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Critique littéraire

La condition critique. Articles (1945-1998)

De Faux Pas (1943) à Une Voix venue d'ailleurs (2002). Maurice Blanchot, de son vivant, a recueilli la plupart de ses articles critiques dans ses livres. Il en laissa pourtant certains de côté. Ce sont ces textes que nous avons entrepris de publier. Une première série a donné le volume des Chroniques littéraires du Journal des débats, 1941-1944. Le lecteur trouvera ici la suite : l'ensemble des articles de critique littéraire que publia Blanchot de 1945 à sa mort sans les reprendre dans ses livres. Nous y avons ajouté les textes publiés dans certains courts volumes aujourd'hui indisponibles. Figurent également quelques prières d'insérer signées par Blanchot lors de la publication de ses propres fictions. Voici donc rassemblées des chroniques de presse, des chroniques de revue ou des pièces de circonstance, réponses aux enquêtes, hommages aux disparus. Ou encore ces lettres, qui se firent de plus en plus fréquentes au fil du temps : les adressant aux comités de direction de revues ou aux responsables d'ouvrages collectifs, Blanchot y invoque l'impossibilité où il se trouve de répondre à la demande d'une contribution, mais cette manière d'excuse devient un texte à part entière. Ces miscellanées permettent de découvrir un autre Blanchot. Elles échappent parfois aux motifs dominants de sa pensée. Elles permettent aussi d'en suivre les réélaborations successives. Levinas, Bataille, Mascolo, Derrida, la critique, la Bible, la politique sont là. Sartre, Malraux, Thomas Mann, Beckett, Michaux, Merleau-Ponty, l'affaire Dreyfus aussi. Mais il arrive à ces textes de porter sur des auteurs et des sujets inattendus : Cyrano de Bergerac, Fourier, Adamov, Gracq, Lowry, Caillois, le merveilleux, les prix littéraires, la science-fiction...

09/2010

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Critique littéraire

Journal. Mémoires de la vie littéraire Tome 3, 1887-1896

Le 16 juillet 1896, à Champrosay, chez ses amis Daudet, Edmond de Goncourt, âgé de soixante-quatorze ans, succombe à une congestion pulmonaire. Douze jours plus tard, il avait évoqué dans son Journal son dernier dîner avec Robert de Montesquiou, le chef des odeurs suaves, l'ami de Mallarmé, de Verlaine, de Gallé, de Proust. Selon les termes de son testament, les cahiers manuscrits de ses Mémoires de la vie littéraire devaient être scellés pour vingt ans, puis déposés à la Bibliothèque nationale pour être "consultés et livrés à l'impression". Pourquoi cette prudence ? Edmond n'avait-il pas lui-même tiré de son Journal neuf volumes d'extraits, publiés de 1887 à 1896 ? Des extraits soigneusement triés, car "dans un Journal comme celui que je publie, la vérité absolue sur les hommes et les femmes rencontrés le long de mon existence, se compose d'une vérité agréable - dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une vérité désagréable - dont on ne veut absolument pas". C'est la crainte de cette vérité désagréable qui poussa l'Académie des Goncourt - malgré de nombreuses protestations - à demander à différents ministres l'interdiction de communiquer le manuscrit du Journal jusqu'à une date récente, et ce n'est qu'en 1956 que fut publié le texte intégral, à l'exception de "quelques précisions, suppressions imposées par les nécessités légales", que nous avons pu rétablir dans la présente édition. Plus d'un siècle après la mort d'Edmond, certains portraits que nous livrent les Goncourt des hommes politiques de leur temps, certains jugements portés sur les moeurs de leur siècle gardent leur pouvoir de provocation, voire de scandale.

02/2014

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Sciences politiques

Une époque de transitions. (1998-2003)

Après les bouleversements des années 1990, le monde se recompose. Mais les transitions, qu'on annonçait faciles, se révèlent laborieuses, malaisées et, dans certains cas, porteuses de menaces plus que de promesses. Présentée comme le triomphe de la démocratie sur le totalitarisme, la victoire du monde occidental n'a été contestée ni dans son effectivité, ni dans sa légitimité. Mais, on le sait, plus une légitimité est forte, et plus elle suscite des attentes qui ne souffrent pas d'être déçues ; or, il semblerait qu'on ait pris le parti d'y répondre dans la seule langue du marché. A l'échelle européenne, sans que l'on puisse parler d'échec, la réunification allemande n'est pas aussi facile à réaliser que certains l'avaient cru, et il n'est pas impossible que l'Union européenne ait, elle aussi, à souffrir d'avoir sous-estimé, en s'élargissant, l'insolubilité de l'histoire dans l'économie - notamment si elle tarde (ou, pire, si elle échoue) à se doter des moyens de son intégration politique. Par ailleurs, à l'échelle mondiale, on sait depuis le 11 septembre 2001 que la globalisation sans frein du marché et l'hégémonisme arrogant de l'Occident engendrent bien plus que des résistances. Tels sont les principaux thèmes abordés par ces écrits politiques, rédigés entre 1998 et 2003. Autant de plaidoyers en faveur d'une politique animée par les principes de justice et de démocratie. On trouvera, en outre, dans ce recueil les textes qui furent à l'origine de la réflexion récente de Jürgen Habermas sur les problèmes de la médecine reproductive face à l'individualisme marchand.

05/2005

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Actualité et médias

Tous candidats ! Le poids des petits dans la présidentielle 2007

En 2002, au lendemain du 21 avril, la France les a montrés du doigt... Si Jean-Marie Le Pen s'était qualifié pour le second tour de la présidentielle en éliminant Lionel Jospin, c'était à cause de l'émiettement des voix provoqué par ces petits candidats. Cinq ans après, alors que se prépare la bataille du printemps 2007, ils sont toujours là : à l'écart des écuries PS, UDF, UMP et FN, une trentaine d'hommes et de femmes font mine de briguer la succession de Jacques Chirac. Certains sous la bannière de partis solidement installés, comme Dominique Voynet (Verts), Philippe de Villiers (MPF) ou Arlette Laguiller (Lutte ouvrière). D'autres en francs-tireurs, comme Dieudonné ou Roland Castro... Certains disposent d'une forte médiatisation, comme José Bové ou Nicolas Hulot... D'autres sont totalement inconnus. Qui sont-ils ? Sont-ils là pour " défendre des idées ", comme chacun le jure ? Ou se lancent-ils pour passer à la télévision, bénéficier de l'aide financière de l'Etat, servir de locomotives en vue des législatives ? Leur présence revitalise-t-elle le débat ou est-elle le simple prétexte à un vote défouloir ? Pourquoi les grands partis les manipulent-ils ? Vont-ils cette fois encore faire basculer le rendez-vous qui s'annonce ? Grâce à des témoignages inédits et à des documents confidentiels, l'enquête de Frédéric-Joël Guilledoux décrypte un des aspects les plus méconnus de la vie politique française. Accompagnée des portraits des microprétendants 2007 et d'un rappel des élections de la Ve République, elle pénètre dans les coulisses des partis politiques et présente la course à l'Elysée sous un jour totalement nouveau.

