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Histoire de France

Journal 1936-1940. "Hitler sait attendre. Et nous ?"

Dans le premier volume de son Journal, couvrant les années 1918 à 1933, nous avons suivi Hélène Hoppenot de Paris à Rio de Janeiro, puis à Téhéran, Santiago du Chili, Berlin, Beyrouth, Damas et Berne. En 1933, grâce à leur grand ami Alexis Léger (en littérature, Saint-John Perse), secrétaire général du Quai d'Orsay, son mari est nommé en Chine : "Dans ce pays tant aimé, j'aurais volontiers envisagé de demeurer jusqu'à la mort", confie Hélène Hoppenot, au terme de quatre années si éblouissantes qu'elle n'a plus éprouvé l'envie de tenir son Journal... En 1937, elle retrouve sans enthousiasme la France et le Quai d'Orsay, mais reprend la "conversation" avec elle-même. A Paris, Hélène Hoppenot se révèle une observatrice très perspicace, qui décrit avec justesse et humour le milieu de la politique et de la diplomatie, où elle se meut avec aisance. Elle renoue aussi avec ses amis écrivains et artistes, qui gravitent autour des librairies de la chère Adrienne Monnier et de Sylvia Beach, autour de Darius Milhaud et de Paul Claudel... Elle fait également la connaissance de Colette, Helen Hessel, Gisèle Freund, Jean Giraudoux, Marcelle Auclair, Paul Valéry et quelques autres, dont elle note les propos, parfois détonnants ! En janvier 1939, alors que Hitler se montre de plus en plus offensif et dominateur, Henri Hoppenot prend la tête de la "sous-direction Europe"... Grâce à ses confidences angoissées, Hélène Hoppenot peut relater au jour le jour les efforts erratiques des gouvernements pour éviter la guerre : son témoignage, plein d'anecdotes et de commentaires critiques, permet de décrypter les faits et gestes d'Alexis Léger, Edouard Daladier, Georges Bonnet, Paul Reynaud, Philippe Pétain... A l'heure où la France est acculée à prendre part au conflit, Hélène Hoppenot anticipe le repli du gouvernement en Touraine. Le 10 juin 1940, elle cherche à joindre son mari : "A six heures, j'appelle à nouveau et j'attends. Longtemps ? Très longtemps. Tout à coup, j'entends une voix de femme, enrouée, lointaine : "Paris, dit-elle, ne répond plus..." Paris ne répond plus ? Le voilà, le grand choc, qui traverse le coeur de part en part. . La voici, cette défaite redoutée. Paris ne répond plus ?... Cette voix de femme va résonner dans mes souvenirs et je ne pourrai l'oublier... Mais, un jour, Paris répondra. Ressuscitera." Avec son mari et leur fille Violaine, Hélène Hoppenot prend le chemin de l'Exode qui la mène à Bordeaux, Madrid, puis Lisbonne. Dès le 24 juin 1940, elle sait que le général de Gaulle représente "tout ce qui nous reste d'espoir", mais les Hoppenot doivent se résoudre à l'exil et rallier le lointain poste diplomatique de Montevideo.

11/2015

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Esotérisme

La vie ésotérique de Jésus-Christ. Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus

Encore une nouvelle Vie de Jésus ? Ernest Bosc nous offre pourtant à lire un texte très différent : il présente à un public tout spécial, au public occultiste et théosophique, une oeuvre qui ne ressemble en rien à celles qui l'ont précédée. Car au milieu de la quantité innumérable d'Ecrits sur l'admirable personnalité du divin Nazaréen, aucun n'est traité au point de vue qui nous occupe et auquel nous nous sommes placés, c'est-à-dire au point de vue du pur Esotérisme... Jésus de Nazareth, Essénien et haut Initié de l'Ordre, possédant des connaissances approfondies sur les phénomènes de la Nature et produisant des faits absolument merveilleux pour la majorité des humains, se révèlera au lecteur non plus sous la forme de prophète, mais sous celle du Thaumaturge et du Thérapeute tout à fait hors de pair qu'il fut... La croyance à la divinité de J. -C. commença à se former chez les Gnostiques, en vacillant longtemps dans les écrits des ères apostoliques ; elle s'affermit avec Justinien le martyr et l'Evangile attribué à Jean, et elle ne triompha contre la doctrine d'Arius au concile de Nicée en 325, que par la pression de l'Empereur. Du dithéisme, avec le Christ du IVe siècle, nous passons au trithéisme avec le Saint-Esprit dans le symbole Quicumque du VIIIe siècle, et nous aboutissons au tétrathéisme du Concile du Vatican avec Marie l'immaculée. En envisageant la personnalité de Jésus, Ernest Bosc pénètre en plein ésotérisme ; au coeur de la tradition, dans la vérité ésotérique. Et c'est dans celle-ci et par celle-ci qu'il écrit la vie de Celui qui fut crucifié, par la haine et la méchanceté des sacerdotes, des rabbins de l'ancienne et despotique loi de Mosché (Moïse). A l'expression de la fraternité et de la solidarité humaines que proclamait le Nazaréen en proposant sa loi d'amour ("aimez-vous les uns les autres"), ils n'avaient que la mort dont ils se repaissent à lui opposer.

12/2020

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Beaux arts

L'esthétique de la réaction. Tradition, foi, identité et l'art français (1900-1914)

En 1911 le critique d'art conservateur Marius Vachon déplore, dans une "défense de l'art national" le "déracinement de nos traditions nationales, [la] désagrégation des forces vives de notre pays" . L'art français - "l'expression du génie de notre race" - sombre devant l'assaut de la démocratie laïque, vivifiée par de néfastes influences culturelles importées de l'étranger. Vachon contribue à un long débat sur la nature de la culture française - sa singularité, ses affinités stylistiques, ses origines ethniques, sa généalogie et ses périls - qui a soulevé les passions dans les années précédant la Grande Guerre. Dans ce livre, Neil McWilliam fait revivre ce débat à travers une étude des groupes qui s'attachent plus particulièrement à imposer une généalogie de l'art français conforme à leurs objectifs politiques ou religieux. Il examine trois mouvements - le renouveau catholique, la royaliste Action française et le nationalisme républicain appelant à une "renaissance française" -, et leurs disciples, tels Maurice Denis, Joachim Gasquet et Emile Bernard, en s'intéressant au rôle joué par l'esthétique, qui véhicule des idéaux d'ordre sacré ou séculier tout en leur servant de métaphore. Il se penche également sur la manière dont ces modèles sont utilisés pour évaluer l'art du passé et porter un jugement sur l'art contemporain, considéré comme le baromètre de la vitalité française. Au lieu de considérer l'art visuel comme l'objet incident d'idéologies forgées pour l'essentiel dans d'autres contextes, ce livre propose à démontrer que la critique culturelle sert de catalyseur à une réflexion sur la tradition et l'identité et qu'elle est au coeur du projet politique des trois groupes étudiés ici. Mais les critiques s'efforcent aussi d'influer sur la production artistique contemporaine en fonction de critères fondés sur des valeurs héritées du passé, valeurs qui permettront d'enrayer ce que beaucoup à droite considèrent comme le déclin culturel de la nation. Ce livre porte donc le regard au-delà des groupes canoniques d'avant-garde privilégiés jusqu'ici par les chercheurs, et explore un terrain artistique largement inconnu. Il s'agit de réévaluer radicalement les enjeux culturels d'une période souvent considérée dans le cadre restreint d'un panthéon de novateurs modernistes.

