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Genre
Littérature française (poches)
En 1943 parut un roman d'un inconnu qui obtint en quelques semaines un succès foudroyant : c'était Ravage de René Barjavel. Le jeune auteur y racontait avec une rare puissance et un humour à froid la chute de la civilisation du XXIe siècle arrivée au point culminant de sa perfection mécanique, et les efforts désespérés de l'humanité pour tenter de survivre à un simple changement survenu dans les manifestations d'un fluide naturel. C'était une sorte d'épopée de Science-Fiction, avant la lettre. L'année suivante, le public accueillit avec la même faveur le deuxième « roman extraordinaire » de Barjavel :Le Voyageur imprudent. Le jeune romancier y reprenait le thème déjà utilisé par Wells dans The Time Machine : le voyage dans le temps. Mais alors que Wells avait à peine effleuré dans une longue nouvelle les possibilités d'un pareil postulat, Barjavel le tournait et le retournait sous le feu de son imagination et de sa logique, en illuminait toutes les faces, et en tirait un feu d'artifice de poésie, d'horreur et d'humour.
Depuis que le genre de la Science-Fiction a pris le développement que l'on sait, le thème du voyage dans le temps a tenté de nombreux romanciers et conteurs. Mais il n'est guère de leurs inventions que l'on ne puisse déjà trouver dans le roman de Barjavel : exploration du passé et du futur, découverte au millième siècle d'une civilisation extravagante, tentative de modification de l'histoire, application aux arts ménagers et à la guerre du temps conservé, rencontre du héros avec lui-même, résurrection des morts, découverte de la fatalité et bien d'autres variations sur le thème initial font du Voyageur imprudent un ouvrage classique que tous les amateurs de Science-Fiction doivent avoir lu et conserver dans leur bibliothèque. Car ce roman est en outre, et cela se découvre à chaque page, l'œuvre d'un grand écrivain. Pour la dernière édition de son ouvrage, Barjavel, sans modifier son œuvre, lui a donné, par quelques pages ajoutées après le mot FIN, un brusque élan nouveau, pareil à celui de la pointe d'une fusée qui s'arrache à son dernier nuage pour trouver enfin sa vitesse de libération.
Ces quelques pages placent le Voyageur sur une orbite singulièrement élevée, dont les deux pôles sont la métaphysique... et l'humour noir. Qui aura lu les dernières lignes du Voyageur imprudent aura de la peine à les oublier.
René Barjavel est né le 24 janvier 1911, à Nyons (Drôme), à la limite de la Provence et du Dauphiné. Études au collège de Cesset, près de Vichy. Fut successivement pion, démarcheur, employé de banque, enfin, à dix-huit ans, journaliste dans un quotidien de Moulins. Rencontre un grand éditeur qui l'emmène à Paris comme chef de fabrication. Collabore à divers journaux comme Le Merle blanc et commence son premier roman. La guerre survient. Il la fait comme caporal-cuistot dans un régiment de zouaves. Fonde à Montpellier un journal de jeunes. Publie Ravage (1943) et la série de ses romans extraordinaires, dont Le Voyageur imprudent, qui préparent en France la vogue de la science-fiction.
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