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Régis Marguiller

Extraits

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Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 18, Ecrits autobiographiques

" Ah ! comme je suis mal fait pour ma part, si j'ose ainsi parler de moi mais je ne parle pas de moi ou je ne parle pas que de moi, parce que nous sommes tous mal faits. " Cette phrase tirée d'Une main exprime la complexité du rapport que Ramuz entretient avec l'écriture autobiographique. Aux yeux de l'écrivain, sa trajectoire personnelle et les événements qui la jalonnent ne sont pas dignes d'être confiés au public. Sa vie individuelle lui apparaît comme anecdotique, et il se refuse à attribuer à son parcours une qualité exceptionnelle, en dépit des personnalités qu'il a fréquentées et du rôle qu'il a joué dans l'histoire littéraire : " Toute sa vie, on va, on fait : et c'est toujours comme si on n'avait pas avancé, comme si on n'avait rien fait ", écrit-il encore dans Une main. Mais malgré ces allégations, Ramuz parle souvent de lui, et utilise volontiers la première personne pour justifier sa vision, ainsi qu'en témoignent ses essais des années 1930. À l'exception notable de Découverte du monde, sa pratique de l'autobiographie obéit au principe de généralisation qui régit sa démarche d'essayiste. Dans Souvenirs sur Igor Strawinsky et dans René Auberjonois, la remémoration n'est pas le support d'une évocation de relations amicales, mais l'occasion de développer un discours sur la condition de l'artiste et son statut d'élection. Dans Vendanges comme dans Une main ou dans Paris (notes d'un Vaudois), l'expérience individuelle n'est abordée que dans la mesure où elle possède une valeur exemplaire, et qu'elle peut être partagée avec le lecteur : d'où le recours à des figurations de soi qui placent la sphère intime à distance. Plus que les vecteurs d'un discours introspectif ou psychologique, le " petit Vaudois " de Paris (notes d'un Vaudois) et le " petit garçon " de Découverte du monde sont les incarnations d'une relation au réel que Ramuz tend à son public comme il le ferait d'un miroir. Le volume contient les six récits autobiographiques que Ramuz a publiés en volume, Vendanges (1927), Souvenirs sur Igor Strawinsky (1928), Une main (1931), Paris (notes d'un Vaudois) (1938), Découverte du monde (1939) et René Auberjonois (1943), ainsi que dix-sept textes, dont huit inédits, au genre proche de celui de l'écriture intime.

01/2011

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Beaux arts

Dictionnaire des objets de dévotion. Dans l'Europe catholique

En dépit des apparences, la poignée de paille nouée en croix par un villageois et le précieux crucifix exécuté par un orfèvre célèbre ont la même fonction : relier la terre au ciel, le monde visible au monde invisible. L'objet de dévotion privé s'insère dans la vie quotidienne du dévot pour lui rappeler ses devoirs religieux. Dès les premiers siècles, de nombreux objets jalonnent ces échanges avec l'au-delà des ex-voto témoignent de la démarche spirituelle des chrétiens suppliant un saint de les guérir. Au Moyen Age, l'Église encourage la pratique du chapelet que la Vierge elle-même aurait remis à saint Dominique. Face au protestantisme qui récuse les " bondieuseries " vendues par les colporteurs, la Contre-Réforme catholique, au contraire, utilise l'objet de dévotion pour toucher la sensibilité. Depuis l'Europe centrale, les Jésuites diffusent les crèches de Noël qui, dans le monde entier, remportent un succès immense et durable. Dans le Coin du Bon Dieu des fermes, chaque génération rassemble les souvenirs des grandes cérémonies marquant la vie du catholique, première communion ou mariage, que rappellent une couronne de mariée sous globe, un rameau de buis béni déposé sur la photo d'un défunt, un souvenir de pèlerinage avec une petite relique, ainsi que le cierge béni à la Chandeleur, allumé pour éloigner la grêle ou pour veiller un mourant. Le culte privé des morts génère une foule d'objets religieux, déposés sur les tombes privées qui se multiplient au XIXe siècle. Depuis le XIXe siècle, les folkloristes, puis les ethnologues, s'intéressent à ces objets en train de disparaître mais dont certains, aujourd'hui, subsistent sur les lieux de pèlerinages : qui n'a pas souri devant les bouteilles mariales en plastique vendues à Lourdes ! De grandes collections d'objets de dévotion, privées puis publiques, se sont constituées surtout en Europe centrale, étudiées par d'éminents chercheurs de langue allemande. Un intérêt international s'éveille alors, relayé par bien des musées français. Il était donc grand temps qu'un Dictionnaire de langue française rassemble les noms des objets de la dévotion privée pour en expliquer le sens, grâce à des notices circonstanciées accompagnées de bibliographies. Splendides ou émouvants, ces objets captiveront tous ceux qui sont attirés par un patrimoine encore trop méconnu.

10/2006

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Droit international public

Le cyber-espionnage en droit international

Bien que les Etats s'espionnent depuis des siècles, l'émergence d'intemet a favorisé une intensification des activités de renseignement. Dans cet espace qui se joue des frontières — et où triomphent l'anonymat, une prise de risque décrue et un accès potentiel à de multiples informations — le fragile équilibre autrefois atteint par le droit international à l'égard des formes traditionnelles d'espionnage vole en éclat. En effet, l'espionnage per se n'a jamais été expressément interdit ou autorisé par le jus gentium, et les Etats se sont longtemps contentés d'une régulation indirecte de cette activité, par le prisme de différentes règles : souveraineté territoriale, droit des relations diplomatiques, lois de la guerre. Leur essence et leur raison d'être reposaient, toutefois, sur la présence de l'espion en territoire étranger ou en zone ennemie, et la possibilité de l'appréhender. "Servir et périr" : bien souvent, c'est au risque de sa vie qu'un agent défendait les intérêts de son pays. En cas de capture d'un espion, ce dernier se devait d'assumer le poids de sa condamnation ou de sa déclaration persona non gram ; l'Etat d'envoi, d'en essuyer l'infamie. Or, le cyber-espionnage bouleverse ce cadre, puisque l'agent peut désormais remplir sa mission à partir de sa propre juridiction. A l'exception du cyber-espionnage mené contre les documents diplomatiques, il s'avère désormais que cette activité échappe en grande partie au droit. En reposant sur un corpus inédit de pratique étatique — élément, essentiel à l'interprétation de régies existantes et à l'identification de règles coutumières nouvelles — cet ouvrage démontre que le cyber-espionnage est sujet à un évitement normatif. Cette activité n'est pas interdite — car les Etats ne commettent aucun acte internationalement illicite lorsqu'ils s'y livrent—mais n'est pas pour autant "permise", "autorisé" ou constitutive d'un "droit", puisqu'ils sont libres également d'adopter des mesures pour prévenir et contrer les activités de cyber-espionnage menées par d'autres Etats. Or, cet état de la régulation n'a rien de fortuit : les Etats souhaitent en effet profiter de cette absence d'interdiction, sans pour autant que d'autres aient un droit à mener de telles activités, susceptibles de léser leurs propres intérêts.

08/2021

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Littérature française

Le complexe de Diane

" Le sort des révolutions est lié à celui des femmes ! " Réédition du premier texte théorique de Françoise d'Eaubonne, intellectuelle et militante à l'origine du concept d'éco-féminisme, dont la pensée iconoclaste suscite en 2021 un fort regain d'intérêt. A la sortie du Deuxième Sexe, Françoise d'Eaubonne écrit à Simone de Beauvoir : " Vous êtes un génie, vous nous avez toutes vengées ! ". Pourtant l'essai est loin de faire l'unanimité. Ses détracteurs sont nombreux et virulents, comme François Mauriac, qui voit dans ce livre " un danger pour l'individu, la nation et la littérature elle-même ". Françoise d'Eaubonne est alors une romancière de trente et un ans. C'est d'abord pour répliquer à ces critiques masculines et conservatrices qu'elle se lance dans un essai théorique. Bien décidée à défendre Le Deuxième Sexe, elle veut aussi avec Le Complexe de Diane faire la synthèse entre lutte des classes et lutte féministe, et entreprend de contrer les préjugés sexistes encore présents dans la psychanalyse et le communisme. Convaincue que Marx n'est pas allé assez loin dans sa conception de la révolution prolétarienne, elle lui reproche de ne pas avoir remis en cause la structure de la famille, source d'inégalités flagrantes entre hommes et femmes. Chez Freud, elle remet en question la notion d' " envie du pénis ", attribuée aux femmes révoltées, et montre que leur refus de se soumettre à leur destin (le mariage et la maternité), loin d'être pathologique, relève d'une aspiration légitime. Quant à leur supposé masochisme, sur lequel les adeptes de la psychanalyse s'étendent beaucoup pour expliquer leur soumission ou, même, leur infériorité, elle le conteste avec ferveur. S'appuyant sur la figure mythologique de Diane chasseresse, elle affirme que la nature féminine est une construction sociale qui tend à justifier la domination masculine en vertu d'un patriarcat nécessaire et éternel. Elle se penche sur des modèles alternatifs, hérités de sociétés matriarcales archaïques et se montre d'une modernité remarquable lorsqu'elle se penche sur le concept d'éros féminin, absent du livre de Simone de Beauvoir. Les conclusions de son ouvrage mettent l'accent sur une bisexualité originelle de tous les individus, et annoncent ses livres et ses combats futurs, qu'ils soient féministes, écologistes ou libertaires.

