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Breton Soupault surréalisme

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Critique littéraire

C'était Jacques Doucet

Secret, masqué par son extrême élégance, Jacques Doucet reste une énigme au centre de la Belle Epoque dont il est le couturier (il est le seul à rivaliser avec Worth, son presque voisin de la rue de la Paix) et le confident. Grâce à la fortune que lui assure sa clientèle d'actrices et de femmes, venues des deux côtés de l'Atlantique admirer le raffinement de ses collections (il habille Sarah Bernhardt, Réjane, la Belle Otéro...), cet homme constitue de fabuleuses bibliothèques qu'il offre aux savants. Après avoir réuni des objets d'art du XVIIIe siècle, peintures, dessins, sculptures, ou encore des chefs-d'œuvre d'ébénisterie, il vend cette première collection en 1912 afin d'acquérir, entre autres, des toiles de Cézanne, de Van Gogh, de Picasso ou de Matisse. Son mobilier évolue également - il s'assied dans des fauteuils de Jacob, puis d'Iribe, enfin de Legrain, tandis qu'il s'entoure de conseillers littéraires tels qu'André Suarès et André Breton. Il s'intéresse ainsi aux manuscrits de Stendhal, Verlaine, Rimbaud, puis à ceux d'auteurs contemporains (Apollinaire, Proust, Gide, Claudel, Mauriac...). Il pensionne Reverdy, Max Jacob, Aragon, Desnos en échange de lettres, manuscrits et enquêtes. Les bibliothèques d'art et d'archéologie, puis de littérature française, qu'il forme avant de les offrir à l'Université de Paris, sont des ressources documentaires exceptionnelles, constituant un ensemble considérable de livres, de manuscrits, mais aussi d'estampes, de photographies, de dessins. Il crée la première cinémathèque. Il rajeunit ses visées là où les autres, vieillissant, récapitulent. Il se recommence sans cesse. Cette vertu scandalise. On mesure sa singularité dans la réprobation de ses contemporains. Proche de tout ce qui compte dans les années 1880-1930, sa présence se devine, discrète, efficace, déconcertante. On reste confondu de cette sûreté instinctive, chez un homme sans culture, qui a été notamment un des initiateurs du style Art déco, 1925. François Chapon a mené une enquête difficile sur les pas de ce mécène exceptionnel. Il nous introduit, à sa suite, au cœur d'une des périodes les plus brillantes de notre civilisation.

10/2006

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Essais biographiques

Francis Picabia, rastaquouère

"Dans ses cinquante années de peinture, Picabia a constamment évité de s'attacher à une formule quelconque ou de porter un insigne. On pourrait l'appeler le plus grand représentant de la liberté en art, non seulement à l'encontre de l'esclavage des académies, mais aussi contre la soumission à quelque dogme que ce soit". Ces remarques de Marcel Duchamp soulignent la dimension profondément libertaire de celui qui aimait se qualifier d'"artiste en tous genres". Ce parcours chaotique, contradictoire, fait d'allers et retours permanents entre abstraction et figuration, géométrie et biomorphisme, onirisme et réalisme, ne saurait être appréhendé de façon simplement formelle. Il demeure difficile d'identifier un style ou une manière Picabia. Ce qu'une approche biographique nous permet a contrariode comprendre, c'est précisément une certaine constance dans l'attitude. Ce fils de famille "né sans mère", aux goûts de luxe particulièrement prononcés et à la vie psychique et conjugale agitée, n'est en effet pas à une contradiction près. Francis Picabia n'abhorre rien tant que l'idéal de pureté et d'intransigeance qu'il voit poindre chez ses amis dadaïstes et même chez André Breton. Picabia aime trop la vie pour se laisser enfermer dans une croyance ou une certitude, fussent-elles d'avant-garde. Jusqu'à sa mort, notre "Funny-Guy" restera fidèle à cet état d'esprit, qui renvoie plus à une manière de vivre qu'à un programme strictement artistique. Ce qui pourrait passer pour une suite de reniements et de régressions n'est en fait qu'une manière de dire oui à la vie, à ses errements et à ses contradictions. Francis Picabia est l'artiste qui fait son miel de cette "mort de l'art" tant de fois proclamée au cours du XX ? siècle. "Parce que je suis le seul qui, après la mort de l'Art, n'en ai pas hérité ; tous les artistes qui suivent son cortège et se promènent à travers le monde figuraient sur son testament ; moi, il m'a déshérité, mais il m'a ainsi laissé libre de dire tout ce qui me passe par la tête et de faire ce qu'il me plaît". B. M.

10/2021

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Littérature française

Terrains à vendre. Au bord de la mer

Ami d'Émile Zola, Henry Céard (1851-1924) fut sans doute l'initiateur du célèbre recueil de nouvelles Les soirées de Médan (1880) avant de produire, dans la foulée, Une belle journée, prototype du " roman expérimental ", et réalisation d'un rêve caressé par Flaubert " d'un livre où il ne se passe rien ". Le second livre de Céard, Terrains à vendre au bord de la mer, allait mettre vingt-cinq ans pourvoir le jour. Vingt-cinq ans de déboires professionnels, pendant lesquels Céard s'orientera vers le théâtre sa passion malheureuse - et, avec plus de succès, vers la critique littéraire et le journalisme. En 1898, il s'installa à Quiberon pour écrire ce roman qui se présente comme le contraire du premier. Non plus un roman sur rien, mais un roman total. Où, sans renoncer à son crédo naturaliste, il se fait néo-romantique pour fondre ses expériences dans un vaste drame " wagnérien " d'une extrême densité. Il s'agit moins de raconter une histoire, ou des histoires, que de saisir, dans le présent immobile, à travers un immense réseau de " leitmotive ", l'écho des pages lues et des pages à venir. " Terrains à vendre au bord de la mer est l'œuvre maîtresse de Céard. Longuement médité et composé, ce vaste roman breton est la somme des idées artistiques, sociales et politiques de l'auteur, la véritable somme de toute son expérience humaine ; un livre d'une richesse inépuisable, d'une densité sans égale dans l'œuvre de Céard ; et d'une originalité incontestable. " C. A. Burns, Henry Céard et le naturalisme. "... Un roman d'une richesse extraordinaire d'idées, d'un pessimisme âpre, auquel la musique (de Tristan et Isolde) donne une vie puissante : elle féconde, porte les sentiments à leur paroxysme, et ne saurait être remplacée par aucune autre ". Léon Guichard, La musique et les lettres au temps du wagnérisme. " L'œuvre est énorme, et je ne parle pas du nombre de pages. Elle l'est par la prodigieuse accumulation des observations, des idées, des faits, des sensations. C'est le roman analytique poussé jusqu'au bout, jusqu'à l'extrême. " Gabriel Thyébaut, Cahiers naturalistes, n° 68, 1906.

