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Colin Dupré

Extraits

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Linguistique

Langue

Dans cet essai, il s'agit de comprendre pourquoi la prévalence de la langue est avant tout un outil du pouvoir afin de discréditer toute forme d'émancipation langagière et donc politique. En France, la " langue française " a été construite par une élite à partir du XVIIe siècle afin de devenir à la fois un objet de culte national et un instrument de domination sociale. Ainsi homogénéisée, fixée, sacralisée, la notion de langue a totalement évincé une autre manière d'envisager le langage et les pratiques langagières, définissables à travers le terme de parole. Au nom de sa domination, " la langue " a entraîné des hiérarchisations visant à dévaloriser des formes non institutionnalisées ou non écrites auxquelles on a collé des étiquettes telles que patois, dialectes, pidgins, mélanges, petit-nègre, etc. Bien entendu, ces hiérarchies ont été exportées pendant la colonisation afin d'imposer la langue supposée " civilisée " du colon face aux langues africaines uniquement appréhendées à l'aune de cette vision politique du langage : sans écriture, sans complexité, sans flexion, les langues africaines n'étaient pas considérées comme de vraies langues. Pourtant " kan " en bambara, ou " làkk ", en wolof, ne désigne pas plus la " langue " que " le parler " ou toute autre manière de communiquer dont dispose un ensemble de personnes afin de vivre, de philosopher ou de créer, à un moment donné dans un espace donné... C'est à une tout autre façon de penser le langage que nous portent les pratiques langagières. Observer la vie du langage en société à partir de la notion de " parole " change la manière même d'appréhender la société et l'histoire. A travers les particularités liées aux interactions, aux dialogues, aux échanges que suppose ce terme, nous souhaitons inverser la perspective : parler est avant tout un outil d'émancipation, et c'est ce qui dérange actuellement les tenants de ce que certains nomment la " novlangue ". En cheminant à travers l'éclosion d'une parole libre en 1968 ou plus récemment en 2019-2020 avec les Gilets Jaunes, jusqu'à l'invention d'une parole libre notamment avec l'exemple du nouchi de Côte-d'Ivoire, ce livre se veut un retour à la parole comme force vive des rapports humains face aux rapports de pouvoir qu'instaure " la " langue. Enfin, un dernier détour par l'examen de l'imposition d'un discours managérial à dominante autoritaire nous permettra de comprendre pourquoi la prévalence de la langue est avant tout un outil du pouvoir afin de discréditer toute forme d'émancipation langagière et donc politique.

05/2021

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Essais psychiatrie

VST N° 151, 3e trimestre 2021 : La santé mentale

Dossier la santé mentale. Introduction : Jean-Pierre Martin, Daniel Terral, Rozenn Caris. Y aurait-il des "sous-malades" ? Entretien avec Marie Bonnafé. Quatre pistes pour le printemps. Paul Bretécher. La présentation de malade, dispositif pour penser et transmettre la clinique en psychiatrie Muriel Sacchelli. Squatter les friches. Eric Bogaert. "Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores" Patrick Faugeras. Savoir de patient/savoir de soignant. Blandine Ponet, Héloïse Koenig. Prendre soin des enfants dans un secteur de pédopsychiatrie publique, Edmond Perrier, Yves Carrez. Un radeau Florian Hubert. Oser réinventer sans cesse son métier (ou tout l'art de soigner sans en avoir l'air, pas une mince affaire... ! ) Laétitia Le Tallec. Mise en place d'une permanence d'accueil et d'écoute psy pour les personnes exilées en errance à Paris et en Ile-de-France, Adèle Lenormand, Paul Alauzy, Louis Barda — Schizophrénie et radicalisation : de quoi parle-t-on ? Jean-François Rey, Pierre Delion. A savoir : Quelle intimité pour les personnes en situation de précarité ? Une intimité mise à mal par les conditions de vie... Priscille Mathias. Clé d'accès à mes droits, un projet numérique d'émancipation sociale. David Ryboloviecz, Pascal Gascoin. Praticable : Bravin et Ses enfants Carla Bartoloni Eloy. La proximité au service de l'errance chloe Cheynel. Portrait de famille Nathalie Legardinier. Passé-présent : Une mosaïque d'interventions sociales Patrick Macquaire. Former-formation "Ca laisse beaucoup de traces..." Patricia Vallet, avec Lucas Bouqueau, Maude Charpentier, Cordélia Colon et Mélanie Garcia. Accueil des femmes en demande d'asile et formation en travail social Emmanuelle Mikang. Parole.s de professionnels : Et vos 18 ans, c'était comment ? Audrey Bauerlé. Les mots du milieu : Rappeler le cadre François Chokeaun et Laurent Rigaud. Livres et revues. Dossier La santé mentale. La "santé mentale" est devenue le langage des institutions internationales pour parler de la psychiatrie, dans le fil des directives édictées parle Livre vert de la santé mentale positive produit par les instances européennes. Elle est désormais rabattue sur l'outil gestionnaire d'une "clinique du cerveau" et de la psychiatrie sécuritaire. Des actions et des pratiques de résistance à cette tendance sont ici mises en discussion. De quelle santé mentale s'agit-il ? De quelle psychiatrie démocratique ? Ce numéro interroge la place de la psychiatrie dans la société : avec quelle éducation, quelle socialisation, quel sujet social, quels besoins collectifs pour vivre ensemble sa précarisation ni exclusion ? Les textes qui suivent proposent des réponses, pistes explorées et fécondes, réaffirmant les principes qui ont guidé les grands mouvements désaliénistes du XXe siècle, et une praxis de résistance à inventer Dossier coordonné par Jean-Pierre Martin, Daniel Terral.

10/2021

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Poésie

La Forge n°1

Des revues meurent, des revues naissent la forge, revue nouvelle, une de plus... Une revue de poésie, qui plus est, cette "chose" prétendument étrange et incompréhensible, légère et futile. Y a-t-il trop de revues ? Jamais assez ! Et qu'importe si le lectorat s'étiole - il en fut toujours ainsi de la plainte quant au délaissement de la poésie... C'est l'une des lamentations des poètes et des éditeurs de poésie. Parions qu'il restera un dernier carré de lucides, avides de cette futilité essentielle ; de réfractaires résistants qui ne se rendront pas aux impératifs des écrans, de l'information et du divertissement - fût-il littéraire. la forge n'est en rien, dans ses intentions, la suite de la revue NUNC car, à la différence de celle-là, elle sera exclusivement consacrée à la poésie. Sa motivation première consiste à ne pas obéir à une logique de chapelles qui, quand elles ne s'ignorent, le plus souvent se méprisent. Toutes, nous semble-t-il, méritent notre attention, quand même nous ne serions sensibles qu'à telle ou telle d'entre elles. Toutes sont des lieux d'exploration du langage et de renouvellement de la façon de dire le monde et notre présence fugace ; des lieux de défense, des "ZAD" de la langue contre les détournements qu'elle subit à des fins idéologiques - simplifications / distorsions de la réalité - ou économiques - réduction du langage à des slogans publicitaires, au strict nécessaire de la relation commerciale. Ces détournements n'ont d'autre objectif que l'aplatissement de la pensée, l'anéantissement de la réflexion, l'asservissement au divertissement et à la consommation. En somme : l'abrutissement de l'individu et, de facto, la destruction de sa dimension citoyenne afin de le contenir dans un état végétatif répondant aux ordres publicitaires, identitaires, ludiques. REGINALD GAILLARD Liminaire D'AILLEURS FAUSTO URRU . SEBASTIEN MINAUX . ELISA BIAGINI . ROLAND LADRIERE . CAROLYN FORCHE THIERRY GILLYBOUF . RON RASH . GAËLLE FONLUPT . ANNE SEXTON . SABINE HUYNH DIANE SEUSS . AUDOMARO HIDALGO . GAËTANE MULLER VASSEUR . ROHAN CHHETRI . ERIC AUZOUX LUUK GRUWEZ . DANIEL CUNIN & D'ICI OLIVIER BARBARANT . EMMANUEL LAUGIER . REGINE FOLOPPE . FRANCOIS BORDES PALOMA HERMINE HIDALGO . COLINE HEZARD . ISABELLE ALENTOUR . ADELINE BALDACCHINO SOPHIE GRENAUD . JEAN ADRIAN . DOMINIQUE SAMPIERO . ROLAND LADRIERE . TOM BURON THIERRY ROMAGNE . CAROLINE GIRAUD . ORIANE TAÏEB . DAVID LESPIAU . NOUR CADOUR BLANDINE BESCOND . ANANDA BRIZZI . CHANTAL RINGUET . ANNA JOUY . DELPHINE CONSTANT L'INTIME DU POEME Mireille Havet Voix oubliées MIRON KIROPOL LA FORGE DU POETE CHRISTIAN VIGUIE . JEAN-CLAUDE PINSON . JACQUES VINCENT DAVID LESPIAU . ADELINE BALDACCHINO CAHIER CRITIQUE accompagné d'encres de Julien Spianti

