Avec 700.000 joueurs quotidiens, et presque trois millions de personnes enregistrées, Scrabulous a créé un battage et un engouement qui satisfont tout le monde. Tous ? Non, seul un irréductible résiste encore et toujours à l'envahisseur, et pour cause, il s'agit de Hasbro, qui détient les droits du Scrabble, dont s'inspire très largement Scrabulous.
En janvier, la firme dénonçait un véritable acte de piraterie qu'avaient commis les deux frères de Calcutta, Calcutta, Rajat et Jayant Agarwalla. Sans forcer la main des créateurs, en faisant fermer le site, la société souhaitait un accord à l'amiable. À l'époque, Jayant contestait qu'il eut mis au point ce site pour faire de l'argent, quoiqu'il lui rapporte actuellement 25.000 $ grâce aux publicités.
« Notre famille a pratiqué ce jeu depuis 50 ans », justifie-t-il. Son intention était juste de jouer en ligne. Et en sachant que Scrabulous recueille une audience gigantesque sur Facebook, on comprend l'agacement d'Hasbro. D'abord parce que d'autres compagnies, telles RealNetworks et Electronic Arts ont signé des accords avec la firme pour créer leur version en ligne. Ensuite parce que Scrabulous est extrêmement fidèle à la version d'Hasbro. Un peu trop...
La communauté à la rescousse
Si nombre de joueurs défendent leur site en arguant qu'ils avaient déjà la version jeu de société avant de se consacrer au jeu en ligne, la peur d'une action en justice fait sortir le loup du bois. « Le point essentiel qu'Hasbro ne saisit pas, c'est que cette version cible une audience jeune de personnes qui n'achèteront pas la version boîte », commente Venkat Koduru, 15 ans, qui a initié le mouvement Save Scrabulous, sur Facebook.
«
Les gens pensent que le Scrabble est tombé
dans le domaine public, comme les échecs ou les dames. »
John William Jr., directeur exécutif
D'autres témoignages, comme celui de Iain Morgan, 34 ans, troublent. Iain explique en effet qu'il n'appréciait pas le jeu avant de découvrir sa version en ligne. Il a ensuite créé le groupe I'm a Scrabulous addict (Je suis un accro à Scrabulous).
Mais les professionnels ont envie de piocher
De leur côté, RealNetworks envisage de proposer sa version du Scrabble sur Facebook et Electronic Arts prévoit de sortir son jeu au printemps. Et le grand patron Mattel, qui possède Hasbro, ne veut pas non plus avouer le nombre de ventes du jeu réalisées depuis la sortie de Scrabulous. Pour des analystes de l'industrie, Scrabulous représente d'ailleurs un tournant dans l'industrie du jeu, qui durant longtemps a cherché à ramener à lui les générations qui se sont tournées vers Xbox, Sega ou Game Boy.
John William Jr., directeur exécutif du groupe National Scrabble Association, estime qu'en 25 ans, c'est la première fois qu'il est confronté à une telle vague si répandue et intense. « Les gens pensent que le Scrabble est tombé dans le domaine public, comme les échecs ou les dames. Mais le fait est qu'il appartient bel et bien à une société semble un point qu'ils ne comprennent pas ou n'acceptent pas ».
Tant que le Scrabble permet de sauver le breton...