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Rachilde

Extraits

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Littérature française

Mon étrange plaisir

Le héros de ce récit, un danseur très en vogue en cette fin de siècle, se penche sur son adolescence. L'évocation de son enfance se fait essentiellement sous l'angle de la sensualité. Les différentes rencontres féminines, de la petite bergère aux amies courtisanes, figurent l'éveil du désir et de l'amour tels qu'ils se donnent chez le narrateur jusqu'à la révélation finale, celle de son étrange plaisir. "Et si l'amour dont j'ai peur, dit-il, n'était pas du tout ce sentiment auquel sacrifient tant d'êtres plus ignorants que conscients, tant d'hommes qui croient, ne croient plus, tant de femmes qui hésitent, se donnent, se reprennent sans savoir au juste ce qu'elles veulent ? " Sous les aveux de l'enfant perce déjà la résolution du mystère et le texte rend à merveille la perversité et le trouble que produit le récit d'un adolescent qui s'ignore, tout en tournant autour de lui-même. Cet ouvrage de Rachilde (1860-1953), publié pour la première fois en 1934, rend compte d'un certain état de l'écriture du désir à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle. Rachilde a laissé une oeuvre abondante dont le célèbre "Monsieur Vénus" qui fit scandale, ou bien encore "la Jongleuse", "la Meneuse de louves" ou des essais tels "Alfred Jarry ou le Surmâle des lettres", "Portraits d'hommes". En outre, elle a fondé la très célèbre revue du Mercure de France en 1890.

02/1993

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Littérature française

La tour d'amour

Planté à la pointe extrême de la chaussée de Sein, le phare d'Armen se dresse sur un roc et affronte l'océan démonté. Mathurin Barnabas et Jean Maleux luttent contre les vagues déchaînées, entretenant les feux pour guider les navires qui croisent au large d'Ouessant. Mais un jour, alors qu'un navire vient de s'ouvrir sur un rocher, le jeune Jean Maleux découvre, au péril de sa vie, l'étrange passion que nourrit son maître...

03/1994

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sociologie du genre

Pourquoi je ne suis pas féministe

Dans ce livre de commande publié en 1928, Rachilde (qui a alors 68 ans) évoque d'abord les femmes qu'elle a connues et qui l'ont élevée : sa mère et sa grand-mère. Ces portraits hauts en couleurs rejoignent les textes de souvenirs qu'elle publiera des années plus tard. Eternelle provocatrice, Rachilde met en avant les aspects superficielles et dérisoires de la mode des années 1920, qui était assimilée de manière réductrice au féminisme tout entier. Elle se moque des femmes qui se mettent à boire et à fumer comme des hommes, à porter cheveux courts et pantalons, se pliant ainsi à un nouveau conformisme. Elle rappelle qu'elle-même se travestissait en homme quelque quarante ans auparavant, à l'encontre précisément de toutes les modes. Il faut comprendre le titre "Pourquoi je ne suis pas féministe" comme "pourquoi je ne veux pas suivre la mode du jour" . Toute son oeuvre littéraire bouleverse les moeurs de son époque : on se rappelle qu'elle fut condamnée à un an de prison par le parquet de Bruxelles en 1884 pour avoir, entre autres, "inventer un vice nouveau" dans Monsieur Vénus. Défendre les vertus de la famille contre l'émancipation des femmes dans les années 1920, c'est encore, de son point de vue, faire preuve d'immoralité ! Un comble pour celle qui décrivit dans ses romans toutes les perversions imaginables : travestissements et inversions en tout sens, zoophilie, nécrophilie, pédophilie, etc.

