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Abdel Kader Saïdi

Extraits

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Sciences historiques

De la censure . Essai d'histoire comparée

Qu'est-ce que la censure ? L'historien croit disposer d'un concept unitaire mais plonge-t-il dans les archives qu'il est alors saisi par la diversité des expériences qu'en firent ceux qui la subirent - en l'occurrence, dans la France des Bourbons, dans l'Inde coloniale et dans la République démocratique allemande. Peut-on cependant dégager des trais communs à ces trois situations ? La première dimension est la répression : Mlle Bonafon, treize ans d'internement dans un couvent pour avoir écrit un conte de fées politique (Tanastès) ; Mukunda Lal Das, trois ans "d'emprisonnement rigoureux" pour avoir entonné la très suggestive "Chanson du rat blanc" ; Walter Janka, cinq ans d'isolement carcéral pour avoir publié Lukács, un auteur tombé en disgrâce. La seconde dimension comparative est l'herméneutique : la censure est une lutte sur le sens. Elle implique le décodage de références dans un roman à clé ou des querelles sur la grammaire sanskrite, elle suppose toujours des débats interprétatifs qui conduisent peu ou prou à une collaboration entre censeurs et auteurs. Les deux parties comprennent la nature du donnant-donnant : la coopération, la complicité et la négociation caractérisent la façon dont les auteurs et les censeurs opèrent, au moins dans les trois systèmes étudiés ici. Plus qu'un simple affrontement entre création et oppression, la censure, en particulier aux yeux du censeur, apparaît coextensive à la littérature, au point de s'en croire la source. L'écrivain Norman Manea, quand il reconsidérait les coupes qu'il avait acceptées afin que son roman L'enveloppe noire parût dans la Roumanie de Ceausescu, ne regrettait pas tant l'amputation des passages critiques que le processus de compromis et de complicité qui lui faisait conclure au "succès à plus long terme de la Censure, là où il n'était pas visible...".

09/2014

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Littérature française

A son ombre

A son ombre a Valérie morte à peine, je dévorais Kathleen et la nuit respirais son sommeil. Valérie morte, je pleurais en cachette et sans pudeur, dans la rue, dans des spasmes et des sanglots. Valérie morte, j'ai regardé Kathleen comme personne avant elle et j'ai cru que sans elle je partirais aussi. Valérie vivante, je la regardais comme jamais personne. J'ai reçu Valérie en ne doutant de rien. J'ai saisi Kathleen après avoir perdu, j'étais nu désormais. " Un homme perd sa femme et en aime très vite une autre, plus jeune que lui de vingt ans. Il brusque son passé, ses grands enfants, sa nouvelle compagne, leurs petits garçons et tous autour de lui. Il se rend fou d'aimer une morte et une vivante, il ne se pardonne pas de vivre et d'avoir tant trahi, mais ne sait pas s'en empêcher. Il se détruit socialement et au travail. Provocateur, sarcastique, éperdu et trahi à son tour. Il espère le châtiment qui le terrifie. Il finit par admettre. Après dix ans, il écrit. Claude Askolovitch, dans ces pages où tout est vrai, tendre, épuisant, inoubliable, parle de la mémoire des draps, d'un nom que l'on murmure et des baisers qu'on envoie à un fantôme, des photos du passé et des premiers pas dans une vieille maison. Il songe à son père dont la présence formidable lui manque, et à sa mère qui raconte aux lycéens son enfance déportée. Il évoque un homme fourbu qui se love pour dormir contre le corps ferme d'une femme qui lui échappe. Il parle des enfants qui chantent qu'ils ont le plus vieux des papas.

10/2020

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Littérature française

Il m'a été donné d'aller à Corinthe Tome 2 : La marche haute

Pour Philippe Saubadine, la période 1988-2008 est celle de la confirmation de ses choix. De Paris où il est immergé dans le milieu opérationnel pétrolier, il est muté en Angola, pays encore secoué par la guerre civile. Rappelé en France pour intégrer le groupe d'études chargé de réformer la branche Exploration-Production, véritable fer de lance du Groupe Elf Aquitaine, il vit l'échec de cette opération sur fond de grève violente et de mainmise finale de Total sur Elf. L'expérience africaine se prolonge au Gabon puis au Nigeria où le Groupe l'envoie afin de mettre en place le gréement des grands projets pétroliers et gaziers pour les vingt années suivantes. L'opportunité de remplacer un cadre dirigeant camerounais muté dans l'Hexagone lui étant ensuite offerte, il part pour Douala. Dans cette deuxième partie, l'épopée contemporaine d'une famille prise dans les événements du XXe siècle a pour cadre le contexte africain caractérisé à la fois par les traditions qui ancrent le fait villageois et par l'assimilation du progrès, source d'angoisse et d'envie. Parallèlement, les troubles qui secouent l'humanité - effondrement du bloc communiste, résurgence des nationalismes, regain du fait religieux, expansion communautaire, conflits territoriaux - et les profondes mutations technologiques introduisent des déséquilibres à l'échelle mondiale et individuelle. Ce récit non linéaire met aux prises des gens ordinaires qui ont saisi les opportunités sans espérer la chance. Quels que soient les lieux, Philippe Saubadine partage langue, traditions et vie quotidienne et est inséparable de son épouse qui assume à temps plein le rôle de "déléguée à l'harmonie familiale" . Les souvenirs sont la pertinence de sa mémoire et leurs cicatrices ont valeur de connaissance.

04/2019

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Littérature française

Un lieu de justice

Le Socle, nom donné au bâtiment principal du Tribunal de justice de Paris, est une sorte de portrait de ce grand édifice aux innombrables composantes, de l'architecture au travail du magistrat, de la rhétorique judiciaire aux propos de cafétéria. Jean-Paul Honoré nous le propose en témoin distancié et rêveur, enclin à l'humour autant qu'à la gravité. Le Socle est le nom donné au bâtiment principal du Tribunal de justice de Paris, tour de verre et de métal conçue par Renzo Piano et inaugurée en 2018 dans le quartier des Batignolles. Cette partie de l'édifice abrite, entre autres, les chambres du tribunal correctionnel. Elle est ouverte au public. Pendant plusieurs mois, en 2019, l'auteur a fréquenté ce bâtiment. Il en propose une description en plusieurs chapitres comportant des textes courts, où sont convoquées toutes les composantes du lieu : de l'implantation géographique à la topographie des salles d'audience, de l'architecture au mobilier, du travail du magistrat à celui de l'agent d'entretien, de la rhétorique judiciaire aux propos de cafétéria, de l'abstraction des symboles au pathétique des situations humaines. Au coeur de ce tableau, on retrouve, comme un fil rouge, l'écho d'un procès historique - celui du harcèlement moral au sein d'une très grande entreprise - mêlé aux propos des salles d'audience où se traite le tout-venant de la délinquance quotidienne. Il s'agit donc d'une sorte de portrait de ce grand édifice, où le rituel judiciaire, les mots qui le portent, l'univers matériel qui l'abrite, sont envisagés indissociablement, dans une perspective qui n'est pas celle du spécialiste de l'architecture ou du droit, mais celle du témoin distancié, méditatif et rêveur, parfois saisi par la poésie des objets, et enclin à l'humour autant qu'à la gravité.

