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Histoire internationale

Les villes vivantes. Italie XIIIe-XVe siècle

Villes vivantes, villes de la Vénétie ou de la Lombardie, de la Toscane ou de l'Ombrie, villes médiévales... Florence et Venise, Bologne et Milan, Rome et Sienne, Pérouse et Trévise, les villes d'Italie animèrent une aventure d'une extraordinaire intensité: l'aventure d'agglomérations en mouvement, lancées à la conquête de leurs campagnes proches ou d'espaces économiques plus lointains, riches d'activités quotidiennes comme de leur implication dans les échanges internationaux. L'histoire de cités actives et peuplées, singulières et dominantes qui se construisirent et s'embellirent dans le bruit et la poussière des chantiers, dans les flux des hommes, des marchandises et des capitaux, dans l'action des élites qui les gouvernaient et le travail de tous ceux qui œuvraient au dégagement des rues ou à l'édification des premiers palais. Au temps de l'expansion économique et de la croissance démographique, dans les décennies du grand bond en avant de l'Italie, à l'heure ensuite des difficultés, des adaptations et des reconversions, ce furent, pour Venise, Pise, Gênes ou Pistoia, autant de défis à relever, de réponses à imaginer. Des défis synonymes d'approvisionnement en eau, de gestion des nuisances et des risques, de protection des métiers urbains, des réponses qui s'attachaient à la beauté des églises ou à la préservation de la cohésion sociale. De l'âge des communes au temps de la première Renaissance, Élisabeth Crouzet-Pavan analyse ici un fait urbain qui fut exceptionnel dans le paysage de l'Europe occidentale. En portant le regard sur les groupes sociaux et les individus, les espaces ou les monuments, elle dépeint comment, dans les crises et les conflits autant que l'harmonie mais au gré d'une dynamique toujours forte et d'une capacité d'invention, ces villes vécurent, villes réelles, villes rêvées, villes voulues, villes diverses, villes heureuses, villes malheureuses, villes vivantes... Des villes vivantes aussi parce que confrontées à bien des interrogations de la cité d'aujourd'hui...

04/2009

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Littérature française

Interaction Covid-19

Ce n'est pas une fiction. Le Covid19 a pris le temps de bien nous étudier... il a muté de l'animal à l'homme. Sa capacité de nuisance est révélatrice de ce qu'il impose à notre société, la distanciation forcée. C'est le seul moyen de quantifier ce mal étrange venu d'Asie qui décime aléatoirement la population mondiale quel que soit notre lieu de vie, ignorant notre statut social. En attendant la découverte d'un vaccin salvateur, les gestes barrières sont les seules options pour ne pas être atteint par le Covid19. Notre société est régie par la capacité de ses acteurs à s'interagir entre eux. Cette organisation comporte ses propres codes. Tout a commencé en Chine. Des morts suspectes ont alerté le docteur Li Wenliang qui s'empressa d'alerter à son tour le monde entier. Il n'avait pas tort. Ce qui tuait ses compatriotes est bien pire ! C'est un redoutable virus qui s'attaque aux voies respiratoires des humains. Début décembre 2019, avec sept autres confrères le médecin Li Wenliang a tenté d'alerter le gouvernement chinois sur l'imminence d'une possible épidémie du type SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) à Wuhan, au centre du pays. Mais au lieu de louer sa veille, lui et ses collègues ont été réprimés et accusés de répandre des rumeurs fausses. Le nombre de morts toujours croissant a fini par faire comprendre aux autorités chinoise qu'il fallait réagir de manière drastique : le confinement a été la solution choisie et le port de masques.

10/2020

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Livres 3 ans et +

Ouvre-moi !

OUVRE-MOI Par Muka Thèmes abordés : partage / différence / amitié Niveau de lecture : dès 3 ans. L'album : Un ours et un enfant dans la même maison ? Quelle drôle d'idée ! Pourtant le petit garçon n'hésite pas à ouvrir à ce gros ours qui cherche un refuge pour l'hiver. Ce qui ne semble pas être une très bonne idée au départ se révélera plus que bénéfique par la suite ! Ce qu'il faut en penser : Muka offre beaucoup de tendresse dans cet album. A la fois drôle et touchant, Ouvre-moi est une ode à la différence et au partage qui démontre qu'avec amour et patience, on peut vivre ensemble et y trouver beaucoup de plaisir. L'histoire est simple mais offre pas mal de rebondissements : - Au départ, on a peur pour ce petit garçon qui par charité laisse entrer un ours chez lui. - Puis on réalise que l'histoire ne sera pas effrayante mais drôle : l'ours est plutôt une nuisance qu'un danger. Il est trop grand, trop maladroit, trop encombrant... - C'est quand l'enfant, excédé, décide de chasser l'ours qu'on comprend que cet album illustré est bien plus qu'une histoire amusante. L'ours, c'est l'autre. Difficile à supporter, mais salvateur parfois, et tellement enrichissant. L'auteur et illustrateur : Muka est coréen. C'est au détour d'une table à Bologne que nous avons aperçu ce projet si attachant et décidé de lui faire une place dans notre catalogue.

