthousiastes. A partir des nombreux documents produits par l'immense " révolution du papier " née en 1789, journaux, brochures, - mais aussi archives de gouvernement ou de police - cet ouvrage montre que le retard - très relatif en comparaison de celui d'autres abolitions - mis à appliquer des principes proclamés universels (droit des esclaves à la liberté et droit des mulâtres à l'égalité avec les blancs) - s'explique essentiellement par les contradictions qui parsèment la Révolution lesquelles soulignent pendant ces 4 ans et demi le facteur idéologique de défense du droit naturel. Ainsi le décret du 15 mai 1791, dont les historiens ont systématiquement surévalué les limites, constitue à la fois l'aboutissement et le point de départ de mouvements de solidarité avec les Noirs. De 1789 à 1791, les Amis des Noirs, - essentiellement les futurs Girondins -, Brissot, Clavière, Lanthenas, Pétion, Mirabeau, sensibilisent l'opinion avec vigilance et arguments très appuyés, mais qui souffriront des apostasies ou abandons successifs de figures prestigieuses telles que les Lameth, Lafayette, Sieyes, Duport. Au contraire d'une idée reçue des pamphlets antiesclavagistes thermidoriens, le mouvement comprend aussi à partir de 1791 nombre de futurs montagnards. Ainsi à l'annonce de l'insurrection de Saint-Domingue, des patriotes clament la convergence des deux révolutions, métropolitaine et coloniale. Ils ont pour nom Chaumette, Marat, Dubois-Crancé, Merlin de Thionville, Brival, Lequinio. L'abbé Grégoire et le journaliste Milscent sont aussi de grandes figures de cette abolition ; après avoir été proches en 1791 des Girondins ils se rapprochent en 1793 des Montagnards dans cette radicalisation. De son côté, de mai 1791 à juillet 1794 Robespierre a gardé une cohérence anti-colon comme le montre son avant-dernier rapport inédit. Tous, Girondins, Montagnards et Thermidoriens revendiquèrent un certain anticolonialisme qui, tout en récusant la plupart du temps l'indépendance des colonies, défendait le droit du premier occupant, le mulâtre dans les îles, le Noir en Afrique. Ce continent, il était hors de question pour ces abolitionnistes d'aller le conquérir comme le souhaitaient les colons blancs, comme substitut à l'émancipation.

01/2002

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Revues Ethnologie

Études corses n°86-87. Du foncier pour quoi faire ? Les enjeux fonciers contemporains de la montagne méditerranéenne

Revue de l'Association des chercheurs en sciences humaines (domaine corse) Extrait de l'introduction : [... ] les chercheurs sont appelés à élargir leur regard pour passer d'une approche strictement agronomique des réalités montagnardes (le fameux système agro-sylvo-pastoral, qui est fortement rappelé dans certaines approches proposées dans ce numéro) à une vision plus large, où la question du contrôle de l'espace et de ses aménités tient compte à la fois de l'histoire agraire et des potentialités, voire des tensions, nées des nouveaux usages. Sommaire Du foncier pour quoi faire ? Les enjeux fonciers contemporains de la montagne méditerranéenne - Introduction - J. Ch. Paoli, G. Vianey, S. Koutsou I - Délaissement des espaces montagnards et rupture de la complémentarité pentes/plaine - Les zones "? montagneuses ? " dans les espaces littoraux : l'exemple de la Balagne) fin XVIIIe - début XXe ? siècle) - L. Castellani - Entre montagne et espace méditerranéen, un entre-deux à l'origine de la "? théorie du piémont ? " - E. Fabre - Dynamique et palimpseste des droits de propriété et d'usage des terres pastorales en Albanie, l'exemple de Dukat - A. Garnier, O. Crouteix - La place de la montagne dans le développement du pastoralisme corse : l'action publique en faveur des territoires d'estive- J. -P. Dubeuf, J. -M. Sorba II - Perméabilités des droits fonciers, imbrication des droits. - Indivisions et micro-parcellaires : désordre ou opportunité pour l'agriculture de pente ? -G. Vianey, J. Ch. Paoli, P. Santucci - Politique foncière et mobilisation territoriale dans le Verdon : un exemple de recomposition du pouvoir local autour des enjeux fonciers - J. -B. Chabert - Participation sociale dans des espaces communautaires en régression. Le cas des forêts de voisinage en main commune en Galice - R. C. Lois-González, D. Cidrás, V. Paül - Les enjeux des pratiques foncières dans la montagne libanaise - R. Chidiac - Dynamiques foncières et problématiques de développement des territoires ruraux de montagne en Tunisie. Une analyse géohistorique depuis le jbel Bargou - N. Rebaï et M. Swayhi III- Reconquérir des espaces pour restaurer des usages agricoles. - Dynamique des systèmes ovins et caprins laitiers corses et "? problème ? " foncier corse - J. Ch. Paoli, M. Oberlin, M. Serpentini - Exploration des conditions de remise en culture d'un espace morcelé et délaissé : le cas des Granges Saint-Paul à Menton (France) - F. Lorenzi - Conjuguer dynamique de filière et projet de territoire au service de la mobilisation foncière. L'exemple de la reconquête de la châtaigneraie ardéchoise - O. Audibert, C. Demene, G. Vianey - Mieux caractériser les espaces vides : un enjeu pour un aménagement durable du territoire. - Application à la commune de Corte, Centre Corse - C. Tafani, S. Diaz, V. Venturini - Dalla capanna all'azienda. Nuovi dispositivi per lo spazio rurale in

01/2023

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Littérature française

Ma vie, côté père

Journaliste littéraire (Le Monde) et musical (Télérama), Michel Contat a beaucoup travaillé sur Sartre, qu'il a bien connu. En 2000, il a publié Paris 1959 (Zoé), ouvrage dans lequel il racontait son année d'études de lettres à la Sorbonne, son amitié avec Michel Thévoz, qui allait devenir le principal théoricien et historien de l'Art Brut, avec qui il jouait du jazz. Ma vie, côté père constitue sa première réelle incursion dans la littérature personnelle. Il y évoque la figure de son père, personnage très romanesque, avec qui il avait eu dans son adolescence des rapports assez tourmentés. Né en Suisse en 1906, son père a en quelque sorte traversé l'histoire européenne - bien que venant d'un pays épargné par les guerres. Il avait commencé sa carrière dans les assurances à Berlin, avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Il avait perdu sa place après celle-ci, la firme pour laquelle il travaillait appartenant à un juif qui en avait été dépossédé. Juste après la guerre, il était tombé amoureux d'une très jeune Allemande, veuve d'un général de la Wehrmacht, et avait quitté pour elle femme et enfants. C'était extrêmement audacieux ou totalement inconscient et irresponsable : en conséquence, il fut, à 40 ans, mis au ban de son milieu bourgeois. Il devint ensuite représentant de commerce pour des appareils médicaux puis des livres de luxe. Il fréquentait les casinos d'Europe. Puis il épousa une femme fortunée et mena une vie d'homme riche entouré de jeunes femmes plus ou moins vénales. Il fit des affaires en Indonésie. Il profitait en somme éhontément des " trente glorieuses ". Sa femme finit par le chasser. Il se relança en s'associant à un financier aventureux, qui fit une faillite frauduleuse. Il refit front une nouvelle fois en devenant traducteur free lance pour une grande banque zurichoise. Il mourut pour ainsi dire à sa table de travail, laissant d'énormes dettes. Ses proches découvrirent à sa mort qu'il avait épousé peu de temps auparavant une call-girl française pour qu'elle ait un passeport suisse. Un drôle d'exemple pour un fils. Mais ce n'est nullement un portrait à charge ni un règlement de comptes que Michel Contat propose ici. Tout joueur compulsif et amateur de femmes qu'était son père, il a toujours nourri de l'affection pour cet homme qui avait de l'esprit, des idées politiques libérales, une formation de juriste et d'économiste. Un homme qui, vivant selon le principe de plaisir, mettait à l'épreuve ses convictions d'intellectuel de gauche, tentant de lui inculquer son sens des réalités économiques et du caractère passager de la vie. Au fil des apparitions-disparitions de la figure paternelle et du parcours du narrateur lui-même, l'on croise en outre des personnalités historiques et intellectuelles, au premier rang desquelles Sartre, avec qui Michel Contat s'était lié d'amitié, celui-ci devenant en quelque sorte son père de substitution. Plus qu'un portrait, Ma vie, côté père est donc également le roman de la formation d'un jeune homme, qui grandit avec et contre son père, s'initie à la politique (les évènements de Mai 68, la guerre d'Algérie, sont autant d'éléments qui apparaissent en filigrane), à la littérature et au jazz.

