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Littérature française

Matins

Aligner les mots c 'est frapper des silex l'un contre l'autre, subitement vient l'éclair et potentiellement apparaît le feu, une lignée d 'ignés menant à la littérature. Technique préhistorique. Frottements. Le feu. Sa découverte, son apprivoisement, sa production. Découvrir si ses premières constatations furent perçues en menaces, en manifestations hostiles. Quel sapiens a osé le geste de répéter celui tombé du ciel ? Quel ancêtre le domestiqua et lui rendit culte tout en grillant jambonneaux d'éléphant et cuissots d'hippopotame ? La lampe éternelle du Saint Sacrement et le barbecue. Le feu de saint Jean et le bûcher des sorcières, le sort des hérétiques. Celui des vanités. Le funèbre où se précipitait volontairement la femme de caste indienne poursuivre son valeureux mari mort au combat. Le feu sacré. Le haut purificateur. Feu de Saint-Elme sauvant de la noyade. Sur le feu aussi il y a de quoi dire. En premier lieu, cette bizarrerie d 'adjectif : feu, alors que nous sommes cendre ou poussière. Feu mais défunt. Défait. Fin du feu. Ecobuage d'écrivain. Cet écrivain qui cherche à tromper son impuissance - la perte de l'inspiration - chaque matin frappe ses silex. Il compte (re) créer la flamme. Alors, il reprend chacune des stations de son calvaire pour en comprendre le sens : erreur de positionnement, hésitations, frayeurs, ennui, fatigue, rage, rêveries, impréparation, irréflexion, effraction du réel, banalité... Dans le maquis des mots, trouver son chemin. Chaque matin il abdique, chaque matin il relève la tête, se cabre, s'interdit de céder. Il écrit enfin... une révélation, une mystique littéraire. Un beau matin...

06/2009

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Critique littéraire

Duras, toujours

Il faut tenter de comprendre ce miracle : Marguerite Duras a échappé au purgatoire. Treize ans après sa mort, elle ne cesse d'intéresser, en France et à l'étranger, où elle est l'écrivain français contemporain le plus traduit et le plus diffusé. Depuis trois ans, des textes posthumes - les Cahiers delà guerre et le petit récit intitulé Caprice, paru en 1944 (on trouve ici les preuves qu'elle en est bien l'auteur) - changent l'image qu'on avait d'elle. Caprice, en particulier, rompt avec la vision vaudevillesque et bourgeoise de l'adultère, et éclaire à l'avance Hiroshima mon amour. Tout cela nous rappelle combien Duras est l'écrivain de l'amour (et qu'elle a, paradoxalement, suscité beaucoup de haine). Avec le recul, une nouvelle vision de son œuvre se dessine. Au théâtre, Le Shaga nous présente une Duras inattendue, d'un comique loufoque proche de celui d'Ionesco et de Pinget. Dans l'œuvre romanesque et au cinéma, la dimension voyeuriste (et visionnaire) ou l'obsession du nom nous apparaissent avec plus d'évidence. Les archives laissées à l'IMEC permettent d'aller plus loin. On le voit ici dans l'étude minutieuse (sur manuscrits) que Dominique Noguez consacre à la genèse de ce qui est peut-être le plus beau roman de Duras : Le Ravissement de Lol V. Stein. Duras, toujours est un livre d'ami et de connaisseur, mais écrit sans langue de bois : il s'achève par une lettre posthume sans concession, où l'admiration se nuance de réserves et même de reproches, puis à la fin, somme toute, se trouve renouvelée.

09/2009

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Anglais apprentissage

The complete stories, Flannery O'Connor

Flannery O'Connor est un écrivain paradoxal. Ses nouvelles s'arrêtent au seuil de l'unique sujet qui compte à ses yeux : la révélation divine. Sans doute parce que le Mystère de Dieu est irreprésentable et qu'il serait présomptueux de la part d'un écrivain, simple mortel, de se mesurer à Sa Puissance. C'est tout le sens de son dernier texte, " Parker's Back ", qui fustige cette vanité humaine, résumant ainsi le propos de l'ensemble de l'œuvre. Puisque le Mystère n'est pas à sa portée, elle se contentera des Mœurs (" Manners "). Si le Paradis lui échappe, elle se complaira dans la description minutieuse de ces Enfers quotidiens ou de ces Purgatoires ordinaires que sont nos vies terrestres. Ce matériau impur, elle le pétrit et elle le tord, comme un sculpteur la glaise, faisant surgir des figures hideuses, des monstres familiers qu'elle gratifie parfois in extremis d'une illumination, d'un éclair de beauté. Les articles qui composent ce recueil se situent à la fois en aval et en amont du seuil de la fiction d'O'Connor. Certains choisissent plutôt d'explorer le sens de la révélation divine et les différentes modalités de son inscription dans le texte. D'autres s'attachent surtout à montrer les vicissitudes de l'existence de l'homme sans Dieu. Mais tous s'accordent à souligner l'originalité de la lettre et de la forme. L'examen minutieux de quelques exemples de cette écriture riche et complexe est une invitation au lecteur à poursuivre l'expérience par d'autres micro-analyses personnelles. Le résultat ne pourra que s'avérer stimulant.

09/2004

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Critique littéraire

Pierre Michon, la lettre et son ombre. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, août 2009

L'oeuvre de Pierre Michon n'est-elle pas déjà celle d'un classique ? La question émerge à un tournant historique : à un moment où les textes de Michon atteignent de nouveaux cercles de lecteurs et où son écriture elle-même pourrait, à cette occasion, chercher à se construire de nouveaux défis. Certains textes comme La Grande Beune ou Les Onze ne vont-ils pas connaître une seconde floraison ? Le charme et le démon de l'inachevé traversent l'écriture de Pierre Michon comme un label de l'inimitable et la promesse d'une perpétuelle continuation. La possibilité nous est donnée par l'écrivain lui-même de chercher à comprendre cette aventure à l'état naissant : dans l'épaisseur sauvage de ses carnets de travail, â même la genèse du texte tel qu'il est en train de s'inventer, dont nous avons la chance exceptionnelle de pouvoir interroger le créateur. Ce sera, pour la lecture de l'oeuvre, l'une des grandes nouveautés de ce colloque et des recherches à venir. Que va-t-on trouver à travers ces traces de la création ? Un formidable chantier intellectuel, une profusion de matériaux imaginaires et quelques aperçus inédits sur l'art de l'écrivain... mais surtout une énergie, une logique, une "percolation" qui constituent la signature inimitable d'une écriture. Comment la qualifier ? Comment résumer la singularité paradoxale de cette oeuvre, à la fois baroque et boutonnée, naturelle et fardée, noble et roturière, sauvage et réglée, cruelle et généreuse, si ce n'est par cette hypothèse : cette écriture ne serait-elle pas tout simplement en train de construire la langue classique de notre temps ?

