Malgré la guerre et les fléaux qui ne cessent de s'abattre sur le Yémen ces dernières années, les hammams de Sanaa, anciens et nouveaux, ne désemplissent pas. Les pratiques balnéaires gardent une vitalité qu'on ne retrouve plus guère ailleurs. Elles continuent d'être portées par une conception humorale du corps héritée de la médecine arabe. On va au hammam pour apaiser l'âme autant que pour revivifier le corps. Une visite au bain reste indispensable dans tous les rituels sociaux de passage qui jalonnent les étapes de la vie. Aussi, les pratiques balnéaires y sont-elles revendiquées comme un véritable "art de vivre" qui contribue à l'identité citadine. Le hammam, c'est en outre des savoir-faire et des métiers, transmis de génération en génération, parmi les hammami. Dans la société yéménite, ils restent relégués au bas de l'échelle sociale car la pratique de leur métier les expose à la souillure, jugée avilissante.
Par
Michel Tuchscherer, Nabil Boutros Chez
Librairie orientaliste Paul Geuthner
Commenter ce livre