Recherche

Rémi Raher

Extraits

ActuaLitté

Vins, alcools, boissons

Invignez-vous !

La France a deux grandes spécialités : son vin, et sa capacité à entraver tout ce qui peut faire fonctionner et briller le pays. La loi Evin réunit les deux. Celle-ci interdit toute publicité, et au-delà toute communication, émission ou reportage portant sur le plaisir du vin. Au pays des grands crus que le monde entier nous envie, il est proscrit, sous peine de lourdes amendes, de commenter une dégustation professionnelle ou un repas associant mets et vins, bien que le repas gastronomique à la française soit inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, et que le vin représente, en France, la seconde rentrée de devises après l'aéronautique (soit la valeur de 41 airbus tous les ans) ! Un moralisme sournois pèse sur notre démocratie. Comment, au pays des sans-culottes assoiffés de liberté comme de vin, en est-on arrivé là ?Né de la défaite de 1870 et de la volonté de trouver un bouc émissaire, l'hygiénisme et le prohibitionnisme ont engendré une médicalisation de la société. Au nom du risque zéro l'action, la décision et la responsabilité de chacun s'effacent désormais devant le « Nous savons mieux et décidons à votre place » de soi-disant experts pas toujours désintéressés. D'où vient cette idéologie culpabilisatrice qui confine parfois au ridicule ? Va-t-on interdire les « routes des vins » sous prétexte qu'il ne faut pas associer les mots routes et vins ? Face à cette prohibition rampante, l'éducation, l'apprentissage du goût, et la transmission du savoir à nos enfants doivent être remis en avant ! Dans ce pamphlet-manifeste, Jacques Dupont dénonce les excès du moralisme ambiant pour en chercher les causes, en souligner le ridicule, et en indiquer les remèdes. N'ayons pas peur, « invignons-nous ! ».

05/2013

ActuaLitté

Critique littéraire

Europe N° 1094-1095-1096, juin-juillet-août 2020 : Mohammed Dib ; Jean Sénac

Un siècle après la naissance de son auteur, l'oeuvre de Mohammed Dib (1920-2003) ne cesse de nous surprendre et de nous émerveiller. Celui qui, pendant la guerre d'indépendance se fit le chantre, dans sa trilogie romanesque constituée par La Grande Maison, L'Incendie et Le Métier à tisser, d'une Algérie profonde, miséreuse et souffrante, fut aussi de ceux qui donnèrent à la littérature algérienne cette dimension universelle qui la caractérisa très tôt. Romancier, nouvelliste, conteur, auteur dramatique, essayiste, poète avant tout et toujours, Dib aura composé, en plus d'un demi-siècle d'écriture, une oeuvre d'une étonnante diversité et d'une richesse rare. "OEuvre-constellation" ouverte au monde entier — de son Tlemcen natal à la Californie et à l'Europe du Nord — et à l'humanité sous toutes ses formes, aussi bien dans ses aspirations les plus nobles que dans ses penchants les plus inquiétants. S'il s'agissait de trouver au sein d'une telle profusion un principe d'unité, il résiderait peut-être, comme le suggère ici-même Abdellatif Laâbi, en ceci que Dib a inventé "une langue qui n'appartient qu'à lui, une ouvre d'art en soi". Mais ce grand artisan de la langue, cet artiste admirable est aussi un auteur qu'habite un questionnement éthique, et qui n'a cessé d'alarmer la responsabilité de l'écrivain. Qu'il écrive sur l'amour ou sur l'enfance, ou qu'il s'interroge sur les rapports entre tradition et modernité, c'est toujours avec le souci de poser les problèmes de manière à laisser le lecteur libre de se forger sa propre conviction Les études, témoignages et textes inédits réunis dans le présent dossier tracent le portrait d'un écrivain dont l'élévation d'esprit n'a d'égale que l'inventivité verbale.

06/2020

ActuaLitté

Sciences politiques

Charles Maurras. De la République au roi - Un apologiste de la Monarchie

Comment parler de Maurras autrement que planté dans ses hautes altitudes et enfermé dans sa solitude, sinon en le rapprochant de ses contemporains. Sa surdité ne l'a pas empêché d'entretenir d'innombrables et fructueuses relations avec les plus grandes personnalités des lettres des arts et de la politique de cette fin du XIXe et du début du XXe siècle. La riche amitié qui le lia à cette époque au grand critique littéraire et académicien Jules Lemaitre illustre remarquablement l'influence considérable qu'il exerça sur les esprits de son temps. Républicain convaincu mais sans intransigeance, écrivain et critique littéraire de grande race, Jules Lemaitre fut un admirateur fervent du jeune Maurras, de son talent d'écrivain, de poète, avec qui il partageait l'amour de la province natale, le goût de la critique littéraire et ce sentiment profondément ancré de la décadence du pays. Tous deux ont été marqués parle problème de l'incroyance qui fut chez Maurras le siège d'une grande souffrance. Mais c'est surtout par l'ampleur et la nouveauté de la pensée politique de son jeune confrère que Lemaître s'est engagé sur le chemin d'une adhésion au "nationalisme intégral" maurrassien et à cette "monarchie héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée" qui en est le couronnement. Maurras offrait à ses contemporains un riche corpus de grands principes de vie politique et sociale accessibles à toutes les sensibilités patriotiques. Qu'ils fussent républicains — comme Lemaitre qui fut un des premiers convertis — légitimistes, catholiques, mais aussi protestants et incroyants, nombreux furent ceux qui succombèrent à la séduction d'une pensée qui marquera un demi-siècle de vie politique française. Il nous a paru nécessaire de présenter dans ces pages les "masses de granit" d'une oeuvre qui reste, plus que jamais, d'une brûlante actualité.

01/2020

ActuaLitté

Religion

L'EROS ET LA LOI. Lectures bibliques

Pour la tradition juive, le sens de l'Ancien Testament est inépuisable : l'interprétation est libre de remplir les blancs et les marges des signes linguistiques et d'en proposer, de génération en génération, des lectures nouvelles. A l'opposé de toute vision dogmatique, cette permanente invention du sens constitue l'essence même de la Révélation. Les multiples interprétations de la Bible cherchent avant tout à retrouver le souffle originel qui anime ce texte, les échos encore audibles de la voix infinie qui parle à travers lui. Il y a là comme un Eros qui vivifie le texte, reflet lointain de la parole divine. Certes, parce que cette parole est destinée aux hommes et qu'elle vise à régler leur vie sur cette terre, le souffle originel de l'Eros divin s'est incarné, dans le texte biblique, en discours de la Loi. Mais, pour comprendre l'esprit qui le fait vivre, il s'agit de découvrir, derrière ce discours de la Loi, l'Eros primordial qui l'entraîne. Cette inspiration, Stéphane Mosès a voulu la retrouver dans sa lecture de textes majeurs de la Bible : la création de l'homme et de la femme, le conflit entre Jacob et Esaü, le récit de la révélation du Sinaï, l'allégorie des quatre empires dans la vision de Daniel, les passages mettant en scène trois prières pour l'étranger. Mais cette tradition elle-même est réinterprétée ici dans les termes du discours philosophique occidental. A leur tour, ceux-ci sont remis en question par les catégories juives qui les travaillent de l'intérieur. De ces déplacements de concepts naît ici une autre façon, à la fois nouvelle et très ancienne, de lire la Bible, et donc une autre manière de déchiffrer le monde, une autre manière d'y projeter un sens.