05/2000

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Littérature française

La petite Afghane

Dans ce roman, Brest n'a jamais été racontée de cette manière. L'histoire se situe sur le port avec ses personnages : ceux d'abord enracinés dans la ville, qui fréquentent le café le Colbert comme s'ils y trouvaient une seconde famille. Puis les autres, ceux qui vivent en marge dans un squat près des HLM. Un jour la mairie devra faire évacuer le quartier car une bombe datant de la Seconde Guerre mondiale a été découverte. L'occasion pour tous ces personnages de vivre une autre histoire et de se mélanger ou même que ressurgisse à leur insu un passé douloureux : Jim, squatter et ancien de l'Afghanistan, qui a reçu l'ordre de tuer une petite Afghane qui allait se faire exploser ; soeur Adèle qui devra expliquer la mort aux enfants qui croient aux fantômes et, bien sûr, le petit Erwann, mais les autres aussi... On ne vous en dira pas plus, parce qu'il faut lire ce livre plein d'émotions et de tendresse comme si on regardait un film... C'est au tour de Jim d'officier. Erwann lui donne la couronne, Jim s'avance vers l'eau, accompagné par soeur Adèle. Elle lui prend la main, elle lève le bras, fait le signe de croix. Jim est radieux. Toute sa vie passée va partir avec cette couronne, il ne boira plus autant. Il regarde soeur Adèle avec affection. Cette femme est vraiment extraordinaire. Maintenant elle parle, d'une voix forte, étrange chez cette petite femme. Elle dit : "Petite Afghane, repose-toi. Jim que voici te demande de le délivrer de ton âme. Tu vas reposer dans ce port, si loin de chez toi. Paix à ton âme !" "Aînée d'une famille nombreuse, 5 enfants en cinq ans, nous étions toute une troupe à voyager sur les traces de mon père, fils d'un commandant au long cours breton. Toute une histoire qui me fait aimer les ports, ces points de départ vers l'aventure poétique et raconter les histoires du petit peuple du port de commerce de Brest."

03/2017

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Guides pratiques

Iles de rêve. 50 itinéraires autour du monde

Iles de rêve - 50 itinéraires autour du monde, un livre magnifiquement illustré, une splendide source d'inspiration pour imaginer et préparer vos explorations d'îles ou d'archipels d'exception. Iles de rêve - 50 itinéraires autour du monde vous fera voyager dès la première page ! Ce magnifique album constitue une splendide source d'inspiration pour imaginer vos futurs voyages dans des îles ou archipels d'exception. Cet ouvrage abondamment illustré vous invite à vivre des moments de pur bonheur : visites de villes historiques et de sites archéologiques entrecoupées de bains de soleil dans les îles dalmates de la Croatie, en Sicile, à Djerba, à Malte et à Rhodes ; explorations des îles volcaniques des Açores et des archipels de Mascareignes, de Madère et des Canaries ; découvertes des plages et sites naturels de la Polynésie française, des Bermudes, des Bahamas et des Antilles françaises ; séjours dans les îles de la baie de Naples et dans l'archipel des Cyclades ; plongée et autres sports nautiques aux Seychelles et dans les cayes du Belize et les Keys de la Floride ; périples dans les paysages maritimes spectaculaires de l'île du Cap-Breton et les Iles de la Madeleine ; voyages sur les traces d'Ulysse dans les îles Ioniennes ; écotourisme en Nouvelle-Zélande et en Islande ; observation de la faune aux îles Galápagos et dans l'île de Chiloé ; excursions de randonnée en Corse et en Crète, de surf dans les îles de Vancouver et d'Hawaii, et de kayak en mer de Norvège, autour des îles Lofoten et Vesteralen et celles de Baja California ; expéditions dans la mystérieuse île de Pâques, les îles aux charmes singuliers de la Bretagne et les îles du fleuve Saint-Laurent. Iles de rêve - 50 itinéraires autour du monde décrit chaque itinéraire au jour le jour, les stations balnéaires, villes et villages à explorer, les activités de plein air à pratiquer et les paysages à admirer. Des capsules mettent aussi en lumière les expériences inoubliables à vivre. Avec ce beau livre, c'est toute la beauté de lieux idylliques que vous donnerez en cadeau ou vous offrirez à vous-même !

10/2022

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Napoléon

Le blocus. Napoléon et le blocus maritime - Pointe de Bretagne 1793-1815

De 1793 à 1815, la France fait face au plus long conflit maritime de son histoire, marqué pourtant par deux seules grandes batailles : Aboukir en 1798 et Trafalgar en 1805. Mais le blocus maritime qu'imposent les Britanniques se ressent durement sur les côtes, et plus particulièrement celles de la Bretagne. Nous sommes alors en pleine période napoléonienne et le premier consul Bonaparte sera sacré empereur en 1804. Le blocus maritime est une réponse directe au blocus continental imposé par Napoléon et ses vassaux et alliés, de l'Espagne à la Russie, visant à étouffer l'économie de la perfide Albion. Car celle-ci est maîtresse des mers et la flotte française est réduite à néant ou immobilisée dans les ports sous la menace constante des canons anglais qui interdisent toute sortie. Les matières premières issues des colonies et les marchandises manquent, les descentes ennemies se multiplient, affolant les défenses côtières, les espions font florès, les îles de la mer d'Iroise sont un enjeu important... La réponse militaire est entravée, mais des initiatives plus modestes de harcèlement sont prises, visant à percer le blocus ou à arraisonner des vaisseaux marchands : c'est la guerre "de course" qui voit les populations littorales et les marines s'adapter à la contrebande, soit pour la favoriser, soit pour la combattre, suivant à quelle rive de la Manche elle entend servir... Le conflit ne se limite pas au littoral breton, loin s'en faut ! Cependant, un de ses lieux emblématiques est sans conteste l'Iroise, large porte d'accès du port de Brest. Pendant plusieurs années, malgré quelques nuances, les seules voiles qu'on peut y voir sont... anglaises. Le canal de Nantes à Brest sera une autre réponse de Napoléon pour tenter d'amoindrir les effets du blocus sur les voies de circulation. Cette " guerre des côtes " est ici évoquée avec brio par Jean-Jacques Grall, fruit d'un patient travail de collecte d'archives et d'analyse de ses épisodes les plus marquants. Parfois, la réalité dépasse la fiction et on se retrouve plongé dans des aventures dignes des plus beaux scénarios hollywoodiens !

03/2024

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Autres collections (9 à 12 ans

Le joueur de flûte

Il s'agit d'une "réécriture" du conte du "Joueur de Flûte de Hamelin" légende allemande qui a été transcrite, notamment par les frères Grimm. Elle relate le désastre qui serait arrivé le 26 juin 1284 dans la ville de Hamelin. Les rats ont envahi la ville et détruisent tout, les habitants meurent de faim. Arrivent un joueur de flûte qui se proposent de débarrasser les lieux de tous ses nuisibles. Le maire lui promet alors 1000 écus. L'homme prend sa flûte et précipite les rats dans la rivière mais les habitants refusent de tenir leur promesse. Le joueur de flûte alors s'en va mais revient plusieurs semaines après et une nuit, il joue de la flûte mais ce sont les enfants de la ville qui le suivent et ils disparaissent. Selon les versions, ils sont emmenés dans une grotte, parfois, ils sont eux aussi précipités dans la rivière. Si la version de Florence Pazzottu, poète, cinéaste, artiste, suit dans les grandes lignes l'histoire, elle la transpose dans notre époque, à un moment symbolique fort, la fête de Noël. Les rats envahissent la ville, symbole de la noirceur de l'âme des habitant qui rejettent le joueur de flûte quand celui-ci arrive, alors que les enfants sont attirés par lui. Autre différence forte, si les habitants paient leur dette au joueur de flûte, ils ne le reconnaissent pas, le méprisent, l'argent n'est pas tout, l'étranger aurait préféré un geste, une parole, la reconnaissance. Allégorie magnifique du rejet de l'autre, de l'étranger qui venu aidé, est méprisé, rejeté et qui, dans cette version, emmène les enfants, mais en fait les libère d'une vie et d'un monde froid et mort dont l'unique valeur semble l'argent. Les strophes de 6 vers et de 11 syllabes qui donnent à cette histoire une grandeur d'épopée, et les aquarelles d'Hugues Breton, parfois avec des souvenirs du Roi et l'Oiseau, sont d'une noirceur et tristesse profondes mais aussi d'une luminosité et gaieté quant le joueur de flûte entre en jeu.