10/2023

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Beaux arts

Thomas Lanfranchi. Edition bilingue français-anglais

Thomas Lanfranchi est l'un de ces artistes rares dont on guette avec un intérêt toujours renouvelé la moindre manifestation. Avec la même opiniâtreté qu'y mettrait un savant, il mène depuis des années une même recherche, en marge des grands circuits spectaculaires, quelque part aux confins - et au point instable, sinon même improbable où ils se croisent - de la sculpture, de la performance et du dessin. Partons de la première : Thomas Lanfranchi réalise de grandes formes géométriques. Nul marbre ici cependant, ni rien qui s'en approche. Il prend au rebours les fantasmes de pérennité, de solidité, de masse qui hantent encore souvent la sculpture. Ces formes, en effet, il les fabrique à partir de sacs plastiques, aux couleurs que lui propose l'industrie. Le geste du sculpteur, chez lui, n'est plus que dans la découpe et que dans l'assemblage, à l'aide d'un ruban adhésif, de cette pauvre et fragile membrane. Il appelle pour qu'elle se réalise l'apport d'un élément autre : le vent. Il faut que cela gonfle et s'envole. Et c'est toujours une aventure de voir ses formes s'élever et se découper sur le paysage, à peine retenues à terre par quelques fils. Parfois cela tient - fût-ce pour ce temps par définition court que dure l'évènement -, parfois cela craque d'emblée. L'artiste a beau déployer de patients calculs pour réaliser ses pièces, elles doivent toujours faire face, en situation, aux aléas des forces naturelles. En même temps qu'elle s'encanaille ainsi avec la performance, la sculpture, réduite à cette membrane, engage aussi chez Thomas Lanfranchi un rapport essentiel au dessin : pour déployer qu'il soit dans l'espace et quand bien même il est de plastique, c'est bien un trait, en effet, qui fait pièces. Et c'est par là que ce premier aspect de l'oeuvre - la sculpture pour le redire vite et employer ce qu'on vient de voir n'être qu'une facilité de langage - en rejoint un second : une pratique plus classique du dessin. Plus classique, au double sens où elle se fait sur le papier et où elle accompagne, celle-là, l'artiste tous les jours. Y défilent des animaux, des personnages, découpés - point de hasard - dans les mêmes sacs plastiques, que reprend et complète le crayon.

01/2021

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Littérature étrangère

Au zénith

Au Zénith est le chef-d'oeuvre de Duong Thu Huong : voici un roman qu'elle portait en elle depuis plus de dix ans, où convergent son combat politique et son talent littéraire. En 1953, le président - c'est ainsi que l'auteur le nomme, mais on comprend très vite qu'il s'agit de Ho Chi Minh - tombe éperdument amoureux, à plus de soixante ans, d'une très jeune femme. Avec elle, il fonde une famille, qu'il installe à Hanoi dès la reconquête de la capitale. Mais il n'est pas un homme ordinaire, il est le père de la nation, et quand lui vient le souhait d'officialiser son union, les ministres, dont il a favorisé l'ascension, lui font valoir que cette affaire privée le ferait descendre de son piédestal politique. Le président cède, croyant choisir une légitime raison d'État. De ce jour, sa vie bascule. Sa jeune compagne est assassinée, ses enfants recueillis par des proches, et le pouvoir effectif lui échappe : cachés derrière sa figure tutélaire, ses anciens compagnons construisent un régime dont les fondements sont bien éloignés des combats de leur jeunesse commune. Pour donner toute sa mesure à ce drame intime et politique, l'écrivain déploie une construction romanesque époustouflante, juxtaposant quatre points de vue narratifs. Celui du président qui, à la fin de sa vie, pendant la guerre contre les Américains, avec pour seuls compagnons les soldats qui le surveillent et les bonzesses de la pagode voisine, tente d'éclairer les méandres de son propre parcours. Celui de son meilleur ami, Vu, qui élève son fils, et dont la propre femme, une ancienne révolutionnaire pure et dure comme lui, symbolise désormais la corruption au pouvoir. Parenthèse bucolique et contrepoint à l'intrigue principale : Duong Thu Huong raconte comment un vieil homme respecté dans son Village des bûcherons est parvenu, non sans difficultés, à imposer son union avec une femme de quarante ans plus jeune que lui. Dernier point de vue : celui du beau-frère de la jeune épouse sacrifiée. Fou de douleur, ce Compatriote inconnu ne survit que pour se venger. Au long de cette fresque impressionnante, l'écrivain - héraut des idéaux bafoués que le président a portés jusqu'au bout - élucide, sans jamais porter de jugement, un destin d'autant plus tragique qu'il s'est joué d'un être bien réel et maître du pouvoir.

01/2009

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Histoire de France

Journal de l'Elysée. Tome 5, La fin du gaullisme, 1973-1974

Longtemps, Jacques Foccart n'a guère prêté attention aux rumeurs concernant la maladie de Georges Pompidou que pour les démentir. Pourtant, c'est bien une fin de règne que dépeint le conseiller du président dans ce dernier tome de son journal. Formée dès l'élection de Pompidou, la fronde des intégristes du gaullisme est attisée en 1973 par le dessein du chef de l'Etat de ramener le mandat présidentiel à cinq ans. Deux anciens Premiers ministres, Michel Debré et Maurice Couve de Murville, montent au créneau à l'Assemblée nationale et contribuent à faire échouer le projet de révision constitutionnelle... Pour vingt-sept ans. L'autorité du chef de l'Etat s'affaiblit, tandis que le ministre des Finances, Valéry Giscard d'Estaing, qui n'en fait qu'à sa tête, étend parmi les gaullistes le cercle de ses partisans, bientôt grossi des adversaires du dauphin mal aimé du président, Jacques Chaban-Delmas. Au premier rang de ceux-ci, on distingue le Premier ministre, Pierre Messmer, et le jeune ministre de l'Intérieur, l'ambitieux Jacques Chirac. Celui-ci convaincra quarante-trois parlementaires de rallier Giscard au lendemain de la mort de Pompidou. Au jour le jour, l'auteur décrit, comme il les vit, les déchirements de la famille gaulliste : les coups d'épingle de quelques lilliputiens du groupe et les estocades des barons et consorts. En Afrique, domaine réservé de Foccart, comme en France, la période est agitée: en pleine campagne présidentielle, le président Hamani Diori est renversé au Niger, et l'ethnologue Françoise Claustre est enlevée au Tchad. L'élection de Valéry Giscard d'Estaing mettra un terme à la présence de Jacques Foccart à l'Elysée, qui aura duré plus de quinze ans, et à son journal monumental. En cinq volumes, l'auteur du journal de l'Elysée a rédigé les annales méticuleuses de la première période de la Ve République, celle du pouvoir presque sans partage des gaullistes. Il en ressort un tableau saisissant du fonctionnement de l'Etat au sommet, depuis les soubresauts de la décolonisation et de Mai 68 jusqu'au temps d'une gestion assagie dans le contexte européen. On aura mieux compris, à travers ces descriptions et ces dialogues, les façons contrastées de faire l'Histoire, au sein du même cadre institutionnel et idéologique, qui furent celles de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou, dont Foccart ne nous a jamais laissés nous éloigner.

02/2001

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Histoire internationale

La Nuit rwandaise n°8 : La France a participé au génocide. 20 ans de déni, ça suffit !

La France a participé au génocide des Tutsi. 20 ans de déni, ça suffit ! 8eme numéro de la revue annuelle La Nuit rwandaise. Alors que se dessine de plus en plus clairement le tableau dévoilant l'ampleur des complicités - et de la participation directe - de la France dans le génocide des Tutsi du Rwanda, le 8eme numéro de la revue fait le point sur l'état des savoirs sur la question. En plus des dossiers et rubriques habituelles de la revue, deux importants dossiers : Une saison au Congo : Retour sur la guerre de l'ONU, au Kivu. Guillaume Ancel, qui a quitté l'armée française en 2005 avec le grade de lieutenant-colonel, apportait début avril un nouvel éclairage sur l'opération Turquoise (23 juin-22 août 1994), auquel il a pris part, et sur le soutien apporté par la France aux forces génocidaires, au Congo (ex-Zaïre) : "En leur livrant des dizaines de milliers d'armes, nous avons transformé les camps de réfugiés du Zaïre en base militaire. On a clairement été à l'origine d'une continuation des combats qui ont fait des centaines de milliers de morts". Et qui continuent à en faire, vingt ans après, comme on le verra dans ce dossier supervisé par L'Agence d'information. Art et Mémoire : Pour ce numéro spécial, illustré par Bruce Clarke, vingt ans après la commission du génocide des Tutsi et quatorze ans après le projet "Ecrire par devoir de mémoire" , sont également publiées les réflexions des auteurs et artistes du projet Fest'Afrika sur leur rencontre avec le Rwanda et la tragédie du génocide. En mémoire de toutes les victimes rwandaises du racisme et de la haine, et en hommage à Théogène Karabayinga. Mais le génocide des Tutsi a-t-il duré 100 jours, en 1994, ou trentre ans ? Un génocide oublié. Est également ouvert, dans ce numéro, avec un texte de Jean-Luc Galabert, écrit à l'occasion de la cinquantième commémoration des massacres génocidaires contre les Tutsi en 1963-1964, un dossier sur les "premières vagues génocidaires" au Rwanda. Témoignages & Documents : Ce numéro ouvre également deux rubriques à part entière à partir de contributions extérieures ; ainsi nous lançons un appel pour ceux qui veulent répercuter leur témoignage et/ou des documents d'archives autour du génocide des Tutsi.

