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Histoire de France

Traité de la monarchie, 1757-1759

Ayant connu en 1757, avec L'Ami des Hommes, une célébrité extraordinaire et inespérée, le marquis de Mirabeau veut publier un Traité de la Monarchie qui soit en même temps la continuation de l'ouvrage qui l'a porté au succès et le fondement théorique de ce Mémoire sur les Etats provinciaux qui avait marqué ses débute comme écrivain politique. La rencontre, en juillet 1757, avec François Quesnay sera l'occasion d'une discontinuité dans l'évolution des projets et des idées du marquis. Entre lui et le docteur, une confrontation politique serrée s'ouvre sur les thèmes de ce texte, à partir de ce moment. Deux modèles sociaux s'affrontent, et la cible est commune, l'absolutisme. L'absolutisme comme négation de l'ordre traditionnel de la monarchie française, chez Mirabeau, l'absolutisme comme négation de l'ordre naturel d'un royaume agricole et de son économie politique, chez Quesnay. Commencée en juillet 1757, cette confrontation n'est pas finie encore au mois d'avril 1759, et le texte du Traité en sera profondément modifié. L'ouvrage restera enfin inédit, mais il s'est formé déjà un vrai laboratoire intellectuel, d'où va sortir un produit original : la Physiocratie. On verra qu'il est impossible - les interprétations courantes en sont le témoignage - de se faire une idée des origines politiques, soit de la Physiocratie soit de l'analyse économique qu'elle introduit, sans tenir compte des vicissitudes du texte de ce Traité et des différentes positions qui s'y confrontent. De la première partie de l'ouvrage - la seule que Quesnay a pu connaître - on donne ici une édition qui prend en compte toutes les versions manuscrites (conservées aux Archives Nationales) et fait état de toutes les variantes. On peut se faire ainsi une idée précise du travail des deux auteurs, de la nature de leurs rapports intellectuels, de la distance originaire entre les deux positions, et de la contribution - très inégale d'ailleurs - donnée, de part et d'autre à la définition d'une économie politique qui se veut science, science des sociétés.

11/1999

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Beaux arts

Le public et la politique des arts au siècle des Lumières. Célébration du 250e anniversaire du premier salon de Diderot

Avec l'invention du Public, le rôle de la critique et des médias, la culture encyclopédiste, la réévaluation des valeurs du passé et la politique réformatrice qui facilite l'émergence d'un nouvel art urbain face à l'art de cour, ce sont autant de questions apparues en Europe au XVIIIe siècle que l'histoire stylistique des oeuvres et des artistes, traditionnelle, ne traite guère. Du moins, les études qui se consacrent à la production artistique du siècle des Lumières, dans le champ des sciences humaines, ne touchent que trop peu le public d'aujourd'hui, largement sous-informé de l'extrême diversité des arts au XVIIe siècle et des mécanismes qui les réunit dans l'idée même de progrès. Agissant parmi le public, comme amateur très averti et donneur de leçons imaginatives et morales, Denis Diderot, critique d'art, témoigne pour ce public autant qu'il l'incite à réagir. La diffusion restreinte, par une correspondance manuscrite qu'étaient ses Salons, n'oblitère en rien – au moins au plan symbolique – ce rôle de témoin et d'incitateur du philosophe qui peut être comparé à celui des meilleurs chroniqueurs, vulgarisateurs ou théoriciens de l'esthétique de son temps. La célébration du 250e anniversaire du premier Salon de Diderot (1759-2009) est l'occasion d'illustrer cette valeur patrimoniale de l'histoire de l'art revisitée. Traitant de sujets totalement inédits, ou trop peu connus, les trente et un textes de ce volume abordent toutes les formes d'art (peinture, gravure, sculpture, architecture, urbanisme, jardin), les carrières d'artistes, l'esthétique, l'évolution du goût et les institutions artistiques. L'évocation de Paris ou de la province française, trouve des prolongements en Italie ou en Angleterre qui illustrent certains aspects politiques de la commande ou de la création. Ceux-ci sont regroupés en quatre grands thèmes: I – Autour de 1759: micro-chronologie politico-artistique (1744-1765), II – Formation et stratégies de carrière des artistes, III – L'imaginaire "à l'antique" et le "progrès des arts", IV – La réception des oeuvres, des projets et des polémiques artistiques.

04/2011

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Poésie

Soleil du soleil. Le sonnet français de Marot à Malherbe, une anthologie

"On trouvera dans ces pages à la fois des textes autrefois connus de toute personne ayant accompli des études secondaires (Heureux qui comme Ulysse... ou Comme on voit sur la branche...), d'autres qui n'ont été découverts qu'assez récemment (Sonnets de La Ceppède, Papillon, Mage, Sponde ou Vermeil), d'autres enfin dont on peut raisonnablement penser qu'ils n'ont eu pratiquement aucun lecteur depuis le moment de leur publication (les Sonnets jetés en avant-propos de Flammermont) ou de leur copie manuscrite (le Brouillas de quelques miens vers de Louis de Gallaup de Chasteuil). La supériorité des premiers sur les seconds et les derniers, encore implicitement admise aujourd'hui par l'école ou l'université, ne m'apparaît plus aussi évidente. Cette anthologie s'inscrit donc dans un mouvement, assez général quoique lent, de réévaluation critique de la poésie du passé. Le titre que j'ai choisi est emprunté à un vers de Guy Le Fèvre de La Boderie. Le Soleil du soleil est la divinité. Placer cette longue suite de sonnets sous ce titre implique un jugement esthétique global sur la première tradition du sonnet français : que sa contribution la plus originale et la plus accomplie à l'histoire de la forme (considérée comme forme poétique majeure) ne se situe pas dans la ligne de la poésie amoureuse d'origine plus ou moins directement pétrarquiste (même si les sonnets de L'Olive de Du Bellay, de L'Amoureux Repos de Des Autelz, de l'Hécatombe à Diane, de d'Aubigné, ceux de Jodelle, du capitaine Lasphrise ou d'Abraham de Vermeil n'ont pas à souffrir d'une comparaison avec leurs équivalents italiens, anglais, espagnols, néerlandais ou allemands) mais dans celle d'une inspiration religieuse (qu'elle soit catholique ou protestante), et singulièrement dans ce qu'on a désigné sous le nom de poésie de la méditation, représentée ici par Mage, Sponde ou La Ceppède mais aussi par La Boderie, Marin Le Saulx, Pierre Poupo, le président Favre, Nicolas Le Digne, Pierre de Croix, César de Nostredame, Flammermont ou Chasteuil (pour ne citer que les oeuvres les plus marquantes)". Jacques Roubaud.

11/1990

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Critique littéraire

Argonautiques. Tome 1, Chants 1 et 2, Edition bilingue français-grec ancien

"Je rappellerai les exploits de ces héros d'autrefois qui, par la bouche du Pont et à travers les roches Kyanées, sur l'ordre du roi Pélias, menèrent vers la toison la solide nef Argô", tels sont les premiers vers des Argonautiques d'Apollonios, sans doute l'auteur épique le plus célèbre après Homère. Le poème d'Apollonios relate le fameuse histoire de Jason, "c'est celui-là qui conquit la toison", grâce à Médée, la sorcière de Thrace, et à Athéna, la déesse qui le protège depuis la proue de l'Argô. Si le mythe est connu, la vie du poète nous est plus obscure. D'Apollonios nous savons qu'il naquit, non pas à Rhodes, mais à Alexandrie, en 295 avant JC, qu'il fut le récepteur de Ptolémée III Evergète, et sans doute qu'il devint le directeur de la bibliothèque d'Alexandrie. Il dut s'exiler à Rhodes, mais les raisons de cet exil ne nous sont pas connues. Ce grand érudit ne se cantonna pas à la poésie épique et écrivit des oeuvres philologiques dont un Contre Zénodote et un commentaire d'Hésiode, ainsi que des récits étiologiques. Mais sa plus grande ouvre est sans nul doute Les Argonautiques, long poème épique réussissant à mêler à la tradition homérique l'érudition qui charmait le public de la période alexandrine. Notre édition rassemble en trois volumes les quatre chants des Argonautiques. L'introduction générale du tome I présente en détail la vie et l'ouvre d'Apollonios, et fait notamment le point sur son éventuelle querelle avec un autre bibliothécaire célèbre, Callimaque. Les sources du poème, comme par exemple les poèmes hésiodiques et les mystérieux Naupactiques, sont analysées, de même que la tradition manuscrite. Chaque chant est en outre précédé d'une notice qui lui est propre. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, en fin d'ouvrage, par des notes complémentaires et des notes additionnelles. Les tomes I et II sont assortis de cartes, tandis que le tome II contient un complément d'introduction. Le tome III est en outre enrichi d'un Index nominum et d'un Index vocabulorum, et de notabilia varia.

