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Yves Abours

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Littérature française

Touareg des Neiges

On était tous assis dans la salle à manger. A la télé, la météo endormait tout le monde. Je réglais la sonnerie de mon portable et ma mère parlait de mariage à mon frère. Elle lui disait que le fils Zirouani s'était fiancé et que cela devrait donner des idées à certains. Elle aime bien faire ça, ma mère... D'ailleurs elle aimerait bien me coller la fille Babouss qu'elle adore. Mais elle oublie que c'est moi, et pas elle, qui portera l'alliance et les courses de Carrefour... Pendant qu'elle continue à me vendre Fadila, on entend un bruit de ferraille, régulier, sournois... Tous les regards se sont tournés en même temps vers la cage des hamsters. Et là, c'était l'orgie. Partie de pattes en l'air en Prime Time décodé, Kama-Sutra de cochons d'Inde... Copulation soudaine en plein jour ! Alors qu'on hésitait entre la syncope et l'éclat de rire, mon père qui ne recule devant rien, se lève comme un grand chef indien. Il agrippe une serviette de table et s'en va recouvrir la cage de tous les vices ! On avait l'air fin, faisant comme si de rien n'était alors qu'on entendait que ça se bousculait grave derrière les grilles de l'enfer ! Le tic-tac du péché ponctuait les négociations maritales entre ma mère et mon frère Mehdi, alors qu'il n'osait pas la regarder en face !! Oh putain, la "dah'ka". Le Touareg des Neiges, c'est Nassim : son enfance dans une cité de Haute-Savoie, son périple jusqu'en Mauritanie, ses amours décalés,... Cette progression vers l'âge adulte est prétexte à une réflexion sur des sujets parfois graves, mais traités avec humour.

10/2004

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Critique littéraire

Racine

Racine est un mystère. Simplicité et clarté raciniennes répète-t-on. Or Racine n'est ni simple ni clair. II y a une apparence, il y a une réalité. L'apparence ce sont ces lettres manuscrites dont l'immédiate lisibilité nous laisse perplexes tant il semble que la phrase coule de source, limpide, achevée, définitive dès sa naissance. Quelle réalité derrière cette souveraine maîtrise de la langue ? Il y a un décalage entre les passions meurtrières qui animent le théâtre et l'espèce d'évidence sereine avec laquelle s'impose l'écriture racinienne. Décalage aussi entre les crises de la vie - rupture avec Port-Royal, décès suspect de la Marquise Thérèse Du Parc, mort de l'enfant du poète et de la comédienne, amours partagées avec la Champmeslé, abandon du théâtre après Phèdre, affaire des poisons, accusation de jansénisme sur la fin de sa vie - et la courbe sans faute d'une carrière si parfaitement réussie qu'on la dirait guidée par un plan : en une décennie et demie l'orphelin de la Ferté-Milon, l'enfant de Port-Royal, s'impose comme l'auteur de théâtre le plus considérable de son temps, avant de devenir l'historiographe du Roi, puis son lecteur et son familier. Mystère de la poésie : cet homme de cour à perruque est aussi le poète qui aura su, avec ses mots, faire naître ces instants de silence partagé, de jubilation pathétique, qui sont la vérité ultime de la poésie tragique. Racine aura enfanté son œuvre écartelé entre le talent reçu et l'anathème porté par ses maîtres sur le théâtre. " Pardonne " s'exclame Phèdre au plus profond de sa détresse. C'est le premier mot de la fresque d'André Le Gall. C'est aussi le dernier.

01/2004

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Théâtre

La dernière mort de Socrate

Criton : Sans toi, nous sommes perdus. Socrate : C'est donc pour vous être aimable que je dois me sauver ?Criton : C'est cela, l'amitié. Socrate : Même au prix du salut de mon âme ? D'ailleurs, corrompue, elle ne vous sera d'aucune utilité. Le comédien (écrit dans son calepin) : " Il semble rechercher la mort, coûte que coûte. A quelle fin ? Mystère. " Socrate, est ce que tu éprouves de l'amitié pour les Athéniens ? Non. Alors tu aurais dû les envoyer paître. Au fait, le plus sage des hommes peut-il être l'ami de qui que ce soit ?Socrate : De la vérité. Le comédien : Réponse incomplète. Socrate : Mais courte. Le comédien (note) : " Il n'est pas vraiment humain. Mais l'homme seul est à même d'accéder à un tel degré d'inhumanité. " Daniel S. Milo enseigne à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Pourtant il n'est reconnu par aucun des corps de métier auxquels il a prétendu un jour appartenir. Historien, on a volontiers publié de lui une trentaine d'articles, et même un livre Trahir le temps (histoire) mais un manifeste appelant à faire exploser la discipline, " La gaie histoire ", suivi d'un ouvrage collectif, Alter histoire. Essais d'histoire expérimentale, ont scellé son sort. Il revient alors à ses premières amours, en écrivant des poèmes philosophiques en prose. Les trois volets de la trilogie : Clefs. Pour Narcisse. Essai de l'amour impartial, Héros & cobayes - passent sous un silence de plomb. Il se lance dans le théâtre ? Ses spectacles Une leçon de violence, La Mégère pour deux (d'après Shakespeare) - sont des morts-nés. Une incursion en vidéo-art, " Entre divan et plafond ", se révèle, elle aussi, être une voie sans issue. Il tente aujourd'hui le tout pour le tout : un drame historico-philosophique. Le hold-up aura-t-il enfin lieu ?

06/2002

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Littérature française

Alice a des ennuis...

Comment expliquer à Marie, comment raconter à cette inconnue qu'une nuit une adulte s'était penchée sur votre lit d'enfant pour vous dire que tout allait s'arranger, que maman allait très vite revenir à la maison ? Cette promesse ce fut une voix, un murmure survenu après les cris des policiers, les cris de grand-mère et d'Alice. Survenu après les pleurs d'Amanda, enfant de cinq ans cramponnée à son ours en peluche. Cette promesse... une bouche qui avait déposé un baiser sur son front "tout va s'arranger", une main qui avait remonté le drap, reposé le nounours tombé à terre au creux de ses bras "tout va s'arranger." Un corps qui avait emporté la peur de la nuit avec lui. Et depuis Amanda avait attendu, toutes les autres nuits, que le miracle se renouvelle, peut-être. Quelle voix, quelle bouche, quelle main avaient été capables de faire ça ? Etait-ce vraiment Claudia ? Qui d'autre, de toute façon ? Alice a des ennuis : rien de plus que ces mots et la volonté de sa fille Amanda pour reconstruire autour d'Alice les amours, les amitiés, la solidarité de femmes dont les chemins se sont séparés depuis quinze ans et qui suivent l'adolescente, aussi, pour échapper à la vie grise et monotone qu'elles se sont forgée après leur première arrestation. Petit à petit, au travers de leurs souvenirs, de leurs rêves, de leurs révoltes, ces femmes nous deviennent proches et nous entraînent dans un monde d'indifférence, Le monde, impitoyable à ceux - et surtout à celles - qui ne possèdent rien. Rien d'autre que la rage, la violence et... des trésors d'amour et de tendresse. Un superbe roman, à la fois réaliste et poétique, violent et tendre... Comme la vie même.