04/2014

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Pléiades

Contes et nouvelles

"Le premier livre de Zola est un recueil de contes. Il ne faut pas voir là un péché de jeunesse : trois autres volumes ont suivi, à des dates bien postérieures, et de très nombreux récits sont demeurés disséminés dans des journaux, revues ou recueils collectifs. En effet, de ses débuts à 1880, Zola a exercé une activité de conteur pratiquement ininterrompue. Et pourtant, dans son oeuvre de fiction, les contes et les nouvelles, relégués à une place marginale, souffrent de la même indifférence que les derniers romans. C'est là l'effet d'un processus de sélection tout à fait courant, qu'il serait vain de déplorer ; la fortune littéraire de Zola est un fait, qu'il faut prendre comme tel. La renommée de l'écrivain est fondée sur Les Rougon-Macquart aujourd'hui encore, ces romans répondent à la demande d'un public que les contes et les nouvelles ne satisferaient probablement pas. Zola lui-même a, sinon provoqué, du moins autorisé cette exclusion : si, au début de sa carrière, il a mis tous ses soins à organiser la publicité des Contes à Ninon, il semble s'être quelque peu désintéressé, par la suite, du sort de recueils qu'il considérait - il n'a pas hésité à le dire - comme secondaires. La critique a suivi. Ce discrédit a duré longtemps. Alors que, depuis vingt ans, les études consacrées à Zola se sont multipliées, on a porté peu d'attention à cette partie de son oeuvre. Ce n'est qu'à une date récente que sont apparus des travaux témoignant d'une nouvelle orientation de la critique. Mais il y avait plus grave : une grande partie des textes, peu accessible, était pratiquement inconnue ; il a fallu attendre 1968 pour disposer de l'ensemble de l'oeuvre de Zola conteur. Si, dès 1928, Maurice Le Blond avait fait une tentative en ce sens, enjoignant quelques récits inédits aux recueils publiés du vivant de Zola, cette tentative n'avait guère eu de suites : quelques textes isolés seulement avaient été révélés. On ne dira donc jamais assez les mérites du travail accompli par M. Henri Mitterand, qui, dans son édition des Ouvres complètes, a mis au jour et réuni pour la première fois des textes qui demeuraient à l'état de manuscrits ou restaient dispersés dans les collections des divers journaux auxquels avait collaboré Zola". Roger Ripoll.

04/1976

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Littérature étrangère

Mémoires de Maria Brown

Au milieu du XVIIIe siècle, la loi anglaise interdit toujours toute fonction publique aux catholiques. Tommy et Charles Brown, fils d'un hobereau papiste du nord du pays, sont donc contraints, pour faire carrière, de s'engager dans les armées des puissances continentales. De même, pour rester fidèle à sa religion, Maria, leur jeune soeur, est envoyée compléter son éducation dans un couvent de Douai, où elle apprend le français. Hélas, deux ans plus tard, la mort du père l'oblige à regagner Londres. Sa condition de fille ne lui assurant qu'une maigre part d'héritage, que la tante chez qui elle loge ne se fait d'ailleurs pas scrupule de ponctionner sans vergogne, le mariage est pour elle la seule manière d'échapper à la pauvreté. Après avoir refusé plusieurs soupirants, Maria, qui n'a que dix-sept ans, se laisse alors séduire, sous promesse de mariage, par un Irlandais, lequel n'hésite pas à la violer avant de disparaître. Entrée au service d'une aristocrate qu'elle accompagne en France, elle est congédiée pour une broutille. Ainsi abandonnée en pays étranger, la malheureuse n'a pas d'autre issue, pour survivre, que d'accepter la proposition de la tenancière d'une maison de prostitution. Elle va alors, tant en France qu'en Angleterre, connaître la vie agitée d'une femme galante, passant presque sans transition de la condition la plus dure et la plus méprisée à celle, enviée, de maîtresse d'un homme important et de point de mire des gens à la mode, pour retomber bientôt dans la crasse la plus sordide. Courageuse et lucide, elle connaîtra aussi l'amour de coeur avant de trouver la sérénité auprès d'un homme sans préjugés. À travers les vicissitudes de sa vie mouvementée, c'est toute la société de son temps que Maria découvre au lecteur dans un style alerte et varié. La mise en parallèle des manières de ses deux pays, tout aussi bien psychologiques et sociales que sexuelles, est aussi instructive que divertissante, heureusement agrémentée par l'insertion de lettres et par les récits incidents de plusieurs autres personnages qui rendent ces pseudo mémoires extrêmement vivants en en rompant la linéarité et en les enrichissant d'épisodes foisonnants comme la vie même. En accord avec les idées du temps, une revendication féministe sous-jacente, certes encore un peu balbutiante, est en outre nettement sensible tout au long de l'oeuvre.

10/2013

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Actualité et médias

Steve Bannon. L'homme qui voulait le chaos

Le Brexit, l'élection de Trump puis celle de Bolsonaro, le piratage massif de nos données personnelles par Cambridge Analytica, l'essor des climatosceptiques, la montée des extrêmes en Europe, la généralisation de la défiance et le goût pour l'apocalypse... Derrière tous ces fléaux, un homme, peu connu du grand public, semble tirer les ficelles : Steve Bannon. Craint ou adulé, ce personnage ne laisse personne indifférent. Né dans une famille irlandaise modeste, catholique et démocrate, au coeur de la banlieue américaine, Bannon devient banquier chez Goldman Sachs puis producteur à Hollywood - où son talent et son énergie lui permettent d'amasser une fortune considérable... qu'il va choisir de mettre au service de la droite dure. En 2012, il prend la tête de Breitbart News, le site de la nouvelle droite radicale qui ne recule devant rien - ni racolage ni fake news - pour marquer les esprits et manipuler les foules. Une expérience et un pouvoir d'influence qu'il mettra au service de Donald Trump. Une fois élu, Bannon devient son stratège, son âme damnée. Pour lui, il théorise l'affrontement avec la Chine et lance l'alerte contre les risques de sa 5G. Evincé de la Maison Blanche, il se rabat sur l'Europe. Son "Mouvement" ambitionne de fédérer tous les courants nationalistes d'extrême droite... Il sévit jusqu'en France, où il conseille le Front National et rêve d'instrumentaliser les Gilets jaunes. Il n'a pas vu venir la crise du coronavirus, mais croit au Chaos et à ses bienfaits en 2020. Cette enquête haletante, menée sur plusieurs continents, nous révèle bien des aspects cachés du destin de cet homme. Partout, il apparaît comme l'idéologue par qui le populisme advient. Quels sont ses réseaux ? Comment parvient-il à manipuler l'opinion ? Est-il un aventurier opportuniste ou un penseur intraitable ? En route à ses côtés, on croise des vendeurs d'armes et des catholiques radicaux, des souverainistes et des ultralibéraux, des informaticiens qui surveillent et des ouvriers qui perdent leur boulot, des idéalistes et des apocalyptiques. Pour parvenir à ses fins, Bannon semble prêt à tout. Mais que veut-il vraiment ? Fiammetta Venner nous offre ici le livre qui nous manquait : toute époque a son roi secret, le voici mis à nu

09/2020

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 9, Les Tarahumaras ; LEttres de Rodez

Il n'était pas si courant, en 1936, qu'un écrivain quittât l'Europe pour aller "prospecter ce qu'il peut rester au Mexique d'un naturalisme en pleine magie, d'une sorte d'efficacité naturelle répandue çà et là dans la statuaire des temples, leurs formes, leurs hiéroglyphes, et surtout dans les sous-sols de la terre et dans les avenues encore mouvantes de l'air". Ce l'était moins encore, une fois sur place, de partir en mission pour la Sierra Tarahumara, d'en gravir les pentes à cheval plusieurs jours de suite pour y rencontrer les Indiens des hautes terres, mangeurs de peyotl, et d'être admis à participer à leurs rites. C'est pourtant ce qu'a fait Antonin Artaud, mais l'extraordinaire ne s'arrêtera pas là. De retour à Paris, en 1937, il envoie à Jean Paulhan, pour La Nouvelle Revue Française, des extraits D'un voyage au pays des Tarahumaras, mais il veut que son nom disparaisse et que sa signature soit remplacée par trois étoiles. Ceux qui le connaissent le reconnaîtront. Et, en effet, quelques-uns vont percer l'anonymat et deviner quel est l'auteur de ces pages étranges autant que belles. En 1943, il est interné à Rodez. C'est là qu'Henri Parisot se mettra en rapport avec lui pour lui proposer de reprendre ce texte en librairie. Fin 1943, Antonin Artaud écrira Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras, puis le Supplément au voyage. Il décrira, sept ans après, la cérémonie rituelle comme s'il y avait assisté la veille, jetant ainsi un pont sur les années de silence auxquelles l'internement l'avait condamné. Le 16 février 1948, quinze jours avant sa mort, jaillira le récit flamboyant de cet autre rite : Tutuguri. Ainsi, la composition des Tarahumaras n'aura pas duré moins de douze années. Et c'est parce que Henri Parisot lui a demandé son accord pour éditer le Voyage qu'Antonin Artaud lui envoie de Rodez des lettres si étonnantes que son correspondant pense aussitôt en publier quelques-unes. Une sorte de lien magique réunit donc le Voyage et Lettres de Rodez. A ces deux oeuvres fondamentales sont joints les premiers textes écrits à Rodez et plusieurs adaptations de textes anglais, en particulier L'Arve et l'Aume, d'après le chapitre VI de La Traversée du miroir, par Lewis Carroll.