01/2016

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Littérature Allemande

Femmes d'été, femmes d'hiver

Après le choc de La Fabrique des salauds, Chris Kraus nous revient avec un roman plein d'une fantaisie grinçante. De nos jours, en Allemagne, et à New York, dans les années 1990. Un homme vient de mourir. En triant les papiers, sa fille retrouve son journal et se plonge dans l'histoire de ce père aussi fantasque que fragile. Jonas n'a pas encore trente ans quand il débarque à New York, laissant à Berlin Mah, sa petite amie mythomane et follement jalouse, pour vivre son rêve de cinéma. Au gré de rencontres déjantées, Jonas découvre, fasciné, un milieu où flottent encore les fantômes de Kerouac et Ginsberg. Reste à trouver un sujet pour son film d'études. Film érotico-porno-expérimental ? Documentaire sur l'oreille, cet organe si peu filmé ? Jonas semble volontairement passer à côté du sujet qui s'imposerait pourtant : celui sur l'histoire de sa famille. A New York, en effet, vit sa " tante " Paula, qui fut un temps très proche de son grand-père, à Riga, pendant la Seconde guerre mondiale. Et si Jonas ne veut rien entendre, Paula, elle, a beaucoup à dire sur cet homme complexe, nazi sanguinaire qui l'a pourtant sauvée, elle, Juive. Et tandis que Jonas affirme à qui veut l'entendre qu'il ne tournera jamais de " film à la con sur les nazis ", Nele va entrer dans sa vie... PRESSE : " Sous forme de journal intime dont chaque jour se dévore comme une petite nouvelle, un roman pittoresque mais sans nostalgie ridicule, hommage plein de sel et de tendresse à tous les rescapés. " Elle " ... et voilà un deuxième miracle, d'autant plus joyeux qu'il est inattendu : Femmes d'été, femmes d'hiver possède non seulement la même puissance que le précédent, mais de plus il ne lui ressemble en rien, signe d'une irrépressible vitalité... Une légèreté flottante traverse tout le livre, qui rend sa lecture constamment réjouissante et prenante. " Le Monde " L'auteur de La Fabrique des salauds réussit l'exploit d'un texte qui semble s'écrire sur un coin de table en même temps que très littéraire, tragique et drôle, raffiné, trash, cynique, romantique et d'une féroce excentricité, entre Woody Allen, Boris Vian, le roman culte La Conjuration des imbéciles et le film After Hours. " Madame Figaro " Chris Kraus signe un roman en apparence plus léger, mais tout aussi percutant. Un livre "montagnes russes", où le lecteur passe du fou rire à l'effroi. La fantaisie des personnages et le comique des situations, n'occulte pas la gravité du propos sur le devoir de mémoire, même quand on est blessé dans sa chair. Une ode débridée à New York, de l'Underground des "sixties" (Ginsberg, Warhol...) au renouveau électrique des "nineties"". Les Echos " Un texte ébouriffant (formidablement traduit)... Sous la forme d'un journal intime, en partie autobiographique, Chris Kraus réussit un récit renversant d'originalité, d'audace, de finesse. Ecrasé par le spectre de la Shoah, dont ses aïeux ont été partie prenante, envieux de la folie des beatniks, tiraillé entre deux femmes, son Jonas émeut et amuse à la fois. " L'Express " Le roman d'une immense drôlerie et d'une infinie tristesse... Un des livres les plus fous et les plus beaux. " Les Echos week-end " Comme une conversation entre Paul Auster et Jonathan Littell. " Le Vif/L'Express

02/2022

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Acteurs

Danielle Darrieux. Une femme moderne

Ses initiales DD ont été célèbres bien avant BB. Danielle Darrieux (1917-2017) est décédée à 100 ans, après avoir tourné avec les plus grands cinéastes, sensibles au génie de son jeu tour à tour comique ou subtilement dramatique. Incarnation de la jeune femme moderne des années trente, elle a su évoluer en traversant 8 décennies de cinéma avec une centaine de films, un record de longévité pour une actrice. Elle débute dans Le Bal (1931) à l'âge de 14 ans, en chantant de sa jolie voix de soprano. Sans formation théâtrale, son naturel tranche avec les comédiennes de l'époque. Sexy, pétulante, indomptable, elle est la "drôle de gosse" du cinéma français qui tient la dragée haute aux hommes. Puis le succès du mélodrame Mayerling (1936) la sacre "Stradivarius" de l'écran : elle peut tout jouer. Hollywood lui ouvre ses portes et en fait une star internationale. Elle devient la plus populaire des actrices françaises et un modèle auquel s'identifient les femmes, séduites par son aisance, son intelligence, sa quête de liberté. Henri Decoin, son époux, bénéficie de son aura en lui écrivant des films sur mesure. Sous l'Occupation, Premier rendez-vous (1941) produit par la firme allemande Continental est un triomphe. Divorcée de Decoin, DD vit une passion avec un diplomate, playboy flamboyant : Porfirio Rubirosa. En mars 1942, elle participe au "Voyage à Berlin" en échange de la libération de "Rubi" , interné en Allemagne. A la Libération, elle est blanchie par la commission d'épuration. Dans les années cinquante, la star joue aux côtés de Gérard Philipe, Jean Gabin ou Jean Marais. Elle devient la muse de Max Ophuls (Madame de, 1953) fasciné par son art du "sous-jeu" , et s'impose dans Marie-Octobre (1959). Elle incarne alors souvent la femme menaçante car trop libre ou trop intelligente. En 1967, Jacques Demy la choisit pour être la mère de Catherine Deneuve (Les Demoiselles de Rochefort), qu'elle retrouve en 2002 dans Huit femmes de François Ozon. Elle attire alors les jeunes réalisateurs qui la distribuent en mamie cool ou indigne. Sa carrière théâtrale, débutée en 1937, est couronnée par un Molière en 2003 (Oscar et la dame en rose). Traversée documentée de la carrière de la star, la nouvelle édition de Danielle Darrieux, une femme moderne vient enrichir la première édition publiée en 2017. Elle permet de mieux appréhender la richesse de la vie de cette comédienne unique, en évoquant les chefs d'oeuvre incontournables, mais aussi les pépites oubliées. La vie privée de Danielle Darrieux, mariée 3 fois, a été scrutée par les médias. Ses choix sous l'Occupation ont été matière à controverses et restent l'objet de vifs débats. L'auteure scrute sans préjugés cette période et s'en tient aux faits, que l'ouverture récente des archives permet de comprendre sous un nouveau jour. Elle révèle ainsi des faits méconnus. L'auteure s'attache enfin à mettre en lumière la modernité que Danielle Darrieux a su porter durant quatre-vingt années de cinéma. Ancienne professeure de lettres, Clara Laurent est spécialiste du cinéma français classique qu'elle a enseigné à l'université Paris-Diderot. Elle collabore à la revue Schnock, donne des conférences et anime des masterclass sur le cinéma. Coautrice du documentaire sur Danielle Darrieux ("Il est poli d'être gai" , 2019, Arte), elle s'intéresse de près à l'Occupation et a réalisé un film sur un rescapé de la Seconde Guerre mondiale. Elle a également écrit Josiane Balasko, une vie splendide (Tallandier, 2021).

09/2023

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Littérature française

De la marchandise internationale

Patricia Bartok n'est pas la seule à changer de sexe à volonté. Rita Remington rétrécit de quelques centimètres. Rosetta Stone a sorti ses fleurs artificielles. Colonel Fawcett effectue un de ces sauts périlleux dont il a le secret. Major Osiris Walcott vient de froisser le col de sa veste. Inspecteur et Flippo se prend pour un personnage de série télévisée. Jimmy Ravel sait ce qu'il faut faire pour égarer les philosophes. Et Monsieur Typhus ? Il se pourrait qu'il apparaisse à l'occasion comme un phénomène de foire bicéphale. Ils sont à Londres, Cuba, Berlin, Belgrade, Bagdad, Kaboul, Kinshasa, Macao, Moscou et même Copenhague entre 1967 et 2010. Dans notre société liquide, ces exterminateurs-là ne meurent jamais longtemps. Note : Monsieur Typhus est un des personnages de Made in USA, film de Jean-Luc Godard sorti en 1966, très libre adaptation d'un roman de Richard Stark, Rien dans le coffre, lequel appartient à la série Parker, où l'auteur a supprimé systématiquement tout ce qui pouvait ressembler à de l'émotion. Mon Typhus, froid, méthodique, efficace, dont on ne connaîtra jamais le " vrai nom ", est précisément inspiré du Parker de Richard Stark (En coupe réglée, Travail aux pièces, Planque à Luna-Park) mais aussi du Reiner/Raner de Claude Klotz (Alpha-Beretta, Dolly-Dollar, Tchin-tchin Queen). La lecture du polar californien glacé Diamondback de Jacques Monory n'a bien sûr pas été sans produire ses effets. Typhus est tantôt un voleur professionnel, tantôt un tueur à gages, tantôt un mercenaire, un justicier, un espion ou un contre-espion. Autour de 1980 (cf. Souvenirs of you et Chocolat bleu pâle), il copie un peu trop le Serge Godorish imaginé par Daniel Odier alias Delacorta (Nana, Diva, Luna). Je l'appelle " Typhus " pour toute la période de sa vie qui court jusqu'à fin 1980 : au-delà, il est " Monsieur Typhus ". Apparu en 1977 ou 1978, Typhus fait équipe avec Rita Remington (je venais d'utiliser ce pseudonyme pour signer quelques articles de propagande féministe). Jimmy Ravel et Patricia Bartok forment un duo dès leur création en 1980 (dans Un Roman raté, extraits publiés dans le n°47 de la revue Minuit). Major Osiris Walcott vient ensuite : il trouve son origine dans le Jerry Cornelius de la bande dessinée Le Garage Hermétique de Moebius (qui lui-même l'a emprunté au grand auteur de science-fiction Michael Moorcock). Suivront Colonel Fawcett (homonyme de l'explorateur britannique disparu en 1925 en recherchant une cité mythique perdue dans le Matto Grosso) et Inspecteur et Flippo (clin d'oeil au Mister Bradley Mister Martin de William S. Burroughs). Rosetta Stone est la dernière venue en date : elle est supposée décrypter les messages codés les plus retors mais elle a bien d'autres capacités. Ce ne sont pas des héros et héroïnes classiques, et pas non plus des caractères : ils changent constamment de physique (de sexe, d'apparence), de comportement, passent d'une idéologie à l'autre, ce sont comme des acteurs qui enchaînent des rôles, qui incarnent ou combattent la sauvagerie fondamentale de l'homme (et de la femme) de plus en plus banalisée dans notre société de consommation (de colonisation) ultime. Dans la trilogie Le Privilège du fou/Sur les ruines de l'Europe/La Vie est un cheval mort, ils tentent en vain de rivaliser avec les tueurs les plus cruels et sanguinaires de l'Histoire contemporaine.