11/2013

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Critique littéraire

Entretiens, conférences, textes rares, inédits

Les entretiens et conférences de Georges Perec, ainsi que les notes de lecture, essais, billets d'humeur, préfaces, articles, lettres et inédits réunis ici, témoignent de l'émergence, de l'évolution et de l'affirmation progressives d'une esthétique qui fera de lui une des figures incontournables de la littérature mondiale. L'appareil critique qui accompagne ces documents en explicite le contexte littéraire, culturel et sociopolitique. La première partie permet, au fil des déclarations de l'écrivain, de suivre son cheminement depuis son irruption sur la scène littéraire avec Les Choses (prix Renaudot 1965) jusqu'à sa disparition en mars 1982 à l'âge de quarante-six ans, alors qu'il a atteint, grâce au succès de La Vie mode d'emploi (prix Médicis 1978), ce moment privilégié dans la vie d'un écrivain où il peut enfin "vivre de sa plume". Dans la seconde partie, sont rassemblés des écrits non repris dans les recueils posthumes ou restés inédits, auxquels il est fait allusion dans les entretiens et conférences et dont les plus anciens ont gagné en pertinence avec la publication récente des romans de jeunesse, L'Attentat de Sarajevo et Le Condottière. Dans ce corpus foisonnant, deux textes font hapax. L'un est un long article de Georges Perec sur la guerre d'Algérie, paru dans la revue yougoslave Pregled en 1957, bilan détaillé du conflit et de l'analyse politique "à chaud" qu'en propose le jeune homme de vingt ans. L'autre est un texte inclassable, daté de 1975, qui est l'occasion de documenter un séjour à New York riche en rencontres avec l'avant-garde new-yorkaise. M.R.

11/2019

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Poches Littérature internation

La fin d'une liaison

A Londres, par une soirée sombre et mouillée de janvier 1946, Maurice Bendrix, écrivain, rencontre par hasard son ami Henry Miles, diplomate, qu'il n'avait plus vu depuis un an et demi. Henry est marié à Sarah avec qui Bendrix a eu une liaison. Il a rencontré le couple à l'été 1939 et Sarah l'a tout de suite attiré par sa beauté et son air heureux. Après quelques années d'une passion intense, un obus frappe la maison où se sont retrouvés les deux amants. Pendant plusieurs minutes, Sarah croit Bendrix mort. Lorsqu'il réapparaît, Sarah, bouleversée, met brutalement fin à leur histoire sans un mot d'explication. Lors des retrouvailles des deux hommes, Henry confie à l'écrivain rempli de haine qu'il est inquiet. Il a le sentiment que son épouse le trompe. Rongé par la curiosité et la jalousie, Maurice tente de convaincre Henry d'engager un détective privé pour s'assurer de la fidélité de sa femme, mais Henry n'ose pas. Bendrix décide alors d'engager lui-même un détective. Au terme de son enquête, ce dernier lui remet le journal de Sarah. Il comprend enfin le revirement inexplicable de sa maîtresse le jour fatidique de leur rupture. Un des romans les plus autobiographiques de Graham Greene, La Fin d'une liaison est une histoire en trompe-l'oeil sur le tiraillement d'une femme entre son amour illégitime et Dieu. Elle laisse d'abord croire à une passion classique qui s'avère plus grave et complexe qu'il n'y paraît et que chaque lecteur peut interpréter à sa guise.

06/2016

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Critique littéraire

L'éternité pliée. Tome 5, Le voyageur éparpillé (1987-1991)

Le Voyageur éparpillé prolonge le tome IV, intitulé Dialectique de l'instant, publié en 2011 et précède le tome V qui devrait clore L'Eternité pliée, journal d'Henri Heinemann, que nous avons entrepris de publier en 2008. Le tome VI réunira un choix des notes que l'auteur a prises au fil de ses lectures, de ses réflexions, de ses voyages, de ses rencontres, entre 1992 et 2014. Ce tome V court de 1987 à 1991, en somme les quasi-dernières années d'une fin-de-siècle au cours desquelles l'Europe prendra le chemin de son affranchissement ; la Russie, elle, renaîtra de l'implosion de l'URSS. Dans ce passionnant itinéraire, le diariste nous promène en Europe, en Afrique, en Asie, en Guadeloupe ; dans sa langue savoureuse, d'une grande pureté, il narre gens et paysages ; surtout, ce passionné de littérature offre un panorama de ses lectures, de ses rencontres, de ses coups de coeur, de ses déceptions. Homme politique, Heinemann nous raconte la France de ce temps-là ; longtemps secrétaire de l'Association des Amis d'André Gide, c'est encore l'un de nos rares contemporains qui sache évoquer avec justesse l'écrivain qui continue d'irradier, avec Proust et Sartre, tout le XXe siècle littéraire français. L'Eternité pliée est le chef-d'oeuvre d'un écrivain altier qui a publié des romans, des nouvelles, des recueils de poésie. Nous avons édité d'Henri Heinemann, dans la collection "Littératures", outre les cinq volumes constituant L'Eternité pliée, 2008-2014, un ample recueil, Chants d'opale en 2012 ; Jeunesses, souvenirs d'enfance et d'adolescence, dans la collection "Témoins/Témoignages".

03/2015

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Littérature française

Isidore, prince des poètes

Pendant la deuxième moitié du XIXème siècle, un certain Isidore Ducasse, né à Montevideo et mort vingt-quatre ans plus tard lors du siège de Paris, en novembre 1870, a laissé une empreinte poétique qui le place au rang des plus grands poètes, aux côtés d'un Verlaine, d'un Baudelaire ou encore d'un Rimbaud. On ne sait que peu de choses sur cet auteur que certains ont jugé fou, d'autres génial si ce n'est qu'il a laissé une oeuvre dérangeante qui a dynamité la littérature de l'époque, avec ses fascinants Chants de Maldoror, publiés sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont. On sait que Ducasse, fils unique, a quitté son Uruguay natale pour entreprendre des études à Tarbes puis à Pau, qu'au terme de son baccalauréat, il a entrepris un voyage de quelques mois que certains qualifieront d'initiatique, en Argentine puis en Uruguay où il a revu son père, diplomate (sa mère, également française, fortement dépressive étant morte alors qu'il n'avait pas deux ans) avant de revenir en France et de s'installer à Paris où il devait tenter d'intégrer Polytechnique mais où il décidera de devenir écrivain et de vivre de sa plume, ce que son brutal décès, le fauchant en pleine jeunesse, ne lui permettra pas. Cela ne l'empêchera pas, par la suite, d'être mythifié par les surréalistes qui verront en lui un précurseur de leur mouvement, ni, bien plus tard, d'être publié à la Pléiade. J'ai essayé, dans ce roman d'imaginer quelle aurait pu être la brève existence de cet énigmatique écrivain.