01/1975

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Critique littéraire

Antiquités romaines. Tome 3, Livre III, Edition bilingue français-grec ancien

En entreprenant de raconter les premiers temps de l'histoire de Rome, Denys d'Halicarnasse, historien et professeur de rhétorique d'origine grecque, s'inscrivait pleinement dans le projet augustéen de restauration des valeurs de l'ancienne société romaine. Bien que traitant l'histoire de la cité latine, Denys demeure néanmoins pleinement grec, défendant le courant littéraire que l'on nomma atticisme par sa volonté d'imiter le style des grands auteurs grecs des Ve et IVe siècles avant J. -C. tels que Démosthène. Par cette démarche originale dans les premiers temps du principat, l'historien avait pour objectif de mieux faire connaître Rome à ses compatriotes helléniques. De ce point de vue, le livre III de ses Antiquités Romaines retient particulièrement l'attention. Dans un récit qui oscille entre légende et histoire, Denys y relate les règnes des rois romains Tullus Hostilius, Ancus Marcius et Tarquin l'Ancien. Si beaucoup d'événements relatés dans le règne du premier relèvent de la fable, tels que le célèbre affrontement des Horaces et des Curiaces qui inspira Corneille, le nom de Tarquin est quant à lui plus attesté par l'archéologie comme en témoignent les vestiges du Circus Maximus ou du temple de Jupiter Capitolin. Le récit de l'historien fait dans ce livre la part belle aux guerres qu'entretient Rome avec ses cités voisines. Le règne de Tullus Hostilius met ainsi fin au conflit qui oppose l'Vrbs à sa métropole Albe. Les enjeux diplomatiques de cette opposition sont présentés par Denys dans des termes qui ne sont pas sans rappeler la présentation des conflits entre métropoles et colonies chez Thucydide. En cela, l'historien parachève sa volonté d'inscrire l'histoire de Rome dans une filiation hellénique. L'édition du livre III des Antiquités Romaines dans la Collection des Universités de France comprend le texte grec de Denys d'Halicarnasse accompagné de la traduction en français de Jacques-Hubert Sautel. Le volume s'ouvre par une introduction dans laquelle est exposé l'intérêt historique du récit et où est retracée la tradition manuscrite du texte.

01/1999

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Religion

Lumière de l'intellect. Edition bilingue français-hébreu

Dans l'océan textuel et conceptuel de la tradition cabalistique, la figure d'Abraham Aboulafia surgit, portée par une biographie en forme d'auto­biographie qui étonne autant qu'elle fascine. Né à Saragosse en 1240 de l'ère commune, Abraham ben Samuel Aboulafia rend compte dans ses ouvrages de ses pérégrinations méditerranéennes qui le porteront jusqu'aux remparts de Saint-Jean d'Acre à la recherche du fleuve Sambatyon. Mais, dans le parcours de cette vie vagabonde entre la Grèce et l'Italie, Byzance et l'Espagne, l'événement sans précédent qui marquera les esprits et la chronique, c'est la non-rencontre avec le pape Nicolas III en 1280. Les visions qu'il décrit alors, la mission messianique dont il se dit porteur, la mort soudaine du pontife au moment de l'arrivée d'Aboulafia à Rome, son emprisonnement, puis sa libération qui signe le début d'années fructueuses en Sicile, où disciples et détracteurs se succèdent, enfin son excommunication et sa disparition mystérieuse sur la petite île de Comino dans l'archipel maltais - tout cela scelle à jamais un destin hors du commun dans le ciel de la pensée juive. Lumière de l'intellect ('Or ha-Sekhel), écrit à Messine vers 1283, édité, traduit et annoté ici à partir de trois de ses plus importants manuscrits, est sans doute l'oeuvre la plus complexe et complète d'Aboulafia. "Il est indispensable de ­publier ... tous les livres d'Abraham Aboulafia, la personnalité la plus importante parmi les cabalistes qui nous sont connus à ce jour. Il faut en tout cas commencer par ... le 'Or ha-Sekhel. ". . écrivait Gershom Scholem à H. ? N. Bialik en 1925. C'est aujourd'hui chose faite. A partir de cinq éléments fondamentaux qui sont : l'influx divin, l'homme, la connaissance, le monde et la langue hébraïque, Aboulafia nous dit que l'influx informe l'homme de ce qu'est la totalité du monde, mais que cette connaissance est cachée. Elle est cachée dans la langue sous tous ses aspects. Lettres de l'alphabet (formes, ordres, permutations, combinaisons, fontes, etc.) signes des voyelles (durée, sonorité, place etc.), grammaire, syntaxe, temps des verbes, indiquent tel ou tel aspect du monde, sans pour autant en dévoiler le secret, auquel aura accès toutefois l'homme qui intellige. Et se dessine alors les contours d'une "foi de l'intellect" fondée sur l'intelligence du livre dans ses formes les plus ­multiples qui fonde une théorie du langage sur les principes de la cabale.

01/2021

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Philosophie

Autoportrait dans l'atelier

Giorgio Agamben est l'auteur d'une oeuvre de philosophie politique majeure, internationalement commentée. Depuis quelques années l'art semble prendre une place prépondérante dans sa réflexion : il publie en 2017 un livre consacré à la figure de Polichinelle dans les derniers travaux de Giandomenico Tiepolo (Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes), Autoritratto nello studio en 2017 et Studiolo (non encore traduit) en 2019. Nous publions la traduction d'Autoritratto nello studio. Voici ce qu'on pourrait lire sur la quatrième de couverture de l'ouvrage : "Le titre, Autoportrait dans l'atelier - un thème iconographique familier à l'histoire de la peinture - doit être entendu ici à la lettre : ce livre est un autoportrait, mais seulement dans la mesure où, à la fin, le lecteur pourra en déchiffrer les traits à travers le patient examen des images, des photographies, des objets, des tableaux présents dans les ateliers où l'auteur a travaillé et travaille encore. Le pari d'Agamben est, dès lors, celui de réussir à parler de soi seulement et exclusivement en parlant des autres : les poètes, les philosophes, les peintres, les musiciens, les amis, les passions - en somme les rencontres et les confrontations qui ont décidé de sa formation et ont nourri et nourrissent encore en diverses manières et proportions sa propre écriture, de Heidegger à Elsa Morante, de Melville à Walter Benjamin, de Caproni à Giovanni Urbani. Les images font donc partie intégrante de ce livre - comme dans ces rébus où des figures variées en produisent une autre, plus grande par leur juxtaposition -, elles composent avec le texte l'un des autoportraits les plus insolites qu'un auteur ait jamais laissés : non pas une autobiographie mais une autohétérographie des plus fidèles, et intemporelle". Autoritratto nello studio /Autoportrait dans l'atelier : le mot studio, en italien, signifie également bureau, tandis que l' "atelier" , en français, évoque l'art, l'artisanat, les métiers. Autoportrait dans l'atelier est un livre de philosophe sans être un livre de philosophie. Un autoportrait plus qu'une autobiographie au sens où il s'agirait d'une tentative, comme c'est parfois le cas dans l'art, de conserver au visage (ou à la figure) sa part d'énigme. Le fil indéterminé de l'ouvrage retisse en effet les liens intimes du philosophe Agamben avec les personnages et les oeuvres rencontrées, en partant de l'atelier, c'est à dire des livres, des photographies, des manuscrits, des gravures et des objets qui s'y trouvent comme autant de points de départ d'une récapitulation de sa pensée et de sa vie.

11/2020

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Pléiades

Oeuvres en prose complètes. Tome 1

Cette nouvelle édition - parce qu'elle se veut complète - apparaîtra très vite comme indispensable à qui se propose de connaître le vrai Péguy, cet ennemi des systèmes. Citons : "La liberté ne s'obtient généralement que par une opération de désentrave : [...] il y a des hommes qui font des idées toutes faites. Il y a des idées qui sont toutes faites pendant qu'on les fait, avant qu'on les fasse. [...] Il y a aussi peu de peintres qui regardent que de philosophes qui pensent." Un Péguy qui, aujourd'hui encore, dérange : "Ce n'est pas impunément que Dieu fait un siècle aussi niais. [...] Qui veut faire l'ange fait la bête. Le malheur est aussi que qui veut faire la bête fait la bête. Qui veut faire la bête y réussit généralement parfaitement." Et, aussi, l'étonnant moraliste : "Il faut renoncer à cette idée que la passion soit trouble (ou obscure) et que la raison soit claire, que la passion soit confuse et que la raison soit distincte. Nous connaissons tous des passions qui sont claires comme des fontaines et des raisons au contraire qui courent toujours après les encombrements de leurs trains de bagages." On trouvera rassemblés pour la première fois dans cette édition - dont le texte a été soigneusement contrôlé par un recours systématique aux manuscrits - les nombreux fragments posthumes qui, jusqu'à présent, n'avaient été publiés qu'en plaquettes ou en revues. Des chronologies détaillées, des notes - qui tirent profit de toutes les recherches menées sur l'auteur - ainsi que de nombreux extraits de la correspondance de Péguy et un complet inventaire des archives des Cahiers de la quinzaine conservées au Centre Charles-Péguy d'Orléans éclairent les multiples références et allusions de cette ouvre si charnellement liée au temps. Il n'était pas inutile de noter quelques repentirs d'une pensée qui semble s'écouler devant nous sans barguigner ; on la verra cependant, par les quelques variantes que nous avons retenues, hésiter - et se chercher. A la fin de chacun des volumes, un répertoire des diverses personnalités citées vient heureusement aider le lecteur. Le premier des trois tomes de cette nouvelle édition rassemble les textes rédigés par Péguy jusqu'en mai 1905. On y trouvera non seulement les nombreux écrits qui n'avaient jamais encore été reproduits depuis leur première publication dans les six premières séries des Cahiers, mais également la totalité des articles de Péguy publiés dans des revues ou des journaux avant l'institution des Cahiers.

