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Anita Lobel

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Critique littéraire

Stendhal

Ecrire dans un grenier, pour le plaisir, pour des amis inconnus ; savoir que ces amis semblables à soi existent quelque part, et que l'écrit saura, avec le temps, les trouver, ou les susciter. Stendhal a eu cette illusion, qui s'est avérée prophétique. Les happy few de la première crypte beyliste sont devenus légion. Stendhalien est aujourd'hui l'épithète à la mode. Tout le monde prétend s'en emparer comme d'un intouchable label de qualité. Pourquoi cet engouement ? Peut-être parce que s'y respire un parfum d'élégance ironique, de désinvolture tendre, et que l'acuité du regard s'y embue de nostalgie amoureuse. Si Stendhal se voit aujourd'hui l'objet de tant de récupérations venues d'horizons opposés, c'est qu'en lui se revendique l'équilibre rare, et à vrai dire miraculeux, entre l'exigence idéologique de l'analyse - menée avec ostinato rigore - et la dérive poétique, l'engagement de la lucidité et les bouffées de la folie : à la fois profondément impliqué dans le réel, qu'il passe sa vie à ausculter et à classer, dont il démonte avec une perspicacité admirable le fonctionnement et les enjeux, et totalement détaché, convoqué ailleurs, en des régions très secrètes qui ressortissent à un autre ordre, purement chimérique, où le coeur seul s'investit. C'est peut-être parce que Stendhal n'a jamais sacrifié l'un à l'autre ces deux appels simultanés et divergents qu'il séduit des contemporains repus de mauvaise conscience, pris en écharpe entre le diagnostic et le mirage, l'adhésion et la distance, et qui découvrent en lui que la nécessité de l'investigation aigüe de soi et du monde n'exclut pas, mais implique au contraire, la légitimité plénière du désir et le devoir absolu de rêver. Philippe Berthier - Gérald Rannaud

01/1984

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Littérature française

Mémoires et récits. Tome 1, Au Mas dou juge

On m'a demandé souvent le motif pour lequel j'écrivais en provençal. Maintenant que je publie le recueil des poésies faites par moi jusqu'à ce jour, autres que Mireille et Calendal, je veux, en tête de ce livre, donner l'explication de la voie que j'ai tenue. Ce n'est pas la vanité qui me fait parler de moi. mais seulement la convenance d'éclaircir mes commencements, ou, pour mieux dire, mes sources. Né le 8 septembre 1830 à Maillane, "au centre d'une vaste plaine barrée au midi par les Alpilles bleues", Frédéric Mistral accède à la gloire avec le poème Mirèio (1859), salué par Lamartine et popularisé par l'opéra de Gounod. Parus en 1906, deux ans après l'obtention du Prix Nobel, ses Mémoires s'inscrivent dans la ligne des grandes autobiographies littéraires (Chateaubriand, George Sand, Renan). Ce premier volume s'ouvre sur les souvenirs d'une enfance heureuse, dans la maison paternelle du Mas dou Juge, avec les épisodes marquants des "fleurs de glais", de "l'école buissonnière" et le merveilleux récit des "Rois Mages" au temps de Noël. Sont évoquées ensuite les années d'études, à Saint-Michel de Frigolet, à Avignon, à Nîmes pour le baccalauréat, et enfin à Aix-en-Provence pour la licence en droit, avec un témoignage privilégié sur 1848 et "la République au village". Cette édition complète des Mémoires et récits, en deux volumes, a été établie par Claude Matiras et Henri Moucadel. Elle reproduit les textes originaux, en provençal et en français, ainsi que la préface du recueil Lis Isclo d'Or (1875), qui constitue la première publication autobiographique de Mistral. Elle est accompagnée de notes historiques et littéraires, ainsi que d'un index général des noms de personnes, de personnages et d'oeuvres.

03/2020

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Sociologie

L'Afrique au féminin. De la victimisation au leadership

L'auteur s'attache à montrer dans cette étude que la femme africaine a sa place et un rôle à jouer, non seulement en tant qu'être humain, mais aussi et surtout en tant que citoyenne libre. A ce titre, elle a le droit de participer à la discussion sur les questions relatives à la politique, à la gestion des affaires publiques, à la paix et au développement de l'Afrique. Certes, l'image traditionnelle de la femme africaine, placée volontairement à la périphérie de la gestion des affaires publiques par les hommes sur la base de prétextes culturels, a connu une légère amélioration ces dernières années. Pour preuves, parmi tant d'autres, madame Nkosazana Dlamini-Zuma a correctement dirigé la Commission de l'Union africaine du 15 octobre 2012 au 30 janvier 2017. Catherine Samba-Panza, chef de l'Etat de transition de la République centrafricaine du 23 janvier 2014 au 30 mars 2016, a réussi à maintenir la paix là où les hommes se déchiraient. Ellen Johnson Sirleaf est présidente de la République libérienne depuis le 16 janvier 2006 et la dirige avec une compétence incontestable. Le Prix Nobel de la Paix lui a même été décerné en 2011. Nonobstant cette percée remarquable de la femme africaine, l'auteur estime cependant que le débat sur le leadership féminin demeure d'actualité en Afrique. Partant d'une simple observation, il constate qu'à ce jour, les législations nationales, dans la majorité des Etats africains, prônent la parité ou l'égalité des droits entre l'homme et la femme, mais il n'en demeure pas moins vrai que les deux sexes participent inégalement à la gestion de la " RES PUBLICA".

12/2017

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Franche-Comté

Besançon. Le carnet de dessins

Ce Carnet de dessins de Besançon est le fruit, comme souvent, d'une rencontre inattendue entre une main d'ar­tiste et celle d'un auteur qui voulait y tenir la plume. C'est ainsi que Noël Fressencourt, magnifique dessina­teur, fait la connaissance, voici quelques années, de Lionel Estavoyer dont on sait l'attachement pour cette ville qu'il n'aura cessé de raconter. Point de déambulation commune entre ces deux-là, mais des conversations nourries pour mieux savoir ce qui serait à retenir ; choix toujours compliqués qui vous obligent souvent à conserver ce répertoire obligé des vues iconiques d'une ville sans pour autant y négliger l'inattendu, l'in­soupçonné qui font la curiosité, l'étonnement, la surprise que dissimulent ces lieux pourtant familiers au regard du passant. Dans le répertoire iconographique bisontin, l'art de Noël Fressencourt apporte ainsi, comme chacun pourra le découvrir, cette vision tout à la fois précise et audacieuse où les images démultipliées des lignes complexifient la beauté des lieux, des monuments et des décors avec une qualité du trait que souligne dans sa préface, avec enthou­siasme, Christian de Portzamparc, l'un des plus grands architectes du monde et premier Français à recevoir le Prix Pritzker, véritable Nobel de l'architecture. Lionel Estavoyer, pour sa part, n'est pas en reste avec des textes passionnés où le sérieux de l'historien met en scène le patrimoine, son patrimoine, dans une plume extrê­mement soignée. Hôtels particuliers, églises, promenades, cimetières, détails infinis du décor urbain souvent oubliés et redé­couverts ici font de ce carnet de dessins un de ces livres majeurs des images de la ville, un des plus beaux jamais produits, et qui fera date, assurément.

