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InsoliteCNL – De quoi procèdent nos gestes de soulèvement ? D'une certaine puissance à en finir avec quelque chose. Mais, aussi, à imaginer que quelque chose d'autre est en train de recommencer. Ce livre propose les éléments d'une anthropologie de l'imagination politique dont on s'apercevra, très vite, qu'elle ne va pas sans une philosophie du temps et de l'histoire. A la structure tous azimuts du premier volume de cette enquête répond ici un propos concentré sur le moment politique, intellectuel et artistique lié au soulèvement spartakiste de 1918-1919 en Allemagne.
Que se passe-t-il lorsqu'une révolution, ayant chez beaucoup fait lever l'espoir, se trouve écrasée dans le sang ? Que reste-t-il de cet espoir ? On découvre qu'à partir du Malgré tout ! lancé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à la veille de leur assassinat, c'est toute la pensée moderne du temps et de l'histoire qui se sera trouvée remise en chantier, " recommencée " : notamment par Ernst Bloch et Walter Benjamin, les deux personnages principaux de ce livre (qui s'opposèrent à la pensée du temps mise en place, à la même époque, par Martin Heidegger). C'est toute une constellation qui gravite ici autour de Bloch et de Benjamin. Elle compte des penseurs tels que Hannah Arendt ou Theodor Adorno, Martin Buber ou Gershom Scholem ; mais aussi des écrivains tels que Franz Kafka ou Kurt Tucholsky ; des dramaturges tels que Bertolt Brecht ou Erwin Piscator ; des artistes visuels tels que George Grosz ou John Heartfield, Käthe Kollwitz ou Willy Römer. La leçon que nous proposent ces survivants d'une " révolution trahie " est considérable. Elle innerve toute la pensée contemporaine à travers le prisme de l'imagination politique. Elle nous incite à repenser l'utopie à l'aune d'un certain rapport entre désir et mémoire : ce que Bloch nommait des images-désirs et Benjamin des images dialectiques. Elle nous aide, ce faisant, à ouvrir la porte et à faire le pas.
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« A mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu'elles ont lancées aux flics, aux juges... Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche. »
Le 6 mai 1947, la prison de Fresnes est le théâtre d'une mutinerie hors du commun. Les détenues, souvent qualifiées de voleuses ou de vagabondes, se rebellent. Elles enfoncent des portes, brisent des vitres, pillent les réserves et grimpent même sur le toit de la prison. Les prisonniers masculins les encouragent depuis leurs cellules. Il faudra l'intervention de 120 policiers pour mettre fin à cette révolte. Les médias de l'époque parlent d'"hystérie collective" et, après de nouvelles condamnations, ces femmes retournent à l'obscurité de leurs cellules. Leur histoire tombe dans l'oubli.
Des décennies plus tard, Serge Valère, un avocat médiatisé typique du XXIe siècle, décide de partir à la recherche de ses origines. Ignorant tout de son père, il fait appel à la généalogiste Elvire Horta pour retrouver sa mère Madeleine, qui l'a abandonné. C'est alors qu'il découvre que Madeleine faisait partie des mutinées de Fresnes. Le passé et le présent se croisent, Madeleine rencontre Elvire, et les "filles perdues" d'hier rencontrent celles d'aujourd'hui.
Dans ce récit poignant, Dorothée Janin donne vie à ces femmes oubliées, mettant en lumière leur révolte, leur violence et leur quête éphémère de liberté. Avec une écriture directe et incisive, à la manière du "Journal d'un voleur", "La révolte des filles perdues" interroge les rouages de notre société et nos obsessions contemporaines.
Ce livre ne se contente pas de raconter une histoire fascinante, il sert également de réflexion sur les dynamiques sociales qui ont conduit ces femmes à l'oubli et pose des questions cruciales sur la manière dont nous traitons les marginaux et les révoltés dans notre société actuelle.
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