09/1979

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Histoire internationale

Les Juifs d'Iran à travers leurs musiciens

En Iran les Juifs ont eu un destin particulier, une longue histoire, qui dure depuis plus de 2 700 ans dans ce pays. Ils ont traversé des périodes difficiles et ont souffert des persécutions. Les difficultés rencontrées par les Juifs seront longues à disparaître. Il faudra attendre le concours des responsables venus d'Europe et l'ouverture des écoles de l'Alliance israélite universelle en 1898 pour que les persécutions s'amenuisent lentement. Malgré tout, les Juifs auront vécu des moments d'angoisse et d'inquiétude et leur destin aurait pu changer avec la Deuxième Guerre mondiale et la menace du nazisme. Heureusement pour eux, l'armée allemande n'est pas arrivée en Iran. La création de l'Etat d'Israël avait provoqué une violente réaction d'hostilité dans le monde arabe. Mais, en revanche, l'Etat iranien et le jeune Etat hébreu avaient scellé une alliance militaire et politico-économique après sa proclamation en 1948. Et à partir des années 1960, les relations qu'avait mises en place Mohammad Rezâ Shâh avec l'Occident amèneront un dynamisme économique en Iran. La Révolution islamique de 1979 provoque une rupture totale avec la politique pratiquée précédemment. L'Iran islamique rompt brutalement tout contact avec "l'Etat sioniste" et ne lui accorde aucune légitimité politique. Le plus important à retenir néanmoins : il semble qu'en Iran, les Juifs se sentent avant tout iraniens et affirment leur attachement à la culture iranienne. Ils sont des Iraniens et l'Iran est leur patrie. Mais ils savent qu'ils vivent dans un pays musulman, qu'ils sont reconnus officiellement comme les autres minorités par la Constitution iranienne depuis 1906, qu'ils peuvent pratiquer leur culte librement, mais ils ne doivent pas transgresser les règles qui leur sont imposées. Ils sont iraniens et obéissent aux lois du pays. Tout cela amène à constater l'existence en Iran de la plus forte communauté juive du Moyen-Orient. Les Juifs iraniens ont aimé et joué la même musique que les autres Iraniens et avec le même plaisir. Ils se sont approprié les modes de la musique persane dans leurs chants religieux. Les documents écrits sur l'histoire des Juifs d'Iran ne sont pas nombreux. On connaît peu leur communauté et leurs conditions de vie au quotidien. Cette recherche a tenté d'apporter quelques indices sur ce monde méconnu.

05/2012

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Histoire internationale

La Diplomatie-monde. Autour de la paix d'Utrecht - 1713

Ce livre a l'ambition d'ouvrir une nouvelle dimension pour l'histoire des relations internationales en étudiant la naissance, en Europe, d'une diplomatie prenant en compte le monde entier, où les Européens cherchent à être présents en ce temps de première mondialisation. Les traites de paix, signés à partir de 1713 à Utrecht puis à Rastatt et à Baden, mettent fin à un conflit qui dure depuis 1701, la guerre de Succession d'Espagne, et ils règlent en particulier le sort de l'immense monarchie espagnole qui contrôle des territoires sur tous les continents. Depuis les traités de Westphalie de 1648, le congrès diplomatique s'est imposé comme l'instrument des grandes recompositions géopolitiques destinées à établir la paix. Une telle réunion de négociateurs correspond à une confrontation maîtrisées où sont évalués les résultats des campagnes militaires et où sont cherchés des expédients pour faire accepter l'arrêt des hostilités. Pour des siècles trop souvent considérés comme des successions de guerres, par lesquelles des Etats en formation s'imposent en s'opposant, ce recueil d'études propose d'approcher l'histoire de l'Europe et du monde sous un autre angle, plus lumineux : celui de la négociation, puisque l'affrontement débouche aussi sur l'élaboration de pratiques destinées à résorber à tout prix la violence entre les pays européens-Néanmoins, cela conduit aussi à esquiver des litiges ou des souffrances collectives pour ne pas retarder ou empêcher la conclusion des traités. Finalement, une paix durable, comme celle de 1713-1714, fait de tous les belligérants des mécontents, tout en les obligeant à accepter un oubli général des traumatismes subis. Ces discussions intègrent les questions économiques, commerciales et coloniales, ce qui permet de parler de diplomatie-monde, afin d'aborder le dialogue avec des populations lointaines mais aussi des drames humains comme la traite des esclaves africains. Cet ouvrage se propose de considérer également les fondements d'une culture de paix, à travers l'émergence d'une opinion publique internationale, la réflexion sur la paix perpétuelle, la construction d'un événement historique qu'il faut célébrer et commémorer. Des historiens, venus d'horizons variés, donnent ici des études d'une grande rigueur, offrant une somme de connaissances historiques d'une incomparable richesse, et ils proposent des analyses originales et des interprétations novatrices, renouvelant en profondeur l'histoire des relations internationales, de la diplomatie et des sociétés des Temps modernes.

11/2019

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Poésie

A l'ouest de la tristesse. Précédé de Les élégies d'Oxopétra. Edition bilingue français grec

Cette édition donne à lire les deux derniers recueils d'Odysseas Elytis, prix Nobel de littérature, dans une version bilingue, Les Elegies d'Oxopétra, publié en 1991, et A l'ouest de la tristesse, paru en 1995 un an avant la mort du poète grec. Elytis y déploie toute la force tellurique du poème, dans une langue incantatoire qui submerge le monde, le révèle dans sa dimension solaire, dans une profusion d'éléments coutumiers chez le poète : les vagues de cette "mer affamée" , la lumière de l'été, la terre dure et tout l'entrelacs, toute la confusion des golfes, des archipels et des horizons. S'il est "minuit passé dans toute ma vie" dit Elytis, il ne reste pas moins les dieux, les éblouissements, les êtres aimés roulés dans les vagues, une nuance tragique de l'existence, une légende dans ces élégies qui transfigurent la mort et la souffrance. La lumière recouvre tout en un jeu de réverbération entre les images, et rebondit à la surface des choses - parfums d'herbes brûlées, oliveraies, flèches de clochers, montagnes antiques - pour en révéler la puissance, la clarté, l'odeur et la vitalité. Lumière qui révèle des souches plus sombres aussi, à la fois invoquées et révoquées dans une lutte sauvage, abîmes dissous dans les reflets du soleil sur les vagues, monstres changés en oiseaux. "L'extérieur est un miroir" et la langue ici chargée d'histoire, de citrons et de lauriers va chercher au-dehors le plus vaste et le plus éblouissant ce qui s'agite en soi dedans. Nous voilà plongés dans la trame du destin, plongés en nous-mêmes dans le monde, car "c'est dans le corps que la nature habite" et quelle autre révélation possible que celle de notre mortalité, même solaire, nous qui sommes de passage sur une terre en proie à une tout autre éternité que la nôtre ? Jamais crépuscule n'aura été aussi lumineux que dans ces derniers textes, où Elytis cherche à saisir une jeunesse immortelle, dotée de la durée des siècles, mais aussi fragile et gracile - une enfance, dans un mouvement qui voudrait donner le vertige à la mer elle-même, "tout passe moins le poids de l'âme" , oui, et "la Poésie seule est ce qui demeure".