11/2016

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Histoire de France

Les vampires : éliminations et sabotages. Résistance, 1943-1945

Novembre 1942, la Wehrmacht envahit la zone libre, entraînant de fait l'implantation des services de police et de répression allemands au sud de la Loire. Ces derniers ne peuvent trouver une véritable efficacité sans le concours du régime de Vichy. Ainsi, des Français sans vergogne, agents de la Sipo-SD ou de l'OPA, miliciens, collaborateurs de tout poil aux motivations souvent plus vénales qu'idéologiques, deviennent les auxiliaires zélés de l'occupant. Pour la Résistance, dont les bases sont déjà solidement établies, le pouvoir de nuisance de ces traîtres représente un danger capital. Dans la région clermontoise, Émile Coulaudon, futur commandant des FFI d'Auvergne, décide de former une unité spéciale en charge des éliminations de « collabos ». Créé à partir du groupe sédentaire rassemblé par Lucien Blanchet, le corps franc des Vampires s'organise progressivement et devient opérationnel. Exécutions et sabotages spectaculaires sont le quotidien de ces combattants de l'ombre qui, pour parvenir à leurs objectifs, doivent régulièrement infiltrer les informateurs de l'ennemi et fréquenter la pègre locale. Entraînés par des chefs inflexibles comme « Bernard », « Cristal » ou « Carpentier », les membres du corps franc prélèvent le tribut du sang et instaurent un climat de psychose chez certains collaborateurs. Traqués tant par la police de Vichy et la Milice que par les services allemands, ils rendent coup pour coup dans la lutte sans merci qui s'est engagée. Loin des combats glorieux du mont Mouchet ou de la Truyère, les Vampires vont ainsi écrire une des pages les plus délicates et méconnues de la Résistance.

03/2015

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Sciences politiques

L'impuissance de la puissance. Essai sur les incertitudes et les espoirs des nouvelles relations internationales

La puissance n'est plus ce qu'elle était. La fin de la bipolarité, les échecs du développement, la prolifération de formes nouvelles et disséminées de violence ont eu raison des certitudes de naguère. Les armées les plus modernes ou les plus sophistiquées échouent devant les actes de terreur les plus élémentaires ; à mesure qu'elles s'affirment, les dominations essuient davantage de contestation qu'elles ne recueillent d'adhésion ; quant aux menaces les plus diverses, elles échappent à tout espoir de contrôle. Les Etats-Unis sont au centre du paradoxe : jamais un Etat n'a, dans l'Histoire, accumulé autant de ressources de puissance ; jamais pourtant il ne s'est révélé aussi peu capable de maîtriser les enjeux auxquels il doit faire face. La puissance ne peut plus se régaler aujourd'hui des effets revigorants du gladiateur ennemi qui fait face avec le même poids et les mêmes recettes. Privés d'ennemi qui leur ressemblent et qui leur opposent une puissance crédible, les Etats-Unis doivent aujourd'hui affronter une nuisance qui change l'équation du jeu international, tout en étant redoutable et extrêmement difficile à combattre. Derrière ces bouleversements stratégiques se cachent non seulement la fin des guerres d'autrefois, des formes nouvelles de violence et de conflit, mais surtout l'ouverture de la scène internationale aux individus et aux sociétés, c'est-à-dire à l'Autre, celui qu'on connaît mal ou qu'on choisit d'ignorer, qu'on accable d'humiliations faute de pouvoir le forger à son image. En bref, l'ignorance du monde post-bipolaire alimente ainsi de nouvelles violences et crée de nombreux dangers dont seul le multilatéralisme saura nous protéger.

10/2004

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Actualité politique internatio

Poutine ou l'obsession de la puissance

L'Occident s'est longtemps trompé sur Poutine. Fermant les yeux sur les nombreux signaux d'alarme émis par son régime dès les premiers jours, il a vu en lui un chef "pragmatique" dont la préoccupation principale est de s'enrichir et d'enrichir ceux qui le servent. Mais pour Poutine, l'argent est avant tout l'instrument indispensable de la puissance, qui permet d'acheter des hommes et des armes. En politique intérieure et en politique étrangère, l'évolution de la Russie poutinienne suit une trajectoire parallèle. Dès que Poutine se sent en position de force, la corruption et la cooptation, sans être abandonnées, cèdent la place à l'intimidation et la terreur : les opposants sont empoisonnés, les Etats voisins sont agressés, les pays occidentaux menacés de frappes nucléaires s'ils ne se soumettent pas à la volonté de Moscou. Le poutinisme est un phénomène inédit dans l'histoire, un régime nihiliste obsédé de puissance, qui s'adonne à la nuisance sans le moindre motif rationnel, sans le prétexte d'une idéologie articulée, au détriment même des intérêts de la Russie. Ce livre est essentiel pour comprendre en profondeur les ressorts de l'action du Kremlin. Françoise Thom, agrégée de russe, est maître de conférences (HDR) émérite en histoire contemporaine de l'université Paris-Sorbonne. Spécialiste de l'URSS et de la Russie postcommuniste, elle a publié de nombreux ouvrages, dont Les Fins du communisme (1994), Beria : le Janus du Kremlin (2013), Géopolitique de la Russie (avec J. -S. Mongrenier, 2016) et récemment La Marche à rebours. Regards sur l'histoire soviétique et russe (2021).

10/2022

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Ouvrages généraux

Genèse du Kurdistan. Les Kurdes dans l'Orient mamelouk et mongol (1250-1340)

Au mitan du XIIIe siècle la dynastie ayyoubide quittait le pouvoir en Egypte et bientôt en Syrie. Le sultanat de Saladin avait été caractérisé par une forte présence kurde à la fois au sein des armées du royaume et dans les plus hautes fonctions civiles politiques et judiciaires. Sa chute au profit d'un groupe de militaires turcs d'origine servile, les Mamelouks, entraîna la marginalisation progressive des émirs et des notables kurdes. L'influence des Kurdes au sein de l'Etat mamelouk naissant fut bien réelle, mais au fur et à mesure qu'elle s'éteignait, elle se muait en une faible capacité de nuisance menant à de vaines conjurations. Les Kurdes n'eurent plus qu'une place politique périphérique dans l'Egypte et la Syrie du début du XIVe siècle. Que devenait alors la asabiyya kurde ("l'esprit de corps") qui avait soutenu la dynastie ayyoubide ? La phase historique qui s'ouvrait marquait les débuts d'une reconfiguration de la place des Kurdes au Levant ainsi qu'aux marges des Empires, au Kurdistan. L'ouvrage a donc pour ambition l'étude du processus pluriel de construction d'un territoire des Kurdes entre Anatolie et plateau iranien. Des tribus belliqueuses ancraient leur histoire dans les montagnes de ce lieu-refuge. Elles y établissaient l'ordre intra et intertribal, matrice de leur autonomie. Les grands Etats du Moyen-Orient (Mamelouks et Ilkhanides mongols), quant à eux, entérinaient cet édifice et contribuaient de manière décisive aux transformations spatiales, par le pouvoir de nommer les lieux et de coopter les hommes. La convergence paradoxale de leurs politiques impériales rivales s'impose comme le facteur crucial d'une autochtonisation des Kurdes.