06/2022

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Poésie

D'un mariage heureux. Edition bilingue français-anglais

Archibald MacLeish a connu aux Etats Ubis une carrière littéraire bien remplie puisqu'elle lui a valu entre autres distinctions de se voir décerner par trois fois le prix Pullitzer (en 1933, en 1952 et en 1958). Son existence se partage entre son métier de juriste, des fonctions officielles, l'enseignement et l'écriture qui, de son propre aveu, est la première de ses préoccupations. Il s'installe en France en 1923 où il fréquente les milieux littéraires et notamment les Américains de Paris (époque où il se lie avec Ernest Hemingway). En 1923 il publie son premier recueil, Tower of Ivory, puis en 1924 The Happy Marriage qui fut particulièrement bien accueilli. Le destin littéraire de MacLeish en France se résume à bien peu : publié dans les années trente par les plus prestigieuses revues, édité en français par Pierre Seghers en 1964 (Poèmes choisis, traduction de Renaud de Jouvenel), il disparaît ensuite complètement de nos catalogues. C'est qu'il n'est ni surréaliste, ni moderniste, ni formaliste. Son écriture vise un lyrisme ample, à la tonalité parfois cosmique, ce qui le fait plutôt parent d'un Saint-John Perse ou d'un Ezra Pound. Il y a chez MacLeish cependant le souci constant de concilier au souffle lyrique l'expression exacte du sentiment éprouvé. Ecrire de l'amour ou sur l'amour est des plus difficile ; MacLeish a su trouver l'équilibre en lequel puisse se dire la relation amoureuse, dans ses bonheurs et ses obstacles et le jeu toujours faussé de la fusion fantasmatique entre deux êtres. Il y faut une parole qui sache s'élever à l'universalité et à l'atemporalité. Qu'une pierre lancée par cette main-là vienne briser maintenant le reflet de ce ciel sur l'eau de ce lac, cela est de l'ordre de la singularité et de l'anecdote. Mais la parole poétique fait de cette main toutes les mains, de ce ciel tous les ciels et de ce lac n'importe quel lac ; et c'est la marque d'une indéniable réussite d'écriture. Ces pages sont porteuses d'un rayonnement immédiatement perceptible, d'un élan reconnaissable qui est celui que fait naître la naissance d'un sentiment ; elles ne peuvent en aucune façon être un exercice poétique sur le thème de l'amour.

05/2007

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Graphisme

Menu Design in Europe

Consacré à la forme visuelle et graphique des menus en Europe, le nouveau livre de Jim Heimann est un festin pour les yeux qui vous fera venir l'eau à la bouche, avec plusieurs centaines de menus européens allant du début du xixe siècle à la fin du second millénaire. Histoire de la cuisine européenne et vaste panorama des styles graphiques, Menu Design in Europe satisfera l'appétit des gourmets comme des passionnés de graphisme. La prédominance de la cuisine française a fait de celle-ci un modèle des plaisirs culinaires qui s'est propagé dans toute l'Europe (et au-delà). Avec le développement des restaurants et de la gastronomie au xixe siècle, la nécessité d'une présentation plus rigoureuse des plats proposés a donné naissance à toutes sortes de menus imprimés, simples ou extravagants. Orné d'une illustration découpée, le menu de 1891 du Grand Véfour, à Paris, évoque la brasserie bouillonnante de la Belle Époque, tandis qu'en 1932, celui du Royal Palace Hotel de Londres vous entraîne dans un bar nocturne et plein de verve de l'époque du jazz. À l'autre extrémité de cet éventail graphique, le menu du restaurant Lasserre s'exprime, au milieu du xxe siècle, avec une simplicité surréaliste. Plusieurs décennies de styles artistiques sont représentées, depuis les chefs-d'oeuvre de l'Art nouveau et de l'Art déco jusqu'aux appropriations graphiques de la République démocratique allemande. On trouvera aussi les restaurants étoilés par le Guide Michelin à l'époque des chefs vedettes et des raretés comme le menu d'un repas militaire allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Bien plus qu'une simple énumération de plats, ces menus évoquent souvent un repas mémorable et sont parfois présentés avec une attention aussi soignée que les mets eux-mêmes. S'il ne nous est plus possible d'être attablés à La Tour d'Argent en 1952 pour y déguster son fameux Caneton Tour d'Argent, nous en imaginons sans peine l'ambiance grâce au gibier d'eau qui illustre le menu du dîner de ce grand restaurant parisien. Avec un texte introductif de Steven Heller, historien du graphisme, et des légendes d'illustration par Marc Selvaggio, grand marchand de livres anciens et d'objets éphémères, Menu Design in Europe réunit des menus issus de grandes collections privées et d'institutions, dans un somptueux banquet visuel qui fait aussi l'histoire de deux siècles de traditions gastronomiques.

07/2022

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Essais biographiques

Hantaï. Avec 1 DVD

Simon Hantaï (né en Hongrie le 7 décembre 1922, arrivé en France en 1948 avec son épouse, Zsuzsa) a côtoyé plusieurs mouvements artistiques (surréaliste, gestuel...), revendiqué différentes influences (Cézanne, Matisse, Pollock) jusqu'à développer dans les années 1960, le " pliage comme méthode " : pliée, froissée, imprégnée de couleur, dépliée, tendue, la toile se nourrit de ce cheminement unique. Au début des années 1980, reconnu comme l'artiste essentiel qu'il est, Simon Hantaï décide un retrait qui durera jusqu'à sa mort en 2008 : il continue de travailler mais refuse d'exposer. LE DVD — "Simon Hantaï ou les silences rétiniens" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1976, 58 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait d'un artiste dans sa maturité, le film est axé sur le processus de création. En artisan-artiste, Simon Hantaï travaille la toile par terre, la plie, la roule, la colore, la noue, la déplie... Le souffle du peintre, son visage, ses toiles envahissent l'écran et donnent à voir un homme modeste, qui travaille comme un paysan labourant son champ. Sa mémoire – le tablier de sa mère, les tapis de fleurs des fêtes religieuses... – et ses réflexions (liées à Cézanne comme à Heidegger), son travail, son corps ont une grande présence, donnant au fi lm une dimension physique et métaphysique. - "Des formes et des couleurs" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1974, 20 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait de Simon Hantaï, qui montre diff érentes étapes de réalisation d'un tableau : gestes, pensées, couleurs, formes, plis, dépli... — "Expressions : Simon Hantaï" un film de Pierre Desfons et Dominique Fourcade (documentaire, 1981, 15 min., version originale française et sous-titre anglais) Simon Hantaï évoque avec Dominique Fourcade ses projets et ses théories picturales. Dans son atelier à Maisons-Alfort, il montre sa peinture sur d'immenses toiles qu'il prépare pour son exposition à venir dans la grande nef du CAPC à Bordeaux (1981). Bonus – " La Chambre devenait de plus en plus petite " entretien avec Zsuzsa et Daniel Hantaï – " L'Inestimable " entretien avec Georges Didi-Huberman – " Regarder l'oeuvre " entretien avec Alfred Pacquement Le livre – oeuvres de Simon Hantaï – Photographies (Hantaï dans son atelier et au travail) – " Bouquet de fleurs bleues et de fleurs du mal ", un texte de Georges Didi-Huberman

06/2022

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Autres éditeurs (U à Z)