01/2024

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Littérature française

Monsieur Vénus

"Soudain, elle se jeta sur lui, le coucha à ses pieds avant qu'il ait eu le temps de lutter, puis prenant son cou que le veston de molleton blanc laissait décolleté, elle lui enfonça ses ongles dans les chairs. - Je suis jaloux ! rugit-elle affolée. As-tu compris à présent ? ... Jacques ne bougeait pas, il avait posé ses deux poings crispés, dont il ne voulait pas se servir, sur ses yeux humides. En sentant qu'elle lui faisait mal, les nerfs de Raoule se détendirent. - Tu dois t'apercevoir, dit-elle ironiquement, que je n'ai pas, comme toi, des mains de fleuriste et que, de nous deux, le plus homme c'est toujours moi ? " Raoule de Vénérande, jeune femme noble, rejette les valeurs de la société, refuse toute forme de domination et vit au masculin. Elle tombe amoureuse d'un jeune fleuriste et fait de lui sa "maîtresse" . Narcissique, violente, elle le soumet et l'entretient, dans une passion à rebours des normes de son temps. En attribuant les moeurs et codes masculins du XIX ? siècle à son personnage féminin, Rachilde force la réflexion sur la place des femmes. A sa publication en 1884, Monsieur Vénus fait scandale. Jugé trop érotique, licencieux, il est condamné en Belgique puis repris dans des versions amputées. "L'Imaginaire" propose aujourd'hui la version originale de ce texte, sans aucune censure.

06/2022

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Critique

Rachilde ou les aléas de la postérité. De l'oubli au renouveau

Contributeurs : Amélie Auzoux, Guri Ellen Barstad, Patrick Bergeron, Michel Brix, Céline Brossillon, Franck Colotte, Larry Duffy, Régis-Pierre Fieu, Vicky Gauthier, Morgane Leray, María del Carmen Lojo Tizón, Alain Montandon, Thierry Poyet, Marie-Gersande Raoult, Yvonne Saaibi, Nelly Sanchez, Julien Schuh, Anita Staron et Arielle Verdelhan.

05/2023

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Littérature française

Le roman des phares

Dressés à la pointe de la Bretagne, jaillis du creux des vagues, comme bâtis sur la houle : les phares. La fascination veint-elle du mystère de cette lumière qui naît soudain dans la nuit noire ou du destin des hommes qui les ont marqués de leur empreinte ? ceux qui les ont conçus et ceux qui y ont vécu en ermites : les gardiens du feu ? Dès leur construction à la fin du XIXe siècle, les premiers phares en mer ont suscité une littérature extrêmement variée, inspirant des écrivains aux sensibilités aussi différentes que celles d'Alphonse Daudet et de Rachilde, d'Anatole Le Braz et de Jules Verne. A cette première vague littéraire succédèrent, au XXe siècle, non seulement des romans, mais aussi des récits, témoignages ou reportages... Réunis dans ce volume, ces écrits si divers racontent LE ROMAN DES PHARES. Textes réunis et présentés par Dominique Le Brun Dessins de François Le Guern

04/2013

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Revues

Littératures & Cie N° 3

Cette troisième livraison va à la rencontre, entre autres, de Jocelyne Sauvard, Miguel Bonnefoy, Pierre Péju, Olivier Philipponnat, Jean-Pierre Siméon, Jean-Maurice de Montremy, Philippe Caroit, Laurence Biavia, Ariane Bois et Eric Poindron, revient sur l'énergie créatrice de Marcel Proust, invite à découvrir Rachilde injustement oubliée, se penche sur les affres de la postérité littéraire, tout en proposant d'autres pistes de lecture. Littératures & Cie N° 3 a également posé 20 questions parfois décalées à 23 écrivains afin qu'ils se dévoilent davantage, notamment Amélie Nothomb, Stéphanie Hochet, François Tallandier, Stéphanie Janicot ou Jean-Pierre Andrevon... Deux fois par an, la revue Littératures & Cie, diffusée en librairie, propose de longs entretiens avec des écrivains, des chroniques (poésie, théâtre, cinéma, musique, bande dessinée), des inédits, des sujets d'actualité, des découvertes, sans se priver parfois d'emprunter des chemins de traverse. Rédigée par des écrivains, passionnée, voire subjective, Littératures & Cie entend donner à lire ou à relire, sans a priori ni parti pris.