04/2021

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Bibliothéconomie

Histoire de la Bibliothèque nationale de France

Cet ouvrage retrace l'histoire complète de la Bibliothèque nationale de France jusqu'à nos jours. Depuis le XIVe siècle, la bibliothèque s'est enrichie de collections exceptionnelles et possède aujourd'hui l'un des fonds les plus riches du monde. A travers l'histoire de l'institution, c'est aussi celle de notre patrimoine et de la pensée contemporaine qui est racontée. " La bibliothèque publique du roi de France est la plus belle du monde entier, moins encore par le nombre et la rareté des volumes que par la facilité et la politesse avec laquelle les bibliothécaires les prêtent à tous les savants. Cette bibliothèque est sans contredit le monument le plus précieux qui soit en France. " Le visiteur ou le lecteur d'aujourd'hui pourrait-il reprendre à son compte cette appréciation de Voltaire ? Confronté au gigantisme des bâtiments de la Bibliothèque nationale de France qui se dressent en bord de Seine ou découvrant Gallica, sa bibliothèque numérique, déjà riche de près de 9 millions de documents issus de ses collections, sera peut-être saisi par le vertige. Sa perplexité sera plus grande encore s'il se rend sur le site historique de la rue de Richelieu, en partie reconstruit depuis Voltaire et aujourd'hui rénové. Par quelle folie humaine en est-on venu à regrouper ici et là " toute la mémoire du monde " ? Ce livre éclaire les logiques et les intuitions qui ont présidé à cette accumulation qui caractérise une bibliothèque nationale. Il montre aussi comment, sans cesser d'être un immense conservatoire de la pensée humaine, elle est devenue un laboratoire de son élaboration. Rassemblant les contributions d'une trentaine d'auteurs, dont beaucoup travaillent ou ont travaillé dans cette maison, il dresse un état des connaissances, dégage les moments forts de sa riche histoire, depuis Charles V, le premier roi collectionneur, jusqu'à la période contemporaine.

03/2022

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Philosophie du droit

La notion d'universalité. Etude de droit civil

La notion d'universalité se présente sous l'angle d'une distinction entre l'universalité de droit et l'universalité de fait. Cette opposition, héritage de la tradition, a été, en droit moderne, coulée dans des objets juridiques nouveaux. L'universalité de droit, assimilée à la notion de patrimoine, s'identifie grâce à l'idée de corrélation actif/passif ; l'universalité de fait à l'idée de collection de biens qui se réifie. Devenue familière, cette distinction souffre de quelques paradoxes qui compliquent son insertion dans le droit civil. Contrairement à l'idée affirmée en doctrine, la corrélation actif/passif n'est pas le seul élément d'identité de l'universalité de droit. Comprise, en droit moderne, à partir de la théorie du patrimoine d'Aubry et Rau, elle se différencie également de l'idée de bien. Toutefois, le législateur contemporain, à travers les mécanismes de l'EIRL et de la fiducie, a consacré l'idée d'une universalité cessible, donc objet de droit. La convergence des deux formes d'universalités vers l'idée de choses appropriées justifie de revenir sur la théorie des universalités et d'interroger le bienfondé de cette distinction. De cette analyse, il ressort que le siège réel de l'universalité correspond à l'idée d'ensemble de biens, qui se réifie. Ce résultat est rendu possible grâce à la communauté d'affectation déterminée par le propriétaire des biens. Il va, par ce fait, créer une interdépendance fonctionnelle entre les différents biens. La structure de l'universalité rend délicate l'appréhension de son régime. Toutefois, sa qualification de bien permet de constater qu'elle s'insère facilement dans la théorie générale des biens, même si quelques ajustements sont nécessaires du fait de son caractère universel. C'est tout un pan du droit des biens qui se trouve saisi par une conception monolithique de l'universalité.

04/2021

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Essais

Je sais bien, mais quand même...

Au milieu des années 60, Octave Mannoni écrit un article dans lequel il précise sa réflexion psychanalytique sur le fonctionnement de la croyance et celui du déni, conceptualisés rapidement par Freud mais considérés comme des thèmes marginaux en psychanalyse. Il va décortiquer l'expression si banalement employée "Je sais bien, mais quand même... " , la placer au centre des problématiques propres à la Verleugnung ("déni de réalité") et l'illustrer par des exemples passionnants tirés de l'ethnologie ou de la littérature : le récit d'un rite initiatique chez les Indiens Hopi ou encore celui d'un extrait des Mémoires de Casanova dans lequel le célèbre séducteur est saisi de superstition un soir de gros orage. D'une grande clarté, la prose vive et non dénuée d'humour d'Octave Mannoni avance avec précision dans les sinuosités du concept. Octave Mannoni (1999-1989) était psychanalyste. Cet esprit libre, passionné de poésie et de botanique, enseigna durant 30 ans, en Martinique et à Madagascar, la philosophie et la littérature jusqu'à sa rencontre avec Lacan, fin 1945, qui l'installe en écriture. Il n'aura de cesse de s'appuyer sur sa connaissance fine de l'ethnologie, de la philosophie et de la littérature pour étoffer sa pratique psychanalytique. Ses principaux écrits ont été publiés au Seuil, principalement dans la collection Le Champ freudien dont Clefs pour l'imaginaire ou l'Autre Scène et Ca n'empêche pas d'exister. Sophie Mendelsohn exerce la psychanalyse à Paris. Elle est à l'initiative de la constitution du Collectif de Pantin, qui réunit psy, philosophes et anthropologues autour de l'incidence de la race en psychanalyse. Elle a récemment coécrit avec Livio Boni La Vie psychique du racisme (La Découverte, 2021).

05/2022

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Histoire de la pensée économiq

Baise ton prochain. Une histoire souterraine du capitalisme

Cet essai résulte d'une sidération. Celle qui m'a saisi lorsque je suis tombé sur un écrit aujourd'hui oublié, Recherches sur l'origine de la vertu morale de Bernard de Mandeville. C'est en 1714, à l'aube de la première révolution industrielle, que Mandeville, philosophe et médecin, a publié ce libelle sulfureux, en complément de sa fameuse Fable des abeilles. Cet écrit est le logiciel caché du capitalisme car ses idées ont infusé toute la pensée économique libérale moderne, d'Adam Smith à Friedrich Hayek. Fini l'amour du prochain ! Il faut confier le destin du monde aux "pires d'entre les hommes" (les pervers), ceux qui veulent toujours plus, quels que soient les moyens à employer. Eux seuls sauront faire en sorte que la richesse s'accroisse et ruisselle ensuite sur le reste des hommes. Et c'est là le véritable plan de Dieu dont il résultera un quasi-paradis sur terre. Pour ce faire, Mandeville a élaboré un art de gouverner - flatter les uns, stigmatiser les autres - qui se révélera bien plus retors et plus efficace que celui de Machiavel, parce que fondé sur l'instauration d'un nouveau régime, la libération des pulsions. On comprend pourquoi Mandeville fut de son vivant surnommé Man Devil (l'homme du Diable) et pourquoi son paradis ressemble à l'enfer. Trois siècles plus tard, il s'avère qu'aucune autre idée n'a autant transformé le monde. Nous sommes globalement plus riches. A ceci près que le ruissellement aurait tendance à couler à l'envers : les 196 d'individus les plus riches possèdent désormais autant que les 99 % restants. Mais on commence à comprendre le coût de ce pacte faustien : la destruction du monde. Peut-on encore obvier à ce devenir ?

