L’Amicale du Nid vient de publier une synthèse de son rapport d’enquête sur la prostitution des étudiant(e)s. L’enquête a été menée auprès des étudiants de l’université Paul Valéry de Montpellier. Si tous les étudiants n’ont pas répondu au questionnaire qui leur était adressé, les données recueillies ne présagent de rien de bon. On y apprend que 4 % des étudiants (22 hommes, 37 femmes) se sont déjà prostitués tandis que 3,3 % d’entre eux ont eu recours à la prostitution.
Cette enquête a été réalisée par l’Amicale du Nid, une association ayant pour but de venir en aide aux personnes en situation de prostitution, avec le soutien de l’Agglomération de Montpellier et de la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité du Languedoc-Roussillon.
Les chiffres clefs de cette enquête sont les suivants : « 4 % des personnes interrogées ont déjà été en situation de prostitution (parmi lesquels 63 % de femmes et 37 % d’hommes) » et « 15,9 % des étudiant(e)s déclarent pouvoir envisager le recours à la prostitution en cas de situation très précaire (parmi lesquels 68 % de femmes et 32 % d’hommes) ».
L’enquête va plus loin et se propose les motifs et les conditions de cette prostitution étudiante au moyen d’une étude qualitative. Ainsi, « cette prostitution n’est pas nommée, elle est déguisée, on parle d’escorting, on présente un aspect glamour alors qu’on y retrouve bien causes et conséquences des autres formes de prostitution, emprise, précarité, domination et souffrances. »
Pour ce qui est des causes, la précarité n’est pas l’unique explication. La nature du phénomène se révèle en réalité bien plus complexe. La rupture familiale peut également expliquer l’entrée dans la prostitution.
Certains auront beau jeu de pointer du doigt les limites de l’enquête. Sur les 18 831 personnes sollicitées, 1797 d’entre elles ont répondu. Il n’empêche, l’association a effectué un travail en profondeur, au moyen d’entretiens approfondis avec six étudiant(e)s prostitué(e)s et de l’analyse d’un certain nombre de témoignages.
UN PHÉNOMÈNE RÉGULIÈREMENT MIS EN AVANT
Ce n’est bien entendu pas la première fois que la prostitution étudiante est évoquée. Malheureusement, le phénomène n’est pas nouveau. Il n’y a pas si longtemps plusieurs articles de presse faisaient état de l’existence du site « SeekingArrangement », qui compterait 50 000 inscrits.
Ce site venu des États-Unis est en réalité un service d’escorting déguisé en site de rencontre, où des jeunes filles passent du temps avec des hommes fortunés en échange d’argent ou de cadeaux. Forcément, le site en question se défend de promouvoir toute forme d’activité illégale. Sur la page d’accueil, « Seeking Arrangement » se présente comme le « site VIP de rencontres de “Sugar Daddy” pour tous ceux qui recherchent des relations mutuellement avantageuses ». De nombreuses personnes font valoir qu’il s’agit là d’une forme de prostitution déguisée.
Rappelons enfin que selon le syndicat SUD-Etudiants il y avait en 2006 pas moins de 40 000 étudiant(e)s prostitué(e)s. Face à l’ampleur de ce phénomène bien réel, le rapport de l’Amicale du Nid préconise plusieurs pistes de travail, à savoir : « Aller vers les personnes en situation ou en risque de prostitution sur Internet », « Prévenir la prostitution auprès d’une tranche d’âge entier et non seulement auprès des seuls étudiants » et « Axer les actions de prévention sur les dangers spécifiques à Internet et à l’entrée dans la vie adulte ».
Crédit Photo:
Camille Stromboni
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