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Critique littéraire

Entre le livre et la lampe. L'érudition chez Pierre Michon, W.G. Sebald et Antonio Tabucchi

L'érudition semble aujourd'hui un terme obsolète, objet de discrédit et de moqueries, largement abandonné. Pourtant, les écrivains contemporains réactivent, de manière paradoxale et critique, des configurations anciennes des savoirs et de la littérature. En tant qu'il désigne des fonctionnements idéaux du savoir, le terme d'érudition sert alors à décrire certaines modalités contemporaines des rapports entre les écrivains et les savoirs, à l'heure des reconfigurations disciplinaires que nous connaissons. A partir de trois oeuvres centrales dans la littérature européenne et mondiale, ce livre décrit un paradigme dont les écrivains d'aujourd'hui héritent, débattent et transforment les acquis. S'exprime une pensée critique et inquiète de la transmission des savoirs, plus disséminée et moins affirmative que celles qui se développent dans les champs contigus des sciences humaines ou de la philosophie. Une galerie de portraits présente divers personnages campés dans ces oeuvres. S'ils fonctionnent d'un côté comme des figures de l'érudition, images idéales de savoirs efficaces, ces personnages portent aussi des critiques des savoirs établis et de ses hiérarchies, et ils sont abordés selon un angle polémique qui veut restituer la radicalité de ces critiques des savoirs comme leur portée politique et contre-institutionnelle. Michon, Sebald et Tabucchi proposent des usages artisanaux et sauvages des savoirs, des ruses qui offrent autant d'alternatives aux usages majoritaires des savoirs. Une poétique des textes littéraires contemporains construits en rapport avec la connaissance et l'érudition se dessine. Elle exprime une éthique et une politique de l'écriture qui, loin d'opposer le monde et les livres, propose des manières de les combiner dans la construction d'un sens commun et partageable.

01/2021

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Littérature française

Jean-Jacques

" Etre fan est un trou dans la tête que l'on comble de la lumière d'un autre. " Enfant des Stones et de Bowie, elle n'aurait pas dû s'enticher d'un chanteur de variété française. Envers et contre tous, Goldman est resté l'idole de son adolescence, le frère, l'oncle, l'ami venu animer sa vie intérieure. Comme tous les fans, elle s'est sentie incomprise, possessive, torturée. A bientôt quarante-quatre ans, l'âge où l'on s'accepte, l'âge où grandir n'est en théorie plus un concept, Carine H. , scénariste parisienne fraîchement établie dans la cité phocéenne, s'est donné pour mission de rencontrer Jean-Jacques Goldman - son dieu intime - et de filmer cette quête. Car Marseille, ville rugueuse de son exil tardif, abrite, dit-on, son chanteur préféré. Et c'est pour elle providentiel. De la Corniche au palais Longchamp, une traque burlesque, tendre et poétique qui, à défaut du vrai Jean-Jacques, mais à grand renfort de mauvais sosies et avec la perspicacité d'un Philip Marlowe, va conduire une femme à aller au bout de ses rêves. Et qui sait si cette amoureuse du cinéma, qui voit dans chaque scène de sa vie un peu de James Ivory ou de Billy Wilder, ne finira pas par apprivoiser sa propre histoire... A propos de l'autrice Diplômée d'HEC, Carine Hazan a d'abord travaillé dans la publicité avant de devenir scénariste. Elle est aussi réalisatrice de courts métrages et autrice pour la jeunesse. Son dernier album, La Petite Vague bleue, a paru chez Gallimard en 2020.

01/2021

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Littérature étrangère

Toutes ces vies jamais vécues

Mychkine, paysagiste indien de renom, coule une retraite paisible dans sa maison natale. Mais sa quiétude se voit troublée par un colis inattendu en provenance du Canada : des lettres envoyées par sa mère, Gayatri, à une ancienne voisine. Elles ont été écrites entre juillet 1937 — moment où Gayatri est partie pour Bali, abandonnant les siens, dont son fils de neuf ans — et octobre 1941, date à laquelle cette correspondance s'interrompt mystérieusement. A l'époque, tout le voisinage, prompt à s'enflammer, a accusé la jeune femme d'avoir quitté son mari pour un Anglais. L'homme en question était en fait un peintre allemand, Walter Spies, résidant à Bali, de passage en Inde. Quand il est reparti, Gayatri l'a suivi, guidée non par l'amour mais par le désir éperdu de briser son carcan d'épouse et de mère pour retrouver sa liberté d'artiste. Marquant ainsi au fer rouge, dans la mémoire de son fils, ce jour terrible où elle a choisi de le laisser. A mesure qu'il découvre les raisons profondes du départ de sa mère et des épisodes insoupçonnés de sa vie balinaise, Mychkine revisite ses propres souvenirs et se risque à réinterpréter le drame familial. Un drame qu'il passe aussi au prisme de l'histoire nationale et internationale : mobilisation pour l'indépendance de l'Inde, montée du nazisme, implication des Indes britanniques et néerlandaises dans la Seconde Guerre mondiale. Tressant, avec une délicatesse toute poétique, convulsions historiques et déchirements intimes, l'auteur retrace, à travers le regard aimant d'un fils meurtri, la trajectoire heurtée d'une femme libre.

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Littérature française

Station Rome

Dans quatorze minutes, je suis dehors, sans argent, et je n'ai plus qu'une cigarette. Il va falloir renflouer les caisses, aller faire la manche. La corvée. Récupérer une quinzaine d'euros : cinq pour les clopes, sept pour ce soir et trois pour demain. Je déteste mendier. Ce n'est pas tant le geste, la position humiliante qui me gêne. Non, ça, on s'y fait, avec le temps. Mais les regards. Mauvaise humeur, haine, pitié écourante, terreur, tous les sentiments les plus dégueulasses y passent. Ce qui m'atteint le plus, c'est cette indifférence feinte, ce coup d'oil rapide, en coin, avant d'accélérer le pas, cette peur de me regarder dans les yeux, comme un des leurs. À Paris, au cour de l'hiver, un clochard écrit son journal : il raconte ses journées et ses nuits, les passants indifférents, les humiliations et les petites victoires quotidiennes contre le froid, la faim, contre les autres aussi... Vivre dans la rue est une lutte de tous les instants. Sur le quai de la station Rome où il a ses habitudes, parmi tous les visages qui défilent devant lui et qui ne le voient pas, il remarque celui d'une jeune femme, qu'il se met à guetter tous les jours. Pour le simple plaisir de la voir passer, mais aussi parce qu'elle lui rappelle une troublante violoncelliste qu'il a connue par le passé. Car, à trente-sept ans, cet homme a eu une vie avant d'être SDF... Très actuel, porté par une langue tour à tour crue et poétique, Station Rome est un roman âpre et dense.