10/2019

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Droit

Le temps dans le contentieux administratif en droit français et des Etats d'Afrique francophone

Une étude comparative du temps dans le contentieux administratif français et des pays de culture juridique francophone, notamment d'Afrique, permet de mettre en évidence les différentes approches du temps saisi par le droit, de comprendre les implications de ces approches sur la conciliation entre les droits des justiciables et le principe de sécurité juridique. En France, le cadre temporel du procès administratif est défini par le législateur, le juge et les parties, d'une part, et, d'autre part, ce temps est identifié selon une forme quantitative, qualitative et conjoncturelle. Cette approche du temps est dite souple. Dans les législations d'Afrique francophone, en revanche, le temps du procès administratif est essentiellement réglementé. Il traduit un droit administratif dont les sources sont principalement textuelles. Ce temps s'exprime à l'impératif, d'une part, et, d'autre part, il a une forme davantage quantitative. Il s'agit d'un temps rigide. L'approche flexible du temps observée en France comporte un risque de rallongement de la durée des procédures et semble également plus profitable aux justiciables. C'est l'expression d'un droit administratif en évolution vers la protection des droits des citoyens. La forme rigide du temps observable dans les pays d'Afrique francophone fait la part belle au principe de sécurité juridique et traduit ainsi un droit administratif plus attaché à l'efficacité de l'action administrative. Au-delà de la systématisation des approches du temps dans le procès administratif, le présent ouvrage répond donc à un "double questionnement qui contribue à en accroître l'intérêt scientifique pour les juristes français et étrangers : celui de la célérité de la justice administrative et celui de l'influence du modèle français dans les pays de culture francophone."

07/2019

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Développement durable-Ecologie

Les communs, aujourd'hui ! Enjeux planétaires d'une gestion locale des ressources renouvelables

Les communs désignent des modes de gestion de ressources matérielles ou immatérielles, spécialement foncières. Ils sont fondés sur le partage des potentialités de ces ressources ou de leurs bénéfices, et ne relèvent ni de la propriété privée ni du domaine public d'un Etat. Ils mobilisent des collectifs, dits communautés, peu ou pas institutionnalisés et des règles qui peuvent être implicites et "inférentielles". A l'origine fonciers, ils se sont adaptés pour répondre à de nouveaux besoins de ressources. Leurs formes se sont diversifiées et connaissent aujourd'hui une nouvelle mutation, dans le contexte de la "révolution numérique" et des initiatives des pays du Sud, en réponse aux dérèglements climatiques et aux transformations des sociétés humaines et de l'économie mondiale. Le présent essai est le fruit de réflexions collectives réunies à l'occasion d'un colloque organisé par l'Académie des sciences d'outre-mer (ASOM). Il définit ce que deviennent les communs aujourd‘hui. Comprendre les communs, leur reconnaître une place dans le droit national et international sont des enjeux politiques, économiques et écologiques indispensables à une "mondialité" maîtrisée, à une biodiversité protégée et à une prospérité assurée pour demain. Dans ce livre sont posés les obstacles d'adaptation existants et esquissées des pistes dont il est crucial que les Etats et les citoyens se saisissent pour faire face aux besoins croissants de partage et de création de ressources. Ont contribué à cet ouvrage : Sigrid Aubert, Tamatoa Bambridge, Christophe Baticle, Philippe Bonnichon, Laurence Boutinot, Guy-Patrick Dkamela, Bruno Delmas, Emmanuel Desclèves, Gaël Giraud, Philippe Hugon (†), Philippe Karpe, Alain Karsenty, Etienne Le Roy, André Marty, Roland Pourtier, Mahamoudou Saïd.

10/2019

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Critique littéraire

Dans la tête d'Orwell. La vérité sur l'auteur de 1984

Orwell revisité par Hitchens : A l'occasion du centenaire de sa naissance Christopher Hitchens a revisité l'oeuvre de George Orwell avec l'esprit et l'humour du polémiste. Il passe au crible les détracteurs d'Orwell. Des " post colonialistes " à la Edward Saïd, jusqu'aux féministes et en passant par Claude Simon : Tout le monde en prend pour son grade... Visionnaire hors du commun, Orwell révèle tous ceux qui se frottent à lui. Que certains gauchistes le traitent de " réac " et voilà qu'ils laissent apparaître sous leur plume une trouble fascination envers les systèmes répressifs. Qu'une universitaire féministe le raille pour son " conservatisme sexuel " et voila qu'on découvre au hasard de ses lettres, de ses articles ou de ses journaux une attention à la condition féminine bien en avance sur son temps. Un voyage dans l'un des univers littéraires les plus originaux du siècle dernier : Aujourd'hui encore, la pensée d'Orwell n'a rien perdu de sa pertinence et de son indépendance, à notre époque où les débats politiques se résignent au consensus. Or face au nouveau fascisme du terrorisme et de sa contrepartie étatique, la pensée libertaire est un réconfort et une arme. Ce n'est pas une biographie sur Orwell, mais une réflexion iconoclaste sur son oeuvre : Hitchens ne signe pas là une biographie " à l'américaine ", l'énorme pavé fourmillant de détails personnels, mais une réflexion alerte, iconoclaste et documentée. On n'en attendait pas moins de l'essayiste et journaliste qui, entre autres, n'a pas eu peur de s'attaquer aux néo-bondieuseries à la Mère Teresa...

