Recherche

Alice Guer

Extraits

ActuaLitté

Roman d'amour, roman sentiment

Gatsby le magnifique

Raconté par un voisin devenu son ami, le roman tourne autour du personnage de Gatsby, jeune millionnaire charmant au passé trouble qui vit luxueusement dans une villa toujours pleine d'invités. Par certains aspects, le livre peut paraître une critique complexe de la bourgeoisie, de son opulence et de sa superficialité, où chaque personnage est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Nick Carraway, un jeune homme américain du Middle West atteignant la trentaine, se rend à New York pour travailler dans la finance comme agent de change. Par hasard, il trouve à louer une petite bicoque à Long Island, zone résidentielle très huppée et snob de la banlieue new-yorkaise. Sa demeure, presque invisible, est située dans West Egg entre deux énormes et luxueuses villas. De là, la vue est imprenable sur East Egg, l'endroit le plus cossu et sélect de toute la zone. C'est là qu'habitent Daisy, sa cousine germaine et Tom Buchanan, son mari, issu de la même promotion que Nick à l'université Yale. Nick se rend un soir chez les Buchanan, qu'il connaît à peine, sur invitation de Daisy. Tom, beau et riche colosse, mais quelque peu bourru paraît végéter auprès de Daisy, laquelle semble tout autant s'ennuyer ferme avec son mari. Elle passe le plus clair de son temps avec son amie Jordan Baker, joueuse de golf professionnelle. Tom, peu de temps après, demande à Nick de l'accompagner pour lui présenter sa maîtresse, Myrtle Wilson, la femme d'un garagiste sur la route qui relie New York à Long Island. Nick, témoin de l'inconstance de Tom, de l'enlisement du couple qu'il forme avec Daisy, n'aurait guère d'intérêt à fréquenter les Buchanan s'il n'y avait le rapprochement de plus en plus sensible avec la belle Jordan. Celle-ci s'étonne qu'il ne connaisse pas Gatsby puisqu'il habite West Egg, comme lui, et qu'on ne parle que de cet homme à la richesse fabuleuse. Gatsby, justement, c'est son voisin. C'est lui qui possède l'immense maison très animée qui occulte celle misérable de Nick. Gatsby donne fréquemment des réceptions somptueuses qui accueillent des centaines de convives. Mais qui est Jay Gatsby ? D'où vient-il ? Que fait-il ? Les rumeurs les plus folles circulent sur son passé et sa fortune, même au sein de sa propre maison. C'est ce que Nick brûle de découvrir lorsqu'un jour il reçoit une invitation pour passer la soirée chez Gatsby. Une incroyable histoire va lier Nick, Tom, Gatsby, Jordan, Myrtle et Daisy pendant cet été 1922...

ActuaLitté

Généralités

Le roman des damnés. Ces nazis au service des vainqueurs après 1945

Tout a été dit sur les complices d'Hitler jugés à Nuremberg (Göring...), rattrapés dans leur fuite (Eichmann, Barbie...) ou morts dans la clandestinité (Mengele). Mais on ne s'est guère intéressé à ceux qui, non content d'avoir échappé à la corde, ont entamé, à l'ombre des vainqueurs, une seconde carrière d'envergure. La plus spectaculaire est celle de Kurt-Georg Kiesinger, devenu chancelier de la République fédérale d'Allemagne de 1966 à 1969 après avoir été surnommé, entre 1940 et 1945, le " Goebbels de l'étranger ". Et les plus honteuses celles de Reinhard Gehlen, Adolf Heusinger et Ernst Achenbach. Le premier prit la tête, en 1956, des services secrets ouest-allemands et le second, de 1960 à 1964, du comité militaire de l'Otan. Sous les ordres d'Hitler, ils avaient pourtant planifié l'invasion de la Russie et son cortège de massacres. Quant au troisième, il fut le principal collecteur de fonds du NSDAP avant d'organiser le pillage de l'économie française, ce qui ne l'empêcha nullement de devenir président de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag... puis candidat de l'Allemagne à la Commission de Bruxelles en 1970 ! A leurs côtés, voici le SS Walter Schellenberg, principal collaborateur d'Heydrich puis d'Himmler, cité à Nuremberg comme simple ''témoin'', alors qu'il jeta les bases de la Shoah par balles en Union soviétique ; Friedrich Paulus, le vaincu de Stalingrad, devenu un ardent propagandiste soviétique... ; Rudolf Diels, le premier chef de la Gestapo (1933-34), qui se transforma en chasseur de communistes pour le compte de l'armée américaine. Voici encore Albert Speer et Wernher von Braun, deux assassins aux mains propres qui ne réussirent respectivement comme ministre de l'armement d'Hitler et concepteur des premiers missiles balistiques de l'histoire, que grâce aux dizaines de milliers d'esclaves sacrifiés dans les usines du Reich ; et aussi " le sorcier " Hjalmar Schacht, qui mobilisa l'industrie et la finance en faveur du IIIe Reich avant de se reconvertir en conférencier international... Sans oublier Otto Skorzeny, le ''James Bond du Führer'', qu'on retrouve dans tous les coups tordus de l'Après-guerre, au service de la CIA comme du Mossad ! Et voici l'exception qui confirme la règle : Hanna Reitsch, héroïne de l'aviation, dont l'erreur fatale fut de croire en Hitler et de mettre son prestige de pilote d'essai au service d'un régime criminel. Continuant, jusqu'en 1977, à battre records sur records, elle osa regarder en face les horreurs qu'elle avait provoquée. Une galerie passionnante de portraits portée par un rare sens du récit.

05/2021

ActuaLitté

Mélanges

Grandeur et servitudes du bien commun. Mélanges en l'honneur de Jean-Claude Ricci

Pour le Professeur Jean-Claude Ricci, l'étude et l'enseignement du droit public ne se sont jamais résumés à une entreprise de pure analyse technique. Il a su, tout au long de sa carrière, situer son enseignement et sa réflexion dans un contexte bien plus vaste qui l'a conduit à confronter en permanence le droit positif aux principes qui l'inspirent et à la réalisation desquels il doit tendre. En tant qu'administrativiste " de l'ère classique ", l'éminent juriste ne doutait pas que l'administration et ses règles n'ont qu'une raison d'être : le service de l'intérêt général mais aussi du Bien commun, une notion qui mérite d'être restaurée dans le raisonnement du juriste contemporain. L'étude du droit public se doit de le mettre en exergue. Le droit administratif - plus globalement le droit public - n'est pas une fin ni un but, mais un simple instrument, un moyen au service d'un but qui lui est radicalement extérieur. Les nombreux cours ou écrits de notre prolifique publiciste - y compris sur des sujets aussi ardus que parfois austères qui ne se prêtent guère, en apparence, à ce type de questionnement - l'ont amené à mettre en évidence la noblesse de la mission des pouvoirs publics et des règles qui l'encadrent, tout comme les considérations morales qui se nichent dans la règle de droit. Chaque règle, chaque principe du droit public doit être confronté à sa raison d'être, à cet objectif de Bien commun. Le Professeur Ricci n'a jamais été dupe, néanmoins, des limites tant intellectuelles que contextuelles qui briment souvent la puissance publique, ni des servitudes qui peuvent peser sur le Bien commun et son serviteur, le droit. Ses amis, ses collègues, ses élèves, tous ceux qui ont lu et surtout entendu ce maître de l'art juridique, lors de ses mémorables cours marqués par son érudition mais aussi par son humour, ont souhaité rendre hommage à sa vision du droit en étudiant les facettes de ce Bien commun que le droit public, auquel il a consacré sa carrière universitaire, tâche de perfectionner - ou d'atteindre - et d'approfondir avec plus ou moins de bonheur. La richesse et la variété des articles composant ses Mélanges témoignent de l'affection teintée d'admiration et de gratitude que lui vouent les auteurs de cet ouvrage. Elles portent aussi le témoignage de la pensée d'un professeur qui a su, avec un talent rarement égalé, marier la rigueur de l'analyse juridique avec la profondeur de la réflexion.

04/2023

ActuaLitté

Littérature étrangère

Dans les tranchées de Stalingrad. La ville natale, carnets d'un badaud

Le livre rassemble trois titres majeurs de l'oeuvre de Viktor Nekrassov. Tout d'abord Dans les tranchées de Stalingrad, son premier roman, pour l'écriture duquel il s'est très largement inspiré de sa propre expérience de guerre, est la chronique de la vie quotidienne des soldats et d'un bataillon durant la Seconde Guerre mondiale. Cette oeuvre est récompensée par le prix Stalineen 1946, malgré le fait que le récit ne correspond pas à la description de l'héroïsme de guerre, de rigueur à cette époque. En effet, le thème principal du livre est l'exécution d'un ordre absurde qui coûte la vie à la moitié d'un régiment et met surtout l'accent sur l'amitié entre les combattants. Mais l'approbation de Staline lui-même met fin à la polémique qu'avait suscité la parution de l'oeuvre, jugée "pacifiste". Ce texte n'est pas seulement un récit de guerre, l'engagement de l'auteur ainsi que son style sobre et élégant, en font une oeuvre universelle qui rencontre immédiatement un grand succès. Un film intitulé Les Soldats et réalisé par Alexandre Ivanov en 1956 en est tiré. Avec son deuxième roman paru en 1954, La Ville natale, Viktor Nekrassov s'éloigne du réalisme soviétique. Il relate l'histoire d'un soldat qui s'oppose à une campagne injuste contre un professeur de l'institut où il étudie. Le livre déclenche lui aussi une véritable polémique, notamment car la plupart des figures de dirigeants sont des personnages négatifs. Mais il est tout de suite apprécié pour la vérité des situations et des caractères. Carnets d'un badaud, enfin, est un récit autobiographique et de mémoire couvrant un demi-siècle – des années 1930 à 1980. L'écrivain revendique désormais être un "badaud", "c'est-à-dire un homme qui pour rien au monde ne renoncerait à un spectacle intéressant". Les "spectacles intéressants" qu'il observe, au cours de son périple, de Kiev à Paris en passant par la Suisse ou le Japon, sont autant d'occasions de se remémorer des souvenirs, de laisser libre cours à ses réflexions et d'imaginer des associations, parfois étonnantes, comme si n'existaient ni les années écoulées, ni les distances géographiques. La force de Nekrassov, son charme, c'est d'associer, d'une phrase à l'autre des entités a priori absolument opposées. Dans un monde divisé, il réunit, il associe. Ce monologue empreint de nostalgie a été écrit au cours de sa période d'émigration forcée, il y décrit parfois avec désapprobation et regret, parfois avec moquerie, mais sans malice, sa réalité quotidienne, car l'émigration est au coeur de sa vie, mais aussi de son oeuvre. L'écrivain s'interroge sur le sens et les raisons d'un phénomène qui est d'abord, pour lui, une donnée historique, avant de devenir une expérience personnelle. Nekrassov estime même que "le plus grand crime", commis en URSS en soixante-sept ans, a peut-être été "le projet, conçu et concrétisé de façon diabolique, qui consistait à séparer les gens".

