A partir d'une histoire portant les meurtrissures d'une douleur tue, Un amour rêvé — film documentaire d'Arthur Gillet — met en scène les méandres d'une idylle tiraillée entre deux êtres d'abord, puis leurs descendances, tout en questionnant la politique coloniale belge au coeur de l'Afrique centrale. Dans cet ouvrage, rien n'est laissé au hasard. Plusieurs disciplines sont convoquées pour démêler la part de joie, de douleur, de haine, de précis historico-politique de la colonisation, du traitement de l'altérité, des espaces géographiques (douce opposition entre une Afrique idéalisée et une Europe opprimante et inhumaine qu'illustre la vie en Ehpad, opposition méronymique entre le Congo et la Belgique). De l'"impossible à restituer" à partir des espaces mémoriels ou psychologiques, le réel prend corps dans le film par l'entremise de l'entre-deux qu'est le métissage. De la politique ségrégationniste installée au Congo par la Belgique, en passant par l'individualisme, la déshumanisation, Un amour rêvé pointe aussi la rédemption des consciences par l'écriture filmique de la finitude de l'homme face à la mort. Pourtant de ce chaos colonial, de cette razzia sur le sol africain, de cette hiérarchisation à peine voilée des hommes, Joseph et Léontine, ont su conjuguer l'amour bien qu'il n'était pas admissible de "voir un Européen marié à une Congolaise".
Par
Halima Mecheri, Michel Feugain Chez
Editions L'Harmattan
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