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Montagne

Au bout de la corde, la vie, la mort

Qui ne cherche pas à fuir les platitudes du quotidien, à construire des rêves, des crêtes salvatrices ? La montagne est parfois une de ces réponses. Stefan Cieslar, tout à la fois alpiniste et guide de haute montagne, dans cet ouvrage regroupant neuf nouvelles et un poème, confie au papier, autre mur lisse et pourvu d'arêtes invisibles, sa relation complexe à la montagne.Tout au long de ses récits, cette complexité balaie les stéréotypes liés à cette thématique : accomplissement, ivresse des sommets, maîtrise progressive de la pratique et de ses termes. Faisant un usage sobre et parfaitement intégré du lexique technique, le narrateur ne cesse d'interroger le sens de l'univers, à travers des espaces aussi variés que magiques : Chili, Argentine, Mont-Blanc, Oisans, Calanques, du littoral français aux hauteurs de Sarajevo.L'ascension n'est jamais là pour elle seule : elle convoque personnages, passé et présent sans oublier le monde des vallées. C'est ainsi que la solitude du grimpeur voisine souvent avec amitiés, amour ou simples rencontres le temps d'une course.Le motif obsédant du choix tresse chaque épisode : « Choisir, c'est accepter de mourir ». L'éblouissement à l'arrivée n'occulte jamais le sentiment aigu de fugacité ainsi que les doutes.Soif aussi d'ouvrir de nouvelles voies mais en s'appuyant sur le respect des prédécesseurs, en lui adjoignant l'analyse des possibles, surtout dans les moments critiques : percevoir la bonne prise, poser un bon piton, mais aussi savoir lire la fin de l'amour dans un passage difficile.La « grimpe », telle une plaque photographique, fait office de révélateur. Mais cette « révélation » ne suffit pas, le narrateur se donne nécessité de lire les événements, tout au moins de tracer a posteriori la « voie » de ceux qui ont disparu. Cela sans imposer sa vision mais en l'éclairant par le passé, les témoignages des proches. Ils sont là pour rappeler à l'auteur ses propres dilemmes, la « confluence » au cœur de toute existence

02/2015

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Romans historiques

La dernière impératrice d'Annam. Nam Phuong la sacrifiée

Née dans une des familles les plus riches de l'Annam (Vietnam) à l'époque coloniale, Nguyên Huu Thi Lan a fait ses études en France à l'âge de douze ans. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle retourne au Vietnam et devient Impératrice, épouse de Bao Daï, le dernier roi de la monarchie vietnamienne. Elle porte le nom de règne Nam Phuong, c'est-à-dire "Parfum du Sud". Durant le règne de Bao Daï, Nam Phuong est aimée et respectée non seulement par les Vietnamiens mais aussi par les gouverneurs généraux et leurs épouses. Le gouverneur général indochinois Decoux dit que (impératrice Nam Phuong est une femme très bien élevée, disciplinée, une somme des deux cultures, des deux civilisations orientale et occidentale. Sa vie, de son mariage avec Bao Daï jusqu'à sa mort, est traversée des moments les plus tragiques de l'histoire du Vietnam. Splendide, pleine de talents, vertueuse, cette dernière impératrice du Vietnam a connu elle-même un destin tragique. Ayant trop tôt fait confiance à un empereur infidèle, elle se sent toujours seule. Seule catholique à la Cour des Nguyen qui était bouddhiste dans sa majorité. Seule à Huê au moment où Bao Dai est conseiller suprême du gouvernement de la R.D.V. à Nanti(pour élever ses enfants, s'occuper de sa belle-mère. Seule pendant les mois et les années de guerre après le départ de Bao Daï en Chine. Seule avec ses enfants en France après le retour de son époux au Vietnam pour reprendre le pouvoir. Ainsi, la solitude la poursuit jusqu'au dernier moment de sa vie. Cette année marque le 100e anniversaire de sa naissance (1914-2014), ce roman est publié en hommage à cette impératrice qui, durant plus de onze ans (de mars 1934 à septembre 1945), a beaucoup apporté à la dynastie des Nguyên et à la société de l'époque. Durant toute sa vie, elle n'a jamais émis aucune réprobation, aucune plainte.

09/2014

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Philosophie

Correspondance. Tome 4, Janvier 1880 - Décembre 1884

Le tome IV de la correspondance de Nietzsche couvre les années 1880-1884 : cinq années seulement, mais riches en crises et en métamorphoses. Désormais libre de toute attache universitaire, Nietzsche va connaître les plus douloureuses déceptions dans les rapports avec autrui, et les plus souveraines créations, avec Aurore, Le Gai Savoir et la figure nouvelle de Zarathoustra. A l'arrière-plan : lancinante, une douleur indéfinie, un mal-être physique et psychique permanent qui ne connaît que de rares rémissions(lors du "saint Janvier" de janvier 1882) ; des relations de plus en plus difficiles avec sa mère et sa soeur Elisabeth, et la quête souvent déçue d'un "lieu" propice à l'écriture, à Venise - auprès du compositeur Heinrich Köselitz, "Peter Gast", dont il admire et défend la musique -, à Gênes, dans l'anonymat d'un grand port, à Nice, ville un peu trop française, et, en Engadine, "présent inattendu", qu'il découvre alors, séjour fécond de ses étés. Dans cette errance un peu contrainte, entre Suisse et Italie, Nietzsche formule ses pensées les plus secrètes : son affinité avec Spinoza, le défi de l'éternel retour, l'annonce du surhomme, la critique du "dernier homme". Mais à qui confier ces perspectives nouvelles ? Vers quelle petite élite se tourner ? C'est le vieux rêve de Nietzsche. En mai 1882 a lieu la fatale rencontre avec Lou von Salomé à Rome, et se forme le projet naïf d'une "Trinité" avec le froid Paul Rée. Cet épisode bien documenté sera un échec désastreux, qui va conduire Nietzsche à rompre avec sa famille et ses amis wagnériens et le condamner à une solitude de plus en plus irrémédiable. Si les lettres qui témoignent de cet épisode pathétique révèlent les premiers craquements de sa personnalité, elles sont aussi d'une densité, d'une élégance d'écriture et d'une intensité humaine et intellectuelle qui en font sans conteste une des plus bouleversantes correspondances de largue allemande.

03/2015

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Littérature française (poches)

Le Roi des Aulnes

Une enfance frustrée de tendresse, une adolescence humiliée, un métier qu'il juge au-dessous de lui-même ont contribué à faire d'Abel Tiffauges l'ennemi de la société et des hommes qui l'incarnent. Mais un épisode de sa vie d'écolier lui a donné la conviction qu'il existe une secrète complicité entre le cours des choses et son destin personnel : parce qu'il devait ce matin-là comparaître devant le conseil de discipline, il a fait des vœux pour que le collège soit détruit par un incendie. Or, tandis que dans les cas ordinaires ce genre de prière demeure sans effet, cette fois l'incendie libérateur a lieu... Deux passions éclairent et réchauffent sa solitude : la détection des symboles dont il devine la présence autour de lui, et le goût de la chair fraîche. Il hante les étals des bouchers, puis il rôde autour des écoles communales. Il y a en lui du mage et de l'ogre, le premier guidant et secourant le second. C'est ainsi qu'une affaire de viol menaçant de l'envoyer au bagne, la mobilisation de 1939 lui vaut un non-lieu : l'école a encore brûlé ! Fait prisonnier en 1940, il est acheminé vers la Prusse-Orientale. Mais alors que ses compagnons sont accablés par cette plaine infinie et désolée, Tiffauges y voit la terre magique qu'il attendait, et il trouve une étrange libération dans sa captivité. Pays des emblèmes héraldiques et paradis de la chasse, la Prusse-Orientale est exaltée de surcroît par la mythologie nazie et par son culte des symboles et du sang. Deux Ogres majeurs règnent déjà sur ses forêts et sur ses marécages : Göring, l'Ogre de Rominten, grand tueur de cerfs et mangeur de venaison, et Hitler, l'Ogre de Rastenburg, qui pétrit sa chair à canon avec les enfants allemands. Tiffauges devine l'Ogre de Kaltenbor, une ancienne forteresse teutonique où sont sélectionnés et dressés les jeunes garçons appelés à devenir la fine fleur du IIIe Reich.