03/2021

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Histoire de France

Un diable qui te porte. avec "Les Papes Al Dante"

Au milieu du 14e siècle, la peste noire a plongé l'Europe dans la frayeur et l'incompréhension. Ce Covid médiéval ne pouvait être qu'une punition infligée par Dieu lui-même, sinon un coup tordu de son collègue le Diable. Cette pandémie, venue elle aussi de Chine, emporta le tiers de la population européenne, dont six à sept millions de Français, malgré un confinement, malgré la fermeture des auberges, l'interdiction des rassemblements et les déplacements soumis à autorisation. Déjà, les bobos médiévaux délaissèrent leurs beaux palais des villes pour se mettre au vert dans leurs maisons de campagne. Boccace raconte cet exil dans son "Décaméron" , alors que nous ne disposons que de chaînes d'infos qui ont pris pour résolution de voir le monde laid et mauvais, de quoi se poser la question : quel est le plus dangereux, le virus ou le discours autour du virus ? ... Et peut-on dire que ces gens du 14e siècle, privés de tout barnum médiatique, goûtaient avec bonheur autant de malheurs ? "Un diable qui te porte" , c'est l'assurance de traverser ces moments difficiles que furent la chute des Templiers, les rois maudits, le Grand Schisme qui a failli faire imploser l'Eglise romaine quand elle avait un pape à Rome, un à Pise et un en Avignon, la Guerre de Cent Ans et cette peste noire, avec le meilleur guide du moment, le type instruit de toutes les nuisances, celui qui a fait de l'Eglise une valeur refuge, Satan en personne. Des "papes al Dante" croqués avec humour, des rois qui finissent reliques en gigot de sept heures après avoir égrainé derrière eux des années épurées de toute pitié, l'âme soulagée ou exténuée, des croisades foireuses, deux doigts de torture et des braquos plus incroyables que dans une série télé, il ne manque finalement rien dans ce récit composé avec 99% de vrais morceaux d'histoire. Sauf peut-être un préfet qui interdit le port de la cotte de maille floquée du logo du PSG. Eurydice pose la question : "Nous allons être très malheureux ? " . Orphée répond : "Quel bonheur ! " Un bonheur à partager avec ce Diable qui te porte...

10/2020

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Spécialités médicales

DEPISTAGE DES CANCERS. De la médecine à la santé publique

" Nous risquons de mettre la charrue avant les bœufs, de lancer des actions de masse avant d'avoir toutes les connaissances nécessaires aux décisions et de générer ainsi plus de dégâts que de bienfaits. " M.A. Adler, l'Evénement du Jeudi, 5-11 mars 1995. Le dépistage, acte de prévention, représente une problématique de santé publique nécessitant une démarche pluridisciplinaire. Les cancers représentent, pour notre pays, un problème majeur de santé et permettent d'illustrer les diverses questions que soulève l'organisation de programmes de dépistage en France. L'ouvrage, réalisé à la suite du colloque " Indications, méthodologie et évaluation des actions de dépistage -à propos des cancers ", organisé par l'intercommission de l'INSERM " Recherches en prévention ; recherche en évaluation des systèmes de santé et de protection sociale ", souligne la nécessité première d'engager une politique globale et suivie sous peine d'inefficience et de dépenses non justifiées. Fruits d'une expérience de terrain, les dimensions scientifiques, économiques, techniques, psycho-sociales et éthiques de ces interventions sont abordées dans ce livre. La diversité de ces aspects exprime une réalité complexe, qui est en soi un véritable défi à l'efficience. Les programmes de dépistage qui s'adressent à des populations en bonne santé engagent aussi des mécanismes d'adhésion et des processus de décision en rupture complète avec la tradition médicale et les comportements du public, obligeant chacun des acteurs à une réflexion collective. En effet, pour que les effets bénéfiques soient supérieurs aux nuisances produites par de telles actions, elles doivent devenir un objectif collectif, et mobilisateur, dont les contraintes sont acceptées et les limites connues. Cet ouvrage s'intéresse également aux développements de la génétique et des biotechniques qui suscitent des débats sur la maîtrise nécessaire des méthodes d'identification des populations à risque, avec les aspects sociologiques et moraux de ces nouvelles démarches. Il s'adresse à tous ceux qui veulent réfléchir aux conséquences de la mise en place de programmes de prévention médicalisée au niveau de la population, qu'ils soient chercheurs, acteurs de santé, décideurs, ou tout simplement " cible ", c'est-à-dire à chacun d'entre nous.

09/1997

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Actualité et médias

Que veut Poutine ?