04/2021

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Littérature française

La maison indigène

Ce livre est, à sa façon, une visite : non seulement de la maison que fit bâtir, en 1930, l'architecte Léon Claro, grand-père de l'auteur, pour rendre hommage au style néomauresque lors du centenaire de l'Algérie française, mais également de tout un passé - intime, historique, littéraire, politique - auquel l'écrivain avait toujours refusé de s'intéresser. Reconnaissant enfin, dans cette maison indigène, une vraie "boite noire" dont il importe d'extraire la mémoire, Claro apprend qu'elle a été visitée en 1933 par un jeune homme de vingt ans, Albert Camus, lequel en ressortit littéralement ébloui et écrivit alors un de ses tout premiers textes : "La Maison mauresque", véritable acte de naissance littéraire du futur prix Nobel. Mais la "Villa Claro" - ainsi qu'on l'appelait parfois - a également accueilli un autre créateur : Le Corbusier, que Léon Claro convia à Alger en 1931 et qui, à cette occasion, s'égara dans la Casbah, allant jusqu'à s'aventurer dans une autre maison, "close" celle-là, où l'attendait le secret de son esthétique à venir. Au cours de cette enquête, Claro est amené à croiser d'autres visiteurs, tel le poète Jean Sénac, qui avait pris son père en amitié, mais aussi Visconti, venu à Alger tourner l'adaptation de L'Etranger. Camus, Sénac, Le Corbusier, et quelques autres, tous fascinés par la Ville Blanche ou pris dans la tourmente de la guerre d'Algérie - et chacun détenant, à sa manière, une dé de la "maison mauresque" : il fallait donc forcer des serrures, pousser des portes. Dont une, inattendue, donnant sur une pièce que l'écrivain croyait vide : celle du père.

03/2020

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Critique Roman

20 000 lieues sous les mers

Ce catalogue accompagne et prolonge l'exposition que le musée de Picardie consacre à Vingt mille lieues sous les mers, roman fascinant dont Jules Verne a amorcé la rédaction courant 1865, et dont le succès, immédiatement après sa publication en 1869, ne s'est jamais démenti, ainsi en témoignent les rééditions, traductions, adaptations et hommages qu'il a suscités. A quels dispositifs tient donc la réussite d'une oeuvre, à quoi doit-elle son immense retentissement ? Jules Verne, à l'évidence, connaissait son sujet, et entretenait des liens privilégiés avec l'environnement marin : c'est précisément au Crotoy, en baie de Somme, que l'écrivain a conçu cette gigantesque fresque ; c'est là aussi que sont nés le professeur Aronnax et le capitaine Nemo, sans oublier le sous-marin Nautilus, traité comme un personnage à part entière. Alliant documentation scientifique et prouesses imaginatives, l'écrivain compose un récit haletant où l'esprit d'aventure le dispute au savoir encyclopédique et à l'information technique. Vingt mille lieues sous les mers est autant un précis de géographie qu'un roman récréatif, et si Jules Verne sait où il va, son éditeur Pierre-Jules Hetzel parfois lui ouvre de nouveaux horizons. Quant à son exigence scripturaire, elle saute aux yeux à la moindre page du manuscrit original (prêté pour l'occasion par la Bibliothèque nationale de France) : Jules Verne prise les phrases nerveuses, renseignées toujours, et toujours divertissantes. Rien d'étonnant donc si des artistes fameux tels Alphonse de Neuville ou Edouard Riou se sont plu à illustrer ce roman, contribuant ainsi à élaborer son inoubliable identité visuelle.

10/2023

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Grandes réalisations

Le haras national du Pin. Versailles du cheval

Baptisé le " Versailles du cheval " par l'écrivain Jean de La Varende, le haras national du Pin symbolise le cheval en France, de par la volonté royale de Louis XIV. Baptisé le " Versailles du cheval " par l'écrivain Jean de La Varende, le haras national du Pin symbolise le cheval en France, par la volonté royale de Louis XIV. Première véritable architecture équestre édifiée au siècle des Lumières, il est construit sur les plans de Robert de Cotte, premier architecte du roi, entre 1715 et 1730. L'architecte y reprend les principes de composition du château qui reposent sur la noblesse du corps de logis à laquelle il ajoute un féerique effet de transparence au travers duquel le visiteur embrasse le paysage du parc du Haut-Bois. Le haras du Pin s'inscrit dans un écrin de verdure de plus de 1 000 hectares sillonnés de grandes perspectives et d'ordonnances symétriques qui rappellent l'art paysager mis en oeuvre à Versailles. Instaurée par Colbert en 1665, l'administration des haras royaux avait pour vocation le renouvellement des chevaux de remonte pour les besoins de guerre et l'amélioration et la sélection des races équines. Fleuron de la région Normandie, le haras du Pin est le berceau de trois races : le pur-sang anglais, le trotteur français et le percheron. Le haras national du Pin a orienté, aujourd'hui, sa stratégie sur les sports équestres, la filière équine, le tourisme et la formation dans le cadre d'un Grand Projet. Le premier investissement est la réalisation d'un Pôle International de Sports Equestres avant le développement du site touristique basé sur le cheval, la nature et la sérénité.

05/2023

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Biographies

A la recherche de Céleste Albaret. L’enquête inédite sur la captive de Marcel Proust

Longtemps encore, le nom de Céleste Albaret sera associé à celui de Marcel Proust, qui la nommait "mon amie de toujours" et lui avait déclaré : "Sans vous, je ne pourrais plus écrire". Entrée à son service en août 1914, elle y restera jusqu'au dernier souffle de l'écrivain. Si la légende dorée de "la servante au grand coeur" est bien connue, l'histoire de la véritable Céleste, muse et inspiratrice, demeurait inédite. Le hasard - ou est-ce la providence ? - a décidé de la rencontre improbable entre cette belle jeune femme tout juste arrivée de sa Lozère natale et "Monsieur Proust" . Entre eux, le coup de foudre est immédiat, la fascination réciproque . Plus rien ne pourra les séparer : Céleste sera de tous ses jours et ses nuits, de tous ses secrets ou presque... En 1922, la mort de Marcel la laisse comme apatride, étrangère parmi les siens, incapable de s'adapter à la vie ordinaire. Elle deviendra la témoignante, incarnation de l'écrivain dès les années 50 pour tous les aficionados. S'appuyant sur des archives originales et sur l'abondante correspondance proustienne, Laure Hillerin a mené une enquête rigoureuse et fouillée. Pas à pas, elle fait revivre l'héroïne, vive, nature, dont le quotidien avec Proust sera l'un des temps forts du récit ; la biographe bouscule les stéréotypes pour dessiner le portrait d'une femme étonnante, un portrait d'autant plus nécessaire qu'il participe d'une extraordinaire aventure humaine : l'écriture de la Recherche, oeuvre majeure du XX ? siècle. Après la comtesse Greffulhe, l'ombre des Guermantes, voici, enfin retrouvée, Céleste "Albaretine" ...