02/2022

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Catharisme

Histoire de l'hérésie des Albigeois. Légendes et mystères autour de la persécution des cathares

Le terme "albigeois" a servi, dès le milieu du XIIe siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l'hérésie. Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie. Le concile de Tours en 1163 parle des hérétiques albigeois (haeretici albigenses) et en 1183, Geoffroy de Vigeois nomme albigeois les hérétiques combattus en 1181 par le légat Henri d'Albano avant le siège de Lavaur. Pierre des Vaux-de-Cernay nomme le récit de la croisade à laquelle il a participé Historia Albigensis. Et dans le prologue de sa chronique écrite entre 1250 en 1275, Guillaume de Puylaurens dit que son oeuvre est "l'histoire de l'affaire vulgairement appelée albigeoise par les Français, car elle a eu pour théâtre la Narbonnaise et les diocèses de Narbonne, Albi, Rodez, Cahors et Agen" . An 846. La mort de Charlemagne a laissé un empire morcelé, un monde à l'agonie où le pouvoir de Rome ne tient plus qu'au prestige d'un trône. Au coeur d'une curie rongée par les complots, le pape Serge II refuse pourtant de voir périr l'oeuvre de Dieu. Alors que les barbares assiègent la cité, il conclut un pacte avec d'obscurs émissaires et s'engage à protéger un ordre d'élus appelés à restaurer la foi. Deux siècles plus tard, les premières communautés cathares voient le jour en Languedoc. Par la parole, la volonté et l'exemple, les "Parfaits" redonnent espoir en la parole sacrée et le pays entier, saisi par la ferveur, se détourne bientôt des églises pour embrasser la nouvelle religion... La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229. Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII. Cette chronique traduite et commentée avec talent est une vraie merveille littéraire qui s'avère indispensable à tous passionné d'histoire méridionale et occitane et du catharisme.

06/2021

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Romans historiques

Oran... La radieuse

Oran la radieuse est un ouvrage paradoxal qui mêle une érudition vraiment impressionnante de toute l'histoire de la ville depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours et qui raconte cela... On peut lire comme l'on veut, dans le sens que l'on veut et de suite s'impose la thèse du livre : Oran est une ville dangereuse et belle. Au fond, la ville n'a vécu que du sac et ressac des vagues de populations qui l'ont occupée. C'est une ville convoitée, jalousée qui porte en elle une certaine violence, celle de ceux qui veulent la conquérir, celle de ceux qui veulent la conserver. Les rapatriés d'Oran sont une marque de fabrique d'histoire de la ville, et c'est cela qui frappe immédiatement dans ce livre. C'est une fresque historique qui est proposée, le contraire d'une obsession focalisée sur les 130 années de présence française, mais bien plutôt un hymne rendu à la ville dans son histoire. Et donc le moment français rendu à ce qu'il est : une parenthèse qui a duré à peine un peu plus de cent ans dans une histoire millénaire. C'est là une belle leçon d'humilité et de générosité de l'auteur. Plus que les hommes qui la peuplent et les femmes qui la font vivre, c'est la ville qui est le principal personnage de ce livre. Le lecteur sent dès les premières pages, une complicité avec la géographie, avec l'espace oranais, avec l'ampleur et la rudesse de la topologie urbaine qui construit la structure du livre et son armature : le livre est ample, comme la notion de l'espace au pied ou au sommet des montagnes autour d'Oran. Cette sensation d'espace, de bleu de Méditerranée, de terre africaine brûlante est constante, lancinante, et finit par imposer le destin, point si heureux de cette ville, assez cruelle envers ses habitants, du moins peu tendre avec eux. Ce n'est pas un récit mièvre de réconciliation entre les trois religions, mais au contraire une sorte d'histoire feuilletée entre des nations, des groupes différents, en confrontation, en affrontement, en compromis permanents, qui s'ignorent, se combattent - c'est la vie ! - mais aussi qui se tiennent dans une sorte, une forme de respect mutuel par les histoires, qui finissent par devenir l'Histoire de cette ville. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.

10/2017

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Littérature française

Arrière-pays

Ce livre rassemble des textes politiques et littéraires (certains inédits) écrits par Daniel Rondeau depuis 1984 jusqu'à nos jours. Au début des années 70, l'auteur avait passé quatre années de sa vie à l'usine comme établi. Ayant quitté l'usine et le militantisme (après constat de mission impossible), il fait l'expérience du désenchantement, sans jamais renoncer à comprendre son temps. Accroché à la barre de son arche de papier, il renoue avec la politique, la plume à la main, pour des causes (Pologne, Liban, Sarajevo - Belgrade, boat people de Méditerranée, chrétiens d'Orient, Tombouctou, indépendance de l'Europe, les banlieues abandonnés) menacées par l'indifférence ou le mensonge. L'obsession de l'Europe apparait dès les premiers textes (1984). Pas celle des quotas laitiers : l'Europe des livres et des écrivains. La littérature et la culture, oubliées par les politiques, ont fait de notre continent une terre de civilité, engloutie par un désastre qui dure et se renouvelle. L'Europe sans âme et sans histoire qu'ils nous ont faite et que nous avons laissé faire est vouée à la dislocation ou à la servitude. Tous ces textes parlent bien sûr de la globalisation. Nous sommes connectés avec le monde entier alors que notre passé, criblé au laser de l'anachronisme permanent, crédité de nombreux crimes, est déféré au tribunal du présent, qui en destitue les héros et ordonne le déboulonnage de nos statues. Ce double mouvement, connexion / déconstruction, fonctionne comme une machine à fabriquer des égarés. Sur tous les continents, mais principalement en Europe, des provinces démembrées de vieux pays, archipels intérieurs de pauvreté et de souffrance, nouveaux déserts pour l'esprit et le coeur, disparaissent des tableaux d'affichage de la mondialisation, en même temps que la remise en cause du passé nous ampute d'une part fondatrice de nous-mêmes. La planète rétrécie, banalisée, dépoétisée est laminée par les rouleaux compresseurs de l'uniformité. Rondeau écrit avec sa raison et avec son coeur. Cette alliance de la raison et du coeur n'a pas cessé d'exister, depuis Dom Mabillon, cet historien du XVIIème siècle qui, de sa bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés, fit rayonner dans toute l'Europe une façon française de penser et d'écrire l'histoire, jusqu'à Albert Camus.

09/2021

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Généralités

Origines et histoire de la Marine

Ce livre retrace l'histoire et l'évolution de la marine moderne. La découverte du Nouveau-Monde, en ouvrant aux navires à voiles un champ forcément interdit aux bâtiments à rames, donna naissance à une marine nouvelle. Les progrès de l'artillerie en assurèrent bientôt sur toutes les mers la prééminence. Le corps royal des galères, créé sous Charles VI, conserva néanmoins en France jusqu'en I749 son organisation propre, ses crédits spéciaux, ses officiers militaires et ses officiers de finances. Les vaisseaux ronds, - ce fut le premier nom sous lequel on désigna les vaisseaux à voiles, - auront eu, malgré leur perfection relative, une moins longue existence ; ils n'auront guère duré plus de deux siècles. Ces deux siècles comprennent toute l'histoire de la marine moderne, histoire héroïque et sanglante qui a traversé dans le court espace de deux cents années trois phases bien distinctes. La première de ces périodes est remplie par les luttes successives que l'Espagne soutient contre les Provinces-Unies, contre l'Angleterre, et en dernier lieu contre la France. Le gros des flottes se compose alors de navires d'une centaine de tonneaux, de trois ou quatre cents tout au plus. C'est le temps où, après en être venu aux mousquetades, on s'efforce de jeter à la faveur de la fumée les grappins sur le bâtiment ennemi. Les piques rendent alors plus de service que les canons. Dans la seconde période, l'Angleterre et la Hollande se disputent la suprématie des mers. Nous assistons à de grands combats éclairés par la lueur d'immenses incendies ; ce sont les vaisseaux qui ébauchent la victoire, ce sont les brûlots qui l'achèvent. Une troisième époque enfin semble s'ouvrir avec l'apparition de la marine de Louis XIV. Les lignes deviennent plus serrées et plus régulières, l'action du canon est plus efficace. Les véritables combats d'artillerie commencent, ils vont se prolonger jusqu'à nos jours. La marine à voiles a en quelque sorte trouvé sa position d'équilibre ; elle ne subit plus que des transformations de détail presque insignifiantes. C'est au contraire parce qu'elle se transformait dans ses dispositions les plus essentielles que, pendant presque toute la durée du XVIIe siècle, on la voit modifier sans cesse ses procédés de combat. Qu'étaient les vaisseaux ronds au début ?

03/2023

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Ouvrages généraux

Grandeur et décadences de l'Europe

Voici les célèbres éditoriaux de l'historien Dominique Venner publiés dans Enquête sur l'histoire puis La Nouvelle Revue d'Histoire de 1991 à 2013. L'observation aiguë de l'actualité est prétexte à méditer l'éternel retour de l'Histoire, là où à l'imprévu se mêlent volontiers l'ambiguïté des apparences, le mensonge des beaux discours et les retournements de situation. Alors que le débarquement américain de novembre 1942 révèle la mort de la puissance française, l'Afrique du Nord met vingt ans à entériner sa chute⦠La guerre d'Algérie entraînant par ailleurs des flux migratoires toujours d'actualité. La chute du Mur en 1989 ouvre à nouveau les perspectives d'une alliance avec la Russie, occidentale dès ses origines, pour pallier le jeu américain de division de l'Europe. Déclin de la civilisation européenne, perte des repères, islamisation de nos sociétés, montée du terrorisme, Dominique Venner n'est dupe d'aucun piège de l'Histoire. Convaincu de la vitalité des civilisations, il affirme la nécessité de rester fidèle à nous-mêmes et à l'esprit critique hérité de nos racines. "La culture se rapporte à la permanence des mentalités profondes. Elle est créatrice de sens. [â¦] La tradition est l'âme d'une culture et d'une civilisation". Comment ainsi traiter à la légère le fait religieux qui fonde la civilisation ? On ne peut, quand on aborde le rôle du christianisme, faire l'économie des liens étroits et conflictuels établis au cours des âges entre l'Eglise et l'Etat, le Sacerdoce et l'Empire, le Trône et l'Autel. C'est également parce qu'il porte son regard sur le cycle des empires et des conquêtes que Dominique Venner ne craint pas la mort. "La part romaine de la civilisation européenne avait semblé mourir quand lui fut imposé le christianisme. Mais un regard non convenu repère sa survivance en Occident durant les siècles chrétiens et au-delà. Les révolutionnaires et Napoléon ne se voulaient-ils pas romains jusqu'à la caricature ? S'il se méfie de l'esprit de système ou des utopies qui engendrent Révolution et Terreur, l'historien appelle à un renouveau spirituel comme en témoigne notamment sa lecture de Jeanne d'Arc, archétype de l'héroïne européenne et de la reconquête qui vient.