04/1999

ActuaLitté

Histoire internationale

Agent Orange. Apocalypse Viêt Nam

Si l’histoire de l’utilisation des poisons, (venins et toxiques) remonte à l’Antiquité, la synthèse chimique a permis d’en démultiplier les effets maléfiques. Ainsi la guerre du Viêt Nam fut-elle la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’Humanité. L’objet de ce livre est d’expliquer précisément comment et pourquoi. On y apprend de quelle façon, aujourd’hui encore, un demi-siècle après le début des épandages, la dioxine pénètre dans l’organisme, quelles maladies elle engendre, et les terribles effets tératogènes qu’elle inflige aux enfants. La description scientifique des agents chimiques utilisés est aussi précise que la technologie méthodique mise en œuvre. Celle de l’effroyable catastrophe écologique fait prendre conscience que la destruction du règne végétal précède et précipite une dévastation plus terrible encore. Les nombreuses photographies exceptionnelles, signées de très grands noms, illustrent l’ampleur de la tragédie actuelle. Cartes géographiques, documents d’archives inédits et témoignages états-uniens viennent démontrer l’intentionnalité de ce véritable écocide. L’auteur propose en outre un nouveau calcul renversant du volume des agents chimiques déversés au Viêt Nam. Dans cet ouvrage exhaustif, il aborde la partie juridique avec les procédures intentées au nom des victimes vietnamiennes dans un lourd silence médiatique. À l’image du Tribunal international d’opinion qui s’est tenu en 2009 à Paris, ce livre a pour but d’informer le public, premier pas d’une prise de conscience sur la route de la réparation des torts et des souffrances, car il existe aussi un espoir… Un document bouleversant, comme l’Histoire officielle ne la raconte jamais, pour comprendre l’ampleur de la tragédie que vivent au quotidien une multitude de victimes de l’Agent Orange.

07/2010

ActuaLitté

Histoire internationale

Un officier supérieur suisse dans la SS. Johann Eugen Corrodi (1897-1980)

En juin 1941, un officier supérieur de l'armée suisse traverse clandestinement la frontière pour rejoindre les armées allemandes. Le Biennois Johann Eugen Corrodi (1897-1980), commandant d'un bataillon jurassien, s'engage sous un faux nom dans la Waffen-SS. Il en deviendra le Suisse le plus haut gradé. Admirateur d'Hitler et de son régime, Corrodi a pour ambition de faire une grande carrière militaire. Il l'achèvera comme bras droit du commandant de la Waffen-SS en Italie avant de revenir en Suisse en mai 1945. Un tribunal militaire le condamne à deux ans et demi d'emprisonnement. Militaires et civils dénoncent une peine jugée scandaleusement clémente. Quelles ont été les motivations de l'officier supérieur, ses liens avec les milieux nationaux-socialistes suisses ? Qu'a-t-il réellement fait dans la Waffen-SS, sur le front de l'Est d'abord, en Italie ensuite ? Comment expliquer une peine largement inférieure à celles prononcées par contumace durant la guerre ? Pourquoi n'a-t-il pas été condamné pour trahison ? Ces questions sont longtemps restées sans réponse. Ce livre s'attache à les éclaircir, sur la base de documents suisses, mais aussi étrangers. Il s'efforce constamment d'établir si ce parcours est représentatif ou non de ceux des centaines d'autres Suisses qui se sont engagés au service d'Hitler. L'histoire de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale comprend aussi celle de ces Suissesses et Suisses qui - comme Johann Eugen Corrodi - ont agi pour le Troisième Reich, de celles et ceux qui - comme Maurice Bavaud à Berlin - ont été mis à mort par lui et de celles et ceux qui - comme Carl Lutz à Budapest - ont oeuvré en faveur de ses victimes.

10/2018

ActuaLitté

Poésie

Requiem. Poème sans héros et autres poèmes

Anna Akhmatova publie son premier recueil en 1912 et s'impose très tôt comme une virtuose de la petite forme lyrique. Classée comme "acméiste" ou "intimiste", elle est plus authentiquement quelqu'un qui cultive un style simple, rigoureux, d'un classicisme qui l'apparente à Pouchkine, même si chez elle toute idée d'imitation est exclue. Après la révolution d'Octobre, elle refuse d'émigrer, quoique suspecte aux autorités nouvelles qui vont, peu à peu, l'interdire de publication. En 1940, cette interdiction est momentanément levée et Anna Akhmatova publie plusieurs poèmes sur la guerre, mais non les textes qui lui tiennent le plus à coeur, comme Requiem ou les suites de poèmes brefs qui évoquent les arrestations massives et le goulag. A nouveau condamnée au silence dès la fin de la guerre, elle continue de composer pour elle-même des textes plus amples comme les "Elégies du Nord", et toujours des suites de textes brefs. Elle n'obtiendra jamais l'autorisation de donner au public un "septième livre" qui réunirait ses écrits récents et prendrait la suite des six recueils publiés dans sa jeunesse. Cette anthologie aborde l'oeuvre dans son entier. Elle puise dans les premiers livres, donne in extenso Requiem et le Poème sans héros, puis reprend à son compte un plan ébauché par la poétesse pour son fantomatique "Septième livre". C'est tout le parcours d'Anna Akhmatova qui est ici restitué, c'est un demi-siècle de combat solitaire, acharné, douloureux, mais au final sans faiblesse, qui se révèle page à page. Une poésie fragile et souveraine qui, confrontée aux risques les plus grands, ne renonce jamais, et célèbre avec une rare intensité les pouvoirs d'une parole irréductible.

01/2007

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance. 1921-1970

La correspondance entre Lili Brik et Elsa Triolet constitue un document unique à plus d'un titre. Les deux sœurs, nées à Moscou respectivement en 1891 et 1896 dans une famille aisée et plurilingue, furent séparées par le mariage d'Elsa avec l'officier français André Triolet et son installation en France en 1920, et leur besoin de se " parler " malgré l'éloignement donna naissance, pendant près de cinquante ans, aux centaines de lettres rassemblées ici. Mais ce n'est pas seulement par son volume et sa durée que cette correspondance est impressionnante. Il s'agit d'un échange entre deux femmes qui se confient à peu près tout ce qu'il est possible de se dire : les petits soucis du quotidien et les problèmes d'argent, autant que des confidences sur les hommes de leur vie, Maïakovski et Aragon, puis des commentaires sur la politique, ainsi que de nombreuses pages sur la littérature. Les efforts de Lili Brik en Union Soviétique et d'Elsa Triolet en France pour sauver l'honneur et la mémoire de Maïakovski, tout comme le témoignage d'Elsa Triolet sur l'œuvre en devenir d'Aragon et ses propres projets littéraires, prennent ainsi une large place dans cette correspondance exceptionnelle. Les drames personnels, tels le suicide de Maïakovski en 1930 ou les purges staliniennes auxquelles Lili Brik échappa de justesse, sont évoqués - parfois à demi-mot pour contourner la censure - au même titre que les grands bouleversements historiques dont les deux femmes se font le témoin et le commentateur perspicace. La traduction et la publication aujourd'hui de cette correspondance donnent enfin au lecteur français accès à l'un des documents les plus passionnants sur l'histoire du XXe siècle.