04/2023

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Littérature française

Le livre des masques

Sous-titré "Portraits symbolistes" et accompagné des trente "masques" d'écrivains dessinés par Félix Vallotton pour l'édition originale, le "Livre des Masques" est une galerie de monographies composée, dans cette première série, de trente écrivains français symbolistes de la fin du XIXe siècle : Francis Poictevin, André Gide, Maurice Maeterlinck, Pierre Louÿs, Emile Verhaeren, Rachilde, Henri de Régnier, J. -K. Huysmans, Francis Vielé-Griffin, Jules Laforgue, Stéphane Mallarmé, Jean Moréas, Albert Samain, Stuart Merrill, Pierre Quillard, Saint-Pol-Roux, A. -F. Herold, Robert de Montesquiou, Adolphe Retté, Gustave Kahn, Villiers de l'Isle-Adam, Paul Verlaine, Laurent Tailhade, Jules Renard, Louis Dumur, Georges Eekhoud, Paul Adam, Lautréamont, Tristan Corbière et Arthur Rimbaud. Sans prétendre à la critique littéraire, Rémy de Gourmont excelle dans ce genre du portrait littéraire, guidé par l'idée qu'une oeuvre n'est pas sans rapport avec le caractère de son auteur. Les études psychologiques sont fouillées, les figures sont brossées d'une main sûre, les talents et les traits caractéristiques de chaque écrivain apparaissent immédiatement, et ce sont moins des masques que de très véridiques portraits. Une bibliographie des trente auteurs et une biographie de Remy de Gourmont complètent le volume.

12/2023

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Pléiades

Le grand Meaulnes. Suivi de choix de lettres, de documents ; Esquisses du roman

En 1913, Rachilde croyait apercevoir derrière les pages du Grand Meaulnes tout juste paru "une fée qui vous guette" pour vous jeter au visage "le don d'enfance" . Bel éloge, quoique non dépourvu d'ambiguïté. Rachilde signalait par là la poétisation du réel qui demeure aujourd'hui encore l'un des charmes les plus actifs du roman. Mais elle ouvrait la porte, pour qui lisait à une moindre profondeur, à un malentendu durable. Peu de romans sont plus célèbres que Le Grand Meaulnes. Peu ont une place comparable dans le paysage littéraire. Sans doute la mort à l'ennemi d'Alain-Fournier, en septembre 1914, n'y est-elle pas pour rien, qui fit de lui un jeune homme irrévocable et de l'ouvrage un livre unique. Mais peu de romans sont aussi souvent lus "en surface" , là où les apparences sont trompeuses. Ainsi a-t-on pu prendre pour un texte peu construit et destiné aux adolescents ce qui est en réalité un concerto en trois mouvements et un roman pour adultes "avertis" , une sombre et cruelle histoire de déception, de désenchantement (ce désenchantement qui serait bientôt le terrain favori de la modernité littéraire), de dégonflement, dit Philippe Berthier dans sa décapante préface, le "dégonflement, voulu et méchant, d'un très bref et miraculeux mirage" . Un mirage en effet. Yvonne de Galais a quelque chose de la Mélisande de Maeterlinck et Debussy : elle n'est "pas d'ici" . Et Augustin Meaulnes tombe à Sainte-Agathe comme un aérolithe - premiers mots du livre : "Il arriva chez nous" -, chamboule tout, puis disparaît. Il est l'un de ces êtres qui "paraissent autour d'eux créer comme un monde inconnu" . Son ami Seurel, le narrateur du roman, ne peut que l'imaginer partant "pour de nouvelles aventures" , dont on ne saura rien. Ainsi se termine Le Grand Meaulnes, mystérieusement. Rien de moins simple que la simplicité de ce livre. Il se nourrit de toute une bibliothèque secrète, qui va des récits du Graal à la Sylvie de Nerval et à Pelléas en passant par le roman d'aventures anglo-saxon. Et bien que Fournier se soit efforcé de gazer la violence latente chez Meaulnes (qui fait songer à celle de Golaud) et les pulsions liées à une sexualité intense et compliquée, l'une et les autres affleurent. On touche là un point névralgique du livre ; il suffit pour s'en persuader de consulter le chapitre finalement retranché par l'auteur et qui figure ici parmi les esquisses manuscrites éclairant la genèse de l'ouvrage. Ou encore les lettres et documents rassemblés à la suite du roman. Ils racontent l'histoire d'une passion impossible, celle que Fournier éprouva pour Yvonne de Quiévrecourt, la jeune femme rencontrée en 1905 et à qui le personnage d'Yvonne de Galais doit beaucoup. Mais ils retracent aussi, d'une autre manière que les esquisses, la genèse du livre qui s'écrit de 1904 à 1913. Les deux aventures - un inguérissable rêve amoureux, une expérience d'écriture unique - ont partie liée et s'entrecroisent.