06/2019

ActuaLitté

Littérature française

Le Chat, l'Ankou et le Maori. Conte

Jules Joseph Chamsou était un chat à quatorze rayures et trois prénoms, de la famille féline Tabby (son état civil complet était donc Jules Joseph Chamsou Tabby), pas mal du tout de sa personne. En d'autres termes, c'était un très beau grand fort chat. Comme tout le monde, il connaissait l'histoire du chat qui s'en va tout seul et pour qui tous les lieux se valent, et comme tous les chats, il trouvait l'histoire plutôt bonne. Cependant, quelque chose là-dedans l'avait toujours tracassé : pourquoi, se disait-il, s'en aller si tous les lieux se valent ? Si là-bas et ici, c'est la même chose, pourquoi ne pas rester ici au lieu d'aller làbas tout seul ? Dans le doute, il avait donc décidé, par prudence, de rester à Pennoën dans la crêperie bretonne où il était né, parmi les humains crêpier et crêpière qui s'occupaient de sa subsistance et de son confort, d'être un chat immobile, sédentaire et domestique, un chat aussi apprivoisé que peut l'être un chat, un chat fixe ou à l'arrêt, en somme. Mais un jour, l'ennui lui vint de voir toujours les mêmes choses aux mêmes places et d'entendre aux mêmes heures les mêmes réflexions des mêmes gens de la même maison. [...] Jules Joseph Chamsou décida donc d'aller voir si tous les lieux se valaient ou s'ils étaient pleins de surprises et de nouveautés, s'ils étaient dans ce cas là des lieux intéressants, et si l'histoire du chat qui l'avait tarabusté depuis l'enfance était véridique ou juste une histoire comme ça pour endormir les chatons. Ce qui revenait pour lui à passer de la profession de chat à l'arrêt à celle de chat haret, comme on appelle les chats domestiques qui retournent à l'état sauvage. Et un beau matin, il quitta la crêperie pour s'en aller tout seul vers d'autres lieux comme dans l'histoire. Il allait au hasard. Peu importait la direction ou le but si tous les lieux se valaient. Sans le savoir, il marchait vers l'ouest et l'océan, à travers les bois, les champs et les landes. Michel Rio, impeccable styliste et romancier à l'intelligence crépitante, a par le passé publié quelques contes, chez Nathan et aux éditions du Seuil. Renouant avec cette veine narrative, il nous entraîne aujourd'hui sur les traces du chat qui, lassé de sa crêperie, décide d'aller voir si tous les lieux se valent. Au gré de ses tribulations, Jules Joseph Chamsou comprend bien vite que, livré à lui-même, il ne lui sera pas si facile de trouver sa pitance. Mais sa malice et son audace raisonneuse le tireront de bien des mauvais pas, et il nouera même quelques amitiés, notamment avec les korrigans de la lande, à qui il chantera un branle. Répondant au charme et à la verve du conte, les dessins de Marie Belorgey, par leur précision et leur mystère conjugués, invitent le lecteur, enfant ou adulte, dans l'irrésistible tourbillon de cette aventure de chat casse-cou et trompe-la-mort.

11/2017

ActuaLitté

Critique

L'ordinaire de la littérature. Que peut (encore) la théorie littéraire ?

Qu'on ne s'y trompe pas : la the ? orie litte ? raire n'a rien a` voir avec une recension entomologique des espe`ces de la litte ? rature ; ni avec une pulsion de rangement policie`re qui lui ferait mettre en ordre le champ litte ? raire. On est passe ? s a` autre chose : a` rebours d'un formalisme desse ? chant qui l'aurait coupe ? du re ? el, on pense pluto^t la the ? orie comme l'occasion d'une promenade gentiment humaniste donnant l'occasion de prendre un bon bol d'air litte ? raire et de s'ouvrir e ? thiquement au monde. Comme cela n'a pas suffi, on a beaucoup re ? fle ? chi ces dernie`res anne ? es aux belles intentions de la litte ? rature de se remobiliser dans l'are`ne politique, de ne pas y faire de la figuration ou de ne pas y compter pour du beurre. Au point parfois d'en faire un mantra consensuel, voire paradoxalement de ? politisant (cf. Olivier Neveux, Contre le the ? a^tre politique ou Contre la litte ? rature politique). La the ? orie litte ? raire n'a pas manque ? elle aussi d'amplifier ce de ? couplage entre ce que la litte ? rature dit qu'elle fait et ce qu'elle fait vraiment. L'ordinaire de la litte ? rature inspecte les conditions logiques et politiques dans lesquelles la the ? orie litte ? raire s'est re ? cemment e ? crite - croyait-elle hors de toute ide ? ologie, alors qu'elle en relayait l'air de rien d'autres, ide ? alistes et libe ? rales. Frileuse a` assumer des ta^ches critiques contre ce que la litte ? rature pre ? tend faire dans l'ordre politique qu'on nous fait vivre, elle a pris le pli - par de ? fe ? rence, par complaisance ou par scrupule professionnel - de passer les plats de la litte ? rature contemporaine, sans avoir rien a` y redire, ni sans en pointer les duplicite ? s ou les inconse ? quences. Avec le risque grand d'un de ? chire- ment entre une injonction le ? nifiante a` la politisation et un geste the ? orique de ? politise ? . Pourtant, elle ne saurait se contenter de quadriller le champ de la production contemporaine, sans e^tre contrariante, imaginative ou exploratoire. Ce livre rend justice ainsi aux tentatives the ? oriques pour affronter des questions aussi de ? cisives que l'autonomie, re ? elle ou suppose ? e, de la litte ? rature face a` l'utilitarisme ne ? olibe ? ral et a` la marchandisation galopante de l'e ? dition, les nouveaux modes d'existence de la litte ? rature hors du livre et dans la me ? diasphe`re ou l'alie ? nation dans la langue. Avec l'ide ? e que la remobilisation critique de la the ? orie litte ? raire passe sans doute par une re ? flexivite ? accrue quant aux conditions de production et de travail dans la chai^ne du livre. Une attention a` ce que trafique d'ordinaire la litte ? rature.

04/2024

ActuaLitté

BD tout public

Hergé archéologue

Alors qu’il réinhume la momie d’une jeune chamane, Kyys, quelque part en Iakoutie, Eric Crubézy est frappé de la similitude de sa situation avec celle des savants de l’expédition Sanders-Hardmuth, qui eux, osèrent rapporter en Occident la momie de Rascar Capac. Ce thème bien connu, celui des Sept boules de cristal, sert de base à la réflexion de l’auteur. Dans un cas, celui imaginé par Hergé, les savants « volent » les restes (et le payent très cher). C’est ainsi que les archéologue opéraient autrefois. Dans l’autre cas, aujourd’hui, les chercheurs réinhument la momie une fois celle-ci étudiée. Différence de traitement. Respect et sauvegarde de l’objet dans l’un, respect de la culture et des rites dans l’autre. A partir de ce thème, Eric Crubézy, en tintinophile averti qu’il est, réinvestit l’oeuvre d’Hergé et tente de cerner sa vision de l’archéologie. Les cigares du Pharaon, Les sept boules de cristal, Le Temple du Soleil, mais aussi Le secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge sont bien sûrs analysés. Si l’archéologie évoque l’exotisme et l’aventure, les archéologues ne se sont guère souciés de Tintin jusqu’à présent. Poursuivis par des clichés de rêveurs reconstituant un passé à partir de bribes, d’aventuriers pilleurs d’épaves ou de tombeaux, de découvreurs de pyramides ou de cités perdues, ils ont regardé de loin, de très loin l’oeuvre, n’y voyant qu’une reprise de clichés ou mieux l’occasion de s’ouvrir aux cultures. Et pourtant, si l’oeuvre reflète l’évolution du monde ne révélerait-elle pas celle de l’archéologie ? Mieux, si elle introduit du sacré dans le profane, de l’humain dans la science et si Tintin a su accepter d’écouter Tchang, alors ne pourrait-elle pas être sujet de réflexion pour ces archéologues qui attribuent tout geste intelligible au cultuel ou au sacré ou pour les autres dont les explications matérialistes éliminent tout fait étrange, tout détail qui échappe à une logique concrète ? En retour, la vision qu’ont nos contemporains de l’archéologie n’est-elle pas inspirée en partie de Tintin ? Mais Tintin, en nous montrant que le contemporain c’est l’occidental mais c’est aussi l’autre, l’autochtone, celui de là-bas mais aussi celui d’ici, ne pourrait-il pas nous offrir une réflexion sur l’archéologie vue par les autres, les Chiquito d’Amérique, les faucheurs de Sibérie, les religieux de chez nous ? L’archéologue de demain à la charnière d’univers différents pourrait alors lire le passé comme un objet de science mais lui donner un avenir, le gérer dans un univers de valeur différent.

06/2011

ActuaLitté

Histoire internationale

Le Malheur russe. Essai sur le meurtre politique

A qui tente d'établir un atlas et une chronologie des meurtres politiques, trois évidences s'imposent. Nulle société n'a été continûment à l'abri du meurtre politique sous ses aspects divers. Mais il est des temps historiques où le meurtre connaît une fortune remarquable : le XVIe siècle européen, par exemple ; ou encore le XXe, où, sous la forme de la terreur de masse et des mouvements terroristes, il gagne plus ou moins tous les continents. Il est aussi des moments où le meurtre politique régresse et apparaît plutôt comme un moyen exceptionnel de résoudre des conflits de pouvoir. Pourtant, à cette conception qui met à un moment ou à un autre toutes les cités sur le même plan et qui fait du meurtre politique la clé des épisodes tragiques de leur histoire, un pays _ peut-être pas le seul, mais son exemple est le plus éclatant, s'agissant d'un grand pays d'Europe _ fait exception : la Russie. L'histoire de ce pays dans lequel Tocqueville, lorsqu'il scrute l'avenir, discerne qu'il est appelé " par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains la moitié du monde " à égalité avec les seuls Etats-Unis, dont il dit que le monde " découvrira tout à la fois la naissance et la grandeur ", est avant tout une histoire continue du meurtre politique. Du moment où se fonde la Russie, au IXe siècle, et où commence sa christianisation, jusqu'à l'apogée prévue par Tocqueville, il n'est guère de génération qui n'y ait assisté, pétrifiée, à l'éternelle liaison entre meurtre et politique. Les temps de répit, dans ce pays, ce sont les guerres et les invasions qui les ont apportés, autres formes de violence et de mort, mais dont l'avantage est qu'agissant de l'extérieur, elles unissent pour un temps pouvoir et société contre l'ennemi porteur de mort. Cette longue tradition meurtrière a sans nul doute façonné une conscience collective où l'attente d'un univers politique pacifié tient peu de place, tandis que la violence ou sa crainte y sont profondément ancrées. De ce malheur si profondément ressenti à tous les âges, que les esprits superficiels nomment l'âme russe, l'on peut se demander où est la cause, où est l'effet. Est-ce le meurtre politique trop longtemps utilisé qui a produit une conscience sociale malheureuse et soumise, et, par là, incapable d'imposer, comme ailleurs, un autre cours au politique ? Ou bien est-ce cette conscience malheureuse, épouvantée, qui appelle sur elle, sinon la colère des dieux, du moins le déchaînement des meurtriers. Hélène Carrère d'Encausse