02/2024

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Littérature étrangère

La robe des léopards

Le narrateur de ce premier roman n'est décidément pas fiable. Il s'appelle tour à tour Walter, Timothy, Outis, mais personne ne connaît son vrai nom. Il se dit écrivain, mais a perdu tous les textes qu'il a écrits. Il enseigne le journalisme, mais n'a jamais mis le pied dans une salle de rédaction. Et pourtant c'est à lui qu'un éditeur commande la biographie d'un grand écrivain qu'il a bien connu quelques années plus tôt. Lui, qui repeint sans cesse la réalité aux couleurs trompeuses de l'imaginaire, lui, le menteur maladif, l'imposteur magnifique, le voilà, pour la première fois, sommé d'écrire la vérité. Pour retrouver celui qui fut son meilleur ami, en même temps que son plus grand rival en littérature, il se lance dans un surprenant tour du monde. Des clubs de jazz de Manhattan aux villages du Sri Lanka, de Dubaï au Luxembourg et du Ghana à l'Islande, il part à la recherche de l'homme qui, depuis plusieurs années, se cache derrière l'auteur culte. Il se met aussi, sans le savoir, en quête de lui-même... Loin du roman initiatique traditionnel, quelque part entre les univers de Francis Scott Fitzgerald et de Wes Anderson, Kristopher Jansma livre dans La Robe des léopards une variation pleine d'invention et d'esprit sur l'art du roman. Au fil des pages, les histoires s'imbriquent, réalité et fiction s'échangent leurs détails, tandis que le narrateur prend un malin plaisir à brouiller sans cesse les règles du jeu. Où est la vérité ? Peu importe. "Toutes les histoires sont vraies, mais ne le sont qu'ailleurs".

10/2013

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Philosophie

L'esthétisme britannique (1860-1900). Peinture, littérature et critique d'art

Corps sensuels et alanguis, harmonie des formes et des couleurs, culte de la beauté et de la sensation : c'est au Royaume-Uni, au cours du dernier tiers du règne de Victoria (1837-1901), que naît l'esthétisme, sur lequel cet ouvrage a l'ambition d'offrir un éclairage pour un public francophone. Courant artistique et littéraire multiple et contradictoire, associé à des peintres tels que Burne-Jones, Leighton, ou Whistler, à des écrivains comme Pater, Ruskin, Swinburne ou Wilde, l'esthétisme est à la fois intrinsèquement britannique - fondé sur un prolongement de l'art préraphaélite et le rejet d'une industrialisation qui a radicalement transformé les paysages et les modes de vie du Royaume-Uni au fil du xixe siècle - et résolument européen, puisant ses sources dans la philosophie allemande et chez des écrivains français comme Baudelaire ou Gautier. Le mouvement esthétique est également trans-artistique et ne saurait se saisir qu'à travers la mise en regard du texte et de l'image - l'étude de l'influence réciproque de la peinture et de la littérature et l'examen d'une critique d'art subjective et créatrice. Ce volume se propose de cerner les contours de ce mouvement polymorphe, qui trouble les genres et les catégories, à travers la traduction richement annotée de quelques-uns des écrits critiques clefs qui en définissent ou en illustrent les principes. La seconde partie de l'ouvrage réunit quatre études rédigées par des spécialistes du champ. Elles portent sur les motifs fondateurs de l'esthétisme et interrogent les rapports inter-artistiques au coeur d'un mouvement qui se situe au seuil de la modernité et dont l'influence excède les frontières strictes du Royaume-Uni.

01/2021

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Histoire internationale

L'enlèvement d'Europe

Avec L'Enlèvement d'Europe. Réflexion sur l'exil intellectuel à l'époque nazie, Laura Goult avance sur les pas des artistes et écrivains ayant fui l'Allemagne sous la menace hitlérienne, dès 1933. Beaucoup d'entre eux émigrèrent en France et élurent la côte méditerranéenne comme lieu d'exil. C'est ainsi qu'une petite " colonie allemande " se forma dans le village varois de Sanary-sur-Mer. Pendant la deuxième guerre mondiale, les ressortissants allemands et les apatrides de la zone Sud furent internés au camp des Milles, près d'Aix en Provence, en 39, puis, en 40-41. Contraints alors à fuir l'Europe nazie, ils tentèrent, souvent avec l'aide du Comité Américain de Secours de Varian Fry, une nouvelle chance de l'autre côté de l'Atlantique. L'idéologie nationale-socialiste mettait en péril l'héritage culturel européen. Face à un tel danger, l'ensemble des écrivains et publicistes antinazis allemands se mobilisa. Avec le soutien d'intellectuels français, un formidable élan pour la défense de la culture vit le jour. L'accueil dans notre pays a-t-il été à la hauteur de sa vocation de terre d'asile ? Pour les immigrés, la vie ne fut pas toujours facile. En suivant le chemin d'exil des acteurs d'une des plus riches cultures du monde, c'est l'expérience de la perte qui est interrogée ici, et la place qu'elle laisse à l'écriture. C'est dans un tel espace, en effet, que furent écrits les plus beaux romans de l '" Exilliteratur " : Exil de Lion Feuchtwanger, le Roman du Roi Henri IV de Heinrich Mann, Docteur Faustus de Thomas Mann ou la Septième croix d'Anna Seghers...

10/2010

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Critique littéraire

Les pouvoirs de la littérature. Histoire d'un paradoxe

Pouvoir politique et littérature ont partie liée. Tout aurait commencé, dit-on, au XVIIe siècle, avec les belles carrières dans l'ombre de la cour, le mécénat, le clientélisme, le service profitable. Mais ce qui se joue alors est d'une autre ampleur. Les hommes de lettres qui font profession d'écrire - les écrivains - bénéficient assurément d'une reconnaissance nouvelle, tandis que la production et la publication d'écrits les plus divers (dont la hiérarchie est d'ailleurs en plein bouleversement) donnent naissance à un domaine, à la fois symbolique et pédagogique, où s'édifiera plus tard le monument imaginaire appelé littérature. Quelque chose de fondamental dans l'ordre de la domination politique s'accomplit aussi par cette association. La littérature devient une arme dont le pouvoir use pour imposer son ordre socio-politique dans les divers espaces de la production culturelle et pour assurer ainsi la " manutention des esprits ". Le paradoxe est que la littérature puisera son autonomie et ses propres pouvoirs dans cette soumission, acceptée parfois dans l'enthousiasme d'une adhésion. Divertissement ou voie nouvelle pour penser le monde, la littérature pénètre profond dans le corps politique du royaume. En retour, les écrivains, qui n'avaient pas de statut identifiable dans la société de leur temps, profitent eux-mêmes, avec la création de l'Académie, du privilège de former un " corps " dans l'Etat. Cette politisation de la littérature conduira pour finir à la littérarisation du pouvoir, lorsqu'au XVIIIe siècle la littérature deviendra un refuge critique et un tribunal moral. Un tel cheminement n'avait rien d'inéluctable. Christian Jouhaud le restitue, loin de tout déterminisme historique ou sociologique, en préservant ce que fut la part d'énigme pour des acteurs qui ignoraient l'avenir. En cela, cet ouvrage est aussi une leçon d'histoire.