06/2021

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Sociologie urbaine

Paris ville invisible

#MondeCNL – Ouvrage iconique de théorie sociologique, Paris ville invisible interroge la notion de collectif sous l'angle du texte et des images. A travers ce reportage photographique réalisé à la fin des années 1990, Emilie Hermant et Bruno Latour ont entrepris de décortiquer ce qui constitue l'unicité de Paris, tant sur le plan sociologique que celui de l'urbanisme. Paris se donne si facilement au regard des peintres et des touristes, elle a si souvent été le sujet de beaux livres ou de photographies qu'on en oublie les difficultés des milliers d'ingénieurs, de techniciens, de fonctionnaires, d'habitants et de commerçants, pour la rendre visible.

Ce livre tente, par le texte et par l'image, de cheminer à travers la ville en explorant quelques-unes des raisons qui nous empêchent de l'embrasser facilement d'un seul coup d'oeil. Sous la forme d'une enquête photographique, Bruno Latour et Emilie Hermant nous font visiter des lieux, habituellement fermés aux passants, dans lesquels s'élaborent les innombrables techniques qui rendent la vie possible aux Parisiens (service des eaux, préfecture de police, périphérique, etc.) ces lieux dits " panoptiques " d'où l'on voit Paris tout entier. A travers une observation fine et une réflexion sur l'importance des objets ordinaires comme par exemple la signalétique qui offre aux habitants les moyens de parcourir la ville sans s'y perdre aussitôt, cet ouvrage entreprend d'analyser ce qui " constitue " la ville de Paris.

En termes d'architecture, d'urbanisme et sur le plan sociologique, comment pourrions-nous analyser les problèmes pratiques que pose la coexistence d'un si grand nombre d'individus sur une si petite surface ? Et en quoi cela contribue-t-il à redéfinir ce que nous entendons par le terme de " collectif ", si souvent utilisé dans le discours social et politique ? Chacun de ces cheminements inattendus permet ainsi de reposer une question plus théorique sur la nature du lien social et sur les façons bien particulières qu'a la société de rester insaisissable. A une période où l'on oppose souvent le réel et le virtuel, la dure réalité urbaine et les utopies électroniques, cet ouvrage cherche à montrer que les villes réelles ressemblent de manière inattendue aux " Villes invisibles " d'Italo Calvino.

11/2021

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Religion

Dieu au plus près de l'homme. Comme, dans l'arbre, monte la sève...

On a tant parlé de Dieu que certains croient « connaître », et nul ne les arrachera à leur certitude. Ils ont trop besoin de Lui pour imaginer un instant que leur chemin ne soit pas le bon. Plus, nombreux, ceux qui ont abandonné la recherche parce qu’ils n’entendent plus le langage qu’on leur tient et que nul ne se soucie vraiment de les rejoindre avec les mots qui sont les leurs. Le Dieu dont on leur parle leur apparaît étranger et inaccessible. Enfermé dans les pages d’un livre, ce Dieu sait-Il vraiment ce qu’eux-mêmes vivent, aiment, souffrent ? N’est-il que le Dieu d’un livre et ne peut-on pas le chercher dans ce qui fait le quotidien de nos vies ? La naissance d’un enfant, l’amour qui s’éveille, la parole qui réconcilie, l’homme humilié qui se relève et se tient debout, ne disent-ils rien de Lui ? N’y a-t-il qu’un chemin pour le rejoindre ? Tant de questions, reprises de génération en génération, et qui reviennent aussi sûrement que la mer à l’assaut de la plage, quand vient l’heure de la marée, sans que nul ne puisse en endiguer le flot ? Y aura-t-il jamais de réponse apportant avec elle la certitude et le repos ? Mais peut-être que Dieu est, dans nos vies, cette question toujours ouverte et qui doit le demeurer ? « Dieu dure avec le monde, écrivait naguère le dominicain P. Duployé, et il se dit lentement. (...) Dieu est lent avec nous, comme il l’a été avec le monde. Ce sont les arbres et leur maturation lente qui sont les premiers maîtres de l’existence humaine. Nous grandissons lentement avec Dieu qui ne nous dit pas tout d’un seul coup. Avec chacun d’entre nous, Dieu recommence un apprentissage de la vie ». Refaire le chemin, une fois encore. Avec les moyens du bord. Ce que l’on sait et ce que l’on ignore, en ouvrant les yeux, en les fermant parfois, attentif à ce qui fait signe, à ce qui pourrait être Lui, sans se presser à Le reconnaître, à Le nommer ? Peut-être vient-il à nous lentement, dans les premières lueurs de l’aube, tandis que la sève monte dans l’arbre ? René Luneau.

12/2013

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Couple, famille

Construisez votre amour, il est si fragile ! Cohabitation et union libre du Pacs au mariage, 2e édition

Cette deuxième édition a été largement complétée à partir de la double expérience des auteurs. D'abord, celle acquise depuis l'arrivée du Sida en 1982, mais aussi par les très nombreuses rencontres avec les jeunes de toutes les tranches d'âge, dans le milieu scolaire... et au-delà. Ensuite, évidemment par l'expérience du dialogue permanent qui existe dans tout couple entre l'homme et la femme. Voilà donc un livre à deux voix, très différentes, qui se comprennent et se complètent. C'est la soif de savoir, et de faire savoir ce qui se passe dans le coeur et le corps des jeunes, qui est la cause de ce livre. Tous veulent trouver et vivre le grand amour et le cherchent de plus en plus tôt. L'amour est synonyme de douceur, confiance, délicatesse, tendresse, caresses, respect de l'autre et de soi-même. Le temps est un ami de l'amour. L'amour est une construction qui demande du temps. Les fondations se mettent en place souvent brutalement : c'est l'attirance. Elle est très forte entre jeunes, car, à cet âge, le coeur et le corps des uns et des autres bouillonnent. Comme le coup de foudre, souvent l'attirance ne dure pas. L'amitié peut être une étape vers l'amour, mais elle peut aussi rester au stade amical. L'amour, pour se construire, a besoin, en plus de la patience, de maturité, de recul, de solitude, de recueillement, d'une bonne connaissance de soi. Combien d'échecs sont dus à une ignorance de choses pourtant si simples. Partir trop tôt dans l'amour, c'est avoir la certitude de se tromper, se planter, de verser des larmes de douleur, de faire mal et de se faire mal. C'est alors que la douleur va prendre le chemin de la violence, contre soi, contre l'autre, contre les autres. Une violence gratuite, irraisonnée qui se développe dans la famille, dans l'école, dans les quartiers. La puissance d'amour, la puissance sexuelle se muent en violence. Construire l'amour n'est pas si facile, cela s'apprend. Ce livre est destiné à éclairer les parents et les jeunes, les éducateurs et les pouvoirs publics. Ils ne résoudront pas la délinquance et la violence des banlieues et des lycées seulement avec des millions, des constructions, des clubs et des équipements sportifs... C'est urgent, il faudra leur parler d'amour.