12/1988

ActuaLitté

Pléiades

MEMOIRES. Tome 8, 1721-1723, Additions au journal de Dangeau

Avec la parution du tome VIII des Mémoires de Saint-Simon, cette édition est complète. Elle offre le texte intégral des Mémoires sur plus de huit mille pages et sur deux mille, réparties dans chaque volume, les additions au Journal de Dangeau ; l’appareil critique, aussi nécessaire pour la langue que pour l’histoire, occupe une place importante dans chaque tome. Le dernier volume contient, outre les six cents dernières page s du texte proprement dit, le reliquat des additions au Journal de Dangeau, une note bibliographique, un index général des Mémoires, une table alphabétique des appendices et un tableau de concordance entre la présente édition et les précédentes. Proust disait qu’ «une tragédie de Racine, un volume des Mémoires de Saint-Simon ressemblent à de belles choses qui ne se font plus». Au vrai, de même que la langue du petit duc est riche de formes abolies, ses Mémoires sont composés de vestiges d’usages et de façons de sentir qui n’existent plus et à quoi rien de ce qui aujourd’hui existe ne ressemble. Il n’est guère aisé de rendre compte en une définition de tous les aspects de ce livre. Porte-t-il témoignage sur son auteur ? Sur l’Histoire ? Contre l’Histoire peut-être ? Quoi qu’il en soit, il est assurément un fabuleux spectacle, offert par l’auteur à lui-même et, bien plus tard, aux autres : il est le spectacle noir et or du «néant du monde». Qu’on lise, pour s’en assurer, les phrases ultimes de l’ouvre, où apparaît une dernière fois le motif de l’avilissement de toutes choses, alors même que vient d’être atteint le terme jusqu’auquel l’écrivain s’était proposé de conduire son ouvrage : «On est charmé des gens droits et vrais ; on est irrité contre les fripons dont les cours fourmillent ; on l’est plus encore contre ceux dont on a reçu du mal. Le stoïque est une belle et noble chimère. Je ne me pique donc pas d’impartialité. Je le ferais vainement. Comme je n’en verrai rien, peu m’importe ; mais si ces Mémoires voient jamais le jour, je ne doute pas qu’ils n’excitent une prodigieuse révolte. [...] comme, au temps où j’ai écrit, surtout vers la fin, tout tournait à la décadence, à la confusion, au chaos, qui depuis n’a fait que croître, et que ces Mémoires ne respirent qu’ordre, règle, vérité, principes certains, et montrant à découvert tout ce qui y est contraire, qui règne de plus en plus avec le plus ignorant, mais le plus entier empire, la convulsion doit être générale contre ce miroir de vérité.»

01/1988

ActuaLitté

Beaux arts

Rembrandt. Tout l'oeuvre peint

Rembrandt - Un virtuose de la narration et de l'interprétation des passions humaines. Il n'est guère d'artiste sur lequel on ait davantage écrit et spéculé que sur Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669). Un déluge de publications se consacre à l'improbable histoire du fils d'un meunier de Leyde qui devint un maître célébré et admiré. Rembrandt grandit dans un pays jeune qui, malgré une guerre d'indépendance politique et religieuse, connut un épanouissement économique et culturel que l'on qualifie aujourd'hui de Siècle d'or néerlandais. 310 ans après sa mort, l'intérêt suscité par ses oeuvres ne faiblit pas : des expositions spectaculaires attirent des millions de visiteurs du monde entier et ses oeuvres atteignent des prix records. L'oeuvre de Rembrandt est non seulement extraordinairement vaste, mais aussi particulièrement divers : Rembrandt ne s'est pas cantonné dans un genre précis, mais a expérimenté sa vie durant toutes sortes de techniques, matériaux, couleurs et sujets. Une extrême concentration sur les détails picturaux y côtoie un renoncement aux aspects secondaires, une peinture détailliste une facture esquissée, des accents de couleur vifs une subtile quasi-monochromie, tandis qu'une touche en pleine pâte vient servir une imitation perfectionnée de la réalité - tous ces aspects ont subjugué ses collègues peintres aussi bien que les amateurs d'art. Pendant ses 20 dernières années d'activité, Rembrandt développe son légendaire style tardif, caractérisé par une facture sommaire et une apparente nonchalance. Les peintures de jeunesse parfois chargées d'émotion cèdent la place à des compositions dans lesquelles une intimité apaisée devient le thème central de son oeuvre. Rembrandt, dans le même temps, continue de s'intéresser aux effets de la lumière ainsi qu'à la représentation des forces et des faiblesses humaines. La vie et l'oeuvre de Rembrandt étaient très étroitement liés, ce dont témoignent ses nombreux autoportraits - aucun peintre avant lui ne s'était aussi souvent représenté et seul un petit nombre d'artistes le firent après lui. Le thème principal de l'introduction du présent volume est la vie de Rembrandt au service de son art. En même temps, le mythe qui s'est formé autour de sa personne est relativisé à la lumière d'un éclairage critique. Les entrées du catalogue livrent une synthèse de l'état de la recherche, sachant que l'accent n'a pas été mis sur la problématique de l'attribution. Le cas échéant, de nouvelles datations et de nouveaux titres de tableaux sont donnés. Les 330 peintures sont souvent reproduites au format original et présentées sous forme de pages dépliantes, les nombreux détails permettent de se tendre compte de la virtuosité technique de Rembrandt.

08/2019

ActuaLitté

Actualité politique internatio

Politique et ethique dans un monde en mutation

Le monde a changé ; la manière de faire de la politique aussi. Ce qui pourrait être un constat de temps long est ici celui d'une évolution qui s'est produite, ou accélérée, en l'espace de quelques années. Toutes les barrières sont tombées, et les lignes politiques ne semblent plus guère avoir de sens ou être des éléments structurants des opinions des individus, pour le meilleur ou pour le pire. Pour le meilleur, car cela laisse présager d'une plus grande facilité que par le passé à dépasser les clivages partisans traditionnels, en particulier sur les sujets d'intérêt général. Pour le pire, car comment trouver un consensus politique, social ou moral dans une société désormais si fragmentée qu'il y existe pour ainsi dire autant de points de vue que d'individus, à force d'avoir laissé se déliter les valeurs communes qui maintenaient la Nation comme un tout, avec une communauté d'aspirations et de destins, et quelques légitimes courants de débats sur les priorités et la manière d'y répondre au mieux. Ce constat commun d'une évolution délétère de l'éthique au cours des dernières années, chacun des co-auteurs de ce livre l'a décliné en fonction de son parcours personnel, de sa personnalité, de sa sensibilité politique et philosophique. Cet ouvrage ne prétend pas à l'exhaustivité, impossible sur un tel sujet, indépendamment du nombre de coauteurs et de la diversité des profils. Mais ces neuf approches différentes ont du moins la vertu singulière de montrer que l'éthique, en politique et ailleurs, demeure un sujet central, que l'on ne peut réduire, comme cela est trop souvent le cas désormais, à la volonté de transparence financière. L'éthique nous parle de valeurs partagées, elle nous parle de morale, de déontologie. Elle est tout cela et elle est plus que cela. Elle est, en politique, le reflet de l'image qu'une société a d'elle-même et de l'honneur qu'elle attend de ses représentants, qu'elle met dans ses décisions collectives. Dans une société au paradigme dominant en forme de "tout vaut tout", souvent entretenu par des élites dont l'universalisme sans port d'attache se voudrait la dernière trace d'humanisme, l'investissement des différents co-auteurs dans cet ouvrage, la richesse de leur réflexion et la diversité de leurs points de vue sont autant de signes positifs, de raisons d'espérer que la chose publique et sa déclinaison à la française autour de nos valeurs communes de toujours suscitent encore un intérêt suffisamment partagé au sein de notre société pour pouvoir reconstruire ensemble ce que tous ont laissé aller à vau-l'eau depuis des décennies.

09/2023

ActuaLitté

Beaux arts

Geneviève Asse

Figure majeure de la peinture française après la Seconde Guerre mondiale, Geneviève Asse a bâti son oeuvre à l'écart des modes. Peintre de la lumière et de l'espace révélés par sa Bretagne natale, elle adopte le bleu, couleur emblématique de sa palette. Elle décline depuis plus de soixante ans le "bleu Asse" qui "prend tout ce qui passe", et joue d'une infinité de valeurs dans ses vues maritimes inspirées par la presqu'île familière de Rhuys et l'Ile aux Moines où elle achète une maison en 1987. L'auteur, qui connaît bien l'artiste née à Vannes en 1923, nous fait pénétrer dans son univers et nous la fait suivre tout au long d'un parcours de vie très riche. Geneviève Asse passe son enfance dans le golfe du Morbihan avec la mer pour ligne d'horizon, ancrage de sa peinture. A Paris, en pleine Occupation, elle suit les cours à l'école nationale des arts décoratifs et s'engage fin 1944 dans la 1re DB comme conductrice ambulancière. De Belfort à Berlin elle participe à la campagne d'Alsace et d'Allemagne et prend part à l'évacuation du camp de Terezin. Après la guerre, elle dessine pour les maisons de tissus Bianchini Ferrier, Paquin. Liée d'amitié avec l'industriel et collectionneur Jean Bouret, elle rencontre par son intermédiaire Nicolas de Staël et Beckett, qui deviendra un ami fidèle, tout comme Bram Van Velde. Elle côtoie Poliakoff, Lanskoy, Charchoune, Geer Van Velde. Aux peintures blanches inspirées par la lumière du midi à la suite d'un séjour en Catalogne, succèdent dans les années 1970 des compositions en hauteur structurées par des lignes verticales ou horizontales suggérant des portes ou des fenêtres, "un fil tendu en équilibre", qu'elle reprend dans ses gravures. A partir des années 1980, le bleu envahit la toile et absorbe le vide. Une ligne de démarcation, blanche, rouge à la fin des années 1990, divise la surface pour des symétries décalées. La série "Stèles" (hommage à Victor Ségalen) est donnée en 2012 par l'artiste au musée national d'art moderne venant compléter les achats de l'Etat commencés dès 1955 et enrichir les donations de l'artiste au Centre Pompidou. Geneviève Asse a réalisé plusieurs commandes de vitraux à la cathédrale de Saint-Dié (1988) et à la Collégiale de Lamballe (1996). Plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées : au musée de Reims, au musée d'art moderne de la Ville de Paris et récemment au musée de Rouen en 2009-2010. De nombreuses expositions dans les galeries Claude Bernard, Jan Krugier, Ditesheim et Maffei, Marwan Hoss, contribuent à sa reconnaissance internationale. A l'occasion de son 90e anniversaire, les musées de Montpellier, Vannes et le Centre Pompidou lui ont rendu hommage.