10/2006

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Critique littéraire

Jean Giraudoux

De Provinciales (1909), son premier livre, remarqué par Jules Renard et Octave Mirbeau, à La Folle de Chaillot, représentée en 1945, un an après sa mort, Giraudoux a été l'" enchanteur " de plusieurs générations : comme romancier d'abord, puis comme dramaturge, après que Jouvet l'eut introduit au théâtre, où il connut d'éclatants succès : Siegfried et le Limousin, Amphitryon 38, La guerre de Troie n'aura pas lieu, Electre, Ondine... Limousin, normalien, germaniste et diplomate, sa vie est un roman vrai qui embrasse l'histoire littéraire, artistique et politique des premières décennies du XXe siècle. Et si, tels certains de ses héros, prompts à esquiver les pièges d'une humanité mesquine, Giraudoux excellait dans l'art de se dérober, il n'a pas échappé à son biographe. Ayant pu utiliser de nombreuses correspondances inédites, Jacques Body l'a suivi de près dans sa vie privée ; et, fort de plongées dans de nombreuses archives, il éclaire d'un jour nouveau ses activités au Quai d'Orsay et, en 1939, à la tête du commissariat général à l'Information, créé pour contrer la propagande nazie. Le Giraudoux que l'on découvre rompt avec la réputation d'amuseur et de précieux que lui ont faite certains de ses admirateurs. Cosmopolite et patriote, soucieux du bien public, ses idées en matière d'urbanisme et de protection de la nature montrent qu'il voyait souvent plus loin que ses contemporains. Grave mais pudique, refusant, dans sa vie, la tragédie et le pathétique, c'était un stoïcien souriant. Et " nul ne peut, sinon par barbarie, disait Gide, résister au sourire de Giraudoux ".

04/2004

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Actualité et médias

Les plaisirs du journalisme

Ce livre est un récit, et pas seulement un hommage aux journalistes et aux dessinateurs du Canard. Un récit qui, preuves à l'appui, démontre à quel point les présidents et chefs de gouvernement sont bien protégés par la Constitution de la Ve République. Ou par l'attitude respectueuse de certains magistrats. Un récit qui décrit par le menu les travers et les dérives de ces " intouchables ". Quand sept présidents ont décidé seuls d'engager la France dans des conflits qui ne la concernaient pas, ou quand ils ont mobilisé les services de l'Etat pour protéger leur réputation, ils n'ont jamais eu à s'expliquer devant une commission d'enquête parlementaire. Quand ces mêmes chefs d'Etat ont pratiqué à haute dose l'espionnage téléphonique, ou couvert des affaires de corruption et d'argent sale destiné à leur parti, à leur entourage, ou à leur cassette personnelle, ils n'ont jamais eu grand-chose à redouter. Et personne n'imagine qu'ils pourraient se voir un jour reprocher leur complaisance à l'égard des pays du Golfe qui ont financé et financent encore des groupes terroristes. Enfin, les auteurs rendent, documents à l'appui, un hommage qui surprendra. Aux militaires, aux diplomates et aux agents de renseignement qui ont estimé utile de fournir au Canard certains éléments de ce livre. Et à tous les citoyens qui se comportent en " lanceurs d'alertes ". Claude Angeli, chroniqueur au Canard enchaîné, en a été le rédacteur en chef pendant trente ans. Pierre-Edouard Deldique, journaliste à Radio France Internationale, y présente deux émissions, " Idées " et " Une semaine d'actualité ".

01/2017

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Santé, diététique, beauté

Allergies, le nouveau fléau ?

Pourquoi un livre sur les allergies ? Allergologue de profession, le sujet me hantait depuis longtemps. Dans mon cabinet, de plus en plus de patients venaient me trouver, perdus, méconnaissant les mécanismes de cette maladie, égarés les informations contradictoires diffusées par les médias. J'ai donc eu envie de faire le point sur une question de plus en plus grave. Car les chiffres sont explicites. Qui sait que 25 % de la population française souffre d'allergie ? Que certains experts évoquent même 35 % pour certains symptômes ? Que près de 50 % d'entre nous sont concernés ? La menace est réelle. Toutes les données épidémiologiques s'accordent pour affirmer que ce taux a doublé au cours de ces vingt dernières années et qu'il ne cesse d'augmenter. Les maladies allergiques sont même passées du sixième au quatrième rang des pathologies selon l'OMS. Partant des dernières données statistiques, un livre simple et facile d'emploi s'imposait, un livre pour tous les publics, aussi bien les allergiques que les autres. Un livre qui explique que le changement de nos habitudes de vie, la qualité de nos logements, l'apparition de nouveaux aliments et la modification de notre environnement... sont les raisons de cette aggravation. Un livre qui aborde, point par point, la question des pollens, des acariens, des allergies aux médicaments, aux vaccins, aux anesthésiques, aux piqûres d'insectes... sans oublier les réactions alimentaires, l'asthme et le débat sur la pollution atmosphérique. Un ouvrage pratique où le lecteur trouvera des réponses précises aux questions qu'il se pose sur un sujet de plus en plus grave.

03/2000

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Histoire de France

Clémenceau

« Georges Clemenceau fut l'homme aux quatre têtes : le Tigre qui déchire les ministères ; le dreyfusard, qui mène pendant neuf ans le combat du droit et de la justice ; le premier flic de France, qui dirige d'une main de fer pendant trois ans le ministère de l'Intérieur ; enfin le Père la Victoire qui, rappelé à 76 ans à la tête d'une France en guerre et au bord de l'abîme, conduit le pays jusqu'à l'armistice et la paix avec l'Allemagne. Ce radical, d'abord haï par la droite pour son anticléricalisme, puis par la gauche pour son sens de l'ordre et sa lutte contre le pacifisme, est un homme singulier, surprenant, apparemment contradictoire. Il se disait lui-même "un mélange d'anarchiste et de conservateur". Dans cet ouvrage, je me suis efforcé de mettre en relief son ambivalence qui le rend si difficile à "classer". Je le range cependant dans les rangs de la gauche, d'une certaine gauche qui avait été engloutie après la Seconde Guerre mondiale, mais qui pourrait reprendre force aujourd'hui : la gauche républicaine. Au-delà de l'éventail politique, il a été l'incarnation d'une "certaine idée de la France". Ce n'était pas exactement celle du général de Gaulle, mais tous deux ont eu la charge d'empêcher que la France disparaisse de la face de la terre ». (Michel Winock). Une étude du personnage avec ses contradictions assumées, mais aussi une analyse politique de l'homme, de son action et de son époque, qui prend une résonance particulière dans le contexte français actuel.

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Esotérisme

Les lois de la vie. Les enseignements de Maitreya

Nous ne possédons pas même des fragments de l'enseignement que les Instructeurs mondiaux des temps anciens ont pu transmettre avant d'être pleinement reconnus dans leur mission spirituelle. Nous ne connaissons d'ailleurs pas l'enseignement du Christ, du Bouddha ou de Krishna, si ce n'est à travers le regard de leurs disciples. Aujourd'hui, pour la première fois de l'histoire, il nous est donné d'avoir un avant-goût des pensées et de la vision d'un Etre d'une stature incommensurable, et de comprendre ainsi le sentier d'évolution qui nous attend et dont il est venu mettre en lumière pour nous les étapes. Cet Instructeur semble pourvu d'une connaissance et d'une conscience sans limites, d'une tolérance et d'une sagesse insondables, d'une humilité inconcevable. Il n'est guère possible de lire ces pages sans en être transformé. Certains seront surpris de la lumière nouvelle qu'elles projettent sur certains événements mondiaux. Pour d'autres, c'est la présentation en termes simples des secrets de la réalisation de soi, ou encore l'expression d'une expérience vivante de la vérité qui sera une révélation. Pour tous ceux qui aspirent à connaître les Lois de la Vie, ce texte donnera accès à une vision subtile et pénétrante qui les amènera au coeur de la vie elle-même, et leur dévoilera un sentier conduisant aux sommets. L'unité essentielle de tout ce qui vit apparaît ici de la manière la plus claire et la plus convaincante. Jamais les lois qui structurent notre existence n'ont été présentées sous un jour plus naturel et moins contraignant.

