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Jean Rouaud, Rachid Maraï

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Critique littéraire

Lire Jean Rouaud

L'oeuvre de Jean Rouaud tient, depuis Les Champs d'honneur (prix Goncourt 1990), une place essentielle dans la littérature contemporaine. Placée dès l'origine sous le signe de la perte, elle déploie des " récits de filiation " qui remontent l'Histoire bien au-delà du père disparu. Avec un humour qui ne le cède en rien à la mélancolie, elle met en scène l'effondrement des " grands récits " de la communauté et revisite jusqu'aux fondements préhistoriques de notre civilisation. Au-delà du deuil originel, elle renoue avec un romanesque alerte, libéré à la fois du réalisme et du formalisme, non sans une lucidité joueuse qui entraîne l'écrivain lui-même, et son lecteur, dans un tourbillon d'imaginaire et de questions.

04/2009

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Cinéma

Jean Marais

Sa beauté était parfaite et Villain son véritable patronyme. Champion toutes catégories du charme masculin à l'écran, Jean Marais a assis sa réputation d'acteur en disparaissant derrière l'hideux et terrifiant masque de la Bête dans le film de Jean Cocteau, son mentor, amant et ami. Arrivé au sommet de la popularité grâce à de flamboyants films de cape et d'épée, comme Le Bossu, il fut en même temps un intransigeant expérimentateur au théâtre ainsi que le fer de lance des essais cinématographiques de Jean Cocteau. Comique dans la série des Fantômas ou coqueluche des jeunes filles dans L'Éternel Retour, s'engageant parfois dans d'authentiques liaisons féminines, il n'en assuma pas moins avec sérénité son homosexualité, alors politiquement incorrecte. Pas de doute, les paradoxes ne manquent guère dans la vie bien remplie de Jean Marais. Ni les secrets de famille. Né en 1913, à Cherbourg, il resta fort peu de temps dans la capitale du Cotentin, enlevé brutalement par une mère abusive à un père qu'il ne retrouva que bien plus tard. Ballotté de modestes pavillons de banlieue en discrets appartements parisiens, l'enfant rebelle au cursus scolaire catastrophique donna naissance à un jeune homme ambitieux dont la soif culturelle sera apaisée par sa rencontre avec Cocteau. Comédien renommé, certes, mais tout autant peintre, écrivain, organisateur de spectacles, sculpteur ou potier... Jean Marais ne se laissa jamais enfermer dans une discipline. Cette biographie intime et éclairée retrace le destin exceptionnel d'un homme qui se défendait d'être un monstre sacré et ne prétendait, selon ses termes, qu'à devenir un bon " artisan ". Aujourd'hui, il n'en demeure pas moins une légende.

11/2005

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Romans graphiques

Vous avez connu Rimbaud ?

Arthur Rimbaud est l'un de nos plus grands poètes. Qui n'a pas appris en classe "Le dormeur du val", "Voyelles", "Ma bohème" et autres poèmes écrits avant ses 17 ans ? Pourtant, durant les vingt années qui lui restent à vivre, il ne composera plus de poèmes, reniant d'un bloc ce passé. Mais qui est véritablement Rimbaud ? Jean Rouaud, dans ce roman graphique illustré par Rachid Maraï, le fait revivre en convoquant les principales personnes qui ont croisé sa route et dresse un portrait par petites touches de celui qui fut à la fois génie et démon, faisant revivre par le système de flashbacks le garnement de Charleville qui s'expatrira en Afrique sur les traces d'un père qu'il n'a pas connu mais dont l'ombre planera sur sa destinée. Jean Rouaud, en bon connaisseur de la vie du personnage, nous livre ici un point de vue original, plein d'humanité sur la destinée du poète. Pour tous les amoureux de Rimbaud.

10/2021

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Vie chrétienne

Maria Goretti. Fleur des marais

Canonisée en tant que vierge et martyre, sainte Maria Goretti est une jeune fille italienne. Guillaume Hünermann nous présente sa vie dans ce livre et nous montre comment elle est devenue la sainte patronne de la jeunesse et de la pureté.