Ton-chan le glouton

Taberu Ton-chan littéralement Ton-chan qui mange est le seul livre entièrement conçu par l'artiste japonais Shigeru Hatsuyama, auteur du texte et des images de cet étrange album publié à Tokyo en 1937. Ce livre marque la fin de son travail pour les enfants et signifie son refus de la propagande militariste qui s'installe alors au Japon. Ancré dans une époque précise de l'histoire du Japon et dans l'histoire de la littérature de jeunesse japonaise en un moment particulièrement créatif, ce livre est considéré un chef-d'oeuvre intemporel des livres illustrés pour grands et petits tellement l'histoire et les images sont élaborées de manière très étonnante, surréaliste, profonde et espiègle. Les illustrations expriment à la fois la langue vernaculaire fantaisiste de la prose poétique et le développement de l'intrigue. C'est un livre dont la conception et l'exécution est très original, sans pareil. Les images, le texte et les arrière-plans colorés sont si bien équilibrés et savamment agencés qu'on ne se lasse jamais de les regarder et de se questionner. L'histoire parle de Ton-chan, un cochon, qui a toujours faim et pense toujours à la nourriture. Ton-chan récupère les déchets, boit de l'eau savonneuse, avale un ballon, mange tout ce qu'il trouve et s'allonge sur une montagne de gâteaux. Le quotidien du gourmand/glouton Ton-chan est décrit avec humour et simplicité. Le monologue de Ton-chan et son dialogue avec une fille qui l'accompagne jusqu'à la fin sont poétiquement formulés. Finalement, à la toute dernière page, Ton-chan est vendu à un cuisinier de porc pané. Cette fin abrupte reflète le nihilisme d'Hatsuyama qui, à la même époque, en 1934, avait sérialisé une histoire illustrée dans le journal Tokyo Asahi Shinbun intitulée Peko Pon Pon [Ventre affamé], dans laquelle le protagoniste affamé essaie de se tirer une balle dans le ventre à la fin. Ces deux histoires sont d'une nature différente des nombreuses autres histoires illustrées pour enfants qu'il a illustrées. Rappelons que ces livres d'images apparemment absurdes et choquantes ont été publiés lorsque la société japonaise adoptait un régime de guerre. Un fac-similé de l'original a été réédité en 2005, dont nous reprenons scrupuleusement la maquette.

11/2021

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Beaux arts

Dada Africa

La révolte artistique Dada qui naît à Zurich au coeur de la tourmente de la Grande Guerre en 1916 exprime un rejet des valeurs traditionnelles de la civilisation qui auraient conduit au désastre de cette période. Dans ce cadre, une réévaluation d'autres systèmes de pensée et de création s'opère et conduit de nombreux artistes d'avant-garde à se pencher et à s'approprier des types de productions artistiques radicalement autres. Pour la première fois, et en coopération avec le Musée Rietberg de Zurich et la Berlinische Galerie, une exposition est consacrée à la confrontation des dadaïstes avec l'art et la culture de pays extra-européens. Les mises en scène des "Soirées nègres" au Cabaret Voltaire, faisant appel à tous les sens, associant musique, poésie et danse, s'attaquent à la notion même de l'art et remettent en cause les valeurs artistiques ayant cours jusqu'alors. Dès 1917, la galerie Coray à Zurich expose côte à côte des objets africains avec des oeuvres  dadaïstes. La  même  année,  Tzara écrit sa "Note sur l'art nègre", publiée dans la revue SIC où il affirmait "du noir puisons la lumière". Les masques de Marcel Janco, les costumes de Sophie Taeuber-Arp, les collages de Hannah Höch ou encore les oeuvres collectives refusant la notion d'auteur témoignent de ces recherches pour un nouveau langage formel. Cette exposition pluridisciplinaire permettra de confronter des oeuvres extra-occidentales à la fois africaines mais aussi amérindiennes ou encore asiatiques aux productions dadaïstes mettant en lumière des processus d'échanges et d'appropriation par ces artistes. Les peintures, sculptures, photocollages, photographies dada seront mêlés aux sculptures extra-occidentales dans des jeux de résonnances appuyés par la mise en scène scénographique de l'exposition. L'étape parisienne mettra également en lumière le terreau fertile préexistant dans la capitale française pour les arts extra-européens et la manière dont cela a pu nourrir le mouvement. Ainsi, l'exposition trouve-t-elle toute sa place au musée de l'Orangerie, en mettant en avant les liens du galeriste Paul Guillaume avec les acteurs gravitant autour de dada et autour de l'art africain à cette époque. L'étape de l'Orangerie ouvrira d'ailleurs sur l'importance que ce sujet a pu revêtir dans la genèse des liens du mouvement surréaliste avec les arts extra-occidentaux.

10/2017

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Littérature française

Les Doublures.. Manuscrits du Souffleur et autres documents

Les Doublures - titre provisoire du roman Le Souffleur ou le Théâtre de société publié chez Jean-Jacques Pauvert en 1960 - est une plongée dans les manuscrits et les archives de Pierre Klossowski, disparu il y a vingt ans, dont l'oeuvre inclassable, écrite et picturale, traverse le XXâe siècle. Comment les personnages du roman se dédoublent au gré de la folie du narrateur, quelles personnalités du monde littéraire et de sa vie privée ont inspiré l'auteur, quels rapports la fiction entretient avec l'histoire et l'actualité (résistance et collaboration, guerres coloniales, coup d'Etat des généraux, prise du pouvoir par de Gaulle, révolution des moeurs...), comment le personnage de Roberte devient maîtresse du jeu et instigatrice d'une utopie néo-A­fouriériste, après avoir été victime d'un époux pervers dans les deux premiers volumes de la trilogie, Roberte ce Soir et La Révocation de l'Edit de Nantes : c'est ce que l'on découvrira en lisant ce volume constitué d'inédits et de textes introuvables, brouillons, lettres, fragments d'entretiens, textes de circonstance, et d'un dossier de presse. Dans les manuscrits, où tous les possibles narratifs sont encore ouverts, on croisera la silhouette fantomatique d'André Gide, déjà reconnaissable dans le prologue du Souffleur, mais aussi les figures de Gilberte Lambrichs, Pierre Leyris, Gabriel Marcel, Jean Paulhan, peut-être Georges Bataille et Jacques Lacan, et surtout Jean Carrive, "proprement le souffleur" , jeune poète surréaliste devenu érudit et traducteur, écrivain sans oeuvre dont l' "âme violente" inspire ces "Nouveaux Mystères de Paris" . "âQui me lisant, qui m'écoutant, pourra jamais me suivre dans le genre de nostalgie que je vais tenter de dépeindreâ? Qui de nous n'a pas connu la joie d'un attachement, n'a pas senti les forces lui revenir dans les pires détresses dès que le visage aimé en se penchant vers lui apportait la sourde promesse de ressources inespérées ? Mais en est-il deux ou trois qui aient connu le souci insensé de faire partager à autrui l'émotion particulière que leur procurait le visage de la compagne élue, et ce souci, comment peut-il devenir à la longue aussi indispensable que la sensation que procure la dilapidation à pleines mains du trésor que l'on possèdeâ? â" (Pierre Klossowski, Projet de préface.)

09/2021

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Histoire de France

L'incroyable histoire du réseau Shelburn. Plouha-Guingamp 1943-1944

Créé en 194 le réseau d'évasion Shelburn, constitué autour de Paul François Campinchi, exfiltra par la mer 135 aviateurs, 15 agents alliés de Plouha tmouth (Grande-Bretagne) au coures de huit opérations, sans un échec, aucune perte ni arrestation dans sa filière bretonne. Alors que l'Abwehr traquait sans relâche les réseaux de résistance dans pays, ire exceptionnelle du réseau Shelburn est unique et probable ue à son organisation. Les Alliés qualifièrent cette aventure de "miracle Shelburn ". Après le crash de leur appareil sur le continent, c'est un long voyage à travers la France occupée. Les pilotes et équipages, les "colis", passent de mains en mains et se retrouvent, enfin, sur la plage "Bonaparte" à Plouha dans les Côtes-du-Nord, en attendant de mettre le pied sur la chaloupe amie qui les emmènera vers la MGB 503 ancrée au large, par une nuit sans lune... " (Extrait de la préface de Jeanne Andrée Campinchi-Huot). Claude Bénech dresse ici une synthèse et un recueil panoramique qui rend hommage aux acteurs bretons de cette histoire peu banale. Les sources de cette chronologie proviennent essentiellement des membres du réseau ou de leurs descendants : quatre années ont été nécessaires à l'auteur pour recueillir leurs témoignages, des documents écrits ou dactylographiés, photographies d'époque, objets, etc. "1943 était le temps de l'extreme discrétion, du secret absolu et de l'action. Toutes ces conditions ont été réunies pour passer des abysses à l'émergence, de l'ombre à la lumière, de la soumission à l'espérance. Aujourd'hui est venu le temps de la reconnaissance." (Claude Bénech.)

