Recherche

Vladimir Nabokov

Extraits

ActuaLitté

Beaux arts

Résonances ; Kandinsky et la nécessité intérieure. Coffret 2 livres, Edition bilingue français-allemand

Klänge est le titre de l'album mythique que publia Kandinsky en 1913 à Munich, à 300 exemplaires. C'est d'abord le recueil des poèmes écrits pendant sa période que l'on a qualifiée de « géniale ». Mais en outre, l'album était illustré par des gravures sur bois constituant une récapitulation de ses découvertes picturales : au total trente-huit poèmes accompagnés de cinquante-six bois gravés dont douze en trois ou quatre couleurs. Cet ensemble, du propre aveu de Kandinsky, donne la clef du passage du figuratif à l'abstrait autour des principaux thèmes qui habitent sa peinture. Cette réédition, réalisée avec le plus grand soin, vise à mettre entre les mains du lecteur l'équivalent de l'œuvre originale accompagnée des éléments de son interprétation. Le livre comprend une annexe destinée à éclaircir l'intention de Kandinsky, les thèmes complémentaires des poèmes et des gravures qui correspondent aux expériences fondatrices dont l'artiste veut rendre compte et qu'il s'attache à rendre perceptibles dans la représentation graphique et poétique. À travers cette étude et par la confrontation aux textes et aux images d'une rare beauté, le lecteur est introduit au cœur de l'aventure créatrice de Kandinsky. Il se révèle ici le grand inspirateur de Dada et de la poésie zaoum, mais aussi de la pensée russe de son époque dont il annonce et met en œuvre les principaux thèmes que l'on retrouve chez Vladimir Soloviev, Pavel Florensky ou Serge Boulgakov (cousin de l'artiste) — ou encore chez Fiodor Dostoïevski. C'est ce que montre l'analyse qui accompagne cette réédition en soulignant l'importance de la pensée de Kandinsky et de son invention poétique. Les gravures de Kandinsky, par ailleurs, parachèvent des thèmes préalablement explorés dans des esquisses, aquarelles, fixé-sous-verre ou huiles sur toile que reproduit l'illustration de cette seconde partie. La richesse de la vie, de l'œuvre et de la pensée de Kandinsky en font un des tout premiers acteurs de la modernité artistique. Ses théories et son action en tant que fondateur du Blaue Reiter ont influencé les acteurs de presque tous les mouvements ou écoles artistiques de son époque, de Dada au Bauhaus, en passant par De Stijl et le constructivisme russe. Admiré par André Breton, ami de Marcel Duchamp, de Paul Klee et de Hugo Ball, il eut aussi des échanges exemplaires avec les musiciens de son temps comme Arnold Schönberg ou Thomas von Hartmann.

