#Roman francophone

Léonore, toujours

Christine Angot

En 1994, Christine Angot est encore un auteur inconnu. Elle publie un roman puissant et dérangeant, où la narratrice raconte la naissance de sa fille Léonore, l’été précédent. Ce récit prend la forme d’un journal, daté du lundi 8 mars au mercredi 31 mars. L’auteur parle de l’enfantement, observe son bébé et se projette dans toutes sortes de futurs possibles pour la petite fille. Mais on est loin d’un texte doucereux. Au contraire, Angot dit ce que personne ne dit autour de la maternité et de l’enfant qui est tout à coup là. En fait, elle dit très exactement ce qu’il ne faut pas dire, elle dit ce qui est inadmissible. Le lecteur est un peu comme un baigneur dans une eau tiède qui brusquement sent des courants d’eau froide. Mais la particularité et la force d’Angot est de ne jamais être provocatrice, ce qui serait au fond plus acceptable ou assimilable. Elle dit, simplement, la vérité. Sans se censurer, sans renoncer à ce qui peut choquer, comme quand elle imagine le bébé devenu adolescente dans une scène sexuelle débridée (le contraste est alors saisissant). Ou quand elle évoque les ressemblances : « Elle a mes mains, exactement. Mais tout ce qui est regard c’est Claude et Maman. De la mère de Claude, cette mocheté, rien ». Ce livre a rencontré très peu d'écho à sa sortie. Il a ensuite été repris en poche (J’ai Lu), mais est épuisé depuis longtemps. Inutile de dire que le statut d’auteur de Christine Angot a changé en quinze ans.

Par Christine Angot
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Littérature française

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11/03/2010 130 pages 15,20 €
Scannez le code barre 9782021012149
9782021012149
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