Moins de vingt ans séparent la première naissance par fécondation in vitro des perspectives annoncées de clonage et de transgenèse humaine. Dans l'intervalle, c'est à un formidable déchaînement expérimental que nous auront convié les biologistes. Sous couvert de " projet parental " s'élabore ainsi une inquiétante instrumentalisation de l'être humain. L'embryon, simple matériau, se prête aux combinaisons les plus aberrantes : bébés post-mortem, grands-mères porteuses, jumeaux conçus à la même date en laboratoire et naissant à des années d'écart... Quelles sont les significations profondes de cet acharnement sur la filiation qu'aucune urgence humaine ne rend compréhensible ? C'est à cette interrogation que Monette Vacquin nous invite, cherchant le sens de ces interventions sur l'espèce, dont les conséquences échappent à toute représentation. Soulignant la faiblesse de la " bioéthique ", ainsi que la stérilité et la violence des controverses actuelles sur le sujet, l'auteur révèle un déficit symbolique sans précédent dans notre société. Aura-t-il pour conséquence ultime une casse irrémédiable de l'homme ? Main basse sur les vivants renverse toutes les certitudes acquises. En tentant de cerner ce qui prend la forme d'un redoutable passage à l'acte sur l'espèce, l'auteur affronte l'un des enjeux essentiels de cette fin de siècle.
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