02/2013

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Musique, danse

Bestiaire fantasque pour chœur à voix égales a cappella. 6 poèmes de Claude Roy

Le présent cycle est le fruit d'une commande de l'Institut français d'art choral (2011), dans le cadre de sa politique de renouvellement du répertoire pour choeur d'enfants. C'est à juste titre que le monde poétique de Claude Roy (1915-1997) fut proposé au compositeur ; en effet pour l'écrirêveur, poète des ?? Enfantasques ?? , "le bonheur d'écrire pour/avec les enfants, c'est d'abord de reprendre rendez-vous avec l'enfant qu'on a en soi (si on ne l'a pas assassiné), de se ressourcer à l'eau profonde". . Car si les enfants "entrent avec la même aisance dans un poème "clair" et dans un poème "difficile" [... ], c'est que le mystère ou l'obscurité les déconcerte beaucoup moins que les soi-disant Grandes Personnes qui croient, elles, que l'univers est lisible sans effort, que tout est clair, et que ce qui ne se comprend pas tout de suite est à rejeter". Le choix de poèmes du présent cycle reflète la place de choix occupée, dans l'oeuvre du poète, par les "animaux très sagaces" . En effet, Les animaux ne sont pas bêtes. Ils aiment les bonnes manières, détestent ceux qui font les fiers et disent des gens sans coeur et sans tête "Ah les sales bêtes ! " et Il y a certains regards de bêtes qui sont la rencontre d'une pierre précieuse avec une âme "Mais la vraie joie, c'est de sentir - parfois - qu'on a trouvé une idée, une image, une musique qui va ensoleiller ou rafraîchir des enfants, et peut-être rester en eux".

10/2019

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Musique, danse

Contretemps. Avec 1 CD audio

Ce livre et le disque qui l'accompagne sont un pari. Il ne s'agit pas de se retourner sur un passé lointain, " rescapé d'un grand naufrage ", le Moyen Age, et sa musique. Non. Il s'agit tout au contraire d'en saisir le surgissement dans le temps d'alors, la naissance, la puissance d'apparition, comme un art nouveau (ars nova qui suscita l'hostilité de l'Eglise), ces airs et chansons de troubadours qui furent un printemps pour l'Europe, une éclosion, et un enchantement. Guilhem, Aliénor, Raimbaut d'Orange, Béatrice de Die, Rutebeuf, ce sont quelques-unes des figures de cet épanouissement affectif et esthétique, où le poétique croise le théologique, avec insolence, douceur, allégresse. Patrick Boucheron et Bruno Allary, de la Compagnie Rassegna, ont noué une conversation musicale passionnée autour de poèmes, de manuscrits et de musiques des XIIe, XIIIe et XIVe siècles. " Mais il n'y a pas de musique médiévale, vous dis-je, il n'y a que des notes jetées sur des manuscrits ; elles sont comme des gouttelettes qui frémissent, qui grelottent, qui condensent le monde entier en des miniatures irisées. Elles attendent là, elles ont tout leur temps. Nul ne sait vraiment comment il faut les jouer, avec quels instruments, et surtout comment il conviendrait de les écouter. Alors voyez avec quelle douceur elles viennent vers nous, enrobées de leur gangue de solitude, si désireuses de faire sonner à nos oreilles l'éclat du neuf. " Patrick Boucheron est professeur à Collège de France. Bruno Allary et Isabelle Courroy sont musiciens, ils font partie de la Compagnie Rassegna.

10/2020

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BD tout public

Dany, du rêve au 9e art

Né à Marche-en-Famenne (Belgique) en janvier 1943, Daniel Henrotin (dit "Dany") esquisse son destin au travers de deux grandes passions conjointes : la lecture et le dessin. Fasciné par les planches paraissant dans Spirou et Tintin, l'adolescent s'invente un monde merveilleux et débute dans la publicité. Repéré par le dessinateur Mitteï, il effectue dès 1965 ses débuts dans le milieu de la bande dessinée franco-belge. Sachant alterner entre humour et réalisme, il débute avec Greg en 1968 la très poétique série La Merveilleuse Odyssée d'Olivier Rameau et de Colombe Tiredaile. Le succès critique lui permet de multiplier les reprises ou les créations en variant les genres : le one-shot contemporain avec Histoire sans héros (créé avec Jean Van Hamme en 1975), l'espionnage avec Arlequin (Van Hamme, 1978), l'aventure avec Bernard Prince (après Hermann en 1979) et Equator (Stephen Desberg, 1992), l'érotisme avec la série Ca vous intéresse ? (lancée en 1990) ou l'heroic fantasy avec Les Guerrières de Troy (scénario par Arleston en 2010). Riche de près de cinquante années d'expérience passées sur plus de quatre-vingt dix ouvrages divers, la carrière du dessinateur sera honorée du Grand Prix Diagonale en 2011. Si, entre albums, illustrations et publicités, Dany a souvent magnifié le corps féminin, nous ne saurions oublier la richesse de sa palette. Au fil du trait et des années, cette monographie retrace le parcours graphique d'un auteur devenu un modèle pour les jeunes générations. Voici Dany, présenté au travers des atmosphères et des personnages, imaginaires, érotiques ou réalistes, qu'il nous emmène voir et lire à ses cotés...