02/1987

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Littérature française

Essais

En 1971, la Pléiade publiait "Contre Sainte-Beuve" précédé de "Pastiches et mélanges" et suivi de "Essais et articles" . L'édition qui paraît aujourd'hui est dotée d'un sommaire considérablement enrichi et d'un titre qui témoigne de ses intentions. Exit le triple intitulé dominé par le massif central du Contre Sainte-Beuve. Choisir le titre Essais, c'est reconnaître à la fois l'unité et l'incertitude générique de l'oeuvre de Proust. Comme le souligne Antoine Compagnon, Proust fut toujours partagé, dans son désir d'écrire, entre narration et réflexion. Son roman est riche de développements critiques. Son oeuvre de réflexion connaît des développements romanesques. Son projet sur Sainte-Beuve, il le qualifie d' "essai" , terme qui s'appliquait à des textes à la composition très libre. A preuve, la définition que le critique du Figaro, André Beaunier, donne de "Sur la lecture" , préface de Proust à Sésame et les lys de Ruskin (1906) : "un essai original, et délicieux, émouvant, plaisant, gai parmi les larmes, mélancolique avec discrétion ; les souvenirs s'y mêlent aux rêveries, la fantaisie à la réalité, comme dans l'âme d'un philosophe très sensible" . Des lignes qui annoncent l'expérience unique qu'offre la lecture des essais de Proust. Incertitude générique, donc : les Pastiches et mélanges reprennent en 1919 "Sur la lecture" et d'autres essais essentiels, mais aussi les pastiches de "l'affaire Lemoine" , cette "critique en action" dans laquelle le récit a toute sa place. Et Contre Sainte-Beuve est certes un essai, mais narratif : c'est au cours d'une conversation avec sa mère que l'auteur entend critiquer la méthode de Sainte-Beuve. Mais voici que surgissent des personnages, Swann, les Guermantes, un Montargis au profil de Saint-Loup, un Guercy qui annonce Charlus. Ces développements romanesques constituent un nouveau départ pour le roman que l'on sait. Ils signent aussi la fin du projet Sainte-Beuve et expliquent pourquoi Contre Sainte-Beuve n'existe que dans l'idée qu'on s'en fait. Dans sa première édition (1954), le livre comportait des chapitres romanesques. Dans la seconde (1971), seules étaient retenues les pages critiques. On propose ici un "Dossier du Contre Sainte-Beuve" , titre et dispositif plus conformes aux manuscrits conservés. Quant aux nombreux essais - critiques, études, chroniques, entretiens ou amples analyses -, ici plus nombreux que jamais, parus dans les revues et journaux du temps et non recueillis par Proust, ou encore révélés après sa mort, ils témoignent de l'ambition littéraire la plus haute et sont l'accompagnement obligé de la Recherche.

04/2022

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Histoire des techniques

Répertoire des facteurs d'astrolabes et de leurs oeuvres en terre d'Islam. Pack en 2 volumes

Sommet du savoir, symbole des orbes, complexe de géométrie, figure du monde, guide de la sagesse, l'astrolabe a, depuis longtemps, suscité curiosité et admiration. Son emploi pour la résolution des problèmes géométriques, ses applications pratiques pour la connaissance du cosmos, l'ingéniosité de sa conception et la beauté souvent exceptionnelle de sa gravure en ont fait " l'Instrument Roi ". Depuis près de deux cents ans, les historiens comme les collectionneurs lui vouent le plus grand intérêt. En effet, de toute l'histoire de l'Islam et de la Chrétienté, il est le seul instrument scientifique dont on possède bon nombre d'exemplaires fabriqués dès les premiers siècles de l'hégire jusqu'à ce qu'il tombe en désuétude au dix-neuvième siècle de notre ère. C'est dire s'il constitue un sujet de choix pour l'étude de la conception et de la réalisation des instruments astronomiques et, par delà même, de la transmission de la pensée héritée des Grecs et son acheminement à travers l'Islam jusqu'à la Chrétienté et peut-être encore vers d'autres cultures lointaines. Il comble des lacunes laissées dans nos connaissances par les textes littéraires et les manuscrits traitant des instruments anciens. Il nous fournit aussi des données qui nous permettent de savoir qui en étaient exactement les constructeurs et de mieux comprendre leur fonction et celle de leurs instruments dans la société. Nous connaissons beaucoup d'astrolabes " islamiques " portant des inscriptions en arabe ou en persan, quelquefois en turc, et d'astrolabes de l'Inde, portant des inscriptions en sanscrit. Il faut en ajouter un qui porte une inscription en caractères hébraïques, celui d'Abraham, quatre en arménien (ceux de Alat'ciean, Nuri?anean Lukas Vanandec‘?, Mur?d ‘Is?n?, ainsi qu'un astrolabe arménien anonyme) et un en géorgien, le n° 26 de ‘Abd al-A'imma. En dehors de ces objets, cette longue période nous a laissé des globes célestes islamiques et quelques globes indiens, ainsi que des équatoires, des quadrants, des cadrans solaires et des indicateurs de qibla, dont beaucoup sont signés et dont certains sont datés. Nous avons voulu également répertorier ces instruments. Le Répertoire se veut être un tableau aussi exhaustif que possible de tous les facteurs d'astrolabes ayant travaillé en terre d'Islam ainsi que ceux qui, en Inde du Nord, ont réalisé des instruments inspirés de la tradition islamique. D'autres pays d'Europe orientale proviennent également des exemples très proches des modèles islamiques, mais portant des inscriptions en arménien et en géorgien.

04/2021

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Pléiades

Oeuvres complètes. Tome 1, Premières poésies ; De Goethe à Ronsard ; Des poèmes politiques aux odelettes ; Journalisme ; Les "Faust de 1840" ; Romans ; Poésies ; Articles ; Les poésies de Heine et "Le marquis de Fayolle" ; Correspondance

Voici le premier tome de l'édition entièrement nouvelle des Ouvres complètes de Nerval. Ce tome était depuis longtemps attendu puisque le tome II a paru en 1984. C'était aussi le plus difficile à organiser, en raison de la médiocrité des travaux antérieurs, de la difficulté à accéder à plusieurs manuscrits et de l'extraordinaire prolifération des articles auxquels Gérard a donné beaucoup de son temps et de son talent. Il n'a pas fallu moins d'une équipe pour le mener à bien. L'édition suit l'ordre chronologique, seule présentation capable de faire saisir l'étonnante trajectoire qui, en un quart de siècle, transforma le jeune Labrunie ou M Gérard en Gérard de Nerval, pseudonyme définitif qui n'apparaît qu'en 1836. Durant les dernières années de la Restauration, disciple de Boileau et de Voltaire, il s'enrôle parmi les libéraux qui font la guerre aux ultras et témoigne alors d'une fécondité qui se traduit par des centaines de vers dont la plupart étaient restés inédits. En 1830, il se convertit au romantisme, qu'exprimeront les Odelettes, un romantisme discret par rapport à celui qu'arboraient ses amis du Petit Cénacle (même s'il a participé à la bataille d'Hernani) et il proteste contre la confiscation de la révolution de Juillet par la bourgeoisie. Mais il s'accommodera assez bien du régime de Louis-Philippe, collaborant à des journaux gouvernementaux, La Charte de 1830 et Le Messager, avant de devenir l'un des chroniqueurs dramatiques de La Presse. Passés au crible de la rigueur, et tous recueillis à leur date, les articles de Gérard montrent son très vif intérêt pour la scène : lors même que les pièces dont il doit rendre compte sont médiocres, il sait en donner des résumés intéressants, et formuler des appréciations qui constituent ces nombreuses pages en une histoire de l'art dramatique dans laquelle ne sont oubliés ni Shakespeare ni Sophocle. Parallèlement à ce travail de grand journaliste, où apparaissent les sources majeures des oeuvres de la fin, Nerval esquisse des nouvelles et, loin d'oublier la poésie, crée six sonnets qui, douze ans avant Les Chimères, sont de purs diamants. En 1841, le long apprentissage est terminé. Les éléments des grandes ouvres de 1850-1855 sont prêts. Mais Nerval ne se risque pas à donner forme à ces ouvres ; il préfère encore l'esquisse à l'achèvement. Il sait que son heure viendra. Tout ce qui prépare le Voyage en Orient, Les Filles du Feu, Aurélia est ici en devenir.