01/2000

ActuaLitté

Littérature française

Nouveau nouveau recueil. Tome 2

1923-1942 L'homme qui désire voyager. Au lecteur. De amicis meis. De la pluie. Le processus des aurores. Idée du texte... La simple. Aurore. Le bec d 'oiseau. Torses et chefs... La serviette-éponge. La pluie. Les gars du bâtiment. L'Egypte et les Egyptiens. Petite suite vivaraise. La Pentecôte. L'ortie. Promenade au fort de Romainville. Conférence de M. Déat. Comptine. La scie musicale. Souvenirs interrompus. Rouen, masure humide. L'énergumène. Tournoiements aveugles. Pour étrenner ma droite. Hiver de famine. Billets "hors sac". Je suis un suscitateur. Je lis Montaigne... Paysage près du Moulin-de-Charix. 1967-1984 "Eppur, si mu ove !". Pour Marcel Spada. Son nom seul aujourd'hui. Pour Max Bense. Ecrits récents. With and to Hemi Maldiney Cheer up ! Plutôt rien que pas assez. Le petit oiseau qui sortira de la chambre noire sera fusillé. Notes pour mon Picasso-Draeger. Envoi à Henri Maldiney d'un extrait de mon travail sur "La Table". Voici déjà quelques hâtifs croquis pour un "portrait complet" de Denis Roche. Petite machine d'assertions pour aider à l'élévation à son rang de notre Gabriel Audisio. Avant-propos. L'Ecrit Beaubourg. Grand Hôtel de la Rage de l'Expression et des Velléités Réunies. Sans titre. Nous, mots français. Anne Heurgon-Desjardins. In Memoriam Gaëtan Picon. "La Belle Lurette". Petit récit de l'assomption d'un ange qui ne fut d'abord qu'un bottier. Préface à l'édition japonaise de "La Rage de l'Expression". Pour Joan Miro. [Jean Hélion]. Nouvel hommage d'un frère cadet. Bref condensé de notre dette à jamais et re-co-naissance à Braque particulièrement en cet été 80. "Allons plus vite, nom de Dieu, allons plus vite". Préface. Pour André du Bouchet (quelques notes). Braque-Argenteuil. Paul Valéry. Cher André Villers. Notes pour l'éditeur. La Table.

02/1992

ActuaLitté

Littérature française

Nièce

"Deux sous de complément biographique, pas plus, la quatrième de couverture exigible : L'auteur, employé de bureau inscrit au tableau d'avancement des sous-chefs de Service, a dû respecter l'obligation de réserve à laquelle il est statutairement tenu. Il a cependant cru ne pas y manquer en se proposant de raconter, sans autres précisions, la demi-heure qu'auraient pu vivre, à leur sortie du bureau le vingt-quatre juin dernier, certains collègues de sa connaissance. S'autorisant de lectures passées, il a pensé que l'observation d'un fait divers par un fonctionnaire préoccupé par ses états de service, donc fabulateur, et par des amours très au-dessus de sa condition pouvait donner lieu à des perturbations touchant à la composition, au rythme et à la langue d'un récit. - Dauvergne dixit. Dont acte. "A rencontré son sauveur. Stop. Signé : Nole" suffisait pour une nécrologie qui, de toutes les façons, serait réécrite par l'un des Parfaits du Temple. Et pourtant le printemps, le printemps usait sa chanson jusqu'à la rengaine, et l'âme avec. Mille feuilles encocardées s'apprêtaient à accueillir l'été, vitalité en gracieuses retombées, des heures échauffées emperlant images au chapelet des caresses - et l'énorme effarement des blêmes et des blets, tombée de la nuit, des paroles pâles et les pétards mouillés. Et l'intense intrépide bombance - des villes, autour : spectacle sous l'oeil noir, la tragédie toujours remise d'un porteur de lunettes pour de mirobolantes lunes. Malveillances de marbre, orbite creuse, passé le pont un jardin s'organise en allées ; des coupe-gorge suffisamment éclairés pour entretenir la peur. La colère aussi, cet autre refuge. Qu'il suffise de passer le pont". Jean-Pierre Dauphin.

02/1990

ActuaLitté

Critique littéraire

JEAN PAULHAN, LE CLAIR ET L'OBSCUR. Colloque de Cerisy-la-Salle 1998

Voici plus de trente ans que Jean Paulhan est mort et que le nombre de ses écrits ne cesse de grandir. On a rassemblé des chroniques, des "traités", des carnets, des fragments autobiographiques ; et chaque année qui passe fait un peu moins incomplète son immense correspondance. Face à tant d'écrits nouveaux et d'informations inédites, il était temps d'essayer de faire le point, et d'interroger sur de nouveaux frais l'œuvre encore méconnue d'une figure illustre et secrète. Car ce subtil (à qui l'on a parfois reproché trop de subtilité mais qui sut, après Munich ou aux jours sombres de l'Occupation, faire les choix simples que les temps exigeaient) ne s'est pas contenté d'être, un demi-siècle durant, au centre de la vie littéraire et intellectuelle française, d'éclairer la voie du jeune Éluard ou celle de Joë Bousquet, d'être le "grand juge" de Michaux, d'aider Ponge à accoucher du Parti pris des choses, de favoriser l'essor de Blanchot, ou encore de saluer le génie de Braque ou de Dubuffet. Il a également donné (avec le Guerrier Appliqué, les Progrès en Amour assez lents ou Les Fleurs de Tarbes) quelques récits et essais parmi les plus singuliers de ce siècle : avec une précision incisive et joueuse, ennemie de tout pédantisme, il y invite son lecteur à considérer quelques-uns des paradoxes auxquels notre modernité littéraire, politique, picturale, continue de se heurter, et que les actes de ce colloque - le premier qui ait été consacré à Paulhan depuis 1973 - voudraient essayer d'éclairer, à l'aide de contributions venues de plusieurs disciplines et d'horizons intellectuels très divers. Le présent volume porte le numéro 9 bis de la "Série Jean Paulhan ".