12/2019

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Economie

Les nouvelles puissances mondiales. Pourquoi les BRIC changent le monde ?

La popularité de l'acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), forgé en 2001 par l'économiste Jim O'Neill, a largement dépassé les milieux financiers pour symboliser l'émergence de nouvelles puissances qui ont remarquablement bien résisté à la crise économique et financière mondiale, et dont le rôle a été consacré par le G20. Les BRIC sont en effet avec d'autres grandes puissances émergentes (Indonésie, Mexique, Turquie, Afrique du Sud) au coeur de ce que l'on propose d'appeler la "grande convergence", un mouvement séculaire de rééquilibrage de la puissance et de la richesse, qui met progressivement fin à la "grande divergence" apparue entre l'Occident et le reste du monde à la faveur de la première révolution industrielle. En outre, les BRIC représentent quatre grands pôles géopolitiques alternatifs aux Etats-Unis et à l'Europe, dans un monde devenu de facto multipolaire depuis la fin de la guerre froide et l'échec du projet néo-impérial américain. En ce sens, leur plaidoyer pour une refondation du multilatéralisme onusien et des institutions de Bretton Woods vise à adapter ces institutions à la nouvelle donne internationale, et à assurer leur "émergence pacifique" dans un monde de ressources rares et d'interdépendances complexes. Confrontés à de multiples défis, les pays émergents leur apportent des réponses originales : capitalisme néo-patrimonial et politiques sociales ciblées, spécialisation internationale et rupture technologique, hybridation culturelle et réalisme politique. Leur forte croissance offre des opportunités considérables à condition de savoir décrypter ces enjeux et de replacer leur émergence dans une large perspective historique, économique et géopolitique. Telle est l'ambition de cet ouvrage.

05/2011

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Critique littéraire

Idées et visions et autres écrits polémiques, philosophiques et critiques, 1897-1923. Volume 1

André Suarès (1868-1948) est le plus méconnu des auteurs de sa génération, celle de Gide, de Proust, de Claudel et de Valéry. Il a pourtant été leur égal. Bergson, Ernst-Robert Curtius ou Paulhan ont salué en lui un maître. Condisciple à l'Ecole normale supérieure de Romain Rolland, Suarès partageait avec ce dernier une même passion pour la musique. Excellent pianiste, il a consacré à ses compositeurs favoris une série de portraits qu'on retrouve ici pour la première fois Mozart, Beethoven, Wagner, Debussy, Ravel. Et bien d'autres. Souffrant de la veulerie de son époque, Suarès, pour ne pas désespérer de l'homme, s'est raccroché aux grands créateurs Tolstoï et Dostoïevski, Shakespeare et Cervantès, Baudelaire et Pascal, Goethe et d'Annunzio. Tous, ils incarnent des valeurs, ils transmettent ce sens de la grandeur, lisible également dans l'architecture des villes italiennes ou dans certains paysages bretons. La violence avec laquelle il a combattu les dérives fascistes et antisémites de son époque n'a d'égale que celle de Zola, de Péguy ou de Bernanos. Engagé dans l'affaire Dreyfus alors qu'il n'avait que vingt ans, Suarès a été le premier à dénoncer la montée du nazisme. Ayant vécu la Première, puis la Seconde Guerre, il était persuadé que seule une Europe unie était capable de prévenir les folies meurtrières de la France et de l'Allemagne. Poète, essayiste, philosophe, voyageur, Suarès aborde tous les genres. Pour la première fois est donné ici un choix représentatif de son œuvre immense. La plupart de ses textes étaient devenus introuvables ; beaucoup sont restés inédits. Ils sont plus actuels que jamais.

09/2002

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Littérature française

Le gardien du feu

Rien ne devait rapprocher ces deux êtres: Goulven, le sombre Léonard et Adèle, la belle et insouciante Trégorroise. Et pourtant Goulven se prend d'un amour fou et maladroit pour la jeune femme qu'il adule sans être capable de la rendre heureuse. Une passion maladive exacerbée par le cadre étouffant d'un phare, au large d'un Cap-Sizun hostile, qui le mène à commettre un crime incroyablement cruel. Pressentant le drame mais maintenu en haleine par l'ingénieux agencement du texte - un rapport-confession -, le lecteur lève progressivement le voile sur un tableau atroce, où la psychologie des personnages pèse comme une fatalité. Un siècle après sa première parution, Le Gardien du feu reste étonnamment puissant et d'une remarquable justesse psychologique. Le commentaire d'Anatole Rivoallan sur ce livre et son auteur est édifiant : "Romancier ? Il en avait tous les dons : il en a fourni la démonstration éclatante dans cet extraordinaire Gardien du feu que j'ai relu tout récemment d'une seule haleine, en m'émerveillant à chaque page de l'ingénieux agencement, de la profonde psychologie, de la vraisemblance constamment assurée qui en font un véritable chef-d'œuvre" " Anatole Le Braz (1859-1926) reste sans doute, de tous les écrivains bretons sans exception, celui qui a le plus intimement pénétré tous les secrets de l'âme bretonne. " Cette citation d'Anatole Rivoallan semble parfaitement définir la finesse d'écriture et de perception dont a fait preuve Anatole Le Braz à travers toute son œuvre. Romancier, poète, conteur, conférencier, il a su laisser la parole aux " grandes voix éternelles du vent, de la mer, de la forêt et de la légende ".

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Littérature étrangère

El Dorado

Trevor Escargot est envoyé en reportage à Marina d'or, immense bloc de béton édifié sur la côte du Levant dans le but de vendre « le bonheur aux masses ». Sa petite valise bourrée de cachets et autres substances hallucinogènes ne sera pas de trop. Ce qui tombe bien, puisqu'on ne peut attendre d'Escargot, adepte d'un « Punk Journalism » dérivé du Gonzo, un article classique et ronronnant sur l'expérience du vacancier moyen. Se méfiant comme la peste des pièges élégants de la narration réaliste, celui-ci lui préfère en effet, au choix et dans le désordre, la pure affabulation, la parodie malicieuse, le mensonge sincère, la spéculation kamikaze, l'absurdité gratuite, l'irresponsabilité immédiate. Aussi Escargot observe et relate avec une sobriété qui n'est pas sans évoquer celle du héros de Las Vegas Parano. Au fil de ses pérégrinations dans les installations aussi futuristes que désespérantes de Marina d'Or, Escargot, en recherche de la philosophie particulière de ces centres de vacances, va être amené à faire une série de rencontres toutes plus étonnantes les unes que les autres. Son séjour, vite transformé en une quête haletante de l'El Dorado perdu, atteindra son point culminant avec la visite du Pape Benoît XVI à Valence, à l'occasion des Vèmes rencontres mondiales de la famille.   Dans ce roman déjanté jouant la carte truquée de l'absolue vraisemblance, Robert Juan-Cantavella nous donne un portrait stupéfiant de la société moderne et dépeint avec un humour féroce cet univers où la consommation règne en maître.

