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Histoire de France

La nuit de la liberté. Normandie juin 44, avec 1 DVD

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, quelque 15 000 parachutistes américains ont sauté sur la Normandie pour prendre à revers les troupes allemandes défendant la zone côtière choisie pour le Débarquement. Parmi eux, les hommes du 3e bataillon du 506e régiment de la 101st Airborne Division, commandés par le lieutenant colonel Robert Wolverton. Largués derrière la plage d'Utah Beach, ils avaient pour mission de s'emparer de deux ponts sur la Douve, à proximité de Carentan, pour empêcher les renforts ennemis d'accéder au littoral. Grâce à un long et minutieux travail de recherche, enrichi de rencontres et d'échanges avec des vétérans et des historiens, Gilles Vallée a pu reconstituer l'itinéraire de Wolverton et des hommes embarqués avec lui à bord du C-47 Stoy Hora, piloté par le colonel Frank Krebs du 404th Transport Carrier Group. Dans ce livre illustré par plus de 200 photos et dessins réalisés par Christophe Esquerré, Gilles Vallée fait revivre, en nous faisant partager les faits et gestes d'une poignée de paras, lors de cette nuit du 6 juin 1944. En complément du livre, comme si vous étiez au cinéma, un DVD réalisé par Charles-Henri Groult réunissant images d'archives, films et enregistrements sonores d'époque vous fera embarquer avec ces hommes. Bref, un ouvrage indispensable pour vivre au plus près de ses acteurs la nuit du Débarquement.

04/2014

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Littérature étrangère

La nièce de Flaubert

Willa Cather (1873-1947) a déjà solidement établi sa réputation de grand écrivain américain avec, entre autres romans, Mon Antonia et Pionniers ! lorsque, au cours de l'un de ses voyages en France, en 1930, elle rencontre, dans un hôtel d'Aix-les-Bains, une fascinante vieille dame qui n'est autre que Caroline Grout, la nièce de Gustave Flaubert. La petite Caroline, dont la mère est morte en couche, a été élevée par son fameux oncle dont elle est l'exécutrice testamentaire. Dans La Nièce de Flaubert, la romancière américaine dresse en quelques pages le portrait d'une femme surprenante, lien vivant entre un vingtième siècle déjà éprouvé par la guerre et l'âge d'or de la littérature française, dont Flaubert est l'un des plus grands représentants. Ce texte est avant tout un éloge ardent et précis de la littérature et de la lecture, non comme passe-temps mais comme raison de vivre.

04/2012

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Sociologie

Plein air. Manuel réflexif et pratique

La question du plein air est au coeur de très nombreuses réflexions, politiques et autres actions au Québec, mais également dans de nombreux pays occidentaux. Les problématiques liées aux changements climatiques, au déficit nature, à la sédentarité et à la détresse psychologique sont souvent abordées sous des angles analytiques reliés à des besoins de reconnexion à la nature et de préservation de l'environnement. A ce titre, les activités de plein air ou pratiquées en plein air deviennent centrales et nécessitent de facto d'être étudiées et comprises à différentes échelles et dans des perspectives souvent comparatives afin de cerner leurs évolutions, leurs effets, leurs bénéfices et leurs impacts. En 2017, le ministère de l'Education et de l'Enseignement supérieur du Québec publiait l'Avis sur le plein air en marge de la politique québécoise de l'activité physique, du sport et du loisir. Cet avis mettait en avant l'importance d'accroître l'accessibilité du plein air au Québec, l'expérience retirée pour les pratiquant·e·s, ainsi que la promotion entourant ces activités. L'époque hypermoderne, dans laquelle nous vivons aujourd'hui, conduit les individus à vivre selon des rythmes familiaux et professionnels que nous pourrions qualifier de continus en raison notamment de la place prise par les nouvelles technologies de l'information. Dans ce contexte, le plein air peut être perçu et vécu comme un moyen de se recentrer sur soi-même, de se reconnecter à des éléments tangibles - sources éventuelles de bien-être, de plaisir et de sérénité -, mais également de se rassembler autour d'activités fédératrices et porteuses de sens pour chacun·e et pour des communautés spécifiques. Destiné à des chercheurs·ses, des professionnel·le·s du milieu et des étudiant·e·s, c'est dans cet esprit que ce manuel est organisé, afin de répondre à plusieurs questionnements. Comment le plein air a-t-il évolué ces dernières décennies au Québec et comment est-il structuré et géré aujourd'hui ? Quelles sont les principales problématiques auxquelles sont confrontés les acteurs·rices investi·e·s dans le plein air ? Comment celui-ci est-il perçu, vécu et ressenti par certaines populations ? Et finalement, ailleurs dans le monde, de quelles manières le plein air est-il envisagé ?

