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Souvenirs 1755-1842. Les Femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées

Elisabeth Vigée-Le Brun

Peu de femmes artistes ont connu une renommée aussi éclatante que celle d'Elisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). Douée de charme, de beauté et d'esprit, considérée comme une portraitiste de talent alors qu'elle n'a que vingt ans, elle répond aux attentes de la société aristocratique qui se reconnaît dans l'image qu'elle lui prête. Marie-Antoinette la choisit pour peintre officiel. Elisabeth poursuit ainsi sa fulgurante carrière en France jusqu'à la Révolution. Très liée à la noblesse de cour, elle juge plus prudent d'émigrer dès 1789. Elle parcourt alors l'Europe jusqu'en Russie. Partout où elle passe, elle est reçue et fêtée dans la meilleure société. Les commandes affluent. A son retour en France, en 1800, elle découvre un monde nouveau dans lequel elle demeurera une nostalgique de l'Ancien Régime, dont elle était l'une des égéries. Cependant, jusqu'à sa mort, en 1842, elle poursuit son œuvre et tente de main-tenir les habitudes de la vie mondaine d'autrefois.

Par Elisabeth Vigée-Le Brun
Chez Editions Tallandier

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Genre

Beaux arts

Portraitiste célèbre dès sa première jeunesse et dont la renommée atteint bientôt l’Europe entière, Élisabeth Vigée Le Brun cumule tous les atouts : charme, grâce, talent précoce, connaissance étendue des usages du monde. Elle incarne les dernières années de l’Ancien Régime, moment le plus fécond de sa production picturale. Créatrice de modes, elle sut répondre aux goûts d’un public aristocratique soucieux de promouvoir son image. Peintre attitré de Marie-Antoinette, elle gravit encore un échelon dans la renommée. Surmontant les épreuves, elle poursuivit une carrière fulgurante. Lorsque la Révolution la contraignit à l’exil en 1789, elle retrouva dans plusieurs états européens la clientèle qui lui avait acheté ses œuvres avant son départ de Paris, tout en faisant la conquête d’un nouveau public. À son retour en France en 1802, elle tenta de recréer la société d’autrefois sans y parvenir réellement et rassembla dans les années 1830, sur les conseils d’anciens amis, lettres et anecdotes qui constituent ses Souvenirs. Mme Vigée Le Brun est le témoin privilégié d’une société brillante jetant ses derniers feux. Elle a connu la plus haute aristocratie, les milieux financiers, les gens de lettres, les comédiens et les plus grands artistes de son temps. L’expérience de l’émigration fut une véritable aventure : elle a traversé l’Europe dans des conditions souvent éprouvantes, séjourné en Italie, à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Elle compte parmi les meilleurs peintres du XVIIIe siècle : le dépouillement de la mise et le drapé à la grecque qu’elle affectionne pour certains modèles relèvent de la mode néo-classique, mais son originalité vaut surtout par la représentation des sentiments : tendresse maternelle et filiale ou encore par la mise en scène de l’inspiration quand, par exemple, elle peint un musicien exécutant son œuvre. La quête de l’expression authentique est, chez elle, différente de la rhétorique émotionnelle de Greuze, son prédécesseur en matière de portraits. Si ses Souvenirs s’étendent peu sur sa création, ils donnent des indications sur sa technique picturale, sur la manière d’évoquer un effet de lumière sur un visage, sur sa quête de nuances délicates afin de donner à ses portraits le maximum de personnalité. Autant de raisons de s’intéresser à ces Souvenirs.

Née en 1755, Élisabeth Vigée appartient à un milieu d’origine paysanne. Son père, Louis Vigée, était un modeste portraitiste dont l’art s’inspirait de celui de Quentin La Tour. Ses parents, qui voulurent lui donner la meilleure éducation possible, l’inscrivirent au couvent de la Trinité, rue de Charonne, dans le faubourg Saint-Antoine. Outre une solide éducation religieuse, on lui apprit les bonnes manières et la musique.

Les peintres, qui font souvent partie de l’académie de Saint-Luc, forment une petite société instruite, où l’on aime les plaisirs de la conversation, le théâtre et la littérature sentimentale qui triomphe à la veille de la Révolution. Reconnue très tôt par son père pour sa précocité dans l’art du dessin, Élisabeth Vigée reçoit dès l’âge de onze ans l’enseignement d’un premier maître, Davesne, professeur adjoint à l’académie de Saint-Luc. D’autres lui succèdent et un membre de l’Académie royale de peinture, Gabriel Briard, lui donne des leçons au Louvre. Elle copie les bustes antiques et les dessins de son atelier. Ses mérites étant de plus en plus reconnus, le grand Joseph Vernet, peintre de marines, célèbre pour la série des Ports de France, n’hésite pas à la prendre sous sa tutelle. Dès lors, le cercle de ses fréquentations s’élargit à des artistes de renom. Le sculpteur Lemoyne l’invite à dîner. Elle y retrouve La Tour, le plus célèbre des pastellistes, l’acteur Lekain, le musicien Grétry, l’avocat Gerbier. C’est dans cette société – elle a tout juste dix-huit ans – qu’elle trouve sa première clientèle. En 1773, elle commence à tenir la liste de ses portraits. Elle réalise celui de M. Roissy, et celui de sa femme, la fille de l’avocat Gerbier. Elle fait également le portrait du comte Du Barry, dit Le Roué, l’amant dispendieux de la célèbre maîtresse du roi, qui avait succédé à la marquise de Pompadour. Ce début de renommée introduit la jeune fille dans un milieu plus élevé, celui de M. de Verdun, fermier général qui possédait le château de Colombes. Elle y retrouve des artistes et des gens de lettres comme le célèbre Carmontelle, spécialiste en divertissements mondains, auteur de proverbes joués dans les théâtres privés.

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16/04/2000 621 pages 25,00 €
Scannez le code barre 9782847345209
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