01/2020

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Littérature étrangère

Le Concert

Ce livre est sans doute le chef-d'oeuvre du romancier et poète albanais Ismaïl Kadaré, lui-même considéré aujourd'hui, après une douzaine d'ouvrages traduits, comme l'un des très grands écrivains de notre temps. D'une certaine manière, il fait pendant à l'autre gros roman de Kadaré publié en France au début des années quatre-vingt sous le titre Le Grand Hiver et qui évoquait sur un mode tragique la rupture des relations albano-soviétiques sous Khrouchtchev. Roman total, Le Concert l'est dans le sens où le théâtre de Shakespeare peut être appelé ainsi, mettant en oeuvre le plus tragique et le plus burlesque, le psychologisme raffiné et la farce, le tellurique et le métaphysique, le poétique et le trivial. A sa manière, ce que nous révèle Kadaré, c'est que Shakespeare, s'il vivait encore, n'irait plus chercher aujourd'hui le canevas de ses pièces dans les royaumes d'Ecosse ou de Danemark, mais à l'Est, où l'Histoire charrie encore son bruit et sa fureur. Et qu'y a-t-il de plus à l'Est du monde _ de plus non occidental et de plus totalitaire _ que la Chine des dernières années de Mao ? Les différents "cercles" du roman embrassent cette époque, qui est aussi celle de la rupture des relations entre Tirana et Pékin. Qu'on y repense une seconde : cet "axe" entre une puissance d'un milliard d'hommes et un canton des Balkans regroupant trois millions de descendants d'Illyriens n'était-il pas déjà une de ces facéties absurdes, grandioses et dérisoires de l'Histoire telles qu'aimait à en faire revivre l'auteur de Macbeth ? ...

12/1989

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Littérature française

Les actes

Claire Castaigne ne ressemble guère à l'image qu'on se fait d'une notaire : elle a trente-deux ans, ses parents ont une ferme en Bourgogne à la lisière de la foret et c'est là qu'elle a grandi, sans hériter d'aucune charge. Elle roule à moto dans Paris, elle porte des tatouages, vit seule, lit Marguerite Duras pendant ses pauses déjeuners et répond parfois à une invitation pour une nuit sans lendemain avec un homme rencontré sur un site de rencontre. Mais dans son travail à l'office notarial rien ne transparait de cette vie solitaire, secrète et différente : elle regarde ce monde sans ironie, elle se consacre à la vie de ses clients, elle est touchée par tous les drames intimes. Car dans un office notarial, les vies se nouent, se croisent et se déchirent. Chacun y passe un jour pour acter, signer, formaliser des engagements : l'achat d'un appartement, un mariage, un pacs, un divorce, faire face à un décès et à la succession. Claire est le témoin de ces actes et le lien entre des parties opposées. Elle s'engage, apaise, essaye de dénouer les noeuds. On découvre tout ce qu'elle fait et ressent et tout ce qu'elle doit faire pour survivre dans cette société hiérarchisée, hétéroclite, avec ses codes et ces rivalités. Une plongée passionnante du côté de ceux qui sont les témoins des grands moments de nos vies, qui assistent à nos joies, à nos douleurs, à nos rancunes. L'argent et les sentiments se mêlent. C'est violent, cruel, tragique, poétique et comique.

04/2019

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Littérature étrangère

La peau de la terre

" C'était l'heure où à Mogador les amants se réveillent. Ils portent encore leurs rêves pris au filet le long de leurs jambes, sous les paupières, dans les moindres creux de leurs corps. Ils dorment, d'un baiser à l'autre. La mer rugit au soleil et les réveille. Mais ils ouvrent les yeux tout au fond du songe où ils s'aiment, jouissent l'un de l'autre et, parfois, se meurtrissent. C'était l'heure où à Mogador toutes les voix de la mer, du port, des rues, des places, des hammams, des chambres closes, des cimetières et du vent se nouent et content des histoires. " La rencontre d'une femme mystérieuse et d'un homme à qui elle lance un défi : elle fera l'amour avec lui lorsqu'il lui décrira les jardins de la ville. Seulement, il n'y a pas de jardins à Mogador. La Peau de la terre raconte la quête de cet homme qui déambule entre les murailles secrètes de Mogador, auprès des conteurs publics, des tireuses de cartes, d'autres femmes, dont les discours tissent les échos secrets du désir et des sens. De jardin secret en jardin secret, il apprendra le fragile équilibre entre le désir et l'épanouissement de l'esprit et du cœur. La Peau de la terre est le troisième volet d'une tétralogie dionysiaque placée sous le signe des quatre éléments, avec une unité de lieu, Mogador. On retrouve dans La Peau de la terre la délicate trame poétique des deux premiers romans d'Alberto Ruy-Sanchez, Les Visages de l'air et Les Lèvres de l'eau, parus aux éditions du Rocher.

03/2002

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Beaux arts

Chantilly. Le domaine des princes

Par la grâce d'Anne de Montmorency et des Bourbon-Condé puis, au XIXe siècle, du duc d'Aumale, l'immense domaine de Chantilly constitue l'un des ensembles artistiques les plus riches de France. Représenter ce qui en fait l'essence est un défi qui a été relevé grâce à une équipe de conservateurs et scientifiques, dirigés par Nicole Garnier, Conservateur général du patrimoine chargée du musée Condé. Qu'il s'agisse de sa célèbre et exceptionnelle collection de peintures anciennes savamment ordonnancées, du splendide mobilier, des appartements du prince de Condé ou de ceux du duc d'Aumale, des Singeries, de l'incroyable richesse des bibliothèques, des merveilleux vitraux de la Galerie de Psyché, ou encore de la chapelle où sont conservés les coeurs des Condé, Chantilly abrite des trésors. Quant aux jardins, ils reflètent aussi bien le talent d'André Le Nôtre que celui de ses successeurs et offrent une grande variété de styles : parterres à la française, jardin anglo-chinois, jardin anglais et parc boisé que le temple de Vénus, le Hameau, ou le Jeu de Paume viennent agrémenter ; sans oublier les très nombreuses statues du parc. Les châteaux ou demeures disséminées dans le domaine – château d'Enghien, château Saint-Firmin, maison Saint-Pierre, maison de Sylvie… –font aussi l'objet d'un reportage totalement inédit, tout comme les Grandes Ecuries magnifiées par le regard unique du photographe. Par la somptuosité de ses photographies, par son oeil acéré et poétique, Marc Walter rend ici hommage à tous les princes esthètes qui ont contribué à l'édification d'un domaine unique.