05/2015

ActuaLitté

Actualité et médias

La ruée vers l'Europe. La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent

Trump a été élu en agitant la menace d'une "invasion" qui n'aura pas lieu : depuis dix ans, plus d'immigrés mexicains sont retournés dans leur pays qu'il n'y a eu de nouveaux arrivants. A l'inverse, entre l'Europe et l'Afrique, la pression migratoire va crescendo : l'UE compte 510 millions d'habitants vieillissants, l'Afrique 1,25 milliards dont 40 pour cent ont moins de 15 ans ; en 2050, 450 millions d'Européens feront face à 2,5 milliards d'Africains (d'ici à 2100, trois sur quatre personnes venant au monde naîtront au sud du Sahara). La démographie est implacable. La jeune Afrique ne peut que se ruer vers le Vieux Continent. L'Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d'Afro-Européens (9 millions aujourd'hui). Comment gérer un tel flux migratoire, qui va être au coeur des débats des prochaines décennies ? Stephen Smith aborde ici le sujet en "dé-moralisant" le débat, à partir de la rationalité des faits et en s'affranchissant des oeillères idéologiques (l'irénisme humaniste fait en la matière autant de dégâts que l'égoïsme nationaliste). Il démontre, entre autres : que ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent : les jeunes qui peuvent quitter le village pour la ville, puis la ville pour la capitale, puis le continent pour le monde, sont les forces vives des pays de départ, les espoirs de l'Afrique "émergente". Les plus pauvres sont vissés à leur village et les plus riches vivent - très bien - sur place ; que la jeunesse démographique des sociétés subsahariennes amenuise leur chance de consolider des systèmes démocratiques ; que vouloir faire de la Méditerranée la douve d'une "forteresse Europe" en érigeant des remparts - des grillages, un mur d'argent, des Etats policiers en première ligne... - autour du continent de l'opulence et de la sécurité sociale est une illusion ; que le "co-développement" est une aporie : il vise à retenir les pauvres chez eux alors qu'il finance leur déracinement (les pays riches versent une prime à la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à partir duquel un nombre croissant de leurs habitants disposent des moyens pour partir s'installer ailleurs) ; qu'une diaspora tardant à se dissoudre dans son pays d'accueil encourage à venir d'autres immigrés qui, sans elle, ne se mettraient pas en route ; que l'Europe, et singulièrement la France, ne pourra durablement conjuguer ses valeurs et sa politique d'immigration, sous peine de laisser triompher chez elle un populisme "nativiste" : elle sera contrainte de renoncer à sa prétention morale (la rançon payée à des autocrates pour endiguer les flux migratoires s'accommode mal de l'angélisme proclamé) et d'abandonner son modèle social, le souci d'équité et l'Etat-providence.

02/2018

ActuaLitté

Littérature française

ELERELT : L'improbable coalition. Tome 1

Tout à l'heure, Kallimon a voté à distance par l'intermédiaire de son implant civique. Encore une fois, en zilz soucieux de l'intérêt de l'Arkokrasie et des siens, il a voulu reconduire le vieux et vénérable Anzdakremm Pileraz au poste d'Arkokrate, la magistrature suprême et morale de l'Arkokrasie. Mais au cours de cette joute électorale, Anzdakremm risque grandement de ne pas être reconduit. En effet, de manière inédite, inattendue, un volontaire aussi déterminé qu'ambitieux, un candidat protestataire humain s'est présenté, réunissant sur son seul nom, Lomir Dirffel, la quasi-totalité des aspirations humaines, du moins comme le laisse présager les sondages. Si une telle prévision s'avérait juste, Dirffel serait le premier humain titulaire de ce mandat. En effet, suite à la submersion d'Etal-Kontei, deux mouvements populaires antagonistes sont apparus : l'un exigeait le retour, au besoin par la force, des habitants de cette région malheureuse dans le giron de l'Arkokrasie afin de leur permettre de bénéficier au plus vite des bienfaits de la civilisation d'Atelaino. L'autre, recommandait, après les traumatismes de la submersion catastrophique d'Etal-Kontei, de leur en épargner de nouveaux et donc de respecter leurs indépendances, cultures et traditions quand bien même ces us et coutumes pouvaient revêtir quelques atours barbares et primitifs. Si ces deux mouvements idéologiques réunissaient à leurs naissances des citoyens des deux races à parts presque égales, l'inexorable écoulement du temps et la décision brutale de mettre un terme à cette situation inadmissible, fauteuse de guerres, de génocides et autres troubles locaux, les positions se sont lentement radicalisées et malencontreusement ethnicisées. Les humains ont eu une tendance de plus en plus nette à rendre leurs compatriotes zilzo co-responsables collectivement de cette erreur monstrueuse, pourtant objectivement partagée. Lentement, les zilzo solidaires des humains se virent évincés, chassés de ces associations militantes et renvoyés, réduits à leur seule origine raciale, forcément déterminante, coupable collectivement de tous les maux de l'humanité. Au soir de cette journée électorale, Kallimon ne se fait guère d'illusion sur le résultat des scrutins. Assurément, la chambre des députés va changer d'orientation. Quant au mandat d'Arkokrate, soumis au suffrage universel direct, il semble très probable qu'il basculera lui aussi. Comme il advient souvent, le transit de quelques pourcentages autour de la fatidique barre médiane suffira à former une majorité solide et à transformer complètement une ligne politique, un événement susceptible de modifier de fond en comble la vie d'une société pourtant pluriséculaire. Kallimon émerge lentement de ses pensées inquiètes, déprimantes. A quoi bon anticiper un avenir qui s'annonce de toute façon imprévisible et de toute manière compromis ? Que peut-il faire pour en changer le cours ? Est-ce seulement possible ? C'est ce que je me propose de v

07/2015

ActuaLitté

Sciences historiques

Les Baux en Provence. Notice historique sur la ville et sur la Maison des Baux

A la fin du Xe siècle, Pons le Jeune, seigneur des Baux, tenait un rang distingué parmi les puissants de Provence qui avaient profité de l'apathie de Raoul, roi d'Arles, pour s'émanciper et fortifier leurs domaines. La puissance de sa dynastie s'agrandit ensuite par son alliance avec des maisons souveraines. Lorsque la Provence se couvrit de troupes armées au XIIe siècle, tout ce que ces contrées méridionales comptaient d'illustres familles se rangea sous la bannière de Barcelone ou sous la comète à seize rayons d'argent en champ de gueule, blason de la maison princière des Baux. Cette guerre augmenta l'importance des Baux. Les populations environnantes se groupèrent autour du château, pour se protéger mais aussi pour partager ses privilèges. Il en résulta une grande bourgade qui prit bientôt le titre de ville et s'entoura de remparts. Les princes de Baux devinrent alors une puissance formidable. Ils étaient maîtres de soixante-dix-neuf villes, bourgs ou châteaux qui furent appelés les Places baussenques et qui étaient libres de tout péage ou impôt. Leur nombre aurait pu être augmenté si, dit-on, la famille n'avait pas attribué à la combinaison des chiffres 7 et 9 une influence magique. Les souvenirs de guerre ne sont cependant pas les seuls qui s'éveillent au nom des Baux. Les troubadours venus d'Espagne et d'outre-mer étaient accueillis et fêtés à leur cour ; ils s'en retournaient comblés de présents et magnifiquement vêtus. Certains connurent un destin particulier. Fouquet, surnommé de Marseille, poète provençal, se rendit agréable à Bérald, prince des Baux et s'éprit de son épouse, Adélasie, pour laquelle il chanta de fort belles choses sans toutefois se déclarer. A la mort de la belle et de tous les princes qui l'avaient protégé, il se fit moine de l'ordre de Cîteaux et devint archevêque de Toulouse. Un autre poète, Guilhem de Cabestan, s'éprit de Bérangère des Baux à qui il inspira une passion si vive qu'elle lui administra un philtre d'amour qui le fit tomber en convulsion. Le troubadour, guéri de son amour, adressa ses hommages à Tricline Carbonnelle, dame de Roussillon. Le mari, brutal et jaloux, prit ombrage de cette passion partagée et fit servir au dîner de son épouse le coeur de l'amant qu'il avait tué de ses propres mains. Les belles lettres et les études scientifiques étaient également cultivées dans la maison des Baux, par Béral, seigneur de Marseille. Sa lecture de nombreux livres arabes sur l'astrologie le rendit superstitieux : il mourut à la suite de l'émotion que lui causa l'apparition d'oiseaux noirs alors qu'il dînait.

09/2014

ActuaLitté

Sciences politiques

Boys Don't Cry! Les coûts de la domination masculine

"Les féministes en font trop ! " Les hommes seraient devenus sinon le sexe "faible", ou du moins stigmatisé. Les moindres performances scolaires des garçons viendraient d'une perte d'estime de soi du masculin. La plus discrète avance sexuelle serait recodée en harcèlement, le goût de la compétition en agressivité. Voici quelques aspects d'un discours de la plainte, de la hargne parfois, par lesquels des groupes d'hommes s'emploient à inverser la rhétorique féministe pour se poser en victimes, revendiquer des droits dont ils seraient privés. Le présent ouvrage se propose d'analyser ces discours, notamment en portant attention aux propos "masculinistes", tels qu'ils s'affirment par exemple dans certaines organisations de pères divorcés. Quels sont les arguments de ces groupes ? En quoi sont-ils symptômatiques des évolutions et des perceptions des rapports de genre ? Peut-on évaluer leur impact, qui varie entre Amérique du Nord et Europe ? Quels enjeux inséparablement politiques et scientifiques portent des notions comme "coûts de la masculinité" ou "rôles de sexe" ? Côté scientifique, l'enjeu est clair : il s'agit de poursuivre le travail de déconstruction de la domination masculine en montrant que celle-ci n'a rien de naturel. Elle suppose des investissements et implique des coûts, pour les femmes bien sûr, mais également pour les hommes, comme le montrent des contributions sur la santé au travail, sur les effets de l'association virilité-alcool, sur le double-jeu identitaire auxquels sont contraints certains gays affirmant "homosexuels, oui, mais virils avant tout" ! Combinant prudence, rigueur et refus des tabous, ce livre revendique donc la vertu de l'insolence scientifique en posant la question des coûts des masculinités. Le radicalisme qui consiste à refuser de parler d'une thématique sous prétexte qu'elle a été inaugurée par des mouvements étymologiquement réactionnaires n'est en effet guère satisfaisant. Les sciences sociales doivent reconquérir ce terrain miné par les conflits socio-politiques et prendre au sérieux le question des coûts par une objectivation sociologique : qui veut lutter efficacement contre un processus de domination doit apprendre à mieux le connaître sous toutes ses facettes, sans questions tabous. Les textes rassemblés ici ont en commun le double souci de ne jamais oublier qu'une domination suppose des cibles, qui restent ici les femmes, mais qu'elle ne s'exerce par ailleurs jamais sur le mode passif de la rente, d'un solde où les profits ne supposeraient ni investissement, ni contrepartie. Outre de nombreuses études de terrain inédites, l'ouvrage propose trois traductions de textes anglophones classiques et novateurs, jusque-là indisponibles aux lecteurs francophones. Les garçons, ça ne pleure pas ! ", mais sauver la face n'est pas toujours indolore pour autant...