10/2015

ActuaLitté

Revues

Kometa N° 1, automne 2023 : Impérialisme

Kometa, une nouvelle revue tournée vers l'Est pour comprendre le monde Ils sont dans le numéro 1 : Emmanuel Carrère, Christophe Boltanski, François-Henri Désérable, Iegor Gran, la poétesse ukrainienne Luba Yakimchouk, Mishka Assayas, Milan Kundera. Nouvelle revue trimestrielle née du choc de l'invasion russe en Ukraine, Kometa a pour ambition de bousculer notre regard et de comprendre cette planète mouvante en mettant l'Est au centre de la carte. Elle met l'emphase sur le récit littéraire et les échanges épistolaires pour raconter des histoires hors normes. Kometa, c'est... Une collection conçue pour décrypter le monde, née en à cheval entre la France et la Suisse208 pages de récits littéraires, photographie d'auteurs, débat d'idées, échanges épistolaires, cartes et recommandations culturelles, pour saisir ce monde d'une incroyable complexité. De grands auteurs connus en France, et des plumes de l'Est à découvrirUne revue indépendante, sans publicité, qui soutient des auteurs en exil ou qui résistent de l'intérieur Numéro 1 - Impérialisme En envahissant l'Ukraine, Vladimir Poutine applique la forme d'exercice du pouvoir la plus commune dans l'Histoire. Kometa voyage au coeur de cet impérialisme qui inverse la réalité en prétendant mener une guerre de libération aux visées anti-impérialistes. Inédit : un long récit d'Emmanuel Carrère, parti en Géorgie sur les traces de sa cousine Salomé Zourabichvili, présidente de ce petit pays du Caucase tiraillé entre la Russie et l'Europe. Exclu Kometa : Le premier Russe condamné pour s'être opposé à la guerre nous écrit clandestinement de prison. Avocat, militant des droits humains et élu, il avait cru à la politique. Mais ça, c'était avant Poutine. Depuis sa cellule, il raconte. Iegor Gran, auteur du roman à succès Z comme zombie (2022), plonge au coeur d'un réseau social orthodoxe de 40. 000 mères et épouses qui prient pour leurs soldats. Fille d'un mineur de charbon et d'une ouvrière, la poétesse ukrainienne Luba Yakymtchouk raconte comment un soldat russe dort dans sa maison. Kometa ce sont aussi des pages idées, avec le théoricien du postcolonialisme Achille Mbembe ; livres, avec François-Henri Désérable ; musique avec Michka Assayas... L'équipe Cinq cofondateurs issus de l'édition, du journalisme, du mécénat : Serge Michel, Léna Mauger, Grégory Rozières, Perrine Daubas et Paola Woods. Une comité éditorial, qui rassemble des personnalités comme Pierre Haski, Anna Colin Lebedev, Emmanuel Carrère, Christophe Boltanski (...) Une équipe cosmopolite de maquettistes, de journalistes, de photographes. Infos clefs Sortie le 11 octobre 208 pages 22 euros

10/2023

ActuaLitté

Littérature française

Un retour en Colchide

Prophétique et activiste, l'oeuvre romanesque de Jean Parvulesco est le vecteur d'un engagement personnel total contre le " mystère d'iniquité " et pour l'avènement de l'être sur les décombres apocalyptiques de l'Histoire. Jusqu'à présent, tous ses romans auront été comme autant de modalités de ce combat final, comme autant de dévoilements de son enjeu mystique. Mais avec Un retour en Colchide, Jean Parvulesco procède à un fantastique retournement de perspective : ce n'est plus dans le monde réel, ou prétendument tel, que tout se joue, mais dans celui des essences pures et de leurs épiphanies, cette Colchide idéale dont l'auteur, troquant la plume du romancier " noir " pour le calame du chroniqueur " blanc ", invente et inventorie ici les voies d'accès, les passes (et aussi les impasses). Celles-ci ne laissent pas d'être extrêmement singulières (et dangereuses), puisque c'est dans les songes qu'elles se trouvent offertes au noble voyageur. Roman ou chronique, peu importe d'ailleurs puisque le monde des songes est le vrai monde, celui où les puissances infernales tombent le masque et où la Vierge, sous les espèces les plus délicates et les plus inattendues, montre le chemin de son doigt consolateur. N'hésitons pas à le dire, Un retour en Colchide inaugure un nouveau cycle de la grande littérature occidentale, comme l'Odyssée avait inauguré celui que Jean Parvulesco a lui-même liquidé avec Dans la forés de Fontainebleau. Roman d'extrême avant-garde, donc, qui rompt avec toutes les formes avérées du genre en faveur d'une multiplicité de possibles (dont celui d'une littérature kamikaze). Car les décombres de l'Histoire sont évidemment aussi ceux du roman même, du roman qui a oublié l'être, c'est-à-dire, en fin de compte et tout bien pesé, à peu près tout ce que la littérature de fiction a produit depuis Chrétien de Troyes. On aura compris qu'avec Un retour en Colchide, Jean Parvulesco ne s'adresse pas aux esprits paresseux et frileux, mais à tous ceux que grisent le vin blanc de l'Antarctique et les grands vents de la bonne aventure. Ceux-là ne seront pas déçus ! Ils verront des corbeaux en veille aux frontières polaires de la Jérusalem céleste, ils franchiront le Dniepr avec Nicolas II dans toute sa gloire, ils liront des dépêches d'agences delphiques, ils rencontreront des putains célestes, Vladimir Poutine et Robert Bresson. Et une fois la dernière page lue, ils ne pourront résister au désir de revenir à la première et de recommencer.