07/1989

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Ecrits sur l'art

L'art qui guérit la mémoire

" Je me souviens mieux quand je peins. " Ainsi s'exprime l'artiste Hilgos qui a souhaité se remettre à la peinture à la fin de sa vie, alors qu'elle souffrait de la maladie d'Alzheimer, ce qui lui a permis d'en ralentir les effets, de préserver son identité fragilisée et son élan vital. Son expérience témoigne des vertus thérapeutiques des activités artistiques, des ateliers-mémoire, des visites de musées, qui parviennent à freiner les effets dévastateurs des maladies de la mémoire et favorisent une existence plus heureuse. Ces formidables pouvoirs de l'art sont bénéfiques à tous, que nous soyons ou non artistes, car toute connexion avec la beauté d'une oeuvre développe et enrichit notre mémoire. Dès ses origines, l'art témoigne du désir de se souvenir, en particulier des belles choses, qui sont souvent par essence éphémères. Par leur virtuosité et leur génie, les artistes explorent nos émotions et stimulent notre mémoire. Ils nous aident à mieux comprendre ce qui nous entoure et élargissent notre vision du monde, améliorant ainsi nos facultés de mémorisation. Cet ouvrage se propose d'explorer et d'analyser les pouvoirs de l'art sur notre mémoire : comment nous permet-il d'en prendre soin et de la développer ? comment parvient-il à frapper notre imagination pour imprimer les souvenirs dans notre esprit ? comment nous aide-t-il à mieux apprendre et à penser, à réorganiser notre passé pour prévoir l'avenir ? Ces liens étroits qui unissent art et mémoire sont observés dès l'Egypte antique, mais aussi à Stonehenge ou chez les bâtisseurs de cathédrales ; des liens connus de Dante, de Giotto, de Botticelli, de Michel-Ange, de Shakespeare, mais aussi de Vermeer ou encore de Dalí. Dans toutes les cultures du monde, les artistes témoignent du fait que l'art est indissociable de la mémoire. Magnifiques manuscrits enluminés du Moyen Age, fascinants motifs géométriques de l'art islamique, lignes mystérieuses de Nazca au Pérou, étonnantes peintures rupestres du canyon de Mesa Verde aux Etats-Unis : ces exemples universels attestent l'exceptionnel pouvoir de l'art sur la préservation de la mémoire. Grâce aux développements récents des neurosciences, nous en connaissons aujourd'hui les mécanismes. Nous savons que grâce à l'interaction avec la beauté des oeuvres, grâce aux émotions qu'elles suscitent, notre mémoire va se trouver stimulée et enrichie. Et plus encore lorsque la maladie nous touche, il est désormais acquis que l'art soutient et soigne nos mémoires défaillantes. Et n'est-ce pas là l'une des fonctions essentielles de notre cerveau que de se souvenir, de préserver notre mémoire mais aussi celle de l'humanité ?

11/2023

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Beaux arts

L'Apocalypse illustrée par la tapisserie d'Angers

Le texte L'Apocalypse raconte les visions de l'apôtre et évangéliste Jean en exil sur l'île de Patmos dans la mer Egée. Son message ne s'adresse pas au seul chrétien mais à l'homme qui, face aux épreuves de l'existence, lutte pour trouver sa voie et se trouver lui-même. Bien qu'ayant été écrit au Ier siècle, le texte de saint Jean résonne avec l'actualité d'une manière surprenante. Nous avons choisi la traduction de la Bible de Jérusalem, tant pour l'unanimité qu'elle suscite que pour le souffle et la justesse qu'elle donne à L'Apocalypse. L'auteur : Paule Amblard Dans ses commentaires et son introduction, Paule Amblard, historienne de l'art et spécialiste de l'art chrétien médiéval, décrypte la signification des images et des symboles et nous convie à interroger le sens profond du message de saint Jean. Les commentaires de Paule Amblard sont enrichis de nombreuses citations de la Bible, mais également du Coran et des grands textes mystiques. Nous proposons ainsi une véritable lecture symbolique et spirituelle de la tapisserie d'Angers, et une promenade éclairée sur le chemin de L'Apocalypse. L'illustration Chef-d'oeuvre du Moyen Age datant du XIVe siècle et attribué à Hennequin de Bruges, classée au patrimoine mondial de l'humanité, la tapisserie d'Angers est la plus grande tenture médiévale jamais réalisée : 130 m de long par 6 m de haut, c'est-à-dire 775m2 (ce qui équivaut à trois terrains de tennis). Les illustrations de notre édition proviennent de l'envers de la tapisserie qui a conservé les couleurs flamboyantes de l'époque du tissage, et qui a été photographié puis inversé. Un important travail de photogravure a été réalisé afin d'obtenir la meilleure restitution possible des couleurs. Ce livre rend un hommage indispensable à une oeuvre exceptionnelle. Un soin particulier à l'exploitation des détails de la tapisserie a été apporté afin de faire ressortir les émotions inscrites sur les visages des personnages : le texte de L'Apocalypse et la tapisserie s'animent et se répondent. Là où les panneaux de la tapisserie manquent, nous avons intégré des miniatures issues de manuscrits précieux qui ont inspiré Hennequin de Bruges. Un livre pour tous Une édition dans un format plus maniable et abordable, avec l'intégralité du contenu de la Grande Collection. L'Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d'Angers séduira tant les amateurs d'art que les lecteurs intéressés par la spiritualité.

09/2017

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De Gaulle

De Gaulle, une vie. Tome 1, L'homme de personne (1890-1944)

L'auteur s'est fondé en grande partie sur les archives du Général, qu'il a été le premier historien à pouvoir exploiter et sur quantité d'écrits inédits tirés de sa correspondance ou exhumés des manuscrits de ses Mémoires. Il s'est appuyé également sur des fonds d'archives publics ou privés en France et à l'étranger, dont certains accessibles depuis peu. Un salutaire retour aux sources. Loin de tout esprit hagiographique, Jean-Luc Barré s'est attaché à saisir l'homme du 18 juin dans toute sa complexité. Il n'occulte rien de ses aspects les plus contestables. En privilégiant une approche critique et équilibrée, il bouscule bien des contrevérités ou idées toutes faites sur sa vision de l'Histoire, de la France, de l'Europe et du monde, sa conception de l'Etat, des institutions, de l'exercice du pouvoir, de l'action politique, sociale et économique, de ses choix diplomatiques. Il révèle ainsi un de Gaulle guidé très tôt et avant même son entrée dans l'histoire par une vision, des principes et des convictions qui expliquent la cohérence de sa politique et n'ont rien à voir avec le seul pragmatisme qu'on lui a prêté. Il montre ainsi comment le Général eut, dès les années 30, l'intuition de la fin du système colonial, comment il Inventa les institutions de la Cinquième république en 1941 ; en quoi il fut dès cette époque un européen conscient des limites du nationalisme ; et ce qui fit de lui, réputé de droite, un contempteur souvent féroce des valeurs bourgeoises et du monde de l'argent. On trouvera aussi dans ce premier volume des éléments nouveaux sur la part déterminante que son apprentissage du théâtre a joué dans l'élaboration de son personnage et son sens de la communication ; sur la véritable tragédie personnelle que représenta pour lui sa longue période de captivité durant la Grande Guerre, tournant majeur de son existence qui marque la fin prématurée de ses rêves de soldat et la naissance de l'homme d'Etat ; sur sa conversion de monarchiste en républicain de raison ; sur ses relations avec Pétain, la résistance et les communistes ; son rôle dans l'assassinat de l'amiral Darlan ; son affrontement avec l'administration américaine ; sa vision révolutionnaire d'un nouveau modèle de civilisation... Sa vie familiale, conjugale et sentimentale est ici traitée comme elle ne l'a jamais été auparavant, ainsi que ses relations avec les écrivains et intellectuels de son temps.