03/2020

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Littérature érotique et sentim

Dictionnaire des oeuvres érotiques

Pourquoi un Dictionnaire des œuvres érotiques ? C'est que cette littérature, pendant des siècles, a été contrainte de vivre dans l'ombre et qu'elle doit enfin exister au grand jour, comme une partie intégrante de la littérature tout court. A toutes les époques, les autorités - quelles qu'elles soient - essaient de mettre un frein à une trop grande liberté d'expression. Elles n'aiment pas la contestation et encore moins la subversion. Or, le libertinage a toujours eu partie liée avec la libre pensée. La liberté des mœurs n'est que le signe visible d'une autre liberté, philosophique, morale, religieuse, qu'on a souvent essayé de réprimer sous couvert de protection des bonnes mœurs. Qui ne se souvient des procès intentés à Madame Bovary et aux Fleurs du Mal ? Et plus près de nous, des persécutions dont furent victimes les éditeurs de Sade, que la justice de la République n'a pas pu empêcher toutefois de devenir un classique. Le présent Dictionnaire des œuvres érotiques comporte quelque 700 notices rédigées par une quarantaine de spécialistes réunis autour de Pascal Pia, Gilbert Minazzoli et Robert Carlier. Chaque œuvre est analysée en détail et rendue présente à travers des citations significatives. Parmi les auteurs se trouvent de grands noms (Apollinaire, Bataille, Proust, Sade, Zola), des écrivains injustement négligés (Carco, Pétrus Borel, Rachilde, Renée Vivien) et d'autres, qui ont préféré garder l'anonymat. Un répertoire qui allie le plaisir de la lecture à la science du bibliographe, voire du bibliophile.

05/2001

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Littérature française

Oeuvres Complètes Tome 1 : L'esprit de Paris. Chroniques parisiennes 1934-1947

Il y a de l'esprit de Paris dans certains dialogues, reparties, scies ou mots historiques. Il y en a sur des chapeaux. Il y en a aussi tout le long de nos quais, dans les petits caboulots, chez les prud'hommes, sur la plate-forme des autobus et dans le métro, dans l'escalier, sur les toits, sous les toits où nichent les philosophes, au milieu des squares, et jusque dans les nuits camouflées de la guerre. L. -P. F. Par ses chroniques parisiennes, nourries d'une vie de noctambulisme et de rencontres, Léon-Paul Fargue n'aura cessé de célébrer sa ville, élaborant une mythologie fondée sur une connaissance érudite et vécue avec intensité. Juxtaposant en un kaléidoscope vibrant d'images le Paris d'autrefois - ses catacombes, ses caboulots, ses music-halls - et celui qui naît sous ses yeux - la féerie des expositions universelles, l'ouverture du Palais de la Découverte mais aussi le temps du couvre-feu et du rationnement -, il dresse le portrait de toute une génération, de la fin du XIXe siècle à l'après-guerre, des salons de Mallarmé et de Rachilde au cercle de La Librairie des Amis du Livre d'Adrienne Monnier. Colette, Crevel, Larbaud, Miomandre, Cendrars... tous se souviendront de ce mémorable piéton et de son verbe étincelant. Riche d'inédits, établi par Barbara Pascarel (Régente du Collège de 'Pataphysique, présidente de la Société des lecteurs de Léon-Paul Fargue et auteur d'un essai sur le cycle Ubu d'Alfred Jarry chez Gallimard), ce volume est la première édition savante du Piéton de Paris et des nombreuses autres chroniques consacrées par Fargue à la capitale.