04/2012

ActuaLitté

Littérature française

Du foin sur le green - collection le net au pré

Du foin sur le green Extrait 1 - Le doute n'était plus permis, à moins de cent cinquante mètres de la source, les bulldozers avaient effectivement entrepris de construire la base de la digue. Mais un fossé avait été creusé et un maigre filet s'écoulait toujours vers l'Automne. S'il arrivait à ses fins, l'Américain pourrait disposer d'un étang de plus d'un hectare. En remontant vers le Moulin, je constatai l'ampleur des travaux, sur environ trois hectares les engins avaient fait place nette. Plus bas en aval de la source, se trouvaient les parcelles de papa et le chemin communal. Il lui serait maintenant impossible d'aller plus loin. Je n'entendais plus Ripp, et Lascar, ils devaient être à ma recherche... - Alors monsieur Beaumont Junior, on vient vérifier mes travaux ! Surpris, je tournai la tête. Austin Alexander Abbott était là, à moins d'une vingtaine de mètres, encadré par deux molosses noirs, des dobermans. - Vous savez jeune homme, quoi qu'on puisse en dire, faire fortune aux States n'est pas si facile. Je peux vous assurer une chose, j'ai décidé de faire un golf ici, et je le ferai. Ce n'est pas une poignée de paysans frenchies qui se mettra en travers de ma route. - Vous le ferez peut-être, mais il ne dépassera guère les trois ou quatre hectares. Pas facile de faire un dix-huit trous sur une surface aussi petite. Vous pourrez le baptiser le grand mini-golf de Saint-Jean. En ce qui concerne les travaux de la digue, jamais vous ne les achèverez. Vous n'avez pas obtenu d'autorisation de faire cette retenue d'eau et vous ne l'obtiendrez jamais. Vous n'êtes pas aux States monsieur Abbott, ici l'argent n'achète pas tout. - Détrompez-vous l'ami, ici comme partout dans le monde, l'argent est roi, il suffit simplement d'en posséder suffisamment, et personnellement j'en possède suffisamment. Mais l'argent n'est pas mon seul atout dans ce jeu, vous allez vite vous en rendre compte. - Vous êtes un joueur de poker monsieur Austin Alexander Abbott, juste un joueur de poker. Même l'eau pour arroser le grand mini-golf de Saint-Jean vous ne la trouverez pas. Dès la fin juin votre "mini-green" ressemblera à un champ chaume, les joueurs n'y retrouveront même pas leur balle. C'est à cet instant que Ripp, et Lascar me retrouvèrent. A peine arrivés, ils repérèrent leurs congénères noirs encadrant l'Américain. Là ce n'était plus des culs blancs joueurs, ça devenait du sérieux. Babines retroussées ils commencèrent à grogner.

04/2013

ActuaLitté

Sciences politiques

La Belgique et la France. Amitiés et rivalités

Mus par leurs intérêts économiques, mais aussi par des considérations visant à accroître la sécurité de leurs possessions territoriales, les rois de France pratiquèrent avec persévérance, à travers les siècles, une politique annexionniste des territoires belges. Elle se heurta à la résistance des populations de la Flandre, et provoqua l'opposition des puissances, surtout de la Grande-Bretagne, laquelle n'admettait guère que le port d'Anvers puisse tomber un jour sous l'obédience des autorités de Paris. Consécutivement à la Révolution française qui souleva l'enthousiasme des Liégeois, la Belgique fut annexée pendant une vingtaine d'années à la République française, mais lors de son accession à l'indépendance, Louis-Philippe refusa la couronne royale que les Belges auraient voulu offrir à son fils, le duc de Nemours : le gouvernement de Londres y était opposé. La francisation du pays fut néanmoins activement poursuivie : toute l'administration de l'Etat fut française, alors qu'en Flandre même, la langue et la culture françaises restèrent prédominantes. On soulignait volontiers, à Paris et à Bruxelles, qu'il n'existait pas au monde deux pays qui fussent plus rapprochés que la Belgique et la France par la géographie, par l'activité, par la parenté et par l'amitié. Elles ont pratiqué une politique commune en matière de décolonisation et d'intégration européenne, mais les Belges ont regretté que l'opposition française au transfert de souveraineté ait entraîné un certain retard dans la construction de l'Europe. Entre-temps, la prédominance française engendra la prise de conscience de l'identité néerlandophone qui fut à l'origine d'un vaste mouvement de flamandisation. Alors que l'économie wallonne perdait ses charbonnages et sa sidérurgie, l'économie des Flandres s'engagea dans une vaste expansion, et peu à peu les Flamands réclamèrent la réforme des structures fédérales adoptées en 1970 et l'accroissement substantiel des attributions communautaires au détriment de l'Etat fédéral. Ira-t-on vers un confédéralisme ? L'impact politique du nord du pays s'est considérablement accru : depuis 1979, tous les Premiers ministres de l'Etat belge sont des Flamands. Certains nationalistes flamands prônent carrément la dissolution de l'Etat belge et l'indépendance de la Flandre ; à quoi les extrémistes wallons - très minoritaires - opposent l'idée d'un rattachement de la Wallonie à la France. Capitale de l'Europe, Bruxelles, francophone, freine cet extrémisme et plaide pour le maintien de l'Etat belge. Les autorités françaises ont plus d'une fois assuré qu'elles n'avaient pas la moindre intention d'intervenir dans les affaires politiques internes belges, mais on a noté ces dernières années une très forte pénétration des intérêts économiques français en Belgique.

08/2010

ActuaLitté

Histoire de France

La croix, la tiare et l'épée. La croisade confisquée

Le mot de croisade est, de nos jours, plus souvent galvaudé qu’à son tour, de G.W. Bush qui le brandit au lendemain de l’attentat du 11 septembre 2001, comme une menace contre les terroristes à tel gouvernement qui déclare lancer une « croisade contre la fraude fiscale » ou « contre la grippe ». Il a bien évidemment une toute autre résonance dans le monde musulman où il est perçu comme le début d’une lutte armée impitoyable menée par les États chrétiens d’Europe contre l’Islam et où il préfigure l’impérialisme de l’Occident sur la planète et son corollaire, le colonialisme, que l’Europe n’en finit plus d’expier.Pour bien comprendre les enjeux de la question, il faut, selon Jean Flori, revenir à l’origine du mot. Qu'est-ce en réalité qu'une croisade ? Un pèlerinage armé ou une expédition purement militaire de reconquête chrétienne ? L’effet d’un élan populaire spontané et anarchique, ou au contraire une entreprise pontificale mûrement conçue destinée à assurer le triomphe du catholicisme ? Faut-il définir la croisade à partir de ses objectifs initiaux ou de ses transformations ultérieures ?Avec son brio habituel et sa verve jubilatoire, teintés d’une bonne dose d’ironie, Flori bouscule le « politiquement correct ». La croisade serait en fait le produit d’une évolution des idées qui, dans l’Occident chrétien, a peu à peu justifié puis sacralisé certaines guerres et par là-même valorisé moralement et spirituellement ceux qui les menaient. Né en 1095, son concept est directement issu de celui de guerre sainte qui se poursuit indépendamment de lui jusqu’à ce que l’Église romaine tente - et dans une très large mesure réussisse - à « confisquer » la croisade en l’institutionnalisant et à l'utiliser contre des objectifs qui n’ont alors plus guère de rapports avec ses traits constitutifs majeurs. En témoignent cette croisade avant la croisade qu’est la Reconquista espagnole ou ces expéditions des XIIIe-XVe siècles contre les païens des régions baltiques, les « hérétiques » du Languedoc ou les rois et princes chrétiens réfractaires aux décisions pontificales.Un essai d’histoire des idées volontiers polémique en ces temps où éclatent de nouvelles confrontations entre Orient et Occident.Spécialiste internationalement reconnu des croisades et de la chevalerie, directeur de recherche au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, Jean Flori compte à son actif une vingtaine d'ouvrages fondamentaux (Pierre l'Ermite, Fayard, 1999 ; Guerre sainte, jihad et croisade, Seuil, 2002; L'Islam et la fin des temps, Seuil, 2007). Ses trois précédentes biographies chez Payot (Richard Coeur de Lion, 1999; Aliénor d'Aquitaine, 2004 ; Bohémond d’Antioche, 2007) ont été saluées par la critique comme des incontournables.

05/2010

ActuaLitté

Histoire ancienne

Eustache du Caurroy. Meslanges

Réputation " Ce qui peut vous tromper, c'est que de nouveau tout est beau, mais n'est pas pour cela meilleur. [...] La nouveauté est le guide des curieux qui leur fait mespriser leur propre Ciel et terre [...]. De quoy est venu ce Proverbe : De trois Phisiciens un Atheiste, et de cinq Musiciens quatre fous, pour rechercher de nouvelles inventions et des mouvements à la mode au lieu de nous tenir dans les bons et proffonds preceptes de nos Anciens, comme Du Caurroy, Intermet et Claudin, et parmy ceux de nostre tems, Fremat, Hauxcousteaux et Cosset. " Annibal Gantez, L'entretien des musiciens (Auxerre, Jacques Bouquet, 1643), lettre XXIX A. Gantez (c. 1600-1668) n'est pas le seul à voir en Du Caurroy l'un des chefs de file des compositeurs académiques, apôtres (au moins en partie) d'un contrepoint savant. Dans son traité publié en 1639, Antoine Parran (1587-1650) ayant, d'après sa propre expérience, classé la musique en quatre catégories, ne décrit-il pas " la quatriesme sorte [...] une Musique grandement observée, toute pleine d'industrie et de doctrine [...] comme pourroit estre celle de Claudin, du Caurroy, et plusieurs autres Maistres de ce temps comme l'on peut voir au Puy de Saincte Cecile. " ? Occupés à servir les chapelles privées ou les institutions ecclésiastiques, ces compositeurs, parfois récompensés lors de joutes musicales, ne pratiquent guère l'air de cour, genre en plein épanouissement qui ravit les salons de Louis XIII comme les demeures plus modestes, pour le plus grand bénéfice de l'imprimeur parisien Pierre Ballard – celui-là même qui imprime l'essentiel de la musique que nous connaissons de Du Caurroy. Ces musiciens – au nombre desquels figurent Nicolas Formé (1567-1638), qui succède à Du Caurroy comme responsable de la musique de la chapelle royale, Jean de Bournonville (c. 1585-1632), Artus Aux-Cousteaux (c. 1590- c.1656) pratiquent une musique dont le style s'apparente à celui que Du Caurroy a indirectement hérité de Josquin des Prez (c. 1450-1521) et d'Adrian Willaert (c. 1490-1562), entre autres ; cette manière, apparue comme désuète dès le dernier quart du 16e siècle, s'accorde difficilement avec la simplicité de l'air de cour (simplicité exprimée tant dans le sujet et la forme littéraires, que dans le profil mélodique, les procédés de composition et la forme strophique). Ainsi, en marge de certains écrits de théoriciens contemporains - par Salomon de Caus (c.1576-1626), Antoine Du Cousu (c.1600-1658), Marin Mersenne (1588-1648), Antoine Parran (1587-1650) - qui louent en Du Caurroy l'héritier français de Gioseffo Zarlino, les adeptes du stile antico pratiqué en France durant la première moitié du 17e siècle rendent à leur manière hommage au compositeur.