02/2016

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Poésie

Journal de bord

Un journal de bord retrace, après coup, un chemin parcouru rythmé d'étapes et de haltes. La particularité de celui de Georges Séféris est qu'il est formé de poèmes. Ces recueils sont la marque et le témoignage d'un itinéraire géographique (en sa qualité de diplomate, Georges Séféris se déplaça beaucoup en Europe), historique, le présent de la Grèce reflète celle de l'Antiquité, mais aussi intérieur et existentiel. Il est tout à la fois un voyage à travers le monde et celui à travers la langue. Journal de Bord I, II, IIIregroupe trois recueils qui marquent autant d'étapes dans la production poétique de leur auteur. Le premier, écrit entre 1937 et 1940, le deuxième, entre 1941 et 1944, et le troisième, entre 1953 et 1955, couvrent une période trouble qui va des prémices de la Seconde Guerre mondiale au prélude du drame chypriote. La traduction que propose Vincent Barras tente au plus près de maintenir les spécificités de la langue grecque : rythme sobre et sévère. Poésie consciente et pessimiste, comme sur le retour, elle se refuse à s'abîmer dans les excès du lyrisme. Ses poèmes, déployant plus un monde sonore que musical, parlent plus qu'ils ne chantent. Ou alors ils psalmodient. Yves Bonnefoy, dansLe nom du roi d'Asiné, parle de Georges Séféris en ces termes : "L'auteur du Journal de bordn'est pas de ceux qui plantent sur les tours d'un lyrisme facile les oriflammes de l'éros, pratiqué de façon directe ou détournée mais toujours dans la solitude du moi, supposée rendue légitime par la beauté des paroles. Ses poèmes sont un échange conduit avec quelques proches ou proposé à d'autres personnes pouvant ainsi devenir des proches, dans une relation qui aide à leur liberté. Séféris a tôt et profondément compris que le devenir de l'esprit passait par l'évolution, la révolution, du rapport du moi et de l'autre ; et que cette recherche avait une de ses voies dans la création poétique".

09/2011

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Littérature française

Une femme tout simplement

Une femme tout simplement est le premier roman de Bahaa Trabelsi. Comme son héroïne, Bahaa est une jeune femme moderne. Mais qu'est-ce que la modernité marocaine, concrètement, au seuil du XXI siècle ? Cette question complexe ne pouvait se satisfaire d'une réponse univoque, aussi l'auteur a-t-elle choisi de présenter cette réalité sous toutes ses facettes, sans la trahir ni la caricaturer. Chaque personnage du roman incarne donc une voie, un mode d'évolution possible, quelquefois même une issue. Celle du passage violent et destructeur de la soumission au libertinage incarnée par le destin de "mama" femme-enfant mariée à l'âge de seize ans au père de l'héroïne dont elle remplacera la mère, morte prématurément. Celle du père, rongé par d'innombrables contradictions, tiraillé entre la modernité et la tradition, qui finira par se réfugier sous l'aile sécurisante et opaque de la religion. Enfin celle de Laila bien sûr, véritable et fructueuse quête d'identification par laquelle l'héroïne, d'abord perdue au coeur d'un tourbillon de paradoxes, va peu à peu trouver sa propre recette du bonheur. Brutalement livrée à elle-même lorsqu'elle part faire ses études en France, ivre de liberté et de curiosité, elle se découvre de nouvelles potentialités quelle s'empresse d'expérimenter. Après l'idéalisme du militantisme, les déchirures de la passion, l'amertume de la solitude, vient l'heure du retour aux sources et de la confrontation à soi-même. Puis, enfin, celle de la paix, si longtemps et sans même le savoir recherchée. La voie de Laila, celle du coeur, représente en quelque sorte le point d'équilibre entre toutes les autres, mariant heureusement, mais non sans heurts, tradition et modernité, religion et rationalisme, liberté sexuelle et fidélité, féminité et maternité, travail et famille... Ce roman "initiatique", cousin lointain du Candide de Voltaire, ne se veut ni moraliste ni même didactique. Il reflète, en toute simplicité, le devenir d'une société en mutation.

06/2019

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Littérature française

Reflets dans le canal

Au coeur d'un quartier populaire, animé, bruyant, qu'éclaire seul le canal avec ses arbres et ses écluses, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Jim est resté avec sa mère, une modiste à façon, le père, austère ouvrier fouriériste, les ayant quittés pour "refaire sa vie". C'est lui, l'écolier, plein de la vitalité de l'enfance mais déjà mûri (amoureux secret de la ravissante Ella, l'acrobate), qui protège cette jeune femme marquée par la maladie, courageuse, exigeante, puérile aussi et même quelque peu légère, niant son mal jusqu'à l'entrée tardive à l'hôpital où elle va mourir. Jim venait d'obtenir brillamment le certificat d'études et sa mère espérait le voir au lycée, mais, après avoir découvert tôt la solitude, il lui faut, à guère plus de douze ans, entrer comme "garçon à tout faire" dans une miroiterie où il se sent perdu. Expérience qui va se poursuivre dans la maison de soierie du Sentier où le père - qui a dû le reprendre en charge, veut faire de lui un "calicot" et qui, d'étape en étape, mènera Jim à la réalisation de lui-même à travers ses épreuves, ses interrogations sur un père qui le méjuge et doute de sa paternité, à qui il se sent, pourtant, en profondeur, ressembler, la découverte de l'amitié, la première expérience sexuelle, et tarifée, rue Saint-Denis, son idylle avec Ella, l'amour d'enfance retrouvé ; mais aussi l'irruption dans sa vie de personnes comme le cynique et clairvoyant Vérème, secrétaire de rédaction d'un quotidien de Bourse, qui lui fera acquérir une culture et, par défi lancé aux habitudes, en plein monde boursier devenu fou à l'approche du grand krach, assurera sa formation de journaliste et d'homme de réflexion. On ne peut qu'être séduit par la grâce et l'émotion, par la simplicité de l'écriture de ce roman de formation.