09/2020

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Poésie

Oeuvres poétiques complètes

On connaît Stanislas de Guaïta (1861-1897) comme l'un des classiques de l'occultisme et comme l'un des principaux kabbalistes du mouvement rénové de la Rose-Croix. Il est le fameux auteur du Serpent de la Genèse (deux gros in-folios écrits entre 1891 et 1897) ; on le connaît moins comme l'un des jeunes poètes les plus prometteurs de son temps, auteur des trois recueils que nous présentons de manière presque inédite dans la collection Nouvelle Bibliothèque Initiatique, puisqu'il s'agit de leur première réédition en français : Les Oiseaux de Passages (1881) ; suivis de La Muse Noire (1883) et de Rosa Mistica (1884) . Guaïta ne fut pas seulement l'ami de Maurice Barrès (1862-1923) mais fut aussi l'ami de Laurent Tailhade (1854-1919) et de Jean Moréas (1856-1910), il a flirté avec Rachilde (1860-1953), rue de Condé, et plaisanté avec Emile Goudeau (1849-1906), le fameux « hydropathe » du Cabaret du Chat Noir, sans oublier ses liens avec Victor Emile Michelet (1861-1938), qui reconnut l'adepte, derrière le poète, c'est-à-dire le maître incontesté du mouvement de la Rose Croix Kabbalistique (1888-1897). Guaïta ne s'arrime à aucun des courants poétiques de son temps. Il les ramène tous à lui pour mieux les épurer sous le scalpel de sa plume comme pour en sonder l'efficience spirituelle. En grand critique poétique, la préface de Rosa Mystica nous le démontre, « Stanis » comme l'appelaient ses intimes, a jugé sévèrement la poésie de son temps, comme une parole qui s'affaisse déjà sur des acquis trop frêles sur le plan de l'élévation mystique. Emmanuel Dufour-Kowalski a tenté de replacer dans son contexte les premiers pas du poète dans le Paris des cabarets, dans celui des poètes maudits, des opiomanes et des morphinomanes, sans oublier d'évoquer la fortune littéraire de l'auteur en hommage à sa mémoire.

12/2016

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Histoire des femmes

Femmes en Périgord

Ici comme ailleurs, les femmes représentent naturellement la moitié de l'humanité. Cependant, les archives du passé ne leur ont laissé qu'une modeste place, souvent même invisible dans l'histoire officielle avant le dernier siècle. En y regardant pourtant de plus près, la présence féminine n'a cessé d'irriguer les imaginaires et de participer activement aux différentes constructions sociales qui se sont succédées au cours des temps. Les merveilleuses vénus préhistoriques et la divinité gallo-romaine Vesunna inscrivent l'aube et l'aurore de l'humanité dans des cultes féminins de fertilité. La dévotion mariale est ardente à partir du Moyen Age, période durant laquelle les femmes sont vénérées dans la poésie occitane de nos troubadours. Mais les visages et noms précis de certaines d'entre elles ne surgissent qu'avec la Renaissance... tantôt remarquées par leur talent d'écrivaine, tantôt distinguées par leurs contemporains comme Montaigne et Brantôme. L'époque moderne, avec son lot de favorites de cour, révèle aussi des personnalités originales comme la protectrice des arts Jacquette de Montbron au XVIe siècle ou la botaniste-voyageuse Jeanne Barret au XVIIIe siècle. Le temps de la Révolution est une étape essentielle dans le long chemin vers l'émancipation. En Dordogne aussi, des femmes patriotes souhaitent participer aux assemblées et aux événements. En 1848, à Nontron, elles pétitionnent pour réclamer les droits politiques. Bien plus tard, l'institutrice d'Ajat Suzanne Lacore est nommée au gouvernement du Front populaire. A partir de la fin du XIXe siècle, nombre d'entre elles s'emparent avec talent des lettres comme George de Peyrebrune, Rachilde ou encore Catherine Pozzi. Au début du siècle suivant, des femmes brillent dans certains secteurs de la société que les hommes consentent à partager, comme la couture (Jenny Sacerdote), les arts (la muse Youki, la danseuse Joséphine Baker, l'actrice Simonne Mareuil ou encore les sculptrices Jane Poupelet et Marguerite Mazet) et, bien entendu, la cuisine (La Mazille). La Seconde Guerre mondiale, avec ses grandes figures résistantes comme Laure Gatet, finit de conforter dans la tragédie la place des femmes. Elles peuvent désormais voter et toutes les professions leurs sont accessibles. Aujourd'hui, elles sont sportives de haut niveau comme Manon Hostens, intellectuelle, médecin ou architecte, à l'image d'Anne Lacaton qui décrocha récemment le prestigieux prix Pritzker. En 2020, les habitants de Périgueux confient le destin de leur ville à Delphine Labails : un sacré symbole. Cet opus rassemble une cinquantaine de portraits de femmes remarquables, plus ou moins célèbres, qui sont nées ou ont oeuvré en Périgord. Toutes ont contribué à tracer le sillon de celles d'aujourd'hui.