10/2023

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Romans historiques

J'ai construit la tour en fer

Tablettes d'argile, noeuds sur des cordes, papyrus, hiéroglyphes, grimoires, manuscrits tachés d'humidité, archives ! La Grande Histoire n'est faite que de ces objets fragiles, miraculeusement conservés, qui, un jour, remontent en pleine lumière dans des circonstances extraordinaires. Et, tous, ils éclairent d'une facette nouvelle le prisme de la connaissance. De la construction de la tour Eiffel, pas si lointaine pourtant, on ne savait rien de ce qui en faisait le coeur battant, l'humaine nature. Restaient des histoires de boulons et de rivets, des chiffres à en faire tourner les têtes, et des poncifs, des histoires fausses, des mensonges, des à-peu-près. L'histoire de la tour Eiffel en resterait-elle là, incomplète, désincarnée ? C'était compter sans Jules Z. Sabatès, journaliste, qui publie ses articles au Figaro, au Gaulois, la grande presse du temps. Pour Gustave Eiffel, génie du siècle de l'industrie, ingénieur, promoteur et pionnier de la " communication ", l'homme de plume va non seulement suivre l'érection de la Tour en Fer, mais encore y prendre sa part de labeur ! Jour après jour, montant des échelles sans fin avec les ouvriers, s'usant les mains sur le fer gelé, tapant sur les rivets chauffés à blanc, travaillant à tous les postes, il s'adonne à une besogne harassante. Ce qui ne l'empêche pas, presque chaque soir, de tenir son journal de bord et d'écrire ses articles, à bout de fatigue, pour enfin s'endormir à son bureau. Trop de fers au feu, manque de temps, épuisement ? Ses nombreux écrits s'entassèrent et ne furent jamais publiés. Rangés, oubliés dans une malle passant de l'un à l'autre au fil des générations. Et la voilà qui refait surface, cette malle, la Providence aidant, grâce à l'un de ses descendants qui comprend la valeur de ces vieux papiers, leur intérêt immense. Fabien Sabatès, auteur et journaliste comme son aïeul, plonge dans cette masse d'écrits et en reconstitue, pièce à pièce, le puzzle. Autant de renseignements précieux, de première main, de révélations, rassemblés et mis en lien dans une véritable vision de ce qu'a été la conception et la construction de la tour Eiffel... et que vient compléter une illustration qui ne pouvait être, comme la Tour et son concepteur, qu'extraordinaire. Des années de travail et de mise en forme qui permettront au lecteur de découvrir enfin, avec J'ai construit la Tour en Fer, la grandiose épopée de notre emblème national.

11/2016

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Critique littéraire

Hymnes orphiques

Le recueil des Hymnes orphiques, livre de prières du IIIe siècle de notre ère, nous donne à travers ses quatre-vingt-huit textes un accès direct, et unique, à la fois à des conceptions religieuses complexes et originales et aux préoccupations quotidiennes d'un petit groupe de fidèles se réclamant de l'orphisme dans la région de Pergame en Asie Mineure. Bien que transmis intégralement, et non en miettes comme l'essentiel du corpus dit orphique, il n'a guère retenu l'attention ni des philosophes ni des historiens de la religion ni des spécialistes de poésie. Trop peu orphiques pour les uns, trop peu poétiques pour les autres, ces incantations ont pourtant révélé peu à peu, depuis environ vingt-cinq ans, les secrets de leur architecture mais les deux grands savants francophones, Jean Rudhardt puis Francis Vian, qui avaient (séparément) conçu le projet de les éditer, n'ont pu le mener à bien. De ce recueil méconnu la Collection des Universités de France offre donc la première édition scientifique française qui a bénéficié des ultimes réflexions de F. Vian - il avait confié à Marie-Christine Fayant des notes et brouillons rassemblés en vue de l'édition - et des relectures conjointes de Pierre Chuvin, disciple de longue date de F. Vian. Ce volume vient enrichir notre connaissance de la poésie hymnique des Anciens : les Hymnes orphiques nous ont été transmis dans les mêmes manuscrits que les Hymnes homériques, les Hymnes de Callimaque et ceux de Proclus, mais ils manifestent une grande originalité par rapport à ceux-ci, nous faisant goûter, derrière leur formalisme de surface, la saveur d'une piété au ras de la vie, de la naissance à la mort. Prières ferventes ou moments d'exaltation dionysiaque, dans ces litanies passe le souffle des grands courants de pensée de l'époque. Leur publication veut permettre une plus juste appréciation de leur valeur et fournir à tous ceux qu'intéresse la religiosité de l'Antiquité tardive les clés, linguistiques et conceptuelles, nécessaires pour entrer dans ce monde où s'est forgée une partie du nôtre. Marie-Christine Fayant et Pierre Chuvin ont contribué à l'édition en 18 volumes des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis (Collection des Universités de France) ; ils ont traduit et commenté la Description de Sainte-Sophie par Paul le Silentiaire (Die 1997 ; nouvelle édition en préparation aux Belles Lettres). Pierre Chuvin est notamment l'auteur de Chronique des derniers païens (Belles Lettres / Fayard 1990 ; dernière éd. revue et augmentée, 2009).

11/2014

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Bretagne

Un grand week-end Mont Saint-Michel-Saint Malo. Edition 2021

En 2021, la collection Un Grand Week-end lance une nouvelle série de guides sur les plus belles villes et régions françaises. Vous y retrouverez toutes les infos pour construire un week-end idéal : la visite des sites incontournables, les plus belles balades à pied ou à vélo, les bonnes adresses et un large choix d'activités nature pour déconnecter ! Le tout dans un nouvelle présentation moderne, aérée, colorée pour vous donner envie de partir immédiatement ! Dans ce tout nouveau titre, nous vous proposons 3 belles destinations qui peuvent chacune faire l'objet d'un grand week-end, côté terre et côté mer ! Un week-end au Mont Saint-Michel : pour l'abbaye bien sûr mais aussi pour la découverte de sa baie, à pied, lors de parties de pêche, ou à vélo vers Cherrueix et ses moules de bouchot. Incluant Avranches et sa collection de manuscrits du mont. Un week-end à Saint-Malo, ville de corsaires... et de de festivals ! incluant Dinard, au charme suranné mais dynamique, et Cancale et ses huîtres, ouverte sur le grand air. Criques cachées, îles accessibles à pied ou en kayak de mer, balades dans le bocage cancalais, observation des dauphins ou randonnées iodées sur le sentier des Douaniers. Le meilleur de la côte d'Emeraude ! Un week-end à Granville et les îles Chausey. Etonnante Granville (l'autre cité de remparts et de corsaires et patrie de Christian Dior...) et fabuleux archipel des Chausey aux eaux turquoise, avec un parcours détaillé de randonnée. Toutes ces villes sont facilement accessibles par train depuis Paris. Puis tous les conseils pour circuler en transports en commun ou à vélo dans chacune de ces micro-zones, voire les relier. Des activités variées : randonnées, balades à vélo, pêche de nuit, paddle, thalasso, navigation sur de vieux gréements et même des cours pour devenir crêpier le temps d'un week-end ! Nos adresses préférées et nos conseils où loger. Une sélection de crêperies, restos de poissons et fruits de mer... mais aussi de micro-brasseries et de boutiques d'artisanat local. 1 double-page spéciale pour découvrir toute cette région depuis la mer, en mode croisière relax avec vue. Des pages Focus qui permettent de mieux comprendre la région (corsaires, marées...). Ces adresses ont toutes été soigneusement testées et sélectionnées par notre auteur, Jean-Philippe Follet, grand voyageur et auteur de nombreux guides de voyage. Il a retrouvé avec bonheur ce coin de France entre Normandie et Bretagne, qu'il affectionne tout particulièrement. Des plans des villes avec toutes les adresses localisées.

04/2021

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Critique littéraire

Isabelle Morel-de Gélieu. Journal 1819-1834

"Ce mois me paraissant devoir être de grande importance, j'en veux écrire les journées. Ce sera toujours un échantillon de ma vie actuelle". C'est ainsi qu'Isabelle Morel-de Gélieu (1779-1834) commence son Journal en septembre 1830. Auparavant, elle avait relaté quelques journées de 1819 et rédigé, à partir de 1820, des chroniques annuelles, qu'elle appelle "mon grand journal" . Dans le Journal, elle s'épanche librement : menus faits et gestes, événements importants, travaux saisonniers ou occasionnels, relations avec ses proches, nous révèlent ses émotions, ses états d'âme, ses inquiétudes et les petits bonheurs, plus rares, que la vie lui procure. Au fil des 488 pages de son manuscrit, c'est toute l'atmosphère d'un foyer qui se dévoile, souvent perturbé par des tensions entre les membres de la famille, des soucis d'argent et de santé, des frustrations de toute sorte. Femme de lettres consacrée par les histoires littéraires de Philippe Godet et de Virgile Rossel, Isabelle Morel-de Gélieu s'est illustrée par son roman Louise et Albert, par ses traductions de Schiller, Pestalozzi, Appenzeller, Kotzebue ainsi que par des articles publiés dans divers journaux et revues suisses et étrangers. Elle représente, à ce titre, l'une des grandes figures féminines de la littérature romande au xixe siècle. Dès l'enfance, elle bénéficie d'un environnement favorable à l'épanouissement de l'esprit : élevée à la cure de Colombier, elle y côtoie notables, autorités et autres pensionnaires que reçoivent ses parents, le pasteur Jonas de Gélieu et Marguerite Isabelle, fille de Théophile Rémy Frêne. De plus, Isabelle grandit dans l'entourage bienveillant de Madame de Charrière, sa protectrice. En 1801, elle épouse le pasteur de Corgémont, Charles-Ferdinand Morel, homme énergique qui exploite un domaine agricole et s'intéresse aux questions politiques, économiques et sociales de son temps. Quel contraste entre cette notoriété et le Journal d'Isabelle Morel-de Gélieu ! Ce précieux témoignage sur la sociabilité des élites de l'époque constitue un document unique décrivant le quotidien et le sort d'une femme de lettres résignée et reléguée dans un milieu rural, sacrifiant ses talents littéraires à ses obligations d'épouse et de mère.