10/2021

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Histoire internationale

Aux origines d'Israël. Entre nationalisme et socialisme

Comment, au cours du demi-siècle qui précède l'indépendance d'Israël (1948), le mouvement travailliste (mené notamment par Ben Gourion) a-t-il conjugué idéologie et action pour élaborer les principes fondamentaux de ce qui allait devenir la société israélienne ? Comment accorder les exigences d'un mouvement national, fondamentalement particulariste, avec les valeurs universalistes du socialisme ? La synthèse était-elle possible ? Il apparaît dès le début des années 20 que, devant l'aspiration à l'idée nationale, les principes socialistes doivent céder le pas. L'aspiration à l'égalité n'a subsisté que comme mythe mobilisateur, voire comme simple alibi. C'est la raison pour laquelle, par exemple, l'expérience du kibboutz n'a jamais débordé le secteur agricole. Le travaillisme, qui a exercé le pouvoir politique jusqu'en 1977 puis de nouveau, en partie, depuis 1992, a oeuvré pour s'assurer l'appui de la bourgeoisie, et donc défendu la propriété privée, pour la mettre au service de la renaissance nationale et de la construction du pays. C'est pourquoi les écarts sociaux ont toujours été très importants dès l'époque pré-étatique, et aujourd'hui ils sont encore plus larges. La " révolution sioniste ", commencée voici un siècle, a été avant tout une révolution nationale _ culturelle et politique _ et non un effort vers une société autre. L'alignement d'Israël sur la bourgeoisie et le capitalisme d'Etat fait partie intégrante de l'héritage des pères fondateurs. La priorité donnée à la nation a permis à Israël, à quatre reprises au moins, de triompher de ses voisins qui niaient jusqu'à son droit à l'existence, mais le prix social en a été très élevé. La paix qui se profile va-t-elle avoir une incidence sur l'organisation interne de la société israélienne, ou bien les pesanteurs du passé seront-elles les plus fortes ? Le travail d'historien auquel s'est livré Zeev Sternhell et que personne n'avait mené avant lui constitue une précieuse contribution aux débats en cours. Professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, Zeev Sternhell s'est fait connaître en France par quatre ouvrages qui ont remis en cause les idées reçues sur les origines du fascisme : Maurice Barrès et le nationalisme français (1972 et 1985), La Droite révolutionnaire, les origines françaises du fascisme (1978 et 1984), et Ni droite, ni gauche. L'idéologie fasciste en France (1983 et 1987), enfin Naissance de l'idéologie fasciste (1989).

07/1998

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Théâtre

Mises en scène d'Allemagne(s)

Depuis plusieurs décennies, la scène allemande est l'objet d'une fascination sans équivalent dans le monde. En France tout particulièrement : à peine remis de l'"éblouissement" (Roland Barthes) du Berliner Ensemble, le public a pu découvrir, dès les années 1970, une nouvelle génération de metteurs en scène qui renouvelait profondément les modes de travail et les enjeux de la création théâtrale. D'autres depuis ont suivi sans discontinuer, au point que l'exceptionnelle vitalité de ce paysage artistique apparaît toujours comme un modèle et un point de référence obligé. Pourtant, on pourrait reprendre mot pour mot, aujourd'hui, le jugement formulé par Bernard Dort en 1981 : "Sans doute une des raisons du rapport ambivalent que les Français ont au théâtre allemand vient-elle de leur méconnaissance ou, du moins, de leur connaissance fragmentaire, à éclipses, de celui-ci". Trente ans plus tard, en effet, ce que nous savons de ce théâtre reste parcellaire. Bien qu'il soit toujours plus présent sur nos scènes, il n'existe aucun ouvrage d'ensemble pour mettre en perspective les oeuvres de ses metteurs en scène, éclairer leurs choix et analyser leurs conditions de production. C'est ce manque que le présent ouvrage se propose de combler, avec une traversée de plus de quarante ans de créations théâtrales majeures, choisies parmi celles qui ont renouvelé les modes de travail et marqué les mémoires. Replacés dans leur contexte de production, examinés à partir d'enquêtes minutieuses dans les archives, les spectacles, étudiés selon les principes des "Voies de la création théâtrale", font l'objet d'analyses approfondies qui restituent toute la complexité de leurs enjeux et la variété de leurs modes d'élaboration. Réalisé par une équipe de chercheurs internationale, ce volume entend tout à la fois élargir le regard porté sur les scènes d'Outre-Rhin et lui donner une plus grande précision, par le croisement d'approches globalisantes et d'examens détaillés. On y trouvera donc aussi bien l'étude du paysage économique et institutionnel, un aperçu des modes de travail, l'histoire de certains établissements ou le parcours de quelques personnalités que la focalisation sur des réalisations emblématiques. De Stein à Ostermeier, de Grüber à Marthaler, de Peymann à Richter, de Zadek à Castorf, de Schleef à Pollesch, Rimini Protokoll et bien d'autres encore, ce sont ainsi deux générations de maîtres de la mise en scène dont les productions sont ici présentées.

01/2014

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Mer

Golden Globe. Une épopée solitaire autour du monde

Le 30 juin 2018, trente marins quitteront Plymouth pour un tour du monde en solitaire et sans escale à bord de voiliers d'un autre temps. Pas de GPS, de pilotes électriques, d'appareils photo numériques, mais des équipements identiques à ceux embarqués en 1968 par Robin Knox Johnston, le seul à boucler l'épreuve après 313 jours de mer. Le Golden Globe Challenge fut une aventure épique et tragique dont ce récit met en lumière les héros invraisemblables. Hommage soit rendu à leur engagement avec la course du 50e anniversaire ! En 1968, ils sont neuf à s'élancer. C'est une première : jamais un tel défi n'a été relevé et personne ne sait alors s'il peut être réalisé. Le journal londonien Sunday Times, sponsor de la course, lui donne le nom de Golden Globe Challenge. Bernard Moitessier, Loïck Fougeron, Chay Blyth, Robin Knox-Jonhston, John Ridgway, Donald Crowhurst, Bill King, Nigel Tetley et Alex Carozzo pointent leur étrave vers l'inconnu, avec en ligne de mire le mythique cap Horn. Plusieurs d'entre eux, à l'image du Britannique Chay Blyth, n'ont pratiquement jamais navigué en solitaire. D'autres ont choisi des bateaux incapables d'affronter les quarantièmes rugissants. Qu'importe ! Part qui veut, à condition de larguer les amarres depuis la côte anglaise entre le 1er juin et le 31 octobre. L'époque est encore au sextant, aux girouettes automatiques et aux postes de radio lourds et encombrants que Bernard Moitessier, le favori, refuse d'embarquer. On est bien loin de la sacro-sainte communication qui régit les courses d'aujourd'hui... Dix mois plus tard, un seul concurrent franchira la ligne d'arrivée à Falmouth. Abandons, naufrage, et même suicide - l'ultime salut de Donald Crowhurst - ont écrit les pages de cette course inimaginable. En tête de la flotte, Bernard Moitessier a décidé d'abandonner pour " sauver son âme " et poursuivre sa Longue Route jusqu'à Tahiti, ajoutant un demi-tour du monde à celui qu'il venait de réaliser... Avec ses protagonistes insensés, ses rebondissements et ses drames, le Golden Globe reste l'une des aventures maritimes les plus marquantes de tous les temps. Un livre traduit de l'anglais (américain) par le navigateur et écrivain Gérard Janichon, avec un avant-propos du journaliste nautique Bernard Rubinstein.

03/2018

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Critique littéraire

Correspondance 1908-1953. "Braises ardentes, semences de feu"

De 1908, année de la " conversion " de Louis Massignon (1883-1962), à 1953, deux ans avant la mort de Paul Claudel (1868-1955), les deux hommes ont échangé une belle et profonde correspondance, qui touche aux choses essentielles de l'esprit, du coeur et de l'âme, pour l'un comme pour l'autre indissociables. Une partie de ces lettres, celles de la première période (1908-1915) avait déjà été publiée en 1973. Il était cependant regrettable de voir cette correspondance arbitrairement interrompue, et, de surcroît, amputée, du fait de nombreuses coupures, de son intérêt intime et puissamment spirituel. Toutes les lettres retrouvées sont ici restituées dans leur intégralité, mettant au jour la " passion " intérieure de Massignon, être calciné, et la sagesse parfois quelque peu interloquée de son aîné, toujours patiente et compatissante, sauf quand le poison de la politique vint, dans les derniers temps, gravement affecter sans pourtant la ruiner une amitié fondée sur une confiance absolue et de douloureuses confidences. Mais même la politique est ici, à sa manière, une sphère du spirituel. Le face-à-face épistolaire de Claudel et Massignon, c'est aussi celui du poète et de l'érudit, le premier cherchant à s'instruire dans le domaine de l'orientalisme, le second lui livrant, pêle-mêle mais dans une étonnante cohérence intérieure, le résultat de ses recherches, ses méditations, ses innombrables pérégrinations savantes qui étaient autant de pèlerinages, ses lieux de prédilection et tout le réseau des " intersignes " qui assurent l'unité de ces curieuses expériences. Ils se rencontrent dans l'acceptation commune d'une vie réglée par la prière, la liturgie, la direction et les exercices spirituels ; la " coopérative de prières " fondée par Claudel, et qui trouvera une prolongation spécifique dans la " Badaliya " de Massignon, les réunit autour de la haute figure sacerdotale de l'abbé Fontaine, qui fut le dernier confesseur de Huysmans. Une commune piété mariale nourrit leurs échanges, mais aussi leurs oeuvres et le subtil système analogique qui les régit. Enfin, nous assistons ici au dialogue de deux vrais écrivains, dont l'un n'a plus à faire ses preuves, tandis que l'autre s'impose par la densité elliptique et l'étrangeté rythmique d'une phrase poreuse à l'influence d'une longue familiarité avec le " lyrisme saccadé, condensé, disruptif " des langues sémitiques, et surtout de l'arabe.