02/2000

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Critique littéraire

La lettre trace du voyage à l'époque moderne et contemporaine

Comment rendre compte de l'effet "trace" de la lettre viatique - de cette trace qui, dans la correspondance, peut être lue comme "le voyage même" ? L'ambition de cet ouvrage, qui s'inscrit dans la continuité de la collection "Chemins croisés" en ouvrant des perspectives nouvelles sur l'écriture de l'ailleurs, est d'examiner les rapports entre l'écriture épistolaire et le voyage à travers les nombreuses traces que laisse la lettre viatique dans la littérature anglophone et francophone de la fin du XVIIIème siècle à nos jours. Spécialistes de littérature française, francophone et anglophone croisent ainsi leurs champs disciplinaires pour se mettre à l'écoute des lettres, réelles ou fictives, qui inscrivent leur trace dans notre connaissance, scientifique ou littéraire, du monde. L'originalité de cet ouvrage réside également dans les lettres d'écrivains qui ont été spécialement écrites pour ce volume. En tissant écrits critiques et textes d'auteurs, ce livre propose de suivre les relations qui se nouent entre l'oeil et le regard, ces deux modalités du voir qui entrent en jeu dans notre approche de l'espace géographique et littéraire. Ainsi l'oeil du scientifique analyse la matérialité de la lettre, suit le tracé des échanges, fait entrer en résonnance la sphère intime et l'arène publique, prend le pouls du vivant pour mieux appréhender la matière. Simultanément, le regard des écrivains nous invite à percevoir le relief du monde, à écouter l'appel du poète qui esquisse, derrière les apparences sensibles, une présence qui approfondit l'espace et qui recrée ce qu'Yves Bonnefoy appelait "la terre humaine". A la croisée des disciplines, des époques, des territoires et des langues, cet ouvrage s'adresse non seulement aux spécialistes de l'épistolaire et de l'écriture du voyage, mais également à tous ceux curieux de saisir dans le tracé des lettres "l'usage du monde" .

05/2019

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Critique littéraire

Le courage N° 3 : Age d'or/Age de fer

Plus qu'une revue, Le Courage est un essai à plusieurs auteurs. Comme dans les numéros précédents, ceux du numéro 3 interviennent sur un sujet unique  : Age d'or / Age de fer. L'âge de fer, nous y sommes. La marée de la violence populiste déferle sur le monde. L'un est élu, l'autre menace. Qu'est-ce que cela fait ? Comment tenir ? De quelle façon protéger les choses de l'esprit ? Ecrivains, cinéastes, artistes, ils sont vingt-trois (plus un), dans sept langues et quatre alphabets différents, à réfléchir d'un point de vue littéraire et artistique à cette situation inédite dans nos vies. Japonaise, Egyptienne, Israélien, Pakistanais, Libanais, Allemand, Anglais, Américains, Brésilien, Français, sous forme d'essai, de fiction, de photographies, de dessin, de conversation, ils réfléchissent aux temps actuels et futurs. Etre femme à l'ère du virilisme revanchard est-il devenu plus difficile ? Y a-t-il une jeunesse dangereuse ? Le Brexit est-il un néo-puritanisme ? Les âges d'or passés du romantisme et de la fête peuvent-ils revenir ? La démocratie est-elle en danger ? Les clowns sont-ils des monstres ? Les inhumains s'imaginent-ils nous faire peur ? Comme à chaque numéro, Le Courage donne la parole à trois jeunes écrivains jusque-là non publiés, publiant leurs premières fictions et une conversation sur l'avenir qu'ils contribueront à créer. Contre cet âge de fer, nous promettons un âge d'or. Les auteurs : Gregory Buchakjian - Arthur Chevalier - Viktor Cohen - Gilles Collard - Philippe Corbé - Charles Dantzig - Dyego Garcia - Adrien Goetz - Patrick Higgins - Christophe Honoré - Intezar Hussain - Nicolas Idier - Miles Joris - Klaus Mann - Yukie Nakao - Laurent Nunez - Barack Obama - Maud Octallinn - Jason Oddy - Silvana Paternostro - Yirmi Pinkus - Joseph Sainderichin - Sandrine Treiner - Miral al-Tahawy et Donald J. Trump.

05/2017

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Critique littéraire

La langue confisquée. Lire Victor Klemperer aujourd'hui

Comment la langue façonne-t-elle l'esprit d'une époque ? Tout au long du règne de Hitler, Victor Klemperer étudia les graves distorsions infligées à la langue allemande par le nazisme. Les enseignants seront désormais soumis à une " révision nationale et politique " - comme les voitures, note-t-il en 1934. On parle désormais de " système " pour désigner le régime des années de Weimar, vilipendé en tant que régime parlementaire et démocratique " enjuivé ". Quant à l'adjectif " fanatique ", il passe du registre péjoratif au registre laudatif ; le terme " libéral ", lui, devient, à l'inverse, péjoratif, avant de disparaître tout à fait au profit de " libéraliste ". Klemperer assiste en fait à une sorte d'inversion sémantique généralisée, dont il note chaque manifestation dans son Journal. Il en tirera LTI, grand livre sur la manipulation de la langue par l'idéologie. La langue confisquée restitue sa démarche, ce geste critique qui aide à comprendre comment on adhère à un langage, quel qu'il soit. Car, comme l'écrit Klemperer, " on désigne l'esprit d'un temps par sa langue. " Elle est un révélateur, elle ne ment jamais : c'est elle, toujours, qui dit la vérité de son temps. Le lecteur croisera dans ces pages d'autres écrivains, ayant vécu et travaillé à de tout autres époques, en de tout autres lieux, et ayant affectionné, comme l'auteur de LTI, la forme du journal-essai, du carnet - des écrivains ayant tous pour point commun d'avoir écrit " en noir sur la page noire de la réalité ". Et qui nous aident comme lui, à travers leurs quêtes respectives de la vérité, à faire face à notre temps, ce temps de repli identitaire et de " post-vérité ", un temps d'inquiétantes résurgences sémantiques aussi, où se voit brouillée la distinction essentielle du vrai et du faux.