12/1999

ActuaLitté

Religion

CHRONIQUES. Edition français-latin

Sulpice Sévère naît vraisemblablement sous le règne de Julien à une date inconnue, postérieure de peu à 355 et disparaît de l'Histoire vers 400. Il est vraisemblable qu'il fait des études de droit à Bordeaux et devient avocat. Sulpice Sévère est le témoin de ce demi-siècle, discret sur la chose publique, précieux pour la connaissance de la culture et de la mentalité de cette époque. Il a écrit une Vie de saint Martin qui a remporté d'emblée un franc succès auprès de ses contemporains et ces Chroniques qui sont restées dans l'ombre comme le laisse penser l'unique manuscrit découvert à ce jour ; le succès ne viendra que onze siècles plus tard. En effet c'est au XVIe siècle que les réformateurs, séduits par les idées ascétiques de l'auteur, favorisèrent la multiplication des éditions et protégèrent de ce fait l'unique manuscrit. Par chronique ou chronographie, on entend un récit, exposé par ordre chronologique, qui couvre l'histoire sainte à partir de chacun des livres historiques de la Bible, et l'histoire de l'Eglise. Les thèmes qui font l'originalité des chroniques chrétiennes sont tous présents chez Sulpice Sévère : l'ancienneté de la religion chrétienne est l'une de ses idées maîtresses ; la proximité de la fin des temps est un argument qu'il utilise pour engager ses contemporains dans la voie de l'ascétisme ; l'idée millénariste vient spontanément au lecteur tant Sulpice Sévère met en valeur la chronologie des 6 000 ans. En outre, cette oeuvre, qui reflète bien les différents courants de pensées du IVe siècle chrétien, nous renseigne sur les progrès de l'arianisme dans le monde occidental et constitue une source unique pour cette mystérieuse hérésie qu'est le priscillianisme.

03/1999

ActuaLitté

Economie

Finances et politique au siècle des Lumières. Le ministère L'Averdy, 1763-1768

La nomination, à la fin de l'année 1763, d'un magistrat du parlement de Paris au contrôle général des finances eut les caractères d'une petite révolution. Effrayés de voir " le loup entrer dans la bergerie ", les commis des bureaux ministériels furent consternés à la nouvelle du choix de L'Averdy. N'était-il pas à redouter que cet homme de 39 ans, qui venait de supprimer l'ordre des jésuites en France et de négocier avec le gouvernement le principe d'une participation des parlements à la politique générale, ne diminuât encore l'autorité du roi et de ses ministres ? Le nouveau contrôleur général n'allait-il pas donner le dernier coup de poing à une monarchie au bord de la banqueroute et dont les principes traditionnels étaient remis en cause par les parlements, les économistes, les philosophes et les pamphlétaires ? Ces craintes, qui allaient justifier huit ans plus tard le coup de force du chancelier Maupeou contre les parlements, étaient illusoires. Si L'Averdy fut appelé au ministère par Louis XV, c'était pour que le nouveau venu fasse usage de son crédit auprès des cours de justice et apporte ainsi à l'Etat royal les moyens d'entreprendre une série de réformes difficiles que demandaient depuis longtemps les experts du gouvernement, que réclamait l'opinion publique et que la déroute de la guerre de Sept Ans invitait à ne plus différer. Ce livre se propose d'étudier, à travers l'action et la pensée d'un magistrat devenu ministre, les conflits que suscitèrent, entre la fin de la guerre de succession d'Autriche (1749) et la banqueroute de l'abbé Terray (1770), la question de la modernisation des structures économiques et politiques de la monarchie absolue.

12/1999

ActuaLitté

Histoire internationale

Mon témoignage devant le monde

Mon témoignage devant le monde, publié pour la première fois en France en 1948 et introuvable aujourd'hui, est l'œuvre magistrale d'un des grands témoins du siècle, Jan Karski (1914-2000). Ce résistant polonais fut le premier à témoigner de l'extermination des Juifs dans les territoires polonais occupés par les nazis. Mobilisé en septembre 1939, le catholique Karski est fait prisonnier par les Soviétiques, puis remis aux mains des Allemands. En novembre 1939, il réussit à s'évader, arrive à Varsovie et rejoint la Résistance. Dès 1940, il passe en France, pour porter des microfilms au gouvernement polonais en exil à Angers. A son deuxième passage, il se fait arrêter en Slovaquie et torturer par la Gestapo. Il essaie de se suicider mais finit par s'évader de l'hôpital militaire où il est détenu. Puis il se remet au service de la Résistance, structurée en un véritable Etat secret, avec son gouvernement, son parlement et son armée. A l'été 1942, il pénètre clandestinement dans le ghetto de Varsovie puis dans le camp de concentration d'Izbica Lubelska en se faisant passer pour un garde ukrainien. C'est habité de ces effroyables visions que le messager Jan Karski quitte définitivement Varsovie en octobre 1942, traverse l'Europe en guerre, porteur d'un message trop lourd pour un homme seul : le peuple juif est en train de disparaître, exterminé par les nazis. A Londres et Washington, Karski plaide auprès d'Eden et de Roosevelt en faveur d'une action destinée à arrêter la Shoah. Mais devant son récit, la plupart de ses interlocuteurs ont une réaction comparable à celle de Felix Frankfurter, juge de la Cour suprême des Etats-Unis, lui-même juif : " Jeune homme, je ne vous dis pas que vous êtes un menteur, mais je ne vous crois pas. "

03/2010

ActuaLitté

Sciences politiques

L'état des fédérations. Tome 2, Sécéssion et fédéralisme

Existe-t-il un droit de sécession ? Voilà une question dont l'issue pourrait bien redessiner la carte du monde. Il y a de cela un demi-siècle, les démocraties occidentales regardaient avec distance le séparatisme endémique dont souffraient les pays en voie de développement. Mais désormais, plus personne n'est à l'abri. Le Canada, l'Espagne, la Belgique et le Royaume-Uni ne le savent que trop bien. Le Québec a ouvert la voie, bientôt suivi par le Pays-Basque et la Catalogne, la Flandre et l'Ecosse. Traditionnellement, les gouvernements fédéraux opposent un argument d'autorité à ce type de revendication séparatiste. La théorie fédérale soutient, depuis la guerre civile américaine, que la sécession est illégale. On considère d'ailleurs souvent qu'en dehors de l'Union soviétique et de la Yougoslavie, aucun grand Etat fédéral n'a consacré de droit de sécession. Et l'on sait ce qu'il est advenu de ce "droit" dans ces deux pays. Les manuels de droit constitutionnel prolongent cette orthodoxie : c'est par son interdiction qu'ils distinguent l'Etat fédéral de la confédération d'Etats et de son droit de retrait. Mais on pourrait remettre en cause un présupposé juridique aussi classique que celui-ci. En réalité, une étude approfondie révèle une tout autre histoire du fédéralisme. Si les confédérations grecques, américaines, allemandes, hollandaise ou suisse ne reconnaissaient aucun droit de retrait, une dizaine d'Etats fédéraux ont consacré par le passé ou reconnaissent aujourd'hui un droit constitutionnel de sécession. Parallèlement, l'histoire du fédéralisme regorge de tentatives séparatistes. L'issue de la guerre civile américaine ne peut donc pas dicter sa loi aux principes fédéraux. Il est ainsi essentiel de déterminer si ceux-ci soutiennent l'existence d'un droit de sécession ou s'ils le rejettent.

