Préface
J’ai été ravi quand Murder Slim, l’éditeur anglais de Mark SaFranko, m’a à nouveau sollicité pour présenter Confessions d’un loser, la suite de Putain d’Olivia. SaFranko est un bon ami et un excellent écrivain. Ceci étant posé, si le ton de ce que vous êtes en train de lire vire à l’acrimonie, laissez-moi vous dire que le ton de la colère serait carrément approprié, car pour le dire crûment, l’industrie améri- caine du livre me fait chier !
Si les noms et les œuvres d’Henry Miller, Charles Bukowski, Jim Thompson, John Hawkes, John Fante et Patricia Highsmith ne vous sont pas étrangers, alors vous commencez à comprendre où je veux en venir. Pendant des années, tous ces écrivains et leur œuvre ont été écartés et disqualifiés par un establishment de l’édition américaine arrogant, impérieux et présomptueux. Le fait que j’écrive cette préface pour une maison d’édition française et non pas américaine en est la claire illustration.
Mais... il y a une bonne nouvelle : mon ami SaFranko, dont voici 9
la nouvelle livraison, est bien vivant et bien portant après trente années au clavier à taper ce qui compte parmi les meilleures pages de fiction américaine à ce jour. Le rejet constant de ses romans par un monde de l’édition américaine borné n’a pas encore réussi à décourager ni à contrarier son engagement artistique. Notez ceci : au fil des années, Mark SaFranko a publié plus de cinquante nouvelles dans des revues américaines de premier plan ainsi que des chansons et des poèmes. Et plusieurs de ses pièces de théâtre ont été jouées à New York et dans les îles Britanniques. L’ écrivain SaFranko a le cuir d’un rhinocéros et la ténacité d’un bull-terrier. Ce n’est ni un plumitif littéraire, ni un écrivain poids plume. Mais pour voir publié Putain d’Olivia, son premier roman dédié à Max Zajack, SaFranko a dû (comme moi- même et tant d’autres Américains) traverser l’Atlantique. C’est ainsi qu’avec la parution en Angleterre, et aujourd’hui en France, de Confes- sions d’un loser, son deuxième opus de la saga des « Max Zajack », mon ami SaFranko s’assure une place de choix sur la liste croissante des romanciers américains dont le travail est régulièrement jugé indigne dans leur pays d’origine.
Je sais d’expérience ce que ressent Mark. Mon premier roman, Les anges n’ont rien dans les poches, aujourd’hui disponible dans onze pays dont les États-Unis, a échoué maintes fois à l’examen d’entrée dans l’édition américaine. Arrivé à trente lettres de refus, j’ai sagement arrêté de compter. Sans un éditeur français, j’en serais encore à four- guer du matériel informatique dans un sous-sol surchauffé de Culver City et à prendre mon troisième espresso de la matinée au Tattle Tail sur Sepulveda Boulevard.
Vous commencez à piger maintenant l’agacement et le mépris que suscite en moi, en tant qu’auteur, l’équipe d’experts du marché du livre américain. Et il reste à poser la question cruciale – en lettres
Extraits
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