01/2005

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Beaux arts

Tout

Inviter des inconnus à dormir dans son lit, suivre un homme dans les rues de Paris jusqu'à Venise, engager un détective pour l'espionner elle-même et lui rendre un compte rendu de sa journée, se faire engager en tant que femme de chambre dans un hôtel pour photographier les objets personnels des clients, demander à des aveugles de lui raconter la dernière image dont ils se souviennent, chasser les fantômes d'oeuvres volées dans les musées... Sophie Calle orchestre de petits moments de vie depuis près de trente ans. Ces sortes de règles du jeu qu'elle se fixe, autant à elle-même qu'aux autres, estompent la frontière entre l'art et la vie. Si elle choisit méthodiquement les expériences à vivre qu'elle met en scène, la "faiseuse d'histoires", selon l'expression d'Hervé Guibert, n'a pas peur de dévoiler l'intime de ses amours déçues ou les douleurs exquises des absences qui peuvent rendre mélancolique. La conservatrice et critique d'art, Christine Macel, résume les contours de son travail ainsi : "L'association d'une image et d'une narration, autour d'un jeu ou d'un rituel autobiographique, qui tente de conjurer l'angoisse de l'absence, tout en créant une relation à l'autre contrôlée par l'artiste." Sophie Calle ne cesse d'explorer cette relation avec les autres et conçoit une façon de voir singulière, autant qu'une quête personnelle poétique et artistique. Ses récits à la première personne sont souvent associés à toutes sortes de supports possibles (livres, photos, vidéos, films, performances). Ce jeu de cartes postales en est une trace de plus, une nouvelle facette. Il devient un portfolio embrassant l'ensemble de ses oeuvres.

11/2015

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Critique littéraire

Histoire du mot pédérastie et de ses dérivés en langue française. Grecques, les moeurs du hanneton ?

Cet essai a pour point de départ une controverse scientifique qui a pris place, en France, à la charnière des XIXe et XXe siècles, au sujet de la "pédérastie du hanneton". Le célèbre Corydon de Gide ne nous a restitué de cette polémique qu'un écho fragmentaire et très estompé. Elle est relatée ici, dans toute sa saveur, parce qu'elle a pour prémices une discussion sémantique qui constitue une excellente introduction à une histoire du mot pédérastie. Il se trouve que la signification en cause dans l'étrange débat sur les moeurs du hanneton n'a jamais été donnée explicitement par les dictionnaires de langue française. Elle n'en a pas moins prévalu pendant des siècles et joué un rôle non négligeable dans l'aversion des Occidentaux à l'égard de l'amour des garçons et de toutes les formes des amours masculines en général. L'histoire proposée ici se base sur un corpus de 500 citations données en annexe, relevant de tous les niveaux de langue et puisées dans des registres très variés allant de la jurisprudence ou de l'anthropologie aux différentes spécialités médicales intéressées (de la vénéréologie à la psychiatrie), en passant par le vaste domaine littéraire. Si cette histoire privilégie les trois sens principaux des mots pédéraste ou pédérastie et leur traitement (comme leur omission) par les dictionnaires, elle ne néglige pas pour cela la nuance particulière qu'ont tenté de lui donner les aliénistes au début du XXe siècle. L'examen de cet avatar permet de montrer comment l'ignorance, les préjugés et quelquefois la haine ont contribué à substituer des postulats à des interrogations, parce que ces postulats s'intégraient de manière cohérente dans un semblant de théorie explicative, résumée par le mot homosexualité.

09/2004

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Histoire de France

Oeuvres. Tome 1, Les années de jeunesse 1859-1889

Ce tome premier des Œuvres de Jean Jaurès concerne les années de jeunesse : études, amours, mais aussi, très vite, entrée en politique. C'est un Jaurès inattendu qui se découvre à nous, plus humain, avec des informations renouvelées, voire jusqu'à présent inconnues, sur ses amitiés normaliennes ou ses sentiments de jeunesse, grâce à de beaux ensembles de correspondances pour la première fois portées intégralement à la connaissance publique. Nous assistons surtout à l'émergence d'une pensée et d'une pratique politiques qui vont compter dans l'histoire de la France contemporaine et au-delà de ses frontières. Ici aussi abondent les informations inédites grâce à l'exploration approfondie de la presse du Tarn, mais aussi à la lecture de journaux dans lesquels la signature de Jaurès était restée jusqu'à présent inaperçue. Jean Jaurès est député républicain du Tarn de 1885 à 1889. Nous le voyons en campagne électorale, nous apprécions mieux ses conceptions initiales sur le régime, la force vivante de l'histoire de la Révolution française, qu'il s'agit toujours de conclure, sur la laïcité, sur les réformes démocratiques et sociales. Ce Jaurès surprendra plus d'un lecteur : comme ses grands aînés, Gambetta et Ferry, il est favorable aux expéditions coloniales, il éprouve l'amer sentiment de la France mutilée devant l'Alsace-Lorraine germanisée, il peut se montrer prudent et modéré face aux réformes à entreprendre. Jaurès avant Jaurès ? Pas seulement, puisque nous voyons aussi ce qui va le faire évoluer et se révéler à lui-même : sa générosité, son intelligence, sa fermeté, car modération n'est pas renoncement, et surtout sa passion de la fierté et de l'éminente égalité entre citoyens, entre tous les fils de la Révolution, son solide et confiant humanisme.

09/2009

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Romans historiques

Morts pour la France. Tome 2, Le feu de l'enfer

1916-1917. La Grande Guerre fait rage. John Christopher Finlay, correspondant permanent en Europe du Washington Times, qui a noué depuis son arrivée à Paris en 1913 des amitiés et des amours dans tous les milieux de la vie parisienne, va se trouver plongé dans le feu de l'enfer. Il rencontre Joffre et Pétain qui vient d'être nommé à la tête de toutes les troupes de la région fortifiée de Verdun. Empruntant à plusieurs reprises la " voie sacrée ", Finlay mesure l'impressionnant mouvement de troupes et de matériel roulant vers les lignes de front. Au fil des semaines et des rumeurs, la vérité se fait jour dans sa tête : le projet du haut commandement allemand, qui voulait saigner à blanc l'armée française, a échoué, l'armée ennemie connaît la même hémorragie. En vivant des jours durant aux côtés des " poilus " dans la boue, parmi les rats et les morts, il mesure le gouffre qui sépare les décisions prises dans les états-majors et la réalité de cette guerre. A Paris la vie continue, la fête se déploie encore, mais elle se cache derrière les portes des restaurants des grands boulevards et celles des cabarets. Le Rendez-Vous de Mme Clarisse ne désemplit pas. Ardemment épris de Rosa di Bellagio et de l'actrice Isabelle Saynac, Finlay se passionne pour les destins labyrinthiques de ces jeunes femmes : les unes ne vivent que pour la révolution, les autres font une fulgurante carrière avant de tomber, telle Mata-Hari, victimes de leur séduction. Emporté par l'amour, la révolte, mais aussi la compréhension du patriotisme, Finlay - avec l'entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917- devient à son tour un combattant.