10/2019

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Récits de voyage

Tafsout, Chronique d'une transhumance berbère, Maroc

J’ai toujours été admiratif de l’obstination avec laquelle les civilisations s’accrochent à un fragment de planète. Il y a celles qui ont l’eau, la fertilité des sols, un climat tempéré, et puis il y a les autres, qui luttent pour exister dans des contrées extrêmes, trop sèches ou trop sombres, trop froides ou trop chaudes... La tribu des Aït Atta en fait partie. La transhumance rythme les saisons et rappelle aux hommes les liens qui les unissent avec la nature. Chaque nouveau départ de transhumance est une renaissance pour les Aït Atta, comme le printemps, tafsout en berbère, l’est pour la nature. Leur caravane suit un parcours qui ne fait pas seulement voyager dans l’espace mais aussi dans le temps et dans l’histoire de l’homme. La montagne fait office d’école à toute la famille. Le grand-père Lahcen a parcouru indéfiniment la montagne avec le troupeau familial, reprenant les chemins tracés par ses ancêtres. Les différents moments de vie partagés avec ces hommes et ces femmes m’ont permis de découvrir leur quotidien et d'apprécier leur immense générosité et leur hospitalité. Ces semi-nomades détiennent à eux seuls une vérité issue de l’équilibre qu’ils entretiennent avec la terre. C’est cette vérité que j’essaie de vivre, de connaître et de sentir. De ces rencontres, j’ai appris à laisser le superflu et à m’attacher à l’essentiel pour aller plus loin. Si la vie du grand-père a pu être tracée loin des villes et du monde moderne, celle de Mohend, le petit-fils sera sûrement différente. Saïd Marghadi.

04/2012

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Critique littéraire

Ecrivains marocains du monde. Volume 7, Espagne, Italie, République Tchèque

Ecrivains Marocains du Monde comporte un grand nombre d'écrivains dans les pays suivants : Angleterre, Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Guinée, Israël, Italie, Jordanie, Océan Indien, Norvège, Pays-Bas, Philippines, Sénégal, Suède, Suisse et Tchécoslovaquie. C'est dire que des Marocains écrivent partout dans la langue du pays où ils résident et qu'ils contribuent par la variété de leurs écrits à redéfinir dans la pensée marocaine l'entité ou la caractéristique nationale qui passe par un élargissement de l'espace géolinguistique. Ce septième volume est réservé aux vingt écrivains suivants vivant dans ces pays : Espagne : Jamila Achaouach Al Hassani, Abdelhamid Bayouki, Esther Bendahan Cohen, Mohamed Chaïb, Lamiae El Amrani, Najat El Hachmi, Saïd El Kadaoui Moussaoui, Mohamed El Morabet, Najat El Mzouri Chekroune, et Laila Karrouch ; Italie : Mounya Allali, Ahmed Bekkar, Hamid Bichri, Mohamed Bouchane, Mohamed Doublali, Rachida El Ansari Zaki, Rita El Khayat, Chaimaa Fatihi et Dalila Hiaoui ; République Tchèque : Omar Mounir. Ces écrivains et écrivains, femmes et hommes, toutes générations confondues, qui écrivent en arabe, en français, en espagnol et en italien, réalisant une variété d'écrits dans différents genres : poésie, récits, romans et nouvelles. Leur production apparaît comme une manifestation exemplaire et singulière sans cesse renouvelée qui vise à mettre en lumière les enjeux intertextuels qui se tissent entre la littérature et l'histoire de l'immigration, à vivifier le dialogue entre cultures et civilisations dans ces différents pays en Europe en vue de concilier les réalités, de souder les continents et d'enrichir la condition humaine en pratiquant à la fois le partage, la connaissance, la reconnaissance et la fraternité universelle.

07/2020

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Religion

Le Père Antonin Jaussen, o.p. (1871-1962). Une passion pour l'Orient musulman

Comment ne pas être ébahi et admiratif devant la vie d'Antonin Jaussen ? Non seulement il a traversé le siècle qui va de la guerre de 1870 en France à la montée du nassérisme et du panarabisme au Proche-Orient, mais il en a vécu lui-même les épisodes les plus marquants. Né dans la montagne ardéchoise, issu d'un milieu modeste, il est un des premiers compagnons du père Lagrange au moment de la fondation de l'École biblique de Jérusalem et de la crise moderniste qui secoue l'Eglise catholique. Durant la Première Guerre mondiale, sa connaissance profonde de l'Orient lui vaut d'être appelé à servir comme officier de renseignements dans les troupes françaises du Levant à Port-Saïd, mais aussi auprès des Britanniques : cela le place au coeur des débats sur l'avenir de la région au moment où les puissances occidentales se partagent les dépouilles de l'Empire ottoman et lui vaut de fréquenter des personnages de légende comme Lawrence d'Arabie et l'émir Faysal. Les années 1920 le trouvent à nouveau en Palestine où il est témoin de la frustration des Arabes devant l'instauration du foyer juif imposé par les Britanniques après la déclaration Balfour de 1917. Au début des années 1930, à l'heure où beaucoup songent à la retraite, Jaussen part pour Le Caire où il use ses forces à bâtir une maison dominicaine qui deviendra en 1953 l'institut dominicain d'études orientales (IDEO). "L'Ordre de Saint-Dominique reprendra-t-il sa tradition musulmane ?" Telle fut la dernière hantise de celui pour qui l'Orient musulman a été la passion de toute une vie.

05/2012

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Critique littéraire

Le (néo)colonialisme littéraire. Quatre romans africains face à l'institution littéraire parisienne (1950-1970)

Le texte littéraire ne naît pas en apesanteur, selon Edward Saïd. Il se présente dans un contexte historique et social et dépend pour son existence d'instances de pouvoir spécifiques : maisons d'édition, presse, critique, comités de prix littéraires. Ce constat s'impose avec encore plus de force lorsque l'on considère la situation des auteurs africains francophones qui sont presque entièrement tributaires de l'infrastructure éditoriale parisienne et des autres instances légitimantes du pays (anciennement) colonisateur. Cette étude présente le discours éditorial et critique de la première édition de quatre romans africains francophones publiés en métropole pendant les années 1950-1970. En dépit d'un climat politico-social plutôt favorable aux écrivains africains au début des années 1950, la politisation croissante des maisons d'édition au cours de la deuxième moitié de cette décennie n'a pas manqué d'avoir une forte incidence sur la réception des romans de l'époque. Ainsi, le sort du Pauvre Christ de Bomba, roman férocement anticolonial de Mongo Beti, sera très différent, par exemple, de celui de L'Enfant noir de Camant Laye, dont le texte brosse un tableau idyllique de la vie des Guinéens sous la colonisation. De même, deux romans qui voient le jour pendant la première décennie post-indépendance; Les Soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma et Le Devoir de violence de Yamho Ouologuem, se voient réserver des sorts très divergents. La théorie de la production culturelle de Pierre Bourdieu et celle sur l'esthétique de la réception de Hans Robert Jauss fournissent les outils de l'analyse de la réception de ces quatre romans, qui font désormais partie des classiques de la littérature africaine francophone.