03/2012

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Littérature française

Les ténèbres du dehors

C'est dans une extravagante ripopée, un inénarrable melting-pot de cultures que vont se dérouler les années d'apprentissage d'Emma, l'héroïne de ce roman. Sa mère, Mme de Duran, grandiose personnage de théâtre, à la fois grotesque et sublime, est d'origine allemande. Son père, officier espagnol, a disparu dans la débâcle de la République après avoir combattu dans les rangs des gouvernementaux contre les insurgés franquistes. Mme de Duran et ses trois enfants, Emma, Alejo et Segismundo, ont fini par échouer à Bruxelles juste avant la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. Le roman d'initiation d'Emma n'est pas un recueil de souvenirs d'enfance. L'enfant, nous y est-il montré de page en page, est une invention des sociétés d'abondance. Dans le monde de la misère, de l'exil ou, si l'on préfère, dans les situations extrêmes, les catégories usuelles n'ont pas cours. Or tout ici est extrême, parce que tout est amplifié par l'acuité d'une vision où l'on chercherait en vain la fausse innocence que, dans le monde dit civilisé, on prête si volontiers au petit de l'homme. Qu'Emma observe les démêlés burlesques de sa famille avec la pauvreté, qu'elle raille l'espagnolisme exacerbé de ses frères, qu'elle daube, de façon fort incivile, la grandiloquence du discours des bien-pensants, qu'elle fasse mine de s'effarer devant l'énergie, toute germanique, avec laquelle sa mère somme le chancelier Adolf Hitler de la tirer des griffes de la Gestapo ou, trahie par son amant, Léon van Roodebeek, s'acharne à ranimer, chez cet écrivain raté, une ardeur depuis longtemps éteinte, la diabolique lucidité de la narratrice ne manquera pas de méduser le lecteur. Mais, du même coup, celui-ci sera entraîné, malgré qu'il en ait, à partager la passion inconditionnelle des Duran pour la folie, l'humour noir, la démesure. Car ce roman picaresque, terriblement espagnol, est aussi une ouvre où l'auteur, à travers ses divers truchements, semble avoir pris à tâche d'épuiser toutes les ressources de la langue française et toutes les combinaisons de la technique romanesque. Les personnages, le lecteur et l'auteur lui-même se trouvent interpellés, agressés, remis en cause à chaque instant dans un jeu d'esquive et d'illusion qui comblera l'aficionado littéraire.

04/1981

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Littérature française

Rabelais restitué N° 3 : "Le tiers livre", Du prologue au chapitre XXVIII

En 1979 paraissait le premier volume du Rabelais Restitué : l'étude consacrée au Pantagruel ; en 1985, le tome 1 (du prologue au chapitre XXIV) et en 1990 le tome 2 (du chapitre XXV à la fin) de l'étude consacrée au Tiers Livre, il est donc connu des Rabelaisants que Marc Berlioz a l'audace insensée de s'opposer ouvertement aux glossateurs qui enferment Rabelais dans une interprétation édifiée à la mesure de leur incuriosité, de leur incompétence ou de leurs préjugés, ces glossateurs fussent-ils considérés comme les plus éminents. Il s'oppose à eux sans retenue et sans les euphémismes d'usage, riant de leurs bévues non pas parce que ce sont des bévues (il en commet aussi) mais parce qu'elles sont énoncées d'un ton péremptoire ; d'où les traditionnelles petites représailles couillonniformes, parfaitement vaines. Car l'important reste pour lui qu'on reconsidère, qu'on réexamine encore et encore un texte que l'on croit avoir si bien et si totalement compris que certains n'hésitent pas, en fin de carrière surtout, à produire des vues d'ensemble, des Rabelais, des François Rabelais qui ne font que reprendre les erreurs d'interprétation les mieux mitonnées sans laisser place à la moindre remise en question. Or cette présente étude du Tiers Livre le démontre une fois de plus : à chaque chapitre se révèlent des intentions de Rabelais souvent fort éloignées de celles qu'on tient pour intangibles attendu qu'elles sont celles de la vue conventionnelle qui tire, comme on sait, toute son autorité de l'inlassable répétition. Marc Berlioz n'a cure de la convention ; il réinterprète, dégageant l'intention qui lui paraît la plus plausible, la mieux fondée, sans toutefois prétendre rien donner qui soit définitif, incitant au contraire chacun à vérifier, juger, discuter, reprenant fréquemment à son compte la formule qu'emploie Panurge : Cela, sauf meilleur jugement, toujours. Comme les précédentes, cette étude du Tiers Livre montre à l'évidence que l'on a grand tort, d'abord de tenir pour figée la compréhension du texte de Rabelais ; ensuite de prendre pour guide tel mandarin qui donne ses propres limites à la compréhension de ce texte, limites dans lesquelles reste servilement chacun des sous-mandarins qu'il régit. C'est à une libre découverte, à une réflexion personnelle, éventuellement à un prolongement, voire à une contestation que Marc Berlioz convie son lecteur.

01/1994

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Droit

Droit communautaire des affaires de la CEMAC. Instruments de crédit, Instruments de paiement, Incidents de paiement

Dans la zone CEMAC, la matière des instruments de crédit et de paiement a été longtemps régie, tout au moins dans les pays membres anciennement colonies françaises, par la législation française en vigueur au moment de leur accession à l'indépendance. Mais il existe maintenant, notamment depuis 2003, un dispositif juridique communautaire applicable dans l'ensemble de cet espace. Il s'agit du règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CM du 4 avril 2003 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement. Celui-ci vise non seulement les instruments de crédit et de paiement classiques tels que la lettre de change, le billet à ordre, le chèque, le virement, le prélèvement, la carte de paiement, mais aussi ceux d'apparition plus récente, à l'exemple de la monnaie électronique. D'une manière générale, le législateur communautaire a conservé les principales règles consacrées par le droit français, notamment celles issues des conventions internationales de Genève du 7 juin 1930, pour la lettre de change et le billet à ordre, et du 19 mars 1931, pour le chèque. Mais certaines de ces règles ont été remaniées de manière significative, afin de les rendre compatibles avec les réalités économiques et sociales de l'espace CEMAC. Le présent ouvrage réalise une étude approfondie du régime des instruments de crédit et de paiement en usage dans l'espace CEMAC, tel qu'issu du règlement communautaire du 4 avril 2003. La première partie est consacrée aux instruments de crédit et traite ainsi de la lettre de change et du billet à ordre. Le bordereau de gage de stocks, qui a été institué par le droit OHADA et s'est substitué de fait aux différents warrants, y est également évoqué. La deuxième partie a pour objet les instruments de paiement. Ainsi porte-t-elle non seulement sur ceux classiques que sont le chèque, le virement, le prélèvement, mais aussi sur ceux impliquant une utilisation accrue de l'informatique et de l'électronique que sont la carte de paiement et la monnaie électronique. Une troisième partie est enfin réservée au traitement des incidents de paiement, lesquels occupent une place non négligeable dans te dispositif juridique communautaire. L'ouvrage est conçu pour être utilisé par les étudiants des formations supérieures en droit privé (M1, M2 et doctorat). Il s'adresse aussi aux universitaires, aux praticiens du droit (avocats, magistrats, conseils juridiques, huissiers, notaires, etc.), ainsi qu'aux professionnels des secteurs bancaire et financier.