"La Russie ne connaît ses voisins que comme vassaux ou comme ennemis", écrivait l'Américain Georges Kennan au tout début de la guerre froide. Qu'en est-il à l'heure de la crise en Ukraine ? Vladimir Poutine est vu comme un nouveau Tsar aux desseins hostiles et impénétrables, et la Russie comme une autocratie en proie à des ambitions impériales. En réalité, c'est la thèse de ce livre, la Russie est une puissance "complexée" : elle est faible et le sait. La politique étrangère de Vladimir Poutine, interprétée à tort comme celle d'un pouvoir sûr de lui-même, ne fait que refléter les fragilités du modèle de développement choisi depuis l'effondrement de l'Union soviétique et l'instabilité du régime lui-même. C'est pourquoi le thème de la survie de la Russie irrigue constamment le discours de Poutine. La grandeur nationale, la revanche, la mise en scène d'une menace extérieure sont autant d'outils destinés à mobiliser à l'intérieur, auxquels le conservatisme offre un habillage politique de circonstance. L'auteur décrit de manière détaillée les débats doctrinaux entre pro et anti-occidentaux, aborde des aspects méconnus tels que le "soft power" russe et le rôle international de l'Eglise orthodoxe, réactualise les informations relatives aux acteurs décisionnaires de la diplomatie russe et au lobby militaire et analyse en détail le positionnement de la Russie dans tous les grands dossiers actuels : Ukraine, Caucase, Afghanistan, Syrie, Iran, etc. De la déstabilisation souple en Europe à la politique de la nuisance au loin, en passant par le recours à la force en Géorgie, au Donbass et en Crimée. Une synthèse indispensable pour comprendre les ressorts de la politique étrangère russe, assurer la défense et la sécurité de l'Europe.

03/2016

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Histoire internationale

Les Einsatzgruppen. Les groupes d'intervention et la "genèse de la solution finale"

Constitués à l'origine de volontaires issus de la S5, les Einsatzgruppen (" groupes d'intervention "), sont actifs dès 1939. Réorganisés au printemps 1941, ils opèrent à partir du 22 juin 1941 sur le front de l'Est, derrière la Wehrmacht, et étoffent massivement leurs effectifs au cours des dix-huit mois suivants. Donné avant l'offensive, l'ordre de tuer les cadres du régime soviétique et les hommes juifs adultes bascule en décision génocidaire dans la première semaine du mois d'août 1941. Loin d'être éloignée du massacre, la Wehrmacht en est le premier témoin oculaire tout en prêtant souvent main-forte aux tueurs. En moins de cinq mois, le massacre devient un génocide à l'échelle de l'URSS d'abord (août 1941), puis à celle du continent européen tout entier (novembre 1941). Les tueries par fusillades opérées par les Einsatzgruppen constituent le laboratoire de la " solution finale ". La machine génocidaire connaît toutefois des ratés. À partir de la tuerie de Minsk à laquelle il assiste le 15 août 1941, Himmler se déclare convaincu qu'il faut mettre au point un autre moyen de mise à mort, plus rapide et discret, moins éprouvant surtout pour les tueurs. Ce sera le camion à gaz (Chelmno, décembre 1941), puis la chambre à gaz. Les volontaires du meurtre de masse n'étaient pas des hommes ordinaires, mais les héritiers d'un endoctrinement pour lequel tout Juif constituait une nuisance à éradiquer. La force des Einsatzgruppen tient à la convergence de l'endoctrinement, de l'esprit de corps qui ouvre le chemin aux exactions de groupe, et d'une coupure d'avec le monde traditionnel qui permet de lever les inhibitions. Ralf Ogorreck analyse le recrutement, la formation et le modus operandi de ceux qui mirent en oeuvre cette " Shoah par balles " dont on commence à peine à mesurer l'ampleur.

04/2007

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Décoration

Agit-tracts. Un siècle d'actions politiques & militaires

Qui n'a jamais eu de tract entre les mains ? Difficile d'imaginer que ce modeste bout de papier, tout juste bon à être jeté, fut pendant longtemps une arme capable de provoquer des séismes politiques. Depuis qu'il existe sous la forme de libelle, de mazarinade ou de pamphlet, son pouvoir de nuisance n'est plus à démontrer. Si l'affiche couvre les murs, le tract occupe la rue où il circule facilement de main en main. Grâce à son petit format et à son impact visuel, il devient à l'approche du xxe siècle un outil essentiel pour mener des actions politiques et militaires. Information, contre-information, désinformation, guerre psychologique, propagande électorale et manifeste, la bataille du tract se joue sur tous les fronts. Pourtant, le rôle de cette "littérature de rue" reste encore largement sous-estimé voire méconnu. A travers l'étude de centaines de documents, souvent inédits, Agit-tracts nous fait découvrir autrement un siècle de batailles idéologiques. De l'affaire Dreyfus à Mai 68, en passant par la Grande Guerre, le Front populaire, la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine ou encore celle d'Algérie, le tract est un moyen de diffuser des vérités souvent crues et affranchies de toute censure. S'il comble jusque dans les années 1970 les vides d'une information sous contrôle, il abreuve aussi d'illustrations une société dans laquelle les images sont rares. Or, à l'instar de l'affiche, le tract constitue un important support de création graphique. Pour appâter, convaincre ou informer, les mots ne suffisent pas, il faut aussi des idées et de bons visuels. Toutes les techniques sont mobilisées pour amadouer l'homme de la rue : bandes dessinées, caricatures, photomontages, illustrations à la plume, au fusain ou à la gouache, rien n'est trop bien pour l'intox, rien n'est trop beau pour triompher.

11/2015

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Informatique

Réseaux sociaux. Mieux comprendre pour développer une stratégie efficace, 7e édition