03/2017

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Monographies

Corpus Painting, Xie Lei

Par conviction, Xie Lei a choisi la peinture parce qu'elle lui ouvre la voie d'un langage traduisant son univers sensible et un terrain d'expérimentation pour creuser la spécificité de ce médium dans la contemporanéité. Sa pratique part du réel mais s'en échappe pour explorer des mondes équivoques, incertains, que son imaginaire transforme. La plupart de ses tableaux renvoient à des situations troubles ou inquiétantes, discrètement rattachées à des souvenirs littéraires et cinématographiques, ou bien puisées au creuset profond des sentiments. Il s'attache à la complexité des évènements, des situations et surtout à leurs ambiguïtés, leurs tensions. Sa peinture récente intrigue par un entre-deux, celui du sommeil et la mort, du supplice et l'érotisme. Les couleurs sont sombres, mais mutent pour devenir lumineuses, puissantes. La touche est fluide ou plus en matière. La peinture telle que la pratique Xie Lei se singularise en délivrant une autre perception du temps : salutairement, elle propose de ralentir le regard et d'échapper aux ivresses de l'accélération et de l'immédiateté. ? " Xie Lei, artiste parisien originaire de Chine, compose des images et des scènes floues et ambiguës comme autant de tentatives de s'emparer du sentiment et de l'émotion quasi-impossible. Le résultat oscille toujours entre une obscurité sans fin et des lumières troublantes, obscurcissant et déformant l'apparence des choses, les silhouettes des corps et les expressions des visages. Les interactions-intercourses entre les corps masculins ou les expressions les plus intimes de l'amour apparaissent souvent comme un thème principal. Mais elles sont toujours quelque peu dissimulées par une sorte de vernis mêlant ombre et lumière, suggérant une lutte éternelle pour négocier avec le désir et les contraintes, le plaisir sexuel et la violence fatale... Ce vernis révèle la véritable substance du principe de plaisir - le Lustprinzip tel que le conceptualise Freud - et incarne l'état réel de la vie érotique : douleur et beauté ! " Extrait du texte de Hou Hanru Xie Lei (né en 1983 en Chine) vit et travaille à Paris depuis 2006. Il est diplômé de la CAFA de Pékin et de l'ENSBA de Paris. Ses oeuvres ont été exposées dans de nombreuses institutions : Mendes Wood DM, São Paulo (BR) ; Meessen de Clercq, Bruxelles (BE) ; PS120 , Berlin (DE) ; MAC VAL, Vitry-sur-Seine (FR) ; Langen Foundation, Neuss (DE) ; Musée national de l'histoire de l'immigration, Paris (FR) ; Fondation Yishu 8, Pékin (CH) ; Fondation d'entreprise Ricard, Paris (FR). Ses oeuvres figurent dans des collections publiques et privées, telles que celles du MAC VAL, de la fondation Colas, de la Burger Collection et du X Museum à Pékin. Xie Lei a été pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid en 2020-21 et de la Fondation Boghossian en 2022. Avec " Corpus Painting ", Semiose éditions lance une nouvelle collection éditoriale entièrement dédiée à la peinture. En 48 pages, relié façon beau livre, chacun des opus se concentre sur un ensemble précis de tableaux, complété d'un texte en français et en anglais signé d'une personnalité du monde de l'art. Une invitation à plonger dans la peinture, à comprendre les ressorts d'une série, à contempler une suite d'images, avec la même dévotion et passion que l'on porte aux retables ou aux icônes peintes.

02/2023

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Littérature française

Cuba Spleen

LE LIVRE : Né sur une île tropicale aux paysages verdoyants et aux plages de sable fin, William Navarrete, comme tous les Cubains, aurait pu vivre dans l'un des lieux les plus heureux de la planète. Et pourtant... son enfance et son adolescence ont été marquées par le pouvoir omniprésent d'un seul homme. Comment cette dictature a-t-elle pu durer et influencer le monde démocratique ? Comment tant d'indulgence fut possible de la part des démocraties européennes envers un tel tyran ? L'exil peut-il panser les plaies ? Peut-on tout oublier et pardonner ? A partir d'un récit intime et documenté sur son expérience personnelle, William Navarrete dénonce le castrisme qui a fait de Cuba une des prisons à ciel ouvert les plus terribles que l'on connaisse et s'interroge, entre autres, sur la raison pour laquelle la chute du mur de Berlin n'a-pas provoqué aussi celle de la dictature de Fidel Castro, peu étudiée et donc peu connue en France. Dans Cuba Spleen, William Navarrete allie la verve du conteur à la virulence du critique et nous livre un récit fort, attachant et drôle, qui nous incite à nous interroger sur ce qu'est dans les faits une dictature. . L'AUTEUR : William Navarrete est né à Cuba sous la dictature de Fidel Castro. A 23 ans, il parvient à fuir et débarque à Paris. Il s'inscrit à la Sorbonne, où il termine les études d'histoire de l'art qu'il avait commencées à Cuba, puis obtient la nationalité française. Depuis 30 ans, il réside entre Paris et Nice. Soucieux de préserver la mémoire familiale et de comprendre l'histoire de son pays natal, il a écrit plus d'une vingtaine d'ouvrages en espagnol et en français. Traducteur, journaliste et conférencier, il a fondé et milité dans de nombreuses associations en faveur des droits humains. Se souvenant combien il est parfois difficile d'acquérir sa liberté, il s'est promis de toujours la défendre et de parcourir le monde qui lui était resté longtemps interdit et inaccessible. William Navarrete a publié ses deux derniers ouvrages, Vidalina (2019) et Le Tour du monde en 80 saveurs avec Pierre Bignami (2020), aux éditions Emmanuelle Collas. . LE MOT DE L'AUTEUR : "Quiconque n'a pas vécu sous une dictature ne peut imaginer ce que les victimes des régimes totalitaires subissent au quotidien. Trente ans en France m'ont permis d'apprécier l'immense chance que j'ai d'avoir pu refaire ma vie en démocratie. Et entendre quelques amis - qui n'ont jamais connu ni la guerre ni le totalitarisme - utiliser le terme de "dictature" à propos de la France m'ont fait bondir ! Il fallait que je leur raconte "ma dictature", celle qui a failli broyer ma vie comme celle de ma famille et de milliers de mes compatriotes. J'ai malheureusement également constaté que, ici en France, certains se sentent tant à l'abri d'un éventuel dictateur qu'ils seraient capables d'en élire un ! Je me devais donc de raconter aussi la manière dont les Cubains eux-mêmes ont placé leur propre bourreau au pouvoir et comment un dictateur peut aussi jouir de la complaisance internationale la plus totale ! " - William Navarrete

05/2023

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Autres collections (6 à 9 ans)

Le Tour de la France par deux enfants. Manuel de lecture scolaire pour les leçons de choses et la formation civique, géographique, scientifique, historique et morale des écoliers

Le Tour de la France par deux enfants est un célèbre manuel de lecture scolaire d'Augustine Fouillée (née Tuillerie), publié sous le pseudonyme de G. Brunon en 1877. Paru aux éditions Belin en 1877, ce manuel sert à l'origine pour l'apprentissage de la lecture du cours moyen des écoles de la IIIe République. "Livre de lecture courante" , il est vendu à toutes les écoles, publiques ou religieuses, ainsi qu'aux collectivités locales ou associations diverses. Son succès est tel qu'il atteint un tirage de 7, 4 millions d'exemplaires en 1914, année qui le voit passer le cap des 400 éditions et il sera utilisé jusque dans les années 1950. Le public continuait à réclamer, après sa disparition du programme, le Tour de la France par deux enfants. Jusqu'en 1976, il s'en est vendu 8 400 000 exemplaires, dont 7 000 000 exemplaires avant 1914. L'ouvrage est réédité, notamment lors du centenaire en 1977, puis en 2000, par Belinn, en 2006 par France Loisirs, puis en 2012 aux éditions Tallandier par Jean-Pierre Rioux. Au total, cet ouvrage fait l'objet de 500 éditions. L'ensemble relate le périple par de multiples moyens de transport de deux orphelins, André et Julien Volden, respectivement quatorze et sept ans. A la suite de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par les Prussiens et du décès de leur père (charpentier lorrain et veuf de bonne heure), ils quittent Phalsbourg et partent à la recherche d'un oncle paternel habitant Marseille à travers les provinces françaises. La diversité des populations amène la curiosité et habitue aux différences. Des passages sur la saveur des nourritures du terroir, ou sur l'étrangeté des patois atténuée par l'apprentissage méthodique du français sont ainsi présents. Malgré leur origine lorraine, les deux enfants ne sont pas touchés par l'idéal ambiant de la revanche propre à cette époque. L'histoire est apprise par les traces, monuments et symboles, les vies exemplaires des inventeurs, soldats patriotes et bienfaiteurs. A chaque rencontre, l'idée de paix gagne sur la réalité des luttes et des conflits. Ils sont attentifs à la découverte du pays et fort zélés à reconnaître cette patrie. Ils accumulent une richesse de savoirs nées de l'apprentissage des techniques, de l'habileté dans le travail : ils s'initient à l'agriculture, à l'économie domestique, à l'hygiène. chaque rencontre est prétexte à enrichir leur expérience. Toutes ces connaissances aboutiront à l'établissement final dans la ferme presque idéale de La Grand'Lande.