05/1986

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Littérature française

Le dernier kaléidoscope

"André Wurmser naquit peu avant le siècle et, après des études baroques, exerça des métiers désagréables. Gallimard publia son premier roman en 1929. Romancier, nouvelliste, essayiste, Conseils de révision obtint le Grand Prix de la critique et La comédie inhumaine a projeté une lumière que certains disent nouvelle et d'autres trop crue sur les rapports de Balzac, de son oeuvre et de son temps avec l'argent, il écrit, dans le même sens, depuis près de quarante ans, un "billet" quotidien. Ce n'est donc pas sans raison que ses mémoires s'intitulent Fidèlement vôtre et que la plupart des critiques ont parlé de son amour des hommes. C'est justement à propos du Nouveau kaléidoscope qu'André Stil écrivit : "Chaque matin, dans son miroir, il nous voit." Le dernier kaléidoscope, comme les deux précédents recueils, se compose de nouvelles brèves. Elles sont de toutes les couleurs, du riant au sévère, et de tous les temps, de 1910 à l'an 2000. La plus courte a quelques lignes, la plus longue quelques pages. Le dernier kaléidoscope est encadré de deux tout petits romans. Le tueur de l'Yonne a quelque chose du roman policier : plusieurs crimes et, au bas mot, un assassin. Qui ? Lui ? Déjà, une nouvelle de Courrier de la solitude affirmait que "les choses sensuelles sont secrètes et terribles". Mais Le tueur de l'Yonne est surtout une interrogation sur la fragilité des images et l'instabilité de la confiance. La conscience professionnelle a quelque chose d'un roman historique. Le journaliste de province dont est rapportée la longue carrière est banal : c'est sa force. Ses billets quotidiens, débordant de bon sens, de sarcasmes amusants et d'opinions rassurantes, paraissent du début des années trente à la fin des années soixante, avec une courte interruption après juillet 1944. Ainsi nous est-il rappelé ou appris comment ces années ont été ressenties et vécues, sinon par M. Tout-le-monde, du moins par son porte-parole." Bulletin Gallimard n° 313, mars 1982.

03/1982

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Théâtre

Combat de nègre et de chiens. (suivi des) Carnets

" Combat de nègre et de chiens ne parle pas, en tout cas, de l'Afrique et des Noirs - je ne suis pas un auteur africain -, elle ne raconte ni le néocolonialisme ni la question raciale. Elle n'émet certainement aucun avis. Elle parle simplement d'un lieu du monde. On rencontre parfois des lieux qui sont des sortes de métaphores, de la vie ou d'un aspect de la vie, ou de quelque chose qui me paraît grave et évident, comme chez Conrad par exemple les rivières qui remontent dans la jungle... J'avais été pendant un mois en Afrique sur un chantier de travaux publics, voir des amis. Imaginez, en pleine brousse, une petite cité de cinq, six maisons, entourée de barbelés, avec des miradors ; et, à l'intérieur, une dizaine de Blancs qui vivent, plus ou moins terrorisés par l'extérieur, avec des gardiens noirs, armés, tout autour. C'était peu de temps après la guerre du Biafra, et des bandes de pillards sillonnaient la région. Les gardes, la nuit, pour ne pas s'endormir, s'appelaient avec des bruits très bizarres qu'ils faisaient avec la gorge... Et ça tournait tout le temps. C'est ça qui m'avait décidé à écrire cette pièce, le cri des gardes. Et à l'intérieur de ce cercle se déroulaient des drames petits-bourgeois comme il pourrait s'en dérouler dans le seizième arrondissement : le chef de chantier qui couchait avec la femme du contremaître, des choses comme ça... Ma pièce parle peut-être un peu de la France et des Blancs : une chose vue de loin, déplacée, devient parfois plus déchiffrable. Elle parle surtout de trois êtres humains isolés dans un lieu du monde qui leur est étranger, entourés de gardiens énigmatiques. J'ai cru - et je crois encore - que raconter le cri de ces gardes entendu au fond de l'Afrique, le territoire d'inquiétude et de solitude qu'il délimite, c'était un sujet qui avait son importance. "

10/1996

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Littérature étrangère

La Leçon d'anatomie

La Leçon d'anatomie constitue le troisième volet du triptyque Zuckerman, ouvert avec L'écrivain des ombres et poursuivi par Zuckerman délivré. Nous retrouvons l'auteur de Carnovsky terrassé par un mal mystérieux, épouvantable douleur de la nuque et de l'épaule, rebelle à tout traitement, qui le contraint à porter un col orthopédique et à passer la quasi-totalité de son temps allongé sur un tapis de jeu dans son cabinet de travail, la tête sur le Roget's Thesaurus, dans l'incapacité absolue d'écrire la moindre ligne. Quatre femmes se relaient au chevet du grabataire : Gloria, l'épouse lascive, aimante et ô combien infidèle de son richissime conseiller en investissements ; Diana, l'étudiante de la H.S.P. qui, à vingt ans, semble vouée, depuis dix ans déjà, à n'éveiller chez tous les hommes que le fameux cochon endormi ; Jaga, la petite émigrée polonaise qui déteste l'Amérique, son optimisme et les questions des écrivains ; et enfin Jenny, la saine, la dévouée Jenny, qui s'est installée pour peindre dans un minuscule village de montagne et lui propose de l'y rejoindre pour une cure de solitude. Accablé par son mal et la quête incessante d'un quelconque remède, incapable de savoir s'il écrira de nouveau ne fût-ce qu'une ligne, il faut encore que le malheureux Nathan subisse les attaques d'un auteur et critique juif, universitaire universellement respecté, Milton Appel, qui le taxe carrément d'antisémitiste. C'est alors que sa mère meurt, emportée en quelques semaines par une tumeur foudroyante, d'abord mal diagnostiquée. Cette ultime crise convainc Zuckerman de renoncer à la littérature pour reprendre des études à l'université de Chicago et devenir... obstétricien, car il doit bien cela aux femmes. Si l'on éclate de rire entre deux sanglots à chaque page de cette histoire parfaitement sinistre, c'est que l'humour reste bien l'exquise politesse des rois du désespoir, dont Nathan Zuckerman, pardon, Philip Roth, constitue l'archétype.

05/1985

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Religion

Baiser à baiser

Le titre de ce livre fait écho à l'ouverture du Cantique des Cantiques (1, 2) que Guillaume de Saint-Thierry, moine cistercien du XIIe siècle, a commenté ainsi : Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche ! C'est fini ! Je ne veux plus de baisers étrangers (Dieu qui lui parle par l'Ecriture, et les prophètes). J'exige d'être enseigné ouvertement sur Dieu, face à face, les yeux dans les yeux, baiser à baiser. Béatrice de Nazareth, moniale cistercienne contemporaine de Guillaume de Saint-Thierry, prolonge ainsi sa réflexion : L'âme aimante ressent alors que tous ses sens sont unifiés dans l'amour et que sa volonté est devenue amour, et qu'elle est tout entière devenue amour : la beauté de l'amour l'a assimilée, la puissance de l'amour l'a dévorée, la douceur de l'amour l'a absorbée, la grandeur de l'amour l'a engloutie, la noblesse de l'amour l'a embrasée, la pureté de l'amour l'a ornée, la dignité de l'amour l'a exaltée et l'a tellement unie à lui qu'elle doit lui appartenir tout entière et ne peut s'occuper que de lui. De Solitude graciée, le premier livre du moine cistercien Yves Girard qui allait faire découvrir au public un grand mystique de notre époque, à Baiser à Baiser, l'auteur nous aura offert un parcours original et essentiel de la spiritualité chrétienne et ses thèmes fondamentaux : le pardon, la réconciliation avec soi, le don de l'amour divin, la tendresse du Père, le désir amoureux de Dieu, en un mot tout ce qui donne sens à nos attentes, à notre pèlerinage à travers chemins de lumière et parfois sentiers interrompus. Baiser à baiser est le couronnement d'une activité d'écriture qui a nourri l'intériorité des milliers de lecteurs habité par une vérité consolante : toute recherche spirituelle à son sommet est un Cantique des Cantiques, un chant d'amour.

