mai dernier n'avait pas semblé faire grincer des dents du côté des auteurs, mais apparemment les choses ont bien changé depuis. Éric Deup, éditorialiste et chef de plusieurs rubriques depuis des années, pointe à Pôle Emploi depuis jeudi dernier. En cause, une insuffisance professionnelle.
En surface, cela pourrait être la dernière histoire ou série en date d'un des auteurs du mensuel, mais non. En septembre, le responsable de la rubrique « The Floÿde Economic » Éric Deup souhaite publier un papier très critique à l'égard de la nouvelle direction. Rédacteur en chef depuis mai, Christophe Goffette refuse le papier, ce qui n'est pas extraordinaire en soi. Ce qui l'est plus en revanche, c'est la convocation dans le bureau du P.D.G. en compagnie du rédacteur en chef et la lettre de préavis de licenciement qui suit.
Ses collègues faisant front, la direction revient sur sa décision et le réintègre à l'équipe… très provisoirement. Passé le préavis d'un mois, Deup n'apparaît donc pas viré, mais il s'en sort tout de même avec une belle réprimande. Il est accusé de « dénigrement et insultes à l'encore du rédacteur en chef, des employés du groupe Flammarion » et de « comportement général d'opposition et d'hostilité systématique ». Bref, un psychodrame pour un papier même pas publié.
Plus maintenant, Eric, plus maintenant.
L'histoire aurait pu en rester là si Éric Deup n'avait pas été effectivement viré jeudi dernier, plus de quatre mois après cette sombre affaire. Une lettre de convocation préalable lui aurait été envoyée, il ne l'aurait pas réceptionné et n'aurait jamais pu prendre connaissance de son contenu. C'est la faute à La Poste comme dirait l'autre. Mais plus surprenant encore, ce n'est plus l'attitude négative de l'éditorialiste qui est en cause dans cette lettre, mais la qualité de son travail, qui « ne répond pas aux exigences de qualité, d'inventivité, d'ouverture et de dynamisme qu'attend le journal »*.
Mode, Travaux et mutinerie
D'autant plus étonnant que selon nombre d'observateurs, la qualité du journal lui-même décroît très significativement depuis l'arrivée de Christophe Gouffette. Tel que le reporte Mikaël Demets du site Internet L'Accoudoir : « Il suffit de lire les lénifiants éditos de Christophe Goffette pour comprendre que, s'il fixe désormais les calibres de ce qui est drôle ou non dans les colonnes du magazine, on risque de s'amuser beaucoup plus en lisant Mode & Travaux ».
Mais plus que les lecteurs, même certains des auteurs du canard se plaignent de la qualité de Fluide depuis quelque temps. En témoigne la lettre qu'ils ont envoyée à la direction le 1ernovembre dernier. Extraits.
« Messieurs,
Nous devons vous informer que nous sommes amenés à envisager à votre égard une mesure de défiance pour les motifs suivants :
Une ligne et un (ou une absence de) travail éditorial affligeants, très éloignés de la recherche de qualité dans la variété qui a toujours été la marque de fabrique de Fluide Glacial, que nous ne pouvons pas assumer et encore moins cautionner, qui consterne de nombreux lecteurs et met ainsi en danger la vie de ce journal que nous aimons :
- Un numéro 425 de Fluide outrepassant largement les limites de la médiocrité, qui consterne les auteurs et les lecteurs.
- Aucune exigence sur le choix de la couverture, pas de gag, des accroches inutiles et racoleuses, des couleurs saturées qui rendent le logo invisible. C'est la répétition de l'erreur du mois précédent, à savoir la présentation d'une nouvelle série, faisant paraître Fluide Glacial pour un catalogue au lieu d'un journal d'Umour de Bandessinées qu'il est censé être.
- Un chemin de fer aberrant qui confine à l'amateurisme… »
Comme le disaient Uderzo et Goscinny : jetons un voile pudique sur cette scène d'une rare violence… Parce que ça continue encore pendant deux pages, la totalité de la lettre ouverte est disponible ici.
Si le Fluide est toujours aussi Glacial, l'ambiance promet de l'être tout autant.
* contacté par Actualitté, Fluide Glacial n'a pas souhaité faire de commentaire.