10/2012

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Sciences politiques

Passion arabe. Journal, 2011-2013

Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, une ville du centre de la Tunisie, Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s'immole par le feu - et embrase le monde arabe. Les régimes de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi sont précipités dans les flammes, et l'incendie porte à Bahreïn, au Yémen et jusqu'en Syrie. En deux ans, les révolutions ont abattu des dictatures, mais fréquemment porté au pouvoir les Frères musulmans. Le salafisme prolifère, nourri du désenchantement de jeunes et de déshérités dont la pauvreté s'est accrue. Et al-Qaida, qu'on croyait enterrée, resurgit de la Syrie au Mali. Que sont devenues la liberté, la démocratie, la justice sociale revendiquées par les " printemps arabes "? Quel est le rôle des pétromonarchies du Golfe dans l'arrivée au pouvoir des partis islamistes ? Pourquoi le conflit entre sunnites et chiites est-il en train de détourner l'énergie des révolutions, tandis que la Syrie s'enfonce dans des souffrances inouïes ? Gilles Kepel, familier du monde arabe depuis quatre décennies, est retourné partout - Palestine, Israël, Egypte, Tunisie, Libye, Oman, Yémen, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Liban, Turquie, Syrie - et a rencontré tout le monde - salafistes et laïcs, Frères musulmans et militaires, djihadistes et intellectuels, ministres et fellahs, diplômés-chômeurs et rentiers de l'or noir. De ce périple, il a rapporté un Journal. Ecrit sur le vif puis enrichi au cabinet de travail, il capte en quatorze chapitres conçus comme autant de stations les déchirements intimes de ces sociétés. La passion de l'auteur y rend compte en écrivain, par la violence et les épreuves, et parfois l'espérance, d'une incoercible Passion arabe.

03/2013

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Tourisme étranger

Nouvelles d'Afrique. A la rencontre de l'Afrique par ses grands ports

L'Afrique, sans nul doute, est le continent qui appelle au plus fort un autre regard. Pour beaucoup, elle est rayée des cartes du premier monde. On n'y voit plus qu'exode et maladie, prédation et misère. Comme si, à la saison sèche et à celle des pluies, s'était ajoutée celle des massacres. Tout cela est vrai, mais bien d'autres choses aussi. Car derrière ce paravent, palpite une terre qui se décline au pluriel. Pour chercher cette autre réalité que l'actualité souvent réduit, enferme, l'équipe de " Portes d'Afrique " - écrivains, journalistes, photographes et illustrateurs - a embarqué autour de ce vaste continent-île. En huit mois de voyage, CFAO Technologies, un grand voilier de course de 26 mètres, a fait escale dans douze grands ports, autant de portes maritimes ouvrant sur les espaces intérieurs. Et douze écrivains-voyageurs de renom se sont passé un relais littéraire inédit autour de l'Afrique. De ce voyage à la rencontre des gens de Port-Saïd ou de Luanda, ils n'ont pas ramené une histoire sans plis ni blessures. Pas d'exotisme à bon compte non plus, ni de fausse commisération. L'Afrique leur est apparue telle qu'elle vit, riche de ses mélanges et de ses espoirs. Forte souvent, humaine toujours. Un monde qui ne se résout à rien, et surtout pas au pire. De cet échange sont nées douze nouvelles, parce que l'Afrique aime se raconter, être racontée. Douze récits mêlant fiction et émotions de voyage, pour inciter chacun à pousser à son tour la porte, celle des autres Afriques.

10/2003

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Littérature française

Chronique du temps de l'innocence

Ma, la terre où tu es née, est-elle de ce côté-ci ou de ce côté-là ? - Elle est de ce côté-ci et de ce côté-là, dit Zahra de son ton le plus naturel. - Est-elle loin d'ici ? - Elle est toute proche, elle est là et là, répondit Zahra en mettant une main sur le cœur de sa fille et une main sur le cœur de son fils. Dans un village algérien des années trente, Badr, sept ans, fils de Saïd l'écrivain public et de Zahra la couturière, est encore à l'âge où l'on passe du monde des femmes - de la maison, du hamman - à celui des hommes - le café, le chantier. Mais très vite le temps de l'innocence devient celui de l'épreuve. Pour avoir récité une sourate dans une taverne, Badr et sa sœur Boudour sont rudement chassés de l'école coranique et connaissent l'exclusion. Rejetée elle aussi de la collectivité, leur mère, la rebelle Zahra, qui a pris leur parti et dont on se souvient alors qu'elle est une étrangère " une fille des routes "... La perte de sa foi d'enfant, la mort accidentelle du père, la violence de l'oncle paternel accentuent encore la différence de Badr. Mais il a découvert les premiers désirs, la bienveillance du bachagha et la puissance des rêves. A travers le regard de Badr, l'enfant pur, ce roman d'apprentissage nous éclaire sur la douloureuse actualité de cette terre, cette société nouée de tensions, convulsée de violences, riche d'êtres de lumière habités de tendresse, de désir d'existence, de soif d'absolu.

09/1996

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Esotérisme

Schaykh Ahmed Tidjani. Le sceau de la sainteté

Ainsi, depuis sa rencontre avec le Messager d'Allah à Boussemghoune, il ne cessa de suivre ses enseignements et son éducation tout au long de ces années, et au fur et à mesure des évènements, jusqu'au jour tant annoncé et tant prédit au cours de sa vie où il fut hissé au rang suprême de la Qoutbaniya el 'Oudhma au mois de Mouharam de l'année 1214 H. Sidi Hajj 'Ali Harazim (RA), présent à ses côtés lors de ce prodigieux évènement, en relata une brève description dans un écrit. Il a dit : "Après la mention du Nom d'Allah, la prière sur le Prophète (PSDL) et la louange. Ensuite, parmi les faits dont j'ai été témoin en compagnie de Seïdina (RA) la nuit du dimanche 12 Mouharam en l'année 1214 H à environ une heure trente après la moitié de la nuit, fut l'élévation de Seïdina (RA) à la station de la Grande Khalifa. Cela eut lieu au mont 'Arafat (près de la Mecque) peu avant l'aube. Seïdina (RA) me prit par la main et nous fîmes quelques pas courts (prodige du pas) et nous nous retrouvâmes alors sur le mont 'Arafat. Il ne s'y trouvait personne d'autre avec Seïdina (RA) en dehors de son Khalife (c'est-à-dire, lui-même). C'est alors qu'une lumière verte descendit du Vrai, semblable à une lampe immense, jusqu'à ce qu'une sorte de Chéchia verte fût déposée sur sa tête. Il la porte désormais sur lui et c'est le signe qu'il fut hissé à une station qui lui est particulière" .