04/2019

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Littérature étrangère

La trace

Le road movie mélancolique qui conduit Dale et Hoa sur les routes du désert, au Texas puis au Mexique, semble ne pas avoir de lien avec la première scène du roman, irruption anonyme d'une violence à l'état pur, où l'on assiste à l'agression dans sa salle de bains d'un homme vêtu d'un t-shirt Redskins. Dale fait des recherches sur Ambrose Bierce, l'écrivain mort mystérieusement en 1913 après avoir rejoint la révolution mexicaine. C'est sur ses traces qu'il emmène sa femme, Hoa, plongée dans une profonde dépression suite à la disparition de leur fils. L'angoisse les étouffe dans le huis clos de l'habitacle, les heures s'égrènent difficilement, à peine rythmées par quelques arrêts dans des lieux désolés. Tout va de mal en pis quand leur voiture tombe en panne, les laissant sans eau et sans aucun moyen d'appeler des secours. Sous la plume précise de Forrest Gander, la solitude de ces êtres perdus, aveuglés par leur chagrin, devient palpable. En parallèle de leurs tentatives de s'en sortir, se poursuit un autre fil narratif : le mystérieux agresseur du début fait partie d'une bande de narcotrafiquants. Leur butin est entreposé dans une grotte où Dale a fini par trouver refuge. Et le t-shirt Redskins n'est pas loin... Forrest Gander entrelace de manière fascinante les deux intrigues, rendant plus inquiétante encore, comme à leur insu, l'équipée de Dale et Hoa. Ils ne parviennent pas à déchiffrer les événements dont ils sont les témoins, ne mesurent pas le danger qu'ils courent. Le roman s'achève dans un final incendiaire - dont les protagonistes sortiront vivants, mais profondément transformés. Ce western tragique puise sa source dans la sombre beauté du territoire où il est ancré : âpre, implacable, minéral - admirablement évoqué par un poète géologue qui incarne le désert comme le personnage essentiel de son roman.

02/2016

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Littérature étrangère

La pointe de l'aiguille. Nouvelle inachevée...

« C'est à la cime du particulier qu'éclot l'universel » Marcel Proust Si ce court roman de Youri Maletski raconte le destin extraordinaire d'une femme, Galia Atlivannikova, dans la Russie du XXème siècle, il est avant tout une profonde réflexion sur la mort et le vieillissement. L'action se déroule durant les derniers jours de la longue vie de cette femme qui, à l'orée de ses 90 ans, jette un regard rétrospectif sur son existence heureuse, jusqu'au dernier tiers de sa vie, mais où la mort quasi successive de sa mère, de sa fille et de son mari rompt définitivement les fils qui la reliaient au Monde. Après ces drames, et l'âge aidant, Galia perdra peu à peu la vue, puis l'ouïe et se repliera sur elle même, dans son petit appartement, empreinte à la solitude et à la vulnérabilité, aux souvenirs surtout, attendant que la mort vienne frapper à sa porte. L'originalité du roman de Youri Maletski tient du point de vue qu'il choisit au fil de son récit : rédigé à la première personne, il nous donne à voir de l'intérieur comment l'individu appréhende les différentes étapes de la vieillesse. Il devient ainsi un guide plein d'espoir pour tous ceux d'entre nous qui sont, ont été ou seront confrontés au vieillissement d'un proche. Car au-delà d'une apparente perte de contact avec ses proches, avec le réel et le quotidien, Youri Maletski, nous ouvre une fenêtre sur l'extrême richesse de la vie intérieure et de la relation au monde de l'homme au crépuscule de sa vie. La pointe de l'aiguille, enfin, entremêle petite et grande histoire. Ainsi va le lecteur de la guerre civile russe aux années 1937-1938, période de la grande terreur, de la seconde guerre mondiale à l'ère brejnevienne, entrainé par des ressorts narratifs ou l'histoire le dispute à l'intime.

03/2017

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Romans historiques

Louis XIV. La vie du grand roi

De ses premières années de règne, le petit Louis Dieudonné, sacré roi à l'âge de cinq ans, tire un caractère inflexible. Le roi doit incarner le pouvoir, savoir écouter mais surtout être capable de commander. C'est fort de ces principes que Louis le Quatorzième instaurera un régime absolutiste. Le Roi Soleil, roi de droit divin, guide la France vers l'âge d'or qu'il lui a promis, avec ses succès politiques, ses conquêtes militaires, ses doutes et ses craintes, sa rivalité avec Fouquet et son désir de briller et de marquer l'Histoire. Mais le monarque est aussi un séducteur irrésistible, quoique fidèle, et un homme sensible aux beaux-arts et passionné de danse. Après ces années de puissance et de gloire pourtant, le soleil de la vie décline. Et les courtisans grelottent dans le château de Versailles aux deux mille pièces qu'on ne réussit pas à chauffer. La prière et les messes ont remplacé les spectacles et les ballets. La guerre, la chasse aux protestants, la maladie rendent la vie de Cour toujours austère, parfois sinistre. C'est l'hiver du grand roi. Et dans ce long crépuscule Louis XIV révèle un courage physique et moral qui fascine. Jusqu'aux dernières heures de sa vie, il lutte. Il gouverne. De sa plume de conteur, l'écrivain nous dévoile l'intimité de Louis XIV, les jeux mondains de la cour, la solitude de celui qui gouverne malgré la foule qui l'entoure en permanence, les blessures d'un homme qui voit la mort faucher ceux qu'il aime, et cette transformation progressive d'un souverain jouisseur et séducteur en un roi pieux qui songe à son Salut sans jamais renoncer à être le Grand Roi. C'est un Louis XIV proche et terriblement humain que Max Gallo nous donne ici à découvrir, un Louis XIV dont il nous permet de pénétrer, et c'est là l'une des grandes réussites du livre, les plus intimes pensées.

08/2015

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Littérature française

Le cri du coeur

Maman, "J'ai entendu ton appel au secours. Que puis-je faire pour toi ?" Sa réponse : me sauver la vie ma fille. Ne m'abandonnes pas là. Si je suis obligée de rester ici, je préfère en finir maintenant. Suite aux supplications de ma mère de ne pas finir ses jours dans cette Institution de retraite au milieu de gens inconnus, souvent déstabilisés, désorientés, le regard perdu à se demander comment ils ont pu en arriver là et qu'est ce qu'ils ont bien pu faire pour mériter de terminer leur vie dans la solitude et l'ennui, seuls désespérément seuls. J'ai pourtant tout entendu. On m'avait dit lorsque j'avais à peine l'intention de prendre maman chez moi et de m'en occuper : "Vous allez faire comment ? Pour votre maman il n'y a plus rien à faire à 91 ans et dans un tel état de dépendance"... L'avis de maman différent : "ne doutes pas de tes capacités pour t'occuper et prendre soin de moi ma fille, ce n'est pas la première fois et j'étais en bien meilleure santé. Il faut dire quelle à une force de caractère exceptionnelle, une volonté de fer et un courage à toute épreuve. "Tant qu'il y a la vie, il y a de l'espoir" ! "Ecoutez votre coeur" si vous avez décidé envers et contre tous de vous occupez d'un proche dépendant. Si vous pensez lui apporter votre soutien et un peu de bonheur, n'hésitez pas... Notre histoire est une histoire comme on en voit tous les jours. J'écris aussi pour tous ceux qui ont le coeur en peine et qui souffrent. Ce sont leurs difficultés que j'évoque dans ce manuscrit. Soigner leurs blessures affectives, c'est tellement important. On ne peut pas s'en sortir seul. Sans tendresse, sans affection, sans amour.