11/2017

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Sciences historiques

Par le trou de la serrure. Une histoire de la pudeur publique (XIXe-XXIe siècle)

En 1857, un groupe de jeunes gens s'abandonnant aux joies d'une partouze dans un hôtel particulier sont condamnés pour outrage public à la pudeur, parce qu'un curieux les épiait par le trou de la serrure. En 1893, les étudiants des Quatr'z Arts déclarent aux juges la guerre du nu. Dans les années 1960, les nudistes et les femmes en monokini provoquent des controverses passionnées. Chaque fois les mêmes questions se posent : où finit le public et où commence le privé ? Que peut-on montrer, que doit-on cacher ? A travers une enquête qui mêle le droit, l'architecture, la littérature et la psychiatrie, Marcela Iacub raconte l'histoire de la pudeur publique. On y découvre comment le droit a longtemps partagé le monde visible entre licite et illicite, substituant à l'espace réel un espace institutionnel et politique. Aujourd'hui, ce vieux mot de pudeur a disparu de nos codes pour être remplacé par celui de Sexe. Mais, loin de faire le récit épique d'une liberté durement conquise, Marcela Iacub analyse les transformations des techniques par lesquelles l'Etat s'est donné notre sexualité en spectacle au cours des deux derniers siècles, et a conditionné nos espaces, nos vêtements, nos pratiques et même certaines de nos maladies mentales. Elle invite ainsi à une histoire politique du regard. On retrouve dans Par le trou de la serrure les ingrédients qui ont fait le succès des précédents ouvrages de Marcela Iacub : un examen sans concession des illusions de notre prétendue libération sexuelle, et un art tout particulier de faire du droit une discipline totale, à la fois poétique et critique.

04/2008

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Littérature étrangère

Le preux et le sage. L'épopée du Kayor et autres textes wolof, édition bilingue

La version de l'épopée du Kayor, présentée par le philosophe Mamoussé Diagne, est représentative du degré de littérarité que peut atteindre le genre épique au Sénégal. Elle a été analysée dans une thèse monumentale qui propose la réflexion la plus aboutie sur la tradition orale des sociétés sahéliennes. Du proverbe au mythe, en passant par le conte, l'image et la mise en scène constituent les médiations les plus adaptées à cette fin. Les stratégies discursives mises en place visent à assurer la victoire de la mémoire sur son terrible ennemi, l'oubli. D'inspiration épique, les premiers textes du livre sont déclamés sur un ton et un rythme particuliers, leur production pouvant même être accompagnée de divers instruments de musique comme le xalam, la kora ou le balafong. Ils sont le fait des professionnels de la parole, les griots, spécialistes de l'évocation des généalogies et des hauts faits d'hommes hors normes—tel Lat Dior Diop—qui peuplent le panthéon oral. Le souffle poétique les arrache à la contingence, les propulse au rang d'archétypes structurant le code axiologique de la société et révèle, au-delà du souci de restitution du fait, une quête du sens. Les textes du second groupe diffèrent par le style : ils ne sont pas l'apanage des griots et les personnages qu'ils mettent en scène n'appartiennent pas forcément aux couches aristocratiques. Ainsi les entretiens concernant Kothie Barma et d'autres figures remarquables nourrissent les réflexions sur la païdeia ainsi que sur la fonction du proverbe ou de la devinette. Comme les récits épiques, ils se rapportent à la riche historiographie orale wolof.

10/2014

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Philosophie

Metaphysica Pura ou plutôt Metaphysica Perennis Universalis (La métaphysique pérenne, sagesse et science). Tome 2

Metaphysica pura : présentation des 2 tomes. Lecorpus de Metaphysica pura contient plusieurs métaphysiques imbriquées l'une dans l'autre, clairement discernables et objectivement complémentaires. En effet, les deux volumes s'efforcent de présenter et de développer les richesses prodigieuses de la Metaphysica perennis. D'une manière plus précise, dans Metaphysica pura, nous découvrons plusieurs expressions de la Métaphysique pérenne. Il s'agit de : la métaphysique ontologique, la métaphysique réflexive, la métaphysique relationnelle, la métaphysique symbolique, la métaphysique poétique et spirituelle, la métaphysique hénologique, la métaphysique axiologique et la métaphysique théologale. Le premier tome explicite la perspective complexe dans laquelle il faut se placer pour comprendre objectivement la métaphysique. En dépit de la séparation qu'on a accoutumé d'accentuer entre la métaphysique et la théologie, ces deux disciplines sont étroitement liées dans leur effort de réflexion totale. Ne pas séparer l'ontologie de la métaphysique. En effet, la consistance ontologique exerce sur la réflexion métaphysique une influence prépondérante. Nul existentiel n'est en dehors de la relation. Cette considération est première. Le deuxième tome "exerce" la réflexion métaphysique en dégageant les deux versants de la métaphysique : la vérité philosophique de l'existentiel et la question de l'existence de Dieu. La métaphysique remonte à Dieu à partir de l'existence des choses, à partir de l'unicité de l'univers. Ne pas séparer la théologie de la métaphysique. Il y a interaction entre la théologie et la métaphysique. C'est pourquoi, la réflexion métaphysique est appelée à bon droit réflexion totale. Au sens intégral, la métaphysique pérenne est l'unité de la métaphysique, divine en sa source.

11/2017

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Littérature française

Melmoth furieux

Elle est née à l'Orée du bois, une cité réduite à néant par les bulldozers des médias et de la finance. Hantée par les ruines de son Eden foiré, elle a rejoint la commune solidaire à Belleville, où l'on s'organise et lutte en marge du système répressif. Elle, c'est Fi. Quarante piges à tenter de trouver de la beauté dans ce monde fatal : Fi est un chaos de fils et d'aiguilles, de coutures impossibles. Car Fi est couturière. Et Fi est en colère. Quand son frère Mehdi s'est immolé le jour de l'inauguration d'Eurodisney – le 12 mars 1992 – elle s'est juré de comprendre son geste. Elle a entendu les rumeurs sur l'ancien parc devenu véritable camp de concentration, les horreurs qu'on raconte sur les enfants emprisonnés. Elle ne rêve que de tout brûler. Mais on fait comment quand on est coincée dans un quartier assiégé par une police républicaine hors de contrôle et que reviennent se venger les spectres d'un événement sanglant ? Aidée par le mystérieux François Villon, ami d'enfance de Mehdi et clé des secrets du parc, Fi se lance dans l'impossible – la trouille au ventre, prête à remuer les tréfonds de cet enfer : monter une croisade d'enfants pour partir raser Eurodisney. Pour débusquer le rongeur dans sa forteresse noire, maître invisible d'une doctrine totalitaire. Dans le merveilleux d'une robe magique, les émotions pour tissus, Fi va libérer l'imagination. Tout en douceur. Ce roman tant attendu fait écho à Toxoplasma, confirmant le tournant résolument poétique et politique de Sabrina Calvo.