03/2022

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Décoration

Mobilier 1910-1930

Prévue en 1911, l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes n'aura lieu a Paris qu'en 1925 en raison de la situation politique tendue et de la Grande Guerre. Pensée comme une exposition d'avant-garde, elle sera finalement une manifestation bilan de l'évolution des arts décoratifs au cours du premier quart du XXe siècle. Aux tendances internationales de l'Art nouveau, les années 1910-1920 opposent un retour à la tradition nationale tout en s'inspirant des mouvements artistiques contemporains : la couleur orientale des Ballets russes, les formes esthétiques de l'art nègre, du cubisme et du suprématisme. L'Exposition de 1925 se fera le reflet des nombreuses tendances de l'époque : celle des contemporains qui se nourrissent de la tradition du bel ouvrage d'ébénisterie destiné à une élite - Ruhlmann, Groult, Süe et Mare -, celle des modernes qui transposent leur environnement quotidien - Chareau, Dunand -, et enfin celle des novateurs qui réfléchissent sur leur rôle social et utilisent les nouvelles possibilités techniques, annonçant ainsi la création de l'Union des Artistes Modernes en 1929. Les ouvrages de la collection " Le mobilier français ", placée sous la direction de Claude-Paule Wiegandt, ont été confiés à des auteurs dont la formation et les fonctions au sein des musées les ont amenés à se spécialiser dans ce domaine. Chaque ouvrage replace les meubles dans leur époque, évoque le cadre pour lequel ils avaient été conçus, étudie leur mode de fabrication ainsi que les influences venues d'ailleurs.

10/2010

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Littérature française

Les chemins de ma vie

"Nous sommes arrivés à Vitry-sur-Seine dans les années 1966, mes parents et ma soeur moi. Je n'avais qu'un an. Nous vivions dans un petit appartement rue Félix Faure qui faisait partie du quartier du même nom. [... ] Après, notre père nous a trouvé un petit pavillon en location grâce à son bagou et au fait qu'il nettoyait les vitres de la maison du propriétaire. C'était le quartier Talma qui allait de l'avenue Jean Jaurès, en passant par la voie de chemin de fer, jusqu'au stade de rugby et la place Paul Froment [... ]. Le début de ma vie est parti de cette rue. La rue Talma. Non loin de cette rue, il y avait la rue Camille Groult où se trouvait un ancien cinéma dans les années soixante. Il fut transformé en studio d'enregistrement où sont passés de célèbres interprètes. Je ne sais pas à qui appartenait ce studio, je n'ai pas trouvé la réponse sur internet. A l'époque, on ne s'occupait pas de savoir qui était le propriétaire d'un tel lieu, trop fier de savoir que de grands chanteurs venaient enregistrer dans notre ville. Depuis, il me semble qu'il n'existe plus". Calou est âgé de cinquante-six ans. A la suite d'une réorientation professionnelle, il suit une formation dans laquelle un professeur de français l'incite à entamer l'écriture d'un roman. Il déménage régulièrement ce qui lui permet de se faire de nouvelles rencontres.

