Louis II de Bavière. Le trône et la folie

Vous êtes plutôt mercenaire sanguinaire ou souveraine oubliée ? Grâce à la saga du Trône de cristal, plus besoin de se poser la question !

Suivez Keleana dans sa quête de vengeance et d'amour, à travers le royaume d'Adarlan d'où toute forme de magie a été proscrite...

On a longtemps attendu la suite française et elle est enfin là ! Merci à La Martinière Jeunesse pour ces rééditions très réussies ! Rendez-vous le 2 juin prochain pour le tome 6 !

Par Cloé & Daniel de la Librairie Heroes de Saint Etienne

nous laisse pénétrer les premiers dans une chambre vide, seulement esquissée par quelques traits, qui a la particularité non négligeable d'avoir un gros trou en plein sur son mur. La porte s'ouvre sur la page suivante, laissant entrer son occupant en plein emménagement et affairé autour de ses cartons. Lorsque ses yeux finissent par se poser sur cet énorme et étrange trou, c'est la panique. Impossible de s'en débarrasser, il s'immisce dans chacune des pièces de son appartement !

Cette situation ne pouvant s'éterniser, notre héros sollicite l'aide de scientifiques pour s'en débarrasser. Leur proposition n'est pas des moindres : le capturer pour l'emmener chez eux et le soumettre à des tests de laboratoire. Le temps d'un trajet, le trou vient se loger habilement dans le décor de la ville, jusqu'à ce que les spécialistes s'occupent de son cas... momentanément.

Le trou est un livre délicieusement contemplatif. Les personnages de Oyvind Torseter n'y sont pas très loquaces. Ce sont les images qui, d'un coup de crayon simple et précis, emportent la lecture comme s'il s'agissait d'un  petit film d'animation. L'originalité de cet album est bien sûr ce trou, qui perce réellement le livre, et autour duquel les illustrations s'amusent non sans complicité avec le lecteur. Un bel objet insolite, qui plus est sacrément drôle, qui ravira les amateurs de livres hors norme !

Folie est le bon mot.

C'est celui qui ne peut que venir à l'esprit à l'issue de la lecture de cet opuscule à recommander à tout un chacun.

Car après avoir découvert la féminité du mot (je pense que je ne suis pas le seul qui se serait fait piéger dans une dictée !..), c'est à un tour de force de folie que nous convie 

Loin des anagrammes de potaches (police à picole…), c'est à un exercice de haute volée que le lecteur est invité.

Imaginez ! Autour d'une litanie de titres honorifiques de Jean Sébastien Bach de 170 lettres !!!…, voilà qu'apparaît une nouvelles phrase qui éclaire la vie et l'œuvre du compositeur dans toute la puissance de son art musical ! Délirant !

Imaginez ! Abasourdi par la performance de réellement construire une égalité algébrique (« cent un moins soixante plus quinze = cinquante et un plus onze moins six ») basée sur les lettres, je me suis amusé à l'exprimer en chiffres ! Et devinez ce qu'il advint : les chiffres aussi correspondent à l'exception de deux « 0 ». Mais « 0 », ce n'est rien, n'est ce pas ?

Ce qui ajoute à l'exceptionnelle dextérité de ce mélangeur de lettres, c'est la complicité fabuleuse qui s'est créée avec Sylvain TESSON. Ce dernier compose, pour certains de ces véritables exploits, une phrase, un texte qui éclaire le chemin qui va du point de départ et nous conduit au point d'arrivée d'une manière tout à fait exquise mais diabolique.

De la « disparition des abeilles » à « des lois d'inséparabilité », de « la calotte polaire » à « l'Acropole était là » ou encore des « farines animales » à un « arsenal si infâme », une dimension autre est donnée à l'exercice, certes phénoménal mais qui serait resté inachevé sans cette touche de poésie, de colère, de malice jubilatoire ou de profonde érudition.

Complétez le tableau de quelques illustrations de Donatien MARY dont certaines sont tout particulièrement réussies et vous avez entre les mains un opuscule apte à ébahir les plus blasés.

Mon regret sera de ne pas l'avoir découvert avant les fêtes : je l'aurais conseillé comme cadeau à tous ceux que le consumérisme agace un peu et qui, loin des phénomènes de mode, ne sont pas contre l'idée de redonner au Père Noël une mission un peu culturelle…

Rien n'est perdu : il doit bien vous rester une fête ou un anniversaire à souhaiter. C'est l'occasion à ne pas manquer. Y compris à titre exclusivement égoïste : pour soi !

...

Il existe des livres qui sont de véritables invitations à la rêverie, et bien en fait résolument parti.