09/2003

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Philosophie

Les déséquilibres de l'amour. La genèse du concept de perversion sexuelle, de la Révolution française à Freud

Depuis Foucault, l'histoire de la perversion sexuelle est hantée par deux grands mythes : les théories psychiatriques qui l'ont façonnée seraient le cache-misère pseudo-savant d'une morale répressive ; et, en pratique, l'homosexualité aurait été sa cible essentielle, voire son paradigme. Ces mythes, Julie Mazaleigue-Labaste les déconstruit ici radicalement. Elle s'appuie à cette fin sur une série d'archives inédites, complétées d'analyses épistémologiques pointues. Elle réhabilite l'aliénisme français de la première moitié du 19e siècle. Car le concept de perversion n'est pas, comme on l'a dit, le fruit tardif de la psychiatrie et de la sexologie allemande d'avant Freud. Et elle conteste vigoureusement le privilège de l'homosexualité, recentrant le débat sur le sadisme. On découvrira ainsi comment, loin de résulter uniquement d'une farouche volonté de normalisation des amours déviantes, la notion de "perversion sexuelle" est devenue logiquement nécessaire au sein de la rationalité médico-psychologique, mais aussi bien en droit. Car son histoire s'enracine dans un problème qui nous reste à charge : celui du rapport du sujet à ses actes (les contrôle-t-il ? Et si non, en est-il alors encore l'auteur, ou la victime ?), problème dont psychiatres, psychologues, criminologues, sexologues et magistrats ont tenté de démêler l'écheveau à même la chair et les corps. Coupeurs de nattes et violateurs de tombes, atroces dépeceurs de petits bergers et pauvres collectionneurs de mouchoirs furent alors emportés, tous ensemble, dans un tourbillon de théories de plus en plus sinistres. Julie Mazaleigue-Labaste apporte ainsi une contribution majeure à l'anthropologie de nos sociétés. Comment le Mal y a-t-il été naturalisé ? Comment la sexualité y est-elle devenue un problème de psychologie ? Comment, enfin, notre pensée s'est-elle enrichie de la dimension du fantasme ?

11/2014

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Romans historiques

Il faut tuer Chateaubriand ! suivi de Itinéraire de Paris à Jérusalem (voyage d'Egypte) par François-René de Chateaubriand

En quelques lignes, dans son Itinéraire de Paris a Jérusalem, Chateaubriand raconte un étrange épisode : il essuie une salve de coups de feu alors qu'il descend le Nil en felouque. A-t-on cherché à tuer Chateaubriand, et pourquoi ? A partir de cette mention fugace, Dominique Baudis échafaude un extraordinaire roman d'aventures autour des soldats perdus de l'Expédition d'Egypte. L'histoire épouse le destin chaotique de Déodat Durau, enfant trouvé, élevé par un cordonnier de Toulouse et persécuté par son faux frère jusqu'à ce que le citoyen colonel Dupuy, jeune héros de la Révolution, le prenne sous sa protection. Devenu officier d'ordonnance de Dupuy, il le suit aveuglément. Ce sera d'abord Toulon et l'embarquement avec le général Bonaparte qui seul connaît la destination de cette expédition ; la prise de Malte où Déodat perdra son pucelage... avec une nonne vierge ; Alexandrie où ils débarquent avec 35 000 hommes ; puis le triomphe de Bonaparte aux Pyramides, la révolte du Caire, la mort de Dupuy, la peste à Jaffa, les savants, les belles esclaves achetées par les officiers... Bonaparte part en abandonnant son armée en 1799. Déodat réduit en esclavage sera revendu d'une ville à l'autre : Damas, Alep, Bakou. On le traîne enchaîné à travers le Caucase entre mer Noire et mer Caspienne... jusqu'à ce que le Pacha Méhémet-Ali, qui vient de monter sur le trône d'Egypte, l'achète. Il le rebaptise " Abdallah de Toulouse " et le charge de trouver d'autres Français perdus pour les réunir sous son commandement. Ibrahim de Tarascon, Selim d'Avignon, Youssouf de Picardie, Gamal de Rodez, Anouar de Carcassonne, deviennent ainsi les " Français du Pacha ". Ce sont leurs aventures, leurs amours et leurs intrigues qui pèseront cinq ans plus tard sur le destin de François René de Chateaubriand...

04/2003

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Faits de société

RER mon amour. Un an sur les rails

Que se passe-t-il vraiment dans le RER francilien ? Pour répondre à cette question, Anne-Louise Sautreuil n’a pas hésité à passer toute l’année 2010 dans ces trains qui sillonnent l’Île-de-France de long en large, pour aller voir derrière le miroir et derrière les clichés. Bien sûr, elle a rencontré la violence des bandes, le ras le bol des jours de grève, l’angoisse des gares solitaires. Elle a mis des prénoms sur les visages de ces SDF qui traînent leurs lourds bagages de station en station, ou de ces femmes qui font la manche en portant des nouveau-nés. Mais elle a aussi découvert un monde étonnant de vie, de chaleur humaine et souvent de drôlerie. Elle a passé une journée avec Suzanne, médiatrice congolaise de 58 ans qui fait régner l’ordre en « utilisant ses mots de maman ». Elle a bu des verres avec les « fêtards », qui ont transformé leur wagon en bistrot, ri avec « la Fleur », le vendeur à la sauvette, écouté avec ravissement la musique de Huang le Chinois, Kaliu le Roumain et Laurent le Béninois… Et puis elle s’est rendu compte que, dans ce décor un peu glauque, naissaient et se développaient de belles histoires d’amour, comme ces « amants » dont la carte du tendre se décline de station en station, ou ce jeune homosexuel qui s’autorise à vivre ses amours dans la capitale avant de rentrer dans sa banlieue. Anne-Louise Sautreuil a enfin voulu percer la bulle des anonymes, ceux qui dorment, lisent, se maquillent, changent de vêtements, photographient, révisent leurs examens, écrivent des poèmes dans le RER. À la lecture de cette série de portraits tendres et truculents, on sent qu’on ne prendra plus jamais le RER de la même manière…