04/2015

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Paramédical

Mémoires d'un dyslexique

Récit de la vie d'un dyslexique maltraité dans son enfance par certains enseignants. Jugé inapte à poursuivre ses études et viré du lycée en cinquième technique pour sa mauvaise orthographe. Durant toute sa vie, jusqu'à 58 ans il n'écrira plus une ligne, délégant les écritures à d'autres, consommant sans modération son divorce avec l'orthographe. Par pur hasard il découvre qu'il est doué pour les récits, il devient romancier et correspondant de presse, savourant son amour pour la littérature. Aujourd'hui. Bien souvent le parcours des dyslexiques ressemble à un parcours du combattant. Les murs dressés par l'éducation nationale qui ne sont pas franchissables par ces enfants les amènent à prendre des chemins de traverses pour les contourner. En chemin ils découvrent des choses que personne ne peut voir, certains ouvrent de nouvelles voies dans les milieux scientifiques, techniques, artistiques et dans tous les domaines qui demandent de l'imagination, Architectes, mathématiciens, ingénieurs, hommes politiques, gens d'affaires, commerciaux, informaticiens, artistes. Je ne citerai que quelques célébrités : Albert Einstein, Bill Gatte, Picasso, John Kennedy, Léonard de Vinci. Ceux-là n'ont pas cru qu'ils étaient des mauvais. Mais d'autres seront traumatisés à vie pour leur mauvaise orthographe et seront écartés sans état d'âme des études par l'éducation nationale. Un enfant sur huit naît dyslexique, 7 millions de Français le sont, 1,5 million sont à la charge de l'éducation nationale, 25 millions de Français sont concernés par le problème. Des enseignants répondent lorsqu'on leur parle du sujet : pas de temps à consacrer à ces cas particuliers, manque de moyens.

07/2017

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Histoire de France

Les maîtres de la Guadeloupe. Propriétaires d'esclaves 1635-1848

Si les sociétés coloniales des Antilles françaises sont bien connues à travers l'histoire des esclaves, celle de leurs propriétaires restait à faire. Et pour cause : c'est la chronique honteuse de dominants engagés dans une épouvantable entreprise d'exploitation de femmes, d'hommes et d'enfants. Pourtant, l'histoire des esclaves est indissociable de celle des maîtres. C'est celle que raconte Frédéric Régent, à travers le cas de la Guadeloupe. Il suit en particulier le parcours de quatre familles sur huit générations et reconstitue leur installation sur l'île, à partir de 1635. C'est le temps de la culture du tabac, il faut mettre en valeur les terres : ces premiers colons font appel à des engagés, des Européens, qui sous un contrat de servitude subissent de terribles conditions de travail qui préfigurent celles que subiront les esclaves. Par la suite, certains de ces engagés deviennent eux-mêmes des maîtres. Puis avec le développement de la production de sucre, les esclaves sont de plus en plus nombreux à être importés d'Afrique. Ces maîtres ont recours à une extrême violence. Toutefois, du fait du faible nombre de femmes européennes, certains s'unissent avec leurs esclaves. Au gré de la fortune, quelques-uns de leurs descendants passent pour blancs, tandis que d'autres forment la catégorie des libres de couleur. La production de sucre fait la richesse de ces propriétaires. A travers leurs habitations, ils mettent en place des entreprises mobilisant d'énormes capitaux en s'intégrant à une économie connectée au monde. Les maîtres de la Guadeloupe constituent bien un des acteurs moteurs d'une des principales puissances de l'Europe moderne.

04/2019

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Droit

L'OMC. Une ingénierie juridique et commerciale à reconfigurer

Une revendication pressante appelle dorénavant à l'établissement d'une mondialisation plus solidariste qui combatte les inégalités. L'Organisation mondiale du commerce avait déjà semblé y souscrire avec l'idée que, pour la plupart des partenaires, la participation à l'échange international devait être un facteur de bien-être collectif. Cette idée est contestée, à l'heure même où certains pays pétroliers d'Afrique sont de nouveau confrontés à l'ajustement structurel et qu'ils sont invités à recourir aux accords de partenariat économique ; cela, sans tenir compte au passage de "l'impact de la colonisation sur les trajectoires de croissance des Etats". L'institution est par ailleurs prise en défaut du fait que certains secteurs ne sont pas sous l'emprise de ses règles, comme c'est le cas des droits de l'homme au travail, ou que d'autres secteurs n'y sont que juridiquement imparfaitement saisis, comme c'est le cas de la culture ou de l'environnement. L'Organisation mondiale du commerce est de facto confrontée à la question de l'étendue de sa compétence, qui fait rejaillir le constat selon lequel elle n'est pas encore parvenue à faire face aux défis du monde contemporain, l'institution demeurant toujours en réalité un cadre imparfait de la mondialisation du commerce international. C'est cet angle mort qui constitue l'objet premier de cet essai, à la fois dans sa conception de l'évolution des règles applicables et dans ses solutions aux graves problèmes qui restent posés aujourd'hui et qui s'inscrivent dans une réalité vivante. Il est devenu évident qu'il faille faire preuve d'une ingénierie juridique et commerciale nouvelle.

03/2019

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Sciences historiques

Mélanges en l'honneur de l'historien Gilbert Meynier

Le présent ouvrage est un recueil de textes écrit à plusieurs mains (21 contributeurs) par des collègues, amis et proches de l'historien Gilbert Meynier. Un historien de talent reconnu par ses pairs comme l'un des meilleurs spécialistes de l'histoire franco-algérienne, auteur de riches et nombreux travaux sur l'histoire de l'Algérie depuis l'Antiquité jusqu'au milieu de la décennie 2010, et qui nous a quittés en décembre 2017. Ses enfants Hélène et Pierre-Antoine ainsi que ses collègues et proches, essentiellement des historiens, mais aussi des politistes, sociologues, économistes, juristes, ont tenu à lui rendre hommage par ces mélanges bien mérités offerts en son honneur. L'ouvrage est structuré autour de trois chapitres. Le premier rassemble des témoignages émouvants de ses enfants et proches sur la vie et le parcours de Gilbert Meynier, comme père de famille, puis comme jeune étudiant à l'université de Lyon engagé dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie et, enfin, comme enseignant-chercheur jusqu'à sa retraite en 2000 et son installation définitive à Lyon. Une retraite bien active puisque ses activités de recherche n'ont jamais cessé, bien au contraire, elles ont repris de plus belle jusqu'à ce que la maladie et la fatigue aient eu raison de sa santé. Le deuxième chapitre comprend des comptes rendus de certains ouvrages de l'historien, comme L'Algérie révélée, L'histoire intérieure du FLN, L'Algérie et la France a deux siècles d'histoire croisée... Quant au troisième, il est consacré à des réflexions générales sur certains pans de l'histoire franco-algérienne et au-delà.