Peu avant l'an mille, le poing de Satan s'abattit quelque part sur le royaume de France, meurtrissant les terres du centre par la blessure d'une Grande Brèche. La nuit recouvrit ce monde pendant les Maljours, où jour et nuit ne faisait qu'un. Qui s'approchait de la Grande Brèche, qu'il soit homme, bête ou végétation, voyait son essence se métamorphoser au plus profond de lui-même. Bien au sud, un royaume naquit, Occitania. Aujourd'hui, il est en péril. Louis et son frère Séverin, fils du seigneur Marfon, vivent comme des désargentés, proche des paysans. La vie aurait pu se poursuivre au rythme des saisons lorsque par une nuit d'orage, la Malbeste va surgir et faire découvrir à Louis sa véritable identité. Il est un Galoup. Fuyant, il va devoir apprendre à maîtriser le Louvoir, le terrible pouvoir destructeur des galoups, aidé par son oncle Thierry de Castelroc. Mais bientôt, d'autres révélations vont se faire jour, le laissant devant les prémices d'une formidable aventure et d'une longue quête initiatique ...

Certains critiqueront un style trop riche, une formule trop lyrique du verbe, mais c'est exactement cela qui fait de ce roman toute sa singularité, où règne un parfum d'aventures à la Tolkien. C'est un texte qu'il faut savoir goûter et savourer. On découvre peu à peu ce monde où les personnages nous plongent littéralement dans la réalité qui les entoure. Et que dire du fantastique combat entre Louis et la Malbeste, où chaque phrase virevolte dans une envolée de sensations et d'images. Bref, un vrai régal !

Louis le Galoup arrivera-t-il à contrôler son humanité pour ne pas se laisser dominer par la bête qui sommeille en lui ? Dans un univers mêlant le fantastique et le médiéval, les questions deviendront rapidement plus nombreuses que les réponses.

Alors, assoyez-vous confortablement dans votre meilleur fauteuil. Laissez-vous bercer par une littérature riche en saveur, en évocation à vous mettre les neurones en ébullition, à susciter votre imaginaire d'images enivrantes, en un mot, à un festival de rêves fantastiques. Jean-Luc Marcastel est un magnifique conteur auquel il vous sera difficile de résister, et les illustrations de Jean-Mathias Xavier seront là pour ajouter une touche d'imagerie, comme les croquis d'un carnet de voyage.

Visiteurs d'un soir, laissez vos souliers sur le pas de la porte. Réconfortez-vous à la chaleur d'une bonne flambée et laissez-vous bercer au son de la fantastique épopée de Louis Le Galoup. Quelle merveilleuse façon de redécouvrir tout le charme des contes qui ont fait le bonheur de milliers d'enfants et peut-être de vous-même.

L’hymen est-il soluble dans l’humour ? En tout cas, rien ne les oppose quand Elléa Bird et Élise Thiébaud s’empare d’un sujet qui figure parmi les tabous sociétaux qui ont encore de l’avenir. Il suffit de se souvenir que ce sont 70 vierges promises après la mort aux terroristes consciencieux…

Explorer la virginité — notion dont Freud assurait qu’elle contenait le risque des « tendances polygames » dans nos sociétés occidentales — c’est parler d’histoire, de sexualité, de patriarcat, aussi bien que la mythologie et les ramifications les plus anciennes de la société.

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Tout démarre ici avec Élise, 14 ans : « Je ne sais pas à quel âge j’ai compris que j’étais vierge. Et je ne sais pas quand j’ai compris qu’un jour, je ne le serais plus. » L’adolescente aborde ainsi le sujet pour nous et nous embarque dans une traversée des époques, autant que des personnages hauts en couleur – comme ces clitoris rockers superstars ou… des vulves que pourchassent des citrons (pressés ?).

L’humour est essentiel, mais distillé avec intelligence, tant dans le dessin d’Elléa Bird que par le scénario qui déroule Élise Thiébaut. L’autodérision ne se substitue pas au propos pour autant, au contraire : finesse et élégance, on en redemande !

Maux bien souvent invisibles voir invisibilisés, les maladies psychiques sont une réalité. Dans ce recueil de nouvelles introduites par Gringe sont rassemblées dix auteurs qui ont fait de la santé mentale leur muse le temps d’un texte.

Les écrits s’enchaînent sans se ressembler abordant tour à tour bipolarité, dépression, anxiété et addictions faisant entrer ces pathologies et ceux qui en souffrent dans nos réalités.

Sans tabou, Olivier Adam, Julia Kerninon ou encore Mathias Malzieu nous montre comment laisser une place à ceux qui sont souvent discriminés, car méconnues et mal compris.