10/2010

ActuaLitté

Revues

Kometa N° 2, hiver 2024 : Liaisons dangereuses

KOMETA #2 Liaisons dangereuses Amour, famille, géopolitique. Comment l'ami d'hier peut devenir l'ennemi Russes et Chinois semblent les meilleurs amis du monde après s'être entretués pour une île du fleuve Amour. Ennemis jurés d'hier, Iraniens et Saoudiens commencent à se parler. Erdogan vend à l'Ukraine les très efficaces drones Bayraktar et achète des armes à Vladimir Poutine. La Russie s'est longtemps proclamée "grand frère" de l'Ukraine. Elle la bombarde. L'ami d'hier est l'ennemi d'aujourd'hui, et l'inverse, révélant des logiques d'inégalité et de domination. Nos récits au long cours révèlent les multiples strates qui forment le présent et le passé. Ils racontent aussi des histoires de Justes, l'amour et la fraternité dans le chaos. L'impossible dialogue, par Emmanuel Carrère Tant que la guerre n'est pas finie, que la Russie reste invaincue, de nombreux Ukrainiens refusent de côtoyer des Russes. Même opposants à Poutine, même anti-guerre. L'écrivain français d'origine russe est parti à Kyiv explorer les ressorts de cette position de principe. La langue de ma mère, par Salomé Kiner, autrice de Grande Couronne La mère de Salomé Kiner est prof de russe, française d'origine italienne, divorcée d'un juif soviétique, informaticien, poète et guitariste. C'est l'histoire rocambolesque du mariage de cette femme à la langue russe, aimée dans l'Urss dissidente des années 80, détestée avec les nouveaux Russes des années 2000, avec laquelle elle se réconcilie enfin en France, à Marseille, au contact des réfugiés de l'ex-empire. Pères et fils, photos de Valeri Poshtarov et récit de Victoire Tuaillon. Photographe né en Bulgarie en 1986, père de deux petits garçons, Valeri Poshtarov s'est rendu compte qu'un jour viendra où ils n'auront plus besoin qu'il les accompagne à l'école. Il a l'idée de faire un portrait de son grand-père de 95 ans et de son père se tenant par la main, et commence à prendre des portraits d'autres pères et de leurs fils adultes. En posant, certains se tiennent la main pour la première fois. Victoire Tuaillon, journaliste, autrice du podcast Les Couilles sur la table, s'intéresse à la construction de la masculinité. Elle raconte les histoires de ces hommes. Berlin-Leningrad années 30. Par cette archive photographique oubliée pendant près de soixante ans, les frères Henkin, juifs russes passionnés de photos, promènent leurs objectifs dans les capitales bouleversées par les montées du nazisme et du stalinisme et donnent à voir un tout autre visage de l'Allemagne et de la Russie des années 1930 : souriant, joyeux, presque insouciant. Une sorte de Monde d'hier photographique de Zweig, qui montre l'aveuglement au quotidien. Découvrez aussi le premier épisode de la série de Christophe Boltanski sur les oligarques, la suite du journal intime de Lili Pankotai, cette lycéenne hongroise qui se bat contre Viktor Orbàn, des lettres de résistantes iraniennes...

01/2024

ActuaLitté

Philosophie

Lénine a marché sur la lune. La folle histoire des cosmistes et transhumanistes russes