01/2010

ActuaLitté

Histoire ancienne

Histoire de la Gaule. Une confrontation culturelle, VIème siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.

L'historien d'aujourd'hui ne peut envisager la Gaule et les Gaulois de la même manière que ses prédécesseurs : la génération de Jullian fut marquée par la revanche sur l'Allemagne, celle de Carcopino par la colonisation et celle de Hatt par la décolonisation. De plus, l'éventail méthodologique, qui s'est élargi et affiné (de l'épigraphie latine à la photographie satellitaire) depuis un siècle, permet de considérer cette histoire sur la longue durée, c'est-à-dire sur le large demi-millénaire qui s'ouvre au début du vil siècle av. J.-C. (fondation de Marseille). Bien avant la première intervention militaire romaine (125 av. J.- C.), le commerce étrusque puis grec eut une incidence considérable sur la vie même des habitants de la Gaule. Le vin eut ainsi une fonction beaucoup plus large que celle que lui assignent les sources grecques et latines - étancher la " soif celtique " - et modifia en profondeur, avec d'autres produits et objets du monde méditerranéen, les sociétés celtiques. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation de deux civilisations, celle des Grecs et des Romains - fondée sur la pierre -, celle des Celtes - caractérisée par le bois et le torchis. Il n'importe guère finalement qu'un jour les Italiens aient, dès le milieu du IIe siècle au sud, pris le relais des Grecs, qui eux-mêmes avaient évincé les Étrusques : les échanges avaient dépassé l'ajustement de l'offre et de la demande pour remplir un véritable rôle culturel. Rome prit le problème autrement, imposant armées, colons et provinces. Cette brutalité ne constitua pourtant pas en soi une rupture et se borna à donner de tout autres dimensions aux relations économiques et aux contacts culturels. Une fois la saignée césarienne opérée, les Romains cherchèrent en outre à séduire, et de leur côté les Gaulois ne furent ni ces hommes falots faits de sable et de vent que décrit Mommsen ni des vaincus acculturés prêts à s'incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la civilisation méditerranéenne. La romanisation passa ainsi par un demi-millénaire de commerce, par de subtils accords politiques symbolisés par les cérémonies du culte impérial au Confluent des Gaules (Lyon), et par un élargissement du droit de cité (au milieu du Ier siècle ap. J.-C., les citoyens romains de Gaule étaient les égaux de ceux nés sur les bords du Tibre). Tout fut dit au concile de Reims (70 ap. J.- C.) où les notables assemblés refusèrent les chemins de la rébellion : ils étaient devenus non pas des Gallo-Romains - le terme est une invention contemporaine -, mais des Romains des provinces des Gaules.

04/1997

ActuaLitté

Musique, danse

Ode (conducteur A4). sur un poème de Jean-Baptiste Rousseau

Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans l'oeuvre de Camille Saint-Saëns, Ode appartient à un petit ensemble réalisé au début de sa carrière dans le contexte particulier du concours pour le prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant longtemps le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l'Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l'assurance d'une future carrière sans embûches, du moins l'entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, à la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l'attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l'aboutissement de longues années d'études. Que l'auteur de la Danse macabre s'y soit présenté n'a finalement rien d'étonnant. Mais bien qu'appelé à devenir au tournant du siècle l'un des plus illustres représentants de l'art académique, il n'obtint jamais le fameux premier grand prix. Certes, il serait aisé de mettre son premier échec, en 1852, sur le compte de l'inexpérience, mais son second et dernier, douze ans plus tard, demeure plus surprenant ? : ayant presque atteint la limite d'âge, le musicien n'est alors plus un novice. Ses fonctions à l'orgue de la Madeleine lui avaient même permis d'acquérir une certaine réputation. Est-ce cette situation d'artiste établi qui lui valut d'être écarté? ? Si rien ne permet de l'affirmer, il n'en reste pas moins que ses ouvrages de l'époque témoignent déjà d'une grande maîtrise. Il en est ainsi de cette Ode avec accompagnement d'orchestre composée pour les premières épreuves du concours, entre le 28 mai et le 3 juin 1864. Pourtant placé en tête des six candidats admis à l'épreuve finale - une cantate pour trois voix solistes sur le thème d'Ivanhoé -, il devait échouer au profit d'un certain Victor Sieg, camarade appelé à un destin autrement plus modeste. Au-delà de ces circonstances que d'aucuns pourraient qualifier d'anecdotiques, Ode revêt une dimension particulière en ce qu'elle laisse clairement entrevoir les principales préoccupations esthétiques de Saint-Saëns dans ses premières années. Depuis longtemps familier du répertoire religieux, il ne fut guère décontenancé face à ce poème de Jean-Baptiste Rousseau, certes un peu vieilli mais non moins propice à de belles démonstrations chorales. Dans un même temps, il su éviter le dangereux écueil d'un traitement trop terne par l'aménagement de forts contrastes trahissant son intérêt pour l'opéra. A travers ces quelques pages, entre recueillement et grands gestes dramatiques, le compositeur s'attache à montrer toute l'étendue de son talent. Cyril Bongers

07/2019

ActuaLitté

Décoration

Fabienne Delvigne. Sublimer par la différence

Des chapeaux à en perdre la tête ! Il est des artistes croisés au hasard d'un cocktail ou d'un dîner dont on ne saurait oublier le nom. Ma première rencontre avec Fabienne Delvigne fut avant tout marquée par un pimpant chapeau, flottant au beau milieu d'une réception donnée dans un bel hôtel de Bruxelles. De cette circonstance naquit une complicité puis, très vite, l'envie de retranscrire son univers unique à travers mes articles dans la presse, mais aussi par le biais de textes plus profonds, dans lesquels se dévoilerait sa véritable sensibilité artistique. L'idée de célébrer les trente années de création de la Maison Fabienne Delvigne fut le prétexte idéal pour lancer la rédaction de cet ouvrage aux multiples facettes. Un brin de malice, une imagination à foison, un zeste d'innovation, peut-être devrais-je dire d'audace, la gaîeté incarnée et surtout une belle dose de passion au service de clientes fidèles venues de toute l'Europe pour se faire chapeauter avec grâce. Voici brossé en quelques traits le portrait de cette délicieuse modiste. Perfectionniste jusqu'au bout des ciseaux, Fabienne ne laisse jamais rien au hasard et mène sa vie à cent à l'heure sans jamais se départir de son entrain. Entrepreneuse heureuse, équilibriste dans l'âme, elle jongle avec bonheur entre les moments consacrés à la création, confortablement installée dans sa jolie maison de maître bruxelloise où elle a aménagé son atelier boudoir, ses apparitions dans les cocktails et soirées mondaines où elle ne manque jamais une occasion de porter ses créations et sa vie de famille qu'elle n'entend surtout pas sacrifier. Femme de caractère, Fabienne souhaite sublimer la beauté de ses clientes par la différence. Elle sait apporter un regard rafraîchissant sur la mode, un regard libre et sensuel où la laideur ne trouve nulle grâce. Véritable ode à la belle esthétique, ses chapeaux aspirent à rendre le monde plus beau. Fabriqués selon des savoir-faire artisanaux, ils ne manquent cependant pas de surprendre par leur créativité et leur modernité. Portée par sa passion, elle relève tous les défis et réussit haut la main le pari audacieux de rendre l'objet désirable, indissociable de la personnalité et de la silhouette de la femme en redonnant sa part de rêve au port du chapeau. Entrer dans son atelier, c'est suspendre le temps et s'accorder un moment de pur plaisir artistique. Elle y crée des pièces uniques inspirées par les matières qu'elle travaille, sculpte et drape avec doigté jusqu'à trouver la forme parfaite, le bon coiffant ou l'équilibre absolu entre originalité et féminité. Ses élégants chapeaux s'exposent sur les longues étagères parmi les jolies boîtes rondes réalisées à façon. Un véritable enchantement pour les yeux, l'impression inestimable de retomber en enfance, de se rêver en princesse de conte de fées. Dans l'un de ses poèmes, Paul Eluard fait l'éloge d'une femme à travers la seule courbe de ses yeux, il aurait, à n'en point douter, été conquis par la vision artistique de Fabienne Delvigne où la courbe est reine. Tendance le chapeau ? Assurément ! Surtout lorsqu'il prend vie entre les mains de Fabienne ! Au fil des pages qui suivent, je vous laisse découvrir son parcours unique et passionnant. Catherine Seiler Journaliste, auteure

12/2019

ActuaLitté

Faits de société

Nègre, qui es-tu ?