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Ethnologie

Les lances du crépuscule. Relations Jivaros, haute Amazonie

On les appelle Jivaros. Ils préfèrent se dénommer Achuar, les Gens du palmier d'eau. Isolée dans la jungle de haute Amazonie, aux confins de l'Equateur et du Pérou, cette tribu légendaire fut protégée durant des siècles de l'incursion des Blancs par son inquiétante réputation de chasseurs de têtes. Plus qu'une condition de leur indépendance, la guerre est pour ces Indiens une vertu cardinale ; elle donne du prestige, renforce la solidarité, raffermit l'identité ethnique et permet le renouvellement rituel des âmes. Grâce à elle, les Achuar sont encore plusieurs milliers, fiers de leurs traditions et farouchement attachés à leur mode de vie. Ce livre est une chronique de leur découverte et un hommage à leur résistance. L'auteur y relate au quotidien les étapes d'une intimité affective et intellectuelle croissante avec ce peuple dont il a partagé l'existence pendant près de trois années comme anthropologue. Tableau des temps ordinaires comme des événements tragiques, ce récit évoque aussi un apprentissage initiatique mené à l'écoute des mythes et des chants magiques, de l'interprétation des rêves et de l'enseignement des chamanes. Une pensée riche et poétique s'en dégage, bouleversant nos conceptions de la connaissance, du sentiment religieux et des rapports à la nature. Des fondements de la violence collective à la logique de la sorcellerie, des principes de l'autorité politique à la définition de l'identité culturelle, de la philosophie de l'échange à l'intelligence de l'environnement, ce témoignage exceptionnel sur une manière libre et presque oubliée de vivre la condition humaine tire d'une expérience singulière un enseignement pour le temps présent.

04/2000

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Littérature française

Illettré

Illettré raconte l'histoire de Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen, qui chaque matin pointe à l'usine et s'installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l'atelier d'imprimerie, toute la journée défilent des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Elevé par une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de plomb de l'ignorance, il a quitté le collège à treize ans, régressé et vite oublié les rudiments appris à l'école. Puis les choses écrites lui sont devenues peu à peu de menaçantes énigmes. Désormais, sa vie d'adulte est entravée par cette tare invisible qui grippe tant ses sentiments que ses actes et l'oblige à tromper les apparences, notamment face à sa jolie voisine, Sibylle, l'infirmière venue le soigner après un accident. Réapprendre à lire ? Renouer avec les mots ? En lui et autour de lui la bonne volonté est sensible, mais la tâche est ardue et l'incapacité de Léo renvoie vite chacun à la réalité de ses manques : le ciel semble se refermer lentement devant celui que les signes fuient et que l'humanité des autres ignore. Centré sur le combat de Léo contre son illettrisme, le nouveau roman de Cécile Ladjali est un livre d'énergie et de conviction qui ouvre une voie imprévue et poétique sur ce handicap invisible, poursuivant une réflexion qui lui est chère autour des mots, de l'école, de la dignité et de l'estime de soi, impossibles sans le langage.

01/2016

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Littérature étrangère

La Montagne de l'Ame. Une canne à pêche pour mon grand-père. Le Livre d'un homme seul. L'Ami. Vingt-cinq ans après

La Montagne de l’âme, le roman qui a valu à Gao sa notoriété et son prix Nobel, est désormais un classique de la littérature universelle. Gao entraîne le lecteur dans un vertigineux voyage initiatique à travers la Chine des années quatre-vingt entre tradition millénaire et vestiges de la Révolution culturelle. Un premier roman éminemment poétique et encore profondément novateur, tant par sa construction où se mêlent les genres que par la position de l’auteur-narrateur. Les six nouvelles d’Une canne à pêche pour mon grand-père mêlent avec grâce l’amour, la douceur de l’enfance, l’amitié et l’injustice de la vie. Le Livre d’un homme seul est le récit qu’un homme fait de sa vie. La longue temporalité des années chinoises croise le présent, temps de l’exil. Le témoignage d’un intellectuel sur la force aliénante du passé, avec toujours un formidable espoir. Les deux brèves nouvelles, inédites, datent du début des années 1980. Elles évoquent les retrouvailles de proches séparés par la Révolution culturelle. L’Ami réunit Chuichui, autrefois accusé d’espionnage et victime de tortures, et son ami d’enfance, après 13 ans de séparation. Vingt-cinq ans après, c’est le temps qu’il aura fallu à Zhang pour retrouver son amour de jeunesse. Tour à tour, les protagonistes jonglent entre souvenirs et instants présents. Leurs destins font la preuve que la fidélité des sentiments l’emporte sur la dictature, et que si douloureuse ait pu être la séparation, ils n’auront eu de cesse, et à raison, d’espérer, rêver, et écrire ces retrouvailles.

11/2012

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Critique littéraire

Le sens de la profusion ; Trois souvenirs de ma jeunesse ; Nos Arcadies

Conjuguant diverses approches, historique, génétique, narratologique, poétique, psychanalytique, etc., les études réunies dans ce volume s'efforcent de préciser le sens de la profusion qui caractérise le film d'Arnaud Desplechin, Trois souvenirs de ma jeunesse. Faux antépisode, teen movie anachronique, roman d'un apprentissage réduit à une peau de chagrin, autobiographie fictionnelle lacunaire, Trois souvenirs de ma jeunesse n'engage le spectateur sur des voies en apparence bien balisées de sa réception que pour mieux la déjouer. L'effet de reconnaissance, ou de familiarité, joue donc à double-détente : s'il facilite en première approximation l'immersion dans le film, il mène bientôt le spectateur dans une impasse, et l'oblige, comme Bob, à revenir sur ses pas après s'être égaré dans la nuit. Mais le spectateur est alors face à des sentiers qui bifurquent, comme en écho à cette hésitation dont Paul fait vertu. La déception de la réception a ainsi pour corollaire la prolifération des références et des signes, qui va parfois jusqu'à la saturation, référentielle et filmique. Mais la profusion n'est ni virtuosité gratuite, qui serait stérile, ni confusion : elle est complication - du monde, du film, du sens. S'il est une Arcadie dans le film, c'est celle d'un temps où les mères étaient aimantes, les histoires, simples, et les amants, heureux. Mais Arnaud Desplechin sait aussi qu'il n'est d'Arcadie que perdue, et le film trace les signes vestigiaux de leur nostalgie. L'ouvrage reproduit, avec l'aimable autorisation d'Arnaud Desplechin, de Julie Peyr et de Why Not Productions, la note d'intention et le scénario du film.