11/2014

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Littérature française (poches)

Basketville. Tu peux toujours courir

Basketville, c’est la ville où on circule à pieds parce que les voitures reposent sur des parpaings : périmètre périurbain où tout est périssable, sinon périmé. Tu peux toujours courir, parce que les objets artificiels du désir seront toujours là-bas, plus loin, et que la main qui tient la carotte ne te laissera jamais l’attraper.

À Basketville, les baskets sont artefacts de séduction ou monnaies d’échange, de manière générale elles servent à poursuivre les rêves mis à disposition ou en compétition par l’ordre consumériste. Un moyen pour la périphérie de rejoindre le centre ? Probablement pas, car finalement c’est le centre, dans la personne d’un reporter dépêché sur place, qui vient ramener des témoignages exotiques de cette périphérie qui fait rêver et trembler. Difficile de figer dans une définition ce texte qui sollicite, dans une langue rythmée et terriblement expressive, tous les outils de l’auteur et tous les sens du lecteur.

Fiction, document, poésie et chanson sont des éléments d’un tout qui n’est pas réductible à la somme de ses parties mais qui se caractérise par un sens aigu du verbe et de l’image, la création d’une zone poétique quelque part entre la littérature sociale, le hip hop et les journaux télévisés. Texte troublant et envoûtant, Basketville est remarquable par son économie, son efficacité et sa puissance d’évocation. Une langue mutante, gravée dans le béton, qui envahit le monde comme les villes gagnent sur la campagne et l’homme sur la nature.

03/2009

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Beaux arts

L'architecte et le charpentier. Une histoire de la construction en bois au Japon

Aujourd'hui, à l'évocation de l'architecture japonaise, les images d'un temple ou d'une pagode viennent assez naturellement à l'esprit. Certains auront également en tête des oeuvres plus contemporaines : les voiles de béton brut de décoffrage, massifs et modulaires à la manière d'Ando Tadao, les architectures plus légères d'Ito Toyo, Sejima Kazuyo ou les façades ouvragées de Kuma Kengo1, pour ne citer qu'eux. Un fossé générationnel, voire historique, assez surprenant, semble s'être creusé entre les images d'une architecture traditionnelle très emblématique où le bois est le matériau de prédilection, et celles plus actuelles de projets innovants où son usage se réduit. Au Japon, bien que le charpentier en ait longtemps été le maître d'oeuvre principal, la culture architecturale contemporaine semble avoir oublié ce savoir constructif accumulé durant des siècles. Une telle constatation s'applique d'ailleurs à nombre d'autres domaines de l'art comme la musique - les enfants japonais apprennent plus volontiers le piano ou le violon que le shamisen ou le koto - la peinture et la sculpture, enseignées selon les canons occidentaux depuis la réforme de Meiji à la fin du XIXe siècle. Le déclin de l'artisanat, l'industrialisation, la modernisation des savoirs et des techniques, sont des phénomènes aujourd'hui observables à une échelle globale, mais dans le cas du Japon en particulier, le contraste est saisissant, même inquiétant, entre ce qui reste d'un patrimoine ancien et ce qui se construit en majorité dans les villes japonaises.

11/2019

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Réalistes, contemporains

Circuit court

Par sa géographie, le site des Olivades se raconte déjà. On pourrait s'attendre à trouver une ferme en pleine campagne, éloignée des zones urbaines. Il n'en est rien. L'exploitation, depuis deux siècles dans la même famille de cultivateurs, était autrefois entourée de champs et de vergers. Elle est aujourd'hui littéralement ceinturée par le béton de la ZAC de Toulon, les parkings et l'autoroute. Dans ce décor, elle fait figure de citadelle verte assiégée. Circuit court raconte à la fois l'histoire de la paysannerie française dans la mondialisation et le néolibéralisme, et celle de la première AMAP. C'est aussi le récit d'une rencontre qui s'étale sur les quatre saisons d'une année aux Olivades, une promenade parmi les cultures maraîchères en compagnie de ces passeurs passionnés que sont Daniel et Denise Vuillon, et une vie de paysans marquée par les luttes, l'émancipation, et la production d'une nourriture saine, diversifiée et respectueuse de l'environnement. Le concept des AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) a été importé des Etats-Unis par Daniel et Denise Vuillon, agriculteurs bio dans le Var. En 2001, ils ont été les premiers à développer ce système de relation directe entre producteurs et consommateurs. Ce récit est celui de leurs combats des années 1980 à nos jours, contre les expulsions, la grande distribution, la malbouffe, et pour des produits bios et la dignité des paysans. Un plaidoyer pour une nourriture saine et une économie solidaire en bande dessinée.

10/2023

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Santé, diététique, beauté

Le dictionnaire à tout faire des sels

Il n’y a pas qu’en cuisine que les sels nous enchantent et nous étonnent ! Les Hébreux scellaient leurs promesses avec du sel et la première grande route romaine, la Via Salaria a été construite pour transporter ce trésor gardé par des soldats. L’histoire de grand nombre de pays est liée à des guerres constantes pour le sel qui a permis de construire des empires et de les faire tomber. C’est le forage pour le sel qui a lancé l’ère du pétrole lorsqu’une énorme réserve a été découverte au Texas dans un dôme de sel. On vous le dit, le sel est magique et on l’utilise pour tout : dans l’eau du bain, pour soigner nos bobos, exfolier Raymond avant de le séduire, faire le ménage et la lessive, créer des chefs-d’oeuvre en pâte à sel, chasser les puces de Sweetie, sauver nos radis et nos carottes, déneiger le trottoir, dégivrer nos pare-brises ou décorer le béton. Il existe plus de 14 000 usages différents – surtout industriels – pour ce brave chlorure de sodium. La liste ne nous a toujours pas été communiquée mais il y a fort à parier qu’elle n’est pas exhaustive car le sel peut aussi aider à mener une révolte comme la marche de Gandhi pour libérer l’Inde, brancher les invités sur un sujet de conversation sans risque pendant un dîner qui s’annonce difficile, faire rêver Raymond avec des sels d’Hawaï, de Bali et en profiter pour lui faire réserver vos prochaines vacances…

11/2012

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Littérature française

Une île en hiver

"En montant sur ce bateau, je ne savais encore rien. Je ne pouvais m'imaginer qu'embarquer sur le Marco Polo, c'était traverser le miroir. Je suis monté à bord du Marco Polo et je me suis cogné aux regards des passagers. Personne ne parlait. Dans la cabine, ils étaient tous assis, alignés, silencieux, étonnamment paisibles. Et ils me regardaient. Dans leurs yeux, il n'y avait pas d'animosité. Aucune curiosité non plus. Rien. Et pourtant, ils me regardaient, tous. Lorsque j'ai salué d'un signe de tête, les têtes se sont inclinées en cadence pour me répondre. J'ai cherché un regard pour y prendre appui, mais dans tous les yeux il y avait la même chose. De la bienveillance, un peu d'amusement et des tonnes de mémoire. Une infinité d'images dans ces regards, tellement qu'il n'y avait plus de place pour les mots. Et puis, c'était comme s'ils savaient quelque chose dont je ne pouvais pas me douter, comme s'ils partageaient un secret que je ne pourrais jamais percer. Je me suis senti mal à l'aise et j'ai baissé les yeux. Je me suis tourné vers le hublot, à la recherche de la silhouette de la ville, de ses tours d'acier, de béton et de verre, d'une vue familière, mais le continent n'y était plus. Nous n'avions levé l'ancre que depuis quelques instants, mais déjà le continent avait disparu".

