Ce livre est dédié à ma mère, Charlene Bloom, qui m’a donné la vie non pas une, mais deux fois.
Sans ton amour absolu et ton soutien inconditionnel, rien de tout cela n’aurait été possible.
NOTE DE L’AUTEUR
Les événements que je rapporte ont tous réellement eu lieu. J’ai parfois changé les noms, les identités et les signes distinctifs pour préserver l’intimité des protagonistes et, en particulier, leur droit de raconter — ou non — leur histoire s’ils le désirent. J’ai reconstitué les conversations d’après les souvenirs précis que j’en garde, même si je ne prétends pas faire du mot à mot. J’ai plutôt choisi de rester fidèle à l’essence et à l’esprit de ces échanges.
Prologue
5 heures du matin, dans l’entrée de mon appartement. Je porte une chemise de nuit en dentelle transparente, et des projecteurs fluorescents sont braqués sur moi.
— LES MAINS EN L’AIR ! hurle une voix d’homme, agressive et sans âme.
Je m’exécute en tremblant.
Mes yeux s’habituent à la lumière. Un mur d’agents du FBI en uniforme s’étend à perte de vue. Ils sont armés jusqu’aux dents et me tiennent en joue avec des fusils d’assaut, comme dans les films.
— Approchez-vous lentement, ordonne la voix d’un ton détaché, presque inhumain.
À leurs yeux, je suis une menace, un criminel à appréhender comme dans leurs manuels.
Je mets un pied devant l’autre, les jambes flageolantes.
— MOINS VITE ! reprend la voix, menaçante.
C’est la plus longue marche de ma vie.
— DOUCEMENT. PAS DE GESTE BRUSQUE, intime une autre voix grave.
Paralysée de terreur, j’ai du mal à respirer ; la pièce sombre commence à devenir floue. J’ai peur de m’évanouir, mais l’image de ma nuisette blanche couverte de sang me force à rester consciente.
J’arrive enfin au bout de la rangée et je sens quelqu’un m’attraper et me pousser brutalement contre le mur en béton. Des mains me fouillent de la tête aux pieds, puis des menottes en acier froid se referment sur mes poignets.
— J’ai une chienne, elle s’appelle Lucy. Je vous en prie, ne lui faites pas de mal.
Après ce qui me semble être une éternité, une femme hurle :
— RAS !
L’homme qui me tient me guide vers mon canapé. Lucy court me lécher les jambes.
Ça me tue de voir sa terreur et j’essaye de retenir mes larmes.
— Monsieur, dis-je d’une voix tremblante à l’homme qui m’a menottée. Vous pouvez me dire ce qui se passe, s’il vous plaît ? Il doit y avoir une erreur.
— Vous êtes bien Molly Bloom ?
J’acquiesce.
— Dans ce cas, il n’y a pas d’erreur.
Il me montre une feuille de papier. Je me penche en avant, les mains toujours menottées derrière le dos. Hypnotisée, je fixe les grosses lettres noires sur la première ligne :
LES ÉTATS-UNIS d’AMÉRIQUE vs MOLLY BLOOM.
PREMIÈRE PARTIE
LA CHANCE DU DÉBUTANT
Chance du débutant (expression) :
Phénomène fantasmé selon lequel un débutant en poker connaîtrait un nombre de succès disproportionné.
Extraits
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