03/2019

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Religion

Le paon dans les religions. Sacralisé, diabolisé, de l'Asie à la Méditerranée

A cause de sa beauté bien sûr, mais aussi parce qu'il déploie sa queue ocellée d'Est en Ouest, s'habille de neuf au printemps, annonce la pluie par ses cris et résiste au venin des serpents qu'il tue, le paon a été porté au plus haut de l'échelle des symboles dans les religions de l'Asie à la Méditerranée. Gardien des Portes de l'Au-delà en Chine archaïque, Monture du dieu de la guerre en Inde, Avatar du Bouddha Gautama dans les contes didactiques, Substitut du Dionysos Sauveur dans les cultes à Mystères après les conquêtes d'Alexandre, l'oiseau conserve intacte sa valeur d'éclaireur sur les Voies du Salut jusqu'en christianisme byzantin et post-byzantin dans les terres de culture gréco-romaine. Mais tout à coup en Occident médiéval, jugé trop fier de sa beauté, il tombe de toute sa hauteur et devient une incarnation du Diable. Le processus de diabolisation s'avère d'autant plus énigmatique dans ses causes que les clercs lui font endosser certains — et seulement certains — des vices qui n'appartiennent qu'à l'homme, dont des pratiques sexuelles qui le rendent encore plus monstrueux. La question que pose cette incroyable campagne de destruction est donc une question de représentation, mais de représentation de qui ? L'identification par les Textes du personnage le plus exécré en cette période troublée par l'expansion de l'islam permettra-t-elle de neutraliser le réflexe de répulsion éprouvé envers le plus beau des oiseaux depuis des siècles, et cela même à la seule vue de ses plumes ?

04/2019

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Psychologie, psychanalyse

Des adolescences au coeur de la Shoah

L'auteur montre comment des adolescents ont traversé la Shoah, dans les ghettos et dans les camps. La description précise de leur expérience, dans leur diversité et leurs points communs, permet de s'approcher au plus près de ce que fut la Shoah pour les individus, au-delà des connaissances historiques et des statistiques. Il montre aussi les qualités et les points d'appui qui expliquent, en partie, leur survie. Le regard qu'ils portent sur cette expérience n'est pas le même que celui des adultes. Ce regard, ce questionnement, cette réflexion se développent pour certains tout au long d'une vie d'écrivain, de professeur de littérature, de psychiatre, d'historien. Dans leurs livres, ils montrent les moyens qu'ils utilisent pour transmettre, au plus juste, à leurs contemporains leur expérience et, ce faisant, pour essayer de se déprendre du traumatisme majeur subi. La rigueur qu'ils mettent à cette transmission, pendant et après, et qui n'est pas contradictoire pour certains avec la fantaisie et l'humour, a une valeur éthique mais constitue aussi une très belle leçon de littérature. La longue expérience de psychanalyste de l'auteur lui permet d'éclairer et de mettre en valeur tous les aspects de ces adolescences au coeur de la barbarie. Ce livre contribue à mieux comprendre ce qu'ont vécu des enfants et des adolescents, devenus parents ou grands-parents, qui ont traversé les autres barbaries qui se sont exercées depuis la Shoah, et aussi ce que vivent aujourd'hui d'autres enfants et adolescents victimes des barbaries actuelles. Il est ici question des rouvres de Kertész, Kulka, Becker, Orlev, Hilsenrath, Wiesel, Klüger, Tomkiewicz, Appelfeld.

08/2016

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Aviation

Erreurs de pilotage Tome 16

ERREURS DE PILOTAGE 16 Par Jean-Pierre Otelli Le facteur humain est toujours le maillon faible de la sécurité aérienne. Problèmes caractériels... Machisme insupportable... Ego surdimensionné... Négligences routinières... et même parfois, problèmes psychiatriques... Quelles que soient les raisons, l'homme est presque toujours à l'origine des accidents : - Vieux commandant de bord - jeune femme copilote. Dans certains pays, une présence féminine dans un cockpit est très mal acceptée. Surtout si celle-ci se permet de signaler une erreur grave. - Commandant de bord faible - copilote brillant... Certains aéroports sont dangereux. C'est la raison pour laquelle la compagnie ne permet pas aux copilotes de prendre les commandes à l'atterrissage. Elle exige que ce soit le commandant, même si son dossier professionnel est très mauvais. - L'équipage ne respecte pas les minimas de l'atterrissage. Il ne suit aucune des procédures réglementaires... L'avion termine sa finale dans le lagon (photo de couverture). - Un commandant humilie en permanence son subordonné. Bien que l'approche ne pose pas de problème, il refuse d'écouter lorsque ce dernier l'avertit qu'il se trompe dans le sens du virage. L'avion percute une colline. - Le pilote a une crise de panique pendant le vol. Les passagers sont obligés de le ligoter. - Etc. L'AUTEUR : Jean-Pierre OTELLI est pilote de présentation en salons aéronautiques et en meetings aériens. Avec 15 600 heures de vol, il est également leader de patrouille acrobatique et instructeur de voltige aérienne... Expert aéronautique, consultant pour les médias, il a écrit de nombreux livres à succès sur la sécurité aérienne. Ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues : anglais, allemand, finnois, hollandais, japonais et portugais brésilien.

09/2022

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Fantastique

Histoires fantastiques espagnoles

"La voiture poursuivait sa route encore et encore et, à cause de la chaleur qu'il faisait à l'intérieur, ou du mouvement lent et monotone du véhicule, phénomènes plongeant le passager dans une sorte de torpeur qui se transforme ensuite en sommeil, le fait est que mes paupières devinrent lourdes, je me penchai du côté gauche et, appuyant mon coude sur la pile de livres, je fermai les yeux. Dans cette position, je continuai à voir la rangée de visages d'hommes et de femmes qui me faisaient face : certains étaient barbus, d'autres étaient rasés, certains riaient, d'autres étaient sérieux et tendus. Il me sembla après coup qu'obéissant à la contraction d'un muscle commun, toutes ces figures clignaient de l'oeil et grimaçaient, ouvrant et fermant les yeux et la bouche, me révélant toutes, chacune à leur tour, un alignement de dents allant des plus blanches aux plus jaunes, certaines étant acérées, d'autres cassées et usées. ". . Maître incontesté de la littérature espagnole du XIXè siècle, Benito Pérez Galdós (1843-1920) est surtout connu pour son roman Tristana paru en 1892, et porté à l'écran en 1970 par Luis Bunuel, avec Catherine Deneuve dans le rôle-titre. Il est aussi l'auteur d'une oeuvre monumentale publiée entre 1875 et 1912 sous le titre Episodes nationaux : une histoire romancée de l'Espagne de son époque. Mais Galdos est surtout un grand nom du fantastique ibérique où le surnaturel se mêle à l'absurde et au grotesque, comme en témoignent les sept nouvelles qui constituent ce recueil et qui sont inédites en France.