Le Grand Cataclysme nègrechronoholocauste Nègre, Qui Es-Tu ? , porte une attention particulière sur la cause de la Race Noire, étant toujours d'actualité au point de vue racial dans le monde actuel. Il examine les défis du changement de sa mission en tant que père et mère de l'humanité sur terre, et se penche sur les étapes de son abaissement, son asservissement, ses conditions et statuts de vie avant et après la révision de son statut, et le mandat qui lui a été réservé pour son développement dans le monde après l'esclavage ; ses réalisations et la contribution apportées au monde au fil du temps, en tant que patrimoine. Son texte traite de l'historicité humaine ; de la vérité historique des livres de la Bible, du créationnisme et plus largement de la perception humaine du monde invisible. Il est considéré comme un ouvrage de vulgarisation de l'histoire biblique au travers de l'histoire de la religion, et de la métaphysique. Hier nous étions terrifiés de nombreux actes effrayants de l'humanité ; et pas très loin, était le danger. Mais c'est ici notre monde, où règne la loi de nos péchés, ne méritant pas d'être humain, avec un coeur aimable. Hier, quand nous sommes arrivés ici, quelque chose s'est brisé en nous, quand ils nous ont sortis de notre adorable berceau, aux murmures de l'isolement d'un vaste océan, abritant une coquille décorée avec une haine concrète, qui nous entourait ; oui, nous avions peur de nombreux actes effrayants de l'humanité. Et la nuit jeta sa draperie ici et là ; le vent mythique alertant l'horreur, murmurant sa musique. Ainsi, hier, nous nous sommes réveillés de l'autre côté de l'océan isolé de terreur, la mort étant sous les vagues bleues empoisonnées, une tombe bien faite dans son abîme. "Je suis blanc, je peux te tuer et rien ne m'arrivera" et nous avions peur de nombreux actes effrayants de l'humanité. "Cependant, nous ne serons jamais vaincus par le racisme, nous nous écriâmes ; l'amour est ce que nous ressentons, des sentiments intenses d'amour". "Mais alors, l'âme répondit, soyez avertis, parce que l'amour peut être pire que la haine, et en soi, c'est une mauvaise volonté". Nègre, Qui Es-Tu ? , révèle sa narration philosophiquement ; et sa révélation religieuse commence avec l'Egypte ancienne et s'étend jusqu'à l'avènement de la Bible ; enfin, il inscrit une chronologie de la Bible, et où elle tire ses sources. Il est qualifié comme une histoire émouvante d'un homme qui veut un monde sans malice et sans haine, et fait quelque chose à ce sujet. Il explore comment au cours des siècles de l'esclavage, les Noirs ont subi des massacres, des génocides et d'autres formes de souffrance dans le monde entier ; et se noyant toujours dans un environnement hostile racial historique dans plusieurs parties du monde, depuis l'abolition de l'esclavage. Le mot "Race" est utilisé ici pour justifier la déportation de la race noire qualifiée d'inférieure pour la domination de la race blanche. Ce mot a été utilisé pour la première fois en Europe au Xe et au XIe siècle pour distinguer diverses communautés aristocratiques. Il est aussi inscrit dans la constitution des Etats-Unis depuis 1865. Il dévoile aussi quelques inventions cachées des Noirs, sans lesquelles le monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Aujourd'hui encore en général, l'auteur déplore que le berceau de l'humanité – l'Afrique – soit davantage balisé jusqu'aujourd'hui par le reste des pays.

05/2020

ActuaLitté

Histoires à écouter

8 histoires pour mes 8 ans. Avec 1 CD audio MP3

8 histoires pour vivre de grandes aventures et un CD pour chanter, danser et faire la fête

03/2023

ActuaLitté

Sociologie

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 93-1. Fascicule 1

RESUMES Julien Bocholier. - Le "petit Homère" de Chateaubriand Cet article propose une première édition des essais de traduction de Chateaubriand contenus dans son exemplaire de l'Iliade (chants IX à XII) conservé à la Bibliothèque nationale de France (Smith-Lesouëf, 135). Après avoir proposé une datation de ces fragments, autour de 1805, et indiqué leur probable contexte de rédaction, nous examinons d'abord le rapport de Chateaubriand au texte grec, et notamment l'intermédiaire que constituait pour lui la traduction latine contenue dans son volume ; puis, nous étudions, dans Les Martyrs et Les Natchez, les passages susceptibles d'avoir été influencés par les extraits d'Homère traduits par l'auteur. Bénédicte Chachuat. - Note à Lucain, Bellum Ciuile Le vers 43 du chant 7 du Bellum Ciuile est l'un des vers les plus discutés du poème de Lucain : les éditeurs ne s'accordent pas sur le texte à éditer et nombreux sont ceux à avoir tenté de le corriger. Il s'agira dans cet article de montrer d'abord pour quelles raisons le texte transmis par les manuscrits doit être considéré comme corrompu, ce qui aujourd'hui n'est pas admis par tous les philologues. Après avoir localisé et expliqué l'erreur, nous envisagerons ensuite les différentes solutions, jusque-là insatisfaisantes, qui ont été proposées pour remédier à cette corruption. L'étude d'une conjecture inédite permettra enfin de dégager le sens attendu du passage à défaut de pouvoir reconstituer avec certitude le texte de Lucain. Catherine Dobias-Lalou. - Retour sur les contractions e+e du dialecte cyrénéen Dans sa synthèse sur le dialecte cyrénéen publiée en 2000, l'auteur proposait pour la contraction des voyelles brèves moyennes antérieures une explication grapho-phonétique originale qui n'a guère convaincu. Il semble opportun de rouvrir le dossier avec le recul du temps, bien que la documentation nouvelle ait fourni peu d'éléments discriminants. Les exemples les plus nombreux appartiennent à deux types morphologiques, les nominatifs pluriels comme ??? ? ? et les infinitifs actifs comme ??? ? ??? . En réexaminant la place de ces formes dans leurs systèmes flexionnels respectifs, on peut finalement expliquer les uns et les autres par des remaniements morphologiques, phénomène particulièrement développé dans les présents contractes en -? ? . Le dialecte cyrénéen appartient bien au dorien "sévère" . Antoine Foucher. - Les uersus aurei chez Virgile, des Bucoliques à l'Enéide En nous appuyant sur une définition stricte du uersus aureus, nous analyserons dans cet article les structures verbales, phoniques et métriques de ce type de vers dans les trois oeuvres majeures de Virgile pour y montrer l'influence de Catulle, mais aussi les évolutions en fonction des genres pratiqués par Virgile. Nous nous intéresserons aussi aux emplois du uersus aureus dans les oeuvres de Virgile : s'il est vrai qu'il apparaît souvent devant ponctuation forte, plus largement, il contribue à la colométrie virgilienne en s'associant à des structures syntaxiques déterminées, tout comme il est indubitablement associé à des structures ou à des thèmes particuliers, tels que la description. Bruno Helly. - Les datifs en et dans les dédicaces et épitaphes thessaliennes en alphabet épichorique (VIe-Ve s. av. J. -C.) Il est connu que dans les inscriptions thessaliennes des vie et ve s. av. J. -C. en alphabet épichorique, on trouve un datif singulier -? ?? , souvent simplifié en -? ? pour les noms féminins et masculins en /-a/, et un datif singulier -o ? simplifié en -o pour les noms en /-? /. Cependant, dans de nombreuses inscriptions de cette période, en particulier dans les épitaphes, ces datifs ont souvent été interprétés comme des génitifs de substantifs masculins, Un recensement exhaustif de ces inscriptions montre que ce sont bien des datifs qui sont utilisés dans les formules funéraires, associés aux substantifs ??? ? ? , ??? ? ? , ??? ? ??? ? , ??? ? et avec des verbes comme ??? ? ??? , ??? ? ??? ? ou même le simple ??? ? . On peut tirer de l'utilisation de ces datifs en -? ?? /? ? et -o ? /-o des informations non seulement pour l'histoire du dialecte, mais aussi sur la manière dont on exprimait à cette époque le rapport des vivants et des défunts au monument funéraire. Dimitri Maillard. - César et l'apparat royal Quand le 15 février 44, à l'occasion des Lupercales, César se présente vêtu de la toge pourpre et s'assoit sur une chaise curule dorée, le dictateur réactive une tradition selon laquelle ces deux éléments n'étaient associés que pour les anciens rois. Un point vient appuyer cette hypothèse : toge pourpre et chaise curule font partie des insignes de pouvoir offerts par le Sénat aux souverains alliés. Le propos s'attache à démontrer la nature royale de ces dons, qui pourraient se fonder sur un costume antérieur à l'apparat républicain. L'incompatibilité entre la chaise curule et la pourpre est levée par César aux Lupercales ; l'ensemble n'est pas commenté par ses contemporains, du fait du diadème tendu par Antoine ce jour-là, mais César réactivait en fait l'ancien apparat royal. Sophie Minon. - Dérivation en -? ? - ou en -o ? - : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en ??? ? ?? - vs - ??? ? ??? ? , -? ??? ? ? L'objet de cette étude était de vérifier, en prenant l'exemple des anthroponymes composés faits par dérivation en -? ? - ou en -? -, à partir du radical ??? ? °, si les échanges, abondamment représentés dans les composés lexicaux et anthroponymiques, entre les deux voyelles, en position soit de voyelle de jonction entre leurs deux membres, soit de voyelle prédésinentielle, prouvent un caractère interchangeable qui s'expliquerait morphologiquement par différentes formes d'analogies ou bien si d'autres motivations ont pu jouer, voire interférer avec la précédente. S'il est impossible de tirer de conclusions qui vaillent pour la série de noms dans sa totalité (trop de critères interfèrent, y compris celui de la mode, parfois induite par l'existence de tel porteur prestigieux du nom), il n'est du moins guère apparu que le critère aréal/dialectal, dont on a montré qu'il avait joué par exemple dans la distribution de /a : / et de /o/ prédésinentiels pour les composés du lexique, doive être, en revanche, invoqué pour leur distribution dans les anthroponymes en -? ??? ? ? /? ? et -? ? /? ??? ? ? de l'époque alphabétique. Dans la hiérarchisation de ceux qui ont véritablement contribué à la configuration de cette famille de noms, sémantique et pragmatique viennent en premier, et l'accent pourrait avoir parfois contribué au marquage du sens, tandis que certains choix morphologiques sont apparus comme infléchis par le rythme.

02/2021

ActuaLitté

Religion

Initiation à la psychanalyse

Quel mystère n'a cessé d'entourer la psychanalyse dans l'esprit du profane ? Quelle méfiance n'a-t-elle pas suscité à mi-chemin de la curiosité et de l'angoisse ? Echec ou défaillance dans la communication des connaissances psychanalytiques, ou difficulté inhérente à une doctrine qui, par la richesse de sa teneur, se veut celle de quelques-uns ? Les tentatives entreprises pourraient nous en convaincre qui, tantôt s'égarent dans une imagerie facile et inexacte, provoquant l'enthousiasme puéril d'une foule plus avide d'occultisme que de science, de magie que de médecine, tantôt se ramassent en des formules lapidaires, prenant place au milieu des "idées reçues" pour être abandonnées aux commentaires autodidactes. Et lorsque les essais sont plus sérieux, ne se partagent-ils pas entre l'obscurité d'un langage hermétique, la clarté de notations psychologiques quasi anecdotiques, source d'un étonnement amusé qui ne conduit pas aux grandes questions, ou encore une rigueur didactique dont l'ordre et la densité satisfont la pensée par des définitions bien situées mais sans résonance affective ? Sans doute, dans l'exposé d'un domaine aussi vaste que la psychanalyse, convient-il d'accepter de n'être pas complet. N'est-ce pas d'ailleurs ce caractère incomplet qui définit toute initiation, si lui est donné son sens étymologique de commencement, d'introduction dans les voies préférentielles pour parvenir le plus directement possible au coeur même de l'étude proposée ? Tel est le but de cet ouvrage, modeste et ambitieux tout à la fois, qui ne vise ni à l'ampleur exhaustive, car il n'est pas un traité, ni à la concision exacte, car il n'est pas un précis, mais à éveiller cette inquiétude intérieure d'où naît l'interrogation ou l'angoisse que chacun, suivant ce qu'il est, pourra négliger, fuir... ou poursuivre dans l'une ou l'autre science de l'homme où la psychanalyse, sous des formes différentes, pose et éclaire les mêmes questions. Il ne sera guère évitable de rechercher dans le pathologique ce qui, sans être moins présent, demeure dissimulé ou terne derrière la banalité quotidienne. Aucun terme médical ne sera toutefois employé, malgré l'évocation diagnostique possible à certaines descriptions cliniques, car cet ouvrage n'est pas non plus un livre médical. - Aussi bien, est-ce à travers les données de la psychologie que nous chercherons l'angle d'observation le plus évocateur des notions psychanalytiques (1), - Qui nous conduiront, de proche en proche, aux grandes lois de la biologie (II), - Et aux prolongements des dimensions individuelles dans la sociologie (III). - Un retour à la thérapeutique psychanalytique, à son esprit plus qu'à sa technique (IV), - Achèvera de donner aux origines historiques des idées psychanalytiques un caractère moins anecdotique, mais plus prodigieux (V). Quelques courtes indications bibliographiques termineront ces pages dont ce serait, en effet, le succès de laisser leur lecteur insatisfait.