08/2021

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Ouvrages généraux

Les figures mythiques

Si tout le monde a en tête le Je vous ai compris de De Gaulle, le Un rideau de fer s'est abattu à travers le continent européen de Churchill ou le Ich bin ein Berliner de Kennedy, peu en revanche connaissent vraiment le reste des discours d'où proviennent ces fameuses paroles et encore moins les contextes historiques. Les 5 ouvrages de la collection Les grands discours de l'histoire offrent la possibilité d'aller au-delà de ces " phrases choc " en permettant la lecture des différents discours dans leur entièreté, tout en resituant chacun d'entre eux dans son époque. Ces prises de parole les plus célèbres du vingtième siècle ont, à l'époque, choqué, ému ou tout simplement touché le plus grand nombre, et résonnent encore aujourd'hui avec la même vivacité qu'hier. Sont rassemblés dans ce cinquième volume onze discours prononcés par des personnalités d'exception. 1. WOODROW WILSON, le 8 janvier 1918 Les quatorze points 2. PIERRE DE COUBERTIN, le 28 mai 1925 Testament sportif 3. ARISTIDE BRIAND, le 27 août 1928 La renonciation à la guerre HAILE SELASSIE I, le 30 juin 1936 Appel à la Société des Nations 5. JEAN XXIII, le 11 octobre 1962 Ouverture du concile Vatican Il 6. MARTIN LUTHER KING. le 28 août 1963 I have a dream 7. RENE CASSIN. le 10 décembre 1968 Discours d'acceptation du prix Nobel SALVADOR ALLENDE, le 1l septembre 1973 Mon sacrifice ne sera pas vain 9. ANOUAR EL-SADATE le 20 novembre 1977Discours devant la Knesset 10. NELSON MANDELA. le 10 mai 1994 Déclaration d'investiture 11. YITZHAK RABIN. le 4 novembre 1995 Le peuple israélien aspire à la paix

03/2024

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Poches Littérature internation

Narcisse et Goldmund

C'est dans l'Allemagne du Moyen Age qu'Hermann Hesse, Prix Nobel de Littérature, a situé l'histoire du moine Narcisse et de Goldmund, enfant très doué qu'on lui a confié et auquel il s'attache. Il sent que sa vocation n'est pas le cloître et l'aide à choisir sa voie. C'est alors pour Goldmund la vie errante, les aventures galantes; il se décide, par sagesse, à devenir sculpteur: l'art sera une façon de chercher le beau. Philosophe autant que poète et romancier, Hermann Hesse aspire à une civilisation idéale où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité: toute son œuvre est imprégnée de ce désir de conciliation. Novice au couvent de Mariabronn, Narcisse se distingue par son intelligence et sa culture. On lui confie Goldmund, écolier que son père destine à l'état monastique pour expier le passé tumultueux de sa mère. Narcisse s'attache à cet enfant. Il sent que sa vocation n'est pas le cloître et l'aide à choisir sa voie. C'est alors pour Goldmund la vie errante: aventures galantes dont il attend éperdument qu'elles manifestent le visage idéal de la femme, de l' "Eve éternelle", visage mythique venu se substituer à celui de sa mère morte. Une heure de sagesse le décide à se faire sculpteur: l'art sera une façon de chercher le beau. Pourtant il reprendra ses vagabondages... C'est dans le cadre de l'Allemagne du Moyen Age que le romancier Hermann Hesse a situé l'histoire allégorique du moine Narcisse et de l'artiste Goldmund dont la double quête reflète les préoccupations de l'homme, écartelé entre les exigences de l'âme et du corps.

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Histoire de l'architecture

La Grande Motte. Patrimoine du XXe siècle, Edition revue et augmentée

L'édition augmentée d'une étude sur l'une des plus importantes stations balnéaires de France, La Grande Motte, comprenant des entretiens inédits avec les acteurs ayant permis sa conception. Patrimoine du xxe siècle Il n'y avait là qu'un marais, des moustiques, un paysage inhospitalier, avant qu'un jeune architecte talentueux, Jean Balladur, n'y invente une utopie balnéaire moderne : la station de La Grande Motte, sortie des sables à partir de 1964. Un demi-siècle plus tard, en 2010, la cité reçoit le label Patrimoine du XXe siècle. Ainsi aura-t-il fallu le recul de l'Histoire pour dépasser les premières décennies d'incompréhension, de sarcasmes et de polémiques, et que l'on reconnaisse enfin l'exceptionnelle qualité de son urbanisme, de son architecture et de son aménagement paysager. Gilles Ragot, historien de l'art, spécialiste de l'architecture contemporaine, retrace cette aventure visionnaire et nous fait découvrir une cité pensée comme une oeuvre d'art total qui renouvelle le genre de la villégiature. Aujourd'hui, chacun, habitant, estivant ou amateur d'architecture, retrouvera dans cet ouvrage qui se lit comme un " roman d'architecture " les clefs pour comprendre l'importance de La Grande Motte dans l'aménagement de la côte du Languedoc-Roussillon, mais aussi dans l'histoire de l'architecture. L'Odyssée créative Julie Daurel, journaliste, et Nicolas Millet, photographe, ont l'âge de La Grande Motte et l'ont découverte en 2010. Avec l'intuition qu'une cité aussi singulière n'a pu être imaginée que par des bâtisseurs peu ordinaires, ils parviennent à réunir plusieurs des protagonistes de la première heure, architectes, paysagistes, artistes. Leurs interviews et discussions à bâtons rompus racontent cette grande aventure de leur jeunesse et parfois de toute leur vie : la naissance d'une ville.

03/2023

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Milieux naturels

La Vie de la Nature. La Vie des Abeilles, La Vie des Fourmies, L'Intelligence des fleurs et autres écrits naturalistes

Ce volume réunit tous les écrits naturalistes du prix Nobel de littérature Maurice Maeterlinck, dont certains sont depuis longtemps indisponibles. Maeterlinck (1862-1949), disait Gourmont dans Le Livre des masques, fait partie des êtres "douloureux qui se meuvent dans le mystère de la nuit" . A côté de l'oeuvre du poète symboliste, il y a Maeterlinck observateur de la nature. La Vie des abeilles, L'intelligence des fleurs, La Vie des termites, La Vie des fourmis comptent parmi les travaux d'observation à la fois les plus stimulants et les Plus originaux sur la vie naturelle. Le succès de ces ouvrages fut immense : La Vie des abeilles dépassera les 250 000 volumes et assurèrent au poète, dans le domaine des sciences naturelles, une popularité encore plus grande que celle de Jean-Henri Fabre, au point que le biologiste Jean Rostand lui rendait en 1965 un hommage éclatant. "Dans cette Vie des abeilles, de genre inclassable comme le sont beaucoup de vrais chefs-d'oeuvre, Maeterlinck nous communique, nous fait partager l'émotion qu'il éprouve lui-même devant ce petit univers que constitue une ruche. Emotion que provoquent en lui non seulement l'aspect visible, le spectacle fascinant et pittoresque de la frémissante cité, mais aussi tout ce qui fait la vie profonde de ses habitants, l'intimité de leurs moeurs, le secret des consciences séculaires que leur imposent les besoins de la collectivité et les nécessités de l'espèce. Reproduction, sexualité, parthénogenèse, rivalité des reines, soins donnés aux jeunes, discipline sociale, soumission de l'individu du groupe : sur tout cela, il médite, s'interroge passionnément... Par la vertu de son génie. Maeterlinck fera entrer dans le patrimoine littéraire un peu de l'âme du naturaliste".