03/2023

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Droit fiscal

L'évasion fiscale

Qu'est-ce que l'évasion fiscale ? Définition et évolution L'expression " évasion fiscale " a connu un large succès ces dernières années au rythme des révélations journalistiques sur des " affaires " ou des " scandales ". La vitalité de cette expression ne doit pas faire oublier que celle-ci détient également une portée juridique. L'expression est largement employée par les différentes sources du droit ou par leurs commentateurs, mais elle n'a pas reçu jusqu'à présent de définition stable et unanimement partagée. Bien au contraire, elle souffre d'une certaine confusion avec d'autres expressions souvent accolées ou mêlées à elle que sont la " fraude fiscale " ou l'" optimisation fiscale ". Or, la lutte contre l'" évasion fiscale " est expressément utilisée dans les motivations de certaines règles de droit et dans certaines décisions du Conseil constitutionnel. Parmi l'ensemble des sources du droit s'appropriant cette expression, nous avons tenté d'établir une certaine cohérence pour faire ressortir les différents éléments de sa définition. L'évasion fiscale apparaît alors comme un comportement formellement légal, mais motivé par une intention fiscale prédominante, c'est-à-dire accompli dans le but d'obtenir un gain fiscal à l'aide d'une opération artificielle, et réalisé dans un but contraire à l'intention de l'auteur du texte abusé ou aux principes de l'ordre public fiscal. Cette définition nous permet alors d'envisager une distinction entre cette notion et les notions d'optimisation et de fraudes fiscales. Cependant, cette définition est dans l'attente d'une évolution du droit fiscal dont le contentieux tend à se tenir de plus en plus devant le juge pénal.

04/2023

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Littérature française

Paris-Briançon

Le temps d'une nuit à bord d'un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n'arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu'émouvant, qui dit l'importance de l'instant et la fragilité de nos vies. Lorsqu'ils montent à bord de l'Intercités n°5789, un des rares trains de nuit encore en activité, rien ne rapproche ces passagers qui se rendent dans les Hautes-Alpes. A la faveur d'un huis clos imposé, tandis qu'ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l'intimité et la confiance naître, les mots s'échanger, et les secrets aussi. Peu à peu, derrière les apparences, se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l'époque, des voyageurs tentant d'échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l'ignorent encore, mais au petit matin, certains d'entre eux trouveront la mort. L'essentiel réside dans ce qu'ils se seront dit cette nuit-là. Sans se départir de son aptitude à sonder la psychologie humaine, Philippe Besson nous livre un drame au suspense savamment dosé. Métaphore de la vie qui s'interrompt, ce roman de la fatalité nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Et, si l'issue en est toujours tragique, le chemin parcouru tisse l'histoire de nos existences. Ainsi, par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres de fortune, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.

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Autisme

Autisme. Le passage à l'âge adulte

Dans l'autisme, la transition vers l'âge adulte est très souvent un moment difficile. Difficile tout d'abord pour la personne concernée, mais aussi éprouvante pour ses proches. Cette période s'inscrit en effet dans un contexte de transformations personnelles et contextuelles, où il va s'agir de s'adapter, de modifier ou de fabriquer des environnements nouveaux. Les transformations personnelles concernent tout à la fois les modifications neuropsychologiques et somatiques observées durant l'adolescence, que les évolutions cliniques du trouble, dans lesquelles on note souvent l'apparition de nouvelles associations avec d'autres psychopathologies (anxiété, dépression...). Et, pour certains sujets, beaucoup plus rares, c'est aussi l'annonce d'un diagnostic tardif, avec toutes ses conséquences. Mais l'entrée dans l'âge adulte, c'est aussi une profonde modification de l'environnement du sujet : recherche d'une formation ou d'un emploi, d'un logement, d'un partenaire. Ces contraintes, surdéterminées par le poids des normes sociales, vont nécessiter la mise en place de soutiens, de programmes, d'interventions qui vont mobiliser les parents, la fratrie, mais aussi les employeurs, les personnels éducatifs, et parfois nécessiter des aménagements législatifs et sociétaux concernant ce que certains nomment un "handicap". Ce livre, à partir d'une revue de la littérature internationale centrée sur ce thème, et même si beaucoup d'articles concernent l'autisme sans déficience intellectuelle, aborde toutes ces questions. Il n'y a pas à ce jour de réponses "clés en main ". Chaque pays, parfois chaque région apporte son lot de solutions. Mais, dans tous les cas, une synthèse méritait d'être proposée aux personnes concernées ou intéressées par cette problématique.

01/2022

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Littérature française

Antarctica Blues

" La zone Antarctique a beau avoir été cartographiée, mesurée, sondée comme un désert, une jungle ou des fonds marins, nous oublions tout pour entrer dans le socle de la Terre, là où finit la géographie et où commence une certaine histoire, celle de la création du monde. " Epuisée par le rythme infernal de la vie parisienne, Jennifer Lesieur décide de quitter son open space et une certaine société hyperconnectée. Poussée par un besoin impérieux de dépaysement total, la voilà embarquée sur une croisière pour l'autre bout du monde : l'Antarctique. Mais traverser l'Atlantique Sud n'est pas un voyage comme les autres. Au fil des pages, elle croise des passagers excentriques, des insulaires rivés à leur terre, jusqu'à ce qu'apparaisse le dernier continent encore complètement sauvage. Entre paysages époustouflants et conditions climatiques déréglées, danger permanent et paix intérieure, humour et poésie... A bord du MS Fram, sur les traces des aventuriers qui l'ont précédée, l'autrice nous entraîne dans son sillage et nous fait découvrir la fragilité des icebergs, observer les colonies de manchots et les attaques des impitoyables léopards des mers, plonger dans une eau à 0, 6°C, admirer les baleines à bosse et enfin poser le pied sur le territoire le plus isolé de la planète. Dans Antarctica Blues, Jennifer Lesieur raconte avec ferveur et autodérision ses aventures dans une zone réservée jusqu'à peu aux explorateurs, scientifiques et chasseurs de records, aux symboles environnementaux forts. Au milieu du silence et de la blancheur éclatante de l'Antarctique, Antarctica blues questionne notre soif d'évasion et notre place sur la planète.

04/2024

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Littérature française

La vie la plus douce

" La vie la plus douce, c'est de ne penser à rien " , confie son grand-père à Adrien. Peut-être est-ce le secret que l'enfant appliquera sans d'abord le comprendre, lui qui subit, très jeune, les surprises de la vie. C'est l'agonie du petit frère. Puis les coups reçus en pension, dès six ans, et la violence d'un grand frère vite abonné aux drogues dures. Et toujours, l'absence des parents : la mère, beauté diaphane, peintre noyée dans l'alcool et la térébenthine, le père occupé aux affaires industrielles et extraconjugales. C'était au siècle passé, une décennie où soufflait un grand vent de liberté. Dans les maisons familiales de Paris ou de Saint-Tropez, passent alors bien d'autres personnages : la tante proustienne et magicienne, l'héritier des empereurs de Byzance, le petit-neveu de Goering, ou encore Jici, l'apôtre enthousiaste de Pol Pot. Et tant d'autres ombres, comiques, attachantes ou sinistres, retournées rapidement au néant. Dans ce monde pittoresque et dingue où se mêlent grands bourgeois, junkies, maoïstes, stars de cinéma, pornocrates, aventuriers, et où il est exigé de jouir de tout, Adrien garde en toutes circonstances un détachement de dandy. Mais une jeune femme cherchera à le sauver en lui inoculant une certaine idée du bonheur. Candice, l'adolescente aux seins nus, qui ne lui refuse aucune liberté parce qu'elle ne s'en refuse aucune. Autobiographie, souvent. Rêves, parfois. Roman, toujours. Car la réalité n'est-elle pas une déformation de la fiction ? Fabrice Gaignault fait siens les mots du poète Stanley Kunitz : " J'ai traversé beaucoup de vies, certaine étaient les miennes. "