10/2022

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Cinéma

Jean Marais le bien-aimé

Jean Marais : homme, artiste ou héros, celui que l'on surnomma " le Bien-Aimé " charma au sens magique du terme des générations d'hommes et de femmes. Jean Cocteau dira de lui : " Cette adhésion de Marais à mon style est si puissante qu'il relève du singulier pouvoir des feuilles qui savent prendre forme d'insectes. " De leur rencontre naîtra une alliance du génie et de la beauté, mais aussi et surtout une communion d'âmes. Épousant pleinement son époque, Jean Marais ne redoute rien ni personne : il vit en marge des conventions sexuelles et rosse un critique collaborationniste pendant la guerre. Après avoir été l'interprète au théâtre et au cinéma de héros classiques (L'Éternel Retour, Orphée, L'Aigle à deux têtes), il n'hésite pas à opérer un tournant de carrière avec les films de cape et d'épée, dans lesquels il excellera : Ruy Blas, Le Bossu, Le Capitan feront de lui une immense vedette populaire. Devenu un monstre sacré, il restera pourtant toujours l'incarnation de l'ange découvert par Cocteau. Grâce à la série d'entretiens que Carole Weisweiller eut avec Jean Marais en 1995, grâce au trésor des lettres qu'il écrivit quotidiennement à son ami Robert Labadie au cours des dernières années de sa vie, ce livre le fait revivre dans toute sa vérité.

02/2013

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Historique

Jean Cocteau et Jean Marais. Les choses sérieuses

Paris, 1937. Jean Cocteau, artiste génial, connu et reconnu, fait la rencontre d'un jeune aspirant comédien, Jean Marais. Entre ces deux là, la fascination est réciproque, l'affection profonde et la passion pour le théâtre, commune. Cocteau soutient les débuts de Marais sur les planches, Marais porte sans relâche le combat de Cocteau contre les affres de l'opium. La guerre menace, puis éclate. Bien que conspué par la presse collaborationniste, Cocteau refuse " de se laisser distraire des choses sérieuses par la frivolité dramatique de la guerre "...

02/2023

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Littérature française

Rachid. Pèlerin de Compostelle

Rachid est fils de harki. Que fait-il sur le Grand Chemin qui mène à Compostelle ? Le drame vécu par ses parents en Algérie, l'abnégation de la Légion étrangère, sa passion pour son métier et la musique s'invitent dans ses pensées et nourrissent sa marche. Des djebels algériens à la riante Galice, Rachid nous invite à le suivre tout au long d'une saga pleine de tendresse et d'émotions.

11/2016

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Calendriers et agendas

Dans la savane du Masai Mara. Edition 2021

La savane africaine renferme de multiples espèces animales. Des animaux aussi beaux que dangereux. C'est une découverte passionnante que de parcourir les chemins du Masai Mara. Les calendriers Calvendo sont des produits haut de gamme - avec ces plus qui font la différence : nos calendriers présentent bien toute l'année grâce à leur papier de qualité supérieure et leur reliure à spirales pour une manipulation des pages plus aisée et une tenue parfaitement droite contre le mur. Un film plastique transparent protège la couverture de ces calendriers toujours plus solides, qui se déclinent désormais en cinq langues. Offrez-vous un calendrier Calvendo qui reste beau tout au long de l'année. Ce calendrier à succès a été réédité cette année avec les mêmes images et une grille calendaire mise à jour. Ce calendrier réussi a été réédité cette année avec les mêmes images et le calendrier mis à jour.

04/2020

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Critique

Relire Rachid Mimouni, entre hier et demain

Après une réflexion sur ce qu'engage la relecture, cet ouvrage lit de nouveau et à nouveau l'oeuvre de Rachid Mimouni. Aux problématiques habituelles de la littérature maghrébine francophone engagée s'ajoutent de nouvelles approches critiques, tels les discours écopoétique et quantique.

08/2021

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Littérature française

Maria Maria

Maria. Une jeune fille dont on ne saur presque rien. Elle reste un endroit intouché dans la mémoire de Paul Nizon, une figure de l'amour impossible. Un jour, à Rome, elle travers la via Veneto, elle porte un ciré rouge, c'est le mois de mars 1960. Paul Nizon a trente ans. Il la voit passer, il va lui parler. C'est autour de cette rencontre avec maria, jeune entraîneuse dans un bar de Rome, que le roman va circuler, en mêlant très librement des éléments autobiographique et de fiction. On devine à peine qui écrit, qui conte. Colette Fellous s'empare de l'histoire de Paul Nizon qui redécouvre une blessure ancienne, s'interroge, questionne, rectifie, afin d'approcher l'ombre d'une autre passante, celle de Fortuna dans le premier roman de Colette Fellous. Maria devient peu à peu la figure de toute rencontre amoureuse. " Nous sommes devenus tous les deux des archéologues de cette rencontre fugitive qui a eu lieu et qui a lieu toujours. Maria Maria est notre seule offrande.