11/2022

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Critique

Jusqu'à ce qu'ils me disent. Lectures 2015-2020

Ce livre est un recueil de notes de lecture publiées entre 2007 et 2020. Elles concernent une trentaine d'oeuvres d'écrivains européens, pour l'essentiel, français, anglais, allemand, suisse et russe (d'Emily Brontë à Muriel Pic). Si Shoshana Rappaport y évoque bien certaines affinités électives (Woolf, Plath, Tchekhov), l'absence de Marina Tsvétaïeva, qu'elle avait évoquée fraternellement dans un précédent volume, suffit à faire comprendre que ce recueil ne prétend en aucune façon à dresser un panorama exhaustif de ses goûts en littérature. En revanche, d'une lecture à l'autre - de la redécouverte enthousiaste des vers du Kamasutra au plaisir de lire les lettres de Beckett, Boussole, de Mathias Enard ou la Chronique des sentiments, d'Alexander Kluge - ce recueil ouvert aux quatre vents des sensations complète le portrait d'une lectrice sensible, au plus haut degré, à la matière émotive du langage. Les notes sont réparties entre quatre chapitres : "Demain, qui sait, nous serons libres" , "Un autre usage du monde" , "Fixer la beauté" , "Tout près des oiseaux" , qui chacun renvoie, plus ou moins, à une dimension du réel : amoureuse, géographique, esthétique, spirituelle. Ce qu'écrit Shoshana Rappaport de l'oeuvre de J. -B. Pontalis révèle peut-être ce qui la retient dans ses lectures, et qu'elle voudrait mettre au jour : "entre le portrait d'un autre et un autoportrait, parler ''davantage à travers soi que de soi''. Au préalable, chercher à saisir l'état intermédiaire, tel entrelacs indistinct, où surgit une parole livrée au monde lorsqu'elle n'est pas entravée". Au fil des notes ("vicissitudes de la lecture, errance") surgissent des interrogations qui lui sont essentielles. Chez Shoshana Rappaport, l'art de la lecture est une autre façon de faire retour sur soi : "Peut-on dire non à sa propre vie ? " , "Une femme peut-elle ou non renouer avec un ancien amant ? " , "Le plaisir s'enseigne-t-il ? " , "Comment parvenir à se ''décentrer'' sans se délester de ce que l'on est, partant de ce que l'on deviendra, rencontre faite ? " , "De quoi (s') est-on éloigné ? De quoi vit-on séparé ? " , "En quoi la lecture dite ''littéraire'' est-elle cathartique ? " A ces questions délicates, qu'on se formule aux heures de souffrance, la lectrice oppose toujours une protestation de vitalité : "Amants soyez inventifs" , conseille-t-elle à son lecteur. Dédié à sa fille, ce livre peut se lire comme une déclaration d'amour à la vie sous toutes ses formes. Reprenant à son compte une notion d'Hélène Merlin-Kajman, l'auteur se propose de "de défendre, non pas un patrimoine littéraire, non pas un corpus prescrit, mais une zone privilégiée, une zone à défendre (ZAD), dans laquelle les échanges peuvent et doivent avoir lieu, espace ouvert, nécessaire, sans lequel il n'y a pas de littérature".

11/2022

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Musique, danse

Revue de musicologie Tome 104 N° 1-2 (2018)

Introduction. Ecrire une histoire intellectuelle de la Revue de musicologie modifier / Yves Balmer , Hervé Lacombe Partie IV. Tropisme historien et goût du document modifier Un nouveau mot pour la nouvelle discipline. Enquête sur le terme "musicologie" et les modalités de son invention modifier / Hervé Lacombe Dix ans d'histoire de la musique (1917-1926). Un regard historien sur les débuts d'une revue modifier / Jean-Claude Yon Les sources musicales des bibliothèques publiques parisiennes dans la Revue de musicologie (1917-2016) / Laurence Decobert L'application des techniques de l'histoire du livre à la musicologie. L'apport de la Revue de musicologie / Laurent Guillo Les terrains de l'écriture. François Lesure et la Revue de musicologie (1947-1962) / Xavier Bisaro Définir l'espace d'une discipline. La musicologie face aux chantiers de l'histoire / Karine Le Bail Les échos de la province dans la Revue de musicologie. Enjeux spécifiques d'un champ de recherche spécifique / Guy Gosselin Partie V. Compositeurs et compositrices : penser des figures singulières Berlioz dans la Revue de musicologie / Jean-Pierre Bartoli Liszt dans la Revue de musicologie (1920-2013). Un compositeur cosmopolite vu au prisme français / Nicolas Dufetel Les études debussystes dans la Revue de musicologie. Une place paradoxale / Denis Herlin Comment la Revue de musicologie construit-elle l'image du musicien avant 1939 ? Un aperçu des conditions de la biographie / Joël-Marie Fauquet Ecrire sur les musiciennes, une question de genre ? Les recherches sur les musiciennes à la Société française de musicologie et dans sa revue / Catherine Deutsch Partie VI. Périodes et périodisations : penser des corpus Entre le monument et la voix. La Revue de musicologie et la musicologie médiévale au XXe siècle / John Haines La Renaissance dans le premier siècle de la Revue de musicologie. Réflexion historiographique à l'ère des humanités numériques / David Fiala Une guerre sans batailles. Le champ de la musique dite "baroque" dans la Revue de musicologie / Thierry Favier Les années 1760-1830 : une "période creuse" ? / Michel Noiray Le "grand dix-neuvième siècle" dans la Revue de musicologie (1917-2016). Thématiques et typologie des articles / Jean-Christophe Branger Partie VII. Du compte rendu d'ouvrage à l'historiographie critique Autour du manuel de paléographie grégorienne de Gregori Maria Sunyol. Polémiques politiques et musicologiques/ Christelle Cazaux-Kowalski Décentraliser l'Europe musicale du xve siècle. Autour de la recension par Christian Meyer de The Rise of European Music : 1380-1500 de Reinhard Strohm (1993) / Benoît Haug "Restons maîtres de Notre terminologie lorsque nous avons à juger notre patrimoine". Lecture françaises de James R. Anthony / Louis Delpech "C'est [... ] lorsqu'il nous parle des exceptions qu'il est le plus séduisant". Lecture de Die Musik des 19. Jahrhund

11/2018

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Pléiades

Romans

Voici, après les deux tomes consacrés aux Contes et nouvelles, le volume qui rassemble tous les romans de Maupassant, y compris ses deux romans inachevés L'Ame étrangère et L'Angélus. Est-il tout à fait assuré que Maupassant appartienne au naturalisme ? Certes, il s'agit pour lui de trouver la vérité de l'homme non plus seulement dans son esprit (comme au XVIIIe siècle) ou dans quelques types exceptionnels (comme au XIX), certes, Taine et Claude Bernard ne sont pas loin, et Flaubert, fils de médecin : les personnages de Maupassant sont au monde "à travers leur corps", corps immergé dans un milieu qui les explique en partie. Et si - cependant - Maupassant était impressionniste, troublé par l'instant qui passe et les crépuscules qui ramènent les monstres ou les doubles que la nuit profère ? Une vie : Jeanne, l'héroïne, est l'hypostase même de l'absence ; c'est une vie quelconque - la sienne -, mais qui pourrait être la nôtre. Bel-Ami, ou l'homme qui arrive par les femmes dans les milieux bien troubles - et pas tout à fait archaïques - d'un certain journalisme et d'une certaine politique. Mont-Oriol, ou comment un type de médecin crée sa propre clientèle en suscitant la maladie de son malade. Pierre et Jean, ou l'obsession de l'identité. Plus fort que la mort : Olivier Bertin meurt - comme dans Racine - quand il reconnaît dans la fille de sa maîtresse le portrait - comme dans Poe traduit par Baudelaire - qu'il a jadis fait de celle-ci. Mais le portrait, ici, est de chair vivante. Notre coeur, ou la frigide qui tient salon : peut-être le seul roman de Maupassant qui sauve son héros par un recours quelque peu rousseauiste à la fraîche nature. Anatole France écrivait de Maupassant dans sa Vie littéraire : "Son indifférence est égale à celle de la nature : elle m'étonne, elle m'irrite. Je voudrais savoir ce que croit et sent en dedans de lui cet homme impitoyable. Aime-t-il les imbéciles pour leur bêtise ? Aime-t-il le mal pour sa laideur ? Que croit-il de l'homme ? Peut-être se dit-il que le monde est bien fait, puisqu'il est plein d'êtres mal faits et malfaisants ? Toutefois, on est libre de penser, au contraire, que M de Maupassant est, en secret, triste et miséricordieux, navré d'une pitié profonde, et qu'il pleure intérieurement les misères qu'il nous étale avec une tranquillité superbe". Faut-il, en définitive, penser de ces cruels romans ce que Maupassant écrivait, dans son premier recueil de vers, des femmes : Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent : On trouverait au fond une saveur amère.