05/2009

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Littérature française

La gloire de l'Empire

Un fabuleux Empire s'est constitué autour de la Ville ; ce port grouillant de monde, d'une remarquable prospérité, a laissé le souvenir d'une grande civilisation. Deux familles rivales, les Porphyre et les Venosta, y ont détenu le pouvoir l'une après l'autre et ont, chacune à leur tour, cherché à agrandir leur territoire. Ainsi ont-elles été amenées à lutter contre les Barbares, dont certains étaient des mercenaires chargés d'assurer l'ordre à l'intérieur de la Ville. L'un d'eux, brillant stratège et grand aventurier, le capitaine Arsaphe, s'empare du pouvoir par amour d'une princesse. Son règne ouvre une période de grand désordre qui dure cent cinquante ans. A son tour, le prince Basile, habile à tisser des intrigues, va essayer par de subtiles manœuvres diplomatiques de conclure des alliances dans le monde entier. Le règne d'Alexis marque la formation véritable de l'Empire. Fils des amours de la blonde Hélène, lointain descendant des Porphyre, né dans la grande forêt du Nord, Alexis a vécu une jeunesse mouvementée : escorté par un philosophe il voyage autour du monde, se plonge dans les plaisirs dissolus les plus variés à Alexandrie, connaît un amour tragique pour une vestale avant de disparaître pendant douze ans et s'adonner à la méditation dans les déserts d'Arabie. Au cours de ses pérégrinations il s'est initié au culte du soleil, au taoïsme, au bouddhisme. Homme d'action, il reste marqué par la philosophie et sera éternellement déchiré entre ces deux tendances. Alexis revient dans l'Empire démantelé par les Barbares. Grâce à la conspiration d'Isidore il prend le pouvoir, se fait sacrer empereur, épouse une courtisane, la prestigieuse Théodora. Il affronte les hordes barbares et leur livre un nombre de batailles considérable. Toute sa politique consiste à les vaincre au combat et à les rallier à sa cause par la diplomatie pour les lancer à la conquête du monde. Ainsi se constitue le plus grand empire de l'histoire. Son oeuvre achevée, Alexis abandonne le trône pour devenir un homme et apprendre à mourir. En écrivant la chronique de cet empire imaginaire où toutes les passions humaines, les batailles, les violences se sont donné libre cours, Jean d'Ormesson a retrouve le ton des grands historiens classiques du XIXe siècle. Mais surtout il a créé une grande aventure romanesque, pleine de bruit et de fureur, d'amour et de poésie.

12/2002

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Histoire internationale

La vie du colonel Lawrence

"Le sujet du livre est double et double aussi son intérêt. C'est un récit de la campagne d'Arabie et une biographie du colonel Lawrence : l'un et l'autre d'une originalité qui en fait le mérite." Dans l'action de Lawrence au Proche-Orient, Liddell Hart trouve l'éclatante confirmation de sa théorie de l'approche indirecte. La rencontre entre ces deux intelligences et ces deux cultures permet de constater l'existence de deux phénomènes majeurs de la pensée stratégique : la filiation des conceptions à travers les siècles, de stratégistes en stratégistes et simultanément la polarisation de ces conceptions qui tendent à se poser comme incompatibles jusqu'à l'hostilité. Sans être dupe mais à son corps défendant, Lawrence a contribué à créer l'instabilité sur cet immense espace que nous nommons Proche- ou Moyen-Orient. Il est l'homme par qui le chaos s'est installé, durablement ravageur, vouant l'ensemble de la région à des convulsions sans fin, des insurrections permanentes, des déplacements forcés de population et d'épouvantables massacres. Cela, il ne pouvait le prévoir. Croyant, de bonne foi, satisfaire les aspirations des Arabes, il ne fut que le jouet d'un enchaînement implacable d'affrontements entre de nombreux acteurs poursuivant des buts incompatibles. Durant un siècle le chaos na fait que s'amplifier. Les guerres de Syrie et d'Irak débordent sur les frontières et provoquent l'ingérence des puissances extérieures. La lecture de Liddell Hart et de Lawrence nous fait éprouver un sentiment de familiarité avec la situation actuelle du Proche-Orient. Un siècle plus tard, si la guerre oppose des acteurs différents poursuivant des buts nouveaux, nous retrouvons les mêmes lieux et les mêmes comportements. La géographie dicte sa loi aux hommes et aux matériels : il faut traverser les mêmes fleuves, suivre les mêmes axes de communication. Il en résulte des principes assez constants de conception et de conduite des opérations. Syriens, Iraniens, Russes, djihadistes de toutes sortes, réguliers et irréguliers marchent dans les pas de Lawrence et souvent font les mêmes calculs stratégiques pour contrôler l'espace, s'emparer des points névralgiques et gagner la guerre. Mais au Proche-Orient il semble qu'il n'y ait jamais de victoire définitive. La défaite de l'Etat islamique mettra-t-elle fin à un siècle de chaos ? C'est plus que douteux.

01/2018

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Histoire de France

La victoire, c'est le sacrifice

Bien avant d'être connu comme le "Bison" du réseau de résistance Alliance, fondé par Marie-Madeleine Fourcade, Alfred Jassaud était un jeune bourgeois, scout "Coeur Vaillant", féru d'histoire, de poésie, de théâtre, et de littérature classique. Il a laissé à sa famille cinq carnets emplis de ses impressions datées, où rêves, colères, et illusions déçues, se succèdent selon les périodes de sa courte vie. De l'âge de dix-sept ans (2 mars 1937) jusqu'à la veille de ses vingt-deux ans (29 août 1942), il se raconte sans ménagement, oscillant entre sa foi en Dieu, parfois jusqu'au mysticisme, son éternel manque d'amour féminin, et un insatiable besoin d'héroïsme patriotique. Des réflexions fortes sur les femmes, la mort, la politique, ou la religion, côtoient des rendez-vous festifs ou des sorties amicales de loisirs divers, escalade, plongeon, randonnée... Régulièrement, il s'autocritique, mûrissant au gré des carnets où les phrases radicales, racistes, violentes du début font place à des morceaux de philosophie poignants, à force de rencontres et de séjours à l'étranger. Certaines de ses idées auraient peut-être pu éviter bien des conflits... Grand poète, épris de culture, il publiait, dès dix-sept ans, des textes dans le journal "Les Echos". Il nous fait découvrir dans ces écrits qu'il laisse à la postérité, beaucoup de détails sur l'histoire de la France et de la grande lignée de héros dont ses descendants peuvent être fiers. Il serait certainement devenu un grand journaliste. La guerre en a décidé autrement. "Je n'en peux plus. Je suis à l'étroit. J'en ai assez de mener cette vie d'imbécile. Je suis foutu si je continue à vivre normalement. Il me faut du danger, la vie dure, âpre, difficile, la souffrance, vivre sauvagement pour un Idéal : Dieu - La France". Alors qu'il servait la résistance et qu'il était devenu Agent Principal de Renseignements pour la zone Normandie, il a été arrêté le 19 septembre 1943 avec des papiers au nom de Robert Darsac. Emprisonné, torturé, il sera exécuté, avec ses amis membres du réseau Alliance, au champ de tir de la caserne d'Heilbron en Allemagne, le 21 août 1944. Son Idéal était de servir et de mourir pour la France. Il est mort en héros. Sa devise : A bloc ! La phrase que l'histoire retiendra de lui : "La victoire, c'est le sacrifice" !

04/2015

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Littérature française

La 628-E8. Un récit d'Octave Mirbeau

Dédiée au constructeur de l'automobile de Mirbeau, l'Angevin Fernand Charron, cette oeuvre inclassable n'est ni un véritable roman, ni un reportage, ni même un récit de voyage digne de ce nom, dans la mesure où le romanciernarrateur n'a aucune prétention à la vérité documentaire, ne se soucie aucunement de vraisemblance, et mélange allègrement les registres du vécu, du rêve et de la fantaisie. Hymne à la paix en Europe Dans sa voiture immatriculée 628E8, il parcourt le nord de la France, ce qui nous vaut une page superbement démystificatrice sur le règne de Louis XIV, la Belgique, dont les moeurs sont drôlement caricaturées et dont le roi Léopold II, affairiste sans scrupules, est vilipendé à cause du scandale du "caoutchouc rouge" au Congo, les PaysBas, où il retrouve le souvenir de Rembrandt, de Monet et de Van Gogh, et enfin l'Allemagne de Guillaume II, propre et prospère, qui constituerait un partenaire économique idéal pour une France trop souvent sale et tardigrade, pour le plus grand intérêt des peuples et pour garantir la paix en Europe. Hymne à l'automobile En même temps qu'un hymne à la paix et à l'amitié francoallemande, La 628E8 est un hymne à l'automobile, qui est le personnage principal du récit : elle contribue à l'essor économique, elle rapproche les peuples et elle bouleverse aussi notre perception du monde. Mais Mirbeau n'est pas pour autant dupe des illusions scientistes et il se méfie des ingénieurs qui, au nom du Progrès mythifié, se comportent souvent d'une façon irresponsable et menacent l'avenir de la planète. La Mort de Balzac Au beau milieu de son récit de voyage, le romancier a inséré, sans trop se soucier des coutures, les trois chapitres sur La Mort de Balzac, qui ont fait scandale et qu'il a dû retirer au dernier moment, alors que le volume était déjà imprimé, à la demande de la fille de Ewelina Ha ? ska, la veuve du grand romancier. Mirbeau y raconte en effet que celleci batifolait avec son amant, le peintre Jean Gigoux, pendant que Balzac agonisait dans une chambre voisine. Peu importe au romancier que l'anecdote soit controuvée, du moment qu'elle lui sert à exprimer sa conception de la guerre des sexes et à se venger, du même coup, de sa femme, l'exactrice Alice Regnault.