Cosmisme Les origines russes du transhumanisme Coloniser l'espace. Repousser la mort et faire renaître les défunts. Créer le vivant. Mettre en place un réseau mondial. Libérer la puissance de l'esprit. Comprendre et contrôler les processus cosmiques. Manipuler les phénomènes atmosphériques. Sauver la terre. Ces projets, dont certains ont été réalisés et d'autres le seront peut-être bientôt, ont une histoire russe. Dans un mélange de recherche scientifique approfondie, de métaphysique pure et de mysticisme, le mouvement appelé cosmisme a modelé le siècle soviétique. Il est l'une des sources d'inspiration des transhumanistes californiens d'aujourd'hui. Le laboratoire secret de Google en reprend toutes les idées. Les cosmistes ont écrit notre futur. Cet ouvrage se propose de tirer les fils de cette histoire, du milieu du 19e siècle à nos jours. Le premier cosmiste était un philosophe farfelu, Nicolas Fedorov, correspondant de Dostoïevski. Il avait le projet de ressusciter concrètement les morts. Certains de ses disciples, comme le grand rival bolchévique de Lénine Alexandre Bogdanov, étaient convaincus que la transfusion sanguine en était le moyen. Le corps de Lénine n'a-t-il pas été momifié à cette fin ? D'autres ont théorisé la conquête spatiale dès les années 1920, afin de peupler une terre devenue trop exigüe. Des savants soviétiques ont tenté de calculer l'effet du soleil sur la vie et l'histoire humaine. Ou, comme Guéorgui Vernadski, ont créé le concept de biosphère et de noosphère, ouvrant le champ d'une physique de la pensée. Délires poétiques ou carrément totalitaires, destinés à créer l'Homme nouveau ? Sans doute. Mais ces hommes ont donné naissance au programme spatial de l'Union soviétique, à ses progrès en cybernétique, à la fascination de ses services secrets pour la parapsychologie. Aujourd'hui Vladimir Poutine cite Vernadski. Le tout nouveau chef de l'administration présidentielle, Anton Vaïno, est le concepteur d'un nooscope, " réseau de scanners spatiaux " destinés à sonder la pensée humaine... Ce pan de la culture russe est soviétique, presque totalement inconnu en dehors de la Russie, paraîtra un peu fou à un esprit cartésien. Il est néanmoins très présent et explique de nombreux traits de la Russie actuelle, et même de sa politique. Depuis quelques décennies, le cosmisme a d'ailleurs une seconde patrie. La Silicon Valley a été massivement investie par des informaticiens et des savants d'origine russe, dont le plus célèbre est Sergueï Brin, cofondateur de Google, et qui rêve... de ce dont rêvaient les penseurs du cosmisme : transhumanisme, nouvelle manière de vivre et de se déplacer sur terre, conquête spatiale. Les vies et les idées de ces savants géniaux et inquiétants dessinent notre futur. Racontons leur histoire, redécouvrons leurs textes (non traduits) et leurs projets. Afin de souligner le lien entre le passé et le présent, le livre comportera également des entretiens avec des personnalités ¿ savants, ingénieurs, intellectuels ¿ en Russie et en Californie. Finalement, nous essaierons de comprendre comment le rêve de progrès, que l'Europe a abandonné, est passé de l'Eurasie vers la Côte Ouest des Etats-Unis.