04/2016

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Théâtre - Pièces

Fracasse

Il n'y a qu'au théâtre qu'on pleure sans raison autre que celle de pleurer au théâtre, et "mieux" même que "dans la réalité" . Les pleurs de l'actrice sont, disons-le pour aller vite, les pleurs d'un spectre en elle (en nous), et non ceux d'une femme qui en imiterait une autre. J'ai laissé le plaisir, et l'effort, chaque fois récompensé par de nouvelles surprises, de seulement lire et relire Le Capitaine Fracasse pour un texte, plus aventureux, plus solitaire, plus acide aussi sans doute, d'écrire moi-même en ses trames et ses marges ! ... Et j'ai voulu, infidèle, que le spectre qui lentement se profilait dans l'encre et la brume, et qui, visible enfin, se présentait presque tout entier cousu, comme au théâtre, d'étranges dialogues, gardât mémoire, et célébrât, comme par une manière de politesse, quelque chose de ce qu'il devait à ce qui donc l'avait permis : quelque chose, précisément, de l'histoire du théâtre, d'une certaine histoire du théâtre. Celle, par leur art, qu'ont "écrite sur le sable" , comme disait le metteur en scène Antoine Vitez, les plus grands acteurs français depuis le XVIIe siècle. Et c'est ainsi que la troupe de comédiens du roman a tourné, ici, à l'Association de spectres... J'ai voulu aussi - surtout - qu'on entendît, avec la fiction - sous elle, derrière elle, et peut-être en elle - quelque chose qu'on pourrait dire une philosophie du théâtre. Qui n'est, je le crains, que la mienne, et bien loin, sans doute, d'être aujourd'hui majoritaire... Pire : deux fois infidèle, j'ai écrit en me laissant séduire, dès qu'elles se mettaient à chanter à mes oreilles, c'est-à-dire souvent, par d'aussi brèves qu'irrésistibles réminiscences d'autres chefs-d'oeuvre : depuis les fictions de Shakespeare l'incontournable - qui m'a ici tenu la main pour deux scènes au moins - à celles d'Hélène Cixous - que je lis et relis depuis si longtemps déjà -, en passant par, que sais-je, les textes de Racine, Artaud, Montaigne, Baudelaire, Claudel, Proust, Aragon, Verlaine, Rimbaud ou Borges... De tous ces textes, les traces, certes, ne sont plus ici, elles aussi, que spectrales, et presque toujours maquillées ou gauchies, mais un lecteur ludique, amoureux - et obstiné - parviendrait sans doute, à de certaines lumières, à en faire chatoyer les formes et les reflets... D. M.

10/2022

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Roman d'amour, roman sentiment

Aundrea

D'une joie magnifique qui se laisse aller doucement aux long des lignes libres de tout contrainte : la liberté de la pensée d'Eric PAULLE et celle de la plume d'Olivier HEMON nous donnent un avant goût très précis de la deuxième aventure, celle du livre, du roman, Aundrea, que mon ami Eric m'a demandé d'écrire en m'inspirant au plus près de son scénario. Les affres du monde de l'entreprise. La passion de Kevin pour les plantes. Le caractère difficile de Kate. Celui, délicieux du majordome et de la gouvernante. Bref tout est exposé avec malice par l'auteur dans son court métrage qui nous prépare ainsi à savourer les pages du roman à venir. Eric m'a donc demandé d'écrire ce roman, Aundrea, en m'inspirant de son premier jet, c'est à dire, son court métrage. Mais en même temps, je le redis avec force, il me laisse une immense liberté dans mes propos. J'ai pu ainsi, en restant au plus près des désirs qu' Eric me glissait à l'oreille, rester maître de ma plume. Une foultitude de personnages, tous plus emblématiques, prennent vie, les uns, les autres, au fur et à mesure des chapitres, tantôt joyeux, tantôt tragiques. J'ai taché d'inventer une tonne de personnalités et de situations toujours plus riches et diverses dans leurs caractères et dans leurs descriptions. Après un long travail de correction du roman par Eric et moi-même, quand nous estimerons que son écriture nous semble aboutie, ce qui, d'ailleurs n'est jamais le cas, nous ferons appel à Claude, notre troisième correctrice qu se plongera dans le roman pour en assurer une dernière correction la plus pointue possible. Alors et seulement alors, Eric PAULLE et lui seul se lanceront dans l'écriture du long métrage, Aundrea, évidement inspiré par le roman. Les deux buts étant, un, de sortir le livre et deux, de tourner le film écrit par Eric d'après le roman. C'est vraiment un travail à deux. Mené dans le calme, avec en arrière-plan, une poésie discrète mais toujours présente. Voilà. En espérant que le travail de notre duo donnera satisfaction à tous ceux qui nous feront l'amitié de s'y intéresser et leur apportera des moments de rêve. Une écriture à deux mains : Eric PAULLE & Olivier HEMON.

10/2022

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Procédure civile

Procédure civile. Droit commun et spécial du procès civil, MARD et arbitrage. 36e édition

L'ouvrage le plus approfondi dans le domaine du procès civil. Fidèle à la tradition des précis Dalloz, la 36e édition du précis de procédure civile prend en compte l'ensemble des évolutions récentes qu'a connues le droit du procès civil, tout en livrant une vision panoramique du procès civil alliant exposition des grands principes directeurs et déclinaisons techniques de ces principes. Cette 36e édition est notamment à jour de la loi n° 2021-1729 du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l'institution judiciaire et de ses décrets d'application, celui du 11 octobre 2021 (n° 2021-1322) et celui du 25 février 2022 (n° 2022-245) favorisant le recours à la médiation. Soucieuse de maintenir une présentation pédagogique du procès civil, cette nouvelle édition s'enrichit d'un chapitre nouveau consacré aux procédures accélérées définitives (à la suite de la systématisation des procédures dites " accélérées au fond " dans le code de procédure civile et des modifications récemment apportées à la procédure en injonction de payer). Ce chapitre vient compléter celui qui existait déjà pour les procédures provisoires en référé et sur requête. Le chapitre relatif aux MARD (modes amiables de règlement des différends) est enrichi par les nouvelles dispositions portant sur des incitations de recours aux MARD, ou encore sur les facilitations d'exécution de l'accord amiable. Il fait également état des propositions issues du rapport sur " La médiation devant la Cour de cassation " remis en juillet 2021. De manière générale, l'ouvrage rend compte, au plus près, des grands mouvements qui continuent d'affecter la physionomie du procès civil contemporain : managérialisation de la justice, dématérialisation de la procédure, développement de l'open data des décisions de justice, fondamentalisation renforcée du droit du procès civil, sous l'influence conjointe des droits constitutionnel (via la QPC) et européen (avec les mises en oeuvre récentes des protocoles additionnels n° 15 et n° 16 à la Convention EDH), entreprises d'harmonisation du procès civil européen (avec les Règles modèles européennes de procédure civile ELI/Unidroit), réflexions de la Commission " Cour de cassation 2030 ", etc. Elle intègre également les réflexions sur les moyens financiers et humains de la justice civile ainsi que sur les perspectives de réformes futures - à long et moyen terme -, actuellement mis au coeur des travaux et réactions autour des Etats généraux de la justice.

09/2022

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Histoire de la philosophie

Lumières de la gauche

Le récent divorce d'une partie de la gauche avec le legs rationaliste, universaliste et progressiste des Lumières peut donner le sentiment que l'émancipation au sens moderne n'a qu'un lointain rapport avec ce qu'elle signifiait au XVIIIe ? siècle, voire qu'elle lui est franchement opposée. Le présent ouvrage entend revenir sur un lien historique parfois remis en question de nos jours. Pas à pas, il s'efforce de retracer l'histoire des relations des gauches égalitaristes, féministes et anticolonialistes à l'héritage du XVIIIe siècle, depuis la Révolution française jusqu'aux années 1960-1970, période où commencent à s'élever des critiques d'une virulence inédite contre cet héritage. Par là, on constate que les principaux courants idéologiques d'émancipation ne peuvent se comprendre que comme des prolongements critiques des combats politiques et sociaux des penseurs des Lumières. Des prolongements, en ce qu'ils visent fondamentalement à approfondir, à élargir et à concrétiser les promesses des Lumières ; critiques, en ce qu'ils s'efforcent d'en surmonter les limites et les contradictions, portant l'idéal d'autonomie et de liberté humaines à un niveau de radicalité jamais atteint. Dès le XVIIIe siècle, les cas de Gracchus Babeuf, Mary Wollstonecraft, Toussaint Louverture, respectivement premiers représentants des combats pour l'égalité économique, sexuelle et raciale, rappellent que les principes fondateurs de toute perspective de transformation sociale trouvent leur source dans la Révolution française. Par la suite, les grands débats de la gauche des XIXe et XXe siècles, de la Révolution russe aux luttes d'indépendance des peuples colonisés, de Marx à Sartre et de Kropotkine à C. L. R. James, confirment le lien identitaire des plus grandes figures de la gauche avec le message libérateur des Lumières. Il ne s'agit pas seulement ici de rappeler l'existence d'une filiation qui, pendant longtemps, est demeurée évidente aux yeux de tous, mais également d'analyser les manières, parfois très différentes, dont chacune de ces figures se rattache à l'héritage du XVIIIe siècle. Il existe ainsi plusieurs façons de s'approprier cet héritage à gauche, qui font émerger autant d'images rétrospectives des débats et combats du XVIIIe siècle. L'étude fait ainsi apparaître une grande diversité d'usages de ce legs, au croisement entre adaptation, sélection et démarcation critique.