11/2021

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Variété internationale

Leonard Cohen

Leonard Cohen est un des plus grands poètes de la musique populaire. Ce beau livre présente à travers sa discographie complète sa vie étonnante et la complexité de son oeuvre Pendant un demi-siècle, avec sa voix de baryton, Leonard Cohen aura chanté l'amour et la haine, le sexe et la spiritualité, la guerre et la paix, l'extase et la dépression. Mais aussi et avant tout, la liberté. Liberté d'écrire comme il l'entendait, et liberté de sortir des disques lorsqu'il le voulait. Ou le sentait. Comme on se l'est rappelé grâce au Prix Nobel de Bob Dylan en 2016, les textes de certains chanteurs ont une puissance évocatrice et une poésie unique. Et le génie du Canadien tient à cette intrication entre la performance vocale, les arrangements et les paroles. Tout est inextricablement mêlé. On y trouve un mélange d'humour, d'humilité, de nihilisme, de désespoir et de joie intelligemment articulé par un homme qui avait ce pouvoir unique de tirer toute la poésie des mots, de mettre en lumière nos propres qualités humaines. En fait, Leonard nous a initié à la philo. Il nous a expliqué la beauté et la laideur du monde, et comment faire la part des choses. Et aussi distinguer le bien du mal, car il avait avant tout une belle âme. N'est pas seigneur qui veut. En quelque dix-huit albums, le Montréalais aura signé une oeuvre définitive, passionnante, riche et foisonnante, à laquelle il est utile - en ces temps où la perspective manque de plus en plus chaque jours -, de replonger. Aussi, redécouvrir ces tranches d'une vie étonnante montre que Leonard Cohen n'était pas le gars le plus sérieux du monde. Et sa discographie le prouve au-delà de toute espérance.

12/2021

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Généralités médicales

Karl Landsteiner. L'homme des groupes sanguins , Edition revue et augmentée

La découverte des groupes sanguins est à l'origine du prodigieux essor de la transfusion sanguine. Karl Landsteiner (1868-1943) eut un rôle fondamental dans cette avancée. On lui doit la découverte du principal système de groupes sanguins, les groupes ABO, en 1900-1901, mais aussi des facteurs M et N du système MNS et du système P en 1927. Enfin, il contribue avec Philip Levine et Alexander Wiener à la découverte du système Rhésus (1937-1940). Mais son oeuvre scientifique, immense, ne se limite pas aux groupes sanguins humains. Ses recherches ont aussi porté sur les groupes sanguins des primates, les mécanismes immunologiques de production des anticorps, la bactériologie, avec des études sur la syphilis et les rickettsies, la virologie, avec d'importants travaux menés en collaboration avec l'institut Pasteur de Paris sur la transmission du virus de la poliomyélite (1908-1913). En 1930, Landsteiner est lauréat du prix Nobel de Physiologie ou Médecine pour sa découverte des groupes sanguins chez l'homme. Né à Baden, près de Vienne, enfant unique d'une famille juive, Landsteiner a une jeunesse viennoise. Il est Docteur en Médecine en 1891, assistant dans les instituts d'hygiène puis d'anatomo-pathologie de la faculté de médecine et, en 1908, chef du service d'anatomo-pathologie ("prosecteur") d'un hôpital viennois. Il se marie en 1916 ; son fils, qui restera enfant unique, naît en 1917. Chassé par la misère de l'après-guerre et l'effondrement de l'Empire austro-hongrois, Landsteiner quitte Vienne pour La Haye en 1919, puis pour New York en 1922, où il prend la direction d'un laboratoire de recherche à l'institut Rockefeller. Il y travaille jusqu'à sa retraite officielle en 1939, et même jusqu'à sa mort.

02/2014

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Littérature étrangère

La lucarne

La Lucarne, roman écrit en 1953, perdu dans les tiroirs d'une maison d'édition, retrouvé trente ans plus tard, et que José Saramago avait refusé de publier de son vivant, est une porte grande ouverte sur l'oeuvre du prix Nobel de littérature Le Manuscrit perdu et retrouvé de José Saramago. En 1953, José Saramago remit un roman manuscrit à une célèbre maison d'édition de Lisbonne. Celle-ci ne lui répondit pas et ne lui renvoya jamais son texte. Saramago cessa de publier pendant vingt ans. En 1989, alors qu'il finalisait L'Evangile selon Jésus Christ, la maison d'édition lui téléphona pour l'informer que lors d'un déménagement, elle avait retrouvé son roman et souhaitait le publier. Saramago refusa et s'opposa à ce qu'il soit publié de son vivant. La Lucarne nous parvient donc avec soixante ans de retard. C'est un livre linéaire, d'une écriture classique et d'une lecture facile, qui raconte la vie des habitants d'un immeuble dans une petite ville portugaise, et où toute l'oeuvre à venir est déjà présente. Des couples qui se haïssent, une femme entretenue et une jeune fille qui devient sa rivale, quatre couturières mélomanes et amoureuses des livres, un cordonnier philosophe et son locataire, alter ego de l'auteur. Un roman fait tantôt de bassesses tantôt de grandeur d'âme, profondément subversif pour l'époque, ce qui explique, peut-être, l'absence de réponse de l'éditeur. Des situations en apparence anodines mais aussi profondes qu'universelles, un immeuble où Saramago fait entrer le monde avec pour compagnie Pessoa, Shakespeare ou Diderot et la plupart des personnages de ses romans futurs.

