Le coût d'un livre numérique est discuté de longue date : l'acheteur le trouve trop cher, l'éditeur aussi, mais parce qu'il coûte à créer. Deux discours difficiles à ne pas entendre, et dans lesquels le MOTif a décidé de faire le tri avec une étude examinant cinq types d'ouvrages.
roman, 256 pages, grand format ;
essai-document, 320 pages, grand format ;
guide pratique (cuisine-bricolage-tourisme), 320 pages, grand format, avec 400 illustrations ;
beau-livre ou album illustré, 192 pages, grand format, avec 100 illustrations ;
bande dessinée, 48 pages, grand format.
Et pour déterminer le coût de création, quatre paramètres ont été retenus par Hervé Bienvault, l'auteur :
numérisation à partir d’un livre papier ;
récupération et structuration des données à partir d’anciens fichiers ;
production de nouveautés ;
création avec contenus multimédia.
En outre, ont été ajoutés différents types de frais liés à la distribution, tels que l'ajout de DRM, l'archivage, ou encore la promotion, mais aussi les frais bancaires.
Et parce que l'on ne peut plus aujourd'hui se contenter d'un PDF imprimeur pour parler d'un livre numérique, il faut que les fichiers proposés répondent plusieurs critères, « mise au format, structuration des données, définition de règles graphiques, pose de liens hypertextes, enrichissements des contenus, etc. »
Cela permet de définir le coût de fabrication - attention, par le prix de vente - d'un ebook. Cependant, précise l'étude, on « ne considère pas non plus les coûts de création des ouvrages ni les frais de structure des maisons d’édition : ils demeurent aujourd’hui supportés par les versions papier chez tous les éditeurs, dont les ventes papier ne sont pas remises en cause dans les ratios économiques sur un marché aussi précoce. »
Trouver les seuils de rentabilité...
Si les montants indiqués sont hors taxe, ils présentent une conclusion assez simple : d'abord la BD pourrait atteindre des tarifs très bas, avec un nombre d'exemplaires permettant une rentabilité à partir des coûts initiaux. Globalement, le roman reste le plus simple à rentabiliser - on le comprend assez aisément - alors que les guides dépassent les beaux livres, notamment si on leur adjoint des contenus multimédias.
Mais dans l'ensemble, le prix d'un livre numérique reste bien en deçà de ce qui est aujourd'hui pratiqué. Cependant, « les seuils de rentabilité (entre 50 et 500 exemplaires pour des nouveautés, 200 à 800 exemplaires pour des livres à numériser sans contenu multimédia) ne semblent pas irréalistes ».
Et quid alors des modèles de distribution ?
L'étude présente également une répartition des prix de ventes, toujours hors taxe, des ebooks, en fonction des lieux de vente aujourd'hui connus et accessibles.
« Si certains acteurs comme Amazon, Apple et d’autres libraires en ligne communiquent beaucoup sur le sujet, les éditeurs ont souvent tendance à en dire très peu sur la nature des remises qu’ils accordent à leurs différents partenaires. »
Un autre camembert permettra de se faire une idée comparative entre livre papier et livre numérique.
« On peut faire des livres numériques en espérant des gains rapides notamment sur les nouveautés, c’est le message qui ressort de l’ensemble de l’étude. À condition, selon certains, de proposer des prix dits attractifs — des éditeurs l’ont déjà compris, notamment dans le domaine de la bande dessinée — et aussi de proposer des ebooks faciles d’utilisation, convenablement édités et interopérables. Le marché est en accélération rapide avec des supports de lecture de plus en plus nombreux et l’intérêt des lecteurs pour des nouveaux usages de lectures se manifeste », conclut l'étude.
L'intégralité de l'étude est accessible sur le site du MOTif.