09/2019

ActuaLitté

Esotérisme

L'expérience de l'ange

L'ange est à la fois une manifestation divine et un autre nous-même. Ainsi, parler des anges, c'est dire la présence de Dieu en toute chose et mettre en évidence une zone cachée de ce que l'on est. L'ange est celui qui réveille les potentialités qui sommeillent en chacun de nous. Il parle par signes : un texte révélant une réponse inattendue, un ami qui nous appelle au bon moment, un rêve particulier, une chose jusqu'alors ignorée qui apparaît sous un jour nouveau. Comment faire l'expérience de son ange ? Dans ce guide pratique, Marie-Pascale Rémy propose de nombreux exercices favorisant une ouverture sensible à la présence de l'ange dans son quotidien. Pas à pas, elle nous guide dans cette rencontre. Il convient avant tout de porter un regard sacré sur le monde comme sur nous-même pour appréhender cette compagnie. L'échange avec l'ange, gardien de la destinée humaine, est facilité par l'approfondissement du sentiment d'amour qui nous habite. C'est ainsi que nous pouvons aller vers l'accomplissement, en nous familiarisant avec le langage angélique, par la prière et la méditation. L'auteure donne ensuite les clefs d'interprétation de l'Annonciation afin que nous soyons en mesure de décrypter les indices laissés sur notre chemin. Enfin, elle conclut son ouvrage par le portrait de Michaël, l'ange tutélaire de notre époque dont les valeurs d'espoir et de pardon rayonnent sur le monde. L'enjeu de "L'Expérience de l'ange" est de transformer cette conscience qu'un fil conducteur sous-tend notre vie en un lien qui nous rattache durablement à cette facette céleste de notre humanité.

06/2017

ActuaLitté

Littérature étrangère

Dunbar et ses filles. Le Roi Lear revisité

Henry Dunbar a décidé de s'enfuir du foyer pour personnes âgées où ses filles l'ont placé en Cumbria, dans la région montagneuse du nord-ouest de l'Angleterre. Son acolyte dans l'aventure est un ancien comédien alcoolique avec lequel il a sympathisé... Ils tentent le tout pour le tout, et aucun des deux n'ignore qu'on essaiera de les retrouver par tous les moyens dès que leur disparition dans la nuit et la neige aura été découverte. Car Henry Dunbar n'est pas n'importe qui : il est l'un des hommes les plus riches de la planète, et même si à plus de quatre-vingts ans, il perd parfois un peu la tête, il est encore officiellement le patron d'un empire médiatique. Un empire convoité par ses filles Megan et Abigail, qui rêvent de prendre le contrôle du groupe lors de la prochaine assemblée générale. Elles traversent donc l'Atlantique en urgence - et en jet privé - pour essayer de remettre la main sur leur père afin de le neutraliser. Mais Florence, leur petite demi-soeur se montre plus rapide. Elle tient à revoir son père non pas pour s'emparer de l'héritage, mais dans le but de se réconcilier avec lui - il l'avait répudiée quand elle lui avait déclaré que son argent ne l'intéressait pas. Megan et Abigail, bien au contraire, ne pensent qu'à la fortune : assoiffées de pouvoir, elles sont prêtes à tout pour l'obtenir. Avec ses rebondissements loufoques ou drolatiques, Dunbar et ses filles est une tragi-comédie peuplée de nymphomanes hystériques, de manipulateurs manipulés et de grands lâches, tous attirés par le pouvoir et l'argent. St Aubyn nous offre non seulement une sorte de Roi Lear contemporain mais il tend surtout un miroir grossissant à notre époque.

03/2019

ActuaLitté

Religion

Qui a créé Dieu ? - La Science de l’infiniment petite comme réponse - Nous sommes ce que nous cherch

Cette brochure est un résume simplifié de ce que j'ai expliqué dans mon ouvrage : "Science, Religion et Culte des ancêtres" . - La mécanique quantique (la science de l'infiniment petite). - La philosophie cartésienne (le rationnel, la logique, une lecture méthodique). - La physique théorique. - Le code cosmique (une essence numérique). - Le 3ème oeil ou chakra 6. - Les assertions religieuses. - La genèse et l'émergence du cosmos (l'univers). Le jour où la science couvrira entièrement le champ de la réalité c'est-à-dire quand la science pourra tout expliquer, le vocable "Dieu" disparaitra de notre vocabulaire, il sera remplacé par la démonstration scientifique. La compréhension ultime de ce monde nous permettra de nous passer de Dieu. Dieu n'existe que par nous et Lui n'est que par nous pour dire que c'est nos limites, la limite de la science que nous utilisons qui détermine l'ouvrage de Dieu, ce qui nous met en face de notre responsabilité et fonde notre liberté. Le cosmos est-il régi par des lois mathématiques ? Si non, qu'est-ce qui le gouverne alors ? - Filmer une voiture qui roule sur une route. - Accélérer le film progressivement jusqu'à l'infini. - La voiture finira par disparaître. Alors, quelle preuve avons-nous de l'existence de la voiture ? - Le temps donne une légitimité à l'existence de la voiture. - Le temps est la vraie unité de mesure. - Le temps donne la preuve de l'existence de la matière. Sans temps, nous n'existons pas. - Nous sommes ce que nous cherchons. - Le monde est une construction de la conscience Humaine. - Le 3e oeil ou chakra 6 est la preuve qu'il n'y a pas de pouvoir plus grand et plus puissant que celui qui existe déjà en nous. Il n'y a pas de dieu plus grand que la vérité.

04/2019

ActuaLitté

Régionalisme

Guide officiel des bouchons lyonnais (non-labellisés). Tome 4

Pourquoi non-labellisés ? Un peu d'histoire… En décembre 2012, Christophe Marguin et Joseph Viola tentaient d'imposer aux bouchons lyonnais, une charte aux obligations intolérables. Il était notamment question : d'élire Christophe Marguin, président des bouchons lyonnais, du paiement d'une cotisation, de l'achat d'une plaque, de l'acceptation de nouvelles règles de fonctionnement, et surtout : de refuser aux non signataires leur présence sur la liste des bouchons lyonnais offerte à tous les touristes. 22 bouchons acceptèrent de signer la charte, définie par la Chambre de Commerce (dont Christophe Marguin est l'un des vice-présidents) et Mr Gaillard de l'Office de Tourisme de Lyon. Ils obtinrent ainsi leur labellisation. En face, la résistance s'organisa autour des enseignes les plus réputées : Chez Hugon, le Mercière, les Fédérations, le Bouchon des Filles, le Morgon, le Musée… etc. Plus d'une vingtaine au total. Alain Vollerin, par ce guide, tente de rétablir un équilibre qui n'aurait jamais dû être rompu. Car, il ne s'agit pas d'une simple querelle de bouchons, comme il y eut la célèbre guerre des boutons, mais bien d'un réel préjudice commercial, d'une discrimination négative, en n'inscrivant pas, dans le document remis aux touristes, la liste des bouchons dissidents. La même liste irrespectueuse est d'ailleurs publiée sur Internet. La Chambre de Commerce et l'Office de Tourisme commettent ainsi un grave acte de concurrence déloyale. Voici donc, le tome 4 du Guide officiel des bouchons lyonnais non labellisés : 14 bouchons sélectionnés. Entre 4 et 5 pages chacun avec de multiples photos. Et bien sûr un édito toujours croustillant avec pour titre cette année : Pourquoi tant de sel ? Et, particularité des guides gastronomiques de Mémoire des Arts : des articles sur des livres gastronomiques (histoire, recettes et bandes dessinées).