09/2013

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Musique, danse

Little Steven. The disciple of soul

Steven Van Zandt peut se vanter d'avoir intégré deux des plus belles familles artistiques du vingtième siècle, toutes deux liées à l'humanité et à la fidélité qu'il incarne aux yeux de ses pairs. Au début des années mille-neuf-cent-soixante-dix, ses amis musiciens du New Jersey lui trouvent rapidement le surnom de "Miami Steve" puis il se crée celui de "Little Steven" qui deviendra son nom de scène à part entière. S'il est avant tout connu pour être l'ami fidèle de Bruce Springsteen, qui lui fait intégrer officiellement en 1975 son E Street Band, il fait également partie du casting mafieux le plus populaire des séries américaines, The Sopranos. Auteur, compositeur, arrangeur, producteur, il fonde son propre label, Wicked Cool Records, et anime également, depuis 2002, Little Steven's Underground Garage, un podcast célébrant chaque semaine le Rock dans tous ses états, des années mille-neuf-cent-cinquante à aujourd'hui. Homme de coeur, fidèle à ses origines et n'ayant jamais oublié le milieu très modeste d'où il vient, Steve Van Zandt est aussi un activiste qui s'investit politiquement et socialement, notamment dans toutes sortes d'associations caritatives, qu'elles soient en faveur des droits de l'Homme en Afrique du Sud ou en Amérique Latine ou qu'elles soient en lien avec l'éducation et le milieu scolaire. Il lance d'ailleurs en 2007 la fondation Rock and Roll Forever qui a pour but de venir en aide au système éducatif et faire reculer le décrochage scolaire, tout niveau confondu, à travers la musique par toutes sortes d'aides matérielles et de moyens financiers. En novembre 2020, Little Steven fête ses 70 ans et près de 50 ans de carrière. Il était bien temps qu'un ouvrage raconte son histoire.

09/2020

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Histoire internationale

Libéralisme et révolution antifasciste

Dans l'Italie des lendemains de la Première Guerre mondiale, de la prise du pouvoir par Mussolini et de l'établissement de la dictature fasciste, Piero Gobetti (Turin, 1901-Paris, 1926) a traversé en météore l'histoire et la pensée politique. Historien des racines du Risorgimento, traducteur, critique théâtral pour L'Ordine nuovo d'Antonio Gramsci, directeur de revues politiques et littéraires, éditeur publiant les principaux hommes politiques italiens du moment et les premiers poèmes d'Eugenio Montale (prix Nobel 1975), il a rêvé un protestantisme "sui generis" et prôné un libéralisme révolutionnaire et industrialiste dont il trouvait les racines - sans paradoxe - chez Kart Marx, Henry Ford et Martin Luther. Il a surtout incarné l'opposition au fascisme, et sa mort précoce a fait de lui un symbole sur lequel hommes politiques et journalistes transalpins débattent encore aujourd'hui. Parmi les multiples textes politiques publiés en quelques années par Piero Gobetti, pour l'essentiel dans sa revue La Rivoluzione liberale, soixante-dix articles et extraits d'articles écrits de 1922 à 1925 ont été sélectionnés ici : polémiques et mises au point, portraits ou descriptions. Comme une mosaïque, ces textes reflètent son engagement face au fascisme, fondé sur une intransigeance d'abord isolée, puis partagée par l'essentiel de l'opposition après juin 1924 et l'assassinat de Giacomo Matteotti. Ils permettent de suivre l'installation de Mussolini au pouvoir grâce à l'impuissance de ses adversaires, ainsi que l'évolution bouillonnante d'un très jeune homme, confronté à l'Histoire, l'affrontant, y brûlant sa vie. Ils dessinent aussi les contours d'un libéralisme très spécifique, propre à surprendre ceux qui rejettent ce courant de pensée comme ceux qui s'en réclament.

09/2010

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Santé, diététique, beauté

Cholestérol, non-coupable ! 2e édition

L'auteur a travaillé pendant 37 ans chez GSK. Il parle enfin ! Les maladies émergentes des vingtième et vingt-et-unième siècles font peur à tous ! Vous êtes en bonne santé et voulez le rester, ce livre vous intéressera ! Alzheimer, maladie de Chrohn, diabète, obésité, fibromyalgie, autisme, dépression, sclérose en plaques, athérosclérose, maladies cardiovasculaires, maladies auto- immunes et bien d'autres s'accroissent de manière inquiétante. Dans cet ouvrage, vous découvrirez que ces pathologies, considérées comme inévitables, incurables, chroniques, héréditaires, multifactorielles, ne sont pas dues à la fatalité, mais pour partie à des habitudes alimentaires peu adéquates. Des moyens existent pour prévenir, soigner, guérir et éviter ces fléaux qui nous guettent, mais on a délibérément laissé dans i'ombre des données scientifiques irréfutables qui nous permettraient d'avancer dans la bonne voie. Voilà environ un demi-siècle que l'on mène une guerre sans répit au cholestérol, sous prétexte qu'il est coupable des risques cardiovasculaires et autres maladies inflammatoires. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette théorie ne repose sur aucune preuve scientifique valable, mais sur une idéologie dictée par des intérêts économiques : vendre entre autres, des hypocholestérolémiants, en vous détournant des vrais coupables... à savoir les graisses partiellement hydrogénées "trans". L'auteur met en pièce "le mythe du cholestérol" et dénonce les prescriptions abusives d'hypocholestérolémiants (statines, hypolipémiants...). En effet, ce comportement prescripteur médical est en complète contradiction avec les études de Brown et Goldstein, deux prix Nobel, qui ont démontré scientifiquement et de manière irréfutable que l'hypercholestérolémie est la conséquence d'un manque de récepteurs sur les cellules, empêchant le cholestérol, via les LDL, d'y pénétrer. CQFD ! à vous maintenant de changer vos comportements alimentaires après lecture de ce livre !

07/2014

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Généralités médicales

Nos gènes, notre santé et nous

Nous sommes entrés, grâce au décryptage du génome humain, dans l'ère " post-génomique " et il est désormais possible de concevoir le développement d'une médecine largement fondée sur une approche individuelle et personnalisée du patient. Des thérapeutiques adaptées à l'interaction de la réalité génétique de l'individu et de son environnement devraient permettre d'accroître notablement la vie en bonne santé et de ralentir le vieillissement. De plus, cette médecine prédictive personnalisée, qui s'inscrit dans la voie ouverte par le professeur Jean Dausset, Prix Nobel de Physiologie et de Médecine 1980, autorisera une réduction importante des erreurs médicales, comme des troubles et effets indésirables liés à la médication actuelle. Après une présentation de l'état actuel du savoir, des pratiques et des lignes de recherche, et un examen de ce qu'il faut entendre par spécificité génétique individuelle, l'auteur développe dans une seconde partie les ressorts de l'approche individualisée et témoigne du possible concernant les maladies multifactorielles, les pathologies cardiovasculaires et les troubles psychosomatiques. Une attention spécifique est apportée aux problèmes d'ordre éthique que pose la mise en place de cette nouvelle médecine : comment éviter que le " plus " considérable lié à la prise en compte de la spécificité individuelle ne se retourne en une formule moins disante où l'" inégalité " génétique des individus déboucherait sur des soins inégalitaires ? Comment l'avantage de mieux diriger son rapport aux soins peut-il l'emporter sur l'angoisse de connaître les risques auxquels on est soumis ? Comment concilier le droit de chacun au savoir et le respect de la confidentialité ? Cet ouvrage entend à la fois informer des possibilités extraordinaires de la médecine prédictive, insuffisamment connues en France, et donner les clés essentielles pour que puisse être mené dans le maximum de transparence possible le débat de société qui s'impose.