09/2011

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Critique littéraire

Philippe Soupault

" Poète, vagabond. Voyageur. Contestataire ", Philippe Soupault (1897-1990), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Louis Aragon, a vécu en marge, à dessein et par inadvertance. A dessein, il s'est tenu à l'écart des projecteurs, n'aimant ni l'idée ni les servitudes de la gloire. Et c'est par inadvertance qu'il est resté dans l'ombre : trop occupé à vivre, il a oublié de préparer sa postérité... Auteur avec Breton, en 1919, des Champs magnétiques, un des livres les plus marquants du XXe siècle, il est avant tout poète. Mais c'est aussi un romancier de talent (du Bon Apôtre aux Dernières Nuits de Paris), et un critique prolifique, inclassable. Editeur, journaliste à Paris-Soir et à L'Excelsior, directeur de Radio-Tunis, producteur à Radio-France, sa vie professionnelle est variée et passionnante, marquée par de nombreux voyages, de multiples rencontres. Proche de la résistance gaulliste, il connaît les geôles vichystes à Tunis. Considéré comme l'un des plus authentiques écrivains de la littérature française, on le retrouve en 1944 professeur dans une université chic de la côte Est des Etats-Unis. Sa vie, retracée ici à travers son oeuvre et de très nombreux inédits, suit les soubresauts littéraires et politiques du siècle, du mouvement dada aux errances du surréalisme, de la montée du nazisme en Allemagne à la dictature du gouvernement de Vichy, de la création de l'URSS à la décolonisation. De Paris à Mexico, de Tunis à New York en passant par Berlin, Prague et Rio de Janeiro, c'est une longue vie pleine de poèmes et de traversées, cherchant sans cesse un difficile équilibre entre l'écriture, les amitiés et les amours.

04/2010

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Cinéma

Tambour battant. Mémoires de Volker Schlöndorff

Né allemand, je suis devenu français puis américain ; rêveur, je me suis fait homme d'action ; mélancolique, le marathon m'a converti à la joie... Je n'ai jamais été là où l'on m'attendait. Et pourtant, jamais je n'ai eu l'impression de me perdre. L'identité, au contraire de la virginité, ne se perd pas : elle s'acquiert. Quelles qu'en aient été les formes successives, je n'ai jamais cessé de sentir en moi quelque chose d'inchangé, voire d'incorrigible. Un souffle, un je-ne-sais-quoi qui veut vivre et qui m'anime. Peut-être est-ce l'âme, cette vieille lune... ou le coeur qui va, tambour battant ? Au bout de trente films, je pensais avoir tout dit, mais en exhumant mes journaux, mes carnets et des photos, j'ai découvert ce qui s'était joué entre les scènes. Ma vie et mes films : tel est donc ce livre. Cinquante ans de cinéma - où l'on croisera Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Jeanne Moreau, Alain Delon, Quentin Tarantino et bien d'autres - mais aussi flash-back intime sur des amis et des livres, des femmes et des pays, des doutes et des joies. Le goût de mon enfance et l'empreinte des premières lectures, mes années lycée en France, mon entrée en cinéma par la petite porte, à l'école de Louis Malle et de Jean-Pierre Melville, le succès du Tambour après des débuts chaotiques, les galères de tournage, les rencontres inoubliables de Bertrand Tavernier, de Günter Grass, d'Arthur Miller..., les petits béguins et les grands amours - tout cela, comme dans les salles obscures, en un fondu d'ombre et de lumière...

09/2009

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Littérature française

Adrien

De l'autre côté de la rue, il y avait le lycée, les cafés, il y avait les aînés, les flâneries dans les rues de la ville... il y avait tous les rêves, Julie, Marthe ou Madame Arnoux, c'était selon. Il y avait Salomé, ... Et puis Elsa. Au sortir du lycée, il y avait la plage, il y avait les amours, les vitrines, et les néons qui flambaient de toutes leurs modernités - tourne-disques et transistors, trente-trois tours, livres de poche et mocassins Iowa, vélo Solex et Vespa... Parler, lire, écouter, s'indigner, disputer, manifester, c'était la même chose. La vie ressemblait à ce qu'en disaient les livres... "La vie est à nous... " comme le croyait toute la génération de l'après-guerre. Sur le port, le Génie de la mer, l'homme de Cuverville comme on l'appelait montrait l'horizon. Là-bas était l'aventure, là-bas était la vraie vie... Mais à la nuit, la ville s'éclairait d'une étrange lueur bleutée. Celle d'un petit écran bombé dont les images sous le discours lénifiant montraient toutes les cruautés du monde et jetaient sur nos joies un voile d'angoisse et d'inquiétude... Le monde n'était pas beau et les hommes n'étaient pas bons ! De l'autre côté de la Rade, il y avait la Méditerranée, il y avait l'Algérie où il faudrait peut-être mourir un jour... Toulon 1956-1962... Années de ce temps et de ce lieu où l'on ne faisait que passer, devenues "choses d'un monde inachevé" selon la belle formule de Carlos Fuentes, "transformées, changées en Histoire, en narration, en langage, en expérience, en lecture sans fin... "

10/2011

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Critique littéraire

Saint-John Perse intime. Journal inédit d’une amie américaine (1940-1970)

Le journal intime qui est présenté ici pour la première fois offre de nombreuses révélations sur Alexis Leger / Saint-John Perse (1887-1975) ainsi que sur la vie littéraire et politique internationale entre 1940 et 1970. Il nous offre la chance inouïe de pénétrer plus avant dans l’intimité quotidienne de cet homme fascinant pendant son exil américain et au-delà. Nous y rencontrons les grands personnages de l’époque avec des éclairages précis sur la diplomatie et la vie artistique pendant la guerre et l’après-guerre, ce qui suscitera l’intérêt d’un large public cultivé. Son auteur, Katherine Biddle (1890-1977), poète et critique, fut pendant trente ans la mécène, l’amie et la confidente de Saint-John Perse. Épouse de Francis Biddle, ministre de la Justice (« Attorney General ») sous Roosevelt et juge au procès de Nuremberg, elle naviguait avec une égale aisance dans les milieux culturels et politiques de son temps. Cette Madame de Sévigné américaine notait, en une quarantaine de cahiers, ce qui se passait autour d’elle. Le présent volume rassemble surtout les pages qui concernent Saint-John Perse. Il révèle les confidences qu’il fît à une femme qui était amoureuse de lui et pour qui il avait, lui aussi, des sentiments plus qu’amicaux. Katherine Biddle raconte leurs conversations en tête-à-tête ou avec des personnalités de passage ; elle relate les commentaires du poète sur son enfance et ses amours ; sur la littérature, les arts et la politique de l’époque et, bien sûr, sur son oeuvre poétique. Avec une admirable lucidité, elle examine les multiples facettes de cet étonnant personnage, tour à tour profond et naïf, sérieux et espiègle, séducteur et distant, solitaire et mondain, expatrié mais toujours patriote.