Li Bai est un des grands poètes de la Chine ancienne. Dans le VIIIe siècle de la dynastie Tang, il vécut une vie de bohème, souvent arrosée d’alcool. Ses poèmes, entre rêve et le plus matériel, sont limpides comme l'eau d'un ruisseau de montagne au printemps. La nature et ses émotions s’entremêlent. Gallimard nous en propose un florilège : 

Ce soir je loge au temple du Sommet ; 

Je tends la main, les étoiles s’arrêtent.

À haute voix je n’ose point parler ;

Les gens du ciel, j’ai peur qu’ils s'inquiètent.

De la poésie ou des contes, des mythes et légendes, afin de mieux comprendre, qui est la Chine. 

Sa sagesse n'est pas axée sur l'idée de vérité absolue, comme c'est souvent le cas dans la pensée occidentale. Elle valorise l'harmonie, l'équilibre et l'adaptabilité, suggérant que la réalité est en constante évolution et que nous devrions nous efforcer de naviguer dans cette réalité changeante de manière souple et respectueuse.

Tout helléniste qui se respecte illustra cette citation de Churchill, « de la sueur, du sang et des larmes », en traduisant cette phrase attribuée à tort et à l’historien grec Xenophon (430 à 354 av. J.-C.), contemporain de Platon : « Ουκ έλαβον πόλιν, αλλά γαρ ελπίς εφή κακά. » Car, phonétiquement, elle se prononce : « Ouk elabon polin, alla gar elpis ephè kaka… »

Hilarité dans les rangs. Consternation aussi.

Dans la collection Pataquès de Delcourt, Karibou poursuit son entreprise de déstabilisation scientifique. Après la Salade César et Waterlose avec Josselin Duparcmeur, le duo s’empare de la mythologie avec Troie Zero. 

Le tout, option humour Fabcaro : une vignette unique, déclinée en saynètes sans le moindre mouvement. Ou comment Beckett aurait pu être drôle. Mais pas que. Heureusement. Le pitch est connu : Ménélas, dans la mélasse, depuis que bonne poire, il a vu filer Hélène — alors que c’est plutôt Pénélope qui tisse d’ordinaire.

Or, le vil Alexandre Pâris a conquis le cœur de la belle grâce à sa recette du kebab. Conclusion, branle-bas de combat chez les Achéens : direction Troie, pour sauver l’honneur. Rien de moins évident, considérant l’équipe de bras cassés qui l’accompagnent — ou comme le dirait Ulysse : « Vaudrait mieux pas être trop à cheval sur l’horaire… »

Troie zéro, irrévérencieux, burlesque, délicieux. Un moment de bonheur Et toute ressemblance avec un score de match de coupe du Monde de 1998 serait totalement fortuite : c’est pour le plaisir du calembour, aucun Brésilien n’a été humilié durant l’aventure.

Ce livre a quelque chose d'insaisissable suffisamment étrange et troublant pour interpeller le lecteur, le happer, le mettre en éveil, l'entraîner à travers ses pages et le retenir, âprement, le temps de la lecture pour le laisser, au final, inassouvi et désemparé, étourdi et  assez perplexe.

Par son titre et sa couverture intrigants et mystérieux, le lecteur croit pénétrer un roman policier, une ambiance de ce genre et se retrouve aux prises avec un roman d'atmosphère, imprégné de poésie et de mythes, où une nature grandiose et étrange faite de paysages inattendus inondés par une lumière d'arctique insolite et perturbante se mélange avec l'univers mental  complexe de la narratrice, Liv, jeune fille de dix-huit ans, solitaire et inquiète, visiblement troublée mais très sensible. « je ne suis pas folle – j'en sais suffisamment après tout, pour éviter de parler de ces choses aux vivants – et je ne suis pas une adepte du temps d'autrefois […] Mais je m'habitue au fait que, dans ma maison, il y a des ombres dans les plis de toutes les couvertures, des frémissements imperceptibles dans le moindre verre d'eau ou du bol de crème posé sur une table – et certains jours, de minuscules, presque infimes poches d'apocalypse dans l'étoffe de ce monde, prêtes à crever et me surprendre où que je sois. »

A l'origine, deux noyés successifs à dix jours d'intervalle, deux frères dont on ne retrouve pas les corps, modifient l'existence de Liv et de sa mère, peintre renommée qui a fait le choix de se retirer sur cette île isolée de la Norvège, l'île de Kvaløya, soixante-dix degrés de latitude nord. « Angelika Rossdal. L'artiste réputée qui avait tourné le dos au vaste monde pour venir vivre en recluse dans le Nord sur cette île reculée […] L'isolement mythique, l'intégrité suprême est essentielle à son succès artistique […] N'être plus rien, se retirer du cadre… Voilà la plus haute forme d'art. »