03/2022

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Littérature française

Rhizosphère

Daniel Cordonier, psychologue et écrivain, aborde des thèmes essentiels comme la source de la confiance, du plaisir et de l'abandon, pour arriver à la question qui nous touche toutes et tous : qu'est ce qui fonde la véritable intimité, amicale ou amoureuse ? C'est l'histoire d'une amitié : Denis est cuisinier et compose des plats d'un grand raffinement grâce à une sensibilité qu'il réussit parfaitement à exprimer en gastronomie. Incapable par contre de s'investir sérieusement avec les femmes qui croisent son chemin, il accumule les aventures sans lendemain, inconscient de la souffrance que ce genre d'attitude peut engendrer dans son sillage. Son ami, Jérôme, est marié et père de famille. Il enseigne la philosophie et se passionne pour la psychologie des relations humaines. Malgré leurs différences, ils sont très proches l'un de l'autre depuis l'enfance, suite à un épisode marquant qui a scellé leur complicité. C'est aussi l'histoire d'un amour : Denis est paniqué devant la perspective d'être abandonné car il ne s'est jamais tout à fait remis de la mort étrange et subite de sa mère quand il était jeune. Malgré son profil de séducteur, il semble promis à un célibat perpétuel jusqu'au jour où il rencontre Carine, une mystérieuse jeune femme qui le touche au coeur et au corps. Mais face au magnétisme sensuel qui les lie, il se met à craindre que l'attirance qu'elle lui témoigne ne soit exclusivement physique. Au moment où il parvient enfin à lui avouer ses sentiments, le ciel lui tomber soudain sur la tête. C'est surtout l'histoire d'une quête universelle : Denis croit à la valeur du plaisir et voudrait pouvoir enfin oser aimer sans retenue. Jérôme, lui, place le devoir en priorité et s'est fixé comme but de d'écrire un livre intitulé Rhizosphère, dont l'objectif sera de dévoiler les fondements des comportements sociaux. Tous deux cherchent à agir de manière juste selon leurs préceptes, mais seront soumis à de nombreuses tentations, trahisons et manipulations. Car ce sont les épreuves qui nous enseignent qui l'on est vraiment. Le mystère de soi et de l'autre est au centre de ce roman envoûtant qui convoque autant l'analyse que l'action, la sagesse et l'érotisme.

01/2024

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Critique littéraire

Antiquités romaines. Tome 6 Livre VI, Edition bilingue français-grec ancien

Avec le livre VI de ses Antiquités Romaines, Denys d'Halicarnasse, historien grec et professeur de rhétorique de la période augustéenne, entreprend le récit des événements qui eurent lieu au cours des années 497 à 493, selon la chronologie adoptée par l'auteur (qui diffère légèrement de celle adoptée par Tite-Live). Cette période, qui s'étend sur cinq consulats, est marquée par les deux événements majeurs que sont la bataille du lac Régille opposant Rome aux cités latines et la sécession de la plèbe sur le mont Sacré, laquelle aboutit à l'institution du tribunat de la plèbe. La victoire des Romains au lac Régille marque l'échec définitif de la famille royale des Tarquins, alliés aux cités latines, pour reprendre le pouvoir à Rome. Le vieux roi achèvera par la suite sa vie, exilé dans la cité campanienne de Cumes. La seconde section du livre est centrée sur la montée progressive des tensions entre plèbe et patriarcat à Rome. Le soulèvement de la plèbe est présenté comme un drame qui s'achève par le discours de Menenius Agrippa, morceau d'éloquence comprenant la célèbre allégorie des membres et de l'estomac. Denys a recours pour décrire le conflit interne à la cité romaine à des concepts hérités de la pensée grecque. Ainsi, la sécession de la plèbe est décrite comme une stasis qui rappelle le récit des massacres fratricides des Corcyréens durant l'été 427 avant J. -C. chez Thucydide. L'édition du tome VI des Antiquités Romaines de Denys d'Halicarnasse dans la Collection des Universités de France comprend le texte grec de l'historien accompagné de la traduction de Jacques-Hubert Sautel. Le texte est précédé d'une riche introduction dans laquelle sont abordés divers aspects intéressants de l'oeuvre de l'historien, tels que le personnel politique présent dans le récit, le vocabulaire employé pour décrire les événements politiques et l'intérêt historique et littéraire de l'oeuvre. Enfin, le lecteur trouvera à la fin de cette notice un exposé de la tradition manuscrite du texte ainsi que des principes qui ont régi son édition.

05/2016

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Histoire de France

Les colonies, la Révolution française, la loi

Depuis près de quatre siècles que la France possède des colonies ou des territoires d'Outre-Mer, elle a toujours hésité, pour ce qui concerne leur statut et leur législation, entre deux principes contradictoires, celui de l'assimilation et celui de la spécificité. La question se pose dès Colbert et n'est toujours pas tranchée aujourd'hui. Comment la Révolution française a-t-elle pris en considération la question de la législation des colonies ? S'il y a un maintien de la spécificité législative sous l'Assemblée constituante, à partir de la loi de 1792 instituant l'égalité politique entre les blancs et les libres de couleur, les assemblées dirigeant la France adoptent unis législation révolutionnaire radicalement nouvelle dans les colonies. Cette période est marquée par la première abolition de l'esclavage, en 1794, et l'adoption, en 1795. d'une constitution transformant les colonies en départements. Ces avancées décisives permettent à l'outre-mer français d'être régi selon le principe de l'identité législative avec les départements de la France situés en Europe, nouveauté impensable quelques années plus tôt. Toutefois, d'une part, cette législation radicale connaît une application contrastée selon les colonies, et d'autre part, après le coup d'Etat de Bonaparte, la Constitution de 1799 remet en place le système de la spécialité législative. Une réaction coloniale s'opère et aboutit, en 1802-1803, au rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe et en Guyane. Saint-Domingue y échappe par la lutte et proclame son indépendance, sous le nom d'Haïti, le 1er janvier 1804. La positivité des lois révolutionnaires, uniques en leur temps, a permis des avancées déterminantes dans le statut des libres de couleur et des esclaves, malgré un climat de violence lié à des guerres civiles et à un conflit international majeur. L'influence de la loi révolutionnaire se fait sentir également dans les colonies des autres puissances européennes, niais aussi dans les débats précédant la seconde abolition de l'esclavage. Ces avancées légales constituent encore le socle des luttes actuelles pour la liberté, l'égalité et la fraternité.

07/2014

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Revues

XVIIe siècle N° 295, avril 2022 : Xviie siecle 2022, n.295. Liens jaloux au XVIIe siècle

Malgré l'apparence de condamnation morale et religieuse dont elle est traditionnellement l'objet, la jalousie, motif partout allégué des actions humaines, relève en fait du paysage social le plus ordinaire, des évidences morales les mieux partagées par les contemporains. Le pari de ce numéro est de prendre au sérieux l'omniprésence, dans les textes du XVIIe siècle, du paradigme de la jalousie. Les contributions réunies amorcent, par leur richesse, une véritable archéologie de la jalousie à l'âge classique, laquelle livre son lot de surprises. Le dossier a pour double ambition de ne vouloir ignorer ni l'historicité de ce langage culturel de la jalousie au XVIIe siècle, ni la dimension anthropologique de ses enjeux. Du point de vue de son historicité, il s'avère que le moment absolutiste est profondément marqué, sur le plan des émotions partagées, par la jalousie, pour trois raisons. Premièrement, la faveur donne au souverain des moyens d'action et lui permet de se constituer une élite de courtisans, suscitant affection, désir et jalousies multiples. Deuxièmement, la figuration de la souveraineté royale se trouvant aimantée par celle de la jalousie divine, le monarque absolu, enivré d'émulation et entouré de jalousies en tout genre, y compris celles d'ennemis nécessaires à sa gloire, se prend au piège de l'illusion de l'unité avec ses sujets, dénoncée par Machiavel. La troisième raison concerne l'individu : subjectivation à chaque fois singulière et prise dans des réseaux de relations plurielles. Ce que révèle l'ensemble de ce volume, c'est que toute recherche se fonde sur une anthropologie plus ou moins explicitée. Les sciences humaines reposent aujourd'hui sur l'idée que le monde est régi par le jeu des intérêts et par les rapports de force qu'il induit. La jalousie nous invite à déplacer ce regard. Elle nous conduit à reconnaître le caractère primitif du lien, et sa fragilité. Si les réflexions d'un philosophe, d'une psychanalyste, d'une historienne, convergent en faisant ressortir l'irréductibilité de la jalousie à l'intérêt, celles des littéraires, en l'occurrence tous également spécialistes d'histoire culturelle, bousculent aussi la théorie.