03/2011

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Littérature française

Nouvelles du Pays des Paillons. Volume 1

Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre notre maison d'édition et l'Association pour le développement du Pays des Paillons. Avec Ali au Pays des Paillons, dans le genre conte, l'humour, l'imagination, la poésie, l'identité du Pays des Paillons, mais aussi l'ouverture sur le monde, la drôlerie, une forme d'auto-dérision subtilement alliée à la modestie, les valeurs de tolérance et d'humanité sont au rendez-vous de la lecture, le tout servi par une écriture soignée, fluide, agréable. Avec Les Jaseurs des Granges du Lac, dans le genre romanesque contemporain, nous voilà immergés dans la psychologie de personnages plus vrais que nature, enracinés dans leur pays mais en même temps en plein dans leur époque. Récit vivant, riche de dialogues du cru, plongeant aussi dans l'histoire et la géographie du lieu, en phase avec notre société, il est un message d'espoir et de solidarité. Ces deux récits, premiers prix ex aequo du concours de nouvelles du Pays des Paillons 2009 sont réunis dans l'ouvrage Nouvelles du Pays des Paillons avec d'autres récits sélectionnés par le jury pour nous faire partager des sentiments profonds. Drame et émotion dans le Paillon contemporain ; humour et parcours historique imaginaire ; amours impétueuses et interdites dans les conflits de génération, de culture, de voisinage ; fraternité intemporelle dans une histoire de guerre ; souvenirs un rien nostalgique du temps passé ; philosophie déconcertante et saisissante. Chaque auteur contribue par son récit, par son imagination, par sa créativité, par sa mémoire, par sa langue, à restituer cette identité du Pays des Paillons, à la fois diverse et convergente, riche et modeste, sensible et courageuse, humble et noble, contrastée et solidaire, qui, au fil des siècles, s'est cristallisée dans le creuset humain, culturel, géographique, économique des Paillons.

09/2009

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Poésie

Adone, adonis

L'Adone (L'Adonis) de GB Marino, dit le Cavalier Marin (1523-1625), a été publié à Paris en 1623. Il s'agit d'un long poème mythologique de près de 41 000 vers en décasyllabes répartis en vingt chants de longueur inégale. Il évoque les amours tragiques de Vénus et d'Adonis, jeune et bel éphèbe passionné de chasse, mais aussi jeune héritier du Royaume de Chypre. L'auteur, à partir d'un rapprochement souvent jugé provocant entre le sacré et le profane (comme entre amour vulgaire et amour mystique) fait d'Adonis d'une part une figure d'"antihéros" passif et efféminé, d'autre part un personnage christologique victime des fausses valeurs du monde. La finalité déclarée est la valorisation paradoxale d'un "héroïsme de la paix" à double résonance éthique et politique. Après les épisodes du Couronnement d'Adonis, puis de sa disparition tragique et de sa Sépulture, le Poème débouche au dernier chant sur l'épisode des "Spectacles" réunissant toutes les nations d'Europe et de Méditerranée autour de ce centre du monde qu'est l'Ile de Chypre. Ainsi est mise en scène une séquence d'harmonie et de réconciliation universelle consécutive à la mort finalement rédemptrice du héros. Sur ce mythe principal se greffe une multitude de mythes secondaires qui en un chassé-croisé complexe de perspectives complémentaires illustrent et explicitent l'éthique et la philosophie de l'auteur. Le présent volume est le premier d'une série de cinq volumes. Il comporte cinq chants qui racontent notamment les péripéties de l'arrivée d'Adonis à Chypre (chant I), l'évocation du Palais d'Amour et de Vénus, ainsi que le récit du Jugement de Paris (chant II), l'énamourement de Vénus et d'Adonis (Chant III), la Fable de Psyché (chant IV), et une pièce de théâtre représentant la tragédie d'Actéon (chant V).

05/2014

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Sciences historiques

Enfance abandonnée au XVIIIe siècle en Franche-Comté. L'accueil des enfants trouvés par l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon

De tout temps on a abandonné des enfants. Qu'ils aient été trouvés, recueillis, légitimés ou pas, le même sort souvent les attendait. C'est dans un établissement dit de bienfaisance qu'ils se retrouvaient. Fruits d'amours "illégitimes" dans la plupart des cas, il leur fallait racheter la "faute" commise par des pères et mères pour qui la dernière preuve d'amour était de les confier à ces établissements. dans lesquels ils espéraient trouver la sécurité pour la chair de leur chair... S'ensuivait une longue suite de placements... Une mortalité effroyable. due à la promiscuité. à des conditions de vie et d'hygiène des plus difficiles. malgré la bonne volonté des responsables. transformait ces établissements d'éducation en mouroirs. A Besançon, l'hôpital du Saint-Esprit, dit des enfants trouvés, se chargea de cet accueil dès le début du XII le siècle. La mission des hospitaliers consistait à recueillir ces enfants, les élever et. pour ceux qui survivaient, leur apprendre un métier. Mais le nombre toujours plus grand d'enfants accueillis obligea les responsables de l'établissement à en placer de plus en plus chez des nourrices à la campagne. Etait-ce une bonne solution ? Ne valait-il pas mieux agrandir l'établissement plutôt que de placer les enfants chez des nourrices qui, pour certaines. étaient plus intéressées par le salaire que par l'éducation de l'enfant qui leur était confié ? Autant de questions que se posaient les hospitaliers du Saint-Esprit qui, de plus, virent le pouvoir royal les obliger à laisser un bureau laïc d'administration gérer l'établissement, les dépossédant de leurs prérogatives et mettant en péril l'existence même de leur congrégation. C'est l'histoire de cet établissement. qui accueillit près de 18 000 enfants pendant cette période, que l'auteur présente ici.

12/2014

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Littérature étrangère

L'âme poétique du Japon. Yamato Uta... Le chant du Yamato

Ce livre n'est pas au sens strict une anthologie de la littérature japonaise, mais plutôt un survol " impressionniste " de l'âme poétique du Japon. Aux temps anciens émergent des brumes de la première histoire les empereurs mythiques aux chronologies incertaines et les légendes des myriades de divinités du shintô, la Voie des Dieux dans un grand souffle épique que se transmettent oralement les bardes et les aèdes. Puis vint, tardivement, l'écriture, importée de Chine, qui permet la première diffusion des anciennes anthologies poétiques où se révèlent les amours nostalgiques de délicats poètes. Elle nous livre aussi les premiers écrits mystiques du bouddhisme japonais. Au Xe siècle, des contes : les Monogatari (ou Récits de choses) et des chroniques : les Soshi (ou Notes écrites au fil du pinceau) donnent à la prose poétique ses lettres de noblesse. Après une longue période de paix, le temps des guerres civiles n'empêche pas une nouvelle forme particulière de théâtre poétique d'apparaître, le No. Il unit avec une préciosité particulière la parole, le chant, la danse et la musique. Deux No célèbres sont ici présentés en totalité : La Robe de plumes et Le Vent dans les pins ; plusieurs autres sont évoqués. Avec le XVIe siècle vient le temps des poèmes courts, les Haiku, notations furtives, évocations discrètes en trois vers de 7-5-7 syllabes qui suffisent à donner le sens de la vie. Enfin, à notre époque, l'auteur a eu la chance de se lier d'amitié avec deux grands poètes : une religieuse bouddhiste apparentée à la famille impériale et un célèbre potier de Kyoto. On retrouve dans leurs œuvres toute l'âme poétique du Japon, qui continue à se manifester au delà des épreuves et de l'adversité.