09/2004

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Actualité et médias

Dans l'ombre de Rachida

Ancien mineur délinquant récidiviste, dealer, taulard ; Jamal Dati, le " frère de ", a tout pour déplaire. A 37 ans, ce père de famille, ouvrier spécialisé, a beaucoup enduré ; la mort de sa mère, qui le hante, un divorce, une réinsertion compliquée, et sa guerre personnelle contre la toxicomanie. Juillet 2007 ; Jamal Dati est projeté à la une de l'actualité. La France découvre le frère trafiquant de drogue de la garde des Sceaux. Qu'importe qu'il ait décroché ! Que la justice en guerre contre Rachida - Jamal en est persuadé - règle ses comptes sur le dos du frère de la ministre ! Il retourne " à l'ombre ", tandis que le clan Dati se mobilise pour éviter que les déboires de Jamal ne ternissent la réputation de sa grande soeur. Portrait d'une famille compliquée, chronique explosive de la vie quotidienne en prison, révélations sur le trafic de drogue, ce livre évènement est avant tout le témoignage bouleversant d'un homme qui a changé, et qui aimerait qu'on le reconnaisse enfin.

10/2009

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Romans historiques

P’tit Jean du Plessis. Des Marais salants au bagne

Au XVIIIe siècle, P'tit Jean du Plessis pratique le faux-saunage à la barbe des douaniers, jusqu'au jour où il est démasqué. Recherché par les brigades, il est contraint de quitter la région et sa famille pour fuir dans des contrées qui lui font vivre des aventures surprenantes et dont la finalité interroge encore de nos jours. Cette oeuvre est une fresque historique romancée qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.

12/2022

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Littérature française

Mardi comme mardi

Je me suis toujours vue comme le genre de fille qu'Oprah inviterait à son émission. Je suis certaine qu'elle m'aurait pris la main avec son air affecté et qu'elle m'aurait donné un gros cadeau.

03/2018

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Littérature française

La femme promise

"Normalement, voir débarquer un homme en tenue de plongeur sous-marin, encadré comme un prévenu, dans une gendarmerie de Basse-Normandie, inciterait plutôt à la méfiance. Seulement voilà, la normalité, le plongeur qui a tout perdu et la jeune femme venue déposer plainte pour le cambriolage de sa demeure en ont visiblement fait le tour. Que le sort se soit ainsi acharné sur eux, c'est sans doute à leurs yeux un signal d'alerte, l'occasion d'affronter enfin les ombres du passé. Le passé, pour Daniel, chercheur en physique nucléaire, c'est une enfance orpheline désastreuse, entre un réparateur de cycles mutique et une grand-mère comateuse. Pour Mariana, artiste plasticienne, qu'on pourrait dire de bonne famille si son grand-père collaborateur n'avait été exécuté par la Résistance, c'est un désir de création dont elle semble aujourd'hui douter. Mais il y a l'éblouissement de la rencontre, mais il y a le père de Mariana, enfermé dans sa grotte qui attend de la contemplation des fresques paléolithiques la révélation de son identité, mais il y a madame Moineau et ses intuitions à l'emporte-pièce, mais il y a ce portrait inachevé qu'il va bien falloir faire parler, mais il y a l'auteur qui poursuit un rêve semblable, et à qui cette même Mariana aurait demandé quelques lignes pour sa prochaine exposition", Jean Rouaud.