11/2004

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Littérature étrangère

Blanche et Marie

Très jeune, Blanche Wittinan fut enfermée à l'hôpital de la Salpêtrière, où officiait le professeur Charcot, grand spécialiste de l'hystérie des femmes. C'est Blanche que l'on voit sur un tableau, lascivement effondrée dans les bras d'un assistant, offerte aux regards d'hommes tels que Strindberg, Freud ou Jung. Derrière elle, une brouette, clans laquelle on l'a amenée endormie. Des années plus tard, devenue l'assistante de Marie Curie, Blanche, brûlée par la radioactivité, sera amputée des deux jambes et d'un bras et se retrouvera dans une caisse en bois. Dans ses carnets, Blanche parle de fluide magique, de rapport entre radium, beauté, rayonnement de mort et d'amour. Marie Curie, plongée dans ses recherches, détentrice d'un premier prix Nobel puis d'un second, entame après son veuvage une liaison avec Paul Langevin, mais le scandale national l'oblige à l'exil. Désespérée, elle se confie à Blanche, qu'elle a prise comme assistante. Elle veut l'entendre parler de l'amour que lui vouait Charcot, des réponses que donnait Blanche, du meurtre qu'elle dit avoir commis. Des années de travail n'ont pas réussi à occulter la femme, l'amoureuse. Deux femmes, entre passion et recherche, enfermement et écriture. Devant Blanche et Marie, la porte d'un monde nouveau et énigmatique s'est ouverte, et de ce monde leur parviennent des signaux bleutés et scintillants, indiquant peut-être la voie vers la compréhension totale et scientifique de la nature de l'amour. Utilisant le Livre des questions, les carnets de Blanche, Per Olov Enquist nous conte une histoire d'ascension et de chute. Car si la lente dégradation des corps n'empêche en rien la passion qui dévore, arrive toujours un moment où le dialogue d'un être avec lui-même se fait monologue, quelques secondes, puis silence.

01/2006

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Critique littéraire

J.-M.G. Le Clézio. Avec 1 CD audio

Sorti de sa chambre d'adolescence, revenu de ses incursions chez les Indiens, de ses recherches de signes codés, de ses combats pour l'homme, J.-M.G Le Clézio sait que depuis Le Procès verbal, son premier livre publié en 1963, et pour lequel il reçut le prix Renaudot, il a mis en marche une machine littéraire qui ne cesse de creuser dans la direction de Valmy, village que son ancêtre François Alexis Le Clézio a quitté pour prendre la mer. C'est là, pour lui, que le magnétisme de l'île Maurice commence. Divisé en sept chapitres, accompagné d'une anthologie, d'une chronologie, d'une bibliographie et d'un cahier iconographique, l'essai de Gérard de Cortanze aborde les grands thèmes de l'oeuvre de Le Clézio : l'appréhension sensuelle du monde, l'exploration de l'enfance et de l'histoire familiale, le voyage et les peuples amérindiens, la nostalgie des mondes premiers. Il nous dit pourquoi le prix Nobel de littérature 2008 sait, plus que nul autre, nous faire éprouver le désir du réel, nous donner à voir ce qui existe. En un mot : nous offrir un savoir acquis non avec l'abstraite intelligence, mais avec les sens, mais avec la vie. CD audio INA inclus : trois entretiens avec J.-M.G. Le Clézio où il est successivement question du désert et des Gens des nuages, du Mexique, et de l'Afrique et de son père : " Carnet nomade " (avec Jemia Le Clézio, France Culture, 1997), " Mexique, dernier : soleil " (France Culture, 1998), tous deux par Colette Fellous, et " Cosmopolitaine " (France Culture, 1998) par Paula Jacques. Des enregistrements des archives de l'Ina, l'Institut national de l'audiovisuel.

06/2009

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Economie

Quelle mondialisation ? Forum international des 13 et 14 novembre 2001

L'Académie universelle des cultures présidée par Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix, organise chaque année un forum international, au cours duquel les membres de l'Académie et des experts de toutes disciplines approfondissent un thème de société. En posant la question " Quelle mondialisation ? ", l'Académie a choisi de s'interroger sur un sujet souvent prétexte à des prises de position hâtives. Au fil des travaux, plusieurs points importants ont été mis en lumière : La mondialisation n'est pas un phénomène nouveau dans l'histoire de l'humanité. Elle ne consiste pas non plus en un simple alignement sur des valeurs et des méthodes occidentales, voire américaines. On assiste tout au long de l'histoire à de puissantes interactions entre les peuples et les cultures, et les mouvements actuels s'inscrivent dans cette tradition. La mondialisation n'est pas une tragédie. Elle a enrichi la planète du point de vue scientifique, technologique, humanitaire et culturel. Elle a apporté à beaucoup un mieux-être économique. L'un des problèmes cruciaux est celui du partage plus équitable des fruits de la mondialisation entre pays riches et pauvres, mais aussi entre les divers groupes humains au sein des nations. On ne peut écarter non plus les difficultés soulevées par le conflit entre les tentations hégémoniques des pays dominants et le droit universel au développement. Construire et encadrer la mondialisation est la réponse indispensable aux inquiétudes que suscite le phénomène. Le monde a changé depuis les accords de Bretton Woods. Des Etats ont secoué le joug de l'impérialisme, et des peuples ont proclamé leur aspiration à jouir de la démocratie et des droits de l'homme. Il faut donc chercher une solution politiquement responsable aux problèmes de régulation internationale, de liberté des mouvements et de préservation des identités culturelles.

06/2002

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Critique littéraire

Alexis Léger dit Saint-John Perse

Cette première véritable biographie de Saint-John Perse réunit enfin ce qui a été séparé par Alexis léger lui-même, la vie du diplomate et celle du poète. le lecteur qui ouvre sa Pléiade ne peut en effet qu'être fasciné par une série de contradictions. le poète y affirme l'irréductibilité de l'œuvre au fait historique, mois multiplie les confidences biographiques. II se targue de son premier rifle dans la conduite de la politique étrangère de son temps, mois s'exonère du naufrage à quoi elle a abouti. Le lecteur découvre une vie dont il pressent Io port romanesque et qui méritait d'être réécrite. Il a fallu, pour relever ce défi, mener une longue enquête, rétablir les faits dissimulés, reconstituer le perpétuel palimpseste du diplomate, qui effaçait ses traces à mesure qu'il révisait sa politique pour donner le sentiment qu'elle était immuable. Les mystifications d'Alexis ne sont pas seulement un rideau de fumée à dissiper. Elles permettent de plonger l'individu dans le bain de son époque et offrent la garantie, en s'intéressant à une personne, de connaître une société. Épris de puissance et de gloire, le secrétaire général du Quai d'Orsay a voulu la conférence de Munich, pour le bien de la France et celui de sa carrière. II a bataillé secrètement contre de Gaulle, en espérant rafler la mise, à la libération, ove( le soutien de l'Amérique, où il s'était réfugié. Le poète a œuvré avec sa science de diplomate, fort de ses réseaux, pour obtenir le prix Nobel de littérature. Renaud Molli, avec cette biographie totale, offre une relecture passionnante d'un destin qui se voulait exemplaire sans se dévoiler, et d'un prophétisme qui se prétendait infaillible malgré le désastre de 1940.