05/2022

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Actualité médiatique internati

Confessions d'un bon à rien. Mémoires

La directrice du lycée de Beer Sheva eut ce jugement définitif sur le petit Elie : " Ah, celui-là, c'est un bon à rien ! Il faudra lui dénicher une institution à poigne, sinon ça finira mal pour lui... " . Le " bon à rien " , né dans l'immédiat après-guerre et dans une configuration tragiquement exemplaire de l'époque, s'est forgé la plus magnifique des existences. Son père, Michaël Yhiel Shkolnik, est né en 1910 en Bessarabie, qui faisait alors partie de l'empire russe, puis de la Roumanie, puis de la Moldavie. Officier dans l'Armée Rouge, il participera aux grandes batailles du front de l'Est (Leningrad, Moscou, Stalingrad.) Sa mère a survécu à la déportation mais y a perdu deux enfants et y laissera sa santé mentale... Le jeune Elie nait à Bucarest en 1946. C'est là qu'il apprend le français. Son père ne songe qu'à fuir la Roumanie communiste et à gagner Israël . Un jour il disparait, enlevé par la Securitate et emprisonné trois mois à cause de ses demandes répétées de visa. En 1961 leur parvient enfin un " certificat de voyage " , Israël " achetant " à l'époque des Juifs à l'Etat roumain (" notre meilleur produit d'exportation avec le pétrole " dixit Ceaucescu). Au sein de la " drôle de famille " qui accueille les arrivants en Terre promise, l'oncle Avi exercera une profonde influence sur l'adolescent, d'où le choix d'un nouveau patronyme : Barnavi. Après un séjour d'un an dans un kibboutz au nord du Neguev, les retrouvailles avec ses parents sont douloureuses : son père sera plus tard placé dans un Ehpad, et sa mère internée pour démence. Elie travaille pour payer ses études au collège français Saint-Joseph de Jaffa. Incorporé dans Tsahal, parachutiste volontaire, bientôt officier, il participe à la Guerre des Six Jours puis comme réserviste à la première guerre du Liban et à l'opération " Paix en Galilée " . A Jérusalem puis à Tel Aviv, des études de sciences politiques et d'histoire le font se passionner pour la séquence historique qui va de la fin du Moyen Age à la Révolution française. La France devient sa "seconde patrie intellectuelle et affective" . Il part faire sa thèse de Doctorat à La Sorbonne et c'est à Paris que se font les rencontres essentielles pour la suite de sa carrière intellectuelle : Roland Mousnier, Pierre Chaunu, Pierre Nora, Jacques Revel, François Furet, Jacques Le Goff... La politique va prendre une grande importance, parallèlement à son activité d'historien : enseignant en Allemagne, à Montréal, à l'ENS d'Ulm, à Limoges, à Reims, il retournera vivre à Tel Aviv avec sa nouvelle épouse Kirsten rencontrée à Francfort. Membre du comité central du parti travailliste, il décline le poste de chef de cabinet de Shimon Peres pour apporter son appui à Shlomo Ben-Ami. L'assassinat de Rabin met fin au processus de paix auquel il avait oeuvré sans relâche. Ambassadeur d'Israël en France de 2000 à 2002, il décrit ici l'envers des coulisses tout en brossant mille portraits de ses interlocuteurs à Paris (Lanzmann, Sarkozy, Chirac, Villepin, Jospin, Régis Debray, Edwy Plenel, Jean Daniel, DSK...). Débarqué de son ambassade par Shimon Peres, il prend une année sabbatique pour proposer la création d'un musée de l'Europe à Bruxelles et consacrera de longues années à cette passion européenne tout en reprenant son enseignement d'histoire à l'université de Tel Aviv et la direction scientifique de la Maison de l'histoire européenne à Bruxelles.

03/2022

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Droit

Manuel du droit de l'entreprise. 4e édition

Cette quatrième édition du Manuel, support de l'enseignement prodigué au sein des trois Univesités – UCLouvain, Université Saint-Louis Bruxelles et Université de Namur –, reflète les dernières évolutions du droit économique belge, à la date du 28 février 2019, en particulier, celles résultant de la loi du 15 avril 2018 portant réforme du droit des entreprises et du nouveau Code des sociétés et des associations, tout récemment adopté par la Chambre des représentants. Comme pour les précédentes éditions, cet ouvrage ne prétend ni à l'exhaustivité des traités ni à la spécialisation des précis. Son but premier a toujours été et reste l'enseignement, ce qui explique le choix des matières traitées – et l'exclusion d'autres, telle l'insolvabilité –, la manière de les aborder et leur présentation formelle. L'ouvrage se divise en six livres, eux-mêmes subdivisés en titres plus particuliers : - Le livre I contient une large introduction au droit de l'entreprise (historique, définition et grands principes, sources) pour ensuite se focaliser sur l'identification de l'entreprise, ses droits et ses devoirs (liberté d'établissement et de prestation de services, inscription à la Banque-Carrefour des Entreprises, etc.) et sur l'étude de quelques règles qui lui sont applicables. - Le livre II offre une introduction générale au droit des sociétés tel qu'il résulte du nouveau Code, à travers l'analyse de ses concepts et de ses principes fondamentaux, ainsi qu'une présentation des différentes formes de sociétés. - Le livre III se concentre sur le paiement et le financement de l'activité de l'entreprise, abordant successivement le régime de la facture (y compris la facture électronique, le factoring et la légis-lation en matière de lutte contre le retard de paiement dans les transactions commerciales), le paiement et certains instruments de crédit. - Le livre IV présente les principaux contrats commerciaux relatifs à la production, à la distribution et au patrimoine de l'entreprise. - Le livre V est dévolu au droit européen de la concurrence. Après une étude des conditions communes à l'interdiction des ententes et des abus de position dominante, les deux pratiques anti-concurrentielles sont analysées. Le régime des concentrations est également étudié. - Le livre VI aborde essentiellement les livres VI et XII du Code de droit économique consacrés respectivement aux pratiques du marché et à la protection du consommateur et au droit de l'économie électronique. Au vu du large éventail des matières traitées, ce Manuel s'adresse tant aux étudiants du droit de l'entreprise qu'aux praticiens, qui pourront y puiser des informations utiles pour se mettre à jour ou débuter une recherche plus approfondie.

05/2019

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Théâtre

Le ping-pong

Le Ping-Pong (1955), pièce politique qui inaugure chez Adamov une veine nouvelle, constitue à bien des égards un cas dans sa production littéraire. Le flipper d'Adamov est au théâtre français ce que l'"assommoir" est au roman du même nom : une machine à asservir les hommes. Elles sont rares, les pièces dont le vrai héros est une machine. C'est le cas du Ping-Pong, où ce qui s'appelait à l'époque de sa rédaction le billard électrique, et qui se nomme aujourd'hui le flipper, se trouve - Adamov le dit - au "centre de la pièce". Ce jeu régit les propos et le comportement des sept personnages qui ne vivent que pour lui (Annette, ouvreuse de cinéma, Arthur, flâneur, et, dans une moindre mesure, Victor, étudiant en médecine), ou grâce à lui (le Vieux, chef du "Consortium" fabriquant les flippers, son secrétaire, Roger, Mme Duranty, et Sutter, agent chargé de relever les recettes). Et deux d'entre eux - Annette, qui se suicide devant un stand, et le Vieux, frappé en plein délire d'invention - meurent même à cause de lui. C'est l'enfer du jeu à la manière d'Adamov et c'est la première curiosité de la pièce. Il y a une deuxième curiosité : tout rivés qu'ils sont à la machine, les personnages ne sont pas des automates. Chacun a donc son caractère et son destin, ce qui amène à souligner la troisième curiosité de la pièce : la présence d'un comique qui n'existe sous cette forme dans aucune autre pièce d'Adamov. Car l'auteur - dont le titre lui valut de passer un temps pour un champion de ping-pong ! - s'est beaucoup amusé en composant la pièce, et c'est l'écho de ce rire qui la parcourt de bout en bout. Enfin, Le Ping-Pong amorce un spectaculaire tournant chez Adamov. Au vrai, c'est presque d'une révolution qu'il s'agit, puisque au drame strindbergien, nourri des rêves de l'auteur et situé dans une intemporalité voulue, succède brusquement, sous l'effet d'une conversion plus nette au marxisme qui coïncide avec la découverte de Brecht et suit de peu la rupture l'"avant-garde" incarnée par Beckett et Ionesco, un tableau de moeurs étroitement inséré dans le contexte des années 1950. Il n'y a plus de rêves dans Le Ping-Pong, il y a des faits qui, désignant clairement une réalité socio-économique (l'emprise d'un jeu qui rapporte et fait perdre beaucoup d'argent), jettent un regard critique sur la France de cette époque.