01/2021

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Histoire internationale

Le roman d'Alexandre à Tombouctou. Histoire du Bicornu

Tombouctou, la "Cité mystérieuse", voire "fabuleuse", la ville des 333 saints est aussi, d'après la tradition, la ville des belles histoires : "Le sel vient du Nord, l'or du Sud, l'argent du pays des Blancs, mais la parole de Dieu, les choses saintes et les belles histoires ne se trouvent qu'à Tombouctou." Avec sa célèbre université de Sankoré qui compta jusqu'à vingt-cinq mille étudiants, Tombouctou fut une capitale de la culture et du savoir pendant la période médiévale. Traces et témoins de cette période de gloire, il nous reste les manuscrits, un extraordinaire patrimoine, presque inexploité mais en danger. On pense que la seule région de Tombouctou détient près de 200 000 manuscrits, dont moins de 10 % ont été catalogués et plus de 40 % sont encore stockés dans des conditions plus que précaires. La présence de bandes armées dans la région depuis le 1er avril 2012 et la prise de Tombouctou font redouter le pire : destruction et dispersion de ces trésors inestimables, qui constituent en fait la mémoire de l'Afrique. Le dépouillement des catalogues auquel nous avons procédé a mis en lumière l'existence de nombreux écrits du genre sîra (histoire romancée). De là a germé l'idée d'une collection intitulée "Les Manuscrits de Tombouctou" (titre provisoire), qui inclurait dans un premier temps : La vie romancée d'Alexandre, L'historie de Tawaddud, la docte Sympathie (personnage des Mille et Une Nuits), Bouloukia le premier des croyants, Le cycle de Ali, Le cycle de Moïse. La vie romancée d'Alexandre, intitulée dans le manuscrit Histoire du Bicornu, constitue le point extrême de l'avancée du Roman d'Alexandre vers l'Occident. Cette oeuvre constitue un recueil de légendes concernant les exploits d'Alexandre le Grand. Source des différents miroirs des princes, il fut, malgré la diversité des versions, l'un des livres les plus répandus au Moyen Age, objet des premières traductions dans les langues vernaculaires d'Europe. Dans cette version rarissime, s'y entremêlent des légendes coraniques, probablement d'origine syriaque, concernant le Bicornu : quête de la source de vie, construction de la barrière contre Gog et Magog (Sourate La Caverne, 94-98), les grands moments de la vie d'Alexandre (ses victoires sur Darius et sur Porus, des passages du pseudo-Callisthène comme l'histoire de Candace et Candaule, avec des récits merveilleux comme ceux intitulés "Le château enchanté" et "Le pays des Djinns"). Découvrir l'histoire du Bicornu parmi les manuscrits de Tombouctou était tout à fait inattendu et exceptionnel ; du reste, c'est par le plus grand des hasards que cette invention s'est réalisée. L'intérêt de cette découverte montre à quel point il ne suffit pas de proclamer "qu'il faut sauver les manuscrits des sables", mais qu'il est urgent de se mettre à les éditer et à les traduire.

11/2012

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Histoire de France

Journal 1940-1944. "Que passent les heures, les jours, les nuits et que la France renaisse"