04/2015

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Littérature française

Le capitaine richard. Tome 1

A dix-huit lieues à peu près de Munich, que le Guide en Allemagne de MM. Richard et Quetin désigne comme une des villes les plus élevées non seulement de la Bavière, mais encore de l'Europe ; à neuf lieues d'Augsbourg, fameuse par la diète où Mélanchthon rédigea, en 1530, la formule de la loi luthérienne ; à vingt-deux lieues de Ratisbonne, qui, dans les salles obscures de son hôtel de ville, vit, de 1662 à 1806, se tenir les Etats de l'Empire germanique, s'élève, pareille à une sentinelle avancée, dominant le cours du Danube, la petite ville de Donauwoerth. Quatre routes aboutissent à l'ancienne cité où Louis le Sévère, sur un injuste soupçon d'infidélité, fit décapiter la malheureuse Marie de Brabant : deux qui viennent de Stuttgart, c'est-à-dire de France, celles de Nordlingen et de Dillingen, et deux qui viennent d'Autriche, celles d'Augsbourg et d'Aichach. Les deux premières suivent la rive gauche du Danube ; les deux autres, situées sur la rive droite du fleuve, le franchissent, en arrivant à Donauwoerth, sur un simple pont de bois. Aujourd'hui qu'un chemin de fer passe à Donauwoerth et que les steamers descendent le Danube d'Ulm à la mer Noire, la ville a repris quelque importance et affecte une certaine vie ; mais il n'en était point ainsi vers le commencement de ce siècle. Et, cependant, la vieille cité libre qui, dans les temps ordinaires, semblait un temple élevé à la déesse Solitude et au dieu Silence, présentait, le 17 avril 1809, un spectacle tellement inusité pour ses deux mille cinq cents habitants, qu'à l'exception des enfants au berceau et des vieillards paralytiques qui, les uns par leur faiblesse et les autres par leur infirmité, étaient forcés de tenir la maison, toute la population encombrait ses rues et ses places, et particulièrement la rue à laquelle aboutissent les deux routes venant de Stuttgart et la place du Château.

02/2023

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Actualité et médias

Les Sarkozy. Une famille française

L'histoire française des Sarkozy commence en décembre 1948, lorsque Pal Sarkozy, réformé de la Légion étrangère, arrive à Paris. Il a faim, il a froid, il est seul et sans le sou. Presque soixante ans plus tard, son fils Nicolas rêve de dormir à l'Élysée. De Pal à Nicolas Sarkozy, une seule génération a tracé cette trajectoire inouïe. Une famille française retrace la saga des Sarkozy, dans les steppes de la Hongrie impériale puis soviétique, et aussi à Salonique, en Corrèze pendant l'Occupation, à Paris, à Neuilly. A travers la France de Vichy, les Trente Glorieuses et les premières années de l'ascension de Nicolas Sarkozy se dessine le récit d'une famille singulière, avec ses victoires et ses mensonges. Repliée dans sa mémoire d'exil, la vérité de Pal Sarkozy s'effrite entre les mots : le château en Hongrie, la noblesse, la Légion, la réussite... A ses enfants de démêler le vrai du faux. Andrée Sarkozy, la mère, fille d'un immigré juif, amoureuse du Hongrois flambeur et flamboyant, mariée puis abandonnée, s'est battue pour élever ses trois fils dans les beaux quartiers. Devenue avocate après son divorce, elle a imposé son énergie à ses proches, tandis que le grand-père, le docteur Benedict Mallah, veillait sur la nichée. Dès l'enfance, Nicolas s'est construit en butte au père absent, dans la violence du ressentiment, souffrant de sa taille et de sa solitude. Il s'est fait une place tardive dans la famille, mais au premier rang, sous les projecteurs dont il a raffolé très vite. Rien ne le prédestinait à la politique, devenue dès l'adolescence une passion dévorante. Parce qu'un homme est la somme de ses origines, parce que son destin s'esquisse dès l'enfance, parce qu'il se bâtit sur ce qui est donné, ce qui est tu et ce qu'il faut prendre, raconter la famille de Nicolas Sarkozy, c'est une autre manière de parler de lui.

10/2006

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Indépendants

Le Voyageur

Le plus grand voyage est intérieur... Un homme se retrouve malgré lui coincé à l'intérieur du tableau de La Joconde. Arpentant ses paysages, il fait d'étranges rencontres qui lui révèlent progressivement la formule pour briser sa solitude : nul ne peut trouver l'amour sans avoir au préalable pris soin de s'aimer soi-même. Résumé : Patrick, gardien de musée au Louvre, passe ses journées avec La Joconde. Mais à force de la voir toute la journée, sourire en coin et bras croisés, le gardien ne la supporte plus. Jusqu'à ce que Mona Lisa l'appelle à le rejoindre... à l'intérieur du tableau ! Le début : Patoche est de service dans une des salles du musée du Louvre, celle où se trouve le tableau de Léonard de Vinci. Il est debout, mains jointes devant lui, il en est le gardien du jour. Il regarde les gens qui s'aiment et les déteste. Alors qu'un troupeau de visiteurs s'émerveille par convention devant l'étonnamment minuscule tableau de La Joconde, le gardien n'est fasciné que par les jolies jambes de la guide. Mais Patoche est comme invisible, personne ne le remarque jamais et la guide, passionnée, ne manifeste d'intérêt que pour ce stupide tableau : " Il n'y a pas de portrait souriant avant la Joconde, Léonard de Vinci l'a inventé... Et regardez ces deux paysages, l'un semble habité par les hommes, l'autre est comme un paysage imaginaire. Certains commentateurs estiment qu'il s'agit d'une sorte de paysage intérieur. . ". Le lendemain matin, c'est un mardi, jour de fermeture du musée. Le chef de service demande à Patoche de vérifier l'état de la salle de la Joconde. " Encore elle ! " pense-t-il. Mais il ne bronche pas car Patoche obtempère toujours. Alors qu'il scrute chaque endroit de la salle, il entend une voix semblant venir du tableau et l'appelant : " VIENS ! ... "

03/2023

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Biodiversité, nature

John Muir. Le souffle de la nature sauvage

Louis-Marie Blanchard nous entraîne, de la Californie à l'Alaska, dans les pas de John Muir (1838-1914), un homme au parcours hors du commun, né en Ecosse et émigré en Amérique du Nord à l'âge de onze ans, qui n'eut de cesse de s'interroger sur notre place au sein de la nature et du sens qu'il devait donner à sa propre existence. Sauver les séquoias géants et la somptueuse vallée du Yosemite, protéger les derniers espaces de vie sauvage des Etats-Unis, John Muir en a tôt fait sa raison de vivre : "J'ai attaché mon chariot à une étoile." Tour à tour inventeur, berger, botaniste, géologue, arboriculteur, naturaliste, écrivain talentueux et marcheur au long cours, avant tout fasciné par la dimension mystique et sensuelle de la nature sauvage, il est aussi l'un des pères des parcs nationaux américains. Marqué par la lecture de Humboldt, Marsh et Thoreau, habité par un sentiment d'urgence et témoin de l'industrialisation à marche forcée de son pays d'accueil, il sera le fondateur inspiré du Sierra Club, la plus grande société de protection de la nature aux Etats-Unis. Passionnément amoureux de la nature sauvage et de la solitude, l'infatigable "préservateur" va s'éteindre en 1914 après un ultime combat pour prévenir la submersion de la vallée de Hetch Hetchy. Très respecté aux Etats-Unis, John Muir fait partie de la poignée d'hommes qui ont favorisé une véritable prise de conscience écologique et engendré le mouvement écologiste américain. Au moment où les défis écologiques deviennent monumentaux, le message de John Muir et de ses successeurs les plus marquants nous offre une approche renouvelée de la nature qui ne doit plus être perçue comme un espace à conquérir mais comme un ensemble harmonieux, un sanctuaire incluant les sols, les eaux, les plantes et les animaux, un héritage commun a tous les êtres, qui doit impérativement être l'objet de notre respect et de notre considération.

