Il s'agissait peut-être aussi de Brahms reprenant en écho, un thème de Paganini, ou alors de Schumann, une sorte de trio insolite. Une mélodie triangulaire se déploya à l'intérieur de moi et se mit graduellement en mouvement. Cette mélopée fut reprise séparément puis en choeur par les trois instruments, de manière envoûtante, solennelle, extravagante. J'étais fasciné par le frisson ressenti du fond de mon être, en cet instant si exceptionnel. Le bonheur n'est rien d'autre, Amiral, mais qu'est-ce que c'est bon, qu'est-ce que c'est chaud et fort, même dans le noir ! Je devins quelqu'un d'autre, car un autre s'infiltra en moi. J'étais heureux, abruti de joie, comme je ne l'avais plus ressenti avec cette impression, cette prégnance, cette fulgurance si inouïe, depuis des siècles de jours.
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