02/2017

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Littérature étrangère

Les Aventures du dieu Maïs. "Le héros coincé entre deux mondes"

Tom de Pekin est depuis les années 2000 dessinateur, performeur, réalisateur, après avoir fondé et dirigé entre 1994 et 2000 avec Guillaume Dégé les Editions des 4 Mers, dont tous les livres étaient imprimés et reliés dans une imprimerie traditionnelle à Pékin. Connu du grand public pour son affiche, censurée à Versailles et Saint-Cloud, du film L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie, il mène un travail de contre-propagande queer à base de détournements graphiques, soulignant l'assignation de genre qui conditionne les différents aspects de la vie sociale et ses nombreux codes visuels (sport, imageries populaires, etc.). Une importante monographie de son oeuvre est sortie en 2009 chez Septembre Editions. Il a également sorti une version entièrement dessinée de la pièce Haldernablou d'Alfred Jarry aux éditions United Dead Artists, qu'il adapte actuellement pour le cinéma avec la participation de chorégraphes, performeurs, acteurs, chanteurs... Les aventures du dieu maïs retracent la vie d'un personnage haut en couleurs : Washington Cucurto. Magasinier chez Carrefour le jour, poète de vocation toujours, Cucurto se sent très tôt porté vers les voluptés de la gent féminine... au point qu'un jour, une de ses partenaires lui suggère de se réincarner en dieu Maïs, un dieu fertilisant dans la croyance dominicaine, désiré par tous, au sexe en or, de dimensions idéales. Cucurto fait visiter à ses lecteurs le supermarché dans lequel il travaille. Pendant les longues heures de travail, il compose secrètement ses poèmes sur des feuilles de salade à l'aide d'une pointe de carotte, et livre à travers son initiation poétique à l'avant-garde argentine un éloge du plagiat littéraire.

05/2015

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Critique littéraire

Faire vrai. Balzac et l'invention de l'oeuvre-monde

Alors que le champ éditorial français accueille, depuis le début du XXIe siècle, des fictions longues, marquées par l'héritage distancé de romans qui dialoguent avec l'Histoire, le point de vue macrogénétique développé ici s'attache à l'invention par Balzac d'une forme neuve, l'Oeuvre-monde, qui constitue un modèle d'écriture productif pour ses successeurs. Il s'agit de faire référence et concurrence au réel, au moyen de rapports nouveaux entretenus avec lui. L'étude s'attache aux modèles d'écriture disponibles au temps de Balzac, hérités du XVIIIe siècle et développés par le monde éditorial du premier XIXe siècle : modèles historiques, scientifiques, historiographiques que le travail balzacien s'approprie et reconfigure. Plusieurs modèles d'organisation des oeuvres longues sont ainsi mis en évidence, grâce à l'examen des étapes qui conduisent à La Comédie humaine telle qu'elle commence à paraître en 1842 : un modèle sériel historique présent dans l'Histoire de France pittoresque, un modèle panoptique qui préside au projet d'Etudes sociales. A terme, la singulière forme-sens balzacienne peut être saisie comme un texte fondé sur une porosité généralisée, qui permet de "penser par cas". La logique qui traverse les séries d'Etudes, en voie de fusion dans l'oeuvre longue, relève d'un principe d'abolition des schèmes verticaux, des pyramides de tous ordres. Le tissage du texte de La Comédie humaine, considéré dans son entier, fait apparaître une poétique neuve, où il s'agit bien de "faire vrai" et non de construire du vraisemblable. L'agencement singulier qui s'invente ainsi, à l'âge démocratique, est lié au caprice du vivant : à la contingence et à ses aléas.

05/2014

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Critique littéraire

Le chant du monde dans la poésie française contemporaine

Pour essayer d'y voir un peu plus clair dans le paysage brouillé de la poésie française contemporaine, Michel Collot en retrace l'évolution depuis 1960, en dégageant ses principales étapes et les diverses tendances qui l'animent. Pour compléter ou corriger l'image, souvent partielle et partiale, qui en est donnée, il met notamment l'accent sur celles qui, depuis les années 1980, ont contribué à " rouvrir l'horizon " de la poésie française et francophone : le renouveau du lyrisme, une plus large ouverture au monde, et la recherche d'une " nouvelle oralité ", qui concourent à faire réentendre le chant du monde. Après deux décennies marquées / dominées par le textualisme et le formalisme, les années 1980 ont vu l'émergence d'un " nouveau lyrisme " qui ne se limite pas à l'expression du sentiment personnel mais s'accompagne d'une plus large ouverture au monde et de nouvelles formes d'oralité qui renouent avec le chant, longtemps proscrit de la scène poétique française. " Il y a encore des chants à chanter ", écrivait Paul Celan, confronté aux tragédies de son siècle ; harmonieux ou dissonants, ils font entendre aujourd'hui. A ces diverses tendances correspondent autant de façons différentes d'aborder les rapports entre la poésie et la nature, l'écriture et les lieux / le langage et l'espace, la lettre et le sens, le vers et la prose. Michel Collot analyse les formes singulières et les enjeux multiples qu'elles revêtent dans quelques oeuvres marquantes du dernier demi-siècle : celles de Bernard Noël, Michel Deguy, Jean-Paul Michel, Lionel Ray, Jean-Claude Pinson, Antoine Emaz, Philippe Jaccottet, Pierre Chappuis, François Cheng, et André Velter.

02/2019

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Sociologie

Les yeux d'Oedipe (inutiles, sauvés). Quand le google, face au monde, saura voir et nommer

Ce petit livre réfléchit aux conséquences qu'aura sur la Vision, sur le Regard, le couplage de nos ordinateurs sur les images du google (monde copié). Il dit que vont s'inverser les rapports entre expérience et connaissance — celle-ci allant se mettre à précéder celle-là... Il prend le regard à son premier commencement : Perceval yeux fixés sur les trois gouttes de sang laissées sur la neige par l'oie blessée. Puis il dit que le problème de la reconnaissance, au sens où Aristote l'étudie dans la Poétique, va se trouver comme dissout. Que, partant, tragédies et comédies seront comme dissoutes... et qu'Oedipe, en sacrifiant sa vision, pourra sauver ses yeux... Il dit que ce sera la fin de la tragédie, la fin de l'expérience. Et qu'Oedipe sauvera ses yeux. Mais il n'est pas impossible de lire aussi ce livre, à l'envers, comme un éloge de la Vision — un éloge de ce qu'est voir —, et qui serait alors tout ensemble éloge de l'expérience et éloge de la tragédie — éloge de la violence de la perception. Ce petit livre, alors, serait écrit comme pour Lucie de Syracuse, sainte violentée, aimée de Dante, et protectrice de la Vue. Tandis que la quasi-totalité des articles et études portant sur le google s'en tient à la question des mondes virtuels, des mondes parallèles et des effets de déréalisation à venir, ce livre au contraire pose la question des conséquences du google à même l'expérience la plus simple et la plus quotidienne — au plus réel et au plus bas : dans une phénoménologie de la perception.