Dans les premières éditions, ce livre était dédié à une découverte et à une compréhension de ce phénomène nouveau, les réseaux sociaux. Suite au choc planétaire de 2020, le paradigme a changé : le monde s'est foncièrement digitalisé et les réseaux sociaux font maintenant partie de notre quotidien personnel autant que professionnel. Ils sont une solution numérique reconnue pour permettre de garder, construire et utiliser le lien social dont nous avons tous besoin. Pour les entreprises, il s'agit de communiquer, collaborer et vendre (ou se vendre) grâce aux médias sociaux. Nous cherchons donc plus que jamais à tirer parti des bénéfices qu'ils procurent tout en prenant conscience des risques et nuisances qu'ils peuvent engendrer. Ces médias sociaux sont devenus des médias à composante sociale. Aujourd'hui, le sujet des réseaux sociaux va bien au-delà des célèbres Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram... ; il inclut les outils de communication et de partage de plus en plus répandus y compris dans le monde professionnel tels que Slack, Strava, Twitch, Clubhouse. Et ce sont désormais les outils de bureautique et les outils institutionnels qui se "socialisent" en intégrant peu à peu des composants sociaux comme les "J'aime" , les commentaires et les partages. Au travers des réseaux sociaux professionnels, vous pouvez désormais parfaire votre e-réputation pour susciter la vente grâce au développement de votre image ; vous pouvez également vendre avec du social selling et vous pouvez collaborer grâce aux outils collaboratifs. C'est ainsi que vous serez amené en tant que professionnel à définir une stratégie digitale voire une stratégie social media gérée par un Community manager ou par un responsable de stratégie digitale. Cette septième édition du livre a été foncièrement revisitée pour prendre en compte cette évolution. Du Web 1. 0 au 4. 0, ce livre accompagnera les débutants et les initiés dans un premier chapitre dédié à la compréhension des réseaux sociaux et des méthodes de base pour atteindre ses objectifs. Dans la seconde partie sont présentés les médias sociaux incontournables de la planète social média : Facebook, Twitter, Linkedin, Instagram, Snapchat et Tiktok. Dans la troisième et dernière partie sont présentés tous les autres, avec autant d'exhaustivité que possible. Passez le cap de l'a priori sur le sujet et plongez-vous dans la diversité et l'exhaustivité des exemples de situation présentés dans ce livre pour tirer parti de tous ces outils et optimiser votre stratégie social media.

01/2022

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Littérature française

La fabrique des mots

Il y a des histoires qui sont des déclarations de guerre. Voilà pourquoi, moi, Jeanne, je me suis tue. J'ai préféré attendre que le temps passe. J'étais petite, à l'époque, dix ans et quelques mois. Mais l'heure est venue de parler. L'ignoble Nécrole a encore frappé. L'objet de sa bataille ? Les mots. Il y en a trop, beaucoup trop. Pour faire taire tous les incurables bavards, tous les poètes, tous les chanteurs, tous les raconteurs d'histoires, tous les amoureux qui disent et redisent leur flamme, tous les humiliés qui protestent, tous les journalistes qui révèlent et, trouve-t-il, polluent de leurs nuisances sonores jusqu'à la nuit, Son Excellence le très distingué Président à vie a édité une liste, pompeusement intitulée « Circulaire VIII.2012.3917 », celle des trente mots désormais autorisés. Pour Mlle Laurencin et les élèves de CM2 de l'école Simon-Bolivar, c'est décidé, la guerre est déclarée. Parmi les escales de cette croisade sur terre et sur mer bientôt suivie par l'île tout entière, on apprendra comment le Palais de justice fait les choux gras de deux brasseries aux drôles de spécialités et ce que le Pays de Tendre dit de l'amour, on découvrira qu'une salle de classe et un centre de stratégie militaire ne sont pas si éloignés et qu'une ancienne mine d'or peut renfermer bien plus précieux que le plus précieux des métaux. Amis ou ennemis de Jeanne, en campagne ou non contre l'ignorance, on croisera le chemin d'une petite foule d'êtres et de créatures, parmi lesquels un élégant, trois jeunes à capuches, des pompiers, un Capitan accablé et très prolixe en anecdotes, un brochet plus vrai que nature, deux vieilles soeurs aussi virulentes qu'érudites, un certain M. Henri et, toujours, la furie de Nécrole.Plus de dix ans après sa première déclaration d'amour à la grammaire, Erik Orsenna ne pouvait conclure qu'en explorant la fabrique des mots. Qui les crée ? D'où viennent-ils ? Comment combinent-ils leurs origines ? A-t-on le droit d'en inventer de nouveaux ? Si l'anglais domine toutes les autres langues, nos mots à nous seront-ils réduits à l'esclavage ? À toutes ces questions, Jeanne répond, une fois de plus, et raconte ses aventures au sein de cette mystérieuse fabrique.

04/2013

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Littérature française

De l'avenue Kennedy au métro Château-Rouge. Chroniques du monde d'en-bas

"Chroniques du monde d'en-bas". L'auteur doit ce sous-titre à un pastiche de l'expression de SOPRANO : "regarde-moi, je suis la France-d'en-bas ; je vis au quotidien ce que tu ne comprends pas, juste en bas de chez toi". La phrase de Soprano traduit notre regard sur les situations existentielles où les hommes et femmes affrontent la précarité. Le regard porté par les précaires sur leur quotidien renvoie ainsi à une trame où exister revient à lutter. Malgré cette place défavorisée, il revient d'exister dans la dignité ou quelquefois ruser avec les principes, parfois bafouer ceux-ci afin d'avoir une place au soleil ou alors refuser de se contenter de vivoter en situation de débrouillardise. Le présent recueil constitue donc une écriture en pointillés à partir des "vies précaires" (Guillaume Le Blanc) qui luttent et rusent contre les difficultés de leur vie quotidienne. Les personnages mis en scène dans ce récit pluriel sont souvent tirés de la vie réelle ; d'autres sont des créatures de fiction selon des expériences réelles constatées sur les marges des villes européennes ou africaines. Ces personnages nous sont inspirés par les nombreuses personnes des trottoirs parisiens qui s'assoient souvent à même le sol, munies de pancartes indicatrices de leur condition ou qui emploient des feuilles de cartons qu'ils étalent à même le sol afin de dormir. Ces chroniques sont aussi une suite de méditations sur la lutte pour la survie à partir du quotidien de quelques Africains. Ici, "le livreur de pains", là le boulanger, les vendeurs de friperie, le cordonnier ambulant, les nombreuses personnes de l'Avenue Kennedy de Yaoundé. Ces personnes vivent dans un environnement où pullulent les bars à haute nuisance sonore dans lesquels l'alcool coule à flots. Elles voient l'incivisme se développer sous la forme d'une gestion calamiteuse des ordures ménagères. Les présents textes suivent une dynamique hybride inspirée par l'art des chroniqueurs, libres de créer à partir de ce qui se passe.