11/2022

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Critique littéraire

Jean Lorrain. Miroir de la Belle Epoque

Il s'est surnommé crânement " l'Enfilanthrope ", ne laissant à personne le soin de lui décerner son meilleur sobriquet, lui qui en trouve de cruels à tout le monde. Il ne craint pas d'arborer ses vices à la boutonnière et se réjouit de ceux qu'on lui prête car ils servent sa " réclame " qu'il voudrait " formidable ". Ethéromane, bisexuel, érotomane, fauteur de scandale, rouleur de bas-fonds prompt à faire le coup de poing, telles sont quelques-unes des facettes de Jean Lorrain, pseudonyme du Normand Paul Duval (1855 -1906). Devenu, en quinze ans, l'un des rois du boulevard et l'un des journalistes les mieux rétribués de son temps, son talent lui vaut de chroniquer, de 1895 à 1905, en tête du Journal, l'un des principaux organes de presse parisiens. A la croisée du journalisme et du music-hall, de la littérature et du théâtre, du demi-monde et des milieux interlopes de la Belle Epoque, Jean Lorrain se trouve partout, voit tout, sait tout. Il en rend compte à ses lecteurs régulièrement, d'une plume tour à tour spirituelle, verveuse, alerte ou acerbe, et devient bientôt le miroir d'une époque qui se contemple dans ses yeux. Découvreur et lanceur de talents, tels Lalique, le caricaturiste Sem et Yvette Guilbert, entre autres, il s'érige également en pourfendeur de gloires usurpées, ce qui lui vaut quantité d'inimitiés indéfectibles, certains procès qui lui coûteront cher et quelques duels, dont un contre Marcel Proust. S'il reconnaît Barbey d'Aurevilly puis Edmond de Goncourt comme ses maîtres, il compte Sarah Bernhardt, Huysmans, Rachilde ou Marcel Schwob parmi ses amis. En revanche, Maupassant, Robert de Montesquiou ou Proust feront partie de ses têtes de Turc favorites. En un mot, il est l'arbitre des talents comme des modes et une chronique de lui suffit à consacrer ou à ridiculiser. Mais il ne se contente pas de créer un style de journalisme car son œuvre littéraire, seule, compte à ses yeux. Au fil de ses romans et nouvelles, il va peu à peu s'imposer comme l'un des écrivains-phare de la Décadence jusqu'à la publication de son chef-d'œuvre, Monsieur de Phocas (1901), roman par lequel il réalise une somme de sa période et liquide l'héritage d'A rebours de Huysmans et du Portrait de Dorian Gray de Wilde, tout en opérant une transition avec la littérature du XXe siècle. Lassé de Paris et du journalisme, il va s'exiler sur la Riviera, durant les cinq années qui lui restent à vivre, et tenter d'y soigner une santé compromise par ses abus d'éther.

05/2005