11/2016

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Cartographie

100 cartes pour sauver la planète

Un ouvrage brillant et visionnaire alliant cartes et infographies, écologie et géopolitique. Une façon nouvelle et concise de comprendre le monde ! Les cartes et infographies de cet ouvrage présentent des données scientifiques récentes et interpellent le lecteur : souvent inquiétantes, parfois amusantes, elles regorgent d'informations essentielles et offrent des instantanés de l'état de la planète. D'un seul coup d'oeil, nous pouvons constater la situation précaire de la Terre, mais aussi réaliser à quel point il serait facile de l'améliorer... Combien d'arbres y a-t-il pour chaque être humain ? Combien de kilomètres de la surface de la Terre sont recouverts de béton ? Combien de forêts devons-nous planter pour neutraliser notre impact sur le CO2 ? Quels choix pouvons-nous et devons-nous faire pour changer l'avenir de notre planète : le shopping ou le commerce électronique ? L'E-book ou le livre ? Le scooter électrique ou le SUV ? Saviez-vous que 67 entreprises seulement dans le monde sont responsables de 67 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ? Ou que l'élevage d'un cheval a la même empreinte carbone qu'un voyage en voiture de 23 500 kilomètres ? 100 cartes pour sauver la planète met en avant des thèmes essentiels et nécessaires pour comprendre le monde d'aujourd'hui, à travers de superbes cartes et infographies qui mettent en avant les nations et leurs choix, l'économie et l'écologie, la nature et l'homme, dans le but de sensibiliser et de préserver l'équilibre fragile de notre belle planète.

09/2022

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Littérature française

J'attends Mehdi

La piscine du camping est déserte et fermée. Lorsque Mehdi ouvre la grille je le dépasse et vais m'asseoir sur un talus surplombant le bassin, à distance. Le tee-shirt rouge vole un instant, puis s'étale lentement sur le béton. Mehdi se jette à l'eau, je vois son torse lisse, à peine. L'ai-je vu ? A peine ai-je vu ce torse lisse que je dois m'en souvenir car l'eau en va-et-vient ondule un corps coulé où le soleil fait déferler des formes fluides, ce corps aux cheveux de méduse traverse l'éclat liquide des figures indécises, étiré-ramassé il glisse sous l'eau comme un poisson de bassin de château et peu à peu la surface se démêle, l'eau est limpide dans la lumière de la soirée, Mehdi nage sur le fond et sa peau à peine floue troue le rectangle bleu. J'attends Mehdi est la traversée d'un désir, dans un improbable face-à-face avec un être qui s'éclipse sitôt que l'on s'en approche. " Je vais être absent un temps indéfini " : voilà le fil sur lequel marche une femme à la recherche d'un homme. Elle nous entraîne au hasard des rues, le long du littoral, du Sud écrasé de chaleur aux côtes ruinées de l'Angleterre, toujours à la lisière entre des lieux imaginaires et une réalité géographique. Dans cette poésie de l'errance portée par l'acteur principal du livre, un homme peut en cacher d'autres.

01/2009

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Science-fiction

Sourire d'acier Tome 2 : Submergée

C'est dans l'adversité que tu découvriras ta vraie force. Louna continue son périple post-apocalyptique. Dans ce nouveau monde où 99 % de la population a disparu, les rares rescapés ont tous hérité d'une marotte : une obsession qui correspond à la dernière pensée qu'ils ont eue avant le cataclysme ! Chaque jour, l'Humanité s'éloigne un peu plus de la civilisation. Mais lorsque Louna et ses compagnons se retrouvent sans électricité, ils n'ont pas d'autre choix que de quitter la ville. Direction, le grand barrage hydroélectrique pour essayer de rétablir le courant et espérer passer l'hiver au chaud. Mais leur route sera semée d'embûches. Sans carte ni GPS, il n'est pas facile de se frayer un chemin parmi les sentiers de campagne où la nature a repris ses droits. Et tandis qu'ils progressent, les marottes dont chacun souffre se renforcent chaque jour davantage. Certains risquent de perdre la tête en chemin ! Lorsqu'ils atteignent enfin le barrage, la situation semble critique. Le mur de béton menace de céder à tout moment et d'engloutir une partie des terres. Louna et ses compagnons parviendront-ils à agir à temps ? Rien n'est moins sûr car dans ce monde déjanté, une mauvaise rencontre peut tout faire basculer ! Notre héroïne s'est aguerrie dans ce second tome à l'atmosphère plus sombre. Fabien Dalmasso reprend habilement les codes dynamiques du manga dans la suite de sa série obsédante et nous offre un moment de lecture plein de suspense.

09/2023

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Art contemporain

Pierrette Bloch. Une collection

Du 13 février au 6 juin 2021 le musée Fabre met à l'honneur trois artistes contemporains dont les oeuvres, toiles et dessins, ont récemment rejoint les collections du musée. Ils sont à découvrir dans trois espaces distincts du parcours permanent Issus de trois générations différentes, Pierrette Bloch, André-Pierre Arnal et Stéphane Bordarier se sont tous trois intéressés à la matérialité de la peinture, élaborant de nouvelles techniques picturales mises au coeur de leur pratique. Si Pierrette Bloch fait gouter la peinture, point après point, sur le papier ou sur la toile disposée à l'horizontal, noue consciencieusement le crin, inscrit de larges traces blanches au pastel, André-Pierre Arnal plie, froisse, ficèle la toile, colle et décolle le papier. Stéphane Bordarier développe quant à lui une technique picturale qui se rapproche de celle de la fresque, dans laquelle la couleur est prise dans la colle encore humide, induisant l'urgence du geste. Peintre et sculptrice française. Evoluant depuis les années 1950 vers une pratique abstraite, l'oeuvre de Pierrette Bloch, en dehors de toute catégorie esthétique, joue sur le rythme, l'ambivalence entre le plein et le vide, le contraste entre le noir et le blanc. Subtile, elle se décline par séries, avec une économie de moyens, à partir de la répétition de formes élémentaires – le point, les entrelacs, l'écriture – et de couleurs quasi absentes. Elle éprouve ses premières émotions artistiques en 1939, devant les chefs-d'oeuvre du musée du Prado exposés à Genève. C'est justement en Suisse que, fuyant la France occupée, elle se réfugie avec ses parents en 1940. Elle se plonge dans la lecture, source d'inspiration fondamentale, et assiste à des conférences d'histoire de l'art, notamment celle de René Huyghe sur la ligne, qui la conduit à s'interroger sur les relations qu'entretient le dessin avec le temps et l'écriture. A la fin de la guerre, de retour à Paris, elle suit les cours des peintres Jean Souverbie (1891-1981) et André Lhote (1885-1962) ; en 1949, elle est la première élève d'Henri Goetz (1909-1989), qui délaisse alors le surréalisme au profit de l'abstraction. Elle fait la connaissance de Colette et Pierre Soulages (1919), devenus des amis intimes. Influencées par celui-ci et Nicolas de Staël, ses premières peintures abstraites, à la texture épaisse, sont structurées par un système de grille, caractéristique des oeuvres picturales d'après-guerre. Les années 1950 correspondent au début de sa reconnaissance : elle participe au Salon des réalités nouvelles (1950), dédié à l'abstraction depuis l'après-guerre ; dès l'année suivante ont lieu ses premières expositions personnelles en France et aux Etats Unis, où elle séjourne régulièrement.