03/2021

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Terreur

Sortilèges nocturnes

Dix-huit nouvelles fantastiques, parmi les meilleures d'un des plus grand noms de l'Imaginaire francophone Les dix-huit nouvelles fantastiques rassemblées ici ont pour caractéristique d'être parmi les meilleures qu'ait signées l'un des plus grands noms de l'Imaginaire francophone. Chacune d'elles a été révisée et commentée par l'auteur. Elles sont précédées d'un avant-propos de Richard Comballot, et suivies d'une postface biobibliographique de Katarzyna Gadomska. Ce volume constitue, en quelque sorte, le jumeau fantastique de 'Demain le monde', la somme science-fictive publiée en 2013 aux éditions Le Bélial'. Soyez prévenus : vous entrez en territoire andrevonien. Une contrée façonnée par cinq décennies de pratique assidue de l'ouvrage littéraire, entièrement vouée aux sortilèges du rêve. Vous l'abordez qui plus est dans sa phase nocturne. Celle que baigne une indécise clarté lunaire, propice à toutes les rencontres, aux étranges découvertes - aux grandes frayeurs aussi. Une femme à la beauté dévorante attend sur un banc des amants de passage un peu trop confiants. Les animaux empaillés d'un musée vous observent de leur oeil de verre trop peu fixe pour être tout à fait rassurant. L'habitant de l'immeuble d'en face se révéle le plus grand des mystères, et une poupée au joli teint de porcelaine s'avère plus féroce que des monstres antédiluviens aux crocs acérés. Une inondation qui submerge tout risque de vous entraîner inexorablement à votre ultime demeure. Les membres réunis d'une famille attendent leurs défunts pour le repas du Jour des morts. Et que penser des surprises que révèle une fenêtre ouverte sur un paysage mémoriel, ou de ces secrets enfouis dans les mémoires enfantines que ressuscite la silhouette d'un chat sous la Lune ? Enfance, solitude et trépas sont des thèmes qui se déclinent de multiples manières. Celles que met en oeuvre Jean-Pierre Andrevon ont le mérite d'une originalité célébrant le genre fantastique en lui donnant une seconde jeunesse.

03/2023

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Science-fiction

Le testament d'un enfant mort

En 1978, Philippe Curval imagine le regard d’un nouveau-né sur un monde sans avenir. XXIe siècle. Un mal mystérieux et incurable frappe les nouveaux-nés du monde entier : après quelques mois d’une maturation psychologique accélérée, l’enfant dépérit et meurt immanquablement. Après la mise au point d’un enregistreur-décodeur, l’humanité est enfin capable d’entrer dans l’esprit de ces enfants et d’en saisir les ressorts suicidaires. Trop tard, sans doute. Bienvenue dans le monde sans espoir des « hypermaturés ». À travers une écriture viscérale, Philippe Curval nous plonge avec délectation dans les méandres émotionnels, fantasmatiques et primordiaux du nouveau-né, et confronte la vision de l’enfant en construction à une société sourde et aveugle. Chez Curval, l’humanité court à sa perte en privilégiant sa soif d’expansion, de domination et de conquête, au détriment de l’essentiel, symbolisé par cet enfant incompris dont nous partageons les découvertes, l’incompréhension, la solitude, la curiosité et finalement le désir de mort. Ceux qui découvrent Philippe Curval aujourd’hui ne savent sans doute pas tout ce que la science-fiction hexagonale lui doit. Né le 27 décembre 1929 à Paris, il s’y livre corps et âme dès le début des années 1950 et ne cessera jamais de l’enrichir de son imagination sans limites et de son style dynamique. Toujours actif – voir son blog www.quarante-deux.org – Curval est resté un ardent défenseur du genre et un visionnaire iconoclaste et libre. « Dyschroniques » exhume des nouvelles de science-fiction ou d’anticipation, empruntées aux grands noms comme aux petits maîtres du genre, tous unis par une même attention à leur propre temps, un même génie visionnaire et un imaginaire sans limites. À travers ces textes essentiels, se révèle le regard d’auteurs d’horizons et d’époques différents, interrogeant la marche du monde, l’état des sociétés et l’avenir de l’homme. Lorsque les futurs d’hier rencontrent notre présent...

01/2013

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Littérature française

Le capitaine richard. Tome 2

A dix-huit lieues à peu près de Munich, que le Guide en Allemagne de MM. Richard et Quetin désigne comme une des villes les plus élevées non seulement de la Bavière, mais encore de l'Europe ; à neuf lieues d'Augsbourg, fameuse par la diète où Mélanchthon rédigea, en 1530, la formule de la loi luthérienne ; à vingt-deux lieues de Ratisbonne, qui, dans les salles obscures de son hôtel de ville, vit, de 1662 à 1806, se tenir les Etats de l'Empire germanique, s'élève, pareille à une sentinelle avancée, dominant le cours du Danube, la petite ville de Donauwoerth. Quatre routes aboutissent à l'ancienne cité où Louis le Sévère, sur un injuste soupçon d'infidélité, fit décapiter la malheureuse Marie de Brabant : deux qui viennent de Stuttgart, c'est-à-dire de France, celles de Nordlingen et de Dillingen, et deux qui viennent d'Autriche, celles d'Augsbourg et d'Aichach. Les deux premières suivent la rive gauche du Danube ; les deux autres, situées sur la rive droite du fleuve, le franchissent, en arrivant à Donauwoerth, sur un simple pont de bois. Aujourd'hui qu'un chemin de fer passe à Donauwoerth et que les steamers descendent le Danube d'Ulm à la mer Noire, la ville a repris quelque importance et affecte une certaine vie ; mais il n'en était point ainsi vers le commencement de ce siècle. Et, cependant, la vieille cité libre qui, dans les temps ordinaires, semblait un temple élevé à la déesse Solitude et au dieu Silence, présentait, le 17 avril 1809, un spectacle tellement inusité pour ses deux mille cinq cents habitants, qu'à l'exception des enfants au berceau et des vieillards paralytiques qui, les uns par leur faiblesse et les autres par leur infirmité, étaient forcés de tenir la maison, toute la population encombrait ses rues et ses places, et particulièrement la rue à laquelle aboutissent les deux routes venant de Stuttgart et la place du Château.