07/1994

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Tourisme étranger

200 phrases pour voyager dans le monde

Un fascicule propre à dépanner voyageurs et touristes avec ses 200 phrases et expressions les plus utilisées en voyage traduites en 13 langues : Vous cherchez le métro à Berlin. Le passant à qui vous demandez votre chemin ne parle ni français ni anglais... Alors, vous sortez de votre sac ce traducteur multilingue, vous foncez à la page 5, et vous trouvez la solution. En allemand, " Où est la station de métro ? " se dit : " Wo ist die U-Bahn-Station ? " Et si vous êtes dans la même situation en Chine, vous trouverez, à la page 17, la réponse en chinois. Ce dictionnaire réunit les 200 phrases les plus indispensables lorsque vous voyagez à l'étranger. Ces 200 phrases françaises, classées par ordre alphabétique, sont ici traduites en 13 langues parmi les plus parlées dans le monde : l'allemand, l'anglais, l'arabe, le chinois, le coréen, l'espagnol, l'italien, le japonais, le néerlandais, le portugais, le russe, le turc et le vietnamien. Toutes les traductions ont été réalisées par des traducteurs étrangers. Ce dictionnaire contient donc une sélection de 200 phrases en français pour demander des renseignements, dire bonjour, merci, svp, appeler un médecin, demander son chemin, connaître les horaires des bus, des trains ou des avions, réserver une chambre d'hôtel, appeler un taxi, se rendre au restaurant, commander son plat, visiter le pays, faire du shopping, aller à la banque, faire du change, poser des questions comme : pourriez-vous m'indiquer la rue/la place/l'avenue. . ?, quel est le prix de la chambre ?, y a-t-il un bus pour aller à l'aéroport, l'addition s'il vous plaît ?, où se trouvent les toilettes ?, où peut-on louer une voiture ?, je voudrais appeler un taxi, faites-vous un rabais ?, est-ce que je peux payer en Euros/dollars ?, je voudrais réserver une chambre, conduisez-moi à cette adresse svp, puis-je régler par carte ?, etc. 200 phrases pour demander en tout point du globe sa route, à manger, à dormir, à visiter, un taxi, un bus, la gare, l'aéroport, un hôtel, une banque, un musée, un hôpital, le centre-ville, un médecin et tant d'autres choses indispensables hors de l'hexagone ? Des phrases dans le livre que vous pouvez montrer du doigt à votre interlocuteur local, dans sa propre langue, afin d'être immédiatement renseigné et rassuré. Ainsi à l'étranger, grâce à ce livre, il est possible de se tirer d'affaire ou de se dépanner en toutes situations en interpellant des résidents locaux. Ce dictionnaire multilingue de phrases et de questions est le compagnon idéal pour faire un tour du monde. Même en l'absence de prononciation ou de phonétique, grâce à ce livre, tout Français peut, s'il le souhaite, s'exprimer dans une langue locale et tenter ainsi de se faire comprendre. En dernier recours, il peut montrer du doigt la phrase traduite à son interlocuteur et espérer obtenir une réponse satisfaisante. En tout cas, il ne sera jamais démuni d'un point de vue linguistique face à n'importe laquelle des situations où il pourrait se trouver hors de ses frontières, même les plus compliquées. Les atouts majeurs de ce nouveau dictionnaire sont donc les suivants : d'avoir en un seul fascicule, sous les yeux, les 13 principales langues du monde. Pages ; de connaître la graphie ou l'écriture des mots dans chacune de ces langues ; de favoriser grâce à un choix astucieux de phrases et de questions un dépannage immédiat quel que soit le pays visité ou l'interlocuteur étranger rencontré. La langue étant le seul moyen de communication et d'échange ; de privilégier le rapprochement des peuples et des cultures par le dialogue des langues ; Un livre qui en somme apparaît comme un véritable carrefour linguistique et culturel. Un livre qui s'inscrit dans la diversité linguistique et le multilinguisme dans le monde. Un livre qui valorise les langues et les cultures du monde.

01/2019

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Sciences historiques

L'encyclopédie des sous-marins français. Tome 3, L'apogée des classiques

L'Encyclopédie des sous-marins en six tomes. Réalisée au rythme d'un tome par an, une nouvelle Encyclopédie des sous-marins voit le jour. Oeuvre majeure, de réalisation collective, elle traite de tous les aspects qui constituent ce monde, fait de machines, de procédures, de stratégies, d'armes, mais aussi et surtout de mer, de bateaux et d'équipages. En réalité, cette encyclopédie est leur livre, elle leur est dédiée. A travers elle, ils vous expliquent qui ils sont et ce que sont ces sous-marins qui vous intriguent tant... Le premier tome (Naissance d'une arme nouvelle) court des origines aux lendemains de la Première Guerre. Les hommes inventent le sous-marin à partir d'un rêve ancestral, car les techniques commencent à le permettre. L'imagination, le talent, la témérité sont les ferments de cette extraordinaire bouffée de création et de créativité qui marque la fin du XIXe et le début du XXe siècle dans notre pays. Un nouveau venu dans les flottes de combat va prendre place. Il va faire ses preuves pendant la Première Guerre mondiale. Le tome 2 (D'une guerre à l'autre) traite d'une période terrible, celle de l'entre-deux-guerres, celle des débuts douloureux de la Deuxième Guerre mondiale. Les progrès nécessaires sont accomplis pour transformer l'essai de la Première Guerre. Le sous-marin, à l'image du Casabianca, le plus célèbre des 1500 tonnes, est prêt en qualité, en performances et en nombre pour aborder des hostilités qui s'annoncent inévitables. Mais l'armistice, dans la brutalité de ses suites, va broyer ce bel outil, et seuls quelques héros vont survivre. Le tome 3 (L'Apogée des classiques), qui va de 1943, l'année du début du reflux adverse, à 1972, départ en patrouille du Redoutable, montre quel essor fantastique est accompli dans ces trente années : participation à la victoire, décolonisation et guerres correspondantes, mais aussi maîtrise de l'atome, propulsion nucléaire et arme atomique. Pendant cette période, les sous-marins classiques Narval, Aréthuse et Daphné forment le coeur de la flotte sous-marine française, qui connaît là un des moments les plus hauts en couleur de son histoire. Avec le tome 4 (La Fin de la guerre froide), qui va de 1972 à 1990, la Marine est presque tout entière tournée vers la stratégie de dissuasion nucléaire du pays. Une part belle est faite aux SNLE (sous-marins lanceurs d'engins). Leurs équipages, ceux des moyens de surface, sous-marins et aériens veillant à la sûreté de leur environnement, ainsi que le personnel des arsenaux et des industries de défense, tous sont soumis à Line forte pression pour que l'excellence soit permanente dans tous les domaines. il en va de la crédibilité de la dissuasion. Le tome 5 est celui de La Période contemporaine. Le mur de Berlin est tombé, mais les missions demeurent. La compréhension du poids politique essentiel de la force de dissuasion se fait plus vive. Les déploiements des SNA (sous-marins nucléaires d'attaque), maintenant au nombre de six, révèlent leur capacité militaire irremplaçable dans une Marine française dont la vocation mondiale ne se dément pas. Les modernisations restent indispensables et motivantes, les équipages abordent le présent et l'avenir avec le même enthousiasme que leurs grands anciens. L'approche du tome 6 est différente. La Construction d'un sous-marin donne la parole à tous les acteurs de la construction. L'Etat, qui définit le besoin, passe la commande et assure la maîtrise d'ouvrage, les industriels, qui répondent, innovent et proposent des solutions originales dans tous les domaines : la coque, la propulsion, la manoeuvrabilité, les systèmes d'armes, le missile stratégique, l'habitabilité et tout ce qui permet au sous-marin de se mouvoir et de combattre, renseigner, menacer et surtout dissuader.

01/2012

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Littérature française

Allégeance Tome 2 : Trouble massacre au couchant

Allégeance - Trouble massacre au couchant [Tome 2] constitue la suite du premier volume Allégeance - L'Esprit Sournois du Hasard. Laure furète en quête d'un nouveau gagne-pain, lorsqu'elle fait connaissance de Karl surgi de nulle part. Un de ces jours ordinaires où l'on découvre plus tard qu'il ne l'était pas. Elle quitte Berlin pour Saratoga, là où se conçoit l'avenir numérique de la planète. Une charmante idylle se noue. Divers incidents l'entacheront pourtant, et la conduiront à des actions aux effets en chaîne aussi démesurés qu'inattendus. Rien ne prédestinait Laure à frôler des fausses barbes. Un univers qui s'exclut des feux de la rampe, évite la vacuité des discours, slalome entre le vrai et le faux, le dit et le non-dit, et agit sur ordre aux frontières du droit, voire très largement au-delà. Un monde obscur, boulimique de cyber-technologies. Des moustaches hybrides version 2. 0 en somme, mais nullement à l'abri d'un grain de sable, fut-il virtuel... Fruit de l'imagination porté par le réel, l'auteur a conçu la trame du roman Allégeance comme un désir de conjurer un futur réputé improbable qui prendrait des allures vraisemblables. Pousser tel ou tel curseur par le biais de l'écriture, puis en évaluer les possibles effets, n'est-ce pas là s'offrir la possibilité de cerner les éventuelles mauvaises graines qui ne demanderaient qu'à germer, puis à dominer. A moins qu'elles ne s'épanouissent déjà et que nous n'en discernions pas encore toutes les formes et l'insidieuse cohérence ?? Comment éviter le pire, même s'il n'est jamais certain ?? Si la littérature a des pouvoirs limités, au moins permet-elle de prolonger des courbes tendancielles, de les tordre ou de les infléchir, et tenter d'y décerner où, potentiellement, elles nous entraîneraient en catimini. Le roman n'est-il pas le bon support pour supputer des situations, y compris les plus absurdes ou les plus dantesques, mais non dépourvues de sens ?? Si nécessaire, n'est-ce pas sa vocation d'oser faire un pas de côté sur un chemin, semble-t-il, tout tracé et sans encombre, afin de creuser des situations concevables dont, justement, il semble particulièrement déraisonnable de penser qu'elles ne le soient pas ?? Pareille démarche n'est-elle pas déontique, alors que la présente période prend tous les atours d'un contexte de ruptures aux composantes disparates, mais convergeant en direction d'horizons très hasardeux ?? Nous connaissons tous à peu près le monde que nous quittons, mais les incertitudes sur les lendemains tenaillent les coeurs et les pressentiments sombres s'emparent des esprits en les noyant de sourdes inquiétudes. Mais, qu'on ne se méprenne pas. Avec Allégeance, Franck Leroy nous invite dans un roman, non dans une sorte de croisade donquichottesque. Un roman aux antipodes des récits prophétiques imprégnés de radicalisme apocalyptique où se colportent gazouillis, médiocres logorrhées ou suites poussiéreuses de petits dogmes aussi faciles à formuler qu'à digérer. Dans Allégeance, les circonstances, les rôles et les scènes attestent d'une parfaite maîtrise du sujet, des lieux et des sphères où l'intrigue se déroule. Confrontés à des événements qui les dépassent, les personnages pilotent leurs affects à vue. Les dialogues de situations ciselés d'une tonalité sonnant juste, peignent les acteurs avec finesse. Avec Allégeance, nous avons là un récit dynamique et harmonieux. Une narration captivante, une succession de chapitres rythmés de rebondissements où s'enchevêtrent cabale, mystère, passion et tragédie. Ce qui n'était qu'un projet voici quatre-cinq ans est bouclé. Il est finalisé par cet ouvrage d'un total de près de mille pages, édité en trois volumes pour en faciliter l'accès. Le premier paraîtra au cours du printemps. Les autres seront diffusés dans l'année. Une pré-édition des trois tomes est d'ores et déjà disponible pour la presse.