Dans le premier tome de son Journal 1918-1933, Hélène Hoppenot (1894-1990), femme de diplomate, nous entraînait de Paris à Rio de Janeiro, Téhéran, Santiago du Chili, Berlin, Beyrouth, Damas et Berne. Dans le deuxième tome (1936-1940), elle racontait avec verve les tractations secrètes et les décisions erratiques du gouvernement français. Son mari, Henri Hoppenot, est alors à la tête de la "Sous-Direction Europe" et tous deux sont proches d'Alexis Léger (soit Saint-John Perse), secrétaire général du Quai d'Orsay. Au début du troisième tome, en 1940, nous retrouvons les Hoppenot en Uruguay : "Nous tous, exilés diplomatiques, sommes devenus des épaves." Soumis au rythme des chassés-croisés incessants, des ordres et contre-ordres incohérents, ils subissent l'illisible politique de Vichy. Malgré tout, Hélène Hoppenot garde espoir : "Depuis deux ans - et quels qu'aient été les désastres subis - j'ai toujours cru à la victoire de l'Angleterre. Par instinct et non, hélas, par raison. Un univers nazi est inconcevable". Elle va rapidement convaincre son mari qu'il lui faut choisir le général de Gaulle contre le "terrible vieillard" et le gouvernement de Vichy - dont Henri Hoppenot est pourtant le représentant légal à Montevideo - et contre Alexis Léger, qui voir en de Gaulle un futur dictateur. La tension et la complexité de ces années difficiles affectent le moral de Hélène Hoppenot, mais pas son sens critique qui ponctue, en temps réel, les échos, les fausses nouvelles et les rumeurs qu'elle consigne... Heureusement, elle retrouve de vrais amis sur le continent américain : Gisèle Freund, Darius Milhaud, Jules Supervielle, Henri Seyrig, la famille de Paul Claudel... Et le tumultueux séjour à Montevido de Louis Jouvet et de sa troupe de comédiens en 1941 est une distraction bienvenue dans le désert culturel uruguayen. Après la démission de Henri Hoppenot, le 25 octobre 1942, ils partent sans regret pour les Etats-Unis, où ils retrouvent Alexis Léger et des intellectuels européens exilés. Traversée du désert... Mais c'est Henri Hoppenot, nommé à la tête de la délégation française à Washington, qui organise en juillet 1944 - soit entre le Débarquement et la Libération de Paris - le séjour à Washington et New York du général de Gaulle. Soutenu par Hélène Hoppenot, il fait alors partie de ceux qui contribuent à arracher aux autorités américaines la reconnaissance officielle du chef de la Résistance française. Hélène Hoppenot était très consciente de l'importance de noter les propos entendus, les choses vues dans la coulisse, avant de les retrouver déformés ou censurés par les journalistes, comme Geneviève Tabouis ou "Pertinaz", selon leur orientation... Ce Journal 1940-1944 livre donc quantité d'informations pour les historiens, tout en constituant un témoignage d'une grande honnêteté intellectuelle. Edition établie et annotée par Marie France Mousli, qui a déjà proposé le Journal 1918-1933 de Hélène Hoppenot paru en 2012, puis le Journal 1936-1940, paru en 2015.

03/2019

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Critique littéraire

Protée en trompe-l'oeil. Genèse et survivances d'un mythe, d'Homère à Bouchardon

Varius, multiplex, multiformis : cette série d'épithètes dont le pseudo-Aurélius Victor se servait pour qualifier l'empereur Hadrien conviendrait à merveille à Protée, figure quelque peu en retrait du panthéon grec, mais néanmoins complexe, ambiguë et mystérieuse. Présenté par les auteurs antiques comme un dieu ou un mortel, un roi héroïsé d'Egypte ou un devin, Protée est sans doute le plus connu des "Vieillards de la Mer ". Lié aux récits du retour de Ménélas après la guerre de Troie et à l'histoire du berger Aristée qui perdit ses abeilles, il a connu, grâce à Homère et Virgile en particulier, un succès continu depuis l'Antiquité et son nom n'a cessé d'inspirer oeuvres littéraires, plastiques ou musicales. Ses aptitudes et les modalités qui conditionnent son approche sont fascinantes : pour que Protée révèle " ce qui est, ce qui fut, et ce qui sera ", son interlocuteur doit ruser pour s'emparer de lui, attendre, caché, le moment où le dieu relâchera son attention sous l'effet du sommeil. Même pris dans les liens, il continue de se dérober par mille métamorphoses, comme pour mettre à l'épreuve la patience et la ténacité du héros venu le consulter et mesurer l'intensité du désir qu'il a de connaître le vrai. Protée incarne ainsi le paradoxe d'un univers inquiétant, labile, changeant, " protéiforme ", qui se place sous le signe de la transformation, de la ruse et de l'illusion, mais aussi de la vérité prophétique dont l'homme en quête de sagesse doit s'emparer dans la violence et par la contrainte. Image de la matière informée par les idées, visage ambigu d'une humanité plurielle ou voix des aspirations démiurgiques du texte littéraire qui nourrit le dessein secret de restituer la totalité du monde, il a suscité maintes lectures allégoriques et interprétatives. Le présent volume rassemble des contributions qui s'échelonnent de l'Antiquité grecque archaïque à la Renaissance, avec un prolongement jusqu'au XVIIIe siècle français, et espère éclairer les étapes de la genèse, de la diffusion et des exégèses de ce mythe. Il vise à définir, dans leur diversité et leur complexité, les enjeux littéraires, esthétiques, politiques et idéologiques qu'implique l'apparition de la figure de Protée à travers les âges.

