Prologue
« Il y aura toujours une raison pour expliquer vos rencontres. Soit vous aviez besoin de ces personnes pour changer votre vie, soit vous serez celui qui changera la leur. »
Angel FLONIS HAREFA
Mark Twain a dit : « Les deux jours les plus importants de votre vie sont celui de votre naissance et celui où vous découvrez pourquoi vous êtes né. »
Je ne me souviens pas du premier, mais bien du jour où j’ai découvert la raison de mon existence.
Il s’appelait Deuce.
Il était mon « pourquoi ».
Voilà notre histoire.
Elle n’est pas jolie.
Certains passages sont même carrément laids.
Mais c’est la nôtre.
Et parce que je crois que tout arrive pour une raison, je n’en changerais rien.
1
J’avais cinq ans quand j’ai rencontré Deuce. Il en avait vingt-trois, et c’était le jour des visites à Rikers Island1. Mon père, Damon Fox, ou « Preacher » – le président des Silver Demons, un club de motards tristement célèbre – purgeait une peine de cinq ans pour voie de faits aggravée. Ce n’était pas la première fois qu’il était derrière les barreaux, et cela ne serait pas la dernière. Les Silver Demons étaient un gang de criminels qui ne suivaient que la loi de la route, bafouaient la société et tout le reste.
Mon père était un homme puissant et dangereux. Il était à la tête des Silver Demons dans le monde entier, et hautement respecté – le plus généralement craint – par les autres clubs de motards. Il avait des contacts au sein du gouvernement et des liens avec la mafia, mais ce qui faisait de lui le plus redoutable était qu’il avait beaucoup d’attaches avec les gens « normaux ». Qui n’évoluaient pas dans son cercle. Des personnes qui se trouvaient hors du réseau. Qui pouvaient faire en sorte que les choses soient faites discrètement.
Sa manière de s’exprimer et son sourire de bourreau des cœurs lui attiraient des amis partout où il allait – et si l’on prenait en compte le fait qu’il vadrouillait depuis l’époque où il se trouvait encore dans le ventre de ma grand-mère. Lorsque je dis partout, c’est vraiment partout.
Les défauts de mon père, la délinquance et le genre de vie qu’on menait au club ne m’étaient pas étrangers : je ne connaissais que ça.
Je tenais la main de mon oncle « One-Eyed » Joe tandis que nous traversions le parloir de Rikers. Dans la mesure où mon père était mon seul parent, on avait confié ma garde temporaire à mon oncle Joe et ma tante Sylvia. Ma mère, Deborah « Darling » Reynolds, était partie peu de temps après ma naissance. Beaucoup d’hommes se seraient effondrés sous le poids de la responsabilité que représentait un nourrisson, qui plus est un motard ne pouvant supporter de passer plusieurs semaines quelque part sans éprouver de nouveau le besoin de repartir à l’aventure.
Mais pas Preacher.
Il était un bon père, ses séjours ponctuels derrière les barreaux mis à part. Je n’avais jamais manqué de rien.
Extraits
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