01/2009

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Littérature française (poches)

La vie poétique Tome 1 : Comment gagner sa vie honnêtement

Une vie poétique ? Disons une vie dont la poésie est le guide-fil. On embarque avec un héritage (des valeurs pieuses, un père mort, une enfance pluvieuse), avec un désir d'écriture, un rêve d'amour, et puis, son maigre bagage sur le dos, on traverse un territoire marqué par des événements, ici l'onde de choc de mai 68. Ce qui oblige à répondre à la question : qu'est ce que l'époque m'a fait ? Elle m'a fait qu'à vingt ans, par exemple, il n'était pas envisageable de penser sérieusement à travailler - ce qui allait bien avec l'idée poétique - et encore moins honnêtement quand, dans les milieux marginaux qui quittaient la ville pour s'installer en communauté à la campagne, on vivait surtout de combines et de rapines. Elle m'a fait que, dans ce juste refus du règne de l'argent et des mirages consuméristes, il ne restait plus que les petits boulots pour survivre. Et ce qui devait être une vie insouciante, libre et joyeuse se transformait, les années passant, d'une enquête sur un apéritif à la gentiane à la vente d'une encyclopédie médicale au porte-à-porte, en un sentiment de gâchis.

11/2012

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Littérature française

Des hommes illustres

Du père, on ne savait que peu de choses, sinon que sa mort, à quarante et un ans, un lendemain de Noël, avait entraîné, par une sorte de " loi des séries ", celles de la petite tante Marie et du grand-père maternel. Quel était donc cet homme qui avait ce pouvoir de faire le vide derrière lui ? Un homme illustre ? Comme il en existe des millions. De ceux qui se tuent à la tâche pour assurer un semblant de bien-être à leur famille et qui, rattrapés par un quotidien dévorant, ont enterré prématurément les aspirations de leur jeunesse. Tout comme ce " grand jeunes homme ", orphelin, aux talents multiples, aimant le théâtre et la compagnie, qui n'eut que le tort d'avoir vingt ans au moment où l'Europe rejouait un " remake ", plus sanglant encore, du premier conflit mondial.

09/1993

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Littérature française

Le monde à peu près

Après le vertigineux succès des Champs d'honneur, la source ne s'est pas tarie : Le monde à peu près nous inonde de bonheur. Jean Rouaud peint en virtuose les faux départs, les contretemps, les dérapages de son myope gaffeur. Il y a un style Rouaud qui nous entraîne d'emblée dans l'univers qui lui est propre. Un libre plein, qui s'impose à vous dès la première ligne et ne cesse plus ensuite de vous tenir sous le charme. Le roman magnifie l'ordinaire tristesse des vies moyennes à force de précisions dans la désolation et l'humour. Est-ce l'intrication de la verve comique et du drame ? Le monde à peu près ne ressemble à aucun autre roman. Qui a osé écrire que le roman français était mort ?

04/1996

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Développement durable-Ecologie

L'avenir des simples

"On a bien compris que l'objectif des "multi-monstres" (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l'exercice d'une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d'avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l'art savant de l'aiguille et du tricot et la pratique d'un instrument de musique au lieu qu'on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l'emprise des "multi-monstres" , utiliser toutes les armes d'une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : "votre appareil ne nous intéresse pas" , graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l'agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d'agro-écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l'immense solitude des campagnes et l'encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l'arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d'habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c'est refroidir l'atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, "c'est un éternel Treblinka". J.R.

03/2020

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Littérature française

Comédie d'automne

" Comédie d'automne constitue le sixième et dernier épisode de " La vie poétique " . Je travaillais au kiosque quand " le tournant de la rigueur " nous a précipités dans une course à l'argent. Parmi les habitués se trouvait un homme d'une soixantaine d'années, Albert, dont j'appris au fil du temps qu'il était rentier, d'où son intérêt pour la seconde édition du Monde et des cours de la bourse. Spécialiste de Stendhal, il sera mon premier lecteur, et un conseiller avisé. Il est un des trois personnages centraux du livre. Avec ma mère qui ne vit pas d'un bon oeil la parution des Champs d'honneur, et encore moins l'attribution à son fils du prix Goncourt. Ce qui nous amène à cette " comédie d'automne " . On pourrait croire que le prix récompense le seul mérite d'un livre. Ô naïveté, les arcanes de l'édition ne fonctionnent pas sur des critères aussi élémentaires. C'est oublier les intérêts économiques, les rivalités, les ambitions, de sorte que les jurés du prix, dont la probité aux yeux de la presse était sujette à caution, furent très contents de pouvoir l'attribuer à un innocent n'ayant rien à voir avec le milieu, qui plus est auteur d'un livre paru aux très austères et vertueuses Editions de Minuit. L'entreprise de blanchiment était parfaite. Le troisième personnage crucial, car c'est par lui que le livre existe, c'est l'éditeur. Moins détaché qu'il n'y paraît. Et le narrateur ? Tout d'abord spectateur, venant d'une époque où ce genre de prix était discrédité, il assiste depuis son kiosque à cet étrange ballet de journalistes, de curieux, de rumeurs, de caméras de télévision, sans se sentir vraiment concerné. Le moment venu, ce ne sera pas aussi simple. Mais c'est bien grâce à ce livre qu'il fit la connaissance de deux hommes merveilleux : Bernard Rapp et Robert Doisneau. Ensuite, ce n'est plus la même histoire. " J. R.