10/2020

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Théâtre

La Bonne Ame du Se-Tchouan

" J'ai toujours entendu dire : quand on aime, on marche sur un petit nuage, mais ce qui est bon, c'est qu'on marche sur la terre, sur l'asphalte. Vous savez, le matin, les pâtés de maison ressemblent à de gros tas d'ordures dans lesquels on aurait allumé des lumières, quand le ciel est déjà rose et encore transparent parce qu'il n'y a pas de poussière. Vous voulez que je vous dise, vous perdez beaucoup si vous n'êtes pas amoureux et que vous ne voyez pas votre ville à l'heure où elle se lève de son lit, comme un vieil artisan qui, le ventre vide, emplit ses poumons d'air frais et saisit ses outils, ainsi que chantent les poètes. " Le 18 mai 1941, Lion Feuchtwanger écrit à Brecht depuis son exil californien : " J'ai reçu le manuscrit de La Bonne Ame du Se-Tchouan. C'est un petit miracle qu'au milieu de cette confusion barbare vous ayez pu réaliser quelque chose d'aussi beau, clair, tranquille et classique. " Dans le Se-Tchouan, une province fort reculée de la Chine, trois dieux voyagent. Ils recherchent des justes. Ils en trouvent une seule : Shen Té, la prostituée. Pour la récompenser, ils lui donnent un peu d'argent ; elle quitte son métier, ouvre une boutique de tabac. Les ennuis commencent : passer de l'autre côté de la misère, c'est aussi devoir l'affronter. Misère physique, sociale. Mais aussi misère morale. Dans la clairvoyance avec laquelle sont dépeints les habitants du Se-Tchouan, parle toute la tristesse et la révolte de l'exilé Brecht devant l'incapacité des peuples à faire échec aux structures de domination. Brecht écrit cette pièce pendant que la guerre achève de détruire son pays. On retrouve, transporté en Chine, le monde de L'Opéra de quat'sous, mais s'y ajoute une tonalité morale, qui n'est pas sans rappeler parfois La Flûte enchantée. La fresque épique des aventures de Shen Té est ponctuée d'appels désespérés à la bonté et d'explosions de colère, devant la médiocrité et la passivité des humains. À l'heure où les libertés civiles sont de plus en plus menacées, la pièce n'a rien perdu de sa force.

01/2010

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Histoire de France

Les débuts du nazisme avec Emil Maurice, l’ami juif de Hitler

Emil Maurice, compagnon de la première heure d'Adolf Hitler, inscrit dès la fin de 1919 à la DAP (embryon du futur parti nazi), bien qu'ayant un arrière-grand-père juif, est un patriote convaincu. En 1921, il est le chef du premier service d'ordre rapproché, à l'origine de ce qui va devenir la SA. Au début de 1923, il est l'adjoint de Berchtold à la tête du Stosstrupp (embryon de la SS) et participe activement au putsch de Munich, le 9 novembre 1923. Arrêté, il est très proche d'Adolf Hitler à la prison de Landsberg, il en est en quelque sorte le majordome et en devient son ami, il sera un des rares à pouvoir le tutoyer. Il contribue d'ailleurs à la frappe du manuscrit de Mein Kampf et le sortira clandestinement de la pri- son. Cet ami du tribun devient son chauffeur, mais aussi le cofondateur de la SS, dont il sera le n°2 ! – jusqu'à la brouille avec Hitler fin 1927, à cause de sa nièce, Geli Raubal. La réconciliation aura lieu en 1933 et Emil Maurice deviendra SS-Oberführer, obtiendra une dispense de Hitler pour son mariage – il sera le seul officier SS d'origine juive à pouvoir avoir cette autorisation. Mais à travers son parcours, c'est aussi une histoire des débuts du nazisme, de 1919 à 1927 principalement, comme vous ne l'avez jamais lue, avec des informations inédites et très peu connues, une immense page d'Histoire, qu'on peut lire d'une seule traite, grâce aux nombreux témoignages et une fabuleuse iconographie – près de 600 photos et documents, avec des sujets comme la naissance de l'antisémitisme en Allemagne, la Révolution en Bavière et les Freikorps, la Société Thulé (dont nous avons retrouvé l'emblème en couleur), des partis et mouvements inconnus en France mais qui ont joué un rôle important, le putsch du 9 novembre 1923, un historique détaillé du Stosstrupp, Geli Raubal s'est-elle suicidée ? On découvre un Hitler qui n'avait rien inventé et s'attribuera les découvertes des autres. Des documents inédits et étonnants sur une grande page d'Histoire.

11/2020

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Littérature étrangère

Florilège

Avec ses contemporains Wang Wei et Du Fu, Li Bai (701-762) est un des plus puissants génies poétiques de l'empire des Tang. Né en Asie centrale, ce marginal, un peu bretteur, quatre fois marié, refusa de se présenter aux concours qui lui eussent ouvert le mandarinat. Mais, ni son penchant pour la pensée, voire la religion taoïstes, ni sa connivence avec le bouddhisme, ne l'empêchèrent de solliciter les grands : ainsi, du printemps 743 à l'automne 744, partagea-t-il les faveurs impériales à la cour de Xuan-zong. Impliqué, malgré son détachement de " clochard céleste ", dans les bouleversements de la révolte d'An Lu-shan, il connut la prison, l'exil, les ermites, les puissants, les errances, les montagnes et les rivières, le vin surtout. Subsistent plus de mille poèmes des formes variées choisis et classés ici par thèmes dominants : l'amitié, la femme, l'ivresse, etc., annotés pour que rien n'échappe au lecteur de notre langue qu'aura séduit, fasciné, et, disons-le, foudroyé la qualité des poèmes français, rythmés et rimés pour répondre aux structures métriques des originaux. Pour moi, qui jadis tentai de traduire deux des poèmes ici offerts par Paul Jacob en formes adéquates, je sais ce qui me reste à faire : les brûler. Lorsque Jacques Réda découvrit en manuscrit le précédent recueil de Paul Jacob, Vacances du pouvoir, il sut les célébrer dans La Nouvelle Revue Française comme en effet ils méritaient de l'être. Grâces lui en soient ici rendues. Je gagerai sans risque que ce Florilège traduit par un savant au tempérament de poète va enfin permettre aux amateurs de se délecter au ton, aux thèmes, aux mètres de Li Bai. Pour celui qui pensait qu'avec le vin, la poésie, elle seule, pouvait nous faire admettre ce que le ciel et la terre font de notre misérable espèce, qu'est-ce que cent ans, qu'est-ce que mille ans, qu'est-ce que douze cents ans et plus de retard ? Mourir en voulant cueillir un reflet de lune dans l'eau, quelle jolie fable du monde poétique et de la vie de Li Bai ! Etiemble

09/1985

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Critique littéraire

L'Afrique. Tome 1 (Livres I-IV), Edition bilingue français-latin

Faisant suite à la publication des huit premiers volumes de la Correspondance de Pétrarque, l'Africa est l'épopée (inachevée comme l'Enéide), en hexamètres latins et en neuf chants, qui valut au jeune Pétrarque de recevoir le laurier poétique sur le Capitole en 1341. De ce grand poème d'amour et de gloire, comme seront plus tard le Roland Furieux et la Jérusalem délivrée, la trame est historique, l'action prise au moment de l'affrontement décisif sur sol africain entre Rome et Carthage, représentées par deux géants, Scipion et Hannibal. Le héros principal, un jeune puritain, modèle de vaillance, de clémence, de chasteté, sorte de Perceval ou Galaad romain, passionné de vertu, incarne l'idéal humain qui nourrira longtemps le rêve humaniste. Et pourtant ce poème destiné à exalter la figure du chef charismatique s'ouvre sur une radicale dénonciation de la gloire terrestre : au terme d'une journée victorieuse, le jeune chef s'endort, l'ombre de son père lui apparaît et l'entraîne sur les hauteurs de la Voie lactée d'où il contemple la petitesse dérisoire du théâtre des actions humaines et la vanité de ce que nous appelons la vie et qui n'est que la mort de l'âme dans la prison du corps. La fresque historique s'ouvre sur ce porche philosophique grandiose. Autre enrichissement : dans la source livienne, Pétrarque a relevé un épisode merveilleusement accordé à son génie : c'est le récit des amours malheureuses du roi numide, Massinissa, allié de Rome, et de Sophonisbe, la fille d'Hasdrubal. Ce récit, équivalent de l'épisode de Didon et Enée dans l'Enéide, illumine tout le livre V, centre poétique du poème. Pétrarque y déploie et tout son art et sa profonde connaissance des délices et des tourments de l'âme amoureuse. Ainsi commence le poème, nourri de ces tensions, soutenu par une vers d'une rare musicalité, dont la traduction versifiée de Pierre Laurens a tenté de donner une idée. Le texte donné ici s'appuie pour la première fois sur le manuscrit témoin du dernier état de l'oeuvre et enrichi dans les marges des ultimes corrections du poète ainsi que des suggestions de son disciple Coluccio Salutati.