04/2020

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Spécialités médicales

L'émergence des risques (au travail)

Depuis plusieurs années, des crises sont venues transformer le contexte de la santé publique, qu'il s'agisse de risques sanitaires effectifs : amiante, vache folle, sang contaminé, ou d'inquiétudes : téléphonie portable, nanotechnologies... Dans ce cadre, les individus ne disposent pas toujours de l'information et, quand elle existe, au moins en partie, elle est analysée en fonction des sentiments de menaces et/ou d'impuissance qui en découlent. Le monde bouge de plus en plus vite et le nombre de chercheurs investis dans des travaux relatifs aux risques (en particulier au travail) n'augmente pas au même rythme. Comment satisfaire le besoin de connaissances valides dans ce cadre ? Comment, dans un système scientifique encore trop gouverné par l'excellence mono-disciplinaire, favoriser l'hybridation disciplinaire indispensable pour répondre aux questions de plus en plus complexes que posent la santé et la sécurité au travail ? Comment résoudre la question de la latence alors que les effets néfastes du travail apparaissent en moyenne, avec des écarts élevés entre la période d'exposition à une nuisance et l'effet sur la santé ? Dans ce monde fragile, les médias jouent un rôle ambigu ne serait-ce que par l'amplification créée autour d'opérations jouant sur la sensibilité des lecteurs ou à travers des effets de mode. De fait, dans un décor où tout bouge, où la complexité gagne, où le court terme est privilégié, de nombreux instituts et agences se préoccupent de risques émergents. en particulier au travail. A l'expérience, pour des raisons d'opérationnalité, on fait appel aux scientifiques d'un domaine pour qu'ils s'accordent sur des risques émergents dans leur spécialité. C'est sans doute efficace pour produire des rapports justifiant une recherche perpétuée dans sa discipline, mais, dans la complexité du contexte, il est difficile de cibler sérieusement des risques émergents actifs. Dans cet ouvrage, nous avons essayé de montrer cette complexité et à partir d'exemples concrets, comment on peut appréhender l'émergence d'un risque. Il ne s'agit là que d'une contribution qui plaide résolument pour le renforcement de la dynamique des liens entre tous les acteurs concernés.

09/2008

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Ouvrages généraux

Les infortunes contemporaines de la démocratie

Que s'est-il passé depuis le tournant du siècle pour que la démocratie se voit ainsi mise en cause, tant dans les pays occidentaux que dans les cultures extérieures qui auparavant s'en réclamaient comme d'un modèle ? L'histoire tumultueuse de ce régime a-t-elle finalement eu raison de lui ? Les sortilèges mêmes de la démocratie, qui nous l'ont faite appliquer sans retenue dans tous les domaines et dans tous les territoires, l'ont-ils finalement profanée ? Peut-on vouloir la démocratie sans la liberté, et de quelle liberté s'agit-il, selon quels critères peut-on dessiner ses limites ? Faut-il voir dans les démocraties illibérales d'aujourd'hui un nouveau courant anti-moderne ? La technocratie, la gouvernance, le consensus, sont-ils des renforcements de la démocratie ou bien ses nuisances ? Peut-on imaginer des démocraties sans visions du monde, sans croyances, fondées sur le seul pragmatisme, en un mot sans pluralisme ? Avant la saison des Lumières il n'y a pas de démocratie en Europe, elle apparaît en Amérique et en Europe occidentale à partir du tournant du XVIIIe et du XIXe siècles. Le choc culturel est tel qu'il suscite l'écriture de cet ouvrage extraordinaire : La démocratie en Amérique de Tocqueville (1835). Les démocraties européennes, encore censitaires, se développent au long du XIXe siècle. Au XXe siècle, l'époque d'entre-deux guerres connaît une forte critique des démocraties parlementaires, corrompues et déliquescentes. C'est pourquoi monte une justification de la dictature et l'Europe va connaître une floraison de régimes autocratiques pendant les années 30, pendant que le totalitarisme communiste s'étend jusqu'en 1989 sous l'appellation fallacieuse de " démocratie populaire ". En 1983, lorsque Jean-François Revel publie Comment les démocraties finissent, c'est pour prédire la fin des démocraties faibles et complexées devant le totalitarisme arrogant et sans scrupule. Ces autocraties, dictatures ou totalitarismes, laissent derrière elles tant de désastres que la période suivante affiche une grande ferveur démocratique. Les années 1950-2000 sont celles pendant lesquelles il n'est pas permis de nuancer la louange de ce régime. La chute du mur de Berlin en 1989 suscite même chez nombre d'Occidentaux la certitude, présentée par Francis Fukuyama, selon laquelle la démocratie représente le régime de la " fin de l'histoire " : sans suite ni alternative possible, littéralement irremplaçable. Ce qui s'avère être un aveuglement du même ordre que ceux, idéologiques, qu'il vient remplacer. Le tournant du siècle voit les choses changer. Reproches et accusations apparaissent contre la démocratie, plus graves que celles des années 30. Et pour des raisons profondes qui tiennent au déplacement du sacré, la démocratie perd son aura. Nous en sommes là. Chantal Delsol est professeur des universités en philosophie politique, membre de l'Institut de France (Académie des Sciences Morales et Politiques), auteur de livres de philosophie, d'essais, de romans traduits en une quinzaine de langues.