01/2022

ActuaLitté

Revues

La Règle du jeu N° 80, septembre 2023 : Dove vai ? L'Italie sous Meloni

DOSSIER : L'ITALIE FACE A SES OMBRES Les résultats des élections parlementaires du 25 septembre 2022 ont fait entrer l'Italie dans un nouveau chapitre de son histoire. A la tête d'un parti populiste d'extrême-droite, Georgia Meloni a confirmé de manière spectaculaire son ascension au sommet de la politique transalpine avec un programme dont la ligne politique est en phase avec celle des grands mouvements illibéraux européens. Des débats inédits sur la double décennie mussolinienne et sur la nature de la Constitution italienne née de la victoire sur le fascisme sont apparus. Un climat de violence sourde et de rejet populiste de certains intellectuels prédomine. La place cardinale qu'occupent désormais au quotidien les réseaux sociaux avec leurs attaques ad personam amplifie le mépris pour la nuance et l'argumentation. La gestion de la tragédie des réfugiés est toujours plus agressive. Les dangers qui portent sur les médias publics sont incontestables. Ainsi, malgré les gages qu'elle donne au niveau international qui lui permettent de s'assurer une crédibilité à Bruxelles et auprès de ses créanciers, l'Italie a fait le choix d'un projet politique qui pourrait l'amener à tourner le dos à ce que furent ses valeurs depuis 1945. Ce numéro de La Règle du jeu réunit des contributions d'artistes, écrivains, intellectuels, journalistes et politiciens parmi les plus importants de la Péninsule, tels que Roberto Saviano, Ezio Mauro ou Liliana Segre. Cet ensemble de réflexions réunies par Christian Longchamp permet de mieux saisir les enjeux majeurs de l'évolution d'un pays essentiel pour la France et pour l'avenir de l'Union européenne, un pays aujourd'hui dirigé par une femme qui, il y a peu de temps encore, ne cachait pas son admiration pour Viktor Orban et Vladimir Poutine. Mais aussi : - HOMMAGE A PHILIPPE SOLLERSDe son premier roman, l'histoire d'un jeune homme qui explore l'amour, à Graal, récit où se cristallisent les lectures, les méditations et les mystères d'une vie entière, l'oeuvre de Philippe Sollers n'aura cessé de se métamorphoser à la vitesse du siècle qui l'observa s'écrire. C'est que Sollers aura été de toutes les aurores : écrivain classique, adoubé par Mauriac et Aragon, révolutionnaire du langage, commenté par Barthes et Derrida, explorateur des avant-gardes à la tête de Tel Quel, romancier du désir, biographe de Mozart et de Casanova, défenseur de L'Infini dialoguant avec les vrais vivants de la littérature, c'est-à-dire les morts, libertaire engagé mais athée des chapelles sociales, catholique charnel et épris de grand art... Toutes ces identités réunies en un homme ont engendré une oeuvre marquée par l'Imprévu, le Nouveau, où se trame pourtant une profonde cohérence. Mais comment y entrer ? Dans ce dossier, La Règle du jeu réunira ses proches, ses amis, mais aussi des universitaires, des critiques littéraires, des écrivains, des lecteurs - afin de rendre hommage à l'écrivain majeur que fut, et que continue d'incarner Philippe Sollers. - " Le non-né " , une nouvelle inédite de Georges-Olivier Châteaureynaud - Un article inédit de Nathan Devers sur le poète Georg Trakl - Un article de Pierre-Antoine Chardel sur Derrida et la religion

09/2023

ActuaLitté

Littérature française

Un homme de plus

Le poète, essayiste, traducteur du grec (Yannis Ritsos, Constantin Cavafis...) et du tchèque (Vladimir Holan, Jaroslav Seifert), Dominique Grandmont (né le 25 janvier 1941), nous confie ici un livre considérable de pensées et d'Histoire(s), où par la mémoire du récit se réinvente l'autobiographie, le long de 12 chapitres et un épilogue, plus particulièrement tourné vers la Grèce, pays de prédilection de son auteur qu'il nous donne à découvrir comme son " enfance impossible à partager " (Chap. X), avec toutefois, en des sauts périlleux, des points de fuite (parfois par de simples retours à la ligne) en Russie et en France. Livre d'une vie ou de vie, la vie le fondant, fondant son écriture-même en rien formaliste, se pouvant être rapproché sur certains aspects, dans l'enchantement de la pensée et sa lucidité, du Voyage en Arménie de Mandelstam et Le Métier de vivre de Pavese. Traces subtiles mémorielles, des années 1950 à nos jours, de voyages, d'êtres rencontrés (Ritsos et Aragon pour les plus célèbres, mais aussi d'hommes et de femmes oubliés de l'Histoire : ouvriers, guides, gens de cafés, danseurs et musiciens, poètes...), au travers desquels ce que nous sommes se trouve interrogé " puisque c'est de l'imaginaire qui entre dans un réel dont il [le narrateur] ne ressortira plus " (Chap. I), puisque aussi écrire crée un fait : " Ce n'est pas moi, la première personne. C'est le moyen le plus sûr de relier les temps et les lieux sans mélanger les dates. " (Chap. I) Ou encore, écrit-il, nous aiguillant sur le sens du titre donné à cet ouvrage, Un homme de plus : " C'est parce que je n'y comprends rien que la vérité existe, et que j'arrive à exister en dehors de cet inexplicable qui nous constitue. Je ne puis croire qu'à l'impossible pour essayer de le comprendre, et c'est ce que j'ai sous les yeux. C'est à ce titre-là qu'écrire est un sacrement d'obscurité où l'écrivain n'est jamais qu'un homme de plus, même s'il est choisi par ceux qui lui demandent de porter la parole commune. " (Chap. XII) Ecriture éminemment poétique, comme en témoigne encore cet extrait, parmi bien d'autres, dans ce passage situé cette fois à Moscou : " De jour comme de nuit, les corbeaux viennent tournoyer autour de l'étoile rouge qui surmonte la tour Saint-Sauveur, à l'entrée du Kremlin. Ils jouent à se pourchasser ou à se laisser porter par les remous de l'air chaud, sous la neige protectrice qui ne cesse de tomber. Je les vois ralentir dans leur vrille ascendante, avant de s'imprimer dans la marge blanche de la nuit pour lancer des éclairs de connivence sauvage, comme des mouettes sur une mer obscure que le sel d'argent de la mémoire aurait inversée. " (Chap. X). Poésie et politique inconciliables, semble-t-il, car ce qu'il nomme ses " camarades " sont " ceux dont la politique ne rendrait jamais compte, ou qui n'avaient pas le temps d'attendre l'ascenseur, cette femme d'un soir dont les doigts tremblaient tellement que les billets de banque semblaient se multiplier dans ses mains, ou celui qui rit tout seul sur la place déserte comme un cheval qui hennit, ceux qui ne sont pas revenus parce que j'avais lu sur un mur en Grèce qu'en dehors de l'impérialisme et des monopoles, il y avait la solitude. " (Chap. VIII)