08/2023

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Littérature française

L'invention de l'auteur

Un auteur, ça invente, c'est bien le moins. Par exemple cette histoire sur un cédérom intitulé Le Vol de Nils, à travers laquelle une ex-petite fille d'extraterrestre rend hommage à son alpiniste de père, disparu en montagne, la privant ainsi de connaître la suite des aventures de Nils Holgersson qu'il lui lisait le soir et dont il avait l'habitude d'enregistrer un épisode avant de partir sur le toit du monde. Et puis un auteur ça s'invente, au sens traditionnel du terme, c'est-à-dire qu'on ne demande pas à l'inventeur d'une grotte de la fabriquer de toutes pièces en creusant la roche, non, un inventeur trouve ce qui est. Alors comment un auteur se trouve-t-il ? D'où lui vient cette étrange idée de se reconnaître auteur quand personne ne lui a rien demandé ? Personne, vraiment? Hum, il semblerait qu'on ne s'invente pas tout seul. Alors comment ça s'est fait ? L'auteur mène son enquête, à sa manière, en lançant devant lui sa phrase dérivante qui ramène dans ses filets un tableau de Georges de La Tour, Bernadette Soubirous, des anciens et des modernes, Jeremiah Johnson, le chevalier Taylor qui aveugla définitivement le vieux Bach, et tiens, son père avec lequel il pensait en avoir fini.

02/2004

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Littérature française

Les Champs d'honneur

Dans ce récit récompensé par le prix Goncourt en 1990, Jean Rouaud livre une histoire intime et familiale des êtres qui lui sont chers. Marqué par les décès successifs de trois d'entre eux, il se remémore des anecdotes du passé, qui surgissent au gré d'objets retrouvés : lettres, photos, images pieuses, et même un dentier en or, legs insolite de la grand-mère Aline. Sans oublier le carnet du grand-père Pierre, auréolé de mystère... Au fil des pages, c'est un portrait de la France d'hier qui se dessine, avec pour toile de fond la Grande Guerre, où l'histoire individuelle se mêle à l'Histoire collective dans des circonstances douloureuses. Microlectures ; Vers le bac ; Parcours en ligne ; Groupements de textes : d'autres regards sur la Grande Guerre, le récit autobiographique, ou la quête des origines ; Cahier photos : la guerre de 1914-1918 en BD, se raconter avec des objets.

05/2019

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Romans historiques

Eclats de 14

« Tout a été dit et redit » – cette folie par laquelle des vieillards qui ne combattront pas décident d'envoyer leurs fils à la mort, la stratégie suicidaire de l'état-major prônant l'offensive qui mène des centaines de milliers d'hommes à l'abattoir : « cet ajustement des temps, en catastrophe, c'est ce qu'on appelle la guerre. » Tout a été dit, mais personne ne l'a dit comme Jean Rouaud. Personne n'a dit l'absurde, l'horreur, l'inhumanité, le gâchis, avec cette précision de la langue qu'on lui connaît. Avec acuité. En un texte court, l'auteur des Champs d'honneur décline la guerre sous les quatre éléments de l'univers : la terre, le feu, l'eau, l'air. Guerre mondiale, guerre démesurée. Que l'écriture enveloppe d'un éclat poétique. À quoi s'ajoute celui des dessins sur le vif – le mort saisit le vif – de Mathurin Méheut. Un beau livre en hommage.