02/2023

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Littérature française

Une vieille histoire. Nouvelle version

Sous le titre, ces mots : "nouvelle version". Que veulent-ils donc dire ? "Nouvelle" renvoie, de toute évidence, à une autre version, "originale". Mais quel écart veut-on ainsi marquer ? Le "nouveau" livre efface-t-il le "premier", qui n'en serait dès lors qu'une partie, ou une tentative manquée, incomplète ? Si l'écriture d'un livre est une expérience, la publication y met un terme, définitif. Or, pour une fois - la parution, en 2012, d'un récit en deux chapitres sous le titre Une vieille histoire -, cela n'a pas été le cas. Pourquoi, je ne sais pas ; toujours est-il qu'un jour j'ai constaté que le texte, comme un revenant, continuait mystérieusement à produire. Il a donc fallu recommencer à écrire, comme s'il n'y avait pas eu de livre. Curieuse expérience. Plutôt qu'une continuité, un changement de plan. Demeure le dispositif : à chaque chapitre, sept maintenant, un narrateur sort d'une piscine, se change, et se met à courir dans un couloir gris. Il découvre des portes, qui s'ouvrent sur des territoires (la maison, la chambre d'hôtel, le studio, un espace plus large, une ville ou une zone sauvage), lieux où se jouent et se rejouent, à l'infini, les rapports humains les plus essentiels (la famille, le couple, la solitude, le groupe, la guerre). Ces territoires parcourus, ces rapports épuisés, la course s'achève : dans la piscine, cela va de soi. Puis, tout recommence. Pareil, mais pas tout à fait. Or sept, ce n'est pas juste deux plus cinq. La trame, qui tisse entre eux la chaîne des territoires et des rapports humains, se densifie, se ramifie. Les données les plus fondamentales (le genre, l'âge même du ou des narrateur/s) deviennent instables, elles prolifèrent, mutent, puis se répètent sous une forme chaque fois renouvelée, altérée. La course, stérile au départ, devient recherche, mais de quoi ? D'une percée, peut-être, sans doute impossible, ou alors la plus fugace qui soit, mais d'autant plus nécessaire. J. L.

03/2018

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Littérature francophone

Sois la bienvenue

"Cette histoire, c'est la mienne, celle de ma grand-mère Marcelle surtout, mais aussi celle de Malou, mon arrière-grand-mère. Trois histoires entremêlées et reliées à René Char par des sentiments aussi simples et opposés entre eux que la haine et l'amour. Tout avait commencé par un drame d'une incroyable banalité. De ceux qui étaient moins dus à l'inconduite des filles qu'à la lâcheté des hommes. Marie-Louise Bègue, dite Malou, était une enfant abandonnée. Une pupille de l'Assistance comme on dirait plus tard. Elle avait grandi, comme l'écrasante majorité des enfants assistés, dans la souffrance, la solitude et l'humiliation. Mais à 17 ans, elle avait connu l'amour. Un amour aussi bref et puissant que l'aphorisme d'un poète, ou le ressac d'une vague. Un court instant volé à l'insouciante jeunesse, une histoire terminée avant d'avoir commencé". De cet amour caché avec René Char alors âgé de 25 ans, Malou, employée au service de la famille Char, a donné naissance à Marcelle en 1933, après avoir été chassée de L'Isle-sur-la-Sorgue par la mère de René Char. Marcelle, adulte, a retrouvé son père, à qui elle a rendu des visites régulières, aux Busclats, sa demeure de L'Isle-sur-la-Sorgue, avec qui elle a échangé une correspondance sur plusieurs années. Mais elle n'a pas été reconnue officiellement. Alice a entrepris une reconnaissance d'ADN, par un laboratoire américain, grâce à un timbre d'une lettre de René Char, et la salive de sa grand-mère. Résultat après observation des marqueurs génétiques des deux échantillons : la probabilité que René Char soit le père de Marcelle est de 99, 9913%. C'est par amour pour sa grand-mère, par besoin que la vérité soit faite, qu'Alice Casado enquête : elle raconte l'histoire familiale qu'elle a ainsi reconstituée, et une histoire de la société française qui court sur le XXe siècle.

05/2021

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Psychologie, psychanalyse

La portée du désir ou La psychanalyse même

Avec cette approche visant la spécificité du désir il importait d'abord de le libérer d'une réduction qui n'y verrait qu'une force, une énergie, au seul repérage économique, ou qu'une pulsion biologique, de vie ou de mort, en marge des mécanismes mentaux et de sens. Car le désir est fondamentalement lié aux représentations, aux signifiants qui les constituent, à leurs articulations menant au sens dans la pensée et le langage. On sait depuis Freud que le rêve représente le désir et son accomplissement, et selon la double potentialité de l'inconscient, d'oubli, de refoulement, ou au contraire de résurgences signifiantes. Si le désir mène certainement à la satisfaction des plaisirs, il vise, essentiellement, un dépassement, grâce aux effets de la négation, vers un inconnu, à condition que celui-ci soit identifiable, accepté, et puisse ainsi conduire à des questions, sources de toutes recherches et de découvertes, au-delà des illusions, des fantasmes, dans la réalité même. Le désir atteint toute sa portée d'inconnu quand se manifeste la finitude, celle du savoir, du pouvoir. L'" objet de perspective ", cause et objet du désir, centre la liaison active à l'inconnu, où s'orientent les cinq champs des idéaux humains et leurs sublimations tant de la haine que de l'amour sexuel. Ainsi le désir anime les fantasmes originaires qui eux-mêmes organisent les axes des grands mythes servant à saisir et dominer l'inconnu, et surtout celui de la mort. Il y a lieu cependant de cerner une idéalisation du désir lui-même lorsqu'une surenchère narcissique pousse aux excès de l'austérité et du masochisme, au retrait de la solitude, ou aux confins de la passion ou des délires, avec la mort comme enjeu dans les violences sociales ou le suicide. Enfin les rapports entre le désir et la Loi impliquent un franchissement réciproque : la Loi surmonte le désir, mais en est le produit ; et le désir a le pouvoir de transgresser la Loi qui lui donne les moyens de se réaliser.

12/1996

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Littérature française

Et, refleurir

Un premier roman qui rend hommage aux rêves déraisonnables, au courage d'une héroïne quittant le Cameroun pour s'accomplir en France. Depuis son plus jeune âge, Andoun rêve d'un ailleurs. Son père le lui a suffisamment répété : elle est spéciale. Alors elle a fini par le croire. Ses nuits sont peuplées de champs aux fleurs étranges, des boules d'un jaune hypnotisant qui la poussent à imaginer d'autres vies, loin du chemin connu. Quand elle quitte le village de Nyokon et ses plants d'arachide pour rejoindre sa soeur à Douala, elle se voit déjà dans le grand bâtiment blanc de l'école. Mais chez cette soeur qui a fait un " beau mariage ", la pluie tombe souvent le soir, et les contraintes domestiques privent les filles de devenir écolières. Mais en grandissant, Andoun se découvre une arme imparable : la finesse convoitée de sa peau pâle. Une arme à double tranchant... Quand, à seize ans, elle tombe enceinte d'un militaire qui fuit ses responsabilités, on lui impose un mari en la personne d'un pêcheur, aussi peu regardant que séduisant. Mais l'odeur de poisson qui s'incruste dans les vêtements de sa petite Freya lui donne le courage de dire non. Du Cameroun à la France, des salons de beauté pour Blancs de Douala où elle gagne ses premiers salaires aux ménages dans des tours parisiennes qui lui usent le corps, des hommes qui trahissent à la solitude qui révèle, du poids des traditions familiales aux violences de l'exil, Kiyémis retrace le parcours bouleversant d'une femme déterminée à poursuivre ses rêves. Déchirée entre la loyauté envers les siens et ses désirs de flamboyance, Andoun n'aura de cesse de chercher à dépasser les idées préconçues des mondes qu'elle traverse. Inspiré par l'histoire de la grand-mère de l'autrice, Et, refleurir rend hommage aux rêves déraisonnables, à la témérité de celles qui choisissent, contre toute attente, de suivre leur destinée.