01/2012

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Grandes réalisations

Vincennes, ressusciter le château des rois de France

FAIRE RESSURGIR DU PASSE UN CHEF-D'OUVRE UNIQUE MECONNU La France possède un monument médiéval sans équivalent au monde par son originalité, sa puissance et sa beauté, mais elle ne le sait pas. Car le stupéfiant Château de Vincennes, construit au xive siècle par Charles V, l'un des plus grands rois de notre Histoire, a été défiguré au début du xix e pour des besoins militaires. Mais les destructions ont été beaucoup plus limitées qu'on pouvait le croire et aucun obstacle technique, financier ou de principe ne s'oppose aujourd'hui à ce que le grand Château des Rois de France retrouve la fantasmagorique silhouette qui fut la sienne pendant plus de quatre siècles, ce qui le replacera sur la carte du monde. CREER LE GRAND MUSEE NATIONAL DU MOYEN-AGE Paris dispose de collections d'oeuvres médiévales exceptionnelles mais dispersées entre plusieurs musées dont aucun n'approche une fréquentation qui soit digne d'elles. L'idée vient alors naturellement de les regrouper en un lieu à la légitimité sans égale, puisqu'il s'agit de l'ancien Château des Rois de France, qui dispose à la fois d'une localisation régio - nale centrale et des espaces nécessaires à leur mise en valeur dans un nouveau grand musée à imaginer et à construire. Pour les visiteurs du monde entier, la sé - rie des Tapisseries de la Dame à la Licorne deviendrait alors une oeuvre iconique presque aussi incontournable que l'est aujourd'hui la Joconde pour le Louvre. INVENTER L'HISTORIAL DU MOYEN-AGE ET DE FRANCE Il s'agit enfin de créer à Vincennes le Musée de l'Histoire de France qui fait aujourd'hui défaut à notre pays dans le but d'en faire connaître l'Histoire et la Civilisation aux enfants comme aux adultes à une époque où beaucoup de nos concitoyens ignorent notre passé. La chance veut que de vastes terrains, propriétés de l'Etat, puissent être mis à profit. Avec un large recours aux moyens techniques modernes, l'His - toire serait notamment illustrée par les grands personnages et les grandes dates dont les siècles ont conservé la mémoire, et les Civilisations du passé par leurs différents aspects : vie quotidienne, architecture, musique, arts picturaux, arts guerriers, etc. A UNE EPOQUE OU TOUS LES PAYS RIVALISENT POUR ATTIRER LES VISITEURS DU MONDE ENTIER, LE BUT PROPOSE EST DE CREER A VINCENNES QUI FÛT BIEN PLUS LONGTEMPS QUE VERSAILLES LE CHATEAU DES ROIS DE FRANCE, UN NOUVEAU PÔLE D'ATTRACTION UNIVERSEL QUI REPLONGE L'ILE DE FRANCE ET LA FRANCE ELLE-MEME DANS LEUR GLORIEUX PASSE.

02/2022

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Droit

Le droit de l'aide et de l'action sociales à la croisée des chemins

Issues des grandes lois sociales instaurées par la IIIe République à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, inscrites dans le Préambule de la Constitution de 1946 (alinéa 11), l'aide et l'action sociales sont aujourd'hui, aux côtés de la Sécurité sociale, le second pilier de notre système de protection sociale. Aide et action sociales comprennent trois niveaux : l'aide sociale dite "légale", accessible de droit pour les individus remplissant les conditions d'obtention fixées par la loi (aide médicale d'Etat, aide sociale à l'enfance, aux personnes âgées ou handicapées, aide sociale à l'insertion) ; l'aide sociale dite "extralégale" qui reprend les dispositifs de l'aide sociale légale, mais pour laquelle l'organisme chargé de l'attribution décide de montants d'aide plus favorables ou de conditions d'octroi plus souples ; et enfin, l'action sociale qui recouvre toutes les mesures facultatives que des organismes publics ou privés (collectivités territoriales, organismes de sécurité sociale, mutuelles, caisses de retraites, associations, etc.) peuvent engager, de façon discrétionnaire, auprès de populations ciblées, en dehors ou en complément des régimes de sécurité sociale et de l'aide sociale. Partant, on voit bien que l'aide et l'action sociales constituent un ensemble complexe qui, au-delà du strict cadre défini par la loi, permet, voire encourage, la diversité des mesures d'accompagnement. L'intérêt de cet ouvrage est donc d'aborder quantité de questions qui sont au coeur des institutions et des politiques induites par le droit de l'aide et de l'action sociales : qu'il s'agisse du rôle de l'éthique dans la mise en oeuvre des politiques sociales ou de la position spécifique qu'occupe le droit qui les régit au sein de l'ordonnancement juridique (entre droit public et droit privé) ; qu'il s'agisse des règles applicables aux usagers (droits et devoirs, modalités d'accueil) ou à certains publics spécifiques (mineurs étrangers non accompagnés, gens du voyage), des pratiques qui impactent les actions mises en oeuvre (évaluation, rôle des données numériques, secret et partage d'informations) ou des partages qui structurent les compétences (entre Etat et département) ; ou qu'il s'agisse des dispositions qui régulent à la fois l'accès aux prestations (lieu de résidence) et la défense du droit (régime pré-contentieux et contentieux), de la situation qui prévaut à l'étranger (Belgique) ou encore du devenir du système global de protection (aide/action sociales et sécurité sociale).

07/2018

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Musique, danse

L'esthétique du quatuor à cordes

En quelque deux cent cinquante ans d'une histoire sans déclin ni éclipse, le quatuor à cordes, genre majeur de la littérature musicale, a vu fleurir un répertoire immense, d'une qualité sans équivalent. Quel secret se cache derrière cette formation instrumentale toute simple - deux violons, un alto et un violoncelle - pour avoir permis aux compositeurs de dessiner au cours du temps un des paysages musicaux les plus fascinants que l'on puisse contempler aujourd'hui ? Lieu privilégié du dialogue intime, du discours introspectif et réflexif, il a pu être aussi le théâtre des gestes musicaux les plus fulgurants, de la Grande Fugue de Beethoven au 5e Quatuor de Bartok. Temple de la forme classique qu'il contribua à fonder, il favorisa aussi les explorations aventureuses et les démarches visionnaires, jouant parfois un rôle essentiel dans le développement du langage musical. On ne peut rendre compte de l'évolution de ce genre au cours de son histoire sans s'interroger d'abord sur la singularité de sa nature et la spécificité de ses mécanismes. Si elle découle pour une part des qualités inhérentes aux instruments, l'esthétique du genre prend à vrai dire tout son sens dans l'écriture ; elle se dessine ainsi à travers une architecture dans le temps - jusque dans les années 1950, ce sera essentiellement la forme sonate - et une architecture dans l'espace, en particulier une certaine façon de structurer le rapport entre les voix, l'écriture dialogique. C'est autour de ces deux questions que s'articule le présent ouvrage qui aborde le quatuor dans ses aspects aussi bien sociologiques, humains et artistiques que purement musicaux. S'attachant d'abord à décrire les modèles formels qui se sont constitués au cours de la période classique avec Haydn et Mozart, l'auteur examine la manière dont ils ont été élargis et parfois profondément remis en questions par Beethoven avant d'esquisser les grandes lignes des diverses voies dans lesquelles le genre allait s'engager par la suite. La perspective adoptée vis-à-vis des œuvres étudiées dans cet ouvrage concilie une analyse sur la forme avec une réflexion sur le sens. Il s'agit en fait d'aider le mélomane à répondre lui-même à deux types de questions qu'il peut légitimement se poser à propos d'un quatuor à cordes : comment est-il fait et comment se rattache-t-il à la tradition du genre ? Que signifie-t-il pour moi et, au-delà de moi, quel horizon de sens peut-il proposer ?

11/1999

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Economie

De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit. Suivi de Le totalitarisme pervers

"Total" : c'est ainsi qu'ils ont choisi de la nommer, comme dans un mauvais film tout en hyperboles. Active dans plus de 130 pays, cette société s'affaire à exploiter, traiter et distribuer des produits issus du pétrole, tout en oeuvrant dans le gaz, l'énergie solaire, la production électrique et l'industrie chimique. Le capital dont dispose cette firme traduit le fait d'une histoire chargée, couverte par l'état du droit ou par la complicité des Etats. Ce capital est le fruit d'actions tentaculaires sur un plan politique et économique, allant de la participation à des cartels internationaux capables de jouer sur les prix à l'accaparement de ressources dans le contexte néocolonial africain, en passant par la délocalisation d'actifs dans des Etats complaisants, par l'externalisation des coûts de production sous une forme massivement polluante et par la collaboration avec des partenaires pratiquant le travail forcé. Dans cet essai, Alain Deneault démontre que le cas Total ne témoigne pas seulement du pouvoir de cette entreprise en particulier, mais de celui d'une poignée de multinationales qui font aujourd'hui la loi. Se pencher sur l'histoire de Total et de ses composantes généalogiques, c'est montrer comment l'état du droit et la complicité des Etats ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de coloniser l'Afrique à des fins d'exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d'interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques surendettant leurs peuples, de polluer de vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques en théorie pourtant souverains, de nier des assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d'asservir des populations ou de régir des processus de consultation. Chacun de ces verbes fait l'objet d'un chapitre dans cet ouvrage. Ils représentent une série d'actions sidérantes que l'ordre politique actuel ou récent a permis à des multinationales de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, ou grâce à eux. En complément, un court essai intitulé Le Totalitarisme pervers met en perspective les cas décrits précédemment et interroge de façon conceptuelle le fonctionnement même des multinationales.