11/2023

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Beaux arts

Kandinsky, sa vie

Première biographie consacrée à Kandinsky, cet ouvrage s’attache à restituer dans toutes ses dimensions la vie mouvementée du célèbre peintre et théoricien qui ouvrit le passage vers l’abstraction, ainsi que la pensée et la personnalité d’un homme resté très secret. Appuyée sur un ensemble de sources considérables, les textes théoriques publiés et les inédits, les poèmes de l’artiste, sa correspondance privée et ses oeuvres qui constituent un véritable journal de bord de sa vie, les témoignages de ses contemporains et de ses proches, et prenant en compte les travaux les plus récents des nombreux chercheurs qui se sont intéressés à lui, cette biographie replace Kandinsky à l’intérieur des mouvements d’idées qu’il a inspirés, de ceux qu’il a traversés et parfois rejetés : positivisme, symbolisme, théosophie, courants de la philosophie russe et des mouvements prophétiques de l’aube du XXe siècle. Elle le présente face aux explosions formelles de son siècle et aux débats passionnés qu’elles ont soulevées. Né en 1866 dans une famille de marchands à Moscou où se déroula sa prime enfance, achevant son adolescence à Odessa, Kandinsky n’oublia jamais sa ville natale où il revint pour accomplir des études de droit. A la suite de diverses expériences personnelles marquantes, une mission ethnographique qui le met en contact avec l’art populaire russe dans « les maisons magiques « de Vologda, la rencontre d’une toile de Claude Monet qui lui fait pressentir la possibilité d’une peinture tout autre, il décide d’entrer tardivement en peinture à l’âge de trente ans, hanté par l’image première du coucher de soleil sur Moscou qui représente pour lui l’image absolue, se sentant investi d’une véritable mission spirituelle. C’est toute l’extraordinaire aventure de l’abstraction que l’on peut suivre ici, la recherche fiévreuse et obstinée d’une nouvelle voie de passage de la peinture vers un autre monde, l’effort vers la réalisation de la grande synthèse des arts. Le lecteur accompagnera Kandinsky dans une passionnante recherche intérieure et extérieure qui l’amène à Munich, initie voyages et épreuves. Il se retrouvera aux côtés de ses amis et compagnons de route, peintres, musiciens, sculpteurs célèbres, il participera à leurs discussions, aux expositions, rencontrera ses correspondants tant en Russie, en Allemagne, en France, en Belgique, en Italie, en Suisse qu’aux Etats-Unis. Eclairant bien des points obscurs ou méconnus de l’oeuvre et de la personnalité de Kandinsky, ce livre ouvre de nombreuses perspectives sur une vie extraordinairement riche et féconde qui a balayé, et souvent inspiré, l’ensemble des avant-gardes européennes. Peintre de génie, Kandinsky a touché à la poésie et au théâtre, produit des ouvrages et textes théoriques fondamentaux, s’est passionnément attaché à réunir les artistes mus par la « nécessité intérieure « par-delà préjugés de sexe ou de nation, jetant pour la première fois des ponts entre les différents arts, peinture, poésie, théâtre, musique, art populaire, art religieux, art des enfants, arts africains ou orientaux. Membre initiateur de groupes aussi variés que Mir Iskousstvo, la Neu Künstlervereinigung, le Blaue Reiter, die Brücke, der Sturm, Dada, le Valet de carreau ou Cercle et carré, Kandinsky a connu plusieurs vies. Chassé d’Allemagne par la guerre de 1914, livré aux aléas de la révolution russe, exilé à Berlin, fuyant à cause de la montée du nazisme en France, où il subit la seconde guerre mondiale, abandonnant à chaque fois ses oeuvres derrière lui, cette nature libre se montre là dans toute sa vigueur, animée jusqu’au bout de la ferme croyance que par-delà les tribulations de la vie, adviendra l’ère du « Grand Spirituel «.

04/2016

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Critique

Le jour d'après et autres esais. 2001-2023

Les trente essais que Cécile Wajsbrot a réunis ici ont été écrits pour des publications en revue, ou lus à l'occasion de colloques en Alle- magne, en France et dans d'autres pays d'Europe au cours de ce nou- veau siècle. Aussi divers qu'ils soient en apparence, par leurs sujets - d'un voyage en Corée à un trajet entre Dresde et Francfort, du Grand Meaulnes à un roman de Christa Wolf, de Victor Hugo à Imre Kertész, du Conte du Graal à la science-fiction - ce qui frappe, à leur lecture, c'est la cohérence d'une réflexion sur l'art du roman que Cécile Wajsbrot avait déjà exposée dans Pour la littérature publié aux éditions Zulma en 1999, et qu'elle ne cesse depuis d'approfondir et d'enrichir de son expérience de romancière. De par ses origines et son histoire familiale - la mort à Auschwitz de son grand-père arrêté à Paris par la police française lors d'une rafle - l'auteur de Beaune la Rolande et de Mémorial a fait dès l'enfance l'expérience indélébile du décalage entre le discours officiel sur la résistance qu'on lui enseignait à l'école et le récit familial qu'elle entendait à la maison. Ce qui l'a amenée très tôt à s'interroger sur le silence dont à ses yeux, s'est rendue coupable, en France toute la littérature de l'après-guerre : "Après la catastrophe, après Auschwitz, ceux qui ne voulaient rien savoir et détournaient les yeux et ceux dont la confiance en l'humanité avait volé en éclat - se rejoignaient dans un même silence et dans un même soupçon, met- tant en doute en littérature - et plus précisément dans le roman le personnage, l'intrigue, l'histoire, pour ne sauver que le langage. Autre- ment dit, par intérêt ou par désolation, ceux qui n'avaient "rien vu à Hiroshima" - pour reprendre la phrase de Duras - et ceux qui avaient tout vu érigeaient autour de la question de la responsabilité, individuelle et collective, un grand mur de silence et continuaient d'écrire à l'abri de ce rempart, préservant ainsi leur tranquillité ou leur équilibre précaire". A partir de ce constat, - et du fait qu'il en est allé autrement en Allemagne, raison pour laquelle elle se sent plus chez elle à Berlin qu'à Paris - il s'agit inlassablement, pour Cécile Wajsbrot, de déterminer ce que peut et doit être la littérature pour la génération de ceux qui sont venus "après-coup" , c'est-à-dire qui n'ont connu Auschwitz qu'à travers les témoins. Et donc de mettre fin à l'ère du soupçon, de faire à nouveau confiance à la lit- térature telle qu'elle s'est constituée depuis des siècles - de Pline faisant le récit de l'éruption du Vésuve à Svetlana Alexeievitch témoignant de celle de Tchernobyl - et à sa capacité de faire face à l'événement, de dire la catastrophe. "Le jour d'après" , dans l'essai qui donne son titre à ce recueil, c'est le jour d'après les événements (en l'occurrence ceux du Bataclan à Paris, en novembre 2015), et c'est la question qui se pose à l'écrivain lorsque l'événement vous fixe et vous pétrifie et vient frapper d'inanité, temporairement, votre travail en vidant les mots de leur sens. Et la réponse, c'est bien le recours à la littérature, admettre que l'unique ressource, ce sont les mots déjà écrits, les livres de la bibliothèque, plonger "dans les eaux profondes de la littérature" : "A l'écoute de cette autre musique, cette musique nécessaire, nous pourrons alors faire abstraction de la musique facile entonnée par l'air du temps. Ce sera la parole magique qui fera sortir du cercle ensorcelé des mots et des pensées obligées, qui donnera une autre mesure de la langue et du temps".