10/2011

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Critique littéraire

Zadi Zaourou, un écrivain éclectique. Enracinement et ouverture au monde

Alors que la parturition des actes d'un colloque qui lui était consacré se faisait difficilement, le poète, le dramaturge, le critique, l'artiste Zadi Zaourou, s'est retiré de la scène le 20 mars 2012, soulignant encore plus la valeur testamentaire de l'unique colloque hommage que l'université lui a consacré, les 5, 6, et 7 novembre 2008. " Zadi Zaourou, un écrivain éclectique : Enracinement et ouverture au monde. " Ce livre retrace ce cheminement littéraire et humain. Auteur d'une production abondante : L'Oeil, Les Sofas, Césarienne, Fer de Lance, La Tignasse, Le Secret des Dieux, La guerre des femmes, La termitières... et Les quatrains du dégoût, l'intellectuel engagé et engageant montre qu'il n'a jamais vendu ses convictions, pas plus qu'il n'a tourné le dos à une convocation de la culture africaine profonde pour nourrir son imaginaire fécondé par la flamboyance, toute césairienne, d'une langue au firmament des Lettres ivoiriennes. " Eclectique ", cet homme n'évitait jamais de convoquer la culture mondiale (et non mondialisée) pour buriner la face rocailleuse de ses écrits... IL touchait à tout, faisait feu poétique, romançait, mettait en scène et jouait de tout " texte ". Poète, dramaturge, metteur en scène, romancier, musicien, Zadi Zaourou jouait de l'arc musical, de la sanza, de la harpe traditionnelle bété, du piano, etc. IL n'est donc pas surprenant que ses oeuvres aient très tôt bénéficié de l'intérêt de la critique étrangère, avant même que Bernard Zadi Zaourou ne soit vraiment connu chez lui. Ce livre est un témoignage à la mémoire de ce grand humaniste.

03/2014

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Ethnologie

Initiations et sociétés secrètes au Cameroun. Essai sur la religion beti

La Nuit, telle est l'appellation paradoxale que les anciens Beti du Cameroun donnaient aux moments les plus mystérieux de leurs rituels et au champ d'action de leurs sorciers. A partir des vestiges existants et des témoignages des vieillards, l'auteur s'efforce de retrouver l'architecture d'une antique religion africaine où s'imbriquaient - avec les croyances en un Dieu cosmique lointain et en un démiurge plus proche, garant de la morale - le respect de "forces" diverses, telles le ciel et la terre, le soleil et la lune, la foudre et le nombre neuf, l'action des ancêtres ou la crainte de l'animal évou qui habite les entrailles des hommes en leur donnant les pouvoirs de la sorcellerie cannibale. Les interdits, les talismans, les connaissances médicales, la divination, les rites de passage pour la naissance, l'adolescence ou le deuil, permettaient de se protéger de ces forces ou de se les asservir. A part la citadelle constituée par la croyance en la sorcellerie, ces pratiques se sont effondrées avec la modernisation rapide du Cameroun méridional. Mais la vision du monde sous-jacente, riche de sa poétique originale et de sa rationalité propre, influe encore aujourd'hui sur la vie quotidienne et même sur la conception locale des religions contemporaines. Cet ouvrage constitue le second de la série Minlaaba, d'un nom du village, centre de l'enquête. Le premier volume, intitulé Les Seigneurs de la Forêt, traitait des traditions historiques et de l'organisation sociale des anciens Beti. Le troisième abordera le problème complexe de leur conversion massive au christianisme en l'espace de trente ans.

11/1985

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Poésie

Haïkus de chez nous

L'auteur, poète congolais, trouve aujourd'hui dans le haïku, forme de poème en trois vers ayant respectivement 5, 7, et 5 syllabes, un authentique moyen pour suggérer des émotions, des événements du temps qui passe. Le choix de cette forme poétique était bien conscient puisque le poète célèbre les "haïkus de chez nous". Sans doute parce que "nous" sommes, en Afrique, dans l'univers de la parole, et que le mot contient assez de force pour suggérer des émotions, des sentiments. Mais surtout parce que la plume "immédiate" du poète, en secouant nos certitudes et nos "endormissements", nous révèle le monde réel. Derrière les mots, nous découvrons, soudain, l'abâtardissement d'un monde où, sous les couleurs du bestiaire, les maîtres de l'exploitation sont toujours à l'affût d'un marché international de la duperie où sont toujours présents les rapaces de la spoliation économique, avec leurs calculs maléfiques et leurs prétentions philanthropiques, un monde dans lequel les acteurs internes prennent en otage les rêves du peuple à l'aide de fausses institutions, du mensonge électoral et de proclamations démagogiques. Comment s'étonner, dès lors, des migrations par vagues au-delà des océans ? Un monde chaotique en somme. Mais le poète nous apprend que DEMAIN est une réalité car, précise-t-il, "Je suis le rêve dur / Qui hantera vos jours et nuits." Ce recueil plein de vie est un exemple de réécriture formelle qui nous enchante puisqu'au bout du haïku, dans nos "Républiques du silence", il y a la liberté reconquise : "Cinq syllabes ou six syllabes / Sept syllabes ou huit syllabes / Le haïku debout".