12/2022

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Histoire littéraire

Gustave Flaubert, la fabrique de l'oeuvre. Les manuscrits de Flaubert à la bibliothèque de Rouen

La bibliothèque municipale de Rouen conserve un important fonds Gustave Flaubert. L'origine de cette collection remonte au don effectué par Caroline Franklin Grout, nièce et héritière de l'écrivain. Elle a en effet légué en 1914 les manuscrits de Madame Bovary et de Bouvard et Pécuchet. Il s'agit là d'un fonds majeur, présentant la première oeuvre par laquelle Flaubert est entré avec fracas en littérature, et la dernière, inachevée. Ces romans, qui sont également deux oeuvres "normandes", contribuent à l'identité culturelle de la ville et au rayonnement international de sa bibliothèque. A ces dossiers s'ajoutent d'autres manuscrits, dont la Lettre à la municipalité de Rouen, des feuillets concernant Salammbô, de nombreuses notes documentaires et environ 300 lettres. Pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Flaubert, l'exposition La Fabrique de l'oeuvre ouvre les portes du cabinet de Croisset : on y découvre l'écrivain au travail, inventant le roman moderne, conjuguant la fiction et l'encyclopédie. Cet ouvrage comprend douze études sur les manuscrits conservés à Rouen et le catalogue de l'exposition.

01/2022

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Critique

Pourquoi la littérature (du vagin) respire mal. Les daltoniennes de l'écriture inclusive

Nous, vous, iels. : France, ta littérature fout le camp, comme étrangère à elle-même. Il était deux fois un monde ne pardonnant rien, sauf la médiocrité d’une orthographe féminine au pluriel ; un pays où tout est permise ; une époque de mâles castrés par des corps transgenres : «Le Livre de Prométhéa». Quand le canapé lit, c’est que l’auteur est prêt à se coucher sur le divan des divas d’Elle. Et le cas de conscience devient immédiat : que lire et surtout quoi s’épargner ? Véritable «lettre ouverte» aux nouvelles maîtresses censeures, prêtresses de l’écriture inclusive et mères la morale d’une féminitude outrancière, l’auteur s’attache à dénoncer l’indigence littéraire de cet «écrire femme» qui sévit depuis 1955, et dont les avatars se nomment Darrieussecq, Despentes et Delaume, jeunes nées d’un sexe qui n’en est plus un. Le polémiste ne cache pas avoir ses têtes, et donc ses têtes de Turques. Tendre dans l’éloge, dur dans l’éreintement, fidèle dans le paradoxe, il s’en prend de préférence aux génies installés, aux notables reconnus, aux vaches sacrées. Beauvoir et Duras en prennent pour leur grade, et d’autant plus que ce grade est élevé. Les tenantes de l’«écrire pour être», Benoîte Groult et Annie Leclerc, Marie Cardinal et Monique Wittig, sont proprement assassinées. Hélène Cixous et Julia Kristeva, collées au mur et sommairement exécutées. C’est bien leurs tours. Les fantaisistes Muriel Cerf et Chantal Chawaf, en revanche, sont ovationnées suivant leurs mérites, et non en fonction de l’opinion régnante ou de leur audience.

10/2023

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Art contemporain

Dépaysements

On se sent parfois dépaysé devant un paysage, sans pourtant parvenir à cerner ce qui nous désoriente dans ce qui se tient face à nous, irréductible à nos expériences précédentes. De nouvelles émotions prennent forme, encore chancelantes, fragmentaires, équivoques, qui pourront lentement gagner en consistance, se clarifier. Cette quête du dépaysement a été longtemps une expérience esthétique rare, une recherche méditative ou initiatique. Notre cadre de vie apparaît aujourd'hui sans cesse " dépaysé ", vacant, noyé dans une uniformisation planétaire. La déterritorialisation est devenue l'expérience dominante du monde contemporain. C'est une forme amplifiée et comme inversée du dépaysement. Elle désaccorde le lieu à ses soubassements, aux usages et aux complicités accumulés au fil du temps, pour ne laisser subsister qu'une dépouille démembrée de paysage. C'est pourquoi des siffleurs d'oiseaux, jardiniers, architectes, anthropologues, bergères et bergers, performeuses, philosophes, physiciens, écologues, chasseuses d'échos, de nuages ou paysagistes … ébranlent ici nos perceptions DES SOLS /DES CORPS /DE L'ATMOSPHERE afin de faire émerger des usages plus appropriés du monde.

04/2021

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Psychologie, psychanalyse

Mieux vivre avec la personnalité limite

Comprendre pourquoi vous vivez avec un sentiment de vide, des montagnes russes émotionnelles ou de l'angoisse face à l'abandon. Réunissant les expertises de chercheurs, d'une clinicienne et de personnes vivant avec le trouble de la personnalité limite (TPL), cet ouvrage a été écrit pour aider ceux qui en souffrent (et ceux qui les accompagnent) à se reconnaître, à inspirer leur processus de rétablissement et à trouver l'espoir.
Il vient en soutien à l'autogestion de sa santé et permettra aux individus présentant des difficultés relationnelles et identitaires de faire les premiers pas vers le mieux-être.