05/2018

ActuaLitté

Théâtre

Trilogie familiale. La robe de ma mère ; Les mains de mon père ; Ma soeur

La robe de ma mère - Deux hommes sur une plage : il fait beau, le soleil est à son plus haut. Chacun a rendez-vous avec une femme qui n'arrive pas. Dans cette attente imprévue, ils parlent, pour passer le temps. Mais les banalités du quotidien cèdent bientôt le pas à de mystérieuses connivences. Les politesses d'usage se transforment en boutades, les silences gênés en sourires complices. Car les deux hommes ne sont peut-être pas aussi étrangers qu'on aurait pu le croire au départ... Les mains de mon père - Un homme dans sa voiture. Il va rejoindre son frère jumeau et sa mère pour leur pique-nique annuel à la mer. Il reçoit un texto de son père qu'il n'a plus vu depuis longtemps. Bouleversé, il réalise combien celui-ci lui a manqué après la séparation des parents. Tout en poursuivant sa route, il imagine ce que serait leur tête-à-tête lors d'un repas surréaliste où ils retisseraient le fil de leur relation interrompue et se persuaderaient de l'urgence de se revoir... Ma soeur - Comme chaque année, les frères jumeaux, aujourd'hui adultes, ont invité leur mère pour un pique-nique au bord de l'eau. Mais ils seront quatre cette fois car l'un des deux a revu son père et l'a convié à faire son retour dans le cercle familial. C'est le temps des explications sereines, des réconciliations autour d'un gâteau marquant l'anniversaire de naissance voici quarante ans de Marianne, la soeur morte à trois ans et demi. Ces trois pièces forment une trilogie avec des personnages récurrents, mais peuvent se découvrir en toute autonomie. Elles s'adressent à tous à partir de sept ans.

01/2018

ActuaLitté

Histoire internationale

Résilience des victimes à Abidjan. Débrouille de femmes après la guerre civile ivoirienne

Ce livre est une ethnographie rapide des formes de résilience que les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne mobilisent à Abidjan, la capitale économique du pays, pour faire face aux problèmes de base de la vie ordinaire (se loger, se nourrir, se soigner, scolariser ses enfants, etc.). L'ouvrage montre comment, après la guerre civile ivoirienne (2002-2011), ces victimes ne se sont pas résignées, au contraire. Elles ont multiplié les stratégies pour s'en sortir, devenant une part active de l'économie de débrouille qui s'est emparée de la métropole abidjanaise. L'enquête de terrain a permis d'interroger un haut responsable du ministère des Victimes et de rencontrer les responsables d'ONG spécialisées. Il ressort de cette démarche empirique qu'en dépit de la création d'un ministère dédié aux victimes, la transition humanitaire n'a pas mis en place une politique d'accompagnement durable de celles-ci. Au cours des entretiens semi-directifs accordés aux femmes victimes de la guerre civile, elles ont indiqué qu'elles ne se sentent pas exister pour l'Etat et les ONG, que beaucoup n'ont jamais vu passer devant leurs portes. Lorsqu'elles ont été contactées ou accompagnées par ces structures, les victimes ont été déçues ou soupçonnent l'Etat et ses alliés de procéder à une aide "à tête chercheuse" qui profiterait aux ressortissants de certaines régions du pays et pas à d'autres. Ce livre montre que pour ces veuves, mères célibataires ou amputées, la solidarité s'est mise "en mode échec". La résilience participe des stratégies individuelles de survie, qui ne suffiront pas à une réinsertion sociale digne de ce nom, même si la volonté affichée des femmes victimes est de se reconstruire à distance de l'Etat.

11/2017

ActuaLitté

Santé, diététique, beauté

L'amour m'a sauvé du naufrage

C'est l'histoire d'un enfant très tôt abandonné. Puis d'un adolescent marqué à vie par le sentiment d'injustice. A l'âge de 19 ans, Michel Vaujour "emprunte" une voiture pour aller danser. Il est arrêté et condamné à deux ans et demi de prison. Verdict vécu comme une terrible injustice. Michel Vaujour entre alors en guerre contre la société. Il s'évade une première fois et bascule dans le banditisme. Braquages, cavales. Repris, il prépare aussitôt une nouvelle évasion. En 1986, du toit de la prison de la Santé, il s'agrippe à un hélicoptère et disparaît dans le ciel de Paris. Quatre mois plus tard, lors d'un braquage qui tourne mal, il prend une balle en pleine tête. Sa survie tient du miracle. Devenu la terreur des directeurs de prison, il retourne en quartier de haute sécurité (QHS) : l'isolement absolu, dans une cellule en béton sans lumière du jour. Enfermé dans le silence, il se réfugie dans la pratique du yoga. Mais une étudiante en droit, Jamila, vient bouleverser son existence. Elle lui écrit tous les jours. Ils décident de tenter une nouvelle évasion pour vivre ensemble au bout du monde. L'opération échoue. Jamila est condamnée à sept ans de prison. A sa sortie, elle le convainc de tirer un trait sur cette logique de samouraï. Pour la première fois, Michel Vaujour accepte de lâcher prise et de faire confiance. Détenu exemplaire, il sort enfin par la grande porte. Il a 52 ans. Aujourd'hui, après vingt-sept années de prison, dont dix-sept en QHS, Michel Vaujour respire la vie auprès de celle qui est devenue sa femme et décide d'écrire lui-même son histoire. Un livre d'une puissance rare, sur le sens de la vie, le prix de la liberté et la force des sentiments.