01/1965

ActuaLitté

Critique littéraire

La silve. Histoire d'une écriture libérée en Europe, de l'Antiquité au XVIIIe siècle

Stace (c. 40-96) a conçu avec ses Silvae (" poèmes-forêts ") un genre d'écriture nouveau, qui doit beaucoup à Horace. Mais la perspective n'est pas celle du moraliste et Stace y déploie une inspiration du coeur, calor subitus, liée à une virtuosité improvisatrice. Dégagées de la fureur platonicienne, soumises à une inspiration humorale et mystérieuse, étayées par une culture profonde et multiple devenue seconde nature, les Silves, après les oeuvres ovidiennes, se jouent des tabous génériques, tâchent d'embrasser la variété du monde humain, au risque de se perdre dans les détails. L'écriture désormais ne connaît plus d'autre convenance que celle qu'imposent les mille facettes de la vie et de l'humeur de l'écrivain. L'exemple de Stace influencera profondément la latinité tardive, dont maints auteurs comme Ausone, Ambroise, Prudence, Claudien ou Sidoine Apollinaire reproduisent cet engouement pour une écriture " biographique ", éthiquement et scientifiquement cautionnée par sa spontanéité, liée à la varietas. Le Moyen Age n'a pas ou guère connu les Silves de Stace, mais il a connu ses imitateurs, notamment Sidoine Apollinaire. L'appellation " dit ", d'abord appliquée à des descriptions-digressions à la manière sidonienne, finit par désigner en particulier un type d'oeuvres poétiques très souple, un " mode de dire " caractérisé à la fois par la diffusion d'un certain savoir et/ou d'une morale de vie et la prise en charge explicite de ce savoir ou de cette morale par le " je " qui écrit. Cette nouvelle écriture s'épanouit au XIIIe siècle, grande époque de l'avènement de la subjectivité littéraire. Comme la silve, le dit, héritier indirect de la silva, représente donc au Moyen Age une forme d'écriture libérée. A la Renaissance, bien après la redécouverte des Silves par Poggio Bracciolini en 1417, l'humaniste florentin Ange Politien (1454-1494), relance la mode de l'écriture " silvaine ". Après lui, l'Italie puis l'Europe entière vont produire en abondance des oeuvres variées sous le titre de silves, ou sous d'autres titres connotant une écriture de la variété mêlée, de l'apparente spontanéité fondée sur une singulière érudition. Ces oeuvres, la plupart du temps inclassables dans les genres canoniques, touchent à tous les domaines intellectuels : poésie lyrique de circonstance, poésie épico-héroïque, poésie didactique, miscellanées encyclopédiques, traités philosophiques et scientifiques, arts plastiques, musique. L'écriture de la silve dépasse la chronologie traditionnellement attribuée à la Renaissance pour fleurir aux XVIIe et au XVIIIe siècles. Les auteurs de silves tendent généralement à souligner le caractère hors-norme, voire anti-normatif, de leur écriture, sa profonde individualité – une manière d'essai –, son plaisir spécifique : un rapport particulier au matériau traité, une dégustation vertigineuse du détail savant ou esthétique, que souligne d'ordinaire un style souvent paratactique simulant une certaine oralité. Le présent volume essaie de rendre compte, dans la diachronie, de ce phénomène protéiforme, commun à toute l'Europe du début des temps modernes.

10/2013

ActuaLitté

Pléiades

Les Liaisons dangereuses ou Lettres

Il y a des livres dont le succès ne surprend personne. Les Liaisons dangereuses, en 1782, n'est pas de ceux-là. L'auteur, un officier d'artillerie, n'a guère de réputation dans le monde des Lettres. Son libraire prévoit un tirage convenable, mais prudent : 2000 exemplaires. Le roman sort en mars. On se l'arrache. On le dénonce, on l'admire, on le dénonce en l'admirant. C'est «le mécanisme même de la scélératesse développée dans tous ses ressorts». Chacun fait des «applications» : de quel libertin réel ce «délicieux infâme» de Valmont est-il le portrait ? L'auteur n'est pas épargné : «Parce qu'il a peint des monstres, on veut qu'il en soit un.» Le libraire, lui, ordonne une réimpression. Cela ne fait que commencer. Il est difficile de cerner les raisons d'un succès. À écouter les premiers lecteurs, celui des Liaisons tiendrait en partie à l'ambiguïté du livre. L'auteur est-il lui-même un Valmont de garnison, ou a-t-il au contraire fait oeuvre morale en dénonçant les mauvaises mours ? Vaine question : Laclos a très habilement décentré la question morale. Et puis, quand on aurait expliqué les motifs du succès, que dire de sa durée ? Les livres à la mode se démodent ; pas les Liaisons. Très vite, les héros se mettent à vivre dans l'imaginaire du public. Bientôt, ils montent sur le théâtre. Marie-Antoinette chante Les Adieux de la présidente de Tourvel, romance. Les imitations, suites ou «suppléments» fleurissent. Les rumeurs circulent. On aurait interdit la vente de l'ouvrage. Mais la première condamnation attestée date de 1823 : la Restauration n'a pas apprécié cette peinture de la société d'Ancien Régime. Plus tard, la critique marxiste verra dans le roman le pamphlet politique d'un homme déçu par l'aristocratie. Des écrivains, Baudelaire, Gide, Suarès, Giraudoux, Malraux, apportent leur pierre à l'édifice. Et des illustrateurs : à chacun sa lecture, du néoclassicisme aux éclairages les plus crus. On continue à s'emparer des héros de Laclos pour leur faire vivre d'autres aventures. Chez Pascal Quignard, Merteuil exilée rencontre Jane Austen. Certaines incarnations font date. Jeanne Moreau est aussi inoubliable au cinéma en 1959 (Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim, dialogues de Roger Vailland) qu'au théâtre en 2007 (Quartett de Heiner Müller, 1982). Il y aura d'autres pièces, d'autres films, d'autres actrices (Glenn Close) regardées par d'autres écrivains (Philippe Sollers), deux cents ans après une Révolution dont l'oeuvre de Laclos aurait été l'une des «causes secrètes». On peut désormais tout savoir des Liaisons sans avoir lu le roman. Mais on peut aussi le lire : après tout, c'est l'un des plus grands livres qui soient. Il est publié ici d'après une édition rare, datée de 1787 et sans doute préparée par Laclos lui-même. Suit un éventail de réactions, de critiques, d'adaptations, de continuations et d'images qui

03/2011

ActuaLitté

Histoire de France

Les année 39-45 vécues et racontées par le "malgré nous" François Schaller

Depuis plus de 30 ans, Danièle Lheureux se consacre à la recherche des Combattants de l'Ombre de la région Nord-Pas-de-Calais. Pour les retrouver, elle a parcouru la France. Au cours de ses déplacements, elle a fait la connaissance de résistants d'autres régions. Comme dans la majorité des cas, beaucoup sont restés dans l'anonymat par modestie. Elle désire les faire connaître afin qu'ils prennent leu r place dans l'Histoire . de la Résistance. Cet ouvrage est dédié à François Schaller et relate son parcours durant les années d'occupation. En septembre 1939, l'université de Strasbourg s'étant repliée sur Clermont-Ferrand, François Schaller, jeune bachelier né à Muttersholtz (Bas-Rhin), s'inscrit à la Faculté de Lyon. Sur les insistances de ses parents, il est en Alsace en fin d'année scolaire 1940. A la rentrée suivante, il reprend ses études à Fribourg. Mais, très vite, les mesures prises par les autorités nazies menacent les jeunes Alsaciens. A leur embrigadement, suit le Service du Travail du Reich en mai 1941, la conscription obligatoire en août 1942, l'incorporation dans la Wehrmacht en septembre. Utilisant des astuces, François Schaller évite le départ d'octobre. Fin septembre 1943, il reçoit son ordre de mobilisation à Ulm, deux mois plus tard au Kühberg. La situation évolue, le 7 février il doit aller à Màhrisch-Weisskirchen (Tchécoslovaquie). Classé au service de garnison à l'hôpital-vétérinaire, il suit la progression sur tous les fronts, il voit passer les nombreux bombardiers alliés, les raids s'arrêteront à l'arrivée des troupes soviétiques sur la zone. Le 1er avril 1945, François Schaller est incorporé dans la 3ème Cie, puis la 1er Cie du bataillon d'assaut qui se dirige le 8 vers la Slovaquie. Le 14, les hommes sont en première ligne où ils relèvent une troupe épuisée, face à des soldats roumains sous commandement russe qui attaquent le 17 avril. A 19 h, la compagnie de Schaller est encerclée et doit se replier... mais un officier renvoie les hommes au front ! Les pertes sont lourdes... peu importe, il faut retourner au feu ! Schaller est blessé et envoyé à l'arrière. Déclaré guéri, il est renvoyé le 24 dans la 3ème Cie. Le 29, alors que le départ au front est prévu à 16 h, la rencontre avec un Alsacien fait basculer le destin de Schaller. Cantonné dans la zone, cet homme est introduit chez le chef local des partisans. Les deux hommes décident de déserter. Leur plan mis au point, ils rejoignent les Tchèques jusqu'à la fin de la guerre. Le 29 mai, ils entreprennent le voyage du retour vers la France avec les passages délicats d'une zone d'occupation à l'autre. Le 5 juin 1945 à 14 h 30, François Schaller pose le pied sur le sol de France.

03/2016