01/2022

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discriminations, exclusion, ra

Je suis la femme du plateau

"Il y a un peu moins d'un an, ma vie a changé. J'ai écrit et coréalisé un documentaire qui traitait du sexisme systémique et du harcèlement sexuel dans les rédactions sportives en France. Pour moi, pour les rédactions, pour les intervenantes et pour certains hommes, la sortie du film a été une déflagration. Des enquêtes internes ont été dirigées dans les grandes rédactions sportives, des hommes ont été ciblés, certains ont été licenciés, entendus dans des enquêtes judiciaires. On m'a proposé il y a quelques mois de poursuivre ma réflexion sur le sujet et d'en faire un essai. Non, je ne suis pas légitime pour écrire sur la place des femmes à la télévision, je ne suis pas assez engagée, je ne suis pas la bonne personne. Pour l'heure, je me concentre sur des plans concrets. Aujourd'hui, j'ai un rendez-vous important. Mon interlocuteur me parle de lui, de sa longue carrière, jusqu'à sa nomination à la tête d'une rédaction. Et puis il évoque mon parcours, ce que nous pourrions faire ensemble. Il me dit être fan de football et me suivre depuis des années. Quand soudain, cette phrase. "Et puis, j'ai vu ton documentaire alors je me suis dit, c'est formidable, cette fille a aussi un cerveau". Cette phrase. Elle est comme une gifle. Devant mon air ébahi, il tente une blague et passe vite à autre chose. C'est trop tard. C'est cette phrase qui me convainc instantanément d'écrire ce livre. Le travail est loin d'être fini. En fait, il ne fait que commencer", M. P.

03/2024

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Echec et réussite

L'école serait-elle responsable de la dyslexie ?

Certains dyslexiques ne développent jamais de problème de lecture, tandis que d'autres auront des difficultés toute leur vie. Et si c'était l'école qui faisait toute la différence, mais pas de la façon dont les gens le pensent ? Pourquoi même nos meilleures tentatives de remédiation se retournent-elles trop souvent contre nous, causant de l'anxiété, de la dépression et des dommages à l'estime de soi ? Si nous pouvons comprendre pourquoi seuls certains dyslexiques éprouvent des difficultés à apprendre à lire alors que d'autres n'y parviennent pas, et ce qui fait la différence, nous pourrons peut-être changer la vie de millions de jeunes. Les dyslexiques adultes étant représentés de manière disproportionnée parmi nos innovateurs les plus créatifs et nos citoyens les plus performants, d'une part, et parmi les détenus, d'autre part, le changement des réalités de l'âge scolaire pourrait transformer non seulement la vie des individus, mais aussi le bien-être de toute notre société. Etant donné qu'entre 5 et 20 % de la population est dyslexique, comment est-il possible que les jeunes qui suivent un enseignement alternatif ne développent que rarement, voire jamais, des problèmes autour de l'apprentissage de la lecture ? Y a-t-il quelque chose - non seulement dans la façon dont la lecture est enseignée, mais aussi dans le moment où elle est enseignée et peut-être aussi dans le fait qu'elle soit "enseignée" tout court - qui rend plus probable que les divers apprenants auront des difficultés ? Et si toutes les "solutions" communes pouvaient, en fait, faire partie du problème, selon qu'elles sont proposées ou imposées ?

10/2021

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Critique littéraire

La silve. Histoire d'une écriture libérée en Europe, de l'Antiquité au XVIIIe siècle

Stace (c. 40-96) a conçu avec ses Silvae (" poèmes-forêts ") un genre d'écriture nouveau, qui doit beaucoup à Horace. Mais la perspective n'est pas celle du moraliste et Stace y déploie une inspiration du coeur, calor subitus, liée à une virtuosité improvisatrice. Dégagées de la fureur platonicienne, soumises à une inspiration humorale et mystérieuse, étayées par une culture profonde et multiple devenue seconde nature, les Silves, après les oeuvres ovidiennes, se jouent des tabous génériques, tâchent d'embrasser la variété du monde humain, au risque de se perdre dans les détails. L'écriture désormais ne connaît plus d'autre convenance que celle qu'imposent les mille facettes de la vie et de l'humeur de l'écrivain. L'exemple de Stace influencera profondément la latinité tardive, dont maints auteurs comme Ausone, Ambroise, Prudence, Claudien ou Sidoine Apollinaire reproduisent cet engouement pour une écriture " biographique ", éthiquement et scientifiquement cautionnée par sa spontanéité, liée à la varietas. Le Moyen Age n'a pas ou guère connu les Silves de Stace, mais il a connu ses imitateurs, notamment Sidoine Apollinaire. L'appellation " dit ", d'abord appliquée à des descriptions-digressions à la manière sidonienne, finit par désigner en particulier un type d'oeuvres poétiques très souple, un " mode de dire " caractérisé à la fois par la diffusion d'un certain savoir et/ou d'une morale de vie et la prise en charge explicite de ce savoir ou de cette morale par le " je " qui écrit. Cette nouvelle écriture s'épanouit au XIIIe siècle, grande époque de l'avènement de la subjectivité littéraire. Comme la silve, le dit, héritier indirect de la silva, représente donc au Moyen Age une forme d'écriture libérée. A la Renaissance, bien après la redécouverte des Silves par Poggio Bracciolini en 1417, l'humaniste florentin Ange Politien (1454-1494), relance la mode de l'écriture " silvaine ". Après lui, l'Italie puis l'Europe entière vont produire en abondance des oeuvres variées sous le titre de silves, ou sous d'autres titres connotant une écriture de la variété mêlée, de l'apparente spontanéité fondée sur une singulière érudition. Ces oeuvres, la plupart du temps inclassables dans les genres canoniques, touchent à tous les domaines intellectuels : poésie lyrique de circonstance, poésie épico-héroïque, poésie didactique, miscellanées encyclopédiques, traités philosophiques et scientifiques, arts plastiques, musique. L'écriture de la silve dépasse la chronologie traditionnellement attribuée à la Renaissance pour fleurir aux XVIIe et au XVIIIe siècles. Les auteurs de silves tendent généralement à souligner le caractère hors-norme, voire anti-normatif, de leur écriture, sa profonde individualité – une manière d'essai –, son plaisir spécifique : un rapport particulier au matériau traité, une dégustation vertigineuse du détail savant ou esthétique, que souligne d'ordinaire un style souvent paratactique simulant une certaine oralité. Le présent volume essaie de rendre compte, dans la diachronie, de ce phénomène protéiforme, commun à toute l'Europe du début des temps modernes.