02/2024

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Philosophie

L'Europe et la Profondeur. Tome 4, Le Voyage des morts

Cet ouvrage se propose d'étudier certains aspects mortifères de notre monde moderne, et cela notamment à partir de l'examen du concept de " monde-tombe" de Ludwig Binswanger, notion utilisée ici, non pas en mode psychique, mais ontologique: appliquée non à un individu mais à une époque entière - la nôtre. Par cette analyse, Pierre Le Coz fait venir ce qui à ses yeux caractérise le monde contemporain: sa rédhibitoire clôture s'étendant à tous les domaines y compris ceux de la vie la plus quotidienne; clôture associée à un cours lui-même très particulier du devenir, et qui se caractérise par un temps s'effondrant en direction d'un unique instant-évènement où est (sera) rassemblée la totalité de l'histoire humaine: ce que certains appellent " la fin du monde " (mais de quel " monde " au juste?) et d'autres " l'Apocalypse ". Ce qui au bout du compte est tenté ici n'est rien moins que la description de ce processus à la fois extrêmement prégnant (puisque personne ne semble pouvoir y échapper) et toujours, après cinq siècles, aussi mystérieux du moderne; et comment notamment les entreprises historiques de ceux-là mêmes qui prétendaient le maîtriser (en mode " progressiste ") voire s'y opposer (en mode " réactionnaire ") n'ont abouti qu'à une seule chose : l'accélérer et le renforcer toujours plus, si bien que ce " moderne " apparaît désormais à nombre de nos contemporains comme un " destin " (dont un nom serait par exemple " mondialisation ", mais il y en a d'autres) contre lequel il n'y aurait qu'à subir. Il n'en est bien sûr rien, et il sera montré dans un prochain ouvrage (Le Secret de la vie) comment ce processus peut être surmonté, et brisée la clôture époquale de ce monde même: " tombe " et " moderne ". Ici encore, comme dans ses précédents essais, l'auteur parvient à réaliser le mariage entre des considérations philosophiques ou théologiques parfois subtiles et d'autres qui, elles, relèvent de la vie la plus " ordinaire ", voire même des débats qui animent l'actualité vulgaire-médiatique: c'est ainsi qu'on trouvera, à côté de l'examen de notions telles que la sainteté, ou " l'aventure poétique ", ou l'accélération du temps, des analyses très approfondies de la " souffrance au travail ", de la "fête„ (de la conception que s'en font nos sociétés), de la " précarité " et du " bruit " (en tant que la nuisance la plus fondamentale de toute cette fantasmagorie), etc. En ce sens, ce Voyage des morts se veut un livre essentiellement pratique, sorte de " manuel de survie aux temps du nihilisme achevé ", et dont l'un des mérites consiste à décrire sans illusion - mais sans désespoir non plus - ces temps: en en dessinant le contour de détresse maximale, mais en en indiquant aussi les chemins qui pourraient nous conduire vers leur sortie et vers un " redressement ".

03/2011

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Ecologie politique

Ecolos, mais pas trop... Les classes sociales face à l'enjeu environnemental

Si une large part de la population est convaincue de la nécessité d'une transition écologique, l'écologie peine encore à se définir comme une force politique et une cause sociale, tant elle reste dispersée entre des intérêts souvent antagoniques. Ce livre établit clairement les raisons de cette dispersion, pour défendre la possibilité d'un programme écologique progressiste, capable de se constituer autour d'un bloc populaire et majoritaire. Deux pôles se disputent aujourd'hui la légitimité d'un programme politique écologique. Le premier se satisfait d'une modernisation des appareils productifs, en s'en remettant aux promesses de la finance verte ou de la géo-ingénierie ; faute de bouleverser l'ordre social, il n'accouche d'aucun changement à la mesure de la crise écologique. Le second fait de l'écologie promeut une vision exclusive et maximaliste du changement qui vise à transformer en profondeur les manières d'habiter la planète, mais qui oublie d'en interroger les conditions sociales de possibilité ; il suscite la perplexité faute de tracer une voie réaliste, effective et mobilisatrice. C'est bien parce qu'elle est frappée de cécité sociale que l'écologie politique, dans ses différentes composantes, se brise sur la puissante inertie des structures collectives. Avant même de débattre d'un avenir durable, il est alors nécessaire d'opérer un retour sur les conditions d'une adhésion massive à une écologie de la transformation. A l'ère de l'anthropocène et des écocides de masse, l'analyse critique du capitalisme est le point de départ de la construction de politiques écologiques qui ne se réduisent pas à la valorisation de quelques mystiques qui ont réussi à changer de vie, ou à l'héroïsation de la bifurcation de quelques ingénieurs. A rebours des conceptions individualistes et apolitiques du monde, le débat écologique doit tenir compte des mécanismes sociaux qui font que, malgré le désastre en cours, la logique capitaliste se perpétue. Dans un contexte où il est de bon ton, dans les milieux militants ou institutionnels, de parler d'une "écologie populaire" , l'écologie n'en reste pas moins écrite depuis le haut de l'espace social, avec une tendance marquée à invisibiliser les différentes facettes de l'injustice écologique : l'inégale vulnérabilité aux dégâts environnementaux de toutes sortes ; les inégalités d'accès et d'usages aux espaces naturels et aux pratiques culturelles qui peuvent s'y tenir ; l'inégal accès aux arènes publiques où les problèmes environnementaux sont traités ; les contributions différenciées des modes de vie ou des activités professionnelles aux nuisances écologiques. Ce sont ces asymétries qui charpentent ce que l'on peut appeler la condition écologique des classes sociales. L'analyse de l'inégale distribution des coûts et profits associés à la question environnementale doit saisir précisément où et comment cette condition écologique se différencie dans l'espace social. Plus les fractions d'une classe sociale sont fragmentées, plus il est compliqué pour ses membres d'élaborer des intérêts communs, et plus elle est fragile politiquement. Or en l'état actuel du monde tel qu'il (ne) va (pas), les politiques de l'écologie adoucissent les frontières entre les fractions de la classe dominante mais accentuent celles qui traversent les mondes populaires. Elles sont donc vouées à reconduire un ordre social écocidaire. La perspective sociologique exposée dans ce livre permet d'esquisser la façon dont l'écologie pourrait devenir un levier non plus de fragmentation mais d'intégration politique. C'est en effet en combattant les fondements matériels de l'inégale condition écologique des classes sociales que pourront se reconstituer des alliances entre classes moyennes et classes populaires en faveur d'une organisation sociale faisant de l'écologie l'un de fondements du vivre-ensemble.