02/2019

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Littérature française

Voyage eb Egypte

C'est entre juin et septembre 1851, juste avant de se lancer dans la rédaction de Madame Bovary, que Gustave Flaubert mit toute son énergie à écrire le récit du voyage en Orient qu'il venait de faire, quelques mois plus tôt, avec Maxime Du Camp : un texte direct, sauvage, parfois éblouissant, toujours surprenant de vérité, où le jeune écrivain, encore inconnu, se faisait à lui-même le pari de " tout dire " et d'enregistrer tels quels les souvenirs de cette traversée de l'Egypte qui avait été pour lui une expérience décisive. Or ce Voyage que Flaubert considérait comme un monument de mémoire personnel, et dont les réminiscences se retrouvent partout dans son œuvre de romancier, ne fut publié qu'après sa mort, dans une version reconstituée de toutes pièces par son héritière Caroline Franklin-Grout qui fournit à l'éditeur une copie " aménagée ", souvent fautive, et largement expurgée de tout ce qui risquait de heurter la bienséance. Depuis lors, faute de pouvoir accéder au manuscrit original, toutes les éditions de cet ouvrage n'ont cessé de reproduire un texte remanié et lacunaire d'où avaient disparu, hélas, des fragments entiers, des péripéties par trop inconvenantes et, bien sûr, quelques détails " osés " de la vie érotique de Flaubert... Par chance, l'histoire a voulu que ce manuscrit, dont on avait perdu la trace depuis la mort de Caroline en 1930, revînt à la surface tout récemment. Et c'est à partir de ce document - une liasse de cent quatre-vingt-sept grandes pages autographes - qu'a pu être établie, pour la première fois, l'édition complète qui est ici présentée. Il aura donc fallu attendre plus d'un siècle après la disparition de l'auteur pour que les flaubertiens disposent, enfin, de ce texte essentiel à la connaissance de l'homme et de l'œuvre.

10/2003

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Art textile

Hélène Henry. Les tissus de la modernité, Edition bilingue français-anglais

Née en 1891, passionnée par la peinture et la musique, Hélène Henry n'a jamais suivi aucune formation spécifique lorsqu'elle arrive à Paris, à 25 ans. Elle commence par acheter un petit métier à main, s'installe dans un atelier et crée des écharpes qu'elle vend à des couturiers comme Worth ou Nicole Groult. Elle apprend seule à se servir de son métier à tisser et en 1923, elle montre des essais à Francis Jourdain, dont les poteries l'inspirent. Il expose ses créations dans sa boutique et la présente à Pierre Chareau et au cercle de leurs amis "modernes" (Paul Poiret, Pierre Legrain, Jacques-Emile Ruhlmann). La même année, elle s'installe dans un atelier plus grand. H. Henry dessine et peint : bandes, rayures, damiers, motifs géométriques ou dégradés subtils d'une seule teinte. Elle expérimente de nouvelles techniques pour juxtaposer ou opposer des matières ou des points de tissage, en invente de nouveaux. Par le jeu des reliefs et des masses, ses créations semblent être réalisées en trois dimensions. Elle est la première en France à utiliser des fibres artificielles, rayonne ou viscose-fibrane, qu'elle croise avec des fils de coton et de laine. En 1925, elle participe à l'ambassade française du pavillon de la Société des artistes décorateurs (SAD), qui lance le style Arts déco lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, où ses tissus sont exposés dans le bureau-bibliothèque de P. Chareau et dans la salle de repos. Elle quitte la SAD en 1929 pour participer à la fondation de l'Union des artistes modernes (UAM), aux côtés de Mallet-Stevens, Herbst, Jourdain, Templier, Charlotte Perriand, Sonia Delaunay et d'Eileen Gray, entre autres. Elle reçoit des commandes pour la Villa Noailles de Mallet Stevens, à Hyères (1924) ; le palais du maharajah d'Indore (1930) ; le palais de la Société des nations, à Genève ; le paquebot Normandie ; l'Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937. Après la guerre, elle participe, avec ses anciens amis de l'UAM, aux expositions de la section "Formes utiles" du Salon des arts ménagers où elle décline ses écossais, ses bandes et ses constructions rigoureuses. Mais ses créations, réalisées à la main, en exclusivité pour un client précis, ne trouvent plus preneur : ses remarquables pièces uniques ne peuvent lutter avec les tissus industriels qui arrivent sur le marché européen. Elle supervise cependant le tissage de ses modèles jusqu'à sa mort, en 1965. 20 ans plus tard, son talent est redécouvert grâce à des galeristes spécialisés et à des expositions comme Les Années UAM, au musée des Arts décoratifs de Paris, fin 1988-début 1989, ou Pierre Chareau, au Centre Pompidou à Paris, (1993-1994).