09/2019

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Beaux arts

Titres. Une histoire de l'art et de la littérature modernes

Cette étude entreprend d'analyser, pour la première fois, la façon dont des protagonistes de l'art et de la littérature modernes intitulèrent leurs oeuvres. Si c'est au milieu du XIXe siècle que les peintres commencent à donner à leurs oeuvres des noms qui sont davantage que des titres de convention, l'histoire a commencé bien plus tôt pour les écrivains et les poètes. Des années 1890 aux années 1920, c'est le récit d'une émulation entre le mot et l'image qui est ici raconté. Mettant en parallèle et en relation les pratiques développées par Paul Gauguin et Alfred Jarry, Paul Cézanne et Emile Zola, André Gide et Henri Matisse, Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso, Francis Picabia et Tristan Tzara, André Breton et Max Ernst, Donatien Grau met au jour une polarité entre deux lignées, l'une accordant à la forme employée, poème ou tableau, toute son attention, avec un refus du contexte, l'autre voyant dans l'oeuvre d'art picturale ou littéraire une matrice politique, n'existant que dans la relation à l'espace public. Examinant aussi bien des chefs-d'oeuvre que des documents méconnus et inédits, tout en prenant en compte les cheminements individuels de chaque figure évoquée, cet ouvrage propose une nouvelle généalogie des pratiques littéraires et picturales, écrite à la lumière des titres. En effet, la nomination par les peintres et écrivains de leurs oeuvres, source de bien des inventions, se révèle être l'outil majeur qu'ils partagent : image et texte portent également des titres, et c'est un signe de la liberté de l'artiste moderne que de pouvoir les concevoir. La prise au sérieux des titres modernes pourrait bien offrir la clef de compréhension des rapports intimes entre les arts dans une époque canonique, où beaucoup reste encore à découvrir.

11/2019

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Poésie

Kala Ghoda Poèmes de Bombay. Edition bilingue français-anglais

Arun Kolatkar (1931-2004) est considéré comme l'un des plus grands écrivains indiens et sans doute comme la voix la plus singulière et la plus aboutie de la poésie contemporaine du sous-continent. Son oeuvre transgresse d'ailleurs les frontières nationales et sa portée est universelle. Kolatkar était à la fois un poète de Bombay (ville dont son oeuvre est indissociable) et un poète du monde, avec lequel sa poésie ne cesse de dialoguer. Peu d'écrivains eurent une démarche aussi éclectique que lui. A la fois héritier des avant-gardes européennes, des surréalistes et des poètes de la beat generation (il s'était lié d'amitié avec Ginsberg), imprégné de blues, de rock, du mouvement folk et de la culture populaire américaine, il était aussi plongé dans un ethos marathi, dans toute une mémoire collective orale et syncrétique, en particulier dans la tradition médiévale dévotionnelle en langues dites vernaculaires (la bhakti). C'est de la confluence et la réinvention mutuelle de ces langues, traditions, formes et histoires dont procède la voix singulière de Kolatkar. Kala Ghoda. Poèmes de Bombay tire son nom du quartier historique et artistique de la ville. "Kala Ghoda" signifie littéralement "cheval noir", en référence à une statue équestre du roi Edouard VII. L'espace autrefois occupé par cette statue forme un terre-plein triangulaire qui est l'épicentre de la nouvelle cartographie poétique de la ville. Pendant près de vingt ans, depuis la même table d'angle dans un café, le Wayside Inn, donnant sur le carrefour, Kolatkar a patiemment enregistré le spectacle qu'il avait sous les yeux, moins tel Georges Perec devant l'église Saint-Sulpice, comme la "tentative d'épuisement" d'un lieu spécifique, que pour célébrer l'impermanence inépuisable du quotidien. Cette poésie est une poésie de l'hospitalité.

10/2013

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Récits de voyage

Le voyage en Algérie. Anthologie de voyageurs français dans l'Algérie coloniale 1830-1930

La prise d'Alger par les troupes du général de Bourmont en 1830 inaugure cent trente-deux ans de présence française sur l'autre rive de la Méditerranée. Elle marque également les débuts d'une abondante littérature coloniale autour de l'Algérie, qui est, d'une certaine façon, notre plus proche Orient. Nombreux sont ceux, journalistes, officiers, députés ou ministres, qui font le voyage et en reviennent séduits par la richesse des couleurs et des paysages. Des écrivains aussi traversent la mer pour découvrir le rivage algérien et ses ruines romaines, les plaines fertiles du Tell, les villages de Kabylie, les grands espaces sahariens, l'épure des dunes, les ciels étoilés et le réconfort des oasis. Gautier, Dumas, Fromentin, les Goncourt, Maupassant, Gide, Eberhardt et Montherlant, parmi bien d'autres auteurs méconnus ou oubliés, consacrent ainsi à l'Algérie des pages mémorables ou pittoresques. Mais un pays, c'est avant tout un peuple, et les écrivains-voyageurs le font vivre : d'abord le peuple algérien avec ses croyances, ses coutumes, ses modes de vie, ses mystères aussi, puis " un peuple neuf ", celui des Français d'Algérie. De tonalités diverses - épiques ou esthétiques, lyriques ou satiriques, fondées sur l'expérience aventureuse et sombre de la conquête ou sur les aléas balisés des premières expéditions touristiques -, toutes ces relations de voyage expriment l'impact émotionnel de ce pays, l'Algérie, sur ceux qui sont venus le découvrir et le raconter. Tous portent témoignage du fait colonial. Leurs propos, bien moins univoques qu'on ne l'imagine parfois, ne sauraient se résumer à l'expression d'une quelconque " voix de l'impérialisme ". Du débarquement de Sidi-Ferruch aux cérémonies du Centenaire, les textes, ordonnés selon le principe chronologique, retracent une histoire toujours passionnée, qui continue de faire battre les cœurs sur les deux rives de la Méditerranée.

02/2008

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Critique littéraire

Le mal absolu. Au coeur du roman du dix-neuvième siècle

Existe-t-il un point commun, dans cette surprenante galerie de portraits, entre le hardi Robinson et la lunaire Jane Austen, entre le vertigineux Thomas De Quincey et l'enfant terrible Pinocchio, entre les yeux d'Emma Bovary, les chevaux de Leskov et les petites filles de Lewis Carroll ? Ou bien entre le rire de Dickens et ses incursions dans les ténèbres, la pitié infinie de Dostoïevski, la vitesse et la grâce parfaite de Stevenson, les labyrinthes aériens des phrases de Henry James et les descentes de Freud dans l'Hadès tout au long des nuits au cours desquelles il écrivit L'Interprétation des rêves ? Ce qui relie ces écrivains et ces personnages, parmi bien d'autres rencontrés dans ce livre, ce n'est pas seulement leur apparition au cœur d'une époque marquée par l'apogée du roman et par des bouleversements considérables. C'est aussi le regard subtil de Pietro Citati, son intérêt passionné pour les défis de l'esprit et les aspects multiples de l'existence, son aptitude à accueillir en lui la multitude des visages et des voix qui hantent les écrivains et leurs livres. C'est enfin le fil rouge qui court à travers ces pages : Balzac, Poe, Dumas, Hawthorne, Dostoïevski, Stevenson et presque tous les grands romanciers du XIXe siècle sont attirés par une image, celle du Mal absolu. Non pas le mal étriqué et monotone de la réalité quotidienne, mais le mal fascinant que semblent diffuser les grandes ailes sombres, encore imprégnées de lumière, de Satan et des anges déchus. Car ce siècle est aussi celui du retour de Satan qui séduit, corrompt et tue, aussi magnétique et irrésistible que Stavroguine dans Les Démons. Il tend à s'identifier au Tout, jusqu'à ce qu'il révèle n'être rien d'autre que le vide vertigineux et sans bornes qui hante la conscience moderne.