01/2010

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Ethique

Revue d'éthique et de théologie morale Hors-série, Août 2022

Marc Feix, Frédéric Trautmann _ Introduction I. Les droits humains et les questions de société Bruno-Marie Duffé _ Les droits humains : une mémoire blessée et un espoir d'humanité Mattias Guyomar _ L'universalité des droits de l'Homme Alfonso de Salas _ Le Conseil de l'Europe et les droits de l'Homme Valentine Zuber, & Hans Joas _ Les droits de l'Homme sont-ils d'origine religieuse ? René Heyer _ Droits de l'Homme : des déclarations critiquables ? Peter G. Kirchschläger _ Qu'est-ce que les droits de l'Homme ? Comment les justifier ? Elke Mack _ Comment les droits de l'Homme peuvent-ils être (re)fondés aujourd'hui ? Mgr Luc Ravel _ Le Christ, notre théologie II. La notion de dignité humaine Sylvie Barth, Anne Buyssechaert, Talitha Cooreman-Guittin _ Se marier : un droit universel refusé par l'Eglise catholique aux personnes avec une déficience intellectuelle ? Branka Gabric _ Le droit à la santé des personnes atteintes de maladies chroniques à l'heure de la pandémie Johannes Ludwig _ De la dignité de l'homme à la dignité de la création ? Perspectives en politique internationale Iuliu-Marius Morariu _ La dignité humaine dans les autobiographies spirituelles de l'espace orthodoxe du xxe siècle Eric Nzeyimana _ La dignité humaine comme implication morale de la notion de personne chez Robert Spaemann Benedikt Rauw _ Comment la dignité est-elle universalisable ? La contribution de Christine Korsgaard à la solution d'un problème kantien Dominik Ritter _ Que peut-on apprendre des multiples critiques des droits de l'Homme ? Inocent-Mária Vladimír Szaniszló, op _ Un grave manquement à la dignité humaine des travailleurs migrants d'Europe de l'Est lors de la première vague de la pandémie de coronavirus III. Nouveaux problèmes, nouveaux regards, nouvelles méthodes Matthias Bahr _ Une perspective d'éducation religieuse Kyong-Kon Kim _ La liberté de conscience, de religion et d'expression dans les milieux scolaires alsaciens Marie-Aleth Grard _ L'universalité des droits humains à partir de Joseph Wresinski Jörg Lindenmeier _ Les étudiants en tant que " leaders transformateurs " de l'avenir Etienne Grieu, sj _ Revisiter les droits humains à partir de la priorité au plus pauvre Marie-Jo Thiel _ Les pratiques de l'Eglise catholique sont-elles conformes aux droits humains ? Marianne Heimbach-Steins _ L'exigence d'inclusion des droits de l'Homme et la position de l'Eglise à l'encontre des minorités sexuelles Frédéric Trautmann _ Du rêve à la réalité : la charité au service de l'amitié sociale

09/2022

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Témoins

Joseph Vialatoux (1880-1970)