01/2002

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Critique littéraire

Froissart et le temps

Jean Froissart n'est pas seulement l'auteur d'immenses Chroniques, qui sont une des sources principales pour la connaissance du XIVè siècle et de la guerre de Cent Ans. Il a pratiqué presque toutes les formes qu'offrait la littérature de son temps. Sa production poétique est très importante et il a aussi laissé un roman arthurien en vers, Méliador. L'objet de ce livre est d'étudier la perception et l'expression du temps dans cette œuvre si variée. Pourquoi une telle étude ? Froissart est un conteur. Il ne cesse de conter des histoires : des histoires sur l'Histoire aussi bien que des histoires sur lui-même ; la biographie de ses contemporains aussi bien que son autobiographie ; l'histoire re sa carrière et de ses voyages aussi bien que l'histoire rêvée de son éducation sentimentale et de ses amours ; des histoires du passé lointain, littéraire et fictif qu'est le monde arthurien. Toutes ces histoires parcourent toute son œuvre. Il ne réserve par l'Histoire aux Chroniques, les confidences personnelles aux poèmes, les souvenirs arthuriens à Méliador. Tout est imbriqué, tout est mêlé. Le résultat est que le temps de l'Histoire et le temps personnel, le temps objectif et le temps subjectif, le " temps du monde " et " le temps de l'âme " interfèrent, se heurtent et se confondent constamment chez lui, au point que ces interférences structurent son œuvre, lui confèrent, sous une apparente diversité, une unité profonde et mettent en lumière son évolution. En montrant dans cette perspective la cohérence et la richesse de l'œuvre de Froissart, ce livre espère en rendre la lecture plus agréable et plus profitable. Il contribue aussi à faire connaître et reconnaître un auteur dont la séduction, la subtilité et, quoi qu'on en ait dit parfois, la pénétration ne cessent de surprendre.

05/1998

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Littérature française

Nièce

"Deux sous de complément biographique, pas plus, la quatrième de couverture exigible : L'auteur, employé de bureau inscrit au tableau d'avancement des sous-chefs de Service, a dû respecter l'obligation de réserve à laquelle il est statutairement tenu. Il a cependant cru ne pas y manquer en se proposant de raconter, sans autres précisions, la demi-heure qu'auraient pu vivre, à leur sortie du bureau le vingt-quatre juin dernier, certains collègues de sa connaissance. S'autorisant de lectures passées, il a pensé que l'observation d'un fait divers par un fonctionnaire préoccupé par ses états de service, donc fabulateur, et par des amours très au-dessus de sa condition pouvait donner lieu à des perturbations touchant à la composition, au rythme et à la langue d'un récit. - Dauvergne dixit. Dont acte. "A rencontré son sauveur. Stop. Signé : Nole" suffisait pour une nécrologie qui, de toutes les façons, serait réécrite par l'un des Parfaits du Temple. Et pourtant le printemps, le printemps usait sa chanson jusqu'à la rengaine, et l'âme avec. Mille feuilles encocardées s'apprêtaient à accueillir l'été, vitalité en gracieuses retombées, des heures échauffées emperlant images au chapelet des caresses - et l'énorme effarement des blêmes et des blets, tombée de la nuit, des paroles pâles et les pétards mouillés. Et l'intense intrépide bombance - des villes, autour : spectacle sous l'oeil noir, la tragédie toujours remise d'un porteur de lunettes pour de mirobolantes lunes. Malveillances de marbre, orbite creuse, passé le pont un jardin s'organise en allées ; des coupe-gorge suffisamment éclairés pour entretenir la peur. La colère aussi, cet autre refuge. Qu'il suffise de passer le pont". Jean-Pierre Dauphin.

02/1990

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Critique littéraire

Énéide Tome 1 : Livres I-IV

Arma virumque cano, les premières lignes de l'Enéide sont sans doute parmi les vers les plus célèbres de la poésie latine, tandis que la descente aux Enfers (livre VI) ou les amours de Didon et Enée sont autant de morceaux d'anthologies présents dans ce poème. Pourtant, Virgile avait ordonné par testament qu'on brûlât son poème. Heureusement l'empereur Auguste ne l'aurait pas permis. Poème épique, l'Enéide est aussi, et sans doute cela était-il plus sensible pour les contemporains d'Auguste que pour nous, un poème politique : derrière les combats et les triomphes d'Enée, ce sont les guerres civiles et la gloire d'Auguste qu'il faut lire. En effet, si la légende de Romulus n'avait pas suscité de grands poèmes, avec l'Enéide Virgile a donné à Rome et à l'empire naissant une épopée nationale, pendant latin de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère. Notre édition en trois tomes regroupe les douze livres de l'Enéide. L'introduction du tome I propose une brève biographie du poète de Mantoue, replace le poème dans l'oeuvre de Virgile et fait le point sur les différentes hypothèses relatives à la composition du poème, notamment celle de Wimmel. Des pistes de lecture, telles que l'influence d'Homère ou le motif de la guerre sont proposées au lecteur. L'histoire du manuscrit et les principes de l'édition sont clairement énoncés, et assortis d'une bibliographie sélective récente : chaque chant est précédé d'un résumé permettant de circuler aisément dans le texte. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, à la fin de chaque tome, par des notes complémentaires. L'édition est en outre enrichie par des cartes et un Index Nominum.