10/2013

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Histoire internationale

Lettres d'ailleurs. Dévoilements préliminaires d'une Prise de l'"Epervier" du Cameroun

Depuis le 06 août 2008, date de son incarcération à la prison Centrale de Kondengui (Yaoundé), l'ancien Secrétaire Général de la Présidence de la République (Cameroun) du Président Biya s'était muré dans un silence suspect pour certains. Trois ans plus tard, alors que son procès devant le Tribunal de Grande Instance de Yaoundé a débuté il y a un peu plus d'un an, J-M Atangana Mebara sort de son mutisme. Il a choisi de le faire dans un style original, des lettres adressées aux siens, à des amis out à des personnalités. On se serait attendu à lire une interminable complainte, le cri déchirant de désespoir d'un homme sorti des ors des palais de la République et brutalement jeté dans un autre "monde" tristement et notoirement célèbre, obscur, ténu, laid, anxiogène, abyssal! On aurait aussi pu anticiper un plaidoyer pro-domo, un vulgaire règlement de comptes à l'endroit de ceux qui ont imposé cette douloureuse épreuve à sa famille et à lui-même. Mais au fil des correspondances, on découvre un homme qui assume l'amputation de la liberté qui lui est imposée, mieux, qui apprivoise la privation de la liberté pour en dégager un chant d'humanisme, d'espérance et de liberté. Ces Lettres d'Ailleurs, empruntent parfois le ton de mémoires, voire même de testament. Mais c'est aussi un témoignage, sans concession puissant, incroyablement humain de cette autre "vie Ailleurs", faite d'humiliations rythmées, orchestrées, de moments d'incompréhension de ce qui lui arrive, de doute, de solitude infinie mais c'est également le récit ciselé des circonstances l'ayant mené à Ailleurs, le théâtre d'une surprenante humanité, le parcours dévoilé d'un citoyen ordinaire devenu par la force des choses, un haut serviteur de son pays, le Cameroun. J-M Atangana Mebara se dévoile, tout en réserve et savamment disert, avec pudeur mais bouleversant de sincérité. Point d'amertume, ni de ressentiment, ce livre ne sonne pas l'hallali mais est un quitus à l'Avenir. Lettres D'Ailleurs est tout simplement un voyage que l'on entreprend avec son auteur, que l'on devine, découvre, dans l'épreuve, humilié mais droit et digne, trahi et affaibli mais aussi autrement humain, capable encore de compassion pour les autres, pour ceux qui souffrent. Quel homme verra-t-on à l'issue de cette épreuve ? En lisant les sept chapitres de ce livre, écrits successivement sur un ton grave, parfois émouvant, mais aussi sobre et quelques fois badin, on devine un homme transformé. On éprouve surtout une irrésistible envie de connaître le fin mot de l'Histoire, de cette histoire particulière. On espère donc d'autres "Lettres" de cet Homme-là, qui a laissé entrevoir, entre les lignes, qu'il semble avoir conservé sa confiance et son attachement à l'Homme, ainsi qu'un certain goût à débattre des sujets touchant au Bien Commun.

12/2011

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Pléiades

Oeuvres autobiographiques complètes. 2 volumes

En 1929, lors de sa parution, Une nuit dans la forêt était sous-titré "premier fragment d'une autobiographie". Trois ans plus tard, Blaise Cendrars évoquait pour la première fois ses souvenirs d'enfance dans Vol à voile et prévoyait une suite (perdue ou non écrite) qui devait s'intituler "Un début dans la vie". Mais de quelle vie s'agit-il ? et comment la raconter ? Certains élèvent des cathédrales. Cendrars construit des labyrinthes. D'autres mémorialistes (mais en est-il un ?) sont les esclaves du temps et des faits. Lui ne se soucie ni de chronologie ni d'exactitude. La vérité qui compte est celle du sens. "Je crois à ce que j'écris, je ne crois pas à ce qui m'entoure et dans quoi je trempe ma plume pour écrire". On imagine l'enthousiasme du jeune Freddy découvrant, grâce à Hans Vaihinger, que la vérité pouvait n'être que "la forme la plus opportune de l'erreur". Se créer une légende, voilà la grande affaire. Il en éprouvera toujours le besoin, ce qui est d'ailleurs, selon lui, l'"un des traits les plus caractéristiques du génie". "Je me suis fabriqué une vie d'où est sorti mon nom", dira-t-il, sur le tard, mais ce fantasme d'auto-engendrement est ancien. Quand on lui demanda, en 1929, si "Blaise Cendrars" était son vrai nom, il répondit : "C'est mon nom le plus vrai". Le pseudonyme devient vrai en échappant à l'emprise de la filiation. De même, en s'émancipant de la tyrannie des faits, la "vie pseudonyme" du poète acquiert une authenticité supérieure et devient "légende", c'est-à-dire (comme l'indiquent l'étymologie et Jean Genet) lisible. Il va de soi que les livres qui résultent de cette recréation du réel ne peuvent être qualifiés d'"autobiographiques" que par convention. Chez Cendrars, l'écriture de soi relève moins du pacte autobiographique que de ce que Claude Louis-Combet appelle l'(auto)mythobiographie : prendre en compte le vécu, soit, mais à partir de ses éléments oniriques et mythologiques. Cendrars fait de son existence la proie des mythes et des "hôtes de la nuit", rêves et fantasmes. Autobiographiques par convention, donc, et complètes. Jusqu'à un certain point (car l'autobiographique est partout présent chez Cendrars, jusque dans ses romans), les oeuvres ici rassemblées s'organisent autour des quatre grands livres publiés entre 1945 et 1949 : L'Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. Cette "tétralogie" informelle est précédée de Sous le signe de François Villon, important recueil demeuré jusqu'à ce jour inédit en tant que tel. Elle est suivie du dernier texte personnel de Cendrars, J'ai vu mourir Fernand Léger, témoignage sur les derniers jours du peintre qui avait illustré la plaquette J'ai tué en 1918. On rassemble en outre, au tome II, les "Écrits de jeunesse" (1911-1912) au fil desquels Frédéric Sauser renaît en Blaise Cendrars.

05/2013

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Pléiades

Oeuvres autobiographiques complètes. Volume 2

En 1929, lors de sa parution, Une nuit dans la forêt était sous-titré "premier fragment d'une autobiographie". Trois ans plus tard, Blaise Cendrars évoquait pour la première fois ses souvenirs d'enfance dans Vol à voile et prévoyait une suite (perdue ou non écrite) qui devait s'intituler "Un début dans la vie". Mais de quelle vie s'agit-il ? et comment la raconter ? Certains élèvent des cathédrales. Cendrars construit des labyrinthes. D'autres mémorialistes (mais en est-il un ?) sont les esclaves du temps et des faits. Lui ne se soucie ni de chronologie ni d'exactitude. La vérité qui compte est celle du sens. "Je crois à ce que j'écris, je ne crois pas à ce qui m'entoure et dans quoi je trempe ma plume pour écrire". On imagine l'enthousiasme du jeune Freddy découvrant, grâce à Hans Vaihinger, que la vérité pouvait n'être que "la forme la plus opportune de l'erreur". Se créer une légende, voilà la grande affaire. Il en éprouvera toujours le besoin, ce qui est d'ailleurs, selon lui, l'"un des traits les plus caractéristiques du génie". "Je me suis fabriqué une vie d'où est sorti mon nom", dira-t-il, sur le tard, mais ce fantasme d'auto-engendrement est ancien. Quand on lui demanda, en 1929, si "Blaise Cendrars" était son vrai nom, il répondit : "C'est mon nom le plus vrai". Le pseudonyme devient vrai en échappant à l'emprise de la filiation. De même, en s'émancipant de la tyrannie des faits, la "vie pseudonyme" du poète acquiert une authenticité supérieure et devient "légende", c'est-à-dire (comme l'indiquent l'étymologie et Jean Genet) lisible. Il va de soi que les livres qui résultent de cette recréation du réel ne peuvent être qualifiés d'"autobiographiques" que par convention. Chez Cendrars, l'écriture de soi relève moins du pacte autobiographique que de ce que Claude Louis-Combet appelle l'(auto)mythobiographie : prendre en compte le vécu, soit, mais à partir de ses éléments oniriques et mythologiques. Cendrars fait de son existence la proie des mythes et des "hôtes de la nuit", rêves et fantasmes. Autobiographiques par convention, donc, et complètes. Jusqu'à un certain point (car l'autobiographique est partout présent chez Cendrars, jusque dans ses romans), les oeuvres ici rassemblées s'organisent autour des quatre grands livres publiés entre 1945 et 1949 : L'Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. Cette "tétralogie" informelle est précédée de Sous le signe de François Villon, important recueil demeuré jusqu'à ce jour inédit en tant que tel. Elle est suivie du dernier texte personnel de Cendrars, J'ai vu mourir Fernand Léger, témoignage sur les derniers jours du peintre qui avait illustré la plaquette J'ai tué en 1918. On rassemble en outre, au tome II, les "Écrits de jeunesse" (1911-1912) au fil desquels Frédéric Sauser renaît en Blaise Cendrars.