Le livre introduit dans la pensée citoyenne et politique de Joseph Vialatoux (1880-1970), un grand représentant du catholicisme social français de la première moitié du vingtième siècle, et le met dans un contexte de pensée qui dépasse les frontières de la francophonie. Les trois sujets importants sont ici articulés : la critique du totalitarisme, le défi de la liberté, et enfin la légitimité de la résistance. En effet, Vialatoux, qui appartenait au cercle des catholiques intellectuels autour du philosophe et journaliste Marius Gonin, a répondu avec ses amis à l'appel du pape Léon XIII d'entrer dans le dialoque avec société et de défendre ici les principes chrétiens. De ses textes politiques il est donc possible de dégager trois grande lignes de sa pensée dans laquelle Vialatoux défend surtout la personne humaine et la société civile ouverte. D'abord, il s'agit de la critique des régimes totalitaires du vingtième siècle. Vialatoux a découvert une forte ressemblance entre les systèmes totalitaires, représentés alors par le nazisme et le communisme, et la conception de société de Thomas Hobbes. La combinaison curieuse de l'irrationnel et de la logique pure de Hobbes correspond tout à fait aux systèmes totalitaires modernes. Ensuite, le refus du totalitarisme a provoqué chez Vialatoux la question sur la liberté humaine. En fait, cette dernière représente la condition nécéssaire pour la société politique. Dans cette partie du livre nous mettons Vialatoux, en tant que philosophe chrétien, en confrontation avec d'autres penseurs de la liberté, dont Isaiah Berlin, Hannah Arendt ou Erich Fromm. Finalement, le troisième thème proposé et articulé avec les deux précedents concerne la capacité humaine de s'engager dans la société. Cette capacité se révèle de la manière la plus évidente justement dans les moments sombres de l'histoire de la nation. Dans sa pensée citoyenne Vialatoux a développé ses réflexions sur la résistance pendant la deuxième guerre mondiale et posé la question sur la légitimité du pouvoir politique. Même si Vialatoux ne s'est pas référé expressément une seule fois aux sources d'inspiration, il est très frappant comment il s'est rapproché du schéma scolastique tardive, qu'on trouve par exemple chez Francisco Suárez. Alors, par ce fait il a expliqué non seulement ce que c'était le pouvoir politique, mais de plus il a prouvé la continuité dans la pensée sociale chrétienne entre la fin du seizième et du vingtième siècle.

03/2021

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Sociologie

La liberté ne se mendie pas. L'envolée 2001-2008

Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l'âge de 60 ans. Jusqu'au dernier jour il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d'une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d'enseignant bien rétribué - et de mener une petite vie aussi fade que tranquille -, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l'illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu'il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L'Envolée, qu'il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat - reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement - que ce livre se propose de partager. Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L'Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l'Etat, qui s'accentua alors extrêmement. Les lire ainsi recueillis, permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la "délinquance" à une maladie qu'il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue - puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s'en faut, avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les "inadaptés" n'ont qu'a bien se tenir... . Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale. Ils aideront les lecteurs à mieux comprendre que si nous voulons abolir le système capitaliste, qui ressemble de plus en plus à une vaste prison, il faudra plus que jamais abolir les lieux d'enfermement. Olivier a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l'Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Ecrits du cambrioleur anarchiste et bagnard increvable Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l'anthologie Au pied du mur, qui présentait en l'an 2000 "765 raisons d'en finir avec toutes les prisons" . Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.

01/2022

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Sciences historiques

Livre d'or de la Haute-Loire durant la Grande Guerre. Volume 2

Dans ce deuxième volume du "Livre d'or de la Haute-Loire", l'abbé Rougier a recueilli tous les articles de journaux, tous les documents relatant les actes de bravoure et parfois d'héroïsme de ces soldats morts au combat entre le 1er novembre 1914 et le 28 février 1915. Il a également fait appel aux familles pour qu'elles lui communiquent la biographie de leurs chers disparus. Second d'une famille de huit enfants, François-Marius Véron garda les troupeaux dès l'âge de huit ans pour aider ses parents. Le 5 août 1914, il partit contre l'envahisseur avec ses camarades et pays, Jacques Savoie et Alphonse Rivet, jusqu'à Sarrebourg. Le premier succomba à ses blessures le 21 août. Le second, harassé de fatigue au cours de la retraite, risquait d'être pris par les Allemands. François Véron, refusant de le laisser, le chargea sur ses épaules et le mit à l'abri des balles. Lorsqu'un shrapnell lui fractura le crâne, il fut d'abord laissé pour mort, puis, revenu à lui, il rejoignit une ambulance. Il subit trois trépanations, mais, malgré sa forte constitution, il perdit la vue et l'ouïe, et souffrit le martyre avant de décéder. Ses parents avaient pourtant cru à sa guérison quand ils vinrent lui rendre visite sur son lit d'hôpital. Ceux d'Emile Viala, sans nouvelles pendant plus d'un mois, vivaient dans l'angoisse lorsqu'ils apprirent la disparition de leur fils. Le brigadier Frédéric Vigouroux, parti au combat "plein de courage et de confiance", puis blessé à la tête par l'explosion d'un obus alors qu'il était au galop, mourut 42 heures plus tard dans les bras de son oncle, maréchal des logis. Les qualités du sous-lieutenant Reynaud le prédisposaient à un brillant avenir. Sorti de l'école de Saint-Maixent le 1er août 1914, il fut appelé au début de la guerre au 54e bataillon de chasseurs de réserve et partit courageusement à la frontière allemande. Il se distingua dans les Vosges par la prise d'une section de mitrailleuses ennemies et la reprise d'un village mais il paya de sa vie son dernier acte d'héroïsme qui lui valut une citation à l'ordre de l'armée. L'occupation immédiate du village d'Hénin-sur-Cojeul, qu'il avait défendu sans répit durant trois jours, ne permit pas de recueillir son corps. Il fut enseveli par les mains de l'ennemi sur le solde l'Artois, théâtre des exploits de ce valeureux officier dont les nombreuses lettres dénotent un amour très ardent pour son métier et pour sa patrie.

