Voici la suite des aventures de Lia et de d'Eon de Beaumont dans une France du XVIIIe siècle quelque peu fantasmé mais surtout pleine de fantastique et de gore sous fond de secrets d'alchimistes.
Le tome 3 s'ouvre sur le combat acharné entre Lia alias Sphinx et le chef d'orchestre poète Armand. Le poète lui révèle avant de périr qu'elle est « la fiancée de la salamandre ». Si ces mots ne semblent pas être compris par Lia, ils lui procurent en tout cas une étrange sensation. Plus tard d'Eon de Beaumont retrouve Mme de Pompadour et se voit confier une tache de la plus haute importance : trier des montagnes de rapports et autre notes diplomatiques secrètes. Pendant ce temps Mme de Pompadour compte rencontrer un alchimiste de renom.
Il faut bien avouer que le combat entre Sphinx et Armand est un peu décevant. Le rythme est pourtant bon, les enchaînements bien réglés mais le gros problème c'est qu'ils manquent de clarté. Pour cette fois-ci Kiriko Yumeji n'a pas réussi à éviter l'écueil des dessins fouillis. C'est dommage. Cela dit avec des planches très sombres et un tel travail sur les détails, chaque case est déjà bien fournie et il n'est pas facile d'en rajouter. La mangaka qui a certainement voulu privilègier le rythme de l'action a utilisé trop de speedlines et du coup le lecteur ne s'y retrouve plus au milieu de tout ces traits.
De belles planches et une intrigue profonde
C'est bien le seul reproche que l'on pourrait faire à cette mangaka talentueuse, car ces dessins sont vraiment très beaux. Son souci du détail dans certaines cases et toujours aussi impressionnant, les décors sont vraiment sublimes et le charac design est toujours bien léché. Avec ses dessins, elle arrive vraiment à créer une ambiance sombre et sinistre qui colle parfaitement à l'univers de ce manga et ne laisse pas de répit au lecteur.
Quant à l'intrigue, elle avance on le sent bien mais elle avance dans le noir. C'est à dire, on sent bien que des choses se mettent en place, des personnages prennent de l'importance, et on sent que tout cela va nous apporter des révélations. Pour l'heure, cependant, Tou Ubukata ménage le suspens et nous confronte plus à des énigmes qu'il ne nous apporte de réponses. Et cela fonctionne plutôt bien, la curiosité du lecteur est piquée, et la frustration de n'obtenir que des questions là où il pensait avoir des réponses devrait le rendre avide de lecture.
Bref, hormis une petite déception sur le combat entre Sphinx et Armand, c'est encore du tout bon. Une intrigue intéressante qui s'annonce complexe, des dessins vraiment bien travaillés, une ambiance gothique qui ne laisse pas le lecteur indifférent, voilà la recette savamment dosée de ce troisième tome du Chevalier d'Eon.
Le Chevalier d'Eon tome 3 de Tou Ubukata et de Kiriko Yumeji est édité par Asuka. Et vous pourrez retrouver les 192 pages de ce titre pour 7,95€. La sortie du tome 4 est prévue pour le 25 septembre.