09/2016

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Actualité et médias

Les gorilles de la République. Une histoire du service de protection des hautes personnalités

Gilles Furigo a passé 23 ans au SPHP, le service de protection des hautes personnalités. Ses missions : prendre en charge l'organisation et la sécurité des visites officielles en France et à l'étranger, assurer la protection des dirigeants ou anciens dirigeants de la République française. Dans ce livre, il raconte pour la première fois l'histoire de son service, un service créé en 1935 qui a longtemps cultivé une certaine discrétion dans la plus pure tradition du "Secret du roi". D'Abraham Lincoln à John Fitzgerald Kennedy, de Sadi Carnot à Paul Doumer, de nombreux chefs d'Etat ont été les victimes de déséquilibrés ou d'opposants politiques. Grâce à son regard de professionnel, Gilles Furigo nous explique d'abord comment certains attentats qui ont changé le cours de l'histoire auraient pu être évités avant de revenir sur l'actualité internationale de ces vingt-cinq dernières années que sa carrière hors norme lui a permis de vivre en direct ! En effet, cet ancien commissaire divisionnaire, aujourd'hui commissaire général de la police nationale a vu passer une dizaine de Premiers ministres, cinq présidents de la République, deux papes, un sultan, quelques têtes couronnées et chefs d'Etat étrangers, suivi les cours du FBI à Quantico, voyagé avec Hillary Clinton à bord d'Air Force One, fait plusieurs fois le tour du monde avec Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, organisé "l'opération Overlord", formé la Garde royale jordanienne et vécu un éphémère printemps libyen… Avec cet ouvrage, il nous plonge dans les coulisses de l'histoire et nous fait découvrir des hommes hors du commun, ceux que l'on appelle "les gorilles de la République".

04/2018

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Aviation

Le guide pratique du pilotage. 20e édition

Voici la 20e édition du Guide écrit et dessiné par Jean Zilio. Cet ouvrage de référence rassemble toutes les techniques qui sont au programme des brevets de pilote privé (PPL) et professionnel (CPL), dans le cadre de la méthode française. Tout cet acquis représente le «patrimoine» de plusieurs générations de pilotes. Vous trouverez également un cours de formation au vol en montagne issu d'Alpine Airlines, que les deux instructeurs montagne fondateurs de cette société ont souhaité voir figurer dans ce présent Guide. Jean Zilio transmet ici son expérience de plus de 18 000 heures de vol en instruction ; il fut tour à tour Chef-Pilote des Aéro-clubs de Saint-Brieuc, Deauville, Sadi-Lecointe à Lognes, et de Cognac. Ensuite, il exerça dans les écoles professionnelles du CIPRA à Dinard, école de la Compagnie TAT, où il participa activement comme responsable de secteur à la formation de pilotes pour cette Compagnie ainsi que pour Air France, et fut chargé par son Chef-Pilote du recyclage des pilotes instructeurs de cette école. Puis il a formé des pilotes pour l’ESMA à Montpellier, école de la Compagnie Air Littoral, pour Air Inter, AOM et Air Gabon. Aujourd’hui, il dispense bénévolement des cours de pilotage à l’Aéro-club des Deux-Sèvres à Niort et à ses amis des Ailes Anciennes Niortaises. Il aura ainsi contribué à former près de 800 pilotes, privés et professionnels. Cet ouvrage constitue donc le livre de chevet du pilote, débutant ou confirmé. Il se révèle être d’un grand intérêt pédagogique s’adaptant parfaitement à la formation propre dispensée par chaque instructeur.

01/2023

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Littérature française

Aussi riche que le roi

"Il y avait l'odeur des brochettes, les gars des tables Coca-Cola qui la sifflaient : t'es belle petite, le bruit sur le terrain d'en face avec les chants du Raja, l'équipe de foot de Casa ; il y avait le vent frais de janvier, le tintement des canettes qui s'entrechoquaient, les insultes, les crachats ; et il y avait Driss, là, sur le côté.

Elle le voyait, géant sur ses jambes courtes, une main tranquille sur l'épaule du flic, et l'autre fouillant sa poche pour lui glisser un petit billet de cent, sa bouche lançant quelques blagues entendues, un clin d'oeil de temps en temps ; et le flic en face souriait, attrapait le billet, donnait à Driss une tape dans le dos, allez, prends une merguez, Sidi, ça me fait plaisir. Driss, le géant au milieu des pauvres, Driss le géant qu'elle venait d'embrasser, pensait Sarah ; avec son fric, il n'y aurait plus jamais de flic, plus jamais de lois - ce serait eux deux, la loi".

Années 90, Casablanca. Sarah n'a rien et à la sortie du lycée, elle rencontre Driss, qui a tout ; elle décide de le séduire, elle veut l'épouser. Sa course vers lui, c'est un chemin à travers Casa et ses tensions : les riches qui prennent toute la place, les joints fumés au bord de leurs piscines, les prostituées qui avortent dans des arrière-boutiques, les murmures faussement scandalisés, les petites bonnes harcelées, et l'envie d'aller ailleurs. Mais ailleurs, c'est loin.

Livre retenu pour le Festival du Premier Roman de Chambery 2022 - #FPRChambery22

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Littérature étrangère

La famille royale

" Privé " neurasthénique, Henry Tyler a été embauché par John Brady, cynique homme d'affaires à la recherche de la mythique " Reine des Putes " de San Francisco, dont il entend faire la vedette d'un bordel " virtuel " à Las Vegas. Comme en proie à un sortilège, Tyler se voue corps et âme à une enquête dans les bas-fonds de San Francisco, finit par localiser " la Reine ", une petite femme noire, tombe amoureux d'elle et devient dès lors membre de " la Famille Royale ", une tribu exclusivement composée de prostituées ravagées par le crack et que le Roi Dollar et ses sbires vont s'employer à anéantir. Tyler achèvera sa descente aux enfers en rejoignant les " hobos ", des vagabonds qui sillonnent le pays... Dans une autre vie, Henry a eu un frère, John, un avocat froid et méprisant, évoluant dans les hautes sphères de la société et marié à une Coréenne, Irène, que Henry chérit d'un impossible amour. Les deux frères sont les Caïn et Abel du roman dont les destins se croisent sous le signe des amours contrariées, des femmes perdues, des vies gâchées, des sociétés corrompues... Traquant la moindre bribe d'humanité là où ne semblaient régner qu'ordure et obscénité, Vollmann crée de toutes pièces une psychologie d'un genre nouveau, hantée d'exégèses et de métaphores, d'illuminations et d'autopsies. Sa prose hypnotique fait traverser toutes les antichambres de la société et de l'âme contemporaines avant d'ouvrir les portes du no man's land que parcourent les derniers errants du " cauchemar américain "... Récit d'une ville en perdition, d'un amour impossible, d'un fratricide sans cesse ajourné, La Famille Royale est une fresque éblouissante et affranchie de tout tabou, qui démontre, une fois de plus, que " le grand roman américain " est toujours à écrire à condition, pour l'écrivain, de choisir de confronter l'Amérique à ses pires hantises.