04/2024

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Critique

Traité d'harmonie littéraire

Après Français langue morte (Richard Millet), nous n'allions pas laisser notre pays dans l'embarras. Il fallait bien procurer d'urgence à l'immense "Titanic réputé insubmersible, en route vers le meilleur des mondes" une simple trousse de survie, d'ailleurs inscrite à notre programme depuis cinq ans : Ghislain Chaufour s'est extirpé du long confinement dans le silence harassant des machines, après un temps d'incubation extrêmement lent, pour présenter enfin au public cette Åuvre nécessaire, prodigieuse et salutaire, le Traité d'harmonie littéraire, propre à redonner à ce pays son "sentiment de la langue" apparemment perdu. "Vous n'êtes pas très productif" , lui disait Pierre Boutang, son professeur de philosophie en classe de Terminale (1968). Sans doute, comme tous les organismes complexes sensibles, Ghislain Chaufour a-t-il été lui-même touché d'abord par la "démantibulation du langage" que prévoyait Wittgenstein et l'effondrement d'un monde où toutes les notions péniblement acquises à l'école de la littérature française et de la civilisation européenne se sont trouvées brutalement mises en cause avec une force effroyable. Or il n'est pas du genre à répliquer avec des coups dans le vide : s'il attend, il vise juste et il atteint sa cible en une fois. Après un long et rigoureux effort de renseignement et de respiration, ces deux cents pages très bien ficelées parfaitement efficaces dégomment donc et déboulonnent une à une les imposantes idoles vieilles de quelques siècles qui peuvent aussi bien nous tomber dessus et nous écraser : la Science, l'Evolution, la Méthode expérimentale, le Doute plus ou moins académique, le Hasard⦠En s'attaquant vaillamment à toutes ces vieilles chimères mal embouchées il pourrait aisément passer pour une espèce de Don Quichotte, et c'est ce que disent de lui ses adversaires : "Vous exagérez beaucoupâ¦? - Oui, mais pas assez" , répondait-il à son interlocuteur à l'occasion d'un précédent livre. Or ici il n'en est rien, sa démonstration est aussi rigoureuse qu'implacable. L'Univers a-t-il pu "A se créer spontanément à partir de rien" , comme l'affirmait Stephen Hawking ? Il n'y a "rien qui ressemble à une preuve absolue" , où donc "la science moderne trouverait-elle l'ultime garantie si les mathématiques pures elles-mêmes ne la lui procurent pas, ni les expériences ? " Considérant la misère et les tribulations de l'homme peinant et existant, Chaufour retourne l'opposition entre l'Universel en majesté supposé "antérieur" mais abstrait et les singularités qui sont les vrais objets de connaissance. "Grande sottise de croire que la science consiste dans la connaissance des universaux". C'est ainsi que les mathématiques asservies au productivisme ont propagé dans "l'Etat industriel et bureaucratique" les illusions du travail mortifère. Contre ce danger extrême et celui d'être dégoûté sans remède par des professeurs ignorants, Ghislain Chaufour refuse de condamner les sens et s'étonne de la répulsion que le charnel singulier suscite chez les platoniciens, les gnostiques, les "cathares" , les idéalistes et mêmes les matérialistes de tous les temps. Il redonne la valeur de vérité aux fables : la poésie est fable capable de conseils salutaires, et non "forme" vide de sens⦠"L'ennui vient d'une déception" , et contre elle il s'agit de retrouver l'usage du libre-arbitre, authentique merveille du monde étrangère au hasard et à la nécessité. L'évolutionnisme idéologique des automates, à l'inverse, dénigre l'origine spirituelle de chaque création et du langage lui-même. En séparant le sensible de l'intelligible, et les passions de la raison, "nous avons perdu le grand art de signifier par la beauté" . Or il se trouve que ces derniers mois nous auront disposés à recevoir ces objections : nous sommes nombreux à éprouver assez distinctement la fragilité et néanmoins la capacité de nuisance des rhétoriques scientifiques, ainsi que leur impact dans l'économie réelle, sur la vraie vie et la santé en général, mais également le risque totalitaire qu'elles font courir à justifier une "dictature hygiéniste" bien difficile à domestiquer. La prise de pouvoir politique par la "Science" qui paraissait réservée à la propagande soviétique s'attaque désormais aux thérapeutes et il est de notoriété publique que les pseudo "savants" au service de l'Ordre industriel les poursuivent en justice. Ghislain Chaufour revient très raisonnablement à des fondamentaux : c'est philosophiquement qu'il remet à sa place la philosophie et naturellement qu'il redonne à la "fable" sa légitimité comme interrogation complète posée à même le monde : "A la littérature vise le concret" . C'est un fait établi que le monde est créé, tandis que "la perfection divine implique une extrême sensibilité aux malheurs des créations" . Si le christianisme greffé sur l'arbre juif "A semble ne pas encore avoir commencé" , le pugiliste s'est modernisé et ne se laisse pas impressionner ni récupérer. Véritable Gilet jaune de la métaphysique sachant donner de la gauche et de la droite, sa méthode l'apparente plutôt au bulldozer qui enfonce les portes obstinément fermées : avec beaucoup d'efficacité, le platonisme, Descartes, Kant, Hegel, Heidegger et même Jacques Monod sont délogés sous nos yeux, démasqués, laminés. Du moins théoriquement car en pratique la propagande en leur faveur va redoubler et expédier ad patres ses accusateurs et témoins dérangeants, nous le savons bien.

04/2021