05/2013

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Pléiades

Oeuvres autobiographiques complètes. Tome 1

En 1929, lors de sa parution, Une nuit dans la forêt était sous-titré "premier fragment d'une autobiographie". Trois ans plus tard, Blaise Cendrars évoquait pour la première fois ses souvenirs d'enfance dans Vol à voile et prévoyait une suite (perdue ou non écrite) qui devait s'intituler "Un début dans la vie". Mais de quelle vie s'agit-il ? et comment la raconter ? Certains élèvent des cathédrales. Cendrars construit des labyrinthes. D'autres mémorialistes (mais en est-il un ?) sont les esclaves du temps et des faits. Lui ne se soucie ni de chronologie ni d'exactitude. La vérité qui compte est celle du sens. "Je crois à ce que j'écris, je ne crois pas à ce qui m'entoure et dans quoi je trempe ma plume pour écrire". On imagine l'enthousiasme du jeune Freddy découvrant, grâce à Hans Vaihinger, que la vérité pouvait n'être que "la forme la plus opportune de l'erreur". Se créer une légende, voilà la grande affaire. Il en éprouvera toujours le besoin, ce qui est d'ailleurs, selon lui, l'"un des traits les plus caractéristiques du génie". "Je me suis fabriqué une vie d'où est sorti mon nom", dira-t-il, sur le tard, mais ce fantasme d'auto-engendrement est ancien. Quand on lui demanda, en 1929, si "Blaise Cendrars" était son vrai nom, il répondit : "C'est mon nom le plus vrai". Le pseudonyme devient vrai en échappant à l'emprise de la filiation. De même, en s'émancipant de la tyrannie des faits, la "vie pseudonyme" du poète acquiert une authenticité supérieure et devient "légende", c'est-à-dire (comme l'indiquent l'étymologie et Jean Genet) lisible. Il va de soi que les livres qui résultent de cette recréation du réel ne peuvent être qualifiés d'"autobiographiques" que par convention. Chez Cendrars, l'écriture de soi relève moins du pacte autobiographique que de ce que Claude Louis-Combet appelle l'(auto)mythobiographie : prendre en compte le vécu, soit, mais à partir de ses éléments oniriques et mythologiques. Cendrars fait de son existence la proie des mythes et des "hôtes de la nuit", rêves et fantasmes. Autobiographiques par convention, donc, et complètes. Jusqu'à un certain point (car l'autobiographique est partout présent chez Cendrars, jusque dans ses romans), les oeuvres ici rassemblées s'organisent autour des quatre grands livres publiés entre 1945 et 1949 : L'Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. Cette "tétralogie" informelle est précédée de Sous le signe de François Villon, important recueil demeuré jusqu'à ce jour inédit en tant que tel. Elle est suivie du dernier texte personnel de Cendrars, J'ai vu mourir Fernand Léger, témoignage sur les derniers jours du peintre qui avait illustré la plaquette J'ai tué en 1918. On rassemble en outre, au tome II, les "Écrits de jeunesse" (1911-1912) au fil desquels Frédéric Sauser renaît en Blaise Cendrars.

05/2013

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Critique littéraire

Le génie grec dans la religion

Louis Gernet ne considère pas seulement la religion dans le cadre de l'histoire générale de la Grèce, mais dans son rapport avec la société dont le rôle dans la formation de la mentalité humaine est ici serré de près ; et c'est l'une des originalités de ce livre, qui a marqué un tournant important dans l'histoire des religions. Mélange, par son origine, d'éléments égéens et d'éléments indo-européens qui ont commencé leur fusion dès l'époque mycénienne - un millénaire avant l'époque classique - la religion grecque, qui reçut encore bien d'autres influences, a eu une évolution complexe. L. Gernet en retrace des épisodes essentiels au cours de la première partie de son ouvrage. Il montre que bien des points restent obscurs, mais il semble certain qu' "une bonne part de la religion officielle de la cité est héritée de cultes agraires, c'est un fonds primitif qui se reconnaît là" . C'est aussi de ces époques lointaines que datent le culte de Dionysos et la célébrité de lieux sacrés qui deviendront d' "intérêt national" , comme Delphes. La partie de l'ouvrage la plus développée est, naturellement, la seconde, qui expose le système de l'époque classique lui-même. Le génie grec a créé une religion dont le cadre est, par excellence, la cité ; elle est civique, humaine et mesurée, à la fois conservatrice et, dans une certaine mesure, tolérante. Cette religion a été traversée par un courant mystique, mais elle a su longtemps le contenir grâce à la majesté de l'Olympe. Elle a libéré la pensée spéculative et l'imagination artistique. Mais, au demeurant, elle n'a guère su émouvoir le coeur. La période hellénistique, traitée dans cet ouvrage par André Boulanger, va rompre cet équilibre harmonieux qui, d'ailleurs, on vient de le rappeler, n'avait jamais cessé d'être menacé par un "travail souterrain" . Et ce sera, à partir de la conquête d'Alexandre, le grand succès des sectes à mystères, des cultes de provenance étrangère, où l'émotion personnelle reprend ses droits. Toute l'Asie Mineure, l'Egypte, la Mésopotamie et l'Iran apporteront les rites et les dieux officiels défaillants : ce sera le déclin des Olympiens et, du même coup, celui de la cité. Mais, pendant ce temps, le besoin d'expliquer historiquement et rationnellement les mythes apparaîtra ; la spéculation philosophique s'épanouira en tous sens : la pensée atteindra à l'universalisme. Ce livre est le nécessaire complément de deux autres volumes de la collection "L'Evolution de l'Humanité" : La Cité grecque de Gustave Glotz et La Pensée grecque de Léon Robin. A travers cette série d'ouvrages apparaît l'explication du "miracle grec" qui devait aboutir, après deux millénaires, au miracle scientifique des temps modernes. Pour la présente édition une Bibliographie complémentaire a été établie par le Centre de Recherches comparées sur les Sociétés anciennes, de la VIe Section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Paul CHALUS, Secrétaire général au Centre International de Synthèse.

01/1970