08/2021

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Sciences historiques

Indochine de Provence. Le silence de la rizière

S'il est un récit oublié, grand absent de l'inventaire des "lieux de mémoire", c'est bien le témoignage, encombrant mais bouleversant, des travailleurs indochinois en France de 1939 à 1952. Longtemps, l'histoire a fait silence sur le visage de ces hommes qui rentrèrent chez eux après des années d'exil forcé, sans la moindre indemnisation. Longtemps, personne - dans la littérature ou par le biais de l'image - ne s'est soucié de ces vies brimées et abîmées, de ces existences préemptées et confisquées qui rendent peu disert le corps social, collectif, politique. Près de vingt mille hommes furent ainsi mobilisés par l'administration française au début de la "Drôle de guerre" et dispersés dans les poudreries nationales, aux côtés des ouvrières françaises, astreints aux trois-huit et à la manipulation de produits toxiques. En juin 1940, après la débâcle de l'armée française et la signature de l'armistice, ils furent contraints de travailler au service de la France de Vichy qui loua leur force de travail, en particulier aux Allemands. Ils subirent alors une discipline très dure. Sousalimentés, mal chaussés, mal vêtus, ils récoltèrent le sel dans les salines du delta du Rhône. C'est eux qui façonnèrent le paysage de la Camargue et l'identité de son territoire tels que nous les connaissons aujourd'hui en relançant, à une époque de pénurie alimentaire, une riziculture jusqu'alors peu prospère et peu pratiquée en France. Dans le Vaucluse, le camp de regroupement de Sorgues fut le plus important, avec près de quatre mille internés. Les "indigènes" de Sorgues furent affectés aux travaux agricoles et forestiers, en particulier à Sault, au pied du Ventoux, dans la forêt Saint-Lambert, entre Lioux et Murs, à la scierie de Notre-Dame-de-Lumières à Goult. Ils furent également employés dans les briqueteries de Bollène, les ateliers de cartonnage à Valréas, chez les expéditeurs cavaillonnais... La relation métropole-colonies fut marquée par une injustice profonde qu'encadraient diverses formes d'apartheid, de mises à l'écart, de destitutions, d'iniquités, voire de mépris. L'idée d'une condition humaine commune n'a jamais été admise. Il n'y avait pas d'équivalence entre la vie d'un "indigène" et celle d'un Français. Comment alors assumer le passé qui atteste à ce point de l'effondrement des valeurs humanistes d'une société en dégradant l'image qu'elle se donne d'elle-même ? On comprend aisément l'aphasie collective de la France vis-à-vis de ses anciens territoires lointains. Plus d'un demi-siècle après la décolonisation, la mémoire reste tronquée, mutilée, quand elle n'est pas neutralisée ou court-circuitée par cette question érigée en négativité absolue qui paralyse la conscience. L'album-recueil, ouvert sur le récit de ces itinéraires d'exil et sur une parole qui commence à peine à circuler, établit un rapport sensible à l'histoire accepté en tant que tel. Indochine de Provence, le silence de la rizière, interroge la mémoire, l'histoire, l'identité d'un département, le Vaucluse, façonné par les flux migratoires. Il pose les enjeux d'une éthique fondée sur la pensée critique revendiquée comme seule légitime pour traiter des mémoires douloureuses et oubliées du XXe siècle.

10/2012