02/2021

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Musique, danse

Arts & musiques dans l'histoire. Tome 6, XXe et XXIe siècles, avec 3 CD audio

Ce sixième opus de la collection propose une approche claire et pragmatique des grands événements historiques, des différents mouvements artistiques et des principaux personnages qui ont marqué le XXe siècle et les débuts du XXIe. Pour donner corps à ces intentions, la construction de l'ouvrage s'organise autour de trois grandes périodes clairement structurées : la Belle époque (avant 1914), l'Entre-deux-guerre, et l'après 1945. A l'intérieur de chacune de ces périodes sont abordés le contexte historique global, puis les différents mouvements plastiques ou littéraires et enfin les grands courants musicaux (musique savante, jazz et musique populaire) qui l'ont traversée. Ainsi, dans la mouvance des courants architecturaux ou des arts décoratifs (Art nouveau, Art déco, style "international"...), sont contextualisés les principaux mouvements plastiques : - postimpressionnisme, - symbolisme, - nabisme, - fauvisme, - cubisme, - expressionnisme, - futurisme, - dadaïsme, - surréalisme, - abstraction... Les abondantes illustrations jalonnant les 240 pages apportent l'indispensable complément qui participe à la bonne compréhension de l'extraordinaire foisonnement créatif dans un environnement tout autant marqué par l'explosion des progrès techniques que par les niveaux de barbarie et de cruauté encore jamais atteints par l'Homme au cours de son histoire... Complémentairement à cette présentation, Jean Pierre Caens jette plusieurs ponts (intitulés Correspondances) entre les domaines des arts et de la musique ou encore de la littérature afin de bien situer les différentes productions artistiques dans leur environnement social, économique ou politique. Quelques exemples de ces "mises en correspondances" : Petrouchka (Stravinsky) et Violon et raisin (Picasso)/ 9e symphonie (Malher) et l'oeuvre de Gustave Klimt/ Cinq pièces pour piano(Schoenberg) et l'abstraction (Kandinsky)/ Parade (Erik Satie) et le dadaïsme (Marcel Duchamp)/ 4'33" (John Cage) et le minimalisme "plastique"/ Ornithology (Charlie Parker) et la beat generation (Jack Kerouac)/ Rock around the clock (Bill Haley) et le pop art (Andy Warhol)/ le rap, le slam (hip hop) et les arts de la rue (tag, graff)... Bernard Fort, quant à lui, s'attache à mettre en parallèle des "traductions musicales" qu'il a composées avec des tableaux qui font effectivement l'objet d'une présentation : Jour de lenteur (Yves Tanguy), Architecture du plan (Paul Klee), Cathedral (Jackson Pollock). De plus, une histoire du jazz, assortie d'extraits sonores, jalonne tout le parcours musical. On pourra ainsi découvrir le commentaire et l'écoute : d'un gospel (Swing low sweet chariot), d'un blues (Old dirty blues is back again, création de Ph. Khoury et F. Brun), d'un ragtime (de Scott Joplin : Maple Leaf Rag), d'un New Orleans (par Louis Armstrong : Swing that music), d'un big band (par Duke Ellington : Caravan), d'un "jazz manouche" (par Django Reinhardt : Nuages), d'un rythm'blues (Fly), d'un cool jazz (p

08/2013

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Critique littéraire

Pierre Louÿs. Une vie secrète (1870-1925)

" Je suis célibataire, catholique de naissance, très sincèrement païen de foi ; je n'ai pas d'opinion politique ; j'aime les femmes, les cigarettes, la langue espagnole, les bains chauds, les peuples du Sud et les longues siestes. Enfin, je trouve que la littérature est un art bien impuissant auprès de l'admirable musique... " Profession de foi faite en 1897, et bien sympathique de la part d'un homme qu'on qualifia trop souvent d'" auteur décadent ", d'un " érotisme frelaté ", termes qui ont fait croire que Pierre Louÿs (1870-1925) n'était qu'un aimable esthète, érotomane distingué, agent de liaison entre divers grands écrivains plus intéressants que lui : Gide, Wilde ou Valéry. En réalité, Louÿs était une personnalité tout à fait originale, aussi bien par son œuvre que par son destin même. Cette biographie s'attache d'abord à retracer ce destin déconcertant : des débuts extrêmement brillants, où Louÿs, lié avec Mallarmé et Heredia, devient l'ami de Gide, de Valéry, de Wilde et de Debussy ; une période de retraite studieuse et de difficultés économiques ; une fin solitaire et douloureuse, au moment où triomphe le Surréalisme. 1890-1920 : dix ans de gloire, dix ans de silence, dix ans de désastres. Et aussi des voyages, des rencontres fort diverses, un grand travail littéraire, et d'innombrables femmes, dont Marie de Heredia, la plus aimée. Mais Louÿs exprime également son époque, et à travers les cinquante-cinq années de son existence défile ici tout un monde en plein changement, avec ses conflits politiques et sociaux : le Parnasse et le Symbolisme, la Troisième République, l'expansion coloniale, l'affaire Dreyfus, la Première Guerre mondiale, la révolution russe, les Années folles... Quant à l'œuvre, elle est à l'image même de son auteur, homme secret et complexe, extrêmement doué et qui avait les curiosités les plus diverses. À côté des romans mêlant courtisanes et rêveries historiques ou exotiques, on trouve quantité de poèmes et de textes restés inédits, ainsi qu'une immense correspondance, souvent pleine de sève et qui montre, tout comme de nombreux Éphémérides et notes personnelles, une passion pour l'écriture intime. Autre passion, la musique. Et que dire de l'œuvre érotique ? Immense, très variée, en partie encore inédite, elle célèbre la femme et le sexe avec une frénésie et un lyrisme ordurier qui situent Louÿs résolument à part. Il n'y a pas un Louÿs, mais des Louÿs : un homme tour à tour poète, romancier, critique, historien, conteur, mélomane, humoriste, collectionneur, photographe, érotomane, bibliophile, touriste, épistolier, sexologue, chartiste, et souvent spectateur de lui-même et des autres, bref le Louÿs multiple que l'on découvrira dans cette biographie considérablement augmentée et enrichie de nombreux textes inédits.

05/2002

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Poésie

Alcools. Poésies et poèmes de Guillaume Apollinaire

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913. Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans à élaborer, annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l'auteur. Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la poésie, allant de l'élégie au vers libre, mélangeant le quotidien aux paysages rhénans dans une poésie qui se veut expérimentale, alliant un travail sur la forme et sur l'esthétique à un hermétisme et un art du choc. Alcools montre le poète déchiré par ses ruptures amoureuses (avec Annie Playden, avec Marie Laurencin), ruptures qui résonnent au travers de poèmes tels que Mai2, Les Colchiques3 et, surtout, La Chanson du mal-aimé. Au sein de ses poèmes, Apollinaire abolit la temporalité interne classique mise en vigueur par Ronsard : le passé, le présent, le futur se mêlent en un seul et même univers de vin et d'ivresse. Le poète distille aussi l'espace, en mettant en scène l'univers de son enfance. Il modifie la perception poétique classique du temps et de l'espace : La Chanson du mal-aimé, Zone. Il se distingue comme le dieu poète en établissant une cosmogonie personnelle. Il réécrit les mythes fondateurs avec Orphée. Il se réclame d'Apollon. Mais il réinvente aussi la forme poétique dans son style : il détruit la conception classique syntaxique de Ronsard. Il est le précurseur du surréalisme et consacre une nouvelle poésie d'ivresse et de mythes. C'est après avoir assisté à une lecture par Blaise Cendrars de sa future publication, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, qu'Apollinaire aurait décidé de transformer à son tour son futur recueil. Il y plaça Zone en ouverture, ce qui lui donna valeur de manifeste, et supprima toute trace de ponctuation, s'inspirant de l'innovation de Cendrars. Alcools ayant été publié avant la Prose du Transsibérien, on attribue souvent à tort la primeur de la suppression de la ponctuation à Apollinaire. Selon lui, en poésie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Au-delà de cette considération, cette suppression lui permit de faire naître des images inédites en rapprochant certains termes comme par accident. On pense par exemple au vers de Zone : "Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants" où, dans une première lecture, à cause de l'utilisation transitive du verbe "croire" , l'absence de ponctuation conduit à lire le verbe "prier" comme étant lui aussi transitif, "les femmes" apparaissant alors comme complément d'objet direct du verbe. Ce procédé crée également des ambiguïtés de sens, enrichissant les lectures possibles.

02/2023