11/2014

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Littérature française

La vie poétique Tome 3 : Un peu la guerre

"Après un bac scientifique j'avais bifurqué vers des études de lettres avec une idée derrière la tête. Nous sommes deux trois ans après mai 68, nous avions l'habitude des bouleversements mais ce que j'apprenais à l'université avait de quoi décourager. On m'annonçait que le roman était mort, ce qui n'était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Mais mort de quoi ? Le siècle n'avait pas été avare en exterminations massives, ce dont on ne prenait pas encore pleinement conscience, alors face à ces montagnes de cadavres on n'allait pas se lamenter pour la mort d'un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue, sinon de ses proches et de ses amis, celle brutale de mon père. Est-ce que de cette mort du roman on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard j'amenais à l'éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d'un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. Lequel éditeur s'alarma d'une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi".

01/2014

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Littérature française

La vie poétique Tome 2 : Une façon de chanter

Une façon de chanter constitue le deuxième volet de l'autobiographie poétique entamée par Jean Rouaud avec Comment gagner sa vie honnêtement. Alors que le premier tome racontait les années d'après mai 68, les voyages en auto-stop, les petits boulots et les expériences hasardeuses des jeunes adeptes de la vie en communauté, Une façon de chanter, à l'occasion de la mort d'un proche, remonte vers l'enfance et l'adolescence. Comme le disparu est ce même cousin qui a offert à l'auteur sa première guitare, ce dernier en profite pour tendre l'oreille vers les lointains de sa jeunesse. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la bande-son du village natal était rudimentaire : les cloches de l'église, le marteau du maréchal-ferrant, le cri d'un goret égorgé par le charcutier, et derrière le mur du jardin la seule musique d'un piano sous les doigts de l'oncle Émile. On comprend pourquoi l'arrivée brusque, par l'entremise du transistor, des groupes anglo-saxons, va bousculer ce monde ancien où l'on chantait encore Auprès de ma blonde. Et pour accompagner cette prise de pouvoir par la jeunesse, pas de meilleur passeport que l'apprentissage de la guitare. L'intime et le collectif se mêlent dans le flux d'un récit mouvant et drôle, où l'on croise certaines figures déjà rencontrées comme celles de la mère et du père, mais aussi une charmante vieille dame professeur de piano, un naufragé volontaire, une famille allemande accueillante et le jeune Rimbaud plaquant des accords sur un clavier taillé dans sa table de travail. Autant d'évocations que ponctue la très riche bande musicale : Dylan, les Byrds, Graeme Allwright, les Kinks et bien d'autres sont convoqués pour raconter en musique ce changement de monde, sans oublier les refrains balbutiants, composés par un jeune homme sombre derrière lequel on reconnaît Jean Rouaud lui-même gagner sa vie honnêtement (collection blanche, 2011).

03/2012

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Littérature française

L'imitation du bonheur

En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse d'un maître soyeux des Cévennes, n'a a priori rien à partager avec un Octave Keller, proscrit de la Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et de ses 30 000 morts. Tout les oppose : leur milieu, leurs convictions, et cette interprétation de l'insurrection parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l'Our, en aura entendu des vertes et des pas mûres. Tout les oppose, et pourtant c'est bien cette Constance qui profitera d'un incident de parcours pour fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours pour donner à la jeune femme une autre image de ceux qu'on appelle les communeux. De quoi évoquer la haute figure de l'Admirable, autrement dit d'Eugène Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, de quoi le réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que l'amour n'a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval cède devant le train, que le cinéma s'annonce, et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d'histoires. Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère porte le souvenir, valait bien qu'on renoue avec certaines pratiques romanesques...

01/2006

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Poésie

Etre un écrivain

"Le jeune narrateur de la Recherche du temps perdu résume assez bien la situation : "Puisque je voulais un jour être un écrivain, il était temps de savoir ce que je comptais écrire". Ce qui semble tomber sous le sens. Mais quand l'époque assimile le Texte à la Révolution et le Roman à la Réaction, la question ne devient plus quoi écrire, mais comment. Et là, après avoir retourné en vain la phrase dans tous les sens comme "Belle Marquise vos beaux yeux d'amour mourir me font", mieux vaut jouer mal du violon folk et s'intéresser au Guignolo de Saint-Lazzo. Quand se présente l'opportunité d'écrire un billet d'humeur dans un quotidien régional, c'est le moment de prendre conscience que le réel existe bel et bien, et qu'il serait temps de s'y confronter. Et pas seulement par l'écriture. Quoi faire de sa vie mérite aussi qu'on se pose la question." J.R.