03/2009

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Critique littéraire

Ententes. A partir d'Hélène Cixous

Il faut lire Hélène Cixous sur le mode de l'entente. L'entente c'est la rencontre de l'oeuvre de l'autre (écrite, peinte, dessinée) suscitant une lecture, une écoute et une mise en état de réponse qui ouvre et relance l'appel de l'oeuvre. C'est à l'éclat de ce mot - entente - que l'on mesure combien Hélène Cixous compte aujourd'hui parmi les écrivains dont l'oeuvre transforme le plus fondamentalement la pensée et la poétique de la relation entre les arts visuels et l'écriture. Cette écoute radicale des mots, des langues, des autres (écrivains, penseurs et artistes) et jusqu'à soi en tant qu'autre est en effet présente depuis les débuts de l'oeuvre foisonnante et sans cesse renouvelée d'Hélène Cixous. Or, écrire l'entente est aussi un "ouï-dire". C'est sonder l'expérience autant que la pensée de l'écriture telle qu'elle se joue dans le face-à-face toujours contemporain avec l'oeuvre de l'autre, qu'il s'agisse de collaborations récentes (Chevska, Alechinsky, Hantaï, Tuymans, Abdessemed), de dialogues en cours (Derrida, Jeannet, Wajsbrot) ou de la lecture d'oeuvres anciennes (Ovide, Dante, Rembrandt, Goya, Joyce, Mandelstam, Lispector, Celan, Genet) Examinant la notion de l'entente - et donc, avec elle, ses équivoques : la mésentente, l'accord et le dissensus, le partage et la persécution, la communauté et ses désaveux, la co-vivance, le rapport du texte à l'image et à l'oreille - cet ouvrage est l'occasion d'un dialogue entre philosophes, poètes, artistes et chercheurs, qui ouvrent ici "l'entente" à une diversité d'approches poétiques, philosophiques, historiques, politiques, voire juridiques, permettant de réfléchir sur une tension toujours à l'oeuvre dans les écrits d'Hélène Cixous.

05/2019

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Littérature française

Oeuvres

Peu de lecteurs connaissent encore Erckmann-Chatrian. Appréciés de George Sand et d'Alphonse de Lamartine, défendus par Victor Hugo, ils ont subi le sort des auteurs édités par Hetzel : désignés comme des écrivains régionalistes s'adressant uniquement à la jeunesse, ils sont passés de mode. Après avoir paru dans la Bibliothèque verte et sous forme d'extraits dans les manuels scolaires, leurs romans ont été oubliés. Pourtant, Emile Erckmann (1822-1899) et Alexandre Chatrian (1826-1890), auteurs lorrains, figurent parmi les écrivains les plus lus du XIXe siècle. Avec pour cadre la vie quotidienne d'une campagne reculée, celle des environs de Phalsbourg puis des petits villages de Lorraine et des Vosges, leurs écrits abondent de menus faits recueillis auprès des villageois. Mais ce réalisme alors en vogue s'y trouve nettement infléchi par un idéalisme volontaire voire optimiste : "Il faut que tout soit un peu idéaliste, car la réalité plate, telle qu'on la comprend et qu'on la pratique aujourd'hui est trop assommante" confie Erckmann. Leur prose s'en trouve enrichie à la fois de considérations métaphysiques, du recours à l'étrange et au fantastique mais aussi d'un didactisme républicain. Leur devise pourrait être "édifier et instruire" . La présente édition annotée de leurs oeuvres comprend trois recueils de contes - Contes fantastiques (1860), Contes de la montagne (1860) et Contes des bords du Rhin (1862) - et trois romans - L'Ami Fritz (1864), Histoire d'un conscrit de 1813 (1864), Waterloo (1865). Elle reprend la première édition de chaque oeuvre en volume et est accompagnée d'une introduction générale, de notices pour chaque partition, de notes explicatives, d'un dictionnaire des personnages, d'une bibliographie, d'une chronologie et d'index.

11/2020

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Littérature étrangère

Un poète fusillé. Vers choisis

Nikolaï Oleïnikov fut une des nombreuses victimes des purges staliniennes. En 1937, à peine âgé de 39 ans, il fut déclaré " ennemi du peuple " comme de nombreux intellectuels et écrivains russes de l'époque, et fusillé, après avoir publié seulement trois poèmes. Né en 1898 dans un village cosaque du Don, Oleïnikov commence à fréquenter les révolutionnaires très tôt, puis rejoint l'Armée Rouge en mars 1918. Son propre père le dénonce, mais il arrive à s'enfuir. Après la victoire de la Révolution, il devient membre du Parti bolchévique en 1920 et commence une carrière de journaliste, notamment au sein de la Pravda. Mais en tant que poète, il est proche du cercle des Obérioutes (Daniil Harms en est le représentant le plus connu), un mouvement comparable aux dadaïstes voire aux surréalistes en France, et quand le " réalisme social " sous le contrôle de l'Union des écrivains de l'URSS devient le seul dogme littéraire acceptable aux yeux du parti, l'étau se referme lentement autour d'Oleïnikov. Il est arrêté le 20 juillet 1937 à l'aube, puis après avoir été interrogé sans relâche puis torturé, il est fusillé le 24 novembre de la même année. Sa femme Larissa a miraculeusement réussi à conserver les manuscrits qu'il lui avait confiés, et ce malgré sa déportation en Bachkirie. La poésie ironique et tendre d'Oleïnikov commence à circuler en Union Soviétique à partir des années 1970 grâce aux éditions clandestines des samizdats, et petit à petit, Oleïnikov devient un poète très populaire. C'est grâce à son fils Alexandre, né quelques mois seulement avant la mort du poète, que son oeuvre commence à être reconnue aujourd'hui dans le monde entier. Préfacé et traduit du russe par Anne de Pouvourville