09/2014

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Cinéma

"J'ai écrit le rôle de ta vie". Correspondances avec Raimu, Fernandel, Cocteau, et les autres

En 1927, alors qu’il est professeur adjoint au lycée Condorcet à Paris, Marcel Pagnol prend un congé de l’Education nationale «pour cause de littérature». Deux ans plus tard, il triomphe au Théâtre de Paris avec Marius, premier volet de la trilogie marseillaise, où explose le génial Raimu. Pendant près de cinquante ans et jusqu’à aujourd’hui, Marcel Pagnol va être pour les Français l’auteur populaire par excellence, que ce soit au théâtre, en littérature ou au cinéma. A travers les lettres inédites rassemblées dans ce volume, on comprend justement l’influence décisive qu’a eue Pagnol dans les débuts du cinéma parlant, d’une rive à l’autre de l’Atlantique : il est alors un auteur à succès et comprend, avant tous les autres, la nécessité d’être à la fois scénariste, réalisateur et producteur. En quelques années seulement, il va incarner la modernité auprès de ses pairs, depuis Sacha Guitry qui, dans les années 1930, salue son talent de dramaturge mais se désole de son goût du cinéma, à Jean Cocteau qui, au début des années 1960, l’enjoint de se méfier de la télévision en ces termes : «Marcel ouvrirait sa porte à n’importe quel brave type.» Lire la correspondance de Pagnol, c’est traverser plusieurs époques, avec la douceur de l’avant-guerre, la douleur de l’Occupation puis le rapprochement avec l’allié américain ; c’est découvrir le vrai sens de l’amitié avec les copains de la première heure comme Henri Jeanson ou Vincent Scotto, mais aussi avec les camarades qu’on retrouve autour d’une bouillabaisse dans le petit port de Saint-Tropez (avec René Clair), à Bandol (avec Raimu), ou à Carry-le-Rouet (avec Fernandel). Ce sont parfois des coups de gueule homériques auxquels succèdent des réconciliations quasi amoureuses, des témoignages de soutien quand la critique se fait cruelle, ou simplement des échanges de points de vue sur tel projet, tel dialogue, telle technique ou tel matériel cinématographique. On y parle beaucoup de retrouvailles aussi, quand l’éloignement, la politique, le travail ou bien les femmes le permettront ! Et puis, il y a le Nouveau Monde, pas si lointain : Charles Boyer et Maurice Chevalier rêvent de faire venir à Hollywood le plus américain des réalisateurs marseillais, pour qu’il y rencontre tous ceux qui l’admirent, de John Huston à Preston Sturges et William Wyler. De 1928 à 1974, c’est ainsi toute une vie de cinéma qui défile devant nous, avec une verdeur et une authenticité que le temps n’a pas altérées. L’homme derrière la caméra apparaît plus que jamais dans toutes ses lettres de noblesse.

10/2015