10/2004

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Biographies

Édouard Chavannes

Edouard Chavannes1, né à Lyon le 5 octobre 1865 et mort à Paris le 29 janvier 1918, est un archéologue et sinologue français. Grand expert de l'histoire de la Chine et des religions chinoises, il est connu pour sa traduction de la plus grande partie du Shiji (? ? / ?? , Shijì) de Sima Qian, qui est la première traduction de cet ouvrage dans une langue européenne. Erudit prolifique et influent, Chavannes fut l'un des sinologues les plus accomplis de l'ère moderne et, malgré son décès relativement précoce en 1918 à l'âge de 52 ans, est le digne successeur des grands noms de la sinologie française du xixe siècle, tels que Jean-Pierre Abel-Rémusat et Stanislas Julien. C'est en grande partie grâce à son travail que la sinologie est devenue une discipline respectée au sein des sciences humaines françaises. "Edouard Chavannes est mort le mardi 29 janvier 1918, enlevé dans la force de l'âge, en pleine activité scientifique ; sa perte est la plus cruelle que pouvaient subir les études chinoises dans lesquelles il occupait le premier rang aussi bien à l'étranger qu'en France. Emmanuel-Edouard Chavannes est né le 5 octobre 1865 à Lyon , d'une excellente famille originaire de Charmoisy, hameau de la paroisse d'Orsier, situé à deux lieues au sud de Thonon , dans le Chablais. La religion réformée fut introduite dans cette région, en 1536, par les Bernois ; à la fin du siècle, Charles-Emmanuel de Savoie expulsa les protestants et il est probable que parmi eux se trouvait Bernard Chavannes, qui aborda à Territet, dans la paroisse de Montreux , en 1602 et fut admis à la naturalisation le 3 décembre 1618 par Niclaus Manuel, bailli de Vevey et capitaine de Chillon ; Bernard, ancêtre de la famille, périt misérablement écrasé par une avalanche ; il avait épousé Suzanne Prost de Genève, qui lui donna un fils André, dont descendent les membres actuels de la famille".

03/2023

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Thrillers

Protocole Magog

Sur fond de cyber attaques et de luttes d'influence géostratégique, "Le protocol Magog" met en scène le chaos qui pourrait résulter d'une perte de contrôle de nos données numériques et les moyens à disposition pour s'en prémunir. Dans ce roman captivant, tout est plausible puisque la trame et la plupart des personnages, construits avec talent, sont inspirés des connaissances et expériences des auteurs, tous trois experts en leur domaine. Côte d'azur, Palais des congrès de Nice. Un jeune informaticien travaillant sur un programme de cryptage révolutionnaire est retrouvé mort juste avant de présenter sa conférence au public, tué d'une balle en plein coeur. L'arme utilisée : un pistolet ultra silencieux, servant habituellement à achever les chevaux blessés. Quelques jours plus tard, son associé meurt à son tour à Paris, dans des circonstances similaires. Explorant d'abord des pistes personnelles, voire politiques, la commandante Sanda Pleynel finit par comprendre que le mystérieux logiciel est peut-être la clé de l'énigme. Très vite, apparaît le nom d'un sulfureux oligarque d'Asie Mineure mêlé à une escroquerie bancaire. Pour les besoins de son enquête, mais également pour tromper un sentiment de solitude de plus en plus pesant, la policière niçoise recontacte Alasdair McPhee, un homme d'affaire anglais et ancien légionnaire dont elle est tombée sous le charme il y a plus de 20 ans, quand elle n'était qu'une adolescente, en vacances en Corse avec sa famille. Les événements se précipitent soudain lorsqu'un coup d'Etat fomenté par des puissances étrangères provoque la chute du président du Kazakhstan, proche du Kremlin. La tension monte entre Paris, Washington, Moscou et les partisans du président déchu, et les exécutions se poursuivent. Quant aux informaticiens français de l'Agence nationale de sécurité, ils comprennent enfin la nature du logiciel développé par Abel le protocole Magog tant convoité par le nouvel homme fort de Noursoultan.

06/2022

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Romans historiques

Les Aventures de Boro, reporter photographe : La fête à Boro

Fin 1943, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Tout à l'avenant. Le café est gland. Le beurre margarine. Les lacets en papier. Partout, même refrain, même mauvaise haleine. Les gens se méfient les uns des autres. Ils ne s'aiment pas. Ils marchent à la lettre anonyme. A la dénonciation. Le cuir manque. Le charbon manque. La parole manque. Radio-Paris ment. Pourtant, dans les boxons de Montmartre et de Montparnasse, dans les guinguettes privées d'orchestre des bords de Marne, dans des caves calfeutrées, quelques-uns résistent. Filles de joie, anciens malfrats du Topol, petites frappes et petites gens, certains croient encore au salut du genre humain. A la liberté. A la paix. Au bonheur à venir, à revenir. Leur héros ? Blèmia Borowicz, dit Boro. Toujours prêt à se battre partout où sévit la barbarie. Un pas, une canne... Le reporter boiteux galvanise les patriotes de l'ombre. Il les entraîne à sa suite. Pour les uns, il est Bouvier, le résistant, le chevalier blanc de la photo de reportage. Pour les autres, il est le métèque, le juif, l'Untermensch. Lafont, Bonny, Abel Danos, grosses pointures du banditisme et gestapistes notoires, sont à ses trousses. Tantôt, c'est un ange qui surgit à point nommé (un ange de 16 ans) Tulipe, radieuse apparition dans le ciel de suie. Tantôt, c'est une mystérieuse courtisane japonaise. L'aventure balaye la prudence, le feuilleton s'ébouriffe : le chemin zigzaguant de Boro croise la route sanglante du plus grand assassin de tous les temps, le fameux, l'incontrôlable docteur Petiot ! Début 1944, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Des trains remplis d'innocents partent chaque jour vers les camps. Les crapules s'enrichissent et les lâches font le dos rond. Pourtant, que Boro apparaisse et la victoire sur le peste brune n'est plus seulement un rêve : jusqu'à Omaha Beach, elle était un projet fou ; après le Débarquement, gaie et triste à la fois, elle devient une fête.

10/2007

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Littérature française (poches)

Le Roi des Aulnes

Une enfance frustrée de tendresse, une adolescence humiliée, un métier qu'il juge au-dessous de lui-même ont contribué à faire d'Abel Tiffauges l'ennemi de la société et des hommes qui l'incarnent. Mais un épisode de sa vie d'écolier lui a donné la conviction qu'il existe une secrète complicité entre le cours des choses et son destin personnel : parce qu'il devait ce matin-là comparaître devant le conseil de discipline, il a fait des vœux pour que le collège soit détruit par un incendie. Or, tandis que dans les cas ordinaires ce genre de prière demeure sans effet, cette fois l'incendie libérateur a lieu... Deux passions éclairent et réchauffent sa solitude : la détection des symboles dont il devine la présence autour de lui, et le goût de la chair fraîche. Il hante les étals des bouchers, puis il rôde autour des écoles communales. Il y a en lui du mage et de l'ogre, le premier guidant et secourant le second. C'est ainsi qu'une affaire de viol menaçant de l'envoyer au bagne, la mobilisation de 1939 lui vaut un non-lieu : l'école a encore brûlé ! Fait prisonnier en 1940, il est acheminé vers la Prusse-Orientale. Mais alors que ses compagnons sont accablés par cette plaine infinie et désolée, Tiffauges y voit la terre magique qu'il attendait, et il trouve une étrange libération dans sa captivité. Pays des emblèmes héraldiques et paradis de la chasse, la Prusse-Orientale est exaltée de surcroît par la mythologie nazie et par son culte des symboles et du sang. Deux Ogres majeurs règnent déjà sur ses forêts et sur ses marécages : Göring, l'Ogre de Rominten, grand tueur de cerfs et mangeur de venaison, et Hitler, l'Ogre de Rastenburg, qui pétrit sa chair à canon avec les enfants allemands. Tiffauges devine l'Ogre de Kaltenbor, une ancienne forteresse teutonique où sont sélectionnés et dressés les jeunes garçons appelés à devenir la fine fleur du IIIe Reich.