02/2017

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Littérature française

Paco (1917-1989)

Artiste peintre photographe catalan, Emile RAMIS exprime en lumière et couleurs ce qu'il ressent dans son intérieur. Né handicapé en 1946 à Barcelone de parents républicains espagnols, cet autodidacte pratique la peinture à l'huile et la photographie avec une pointe de mélancolie, d'humour et de surréalisme. Il aime nous interpeller et nous associer à ses combats pour les valeurs fondamentales d'une vie de respect et de labeur. Cette fois-ci, il prend sa plume pour écrire la biographie romancée de la vie de son père né en 1917 dans la province de Barcelone, en Catalogne dans une Espagne pauvre et tumultueuse. Il a roulé sa bosse et sa vie, bien remplie, a été faite d'épreuves, de drames, de malchances mais aussi de réussite sociale grâce à son courage et sa ténacité. Honnête, travailleur, ordonné, fier sans être orgueilleux, il a su imposer ses convictions d'homme de gauche sans tomber dans l'extrémisme. Lors de la déclaration de la guerre civile d'Espagne en 1936, il fut un des premiers à s'engager du côté des républicains et après quelques âpres batailles, il sera promu Capitaine des carabiniers dans la Brigade Mixte de l'Armée Populaire de la République Espagnole avant d'être blessé par une grenade et capturé par les troupes Nationalistes de Franco, fin 1938. Il restera retenu prisonnier, près de dix ans en Espagne, soumise à la post-guerre du régime répressif franquiste. Jugé, condamné à mort pour rébellion militaire, gracié in extremis il restera quatre années dans la mythique prison la "Modelo" de Barcelone puis sera envoyé aux travaux forcés au Maroc espagnol d'alors. Il sera remis en liberté conditionnelle à Barcelone avant de se réfugier en Roussillon en 1948, après de multiples péripéties avec sa femme et son fils handicapé. Là, parti de rien, sans activité politique dictée par les autorités françaises, il fit plusieurs métiers dont parallèlement celui de musicien, sa passion, dans divers orchestres de bals populaires. Ses activités, lui permettront de parvenir à une réelle ascension sociale et obtient la nationalité française en 1966 pour lui et sa petite famille. Ayant acquis une retraite bien méritée, après quelques voyages à travers l'Europe qu'il rêvait de faire, il s'investit dans une association pour obtenir le versement de pensions aux anciens combattants républicains espagnols. Il laissa le brouillon de ses mémoires, juste avant de décéder à Perpignan en 1989, toujours dans cette terre catalane qu'il aimait tant.

11/2017

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Droit public

La déontologie gouvernementale

Comment expliquer la naissance si tardive de la déontologie au sein du pouvoir exécutif ? Que doit-on entendre par "déontologie gouvernementale" ? Est-elle régie par des textes ou de simples pratiques ? Dans quelle mesure concerne-t-elle à la fois les membres du Gouvernement et les collaborateurs ministériels ? Est-elle une construction juridique achevée ? En quoi participe-t-elle au perfectionnement de la responsabilité politique ou de la démocratie ? C'est à ces questions que les auteurs de cet ouvrage essaient d'apporter des éléments de réponses. Affaires Tapie, Carignon, Gaymard, Guéant, Bettencourt, Cahuzac, de Rugy ou Delevoye : depuis les années 1990, les inconduites gouvernementales ont alimenté la chronique, nourri le sentiment que la corruption présidait au plus haut sommet de l'Etat, abîmé le lien de confiance entre les Français et leurs gouvernants. Paradoxalement, la transparence et la déontologie n'ont jamais autant progressé qu'au cours des trois dernières décennies. La première pierre de la déontologie gouvernementale fut posée en 1992 avec la "jurisprudence" Bérégovoy-Balladur qui exigeait la démission du membre du Gouvernement mis en examen. La deuxième pierre provint de l("affaire Gaymard" de 2005 qui mit en lumière le vide entourant la question du logement de fonction des membres du Gouvernement et qui conduisit à l'adoption par le Secrétariat général du Gouvernement de règles applicables à la fonction de membre du Gouvernement. La troisième pierre fut celle de la charte de déontologie des membres du Gouvernement du 17 mai 2012. Ces pierres ne résistèrent pas à l'épreuve de l'affaire Cahuzac qui démontra que la déontologie gouvernementale nécessitait d'être gravée dans la roche du droit dur. Ce fut chose faite avec les lois du 11 octobre 2013, consolidées par celles du 15 septembre 2017, qui renforcèrent les contraintes déontologiques : création de la HATVP ; publicité des déclarations de patrimoine et d'intérêts ; vérification de la situation fiscale ; interdiction du recrutement des entourages familiaux ; registre de déport en cas de conflits d'intérêts ; encadrement du "pantouflage" ... Au-delà du diagnostic, cet ouvrage se risque à avancer des propositions. Ainsi en va-t-il de l'idée d'instituer un déontologue du Gouvernement, initiée par l'Observatoire de l'éthique publique, soutenue par Jean-Marc Sauvé et René Dosière, lesquels écrivent : "Nous espérons que le Président de la République et le Premier ministre désignés en 2022 auront l'audace d'instituer le déontologue du Gouvernement pour que Droit gouvernemental rime mieux avec Etat de droit".

04/2022

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Autres

D'un sensible l'autre. Sur la signification métaphysique des sensibles

On partira d'une représentation qui, sous diverses formes, a dominé une part importante de la philosophie du XXe siècle : celle de "la fin des arrière-mondes" . On essaiera de comprendre comment la récession du désir d'évasion en direction de quelque chose qui serait désigné comme suprasensible n'a pas reconduit la philosophie contemporaine, tant s'en faut, vers une prise en compte du sensible comme tel. La philosophie contemporaine, dans l'ensemble, certes, ne raisonne plus en termes d'opposition entre un sensible et un suprasensible et ne se donne plus comme tâche prioritaire le passage de l'un à l'autre, mais on peut avoir l'impression que, en perdant le sens du suprasensible, elle a perdu celui du sensible aussi. Pour essayer d'en comprendre les raisons, on reviendra sur la fameuse fable nietzschéenne du Crépuscule des idoles et on proposera diverses interprétations de la fin du "platonisme" que, apparemment, il faudrait diagnostiquer à sa lumière. On discutera si cette fin, ainsi que ceux qui l'ont thématisée ont pu parfois le croire, doit être interprétée comme un retournement ou comme un renversement, ou bien si ce motif n'offre pas d'autres possibilités : si sortir du platonisme ne consiste pas en autre chose que le renverser. La représentation d'une telle sortie n'est cependant possible que si l'on parvient à la juste appréhension de ce dont on serait censé sortir ou être déjà sorti. On rouvrira donc la question de la constitution platonisante du rapport métaphysique au sensible - ce qui conduira aussi bien à faire réentendre l'ambiguïté et la tension inhérentes à la notion de métaphysique, quelque peu étouffées aujourd'hui. Plutôt que d'y voir une pure et simple occultation du sensible, on y reconnaîtra une façon de prendre en charge la réalité du sensible et, en fait, l'invention même de ce sensible comme tel. On mettra en lumière, à cet égard, un double mouvement : comment la métaphorisation métaphysique du sensible est indissociable de sa constitution en genre unifié par le moyen d'une synecdoque. A partir de là, on pourra réfléchir sur les différentes façons dont le sensible, plutôt que de voir sa réalité s'effacer avec la métaphore métaphysique qui l'avait produit au profit d'une "métaphysique sans métaphore" , ce rêve constitutif de la philosophie moderne, peut aujourd'hui être remis en jeu dans sa diversité, en déplaçant les leviers mêmes actionnés par le platonisme pour le constituer.

02/2022

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Biographies

Pierrot Posthume. Tome 1

La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d'assez cocasses décorsune scène où il y a juste la place pour un soufflet et un coup de pied dans le derrière. Et la farce commence, une farce qui parait écrite au pied levé, une nuit de carnaval, dans un cabaret de Bergame, avec de jolis vers qui montent s'enrouler ainsi que des fleurs autour d'une batte. Là dedans passe et repasse toute la famille, les deux filles de Gautier, Judith, dans un costume d'Esméralda de la comédie italienne, développant des grâces molles ; la jeune Estelle, svelte dans son habit d'Arlequin, et montrant sous son petit museau noir, de jolies moues d'enfant ; le fils de Gautier en Pierrot un peu froid, un peu trop dans son rôle, un peu trop posthume ; puis enfin Théophile Gautier, luimême faisant le docteur, un Pantalon extraordinaire, grimé, enluminé, peinturluré à faire peur à toutes les maladies énumérées par Diafoirus, l'échiné pliée, le geste en bois, la voix transposée, travaillée, tirée on ne sait d'où, des lobes du cerveau, de l'épigastre, du calcaneum de ses talons : une voix enrouée, extravagante, qui semble du Rabelais gloussé. septembre. BarsurSeine... . Il habite ici un millionnaire, d'une avarice telle, que lorsqu'il a mis ses fils au collège, il a défendu par économie qu'on cirât leurs souliers, disant que le cirage brûlait le cuir... et il a remis au proviseur une couenne de lard pour les frotter. Septembre. C'est prodigieux comme Millet a saisi le galbe de la femme de labeur et de fatigue, courbée sur la glèbe. Il a trouvé un dessin carré, un contour fruste qui rend ce corpspaquet, où il n'y a plus rien des rondeurs provocantes de la forme féminine, ce corps que le travail et la misère ont aplati comme avec un rouleau, n'y laissant ni gorge ni hanches, et qui ont fait de cette femme un ouvrier sans sexe, habillé d'un casaquin et d'une jupe, dont les couleurs ne semblent que la déteinte des deux éléments entre lesquels ce corps vit, en haut bleu comme le ciel, en bas brun comme la terre. septembre. Il y a une vieille demoiselle ici, une cidevant religieuse, qui terminait une longue déploration de toutes les misères et de toutes les dégoûtations de l'humanité par cette réclamation : "Et puis, pourquoi sommesnous faits en viande ? " Cette révolte contre la matérialité de notre être, et l'aspiration à la composition d'un végétal ou d'un minéral, ne prouventelles pas une délicate spiritualité féminine ?

01/2023