10/2008

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Beaux arts

L'art, avec pertes ou profit ? Des compétences de l'art dans l'entreprise

On voit fleurir en Europe des entreprises arty à l'image des entreprises "éthiques" . Ainsi, la banque Neuflize OBC (France) et le groupe Lhoist (Belgique), producteur mondial de chaux, passent régulièrement commande auprès de photographes contemporains ; l'industriel Akzo Nobel (Pays-Bas) a créé une fondation qui accueille des artistes en résidence ; le groupe Teseco (Italie), spécialisé dans le traitement écologique des déchets, a mis en oeuvre un "laboratoire pour l'art contemporain" ; le Deutsche Guggenheim (Berlin), nouveau musée d'art contemporain, est issu d'une joint-venture entre la Deutsche Bank et la fondation Guggenheim. Cet intérêt, voire cette prédilection pour l'art touche les grands groupes comme les petites et moyennes entreprises. Pourtant, l'alliance ne va pas de soi. Dans quel (s) but (s) l'entreprise s'intéresse-t-elle à l'art ? Et avec quelle légitimité ? Quelle finalité l'art peut-il trouver dans le monde du travail ? S'y dévoie-t-il ? A ces questions les auteurs répondent en étudiant différents exemples européens et la particularité française : le pays de l'exception culturelle demeure aussi celui du mécénat modeste, en dépit de signes encourageants, telle la loi du 1er août 2003. Que l'entreprise soit utile à l'art et singulièrement à l'art d'aujourd'hui, les auteurs en sont cependant convaincus. Car ils ont enquêté à l'échelle européenne et relevé, pays par pays, des stratégies et des méthodes entrepreneuriales convaincantes : soutien de projets, production d'oeuvres, collections et fondations d'entreprise. Ils analysent cette capacité de l'art à jouer divers rôles : faciliter l'expression des identités, véhiculer des valeurs culturelles, enrichir le quotidien des salariés... Autant de raisons pour lesquelles l'oeuvre d'art exerce sur l'entreprise une attraction sans précédent.

03/2007

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Philosophie

LE CREPUSCULE DU DEVOIR. L'éthique indolore des nouveaux temps démocratiques

Bioéthique, charité médiatique, actions humanitaires, sauvegarde de l'environnement, moralisation des affaires, de la politique et des media, débats autour de l'avortement et du harcèlement sexuel, croisades contre la drogue et le tabac : partout la revitalisation des " valeurs " et l'esprit de responsabilité sont brandis comme l'impératif premier de l'époque. Il y a peu, nos sociétés s'électrisaient à l'idée de libération individuelle et collective, aujourd'hui elles vont proclamant qu'il n'est plus d'utopie possible que morale. Pour autant, il n'y a aucun " retour de la morale ". L'âge du devoir rigoriste et catégorique s'est éclipsé au bénéfice d'une culture inédite qui diffuse davantage les normes du bien-être que les obligations suprêmes de l'idéal, qui métamorphose l'action morale en show récréatif et en communication d'entreprise, qui promeut les droits subjectifs mais fait tomber en déshérence le devoir déchirant. Désormais, le label éthique est partout, l'exigence de se dévouer nulle part. Nous voici engagés dans le cycle postmoderniste des démocraties répudiant la rhétorique du devoir austère et intégral, couronnant les droits individuels à l'autonomie, au désir, au bonheur. Nouvelle phase de la culture individualiste qui n'exclut pas les revendications intransigeantes et leur aveuglement. Face aux menaces du néomoralisme comme du cynisme à courte vue, il convient de réhabiliter l'intelligence en éthique qui se montre moins soucieuse d'intentions pures que de résultats bénéfiques pour l'homme, qui n'exige pas l'héroïsme du désintéressement mais l'esprit de responsabilité et la recherche de compromis raisonnables. Libéralisme pragmatique et dialogué ou nouveau dogmatisme éthique ? Le visage de demain sera à l'image de cette lutte que se livrent ces deux logiques antagonistes de l'après-devoir.

02/2000

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Critique littéraire

Correspondance générale. Tome 7, 1937-1939

1937 : la guerre fait rage en Espagne, elle éclate en Chine. 1938 : elle manque embraser l'Europe ; en mars c'est l'Anschluss, en septembre Munich. 1939 : les Allemands occupent Prague, envahissent la Pologne ; la Seconde Guerre mondiale commence. Témoin angoissé de ces événements, Roger Martin du Gard se scandalise de voir les nations démocratiques se résigner peu à peu à la guerre pour régler les problème internationaux. A mesure que le danger grandit, son pacifisme devient plus inconditionnel. "Tout plutôt que la guerre", répète-t-il. En 1938, il est résolument munichois, et, au début de 1939, las de ce monde absurde "où des fous conduisent les aveugles", il tente de s'en évader en quittant l'Europe pour un long séjour aux Antilles. Il en revient en décembre, amer , affligé, mais convaincu enfin qu'il faut se battre et vaincre. Le malheur du temps ne détourne pas l'écrivain de sa tâche. Si le bénédiction des Lettres semble avoir pris quelque distance à l'égard de son oeuvre, il n'en rédige pas moins l'Epilogue destiné à couronner ses Thibault, auxquels le prix Nobel vient apporter, en 1937, une éclatante consécration. II ne renonce pas non plus à un art de vivre inspiré de Montaigne, son maître de toujours : il découvre Rome, ses beautés, ses plaisirs, participe, avec une ironie amusée, aux festivités de Stockholm, voyage deux mois durant en Europe, cultive l'amitié dans son Tertre retrouvé ou à Pontigny sous la charmille, se plaît enfin à admirer la splendeur de la nature tropicale et la grâce des êtres qui la peuplent. Au cours de ces années tourmentées, R.M.G. a su maintenir son équilibre et rester fidèle à lui-même.

10/1992

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Economie

DECHIFFRER LES GRANDS AUTEURS DE L'ECONOMIE ET DE LA SOCIOLOGIE. Tome 2 , Les héritiers

Ce tome 2 présente les auteurs majeurs de l'après-guerre dans les domaines de l'économie et de la sociologie : François Perroux, Milton Friedman, Friedrich Hayek, Pierre Bourdieu, John K. Galbraith, Albert Hirschman, Joan Robinson, Gunnar Myrdal ou Nicholas Kaldor. Connaître les travaux des économistes et des sociologues qui, par le passé, ont marqué l'histoire de leur discipline est un exercice imposé pour tous les étudiants ou lycéens en sciences sociales. Mais c'est aussi, pour les non initiés, un excellent moyen de comprendre la logique des débats actuels d'experts sur l'emploi, la croissance, les inégalités... Le parti de ce livre n'est donc pas celui de l'exhaustivité, mais de la clarté : après le tome 1 de Déchiffrer les grands auteurs de l'économie et de la sociologie (des mercantilistes à Schumpeter et Keynes), ce tome 2 présente les auteurs majeurs de l'après-guerre (François Perroux, Milton Friedman, Friedrich Hayek, Pierre Bourdieu, John K. Galbraith, Albert Hirschman, Joan Robinson, Gunnar Myrdal ou Nicholas Kaldor). Avec cette qualité de style qu'on lui connaît pour rendre vivantes et accessibles les analyses de spécialistes, Denis Clerc expose de façon remarquablement limpide l'originalité scientifique de chacun des auteurs sélectionnés, et leur polémiques - parfois vives - sur des débats toujours d'actualité : l'aggravation des inégalités nuit-elle à la croissance économique, comme le pense N. Kaldor ? Pourquoi J. Robinson, F. Hayek, M. Friedman ou J. Hicks plaident-ils pour, ou contre, l'intervention économique de l'Etat ? Peut-on relancer la croissance et l'emploi en créant de la monnaie ? Comment le prix Nobel A. Hirschman explique-t-il le rôle des idées et des mouvements sociaux dans l'évolution économique ? ... Des débats académiques qui n'ont rien d'académique !