02/2024

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Vie chrétienne

Charles de Foucauld et Marie de Magdala

Ne pensez pas qu'il s'agit dans cet ouvrage, dont la première édition date de 1950, de biographies parallèles, même si des ressemblances frappantes existent entre ces deux convertis à deux millénaires d'intervalle et si Charles de Foucauld, aujourd'hui canonisé, eut une grande dévotion à Marie –Magdeleine, soeur de Marthe et de Lazare. Tous les deux, dans leur jeunesse eurent une vie tumultueuse, elle, d'une grande beauté et riche, fut une grande courtisane et lui, jeune officier, eut une conduite scandaleuse. Leur ascension vers un véritable amour fut, pour elle, un regard de Jésus-Christ, pour lui une première confession intimée par l'abbé Henri Huvelin dans l'église Saint-Augustin à Paris. Ce livre est un recueil de méditations sur cet amour spirituel qui prit possession de deux âmes de manière bien différente, mais pourtant exclusive et totale, au prix d'un dépouillement absolu, quasiment soudain pour Marie et par étapes pour Charles, en passant par la Trappe, puis par la Terre Sainte avant de se sublimer dans le désert du Hoggar et de Tamanrasset. Ces méditations font appel à la fois à des passages des Evangiles comme à des textes de Lacordaire et de quelques théologiens, mais aussi à des conditions de vie fort intéressantes pour les premières années du christianisme avec Marie à Béthanie puis à la Sainte-Baume et sur l'Afrique avec Charles qui, tout en cultivant une grande solitude en compagnie du seul Rédempteur, pria pour les Arabes, les Berbères, les Touaregs et apprit leur langue pour commencer à les évangéliser. C'est avec une fine psychologie et une délicatesse remarquable que René Pottier montre la conversion de ces âmes de même famille, de leur attachement aux Evangiles que Marie a vécu avant même leur écriture et Charles par l'exemple. Tous deux auront été des missionnaires, elle en Provence, lui dans le désert. Tous deux ont répondu à l'amour par l'amour.

06/2022

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Littérature française

Jusqu'où va ta nuit

La poésie est cette effraction du Poète en direction de ce qui le dépasse : pur geste de donation, constante oblativité. Et de quoi nous fait-il l'offrande ? Mais de son propre corps en même temps que de celui de la poésie : sang, lymphe, larmes, chair ductile infiniment disponible. Car il ne saurait y avoir d'œuvre sans cet arrachement à soi du Voyant, sans cette participation des Voyeurs au banquet auquel ils sont conviés. La chair, les Voyeurs la manduquent jusqu'à sa dernière fibre, les mots ils les déglutissent, les métabolisent afin que ces derniers fassent sens, qu'ils parlent à l'intérieur de leur âme, fécondent leurs esprits, insufflent dans leurs corps l'espace de compréhension dont leur existence doit se tisser afin de se soustraire au silence, à l'occlusion, à la perte qui, toujours menace et frôle l'abîme. Oui, l'essence du poème est tragique, pareillement à la solitude de l'homme. Voyez les poètes maudits, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire. Le poème est un cri en direction du ciel qui, longtemps retentit sur l'arc de la conscience. Le poème est une urgence à dire ce qui tisse, en soi, la toile du vertige, qui fait éclater la bogue des affects, se distendre la peau vive de l'intellect. Il y aurait douleur à trop longtemps contenir tous ces flux, ces rythmes, ces tensions dont on est habité et qui fusent à la vitesse des comètes. Alors on écrit les ronces floues oblitérant le regard, le frémissement des déraisons, les errances sur des chemins d'abandon, les corps devenus fragiles, les heures brisées des silences. On écrit son corps-palimpseste comme si, jamais, il ne devait revenir de cet exil qu'est l'écriture. "Jusqu'où va ta nuit", identique à une subtile métaphore ouvrant les rives de l'art nous convie à un tel voyage. Un enchantement !

06/2014

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Psychologie, psychanalyse

Accompagner la vie de la naissance à la mort

A qui se confier quand on est à l'hôpital, qu'on soit malade ou qu'on vienne rendre visite à un proche ? A qui exprimer sa souffrance, son désarroi, sa peur ? A qui s'adresser dans cet environnement angoissant quand le corps médical n'a pas le temps d'écouter ? Comment avoir confiance en soi pour devenir parent ? A qui parler de ses hésitations et de ses tâtonnements avec son tout-petit ? A qui demander un soutien quand on doute de sa capacité à devenir mère ou père ? Lors de ces grands bouleversements que sont la naissance, la maladie, la mort, nous sommes particulièrement fragiles. Le doute et l'inquiétude nous envahissent et notre rapport aux autres devient souvent difficile. Mais nous pouvons avoir la chance de rencontrer une présence paisible, lucide et active qui brise notre solitude et, grâce à un simple regard, à quelques mots, nous redonne l'estime de nous-mêmes. Cette précieuse qualité d'être ne dépend ni d'un statut ni d'une profession. Nous sommes tous concernés par l'accompagnement car nous portons ces valeurs en nous. Alors pourquoi attendre les périodes de la vie les plus difficiles pour y songer ? Il s'agit en réalité d'un état d'être que nous méconnaissons car l'accompagnement commence par soi-même et, souvent, personne ne nous l'a appris. C'est pourtant une voie royale pour révéler notre être et devenir, dans les petits actes comme dans les grandes décisions de la vie quotidienne, une présence vivante à soi et au monde. Ce livre propose donc de découvrir, de manière concrète, l'accompagnement, avec ses qualités de présence, d'écoute, de dialogue, de patience, de toucher, de compassion et de dignité. Il s'adresse aussi bien aux familles qu'aux professionnels. Il s'appuie sur une expérience inédite menée conjointement aux deux extrémités de la vie car l'auteur est à la fois animatrice d'éveil en crèche et bénévole auprès des personnes en fin de vie à l'hôpital.

01/2005

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Poésie

Maison de personne

Les poèmes de Claire Genoux sont comme les fragments d'un grand roman disparu. Fragments d'une pièce plus ample et fracturée, qui cherchent en s'ajustant à recomposer les drames mêmes qui l'ont brisée. Ils ont le bruit sourd de l'abandon, du couple dissout, "d'une enfance qui s'en va" . Bruit sourd, bruit lourd des corps qui tombent, des coups et des étreintes, "bruit d'être deux" . Dans cette Maison de personne tout bruisse, tout chuchote, tout crie et se tait avec stupeur. Il y a chez Claire Genoux ce léger décalage de l'effroi, comme si les images, saisissantes de violence, surgissaient de façon trop brutale mais que la tristesse ne permettait pas de les exprimer autrement. Poèmes comme une corde nouée qui se resserre à mesure que l'on se débat, que l'on tourne les pages, et ce qui peut se prononcer est trop bref, trop assailli de douleur pour prendre le temps de respirer. Claire Genoux fluidifie les corps et les espaces, mêle les fentes de la chair et celle des murs, l'ouverture de la peau et celle des portes, tout se transpose, passe, s'emplit et se vide, se prend dans les mains, se traverse ou se mâche. La maison où "chacun est plié dans sa peau" abrite une violence érotisée, une folie détraquée, on y "entend des choses qu'il ne faudrait pas" , elle est traversée d'orages de souvenirs simultanés qu'elle est impuissante à contenir : les enfants enfouis dans le jardin, le père disparu, l'animalité des êtres, le brusque passage de la vie et de la mort. Près de la forêt, la maison est un "dur cercueil contre le vent" , mais il faut bien habiter quelque part, même rendu à sa solitude, il faut bien regarder la douceur douloureuse de la douleur tant que c'est encore possible, exister avec nos pertes, car si "personne n'existe pour longtemps" , "vivre continue" et rien ne nous en console, pas même écrire.

02/2024