loi silence édition

Le journal d'un homme libre ne paraîtra pas. C'est Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, qui l'a annoncé hier à la presse, selon les termes de la loi. Les motifs sont convergents, mais ne manquent pas de virulence : « banalisation des crimes coloniaux », « atteinte à l'honneur » ou encore « propos antisémites », a précisé la ministre de la Culture.

Ainsi, c'est « conformément aux dispositions de la Constitution qui interdisent toute atteinte à l'honneur des personnes et des corps constitués, après avoir consulté un nombre important d'avocats », que la décision d'interdire le livre a été prise, rapporte El Moujahid.

Et la ministre d'ajouter que « Mohamed Benchicou accuse des responsables de vol, sans pour autant donner une seule preuve ». Cette attaque directe contre le ministère de l'Intérieur ne passera donc pas. Et l'Algérie refusant le racisme « sous toutes ses formes », un tel ouvrage ne pouvait donc pas voir le jour.

Mohamed Benchicou expliquait pourtant que son livre « ne souffre d’aucune entorse à la réglementation. Il a été dûment enregistré auprès de la bibliothèque nationale qui, en retour, lui a délivré un numéro de dépôt légal et un numéro d’ISBN ». Et de voir dans cette décision une forme de censure abusive, qui intervient pour la seconde fois cette année contre lui.

Dans El Watan, il va même jusqu'à affirmer que « le pouvoir veut réduire les créateurs au silence ». Mais pour la ministre, « du moment où son auteur fait un parallèle entre un militant de la cause nationale et un général responsable de l'assassinat de 4000 Algériens, de 5000 disparus et de la systématisation de la torture pendant la guerre de libération nationale », la banalisation de la période coloniale et de ses violences est rédhibitoire.

En France, les Editions Rivesneuves publieront prochainement le livre...

Nous avons beaucoup hésité, et finalement, c'est l'envie de s'amuser qui a pris le pas. « La télé rend fou », effectivement, et nous n'aurons de cesse que de le prouver, voilà un peu le fond du livre Madame Monsieur, bonsoir... Publié aux éditions Panama.

Signé « à dix mains », il ne semble pas nécessaire de transformer cet article en compilation d'extraits montrant le cynisme et le mépris qui transpire dans les locaux de TF1, tels que dépeints par les journalistes auteurs du livre. Internet regorge désormais de ces citations assassines.

Épicé, quand il touche à Poivre d'Arvor, attendrissant quand c'est Pernaud qui pilote. En fait, une fois la lecture achevée, on n'en ressort pas particulièrement métamorphosé. Si ce qui est écrit est vrai, c'est une honte. Si c'est faux, dommage, ça aurait fait un polar journalistique bien inspiré.

Mais un certain réalisme transpire... Ambiance Big Brother disséminée partout dans les locaux, présentateurs super stars qui se prennent pour des vedettes voire des idoles (mais ont-ils réellement tort ? N'existe-t-il pas un public qui les ovationne ?), direction écoeurante... Finalement, ça sent le TF1. Le vrai, l'authentique. Le terroir, quoi.

Loi du silence brisée ou non, en somme, Madame Monsieur Bonsoir, c'est un ouvrage qui ne manque pas d'humour, et noir souvent, n'en déplaise à la chaîne, qui, loin de faire exploser l'image que l'on en a, la conforte, et brosse parfois dans le sens boboisant du poil des intellectuels bien léchés.

Ça se lit sans grande surprise, mais ça a le mérite d'être bien enlevé, distrayant, et pour qui voudra y lire la dénonciation de telle ou telle exaction, on lui donnera matière. De là à justifier des menaces de mort, prononcée à l'encontre de l'éditeur... Il faut croire que certains prennent soit très à coeur cette histoire, soit que l'on patauge dans un marasme sans nom...