03/2024

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Littérature française

L'esprit sournois du hasard Tome 1 : Allégeance

Laure furète en quête d'un nouveau gagne-pain, lorsqu'elle fait connaissance de Karl surgi de nulle part. Un de ces jours ordinaires où l'on découvre plus tard qu'il ne l'était pas. Elle quitte Berlin pour Saratoga, là où se conçoit l'avenir numérique de la planète. Une charmante idylle se noue. Divers incidents l'entacheront pourtant, et la conduiront à des actions aux effets en chaîne aussi démesurés qu'inattendus. Rien ne prédestinait Laure à frôler des fausses barbes. Un univers qui s'exclut des feux de la rampe, évite la vacuité des discours, slalome entre le vrai et le faux, le dit et le non-dit, et agit sur ordre aux frontières du droit, voire très largement au-delà. Un monde obscur, boulimique de cyber-technologies. Des moustaches hybrides version 2. 0 en somme, mais nullement à l'abri d'un grain de sable, fut-il virtuel... Fruit de l'imagination porté par le réel, l'auteur a conçu la trame du roman Allégeance comme un désir de conjurer un futur réputé improbable qui prendrait des allures vraisemblables. Pousser tel ou tel curseur par le biais de l'écriture, puis en évaluer les possibles effets, n'est-ce pas là s'offrir la possibilité de cerner les éventuelles mauvaises graines qui ne demanderaient qu'à germer, puis à dominer. A moins qu'elles ne s'épanouissent déjà et que nous n'en discernions pas encore toutes les formes et l'insidieuse cohérence ?? Comment éviter le pire, même s'il n'est jamais certain ?? Si la littérature a des pouvoirs limités, au moins permet-elle de prolonger des courbes tendancielles, de les tordre ou de les infléchir, et tenter d'y décerner où, potentiellement, elles nous entraîneraient en catimini. Le roman n'est-il pas le bon support pour supputer des situations, y compris les plus absurdes ou les plus dantesques, mais non dépourvues de sens ?? Si nécessaire, n'est-ce pas sa vocation d'oser faire un pas de côté sur un chemin, semble-t-il, tout tracé et sans encombre, afin de creuser des situations concevables dont, justement, il semble particulièrement déraisonnable de penser qu'elles ne le soient pas ?? Pareille démarche n'est-elle pas déontique, alors que la présente période prend tous les atours d'un contexte de ruptures aux composantes disparates, mais convergeant en direction d'horizons très hasardeux ?? Nous connaissons tous à peu près le monde que nous quittons, mais les incertitudes sur les lendemains tenaillent les coeurs et les pressentiments sombres s'emparent des esprits en les noyant de sourdes inquiétudes. Mais, qu'on ne se méprenne pas. Avec Allégeance, Franck Leroy nous invite dans un roman, non dans une sorte de croisade donquichottesque. Un roman aux antipodes des récits prophétiques imprégnés de radicalisme apocalyptique où se colportent gazouillis, médiocres logorrhées ou suites poussiéreuses de petits dogmes aussi faciles à formuler qu'à digérer. Dans Allégeance, les circonstances, les rôles et les scènes attestent d'une parfaite maîtrise du sujet, des lieux et des sphères où l'intrigue se déroule. Confrontés à des événements qui les dépassent, les personnages pilotent leurs affects à vue. Les dialogues de situations ciselés d'une tonalité sonnant juste, peignent les acteurs avec finesse. Avec Allégeance, nous avons là un récit dynamique et harmonieux. Une narration captivante, une succession de chapitres rythmés de rebondissements où s'enchevêtrent cabale, mystère, passion et tragédie. Ce qui n'était qu'un projet voici quatre-cinq ans est bouclé. Il est finalisé par cet ouvrage d'un total de près de mille pages, édité en trois volumes pour en faciliter l'accès. Le premier paraîtra au cours du printemps. Les autres seront diffusés dans l'année. Une pré-édition des trois tomes est d'ores et déjà disponible pour la presse.

06/2023

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Histoire de France

Jean Bichelonne, un polytechnicien sous Vichy (1940-1944). Entre mémoire et histoire

Ecrire une biographie de Jean Bichelonne demande tout d'abord de se débarrasser des certitudes assénées depuis soixante-dix ans à l'égard de l'un des polytechniciens les plus doués de sa génération. Reconnu pour son esprit presque anormal par sa puissance de travail et sa mémoire exceptionnelle, il dirige en septembre 1939, le cabinet de Raoul Dautry, au ministère de l'Armement. Il fait alors transporter en Grande-Bretagne le stock d'eau lourde. Cet épisode relativement méconnu s'avérera déterminant pour la suite du conflit. La trajectoire de Jean Bichelonne rejoint celle des technocrates, ces hauts fonctionnaires ou cadres dynamiques du secteur privé qui avaient " pantouflé ", issus des mêmes Grandes Ecoles et des mêmes Grands Corps. Avant la guerre, ces inspecteurs des Finances, ces polytechniciens, ces centraliens avaient participé à des colloques communs, s'étaient retrouvé dans des cénacles choisis tels X-Crise, Redressement français, Les Nouveaux Cahiers, ou Ordre nouveau. Bon nombre de ces technocrates se retrouvent à Vichy, convaincus de pouvoir réaliser leurs idées d'avant-guerre. Bichelonne est l'un d'entre eux. Persuadé qu'il est possible de réformer et de créer une "nouvelle société", il est surtout hanté, devant la situation économique et sociale de la France occupée, par l'idée de sauver l'essentiel en France sur le plan de la production, des machines et des hommes. Choisi avant tout pour ses compétences et non pour ses prises de position politiques, il agit essentiellement pour défendre les intérêts de la France. Nommé secrétaire général au Commerce et à l'Industrie sous la direction de René Belin (1940), puis ministre de la Production industrielle d'avri11942 à 1943, Bichelonne est notamment l'initiateur de l'accord conclu avec Albert Speer pour effectuer en France la production de guerre destinée au Reich, et limiter le nombre des départs en Allemagne. C'est au cours d'une opération chirurgicale pratiquée en Allemagne, par un médecin SS, qu'il trouva la mort le 21 décembre 1944, de manière assez mystérieuse. Au total, cette biographie permet de reconstituer le parcours atypique d'un homme exceptionnel, confronté à la tragédie de l'Histoire. C'est aussi une plongée dans une intelligence hors norme, rapide, précise, à l'incontestable efficience technique mais qui, aux prises avec l'énormité des événements, ne parvient pas à déployer un regard lucide sur son époque. Basé sur une documentation d'archives très riche, cet ouvrage propose notamment une réflexion sur le rôle des technocrates et celui de Bichelonne en particulier, en période de crise et de guerre. Son histoire nous en dit long sur l'évolution de l'historiographie concernant Vichy et la collaboration avec l'Allemagne nazie.

09/2015

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Cartographie

Cartographie radicale. Explorations

Il est des cartes qui disent non. Des cartes radicales, qui dévoilent et dénoncent, qui protestent. Pour comprendre ces cartes rebelles, leur fonctionnement, leurs forces, leurs possibilités, ce livre entreprend un voyage d'exploration au coeur de la création cartographique. Que se passe-t-il exactement quand nous élaborons une carte, qu'elle soit radicale, expérimentale (on parle aussi de cartographie critique ou de contre-cartographie) ou conventionnelle ? Quelles intentions président à sa fabrication et à sa mise en oeuvre ? La première fonction des cartes est de nous aider à nous repérer dans l'espace et à nous déplacer d'un point à un autre. Elles permettent aux bateaux de naviguer et aux avions de voler. Avec des cartes, on fait la guerre, puis éventuellement la paix. Elles sont aussi de formidables machines à rêves, qui façonnent notre image du monde, en fixent la mémoire et finissent par fabriquer notre réalité. Qu'est-ce qui motive cet acte très particulier de mise en forme symbolique du monde, de Strabon à l'anarchiste Elisée Reclus, de la bénédictine Hildegard von Bingen à l'explorateur Alexander von Humboldt, des portulans à la carte d'état-major ? Quelle part de fantaisie créatrice, quelle part de fantasme faustien d'une possible maîtrise de notre environnement, quelle part de sincérité scientifique sont-elles à l'oeuvre ? Entre l'émergence de la cartographie thématique audacieuse de l'ingénieur Charles-Joseph Minard, ou celle des designers d'information Otto et Marie Neurath, et l'approche sémiologique conceptuelle de Jacques Bertin, se situe un point de rupture avec les conventions de la représentation cartographique. Un point libérateur qui a ouvert le champ de l'expérimentation et rendu possible la démocratisation des cartes. Autour des années 1900, le sociologue W. E. B. du Bois et son équipe inventaient de nouvelles façons graphiques de représenter des données statistiques sur la situation des personnes noires aux Etats-Unis. Quelque soixante ans plus tard, c'était pour dénoncer le même racisme culturel et économique qu'un petit institut de géographie de Détroit, animé par William Bunge et Gwendolyn Warren, donnait ses contours à ce qui deviendra la géographie radicale : une géographie engagée. Alors, le rapport à l'objet carte change. S'opère une prise de conscience quant à son usage et à ses possibilités. La cartographie radicale va spatialiser les données économiques et sociales, produire des cartes délibérément politiques qui montrent et dénoncent les situations d'inégalités de vie et de droits, les compromissions politico-économiques, les accaparements de terres, la destruction des milieux par l'agro-industrie, la pollution de la planète et tout ce qui hypothèque, d'une façon ou d'une autre, le bonheur et l'avenir de l'humanité. Les cartes, qui jouent traditionnellement le jeu du pouvoir, se font outils de la contestation et instruments d'émancipation politique et sociale quand la société civile se les approprie. Politique, art et science entrent alors en dialogue permanent pour proposer une image non convenue et libre du monde.

10/2021

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Littérature française

Sergio le Sicilien

Ce roman est l'histoire de Sergio, mon copain d'enfance, venu comme moi s'enraciner en France parce que certains événements en avaient voulu ainsi. Malgré l'amour de sa famille et l'amitié de notre petite bande, il n'a jamais su conduire sa vie comme il l'aurait pu. Il avait presque tout pour réussir, ce petit presque lui a cruellement manqué. Sa vie s'est terminée un jour sur les trottoirs lyonnais. J'ai voulu écrire ce livre à la première personne, parce que l'hommage rendu à Serge n'aurait pas eu, sinon, la même charge affective. En composant ces pages, je me suis mis dans la peau du personnage, comme un acteur dans un film ou dans une pièce de théâtre. Dans ce récit je suis Sergio, Sergio le Sicilien. Bien entendu cet ouvrage est un roman, les personnages sont tous fictifs. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. A moins que certains pans de ma vie et de mon vécu ne se soient glissés dans ce récit. Et que, finalement, certains des personnages décrits dans cet ouvrage ont peut-être existé. Ont sans doute existé. Comme Sylvie, ma fille, ma chérie, et sa trop courte histoire, comme Colette et Monique, mes premiers amours, Colette décédée prématurément de maladie il y a quelques années, avant que je ne retrouve sa trace, Monique qui a mis fin à ses jours du haut des Galeries Lafayette à Lyon. Colette et Monique c'est du vécu. Depuis j'ai retrouvé les deux enfants de Monique, Natacha et son frère, la maman de Colette et Monique, le mari de Colette, Jacques Morel, que j'ai retrouvé à Lyon et que je revois souvent. Nous avons d'ailleurs effectué un pèlerinage avec Jacques et les enfants de Monique dans cette fameuse rue du Plat à Lyon. J'ai regretté à ce moment-là l'absence de Colette. Du vécu comme cette bande de franco-siciliens avec J. Claude Prat, dit Kiki, J. Claude Faivre, Marcel Treffort, Daniel Romans, décédé prématurément, Marie-Madeleine Merlin, ma conscrite, Michélino, Michou ? . Ma bande de copains. Je relate aussi la période avec mon ex épouse, Chantal, Pascale dans cet ouvrage, une mauvaise expérience, un mauvais souvenir. Oui, cet ouvrage est un mélange de fiction et de vécu. C'est bien une histoire sur un copain disparu, un copain décédé dans la solitude, que je voulais raconter ? Mais au fil des lignes mon vécu est venu s'intégrer dans cet ouvrage. Pourquoi ? J'en avais sans doute besoin car depuis le décès de Sylvie, ma fille, je ne vis pas bien, je n'ai pas encore fait mon deuil. Suis-je soulagé? Non. Le décès d'un enfant ne s'efface pas, Sylvie est toujours près de moi, je la vois grandir, elle a 52 ans le 19 juin 2020. Mais elle n'est plus là pour souffler les bougies... Je vous souhaite une bonne lecture.