11/2017

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Théâtre

Théâtre du mouvement

Pour comprendre la veine créatrice de la compagnie du Théâtre du Mouvement, nous devons nous interroger sur la notion de théâtralité du mouvement et parler des frontières de l'art du mouvement, de l'art du mime et du geste, et de l'art théâtral. Toutes ces dimensions inspirent autant de fascination, sont autant de plaques vibrantes et inspiratrices. A travers une expérience de plus de 40 ans, Claire Heggen et Yves Marc, en partage avec de nombreux acteurs de mouvement, ont développé cette notion large de théâtralité du mouvement qui dépasse les frontières. La pratique corporelle de l'acteur entre mobilité et présence dramatique, le regard aiguisé des metteurs en scène, leur dialogue réciproque et leurs utopies ont nourri la création au sein de la compagnie. Ainsi se sont construites peu à peu, entre sensibilité et réflexion, les recherches créatives ainsi que les bases d'une pédagogie et d'une transmission. Entre autres, la démarche d'Etienne Decroux vers un acteur corporel et dramatique, reste le haut lieu de leurs références sensibles. Il a ouvert la voie d'un genre théâtral en dehors du mot, où la formalisation poétique a autant d'importance que la narration. En plus de leur propre réflexion sur l'art, les auteurs dévoilent dans ce livre les coulisses de leurs parcours et de leurs expériences, au travers de témoignages, de retranscriptions de conférences ou d'entretiens et d'articles de recherche. Une théâtrographie détaillée et commentée permet de saisir le contexte. Les propos sont enrichis d'une centaine de photographies retraçant l'histoire du Théâtre du Mouvement et illustrant plus de 40 ans d'existence.

06/2017

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Philosophie

Metaphysica Pura ou plutôt Metaphysica Perennis Universalis (La métaphysique pérenne, sagesse et science). Tome 1

Metaphysica pura : présentation des 2 tomes. Lecorpus de Metaphysica pura contient plusieurs métaphysiques imbriquées l'une dans l'autre, clairement discernables et objectivement complémentaires. En effet, les deux volumes s'efforcent de présenter et de développer les richesses prodigieuses de la Metaphysica perennis. D'une manière plus précise, dans Metaphysica pura, nous découvrons plusieurs expressions de la Métaphysique pérenne. Il s'agit de : la métaphysique ontologique, la métaphysique réflexive, la métaphysique relationnelle, la métaphysique symbolique, la métaphysique poétique et spirituelle, la métaphysique hénologique, la métaphysique axiologique et la métaphysique théologale. Le premier tome explicite la perspective complexe dans laquelle il faut se placer pour comprendre objectivement la métaphysique. En dépit de la séparation qu'on a accoutumé d'accentuer entre la métaphysique et la théologie, ces deux disciplines sont étroitement liées dans leur effort de réflexion totale. Ne pas séparer l'ontologie de la métaphysique. En effet, la consistance ontologique exerce sur la réflexion métaphysique une influence prépondérante. Nul existentiel n'est en dehors de la relation. Cette considération est première. Le deuxième tome "exerce" la réflexion métaphysique en dégageant les deux versants de la métaphysique : la vérité philosophique de l'existentiel et la question de l'existence de Dieu. La métaphysique remonte à Dieu à partir de l'existence des choses, à partir de l'unicité de l'univers. Ne pas séparer la théologie de la métaphysique. Il y a interaction entre la théologie et la métaphysique. C'est pourquoi, la réflexion métaphysique est appelée à bon droit réflexion totale. Au sens intégral, la métaphysique pérenne est l'unité de la métaphysique, divine en sa source.

11/2017

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Linguistique

Langage et Idéologie

Depuis une vingtaine d'années, on commence à mieux connaître en France la vie et l'oeuvre de Victor Klemperer, ce philologue juif allemand qui a décrypté la langue du Troisième Reich et lui a miraculeusement survécu. Ses carnets, dans lesquels il a consigné pendant plus d'une décennie les distorsions que les nazis faisaient subir à la langue allemande, sont devenus un document incontournable pour saisir ce qu'est le totalitarisme. L'expérience singulière et tragique de cet homme qui a trouvé son salut dans l'étude obsessionnelle de l'idiome nazi est ici le point de départ d'une réflexion sur la situation actuelle du langage. Pour peu qu'on l'écoute vraiment, la langue dit toujours la vérité d'une époque. A travers ses transformations, dans la confusion des sentiments et l'ambiguïté? des mots, s'imposent certaines idées et représentations qu'on a longtemps qualifiées d'idéologie avant que ce terme ne tombe en disgrâce. Cet ouvrage collectif entreprend de montrer les modalités suivant lesquelles l'idéologie se déploie aujourd'hui, en croisant l'approche linguistique héritée de Klemperer, la tradition critique en sciences sociales qui a su historiquement la conceptualiser, et une problématisation des systèmes techniques qui permet d'analyser l'automatisation du langage. Faire de Klemperer notre contemporain, c'est nous confronter au discours publicitaire et aux algorithmes du web mondialisé en nous armant du principe d'exactitude qui guidait l'écriture de son journal intime. Observer froidement ce que la langue subit, pour avoir une chance de lui rendre sa richesse, sa polysémie et sa force poétique.

11/2022

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Littérature française

D'un jardin l'autre

Sur toile de fond de guerre d'Algérie, dans la fin des années 50, "D'un jardin l'autre" nous conte une histoire d'amour, celle que vécut à Paris Azur, Algérien et "maître des arts du feu" , avec une femme française, donnant naissance à une petite fille. La mort d'Azur sera le déclencheur d'une peine terrible pour sa fille Flore, peine amplifiée par l'absence de ce père rencontré à l'âge adulte et l'impossibilité du partage des derniers instants. Malgré son désir de la voir disparaître, cette peine va cependant devenir un guide, un aiguillon. Que voulait lui dire Azur avant de partir ? Sous le regard d'Aliénor, sa mère, à l'écoute d'une intériorité, mais aussi à l'affût de chaque piste apte à lui restituer une vérité, Flore tentera de déceler les mots non dits. Au terme de ce cheminement, sorte de voyage initiatique entre réminiscences et rencontres notamment avec le valeureux Ismet, y parviendra-t-elle enfin ? La céramique, se prête aisément à une réflexion sur la création : l'artiste n'est-il pas celui qui ose, le premier, dans une société, toucher le feu ? De ce roman, se dégage un immense esprit d'ouverture, sublimant le contexte "abiotique" d'une guerre qui ne voulut pas dire son nom, nous entraînant dans l'allégresse d'un message final. Si la facture poétique de ce roman accentue sa distance avec une réalité historique parfois réajustée, celle-ci en fait aussi une fable dans laquelle chaque lecteur pourra se projeter, au sein d'un monde passé, présent et futur revisité avec profondeur et légèreté.

06/2017