09/1997

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Littérature étrangère

Le Maître ou le Tournoi de go

Yasunari Kawabata, le grand romancier japonais, prix Nobel de littérature en 1968, nous donne ici son oeuvre la plus dépouillée - celle qui lui tenait le plus à coeur. En racontant un tournoi de go, qui se déroula réellement en 1938 et qui est resté célèbre dans les annales de cet art, il analyse avec une minutie passionnée le drame d'un vieux lutteur qui succombe. Car, sous le couvert d'un cérémonial quasi liturgique, dans le cadre séduisant d'une auberge de campagne japonaise, le vieux Maître, le héros jusqu'alors invaincu de tant d'autres "rencontres", mène son dernier combat. En face de lui, un adversaire plus jeune, qui représente une autre sensibilité, un autre monde. Le Japon ancien affronte le nouveau, la tradition se défend contre le changement. Sans que nul élève la voix, mais dans un climat d'une tension parfois insoutenable, le vieil homme va tomber sous les coups d'une puissante presse affairiste, des ambitions de la génération montante, et des intrigues de son entourage. En contre-point, l'auteur, ce merveilleux poète qui était aussi un habile joueur de go, commente les coups de cette partie pour laquelle même les non-initiés se passionneront et qui devient, sous sa plume, un jeu de vie et de mort. On songe au Hermann Hesse du Jeu des perles de verre, ou au Nabokov de La Défense Loujine. Comme eux, mais de la manière unique qui est celle des conteurs orientaux, Kawabata sait évoquer les pouvoirs d'un haut divertissement de l'esprit, et en manier les symboles. Ainsi parvient-il, sans effort apparent, à exprimer la réalité la plus vaste. "Il suffit d'une branche d'arbre bien peinte", a-t-il dit en citant le peintre chinois Chin Nung, "pour qu'on entende le bruit du vent".

06/1982

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Biographies

Soljénitsyne et la France. Une oeuvre et un message toujours vivants

L'Institut de France et la Sorbonne ont donné abri et prestige à la grande conférence internationale qui s'est tenue en novembre 2018 pour célébrer en France, à Paris, le centenaire d'Alexandre Soljénitsyne qui fut le quatrième Prix Nobel russe de littérature. Certes il n'a pas élu domicile en France, mais lui et sa femme Natalia y séjournèrent plus que dans tout autre pays occidental, hormis la Suisse et l'Amérique. L'écrivain se déclara même surpris qu'elle soit devenue pour lui '' une deuxième patrie ''. Les ors de la République comme les voix des lycéens et étudiants se sont unis pour questionner l'oeuvre d'Alexandre Soljénitsyne, ajoutant ainsi une page importante à l'histoire déjà riche de la " réception " de Soljénitsyne en France. Vingt-six personnalités : politiques, historiens, philosophes, romanciers ou psychanalystes - français, russes, américain, italien - ont évoqué, chacun à sa façon, la vie et l'esprit d'un lutteur, d'un bagnard devenu immense romancier, d'un captif de l'idéologie qui a brisé ses chaînes et retrouvé le Dieu que sa mère et son grand-père lui avaient inculqué. De ces journées comme de ce livre, il restera une impression d'avoir touché aux mains et à l'esprit d'un champion qui s'est libéré et qui peut encore nous apprendre à nous libérer, nous aussi. Les participants : Georges Nivat, Pierre Morel , Xavier Darcos, Catherine Bréchignac, Gilles Pécout, Jean-Yves Le Drian, Jean-Michel Blanquer, Hélène Carrère d'Encausse, Pierre Manent, Daniel Mahoney, Ludmila Saraskina, Michel Niqueux, Luba Jurgenson, Michel Crépu, Edgar Morin, Jean-Claude Casanova, Tatiana Victoroff, François Euvé, Patrick Pouyanné, Chantal Delsol, Antoine Compagnon, Bérénice Levet, Hervé Mariton, Alexandre Arkhangelski, Julia Kristeva, Carlo Osola.

03/2021

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Critique littéraire

Mishima

En 1970, à quarante-cinq ans, Yukio Mishima, le plus brillant écrivain de sa génération, auteur de quarante romans, dix-huit pièces de théâtre, vingt volumes de nouvelles et autant d'essais littéraires, à la fois metteur en scène, acteur, escrimeur d'élite et athlète, déjà trois fois pressenti pour le prix Nobel, horrifiait le monde entier en se suicidant en public par seppuku : après qu'il avait enfoncé un sabre dans son abdomen, un cadet qui l'assistait achevait le rituel en lui tranchant la tête. C'était la conclusion épique et sanglante d'une vie tout entière gouvernée par une quête éperdue de pureté et de sublime. Deux ans plus tard, John Nathan entreprenait la biographie de cette figure hors du commun, qu'il avait un moment fréquentée avant de s'en éloigner. L'ouvrage, paru voici un demi-siècle et republié aujourd'hui révisé et enrichi d'une préface inédite de l'auteur, reste un phare dans l'océan des études consacrées à l'auteur de Confession d'un masque. Nourri des témoignages directs de Mishima lui-même, de sa veuve, ses parents, ses proches et de nombreux documents jusqu'ici inaccessibles, il restitue le portrait complexe, volcanique, de cet homme à la volonté surhumaine. John Nathan décrit la vie apparemment ordinaire d'un époux et père épris d'absolu. Il explore le génie et la manière d'un écrivain aux multiples registres. Il interroge l'homosexualité et les pulsions masochistes qui l'habitaient, son obsession de la mort, son ambition de se constituer en légataire de l'idée japonaise du beau. Et il met en miroir le goût de Mishima pour les choses modernes et son attachement au legs impérial, comme son hostilité à la démocratie qui aurait spolié le Japon de son âme.