08/2020

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Littérature étrangère

Sur les jantes

" Je suis Berl Pickett, le Dr Berl Pickett. Mais je signe chèques et documents "I. B. Pickett", et il faut sans doute que je m'en explique. Ma mère, une femme énergique s'il en fut, ardente patriote et chrétienne évangélique, choisit mes prénoms en l'honneur du compositeur de God Bless America. C'est ainsi que je m'appelle en réalité Irving Berlin Pickett, et que je suis parfaitement conscient du caractère ridicule de mon nom. Mon père aurait préféré "Lefty Frizzell Pickett", et c'eût été encore pire. En tout état de cause, mon nom, comme ma vie même, a quelque chose d'une reprise, d'un emprunt, difficile à contester. " Sur les jantes est sans doute le roman le plus tendre, le plus subtil de Thomas McGuane depuis longtemps. Berl Pickett est médecin à Livingston, petite ville du Montana. Il y mène une vie plutôt calme jusqu'au jour où, pensant venir en aide à l'une de ses amies, il s'efforce de camoufler sa tentative de suicide. C'est le début d'une série de péripéties complexes puisque, lorsque cette dernière succombe à ses blessures, il devient le principal suspect, se voit interdit d'exercer et encourt le risque d'être poursuivi pour non assistance à personne en danger. Disposant désormais de beaucoup de temps libre, Berl reprend son activité antérieure : peintre en bâtiments. Entre les missions qui lui sont confiées, il a tout loisir pour se replonger sur son passé et se remémorer les événements qui ont marqué son passage à l'âge adulte : comment, à l'âge de 14 ans, sa tante l'a initié à la vie amoureuse en se chargeant de lui apprendre les choses de la vie ; le comportement de sa mère, profondément conditionné par ses croyances : " Sa religion avait entouré ma mère d'une impénétrable réalité, et la guerre avait eu le même effet sur mon père. J'éprouvais le sentiment qu'au fond j'avais toujours été seul depuis ma naissance. " ; le médecin qui, très tôt, a repéré le potentiel en lui et grâce auquel il a trouvé sa voie professionnelle ; les aventures qu'il a eues avec quelques femmes : Jocelyn, une pilote aux activités suspectes dont il s'est pris de passion, et une collègue, Jinx Mayhall, beauté tranquille qui le déconcerte par les questions insidieuses et sans motif qu'elle lui pose incessamment : " Elle soupirait sans arrêt et paraissait troublée. Finalement, elle tendit la main et prit la mienne. J'aurais du mal à décrire ce que je ressentis : le souffle coupé, je fixai droit devant moi les collines désertes couvertes d'armoise. Elle me lâcha la main et reposa la sienne sur le volant. Je lui demandai à quoi elle pensait et elle répondit : "Au car de ramassage scolaire". " ou encore : " C'était dommage, parce que j'étais un homme de nature affectueuse qui tombait facilement amoureux, et j'aurais pu connaître des expériences enrichissantes si je ne m'étais pas constamment méfié aux moments les plus agréables. " Face aux manœuvres vengeresses du directeur administratif de la clinique où il travaille, l'accusation qui pèse sur lui de non assistance à personne en danger, les activités louches et inquiétantes de l'aviatrice, et surtout les conséquences d'une affaire où il a poussé au suicide le mari assassin d'une de ses patientes, Berl, poursuivi par la calomnie et abandonné par presque tous ses collègues et amis, s'efforce de prendre de la distance vis-à-vis des différentes épreuves de son existence. Entre comédie et tragédie, McGuane ancre son récit dans une région qu'il connaît bien pour l'avoir lui-même traversée, ce qui lui permet de mettre l'accent sur les décalages au sein d'une société disparate et moderne où l'on réalise que son héros est coupé du monde, qu'en voulant prendre un avion le 11 septembre 2001 ce n'est que lorsqu'il arrive à l'aéroport qu'on lui dira que les vols sont suspendus. Si la satire des égoïsmes est partout présente, le rire le dispute à l'émotion, comme toujours chez McGuane, exprimée en demi-teintes, mais néanmoins palpable.

01/2012

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Littérature française

Gare d'Osnabrück à Jérusalem

Aller à Osnabrück c'est comme aller à Jérusalem, c'est trouver et perdre. C'est exhumer des secrets, ressusciter des morts, donner la parole aux muets. Et c'est perdre la liberté absolue d'être juif ou juive ou de ne pas l'être à volonté, liberté dont je jouis conditionnellement. Lorsque Omi ma grandmère est sortie d'Allemagne en 38 et nous a rejoints à Oran, quand un juif ne pouvait plus s'échapper sauf par une chance rare de l'Histoire, les Récits d'Osnabrück ont commencé. On croit communément que le grand Malheur s'est abattu en 1933 mais c'est une erreur à l'usage des manuels d'Histoire. Déjà en 1928 l'antisémitisme ordinaire était devenu nazi et extraordinaire. Et la mort était le maître de la Ville. Si tu vas à Osnabrück comme à Jérusalem, derrière le rideau de la Grande Histoire mondialisée, tu entr'apercevras d'innombrables grandes petites tragédies singulières, qui se sont gardées au secret dans les quartiers de cette ville qui fut glorieuse par Charlemagne, infâme sous le règne du NSDAP, et relevée aujourd'hui en courageuse Ville de la Paix, et militante des droits de l'Homme. Si tu vas à Osnabrück, me dit le Secret, passe dans la Grande Rue, devant la fameuse Horlogerie-Bijouterie, à cent mètres de la maison Jonas, celle de ta famille, et regarde dans les vitrines. Peut-être y verras-tu trembler au fond de la mémoire une planche de photos épinglées, papillons spectraux, images de tous les gens qui osaient entrer chez des commerçants Jude, dans les années noires. Peut-être pas. C'est ici, sous les fenêtres de la maison Jonas, qu'Omi regardait les rues et les places se remplir à craquer d'une foule ivre de haine, et les bannières du Reich qui lui donnaient l'éclat d'un opéra terrible montaient jusqu'à son balcon. Le ciel au-dessus de Rolandstrasse était rouge du bûcher de la Synagogue. On ne sait pas. On croit savoir. On ne sait pas qu'on ne sait pas. L'Histoire en (se) faisant la lumière fait aussi l'aveuglement. J'étais aveugle et je ne le savais pas. Mais un pressentiment me murmurait : va à Osnabrück comme à Jérusalem et demande aux murs de la ville et aux pavés des trottoirs ce qui t'est caché. Tout le temps où Eve ma mère était en vie j'ai souhaité aller à Osnabrück, la ville de la famille maternelle de ma mère, les Jonas. Berceau et tombe, ville de la prospérité et de l'extinction. - C'est pas intéressant, dit ma mère. Pas la peine. - Allons-y, dis-je. - On a été, dit ma mère. On a été. Maintenant, on n'est plus. Alors, maintenant qu'elles ne sont plus, Eve, Eri, Omi, ... maintenant qu'il n'y a plus personne, et que la mémoire cherche où, en qui, se réfugier, maintenant qu'il est trop tard, à toi d'aller, me dit le destin, gardien des mystères généalogiques. La taille d'une ville est un instrument du destin. Osnabrück n'offre pas aux condamnés les maigres chances de survie que le vaste Berlin compliqué accorde. Ici, la ville toute entière est une simple souricière. Le petit peuple des souris n'a aucune chance. Nul ne s'échappe. Ni la famille Nussbaum. Ni la famille van Pels. Ni la famille Remarque. Ni la famille Jonas. Ni. Je demande à Omi pourquoi elle n'a pas filé en 1930 avec ses filles. Et en 1933 ? Et en 1935 ? Naturellement elle ne répond pas. Quand Omi demande à son frère Andreas : qu'attends-tu dans Osnabrück, que fais-tu en 1941, et jusqu'au train de 1942 ?, une voix remue dans les pavés, c'est Andreas qui murmure, j'attends la mort à la Gare d'Osnabrück. Ne touchez pas à mes cendres. Dans les rues les voix fantômes timides taillées dans le Silence soufflent : descends chez les Cendres derrière le Rideau. Je suis allée derrière le rideau, réclamer mon héritage de tragédies au secret. Et on me l'a donné. On : les Archives de la Terreur, gardées, ordonnées, par la Mairie et ses Bibliothèques. J'ai suivi les traces de Job piétiné et écorché vif en allemand. Hélène Cixous

01/2016