01/1992

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Littérature française

L'attente, la clôture

Deux personnages parlent tout seuls. De cette mère, de ce veuf, on entend la voix sourde, la parole rythmée tantôt par la peur, tantôt par l'angoisse de la solitude, tantôt par la fureur des passions. L'Attente : une femme âgée, se prenant elle-même au jeu, feint, comme chaque soir, d'attendre pour le dîner le retour de son fils, mort d'un accident de moto il y a des années. Divorcée, elle a la nostalgie de ce temps où elle vivait seule avec lui, étrangement complice de ses amours et, à la fois, jalouse des filles qui risquaient de lui enlever le jeune homme. Nullement "mère abusive" pourtant, mais toujours coquette et féminine, ce sont des confidences sur sa propre vie de femme qui, par bribes, si insolites que soient ces rapports avec le fils perdu, se mêlent aux souvenirs de leur vie à deux, que rien, depuis, n'est venu combler. La Clôture, second volet du même drame de la nostalgie amoureuse, fait parler un vieil homme dont l'épouse, Marie, est morte d'un cancer. Inconsolable, il s'est barricadé chez lui au milieu de ses souvenirs. S'il craint d'être agressé par d'éventuels assassins du genre de Landru ou Weidmann qu'il évoque avec terreur, c'est que la pire agression est pour lui le souvenir d'un rayonnant bonheur : la disparition de l'être cher l'en exclut désormais pour toujours. L'écriture précise et réservée de Jacques Borel, prix Goncourt 1965 pour L'Adoration, premier volet d'une oeuvre autobiographique, suivi en 1970 par Le Retour et en 1973 par La Dépossession, poignante relation du long internement de la mère, fait admirablement adhérer chaque lecteur à ces deux confidences où nous risquons tous de nous reconnaître.

10/1989

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Littérature française

ENEIDE. Tome 3, Livres 9 à 12

Arma virumque cano, les premières lignes de l'Enéide sont sans doute parmi les vers les plus célèbres de la poésie latine, tandis que la descente aux Enfers (livre VI) ou les amours de Didon et Enée sont autant de morceaux d'anthologies présents dans ce poème. Pourtant, Virgile avait ordonné par testament qu'on brûlât son poème. Heureusement l'empereur Auguste ne l'aurait pas permis. Poème épique, l'Enéide est aussi, et sans doute cela était-il plus sensible pour les contemporains d'Auguste que pour nous, un poème politique : derrière les combats et les triomphes d'Enée, ce sont les guerres civiles et la gloire d'Auguste qu'il faut lire. En effet, si la légende de Romulus n'avait pas suscité de grands poèmes, avec l'Enéide Virgile a donné à Rome et à l'empire naissant une épopée nationale, pendant latin de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère. Notre édition en trois tomes regroupe les douze livres de l'Enéide. L'introduction du tome I propose une brève biographie du poète de Mantoue, replace le poème dans l'oeuvre de Virgile et fait le point sur les différentes hypothèses relatives à la composition du poème, notamment celle de Wimmel. Des pistes de lecture, telles que l'influence d'Homère ou le motif de la guerre sont proposées au lecteur. L'histoire du manuscrit et les principes de l'édition sont clairement énoncés, et assortis d'une bibliographie sélective récente : chaque chant est précédé d'un résumé permettant de circuler aisément dans le texte. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, à la fin de chaque tome, par des notes complémentaires. L'édition est en outre enrichie par des cartes et un Index Nominum.

10/1987

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Philosophie

Philosophie Magazine N° 131, Juillet-août 2019 : Quand est-on soi-même?

Par moments, nous sentons que c'est là, que nous sommes vraiment nous-mêmes. Et pourtant, ces moments ne se ressemblent pas, cela survient parfois dans l'isolement ou en compagnie, dans l'activité ou l'inaction... Avoir le sentiment d'être soi-même, n'est-ce pas aussi impondérable qu'une expérience esthétique, comme quand un paysage vient soudain nous couper le souffle par son harmonie ? Pour le philosophe Claude Romano, qui vient de publier une contre-histoire de la philosophie centrée sur la quête de soi et l'authenticité, la meilleure manière d'être soi-même est certainement ce naturel négligé, cette forme de nonchalance qu'avait atteint, en son temps, Montaigne, l'auteur humaniste des Essais. Une voie toujours valable ? Ils sont comédien, apnéiste, transgenre, immigré, méditante. Ils se sont cherchés, ou ont subi des changements qui les ont contraints à se redéfinir. Ont-ils fini par se trouver ? Témoignages commentés par la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, qui vient de publier Le Soin est un humanisme. Elle est l'écrivaine des amours multiples, et l'un de ses derniers romans, Celle que vous croyez, vient d'être adapté au cinéma. Il est le philosophe de La Traversée des catastrophes et de la Discrétion. Ensemble, Camille Laurens et Pierre Zaoui discutent de cet oubli de soi qui est certainement le meilleur moyen de devenir authentique. Ce philosophe accessible et généreux nous a quittés le 1er Juin dernier. Il était un grand ami de la rédaction de Philosophie Magazine. Nous lui rendons hommage, en racontant notamment ses derniers moments. Michel Serres a tenu à mettre un point final à son ultime essai - sur la religion - avant de partir s'éteindre à l'hôpital. Ce penseur visionnaire a travaillé jusqu'à son dernier souffle.

07/2019

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Critique littéraire

Journal intégral 1953-1986. Edition collector

Publié pour la première fois dans sa version intégrale, le Journal de Matthieu Galey, amputé lors de sa parution de ses passages les plus sulfureux, traverse, de 1953 à 1986, plus de trente années de vie littéraire, mondaine et politique. Observateur passionné et désenchanté d'une comédie parisienne qu'il est amené à beaucoup fréquenter, par curiosité autant que par nécessité professionnelle, Matthieu Galey, journaliste et écrivain, a tenu en secret ce journal savoureux, dans lequel il est aussi beaucoup question de ses amours homosexuelles. Chaque soir il relatait dans le même temps ses échanges et ses rencontres avec les personnalités du Tout-Paris. Membre du comité de lecture des éditions Grasset à partir de 1962, Galey fut aussi le témoin privilégié des combinaisons qui gouvernaient en secret la composition des jurys des grands prix, en particulier du Goncourt, et le choix de leurs lauréats. Le regard acéré et la plume incisive, il se fait le démystificateur de la faune littéraire, de ses jeux, de ses rites, de ses moeurs, et chaque dîner ou cocktail qu'il relate devient une scène de genre, un moment de comédie humaine souvent irrésistible. L'ironie et la férocité avec lesquelles il manie l'art du portrait l'imposent aujourd'hui comme un maître du genre, disciple en cela de Francois Mauriac dont il écrit : "J'aime cette morsure de chaque phrase. Quel appétit pour déchirer ! " Aux approches de la cinquantaine, Matthieu Galey se découvrit atteint d'une maladie alors incurable qui l'emporta à l'âge de 52 ans et fit de lui quasiment le chroniqueur de sa propre disparition, aussi lucide vis-à-vis de lui-même qu'il le fut envers ses contemporains.