09/2018

ActuaLitté

Poésie

Comme une promesse d'éternité. Oeuvres poétiques complètes

Bernard Mazo s'en est allé pour des vacances sans retour le 7 juillet 2012, sur une plage de la Méditerranée. Cette mer qu'il avait franchie une première fois, à l'âge de vingt ans, avec tant d'autres de sa génération, pour un séjour forcé dans les Aurès. A cet exil en une contrée qui n'était pas la sienne, il survécut grâce à la poésie et à la lecture des poètes, mais il en revint à jamais marqué par la dimension tragique et absurde de l'existence. Dès lors, il éleva sa désespérance à la hauteur d'une morale. La poésie avait sauvé Mazo. Elle ne pouvait donc être que fraternelle. Et il se fit passeur de poètes, collaborant à nombre de revues dans lesquelles il rédigea des centaines de chroniques sur ses grands aînés comme sur ses contemporains. Le tout couronné par une magistrale biographie de Jean Sénac - l'Algérie encore - parue au lendemain de son départ. Ce qui n'empêcha pas Mazo de construire une oeuvre poétique personnelle profonde et d'une grande cohérence dans laquelle, usant d'une langue toujours plus dépouillée, il ne cessa de questionner l'énigme essentielle. S'il n'approcha que tangentiellement - car elle demeure à jamais inatteignable - de l'obscure vérité, du moins fit-il la démonstration que l'homme, par essence foudroyé, par l'écriture se maintient debout. Avec l'amicale collaboration des poètes Jean Orizet, Max Alhau, Jean Poncet et Hamid Tibouchi, c'est toute l'oeuvre poétique de Mazo, dont la rédaction s'étala sur près d'un demi-siècle, qui est rassemblée et présentée ici. Afin qu'elle poursuive sa vie féconde, comme une promesse d'éternité.

06/2018

ActuaLitté

Histoire internationale

Les révoltés du Nil. Une autre histoire de l'Egypte moderne

A partir du 25 janvier 2011, la place Tahrir a été le haut lieu d'un soulèvement populaire qui, défiant un formidable appareil de répression, s'est mué en kermesse festive et en agora permanente. Ce bouillonnement révolutionnaire, qui a gagné toutes les grandes villes du pays, s'est perpétué avec des hauts et des bas, durant deux ans et demi. Puis la place a été réduite au silence. On peut ne retenir du soulèvement que son issue fatale, n'y voir que la défaite politique des héros de Tahrir. Mais on passe ainsi à côté de l'essentiel - l'avènement d'un nouvel acteur collectif sur la scène historique égyptienne, une jeunesse anti-autoritaire qui a su mobiliser autour d'elle de vastes forces populaires et, pour la toute première fois, briser l'aura de légitimité dont se prévalaient les autocrates depuis des millénaires. Pour saisir la profondeur de l'événement, nous dit Mahmoud Hussein, il faut le situer dans l'histoire longue du pays, y voir le point d'orgue d'une série de soulèvements qui, de la révolte contre l'expédition de Bonaparte en Egypte au renversement de Moubarak, jalonnent l'entrée des gouvernés égyptiens dans la modernité. Il s'agit là d'une grille de lecture, jamais utilisée dans le monde de l'islam, qui explore l'histoire contemporaine comme un long arrachement à la pensée théologique et à la légitimité de la soumission, une lente sécularisation des esprits, l'affirmation progressive de l'autonomie de l'ici-bas par rapport à l'au-delà, et de l'individu par rapport à la communauté. La conquête progressive du libre-arbitre et d'une conscience citoyenne. Ce livre raconte l'épopée d'un peuple qui se délivre, pas à pas, des chaînes intimes de la servitude.

10/2018

ActuaLitté

Actualité et médias

Le dérapage français

J'ai été condamné à mort par les SS allemands le 2 août 1944 à l'âge de 9 ans et demi pour faits de "Résistance" reconnus, acheminement de plis cachetés à des membres d'un Maquis. Placé devant un Peloton d'exécution de 6 hommes, en présence du Maire du village amené comme témoin de l'exécution, et immédiatement mis en joue, j'ai eu à suivre l'empoignade verbale de deux officiers, un SS déjà cité et un Capitaine de la Luftwaffe (armée de l'air allemande) qui s'opposait à mon exécution et à qui je dois la vie ! A cette occasion-là j'ai eu à connaître de la perfectibilité de l'entreprise humaine à l'âge où l'enfant doit idéaliser l'adulte pour faire son cursus normal, la vie m'a volé tout ça mais m'a doté par contre d'une profonde anxiété pour les éléments de la condition humaine qui ne font que s'aggraver de jour en jour pour beaucoup, ainsi que du devenir de notre planète dont on a oublié de mesurer les capacités de régénération en eau et en ait afin de déterminer le nombre d'êtres humains qu'elle peut entretenir normalement. C'est à cet égard que j'ai rédigé cet essai littéraire Le Dérapage français pour prévenir mes compatriotes français et autres dans le Monde, de faire très attention dans leurs choix politiques qui n'est pas toujours très heureux et mènent le plus souvent à des violations de droits tels l'égalité femmes-hommes en matière salariale, ou le droit de Veto à l'ONU qui par le droit de blocage qu'il procure à certain est une incitation à se doter de l'arme nucléaire qui est une violation du Traité de non-prolifération de cette arme.

02/2019

ActuaLitté

BD tout public

René Goscinny. Au-delà du rire

La personnalité haute en couleurs de Goscinny, son parcours tout entier, méritent l'hommage que cet ouvrage et l'exposition lui rendent, en prenant en compte le caractère exceptionnel - personnel, intellectuel et artistique - d'un auteur génial, d'une créativité prolixe. Comment et pourquoi Goscinny occupe-t-il une place si singulière, comment expliquer le succès international, toujours inégalé de ce phénomène culturel mondial, de cet auteur clé de la littérature, "de l'un des acteurs primordiaux, stratégiques, de l'avènement du neuvième art" . Si le nom de René Goscinny est présent depuis longtemps dans la culture populaire francophone, la dimension même de cette personnalité hors du commun, l'ampleur de son oeuvre et de son succès sont largement méconnues, voire sous-estimées. Pour prendre la mesure de l'oeuvre et de son importance dans le monde de la bande dessinée et de la littérature contemporaine, rien ne vaut le rappel de quelques chiffres : cinq cents millions de livres et d'albums vendus dans le monde, dont deux cents millions pour pour Lucky Luke (Goscinny-Morris), trois cents vingt millions pour Astérix (Goscinny-Uderzo) et huit millions pour Le petit Nicolas (Goscinny-Sempé). Les oeuvres de Goscinny ont été traduites en cent cinquante langues, dont Astérix en cent vingt langues, Iznogoud (Goscinny-Tabary) et Lucky Luke en une quarantaine de langues. Le Petit Nicolas est aujourd'hui intégré dans les programmes scolaires. Le film d'animation et le cinéma ont rendu leurs hommages à Goscinny et à ses co-auteurs : les adaptations cinématographiques de Lucky Luke, Iznogoud ou du Petit Nicolas appartiennent à la culture populaire contemporaine. Quant à Astérix, les chiffres parlent d'eux-mêmes : ainsi Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat en 2002, a attiré plus de quatorze millions et demi de spectateurs en France.

09/2017

ActuaLitté

Histoire internationale

Le rassemblement de la société civile guinéenne. Une union impossible ?