05/2006

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 12, Le livre sur Adler

C’est en juin 1846, peu après la publication du Post-scriptum définitif, que Kierkegaard entreprit la rédaction du Livre sur Adler. Mais le manuscrit, promptement achevé, fit aussitôt l’objet de nombreux remaniements successifs ; il resta finalement inédit et les éditions posthumes, en danois comme en traductions, posèrent de nombreux problèmes. A.P. Adler (1812-1869), pasteur dans l’île de Bornholm, avait été destitué de ses fonctions en 1845 et venait de publier quatre livres dont un concernant ce qu’on appelait « l’affaire Adler ». Kierkegaard, qui connaissait depuis longtemps Adler, n’avait eu avec lui que des relations superficielles. Il l’avait toutefois considéré, dans sa jeunesse, comme le prototype de l’hégélien danois. En 1842, Adler, à la suite d’une « révélation », avait brûlé ses écrits hégéliens et, s’en tenant désormais à la Bible, prétendait écrire sous la dictée du Christ. Interrogé par les autorités religieuses sur l’authenticité de cette « révélation », il avait quelque peu atténué ses affirmations. Mais ces concessions n’avaient pas empêché sa destitution, et elles achevèrent même de le confondre aux yeux de Kierkegaard. Pour Kierkegaard, le cas Adler apparaissait comme particulièrement caractéristique de la confusion intellectuelle et religieuse de l’époque. À travers la personne d’Adler, sa psychologie, ses premières convictions hégéliennes, son mode de vie à Bornholm, sa « révélation », ses écrits, son comportement enfin face aux autorités, Kierkegaard était à même de faire le point sur un certain nombre de problèmes fondamentaux, dans lesquels il était lui-même impliqué : le rapport entre « l’individu » et « la masse, le public », le véritable et le faux « Extraordinaire », le génie et l’apôtre, le christianisme et la chrétienté, l’autorité et la révélation... D’autre part, d’un point de vue simplement méthodologique, on peut suivre J. Hohlenberg lorsqu’il affirme que « si l’on veut se faire une idée de ce qu’est la dialectique appliquée à une question précise, il faut étudier Le Livre sur Adler ». Ainsi, si peu de gens ont lu Adler (mais qui a lu Dühring ?), en lisant Kierkegaard, lecteur de Adler, on lira du meilleur Kierkegaard.

01/1983

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Notions

Sur le concept d’histoire. Œuvres et Inédits (tome 19)

Les thèses Sur le concept d'histoire sont le dernier texte auquel a travaillé Walter Benjamin avant sa disparition prématurée en septembre 1940. Bien qu'il n'ait pas été publié du vivant de son auteur - et tout indique que Benjamin était loin de le considérer comme achevé -, ce texte est aujourd'hui communément considéré comme son "testament" , à tout le moins comme la quintessence d'une pensée de l'histoire que Benjamin a mûrie pendant plus de deux décennies. L'édition établie par Gérard Raulet renouvelle profondément la façon dont le texte est présenté au lecteur : à la différence de toutes les publications antérieures, cette nouvelle édition ne donne pas une seule et unique version de référence de Sur le concept d'histoire. Elle présente au contraire, outre le tapuscrit ayant servi de base à la version parue en 1942 et la version française établie par Benjamin lui-même, quatre versions supplémentaires publiées chacune dans son intégralité, à commencer par le manuscrit offert à Hannah Arendt par Benjamin lui-même, ainsi que son "Exemplaire de travail" . Les variations entre ces différentes versions permettent de suivre pas à pas les différentes phases de la rédaction, les hésitations de l'auteur, ou à l'inverse l'affermissement de sa réflexion. Sur le concept d'histoire est ainsi rendu à son statut de work in progress, sans pour autant rien perdre de sa force. Au contraire, la publication sur le même plan des différentes versions invite à multiplier les lectures, et cette nouvelle édition donnera certainement matière à de nouvelles interprétations. Aux différentes versions des Thèses l'édition ajoute les fragments et brouillons préparatoires, dont certains sont publiés pour la première fois. Gérard Raulet retrace dans le détail la genèse et le destin de ces différents textes, au cours de leur rédaction et au fil de leurs publications successives. L'édition fournit enfin un ensemble très riche de "Documents" qui éclairent les tensions suscitées par ce texte qui n'a cessé de diviser et d'opposer les amis de Benjamin, qu'il s'agisse d'Adorno et Horkheimer, de Scholem ou encore de Hannah Arendt.

01/2023

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Théâtre

Cardenio entre Cervantès et Shakespeare. Histoire d'une pièce perdue

Comment lire un texte qui n'existe pas, représenter une pièce dont le manuscrit s'est perdu et dont on ne sait pas avec certitude qui fut son véritable auteur ? C'est l'énigme que pose Cardenio - une pièce jouée en Angleterre pour la première fois en 1612 ou 1613 et attribuée quarante ans plus tard à Shakespeare (et Fletcher). Elle a pour trame une " nouvelle " insérée dans Don Quichotte, oeuvre qui circula dans les grands pays européens où elle fut traduite et adaptée pour le théâtre ; en Angleterre, le roman de Cervantès était connu et cité avant même d'être traduit en 1612 et d'inspirer Cardenio. Mais cette énigme a d'autres enjeux. C'était un temps où, grâce notamment à l'invention de l'imprimerie, proliféraient les discours : la crainte de leur excès conduisait souvent à les raréfier. Tous les écrits n'avaient pas vocation à subsister, et particulièrement les pièces de théâtre qui, très souvent. n'étaient pas imprimées - le genre, situé au plus bas de la hiérarchie littéraire. s'accommodait fort bien de l'existence éphémère des oeuvres. Mais qu'un auteur devienne fameux, et la quête de l'archive inspirait l'invention de reliques textuelles, la restauration des restes abîmés par le temps, voire, pour combler des manques. parfois la fabrication de faux. C'est ce qui arriva à Cardenio au XVIIIe siècle. Retracer l'histoire de cette pièce conduit alors à s'interroger sur ce que fut, dans le passé, le statut des oeuvres jugées aujourd'hui canoniques. Le lecteur redécouvrira ici la malléabilité des textes, transformés par leurs traductions et leurs adaptations ; leurs migrations d'un genre à l'autre : les significations successives qu'en construisirent leurs différents publics. Pour nombre de ses lecteurs, Don Quichotte fut longtemps un répertoire de nouvelles. bonnes à publier séparément ou à porter sur la scène, aux dépens de la cohérence des aventures du héros éponyme. et Shakespeare un dramaturge qui, à l'instar de nombre de ses confrères, écrivait en collaboration, recyclait des histoires empruntées à d'autres écrivains et dont certaines oeuvres ne rencontrèrent pas d'éditeur. Ainsi, grâce à Roger Chartier, s'éclaire le mystère d'une pièce sans texte niais non sans auteur.

08/2011

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Poches Littérature internation

Ni partir ni rester

Sebastián est un jeune écrivain brésilien, d'origine argentine, dont le grand-frère a été adopté par ses parents avant leur départ pour le Brésil. Suite au coup d'état de 1976 ces derniers se sont engagés dans la résistance et lorsqu'on les prévient de leur arrestation est imminente, ils doivent quitter Buenos Aires de toute urgence. Avec le bébé que leur a confié une sage-femme, ils traversent donc la frontière uruguayenne avant de s'envoler pour São Paulo. C'est là que la le couple dissident, à présent exilé, donnera naissance à Sebastián et à sa soeur. Le jeune auteur a besoin d'écrire sur son frère pour essayer de comprendre : comprendre les silences gênés lors de discussions sur l'adoption, comprendre le mutisme de ce frère distant, son rapport problématique à la nourriture et son habitude de s'isoler dans sa chambre. Il essaie de trouver dans le langage et la littérature des réponses à ses questions intimes mais aussi aux énigmes qui dépassent sa seule famille. Parti à Buenos Aires afin d'écrire le livre, Sebastián s'intéresse aux Grands-Mères de la place de Mai, une organisation rassemblant des femmes dont les petits-enfants ont été kidnappés par le régime militaire. On ne sait presque rien de la famille biologique du grand frère adopté, se pourrait-il qu'il fasse partie de ces enfants volés ? De vol, il en est d'ailleurs question tout au long du texte, l'auteur se demande sans cesse si ce n'est pas la vie de son frère qu'il est en train de confisquer avec ce projet littéraire. Il décide de s'affranchir des codes de la narration autobiographique en intégrant au livre la réaction de ses parents, puis le moment où il frappe à la porte de la chambre de son frère pour lui remettre en main propre un exemplaire du manuscrit... Couronné par les plus grands prix littéraires brésilien et portugais, Ni partir ni rester est un ouvrage remarquable sur la recherche d'une vérité incertaine. Avec une langue tourmentée et poétique, Julián Fuks réussit à sublimer des sujets aussi douloureux que l'exil et l'adoption, à bâtir un texte intime sur la résistance - politique, familiale, culturelle, mémorielle.