04/2019

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Littérature française

Les Déracinés : L'américaine

Alors que le pouls de New York bat au rythme des années 1960 et de la contre-culture, une jeune fille, Ruth, s'y installe pour y suivre ses études en rêvant de devenir journaliste. Elle y découvre l'amitié, le rock, l'amour... tout en se questionnant sur son identité. Pas évident d'avoir laissé derrière elle sa famille et sa terre natale, la République dominicaine... Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York, l'université, un stage au Times. Une nouvelle vie... Elle n'en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père, Wilhelm. Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre culture, l'opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam... Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s'interroge et se cherche. Qui est- elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d'adoption ? Où va-t-elle construire sa vie, elle dont les parents ont dû tout fuir et réinventer leur existence ? Trouvera-t-elle la réponse en Israël où vit Svenja, sa marraine ? Entrelaçant petite et grande histoire, explorant la question de l'exil et de la quête des racines, Catherine Bardon nous livre une radiographie des Etats-Unis des années 1960, en poursuivant la formidable fresque romanesque inaugurée avec Les Déracinés.

03/2019

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Romans historiques

Aliénor d'Aquitaine Tome 3 : A Jérusalem

1146 à Vezelay, Bernard de Clairvaux prêche la croisade. Les Turcs menacent Jérusalem. Aliénor d'Aquitaine, équipée comme un chevalier sur son destrier telle une Amazone, l'épée au poing, harangue la foule. Elle ira à Jérusalem. Elle en a décidé ainsi. Rien ne saurait l'arrêter. Son mari s'incline. Peut-on laisser une aussi jolie femme seule à Paris ? Un an plus tard, Louis et Aliénor, à la tête de 100000 hommes, quittent Metz pour Jérusalem. Aliénor d'Aquitaine emmène ses dames de compagnie, ses trou­badours, ses atours, ses bijoux, ses robes, sa vaisselle. Croisade ou voyage d'agrément ? Son chevalier servant, Foulques de Fons-Almoy et sa dame de coeur, Marguerite de Saint-Brice, sont du voyage. A Byzance, le basileus dont la duplicité est à la hauteur de sa ma­gnificence, leur offre un séjour inoubliable. Le couple royal est émer­veillé par le luxe inouï que recèle la nouvelle Rome. Aliénor découvre les fastes et l'opulence de l'empire : palais de marbre, églises aux mosaïques rutilantes, eau courante, piscines chauffées, hammams, courses à l'hippodrome, chasses au léopard ... et un basileus qui tente de la séduire. Enfin, c'est la traversée du Bosphore. Six mois d'épreuves acca­blantes les attendent. l'armée allemande, trahie par les Grecs, a été exterminée dans les vallées encaissées du centre de l'Anatolie. Pour éviter un tel désastre, le roi de France décide de longer la côte. Em­buscades, traquenards, trahisons, inondations, disette transforment la Croisade en cauchemar. Etrillés, les Croisés gagnent Antioche où les accueille l'oncle d'Alié­nor, le sémillant Raymond de Poitiers. Les dissensions dans le couple royal se creusent. Raymond et Louis s'opposent. Aliénor soutient son oncle et décide de rester à Antioche. Louis VII doit réagir.

03/2019

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Livres 3 ans et +

Les contes merveilleux d'Andersen Tome 1 : La bergère et le ramoneur ; Le bonhomme de neige ; L'escargot et le rosier

Cette anthologie en deux volumes des intemporels contes d'Andersen comprend les plus célèbres contes de l'écrivain danois en texte intégral. Ces deux ouvrages raviront les petits et grands. Une attention toute particulière a été apportée à l'édition numérique de cet ouvrage pour le confort de lecture. Le Volume I (isbn 9782322134489) comprend les contes suivants : L'Aiguille à repriser - Les Amours d'un faux-col - Les Aventures du chardon - La Bergère et le ramoneur - Le Bisaïeul - Le Bonhomme de neige - Bonne humeur - Le Briquet - Ce que le Père fait est bien fait - Chacun et chaque chose à sa place. - Le Chanvre - Cinq dans une cosse de pois - La Cloche - Le Compagnon de route - Le Concours de saut - Le Coq de poulailler et le coq de girouette - Les Coureurs - Le Crapaud - Les Cygnes sauvages - Le Dernier Rêve du chêne - L'Escargot et le rosier - La Fée du sureau - Les Fleurs de la petite Ida - Le Goulot de la bouteille - Grand Claus et petit Claus - Les Habits neufs du grand-duc - Hans le balourd - L'Heureuse Famille - Le Jardinier et ses maîtres - La Malle volante - Le Montreur de marionnettes - Une Semaine du petit elfe Ferme-l'oeil. Le Volume II (isbn 9782322134496) comprend les contes suivants : L'Ombre - Le Papillon - Papotages d'enfants - La Pâquerette - La Petite Fille aux allumettes - La Petite Poucette - La Petite Sirène - La Plume et l'encrier - La Princesse au petit pois - La Princesse et le porcher - Quelque Chose - La Reine des neiges - Une Rose de la tombe d'Homère - Le Rossignol et l'Empereur - Le Sapin - Le Schilling d'argent - Le Soleil raconte - La Soupe à la brochette - Le Stoïque Soldat de plomb - La Tirelire - La Vieille maison - Le Vieux Réverbère - Le Vilain Petit Canard - Les Voisins.

03/2019

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Littérature étrangère

Un dimanche de révolution

" Sur cette île, la vie privée est comme l'hiver ou la neige, juste une illusion. " Cléo est une poétesse et écrivaine reconnue partout dans le monde sauf sur son île, à Cuba. Là, on la soupçonne de pactiser avec l'ennemi, on la surveille. Ailleurs — à New York, à Mexico — les Cubains en exil se méfient aussi : elle pourrait bien être une infiltrée. Partout où elle cherche refuge, refusant de renier qui elle est – une femme cubaine, une artiste — on la traque. Je suis mon île, confie la narratrice au détour d'une page. Plongée dans cette immense solitude, Cléo tente de travailler à son nouveau livre : la mort de ses parents l'a laissée exsangue, ses amours battent de l'aile. Alors quand apparaît à sa porte Gerónimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations bouleversantes sur sa famille, sa vie bascule. Tour à tour enquête — puis véritable quête —, vertigineuse histoire d'amour mais aussi chronique d'une vie dans un Cuba où le régime à bout de souffle s'immisce dans le quotidien jusqu'à l'absurde, Dimanche de révolution dresse un portrait sensuel, aimant et corrosif d'une génération bouillonnante de vie et de créativité mais toujours écrasée par les soubresauts de cette révolution castriste qui n'en finit pas d'agoniser. L'auteur, dans le style remarquable de poésie qui la caractérise, capte admirablement l'entrelacs qui s'opère sans cesse entre événements personnels et histoire nationale, entre petite histoire et grande Histoire. Son roman, tout en livrant une charge vibrante contre le Cuba policier, ouvre l'espoir d'une échappée par les arts et l'écriture. Une lecture éblouissante, d'une grande sensibilité.

08/2017