11/2020

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Revues de psychologie

Cancers & psys N° 6 : L'amour aux temps du cancer

Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien, prix Nobel de Littérature, est mort d'un lymphome hodgkinien en 2014. Cent ans de solitude (1967), Chroniques d'une mort annoncée (1981), ses livres ne parlaient pas de cancer. Ni même de choléra. Mais ils parlaient souvent d'amour ! Tiens, pourquoi L'Amour aux temps du choléra (1985) ? Cette question en rappelle une autre, celle du grand poète allemand Hölderlin, qui figure dans une strophe de l'élégie Pain et Vin, composée vers la fin de l'année 1800 : " Wozu Dichter in dürftiger Zeit ? " (" Pourquoi des poètes en temps de détresse ? "). En quoi nous concerne- t-elle cette question, nous les psychistes qui intervenons au quotidien auprès de malades somatiques ? Plus largement, porte-t-elle dans son énoncé même une vérité précieuse sur notre travail au quotidien ? Remettre de la beauté aux temps de la laideur et du bonheur aux temps du chagrin ? Répondre, c'est évidemment clarifier en même temps le point de savoir qui nous sommes en ces lieux qui n'ont souvent d'hospitaliers que le nom. Et si notre tâche, à l'occasion de cette expérience extrême au sens où elle met un temps en danger de mort, était l'occasion de ré-arrimer sur Eros nos patients ? Psychologues, psychiatres, psychanalystes en oncologie prêtent-ils alors leur présence, leur corps comme espace transitionnel, espace de traduction provisoire des angoisses souvent innommables chez leurs patients ? Ne deviennent-ils pas cet objet transformationnel au sens de Christopher Bollas, qui permet d'ouvrir une aire de jeu pour que leurs patients puissent vivre pleinement le temps qui reste ? Alors, pourquoi des psychistes en terres oncologiques ? L'amour aux temps du cancer resterait-il à écrire ?

03/2023

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Critique littéraire

Albert Camus contre la peine de mort

Publié à l'occasion du trentenaire de l'abolition de la peine de mort (loi du 10 octobre 1981), ce recueil rassemble pour la première fois l'intégralité des textes d'Albert Camus sur le sujet. Il contient par ailleurs quelques textes inédits (principalement des lettres, personnelles ou collectives). La pensée du Prix Nobel 1957 a joué un grand rôle, à l'instar de celle de Victor Hugo au XIXe siècle, dans le combat abolitionniste : donner à lire l'ensemble des textes au travers desquels Albert Camus s'éleva contre la peine de mort signifie mettre en lumière un pan méconnu de la pensée intime et de l'activisme de l'auteur. Si Camus publie en 1957 ses "Réflexions sur la guillotine", bientôt incluses dans l'ouvrage collectif Réflexions sur la peine capitale, cet essai célèbre s'accompagne en effet d'une constellation d'écrits qui interrogent, analysent et dénoncent l'illégitimité du couperet. Documents inédits, lettres envoyées à titre privé, extraits de carnets, d'allocutions, d'écrits fictionnels et journalistiques connus se répondent ici pour révéler, dans sa complexité et sa profondeur, la préoccupation d'une vie : "sauver les corps". Ces textes d'invention et d'intervention retracent une conviction abolitionniste ébranlée à la Libération, mais qui n'en traverse pas moins résolument les plus sombres événements du XXe siècle : la dictature franquiste, la Seconde Guerre mondiale, la guerre civile grecque et ses suites, les répressions perpétrées en Europe de l'Est sous l'égide du stalinisme, la guerre d'Algérie, etc. Camus ne se détourne d'aucune des questions pressantes de son temps, qu'elles soient politiques, historiques ou humaines. L'ouvrage se termine par un court essai d'Eve Morisi sur la peine de mort dans les romans de Camus.

10/2011

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Histoire de l'art

Adèle de Rothschild, Jeanne et Madeleine Smith. Collectionneuse, artistes et mécènes

A l'origine de la Fondation des Artistes, on trouve deux actes de générosité : le legs par la baronne Adèle de Rothschild de son hôtel particulier du 11 rue Berryer à Paris et celui des soeurs Smith, Jeanne Smith et Madeleine Smith-Champion qui lèguent leur domaine de Nogent-sur-Marne. Toutes trois passionnées d'art, collectionneuses et artistes, elles offrent à l'Etat leurs biens pour soutenir les artistes. La première a légué, en 1922, l'Hôtel Salomon de Rothschild rue Berryer à Paris ; il est aujourd'hui le siège d'associations d'artistes et celui de la Fondation des Artistes. Ses très beaux salons, classés monuments historiques, exploités par une société organisatrice de réceptions de prestige, accueillent des manifestations haut de gamme. Les secondes ont offert, en 1944, leurs propriétés au coeur de Nogent-sur-Marne, composées de deux maisons d'agrément des XVIIe et XVIIIe siècles et d'un grand parc à l'anglaise de 10 hectares. Le site de Nogent-sur-Marne a obtenu en 2018 le label Patrimoine d'Intérêt Régional. En 1976, Bernard Anthonioz alors chef du service de la création artistique au Secrétariat d'Etat à la Culture, a l'intuition de regrouper ces deux legs en une seule fondation chargée de les administrer pour respecter les voeux des donatrices. La Fondation, dès lors, a vocation à accompagner les artistes aux étapes déterminantes de leur carrière, de l'entrée dans le milieu professionnel au sortir de l'école d'art à l'attribution d'un atelier, du financement décisif d'un projet au rayonnement international de leurs recherches plastiques, de la diffusion de leur travail dans un lieu d'exposition jusqu'à l'accès à une maison de retraite.

10/2022

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Critique littéraire

Mo Yan, le lieu de la fiction

Rien n'est plus frappant que la parole transgressive, truculente et torrentielle de Mo Yan. Depuis plus de trente ans, cette parole est inséparable d'un lieu : le canton du Nord-Est de Gaomi, dans le Shangdong, où est né Mo Yan. Yinde Zhang étudie ici le travail de l'écrivain à travers ce " lieu de la fiction ", territoire réinventé qui engendre une verve irréductible à toute instrumentalisation et à toute simplification. Cette création verbale originale, enracinée dans la culture locale tout en manifestant sa portée universelle, est le lieu d'où s'expriment la révolte, la dérision, la violence ordinaire des hommes, l'amour et le rire. Lieu de la parole, matrice du style, de la langue et de la création que l'on compare bien souvent au Macondo de Garcia Marquez ou au Yoknapathawpha de Faulkner. En proposant une lecture globale de l'œuvre, Yinde Zhang questionne d'abord ce positionnement de l'auteur entre culture populaire, terroir, langue parlée et littérature universelle sous l'angle de l'ironie et du grotesque. Mo Yan casse les règles, les subvertit et crée un monde propre où dieux, animaux et plantes forcent les frontières de la pensée et du sentiment. S'arrêtant ensuite sur les romans les plus significatifs et les plus retentissants de Mo Yan, Yinde Zhang dévoile la logique évolutive de son écriture. Bien loin de la littérature de terroir, son œuvre s'articule nettement autour des questions posées par la modernité (violence intrinsèque au matérialisme triomphant, écologie, bioéthique). En conclusion, Yinde Zhang dresse une analyse très éclairante de la position de Mo Yan, " engagé littéraire ", face à la Chine et au monde, telle qu'elle a pu être discutée lors de l'obtention du prix Nobel.

09/2014