Perturbée par ces disparitions, souffrant d'insomnies, l'esprit envahi  par les légendes que lui raconte un vieux voisin, Kyrre Opddahl (« le gardien des histoires »), peuplées de trolls et de sorcières, puis intriguée par l'arrivée d'un nouvel habitant sur l'île, Martin Crosbie, Liv a du mal à distinguer le monde réel de son imagination, communique avec difficulté et dans sa confusion intense et angoissée emporte avec elle la lucidité du lecteur.

A travers une écriture parfois lancinante, une tonalité répétitive, presque anxiogène, dépeint avec force l'étrangeté vaguement inquiétante qui règne sur cette île désolée, rend compte d'un silence, d'une ambiance presque surnaturels, reste volontiers ambigu et indispose alors quelque peu le lecteur en quête de vérité ou d'explications concrètes.

Il le mène aux portes de la folie, le déroute, lui propose d'accéder à un monde d'illusions, au-delà de ce qui  est familier ou rassurant. Soit, le lecteur se laisse prendre, accepte de lâcher prise et intègre sans retenue le récit par le regard de Liv, soit son esprit s'évade, se préserve et alors l'ensemble lui échappe, son attention se dissipe. Le voilà devenu étranger à l'histoire, dépossédé du livre devenu impénétrable, hermétique et glaçant.

Il n'empêche, quelle que soit l'emprise de John Burnside sur le lecteur, le roman demeure intense, séduit notamment à travers ses descriptions de paysages, son attention ultra sensible au changement de saison et de lumière (le soleil de minuit et sa « lumière mercurique »),  à la pluie (« drue et grise, des gouttes énormes, froides, noir d'encre et soudaines »), au végétal boréal (« pavots, saxifrages ») et aux couleurs en général. Un esthétisme très pictural, presque apaisant, en opposition avec l'ambiance inconfortable et dérangeante du récit. « L'air était empli de douceur, d'une suavité neuve d'herbes et de fleurs sauvages, et l'eau des montagnes venait gorger les prairies. J'entendais des chants d'oiseaux et des murmures filtrés par le vent monter du jardin de Mère. Des oiseaux ordinaires, oiseaux de prairie, oiseaux de rivage […] C'était toujours une surprise, aux premiers jours de l'été […] On dirait qu'il n'y a rien d'autre que l'espace et la lumière. »

Surprenant, ce livre l'est. Qu'il enchante ou pas.

Dans le Paris de 1668, sous le règne de Louis XIV, des choses absolument fascinantes se déroulent. Une maladie bien étrange fait de nombreuses victimes. Les personnes touchées meurent tour à tour sans qu'aucun remède ni aucune explication ne puissent être trouvés. Les symptômes sont pourtant à chaque fois les mêmes : un estomac dur, sec et noir, dû, selon les médecins dépêchés sur place, « à un dérèglement des humeurs de la bile ».

Le célèbre ministre du roi, Colbert,  nomme alors Timoléon Batifort comme enquêteur. Le jeune homme est alors chargé d'élucider cette mystérieuse hécatombe. Au cours de ses investigations, il rencontre Brindille, une charmante marchande de toilette au service du roi et de son entourage. La jeune femme est aussi belle qu'intrigante. Elle le séduit, l'envoûte et l'entraîne dans une histoire d'amour dont il a du mal à se défaire malgré ses obligations professionnelles.

Grâce à , nous découvrons un Paris pittoresque et plein de surprises.  Loin des grandes avenues aérées et des immeubles haussmanniens d'aujourd'hui, le Paris du XVIIe est décrit comme un lieu encombré, où il est impossible de marcher. Les rues y sont aussi étroites que des bouches d'égouts et les bâtiments en construction recèlent des cachettes pour les malfrats, des refuges pour les maçons et des gouffres pour les innocents.

Au sein de ce Paris historique que nous aurions aimé connaître, nous est raconté La poudre d'amour de Louis XIV avec force détails allant de la description des rues, du mobilier, des vêtements et même de la nourriture de la cour du roi. Parmi ces informations intéressantes, quelques-unes valent le détour : saviez-vous que le roi Louis XIV était né alors que sa mère, Anne d'Autriche, souffrait de stérilité depuis 23 ans ? Qu'on lui donna le prénom de Dieudonné parce que sa naissance fut considérée comme un miracle ? Un roman vivant et passionnant.