03/2016

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Critique littéraire

L'Argent, Dieu et le Diable. Face au monde moderne avec Péguy, Bernanos, Claudel

" Péguy, Bernanos, Claudel. Si je rapproche ici ces noms, ce n'est pas parce qu'ils sont tous trois ce que l'on est convenu d'appeler des écrivains catholiques. Catholiques, ils le sont, chacun à sa manière, mais cela ne suffit pas, loin de là, à les définir. Si je les ai réunis, c'est d'abord parce que chacun d'eux a représenté, à diverses époques de ma vie, un formidable instrument d'émancipation intellectuelle. Ils m'ont aidé à me libérer de mon temps, à prendre des distances vis-à-vis de lui, et plus encore, vis-à-vis de moi-même. Quand le monde tout entier paraît s'affaisser sur son axe et que l'on se sent gagné par la lâche tentation de composer avec ce qu'il charrie de plus médiocre, alors Péguy, Bernanos et Claudel sont des recours. Ils nous arrachent à la vulgarité ambiante et bien souvent nous en protègent. Non que chacun d'entre eux n'ait eu, à l'occasion, ses faiblesses. Mais leurs erreurs n'ont jamais été inspirées par la complaisance à leur époque ; ils n'ont jamais emprunté leurs aveuglements à leurs contemporains. Leur marginalité fut à la fois un fait subi et une situation voulue. Subie, parce qu'elle est en effet pour partie liée à leur position d'écrivains catholiques. Voulue, parce qu'en érigeant l'ostracisme dont ils furent victimes en sécession délibérée, ils ont fait de ce défi à leur temps la source principale de leur inspiration. Les grandes oeuvres peuvent bien exprimer leur époque, elles n'en sont pas moins bâties sur la solitude volontaire et la résistance à la contrainte extérieure. " Jacques Julliard

09/2008

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Récits de voyage

L'Afrique qui vient

Un monde meurt, et avec lui bien de nos repères – un autre monde naît, dans le tumulte et le chaos, mais avec une formidable énergie. Et une nouvelle Afrique, qui entend prendre sa place dans le siècle qui commence. Une Afrique qui met à mal nos discours convenus. Une Afrique dont les artistes, les écrivains, les poètes, nous dessinent aujourd’hui les contours. Lisez-les : ils nous parlent aussi de nous-mêmes, et de notre futur. 28 écrivains, nous disent ici, à travers 28 nouvelles, cette Afrique qui vient, surprenante, inquiétante, fascinante : un continent entier qui se met en marche, et dans le mouvement, s’invente. Parmi eux, des auteurs aujourd’hui de grand renom mais aussi la nouvelle vague des auteurs africains qui vont être les révélations des années à venir, et imposent des voix nouvelles. Nés après l’indépendance, ils ont grandi dans le cauchemar des génocides, sous le joug des dictatures, contraints souvent à l’exil. Le génocide de 1994 au Rwanda aura été un tournant : la fin de l’innocence, des paradis perdus, des discours seulement victimaires quand l’Afrique découvre sa capacité à s’autodétruire. Le nouvel espace romanesque africain n’est plus, sur place, celui du village, de la répétition du discours anti-colonialiste, du mythe d’une Afrique à retrouver, de la tradition, mais celui tout à la fois de l’exil et celui de la ville, monstrueuse, hybride, tentaculaire, où s’expérimentent également, mais d’une autre manière, métissage et multiculturalisme, se met en place un univers créole. La ville, où s’invente, au-delà du roman, une culture de la rue, slam, hip-hop, rap, par laquelle la jeunesse exprime sa révolte et ses espoirs. Lisez-les : ils vont vous étonner.

02/2013

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Correspondance

Je commence déjà à être las de toutes les stupidités qui seront dites à l'occasion de ce livre. Correspondance

Pendant vingt ans, Flaubert et frères Goncourt échangèrent des lettres extrêmement précieuses pour comprendre, certes, les " créatures " contradictoires, changeantes et vulnérables, mais surtout les grands artistes qu'ils furent tous trois. " Qui révélera mieux que la lettre autographe la tête et le coeur de l'individu ? [... ] Seule la lettre autographe sera le confessionnal où vous entendrez le rêve de l'imagination de la créature, ses tristesses et ses gaîtés, ses fatigues et ses retours, ses défaillances et ses orgueils, sa lamentation et son inguérissable espoir. " Par ces quelques lignes de la préface de leurs Portraits intimes du XVIIIe siècle les frères Goncourt, grands amateurs et collectionneurs d'autographes s'il en est, révèlent tout le prix qu'ils attachent aux correspondances. Et de fait, celle qu'ils échangèrent avec leur ami, maître et rival Flaubert au long d'une relation de vingt ans (1860-1880), se révèle, en écho et en opposition parfois à leur célèbre Journal, extrêmement précieuse pour comprendre, certes, les " créatures " contradictoires, changeantes et vulnérables, mais surtout les grands artistes qu'ils furent tous trois, artistes qui considéraient la littérature comme un véritable sacerdoce et se percevaient comme les derniers représentants d'un art " pur ", sacré, à l'abri du mercantilisme et de la " blague " moderne : " La pure littérature, le livre qu'un artiste fait pour se satisfaire, me semble un genre bien près de mourir. Je ne vois plus de véritables hommes de lettres, de sincères et honnêtes écrivains que Flaubert et nous " (Journal, 9 août 1868). Cette correspondance est aussi éminemment instructive (et complète en cela de façon irremplaçable le Journal) pour la connaissance du champ littéraire sous le Second Empire et la compréhension des sociabilités d'écrivains, penseurs et artistes.

06/2021

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Récits de mer

Latitude MER N° 2

Latitude Mer revient dans un numéro 2 pour convier les amoureux du grand large, du sable blanc et des eaux turquoise à un deuxième voyage. Destination la Grèce ! Au coeur de la méditerranée, à la rencontre des mers ionienne, Egée et libyenne, elle nourrit les imaginaires des Français qui se délectent sur ses plages chaque été. Mais c'est au coeur de destinations secrètes que nous convie cette deuxième livraison du premier mook maritime. Au fil d'une navigation autour de la Grande bleue, nous sommes aussi invités à la découverte des terres qui l'entourent, riches d'une histoire et d'une tradition millénaires, mais aussi enjeu stratégique pour la Turquie, la Russie, la Chine et la France. L'occasion d'une traversée littéraire jalonnée de textes d'écrivains grecques qui ont voué leurs vies à la mer, comme Nikos Cavaillès, d'entretiens sur la philosophie grecque de la mer, d'un reportage sur les traces de Léonard Cohen à Hydra ou de récits où se mêlent vagues et rock'n'roll, car la musique pulse encore mieux au coeur de la tempête. Enfin, parce que l'Océan est notre avenir, une partie de ce numéro sera aussi consacré à l'environnement et la recherche biologique marine avec des reportages in situ (station de Roscoff, service hydrographique de la marine) sur les principaux sites de la recherche maritime française. Croisant récits littéraires, reportages, entretiens, portraits, sous toutes les latitudes, ce numéro convie à nouveau écrivains, scientifiques, photographes, navigateurs, et philosophes. L'Océan nous intéresse dans tous ses états et sous tous ses angles de navigation. On retrouvera également les rubriques comme " L'hôtel à la plage ", et découvrira des entretiens avec des chanteurs et des histoires folles, comme celle d'un piano à queue mystérieusement retrouvé sur une plage du Sud-Ouest....

06/2022