03/2018

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Théâtre

Théâtre

Ce livre est la première édition du théâtre complet de Maupassant. Il regroupe les cinq pièces jouées ou publiées du vivant de Maupassant : A la feuille de rose, maison turque (1875), Histoire du vieux temps (1879), Une répétition (1880), Musotte (1891), et La Paix du ménage (1893). En annexe figure La Trahison de la Comtesse de Rhune (1877), jamais jouée et laissée à l'état de manuscrit, et la saynète La Revanche (1886). Volontiers contradictoire, Maupassant disait ne pas aimer se rendre au théâtre, par crainte de l'ennui et du manque de confort, mais était en réalité passionné par la scène, comme en attestent les souvenirs de Charles Lapierre : "Une seule chose pouvait distraire Maupassant du canotage, c'était le théâtre. Il avait pour complice de sa passion Robert P[inchon], avec lequel il fit, en 1873, pour son début, une comédie-libre, en un acte, quelque chose comme une Lysistrata en diminutif. Le sujet était scabreux, si la forme était châtiée. Il nous suffira de dire que l'action se passait dans un harem parisien. Les acteurs étaient Robert Pinchon, Guy de Maupassant qui faisait un rôle de femme, MM. Maurice Leloir, D... et F..., etc." La pièce en question est A la feuille de rose, maison turque, pièce érotique dans laquelle Maupassant tient le rôle de Raphaële, l'almée la plus demandée du bordel parisien. Si ses autres pièces sont plus chastes, et si elles ont été montées dans les théâtres parisiens plutôt que dans le cénacle d'un Maupassant travesti pour l'occasion, toutes ont en commun le souci de dé-jouer l'hypocrisie des moeurs du XIXe siècle finissant : à la manière d'un moraliste plus que d'un boulevardier, il épingle la brutalité des pères et la stupidité des maris, dans une société où l'adultère reste un délit pénal, la possibilité du divorce n'étant rétablie qu'en 1884. Le présent texte a été établi par Noëlle Benhamou, chercheuse et auteur de Filles, prostituées et courtisanes dans l'oeuvre de Guy de Maupassant (Presses du Septentrion, 1997). La publication du Théâtre de Maupassant a reçu le soutien du Centre national du livre.

01/2012

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Autres troubles du comportemen

Le pervers narcissique. Un phénomène de société

On parle aujourd'hui beaucoup de harcèlement et de perversion narcissique. Certains sociologues - et non des moindres - font du narcissisme le mal du siècle. Des psychologues nous indiquent que ceux qui se sentent "harcelés" sont de plus en plus nombreux. Or nous savons que la notion de harcèlement a été "introduite" en France par MF Hirigoyen, qui s'inspirant des travaux de Racamier, a transformé le pervers narcissique en harceleur. Sous un angle clinique le harceleur et le pervers ne sont qu'une même personne. Que dissimule le succès de cette notion au point de justifier, tout récemment une intervention officielle du président de la république française à son sujet ? Pourquoi voyons-nous partout des "harceleurs" et des pervers ? Pour l'auteur du texte, nous sommes ici en présence d'un phénomène de société en ce qu'il révèle quelque chose de profond sur notre monde. Le harcèlement et la perversion ne sont pas que des maux sociologiques et psychologiques, ce sont des maux politiques et donc philosophiques. Mais que sont ces maux ? Dans le Politique, Aristote assimilait le pervers à celui qui était dominé par son corps et qui avait l'âme fragile. Pour lui, la cité mal gouvernée était précisément celle qui était gouvernée par son corps ? En sommes-nous là ? La thèse qui est soutenue ici est que ces pathologies sont en lien avec nos fantômes et le mythe du vampire et que ces fantômes sont eux-mêmes la marque de nos fragmentations internes et externes. Que sont ces fragmentations ? Elles sont des failles ou des tensions entre des vérités contradictoires qui paraissent également vraies et qui ne trouvent pas de médiation et de médiateurs pour les accorder. L'accroissement de la perversion narcissique et du harcèlement sont donc bien des réalités de notre monde qui révèle que celui-ci est en guerre contre lui-même et à l'intérieur de lui-même. C'est cette guerre que nous cherchons à explorer et que nous cherchons à mettre en évidence avant d'éviter qu'elle ne conduise à notre implosion comme cité et comme société. Relecture et correction du manuscrit par staka. fr

01/2023

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Actualité et médias

Anne Sinclair. Femme de tête, dame de coeur

« Belle », « ardente », « enfant gâtée », « grande professionnelle », « exaspérante »… Les qualificatifs et les épithètes ne manquaient pas dès qu’on évoquait Anne Sinclair, avant. De fait, avant le tremblement de terre du 14 mai 2011, tout souriait à l’ancienne star de TF1 : son mari, directeur général du Fonds monétaire international et favori des sondages en France, allait annoncer sa candidature à la présidentielle. Dans un an, c’était à l’Élysée qu’Anne et Dominique réuniraient peut-être leur belle et grande tribu familiale et amicale.jusque-là, l’existence d'Anne Sinclair avait plutôt ressemblé à un conte de fées pour enfant des Trente Glorieuses. Petite-fille d’un des plus grands marchands d’art de l’avant et l’après Seconde Guerre mondiale, fille d’un combattant de la France libre, elle a grandi dans le Paris bourgeois avant de concrétiser ses rêves d’adolescente. D’Europe Nº1 à France Inter en passant par TF1, avec ses émissions 7 sur 7 et Questions à domicile, la carrière d’Anne Sinclair a été récompensée par quatre Sept d’or et a fait d’elle une star. Ce livre est le récit d’une existence exceptionnelle, avec ses parts de lumière mais aussi celles, moins connues, d’ombre. Il s’agit d’une biographie autorisée mais non approuvée : si Anne Sinclair a consacré beaucoup de son temps aux auteurs et leur a ouvert les portes de sa famille ainsi que de ses amis, elle n’a eu aucun droit de regard sur le manuscrit avant sa publication. Le non-lieu prononcé à New York au bénéfice de DSK le 23 août, s’il lève l’hypothèque judiciaire, n’efface pas les cent jours de cauchemar qui ont ébranlé le monde d’Anne Sinclair, touché son cœur, fissuré ses sentiments et fait s’écrouler nombre d’ambitions sans pour autant la faire plier ni tomber. Car tout ce qui n’a pas tué la dame de cœur a renforcé la femme de tête. Elles se retrouvent aujourd’hui l’une face à l’autre afin de décider pour demain. Pour Anne Sinclair, peut-être le face-à-face le plus difficile de sa vie.

10/2011

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Freud

Les actes manqués. Introduction à la psychanalyse

" Nous désignons par actes manqués les phénomènes qui se produisent lorsqu'une personne prononce ou écrit, en s'en apercevant ou non, un mot autre que celui qu'elle veut dire ou tracer (lapsus) ; lorsqu'on lit, dans un texte imprimé ou manuscrit, un mot autre que celui qui est réellement imprimé ou écrit (fausse lecture), ou lorsqu'on entend autre chose que ce qu'on vous dit, sans que cette fausse audition tienne à un trouble organique de l'organe auditif. Une autre série de phénomènes du même genre a pour base l'oubli, étant entendu toutefois qu'il s'agit d'un oubli non durable, mais momentané, comme dans le cas, par exemple, où l'on ne peut pas retrouver un nom qu'on sait cependant et qu'on finit régulièrement par retrouver plus tard, ou dans le cas où l'on oublie de mettre à exécution un projet dont on se souvient cependant plus tard et qui, par conséquent, n'est oublié que momentanément. Dans une troisième série, c'est la condition de momentanéité qui manque, comme, par exemple, lorsqu'on ne réussit pas à mettre la main sur un objet qu'on avait cependant rangé quelque part ; à la même catégorie se rattachent les cas de perte tout à fait analogues. Il s'agit là d'oublis qu'on traite différemment des autres, d'oublis dont on s'étonne et au sujet desquels on est contrarié, au lieu de les trouver compréhensibles. A ces cas se rattachent encore certaines erreurs dans lesquelles la momentanéité apparaît de nouveau, comme lorsqu'on croit pendant quelque temps à des choses dont on savait auparavant et dont on saura de nouveau plus tard qu'elles ne sont pas telles qu'on se les représente. A tous ces cas on pourrait encore ajouter une foule de phénomènes analogues, connus sous des noms divers. De tous ces exemples se dégage une seule et même conclusion : les actes manqués ont un sens et indiquent les moyens de dégager ce sens d'après les circonstances qui accompagnent l'acte".

01/2023