10/2019

ActuaLitté

Etats-Unis (XXe et XXIe siècle

Une terre promise

Un récit fascinant et profondément intime de l'histoire en marche, par le président qui nous a insufflé la foi dans le pouvoir de la démocratie. Dans le premier volume passionnant et très attendu de ses mémoires présidentiels, Barack Obama raconte l'histoire de son improbable odyssée, de jeune homme en quête d'identité à dirigeant du monde libre, retraçant de manière singulièrement détaillée et personnelle son éducation politique et les moments emblématiques du premier mandat de sa présidence historique - une période de transformations et de bouleversements profonds. Barack Obama entraîne le lecteur dans un voyage fascinant, depuis ses toutes premières aspirations politiques à sa victoire cruciale aux primaires de l'Iowa, qui démontra le pouvoir de l'engagement citoyen, jusqu'à la soirée décisive du 4 novembre 2008, lorsqu'il fut élu 44e président des Etats-Unis, devenant ainsi le premier Afro-Américain à accéder à la fonction suprême. En se retournant sur l'histoire de sa présidence, Barack Obama propose une exploration unique et pénétrante de l'amplitude phénoménale mais aussi des limites du pouvoir présidentiel, ainsi qu'un témoignage singulier sur les ressorts de la politique intérieure et de la diplomatie internationale. Il fait entrer le lecteur dans le Bureau ovale et la salle de crise de la Maison-Blanche et l'emmène partout dans le monde, de Moscou à Pékin en passant par Le Caire. Il nous confie les réflexions qui l'ont occupé à certains moments cruciaux - constituer son gouvernement, faire face à une crise financière mondiale, prendre la mesure de Vladimir Poutine, franchir des obstacles en apparence insurmontables pour faire aboutir la réforme sur le système de santé, se retrouver en profond désaccord avec certains généraux sur la stratégie des Etats-Unis en Afghanistan, s'atteler à la réforme du marché financier, réagir face au désastre provoqué par l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, et enfin donner le feu vert à l'opération Neptune's Spear qui conduit à la mort d'Oussama Ben Laden. Une terre promise est un récit extraordinairement intime et introspectif - l'histoire du pari qu'un homme a lancé à l'Histoire, d'un militant du travail associatif dont la foi a été mise à l'épreuve sur la scène internationale. Barack Obama parle sans détours de ce véritable numéro d'acrobatie qui a consisté pour lui à être le premier candidat afro-américain à la présidence, à porter les attentes de toute une génération galvanisée par le message de " l'espoir et du changement " et à relever les défis que posent à la conscience morale les grandes décisions. Il évoque en toute franchise les forces d'opposition qui se sont dressées contre lui, sur le front domestique comme à l'étranger, la façon dont sa nouvelle vie à la Maison-Blanche a pu affecter sa femme et ses filles, et parle sans fard des moments où il s'est retrouvé en proie au doute et à la déception - sans jamais renoncer pour autant à croire que dans cette formidable aventure en marche qu'est l'Amérique, le progrès est toujours possible. Ce livre puissant et magnifiquement écrit est l'expression de la conviction profonde de Barack Obama : la démocratie n'est pas un don du ciel mais un édifice, fondé sur l'empathie et la compréhension mutuelle, que nous bâtissons ensemble, jour après jour.