Depuis l'indépendance, trois présidents se sont succédé à la tête de la Guinée. Leur mauvaise gestion a plongé le pays dans un abîme sans fond. J'ai participé aux campagnes pour unir les Guinéens dans des structures de concertation centrées sur la subordination des intérêts personnels égoïstes à l'intérêt général et national. Nous n'avons pas réussi à créer un pôle d'union solide pour réorienter notre lutte vers des objectifs profitables aux populations. Le parti politique RPG humilie et divise les gens. Il vient les mains vides aux réunions convoquées par le FRAD (Front républicain pour l'alternance et la démocratie) pour faire obstruction. Il rançonne les "sans papiers" qui y adhèrent seulement pour obtenir une attestation servant à compléter leur dossier de demande de carte de séjour. Le PRP de Siradiou Diallo et l'UNR de Ba Mamadou, quant à eux, se sont affaiblis mutuellement en refusant toute unité d'action. Après la première élection présidentielle de 1993 légalisant, par la fraude, le régime militaire, l'UNR signe une déclaration politique avec le PUP, parti du pouvoir. Dans cette démarche, les deux partis, PUP et UNR, adoptent un programme politique qui pourrait, s'il est appliqué, sortir le pays de l'impasse dans laquelle il agonise depuis plus d'un demi-siècle. Cette nouvelle approche a pour but de réunir PUP, UNR et PRP qui représentent plus de 60 % des votes. Une telle orientation ouvre la voie à un changement concret profond. Un tel virage serait capable de mobiliser les populations pour remettre le pays sur les rails. Un tel soutien populaire permettrait de convoquer une conférence de réconciliation pour apurer le passif du PDG et les méfaits de la gestion des militaires. Les pressions ethniques et les intérêts personnels égoïstes ont tué dans l'oeuf cette tentative de débloquer le pays.

02/2016

ActuaLitté

Cinéma

Le monde de Jia Zhang-ke

Depuis 20 ans, le cinéma chinois connaît un développement foudroyant, en phase avec l'essor de ce pays. Nul n'incarne mieux cette évolution que le réalisateur Jia Zhang-ke, révélé en 1999 avec son premier film, Xiao-wu artisan pickpocket. Son cinéma se distingue par la modernité de son écriture, nourrie par la réinvention des rapports entre fiction et documentaire, par les usages inventifs des nouvelles technologies, par la créativité des relations entre l'intime et le collectif à l'échelle d'un pays d'un milliard et demi d'habitants. Les films de Jia sont en effet, et du même mouvement, oeuvres d'un grand artiste contemporain et témoignages sensibles des gigantesques mutations qui affectent la Chine, et le monde entier. Des titres tels que Platform, The World, Still Life, A Touch of Sin et Mountains May Depart jalonnent un parcours esthétique à la fois extrêmement cohérent et en constant renouvellement. Ils accompagnent la construction patiente d'une place centrale dans la culture de son pays malgré les immenses obstacles liés à la censure. Et ils racontent, selon un point de vue original et pertinent, ce qui s'invente avec le XXIe siècle. Un long entretien mené avec le réalisateur sur les lieux de son enfance, ces lieux de travail et de tournage, un texte historique établissant la place de Jia dans le cinéma chinois et dans le cinéma actuel, une notice critique consacrée à chacun de ses films, longs et courts métrages, enrichis de plusieurs éclairages dont des entretiens avec ses principaux collaborateurs, et des textes de Jia inédits hors de Chine, font de ce livre le premier ouvrage offrant une visibilité et une compréhension exhaustive de l'oeuvre de ce cinéaste, et de son importance majeure.

01/2016

ActuaLitté

Critique littéraire

Pierre Boutang

En 1998, toute la presse française se fait l'écho de la disparition de Pierre Boutang et le monde intellectuel, longtemps divisé à son sujet, rend un hommage unanime à ce maître – à la fois méta- écrivain, critique, poète et traducteur. Aujourd'hui, en dépit du centenaire de sa naissance (1916-2016), la postérité semble oublier injustement celui qui fut aussi le fondateur du journal La Nation française (1933-1961). A ceux qui en ont une image toute faite – celle d'un personnage colérique, d'un penseur sulfureux ou même "facho" –, cette biographie fournira bien des démentis et des nuances : en politique, fut-il maurrassien ou gaulliste ? pétainiste ou giraudiste ? traditionaliste, anarchiste ou antimoderne ? Fut-il un homme de droite, ce pourfendeur de l'Argent qui appelle à voter Mitterrand en 1981 ? Un homme de gauche, cet adversaire du marxisme et du Progrès ? Et comment situer un catholique en proie aux formidables débordements d'Eros ? Ceux qui ne le connaissent pas encore découvriront ici quelle immense figure de la vie intellectuelle française fut Pierre Boutang – lecteur phénoménal, professeur adulé après avoir été longtemps exclu de l'université, mais aussi pamphlétaire à la plume acérée, et surtout philosophe de la transcendance de l'être et du désir. Traversant un demi-siècle de pensée et de débats, où se croisent les voix des maîtres et amis de Boutang – de Gabriel Marcel à Jean Wahl, de Philippe Ariès à Roger Nimier, de Maurice (javel et Raymond Aron à George Steiner –, nourri de témoignages et de documents inédits, Stéphane Giocanti révèle la genèse d'une oeuvre en forme d'"odyssée du secret" et, sans éluder sa part d'ombre, brosse le portrait d'un inclassable géant du XXe siècle.

03/2016

ActuaLitté

Littérature étrangère

Les insouciants

Billy Lange est né en 1909 sur l'île de Wight, en Angleterre, où son père est skipper pour un riche baron juif allemand. Enfant, Billy est fasciné par la fille du baron, l'insaisissable et volontaire Karin von Weinbrenner. Après la Première Guerre mondiale qui a obligé les parents de Billy à émigrer en Allemagne, les deux jeunes gens se recroisent sur la propriété du baron, près de Francfort. Au fil des ans, alors que la société perd ses repères moraux et que l'Allemagne marche vers la Seconde Guerre mondiale, Billy et Karin se découvrent des points communs : les chevaux, le jazz, la vitesse, un tenace rêve d'évasion. Et, tandis que Billy se trouve une "situation" chez IG Farben, Karin, si représentative d'une certaine jeunesse argentée, part mener une vie de bohême à Berlin. Face à la montée du nazisme, aux traitements infligés au baron et à son entourage, Billy et Karin vont faire front, taraudés par une même question : faut-il rester ou se résoudre à fuir ? Le roman entrelace les souvenirs de Billy : son enfance anglaise, l'emprisonnement de son père soupçonné d'espionnage pendant la Première Guerre mondiale, le refuge dans une Irlande secouée par l'IRA, la fuite en Allemagne auprès du baron, l'entre-deux-guerres où se mêlent insouciance et signes annonciateurs d'un nouvel ordre des choses. Peter Behrens poursuit son ouvre semi-autobiographique et offre un éclairage subtil et une fine compréhension de la "grande Histoire" à travers les itinéraires de ses personnages. Profondément émouvant, Les insouciants est une histoire d'amour, une épopée historique, et une réflexion lucide sur la violence de l'Europe du XXe siècle. Un roman magistral.

02/2017