01/2023

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Couple, famille

Luron et Zébulon - L'enfant face à la maladie grave d'un parent

Ce livre est un outil d'accompagnement psychologique et pédagogique des contes Luron apprivoise les forces de l'espoir et L'Amour pour toujours . Les enfants d'aujourd'hui sont rapidement exposés à une multitude de données pour lesquelles ils ne sont pas toujours bien préparés ou n'ont pas encore développé la capacité nécessaire pour les intégrer. La réalité de la mort les rejoint souvent à travers les technologies de l'information et les jeux vidéo. Malgré l'omniprésence de la mort autour de nous, notre société en parle peu et le sujet reste tabou dans nos maisons. Pourtant elle est là, bien présente, incontournable. L'enfant y est tout particulièrement fragile, car la frontière délimitant son univers interne et le monde qui l'entoure n'est pas encore bien établie. Il a besoin de l'adulte pour l'aider à saisir la réalité et à l'intégrer. Il a besoin qu'on nomme cette réalité, qu'elle soit identifiée afin de comprendre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Les contes Luron apprivoise les forces de l'espoir et L'Amour pour toujours mettent en scène deux personnages qui partagent une aventure similaire, mais dont l'issue diffère. Dans un cas, la mère surmonte la maladie et dans l'autre, elle y succombe. Chacun de ces parcours s'inscrira dans l'histoire de vie de ces enfants et participera à leur développement psychique. Afin de mieux comprendre comment les enfants peuvent expérimenter cette dure réalité de la maladie et de la mort, le docteur St-Amour vous propose deux types d'approches complémentaires. L'une explorera la dimension psychologique et l'autre, la dimension pédagogique. La dimension psychologique : Processus de pensée chez l'enfant - L'annonce de la mauvaise nouvelle à l'enfant - Préparation des adieux - Les enjeux de la séparation. Double rôle du conjoint : Etre à la fois un aidant naturel et un parent. Liste de recommandations pour les parents. La dimension pédagogique : Difficultés et défis pour l'enseignant - Approche pédagogique pour aider les enfants à apprivoiser les notions de maladie et de mort - Des propositions de moyens concrets pour faire cheminer les enfants. Si nous préparons et accompagnons bien nos enfants pour faire face aux moments difficiles, comme ceux de la maladie et de la mort, nous pourrons les aider à en faire une expérience constructive en dépit de la souffrance qu'ils peuvent générer.

01/2014

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Littérature française

Léopoldine

" Léopoldine se noie le 4 septembre 1843, son père a quarante et un an. Lara se noie le 27 juillet 1997, j'ai trente-six ans. La mort de Léopoldine plonge Hugo dans le silence. Lui qui écrivait sans cesse, lui qui avait déjà plus écrit peut-être qu'aucun autre poète avant lui, pendant trois ans il ne publie plus un poème, plus un vers, rien. De ces trois années muettes vont naître ses plus grands chefs d'oeuvre. Et aussi les plus violents. Conservateur, Hugo devient révolutionnaire. La mort d'un enfant est intime. Elle est aussi politique. Intime donc politique. C'est ce que raconte cette histoire. Tout commence par un voyage amoureux en Espagne. Hugo et Juliette Drouet, sa maîtresse, celle qui copie ses manuscrits, compagne de toute une vie, apprennent sur le chemin du retour la noyade de Léopoldine. Déflagration. Hugo est dévasté et leur amour ne semble pas devoir surmonter l'épreuve. Désormais incapable d'écrire, il fuit vers les honneurs et d'autres rencontres. Juliette n'est pas dupe. Elle le ramène à lui-même... et il lui revient, avec le début d'un texte qui deviendra Les Misérables. Et bientôt un engagement politique sans faille auprès des plus démunis. A qui a perdu son enfant, les faussetés mondaines sont haïssables, comme les postures, les impostures, les artifices, les mensonges qui oppressent, les richesses qui écrasent. Chacun peut apercevoir cela, une rupture sensible. Mais Hugo, père déchiré par la perte de sa fille, nous crie qu'il ne s'agit pas seulement d'une sensibilité que les messieurs sérieux, riches et puissants, de son temps comme du nôtre, ont beau jeu de regarder avec commisération. Au-delà du sensible, crie Hugo, il s'agit de vérité. Si le réel n'est pas essentiellement matière mais esprit, alors un monde politique soumis aux plus riches n'est pas une fatalité. Il est faux. Il est contre nature. Il offense la splendeur du monde réel. La douceur d'" Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin " et la violence des Misérables disent la même chose. Hugo poète et Hugo révolutionnaire sont la même personne. C'est toujours la même vérité, celle de Léopoldine vivante dans la mort. Celle de Lara vivante dans la mort. La même tristesse et la même joie, la même réalité triomphale de la poésie. " T. C.

05/2022

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Littérature anglo-saxonne

Charles Dickens. De Grandes Espérances

Découvrir aujourd'hui le chef-d'oeuvre de Charles Dickens, dans cette nouvelle traduction, constitue un choc. Personne ne nous avait prévenus que De Grandes Espérances, ce classique des classiques, est aussi le plus bluffant des romans ! A-t-on encore besoin du cinéma et des séries télévisées, quand on a un tel livre entre les mains ? Page après page (et on les tourne très vite), De Grandes Espérances démontre qu'en matière de suspense, de rythme, de puissance de suggestion, les mots n'ont aucun besoin des images : ils les contiennent déjà - et avec une force incomparable - dès lors que la traduction restitue au texte tout son éclat et sa vivacité d'origine. La lecture achevée, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus dans ces Grandes Espérances. L'intrigue digne des plus grands romans d'aventures ? Les scènes d'anthologie, qui font passer le lecteur par toutes les émotions ? Les dialogues, où l'art du traducteur Jean-Jacques Greif fait merveille ? Les personnages inoubliables : Pip, le bagnard en fuite, l'inquiétante Miss Havisham, Joe le forgeron, la belle Estella au coeur de glace... ? Et dans quelle catégorie ranger ce livre, qui semble contenir tous les romans possibles ? Récit d'apprentissage, histoire d'amour grand format, roman social, feuilleton à rebondissements : De Grandes Espérances est tout cela à la fois. RESUME La vie n'est pas facile pour Pip. Orphelin, élevé à la dure, comment pourrait-il échapper à sa triste condition de garçon de la campagne, voué à devenir forgeron ? Reçu chez l'étrange, vieille et riche mademoiselle Havisham, il fait la connaissance de sa fille adoptive, la ravissante Estella. Depuis qu'elle a été abandonnée le jour de ses noces, le temps semble s'être arrêté dans la maison de la vieille femme. Elle ne vit plus que pour se venger des hommes, et Estella, dont Pip tombe amoureux, est l'instrument de cette vengeance... De plus en plus honteux de ses origines, Pip se réfugie dans son rêve de devenir un gentleman... Or un jour, il est informé qu'un bienfaiteur anonyme désire lui allouer une importante somme d'argent, pour financer son installation à Londres et favoriser son ascension sociale. Alors que ses espoirs de grandeur se réalisent enfin, et qu'il s'apprête à revoir Estella, Pip est loin de soupçonner ce qui l'attend.

08/2022

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Rock

Ike & Tina Turner. Le père du rock'n'roll et la mère du rock'n'roll

A ce jour aucun livre en français n'a couvert la biographie de Ike Turner, et celle de Tina Turner n'est écrite que dans ses propres livres. Cet ouvrage comble ce manque, en s'attachant principalement aux faits, relatés par les deux protagonistes ou par d'autres personnes qui les ont côtoyés. Ike Turner a la réputation d'un homme infidèle, drogué et violent, qui a battu Tina pendant des années, c'est la réalité, mais on oublie trop souvent qu'il fut aussi un innovateur musical, respecté par ses pairs. Ike Turner a contribué à abolir la ségrégation qui était la règle dans le sud des Etats-Unis. Il était parmi les premiers à jouer une musique qui touchait les gens de toutes couleurs et cultures aux Etats-Unis, et il a obligé les producteurs de spectacles à accepter tous les publics. Certains disent qu'il a inventé le rock'n'roll, en tous cas il est sûr que sa musique a permis à certains de l'inventer. Il avait un caractère tyrannique et coléreux, mais était aussi travailleur, discipliné, et généreux. L'enfance d'Ike Turner a été très dure, dans un environnement qui ne faisait pas de cadeau. Bref, c'était loin d'être un homme parfait, il avait de grandes qualités et d'énormes défauts, mais c'était une personnalité hors du commun, née à une époque et dans un milieu qu'on a du mal à concevoir aujourd'hui. Tina Turner était une femme d'exception, la seule sans doute à réussir en deuxième partie de sa vie à devenir une star. La vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris publia à sa disparition un long hommage : "Tina Turner parlait un langage universel. A travers sa musique, elle racontait des histoires d'amour et de perte, de triomphe et de douleur, et elle le faisait d'une manière que les gens du monde entier pouvaient comprendre et à laquelle ils pouvaient s'identifier. Ses chansons, et la force avec laquelle elle les chantait, ont ému des millions de personnes. Elle a contribué à faire évoluer la musique de notre pays. Tout au long de sa vie, elle a subi le racisme, le sexisme et la violence conjugale, des expériences auxquelles personne ne devrait jamais être confronté. Mais elle a relevé ces défis avec courage et conviction.

12/2023