11/2020

ActuaLitté

Europe

Dictionnaire amoureux de l'Ukraine

Un Dictionnaire amoureux qui nous immerge dans l'âme de l'Ukraine (histoire, littérature, poésie, musique, peinture, géographie, gastronomie...) par Tetiana Andrushchuk, violoniste ukrainienne qui fut professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev et Danièle Georget, auteure et rédactrice en chef adjointe à Paris Match. " Nous sommes un peuple de 42 millions d'habitants sur un territoire plus vaste que la France ou qui l'était, jusqu'à ce que la presqu'île de Crimée lui soit arrachée. Notre civilisation est plus ancienne que celle de la Russie, nos liens avec la France remontent au Moyen Age. L'Ukraine était un royaume avec Kiev pour capitale quand Moscou n'était qu'un bourg au milieu de nulle part. Pendant plus de trois siècles, nous sommes passés pour la province d'un empire qui nous avait pris jusqu'à notre nom. Mais lorsque les murailles de l'Union soviétique sont tombées, notre " terre qui n'est pas la nôtre " comme l'écrivait le poète, s'est réveillée. Enfin, elle allait pouvoir choisir son destin et cesser de suivre celui imposé par les autocrates de l'Est. Vingt-deux ans plus tard, Vladimir Poutine a cru pouvoir mettre un terme à cette " récréation ". Au nom d'un génocide, sorti de son imagination, contre les russophones, il a cru que ses soldats seraient accueillis avec le pain et le sel. Pour annexer l'Ukraine, il suffisait de cent cinquante mille hommes et d'un déluge de bombes. Ecrase-t-on une idée avec un marteau ? Je suis née à Kiev. Mon père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Il portait l'uniforme soviétique, comme près de sept millions de soldats ukrainiens. Près de la moitié ont été tués. Violoniste, professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev, j'ai reçu, à Moscou, les conseils du meilleur des hommes, un des rares violonistes dont les Français connaissaient le nom : David Oïstrak, né en Ukraine où il a étudié et commencé sa carrière. Et j'ai aimé de toute mon âme d'artiste la culture ukrainienne, de Chevtchenko, notre Hugo, à Silvestrov, comme j'ai aimé la culture russe, de Tchaïkovski à Tolstoï et Dostoïevski. Dans l'après-guerre, ma mère qui avait été chanteuse à l'opéra de Kiev, voulut me faire apprendre le français... " A quoi cela lui servira-t-il ? " lui demandait-on. Personne ne pouvait alors quitter l'Union soviétique. J'aimerais aujourd'hui raconter aux Français pourquoi notre identité n'est pas une invention de Maïdan, et pourquoi les Ukrainiens, tenaces, têtus, courageux, à l'image du boxeur Klitchko, montagne des rings qu'aucun coup ne parvenait à ébranler, font envers et contre tout, et depuis si longtemps, le choix de l'Europe et de la démocratie. Une nation est, comme un diamant, composée de milles facettes, si scintillantes que parfois elles nous aveuglent. Nous sommes le passé, le présent, les vivants et les morts, l'histoire et la géographie, la poésie, les oeufs peints de Pâques, les chemises brodées, le bortsch. Et la passion. La Russie, si prompte à renouer avec ses vieux démons, nous accuse du crime de fascisme : mais qui se trompe d'époque ? Aux femmes qui ont accouché sous les bombardements, à ceux qui se sont terrés dans leurs caves, à ceux qui ont passé leur rage en fabriquant des " cocktails ukrainiens ", à ceux qui tiraient les missiles stinger, à ceux qui distribuaient la nourriture dans les supermarchés, à ceux qui posaient les garrots, à ceux qui les fabriquaient, au sniper qui abattit le général Tchétchène, à tous ceux qui se sont battus, à ceux qui ont attendu. Et même à ceux qui doutent encore que l'Ukraine existe, je dédie ce livre. "

05/2022