03/2015

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Littérature française (poches)

La désincarnation. Edition revue

C'est sur le principe de la comptine " Yen a marre, marabout, bout de ficelle... " que ce livre est construit. De détours imprévisibles en digressions malicieuses, Jean Rouaud explore les secrets de la création littéraire. Les héros ? Flaubert et Louis Bouilhet, Balzac et surtout la littérature. Le conflit entre réalisme et lyrisme, c'est la question de la guerre secrète qui oppose depuis toujours, et sans doute pour longtemps encore, la loi d'airain du réalisme aux " mouvements, désordonnements, éperduments de style ", au lyrisme que Flaubert aime tant évoquer, où Jean Rouaud lui aussi se retrouve, subtil lecteur, audacieux écrivain.

11/2002

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Critique littéraire

Misère du roman

"C'est une énigme de ce pays : pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s'est-il acharné à le détruire ? Au point qu'à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l'auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retournant, à présent qu'on en a fini avec la "table rase du passé", on peut mieux juger de la composition du cocktail létal, qui mêle littérature, idéologie et histoire. Et ce qu'il raconte, c'est que la fameuse marquise, interdite de sortie à cinq heures par Valéry, a traversé le XXème siècle escortée d'une armée de fantômes." J. R.

03/2015

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Littérature française

Tout paradis n'est pas perdu. Chronique de 2015 à la lumière de 1905

"Cette chronique est à cheval sur les années 2014-2015. Le thème m'en a été offert par le Front national qui, aussitôt prises quelques mairies, s'empressa d'imposer le menu unique dans les cantines scolaires. On n'en attendait pas moins de Marine Le Pen, mais ce qui changeait dans son argumentaire, c'était l'alibi de la laïcité. C'était au nom de la loi de 1905 qu'elle pouvait en toute impunité stigmatiser les enfants musulmans. Grâce à quoi on a vu se joindre à sa voix tous les laïques purs et durs qui au nom d'une stricte lecture de cette loi se retrouvait de facto en comité de soutien du Front national tout en jurant, main sur le cour, être évidemment en désaccord avec son idéologie. Ah bon. On peut donc faire une chose et dire son contraire. Ce qui doit plus ou moins s'appeler de la schizophrénie. Ce qui valait la peine de s'interroger sur les motivations des uns et des autres et de se pencher sur ladite loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Mais en fait d'églises il s'agissait de la seule église catholique, les autres faisant de la figuration - l'Islam, qui se trouve à la source de ces querelles sur le menu et le voile, il n'avait pas droit au chapitre, les musulmans d'Algérie n'ayant pas le statut de citoyen. Loi dite de séparation mais plutôt accommodante avec l'Eglise, continuant de chômer les fêtes religieuses, de meubler son calendrier des noms des saints et de servir du poisson le vendredi dans toute les cantines. C'est au milieu de cette chronique qu'une autre actualité, tragique, s'invita brutalement dans la réflexion. L'exécution de l'équipe de Charlie au nom de l'offense faite au prophète nous rappelait que ce droit à la représentation des figures sacrées avait été pour notre société le fruit d'un long débat qui avait occupé tous les premiers siècles du christianisme. Débat tranché en 843, à Nicée, sous un argument de haute volée : l'image n'était pas une idole mais une médiation pour s'approcher du divin. Tout notre monde envahi d'images vient de cet arrêté. L'art occidental lui doit tout. Et donc, paradoxalement, la caricature de ces mêmes figures sacrées. "Jean Rouaud

01/2016

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Elle ne lira pas ces lignes, notre miraculée des bombardements de Nantes, la jeune veuve d'un lendemain de Noël, qui traversait trois livres sur ses petits talons, ne laissant dans son sillage qu'un parfum de dame en noir. Même si sa vie ne se réduisait pas à cette silhouette chagrine, comprenez, il m'était impossible d'écrire sous son regard. Cet air pincé par lequel se manifestait son mécontentement, j'avais dû l'affronter pour avoir ravivé, en dépit d'une prudence de Sioux, une rivalité amoureuse vieille de cinquante ans à propos d'un homme mort depuis trente. A présent qu'elle régnait dans son magasin et qu'éclatait son grand rire moqueur, je n'allais pas lui gâcher son triomphe tardif.

07/1998