02/2016

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Histoire de France

Parlementaires morts pour la France. 1914-1918

C'est un pan quasiment méconnu de l'histoire de France. Au déclenchement de la guerre 1914-1918, près de 300 parlementaires, députés et sénateurs, sont mobilisables. Mais l'autorité militaire ne sait pas comment les utiliser puisque leur cas n'est pas prévu par les textes ! Doivent-ils rester à la Chambre ou doivent-ils rejoindre leurs unités ? Doit-on leur donner le grade d'officier pour ceux qui ne le sont pas ? Et puis, en leur qualité ne sont-ils pas juges et partie puisqu'ils ont à contrôler l'action de l'armée via le budget de la défense?? Ces questions résolues, certains décident de partir au front, d'autres de rester siéger. A la fin du conflit, 21 d'entre eux auront perdu la vie. Ils s'appelaient Emile Driant, Josselin de Rohan, Uriane Sorriaux, Emile Reymond, Paul Proust, Charles Sébline, Abel Ferry, Raoul Briquet, etc. Ils étaient, académicien, ducs, ou encore ancien militaire et gendre du général Boulanger. Il y avait aussi un journaliste, un syndicaliste, des avocats, des professeurs... Cet ouvrage totalement inédit et très bien documenté retrace la biographie de ces 21 parlementaires morts pour la France et rend un vibrant hommage au courage de ces hommes qui ont donné leur vie pour sauver la patrie. L'AUTEUR Diplômé de droit et de sciences politiques, Christophe Soulard a exercé de nombreux métiers : assistant parlementaire, attaché de presse, journaliste, directeur de la communication, conseiller presse-média, directeur de cabinet, etc. Passionné d'histoire, il a travaillé sur le phénomène de la Petite Eglise dans la Vendée et les Deux-Sèvres. Officier de réserve et auditeur de la 43e session nationale du Centre des hautes études de l'armement, ce spécialiste des opérations d'influence a collaboré à quelques livres de réflexion sur la défense. Auteur éclectique, on lui doit notamment " Syndicats : 13 entretiens pour comprendre ", " Royan 14-18 " ou encore " Clemenceau au fil des jours " et " Guynemer : la légende et le mystère ".

10/2017

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Littérature étrangère

Le dernier cow-boy

1977. Henry Blonton a pourtant tout d'un vrai cow-boy : après une enfance passée aux côtés de deux grands-pères, vieux routiers du rodéo, suivie d'études avortées, à quarante ans il est désormais à la tête de quatre-vingt-dix mille acres, deux mille deux cents vaches et manie le lasso et le bétail comme pas deux. Avec son allure fière, ses yeux gris et sa mèche blond cendré qui recouvre un regard amusé mais dur, il semble tout droit sorti d'une publicité pour une marque de cigarettes. Porté sur la bouteille, il aimerait être un héros et vit dans la nostalgie d'un temps révolu : un temps où les cow-boys étaient des figures sacrées que l'on respectait et devant qui on s'inclinait. Mais à l'ère de l'expansion de l'agroalimentaire, adieu les cavalcades effrénées et les coups de lasso. Le cheval a laissé place à une Buick rutilante, et l'amertume a remplacé les rêves de propriété. La vie de ranch a bien changée depuis l'époque de son grand-père Abel. Le bétail élevé en plein air a laissé place aux bêtes parquées et engraissées, les terres des ancêtres sont devenues la propriété de riches industriels à mille lieues des pâturages. John Wayne est bien loin : dur temps pour les cow-boys. Livre culte de la narrative nonfiction, auréolé du National Book Award en 1981, année de sa parution, Le Dernier Cow-Boy brosse le portrait mélancolique d'un homme figé entre deux mondes, laissé au bord du chemin par le cours de l'Histoire. Dans ce livre, Jane Kramer, grande figure du Nouveau Journalisme américain, qui fut longtemps correspondante à Paris du New Yorker, parvient à rendre toute sa dignité à ce cow-boy déchu et à illustrer une certaine image de l'Amérique, puritaine, repliée sur elle-même, loin des grandes villes et de leur agitation continue. Drôle, poignant, Le Dernier Cow-Boy est un livre subtil à la croisée des chemins du nature writing et de la littérature du réel.

02/2017

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Histoire de France

Correspondances conjugales 1914-1918. Dans l'intimité de la Grande Guerre

Comment, à l’échelle des couples, est vécue la Première Guerre mondiale ? Comment se construisent et se transforment les liens qui unissent les conjoints alors que le conflit impose aux mobilisés et à leurs femmes de vivre à distance et sous la menace omniprésente de la mort et de la séparation définitive ? Quelles formes prend une relation entièrement vécue par l’écrit ? Que devient le quotidien conjugal quand il est bouleversé par la séparation ? Et de quelle façon la guerre contraint-elle à l’écriture des sentiments amoureux et du désir sexuel ? Correspondances conjugales 1914-1918 permet de mesurer le poids des échanges épistolaires dans les relations sociales et parmi elles, les relations amoureuses, entre le front et l’arrière pendant les quatre années de guerre. L’ouvrage propose de suivre, par leurs correspondances, neuf couples dans la guerre : certains des épistoliers sont célèbres, le général Philippe Pétain, le député Abel Ferry, l’homme de lettres Jacques Rivière, d’autres sont des hommes et des femmes anonymes. Acteurs et actrices du conflit, chacun à sa manière, ils expérimentent, s’accommodent ou souffrent de la guerre. Cet ouvrage, dont la richesse tient à la grande diversité des couples présentés (des écrivains, des commerçants, des paysans, un homme politique, un général), rend compte des dimensions à la fois collectives et individuelles des expériences conjugales. Il propose d’entrer dans l’événement majeur que fut la Première Guerre mondiale par les détours de l’expression du sentiment amoureux et des expériences individuelles. S’il propose une lecture intimiste du conflit, c’est aussi pour en saisir toute la dimension tragique. L’anthologie est précédée d’une introduction générale permettant de comprendre les logiques du pacte épistolaire scellé entre les conjoints en temps de guerre. Clémentine Vidal-Naquet livre ensuite, dans de courtes introductions, sa lecture et son analyse de chacune de ces neuf correspondances. Ces dernières sont annotées, donnant au cours de la lecture l’éclairage nécessaire sur les événements, les lieux ou les personnages évoqués.

10/2014