Recherche

solitude vodka conversations

Extraits

ActuaLitté

Poésie

L’autre moitié du songe m’appartient

Une découverte saisissante, comme il en arrive rarement. Une jeune femme, morte à vingt ans au matin de Noël il y aura trente ans le 24 décembre 2020, dont les poèmes soudain nous parlent au plus vif, et nous bouleversent par leur sens du tragique et leur rude lumière. Comme en témoignent ces vers qui ne laissent pas indemne : "Cela ira / Je n'ai pas peur du noir / Et puis il n'y a pas de vautours / Dans les étoiles". Alicia Gallienne aura traversé le champ magnétique de la poésie comme l'une de ces sublimes comètes qui, un peu par miracle, illuminent et foudroient. Preuve que la mort n'a pas toujours le dernier mot. Une existence si brève, si intensément et amoureusement vécue, car si tôt menacée, qu'elle aura laissé une empreinte des plus inouïes dans la mémoire de tous ceux et de toutes celles qui l'ont connue. Une insolite jeunesse, partagée entre cette frénésie de vivre et les affres de la maladie. Entre la lecture de Cioran, De l'inconvénient d'être né, et la vie parisienne. De Jonathan Livingston le goéland à Belle du Seigneur, en passant par Si c'est un homme, Le Gai savoir ou encore le Manuscrit trouvé à Saragosse, tout en abusant des Marlboro qui lui piquent les yeux. Par jour de fol anniversaire, c'est une fête au Lido, au Balajo ou chez Castel. Par jour de solitude, ce sont les mots d'Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz ou du poète de Sueur de Sang qui la comblent. Quant à ses longues nuits d'insomnies, Alicia Gallienne les voue à l'écriture, passionnément. Pour avoir tant attendu, ce livre paraît peut-être à son heure, puisqu'il fait escorte au Printemps des Poètes 2020, sur un thème qu'Alicia n'aurait pas renié : Le Courage. "L'amour d'Alicia, c'est un fil qu'elle a tissé de ses mots..." écrit son cousin Guillaume Gallienne dans la postface à ce recueil inédit, comme une ardente déclaration d'admiration et de reconnaissance.

02/2020

ActuaLitté

Religion

Le Cantique des cantiques. J'ai descendu dans mon jardin

Il est à la mode d'affirmer que le Cantique ne contient rien que de profane - c'est lui imputer un statut excessivement révolutionnaire. Les dieux ou le Dieu qu'il met (ou ne met pas) en scène ne sont pas ou n'est pas nommé - c'est déjà fort inédit. Il ne nous est en toute occurrence parvenu que parce qu'on y a vu la célébration des amours de Dieu et de l'humanité, celle-ci revêtant les espèces du Peuple élu, de la communauté monacale, de l'Église, de l'âme individuelle en quête de dépassement, de Marie... Il met aussi en scène deux jouvenceaux à qui il est agréable de s'identifier. Même les rabbins et les Pères l'ont aimé pour ces deux-là, de qui le texte nous dit une seule chose : ils sont beaux. D'une beauté qui reflète celle des choses créées par Dieu... et par l'homme. Quant aux vertus qu'elle est réputée symboliser - libre cours est laissé aux imaginations... Elles ont beaucoup travaillé ; nous verrons cela. Il faut qu'il y ait dans le Cantique quelque chose (mais quoi ?) qui explique que, s'il a inspiré à ses pieux exégètes des commentaires édifiants, parfois échevelés, toujours optimistes (Rachi, St Bernard, Bossuet) et à ses compositeurs spirituels une musique somptueuse (Palestrina) ou émouvante (Buxtehude), il ait donné à ses utilisateurs profanes d'autres idées : ses illustrateurs y ont trouvé des images de solitude, d'angoisse, d'ennui (Moreau, Moore, Rossetti), Theodorakis les spectres d' Auschwitz ; les écrivains en ont tiré des pages burlesques (Chaucer), creuses (Giraudoux), attristantes (Lulle, Balzac, Morrison), macabres (Gautier), cruelles (Wilde, Dölin) ou franchement désespérées (Mauriac). Le traducteur (grécisant) du Siracide estimait que la force de l'hébreu ne résiste à aucune traduction. Il a donc paru utile d'offrir au lecteur, en partant du texte hébreu, une perception directe de ce qu'est le Cantique.

05/2004

ActuaLitté

Sociologie

Histoire du célibat et des célibataires

" Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants " : le mariage, dans le conte traditionnel, marque la fin de l'histoire. Que de clichés véhiculés dans cette simple formule ! Le bonheur est lié au mariage, et le célibat pourrait se résumer à cette quête ; comme le bonheur, l'état matrimonial se mesure au nombre d'enfants, surtout chez les princesses. Ce que dit explicitement, et non sans une touchante naïveté, la formule consacrée des contes, la littérature le manifeste depuis l'origine : le roman d'amour, les intrigues théâtrales, la poésie, les opéras mettent en scène des célibataires beaucoup plus souvent que des gens mariés. Et pourtant, le célibat n'a guère inspiré les historiens... À l'inverse, le mariage, qui ne constitue pas un thème très fécond en littérature (à moins, bien sûr, d'être malheureux ou adultère), a été largement scruté par eux. Le célibat peut devenir, et l'est de plus en plus souvent aujourd'hui, un état permanent que l'on ne songe pas à quitter. Si le lieu commun du célibataire en attente d'accomplissement a eu sa justification jadis, il ne correspond plus à la réalité de notre temps. Il n'est plus une salle d'attente, mais un mode de vie assumé, repris à l'occasion par les gens mariés et retrouvé tout naturellement par les divorcés. C'est un marché, aussi, qui s'est développé de façon spectaculaire ces dernières années : qu'il suffise d'évoquer la réduction des portions dans les magasins d'alimentation, les sièges isolés dans les trains, les clubs de voyages jouant la carte de la solitude, la vogue du dating, les séries et les émissions télévisées. Le premier salon du célibataire, qui se réclame de la " céliberté ", a ouvert ses portes en novembre 2002. Oui, le célibat est de plus en plus à la mode. C'est un des buts de cet ouvrage de redéfinir le célibat, selon la réalité historique et non selon des critères préconçus et immuables.

10/2004

ActuaLitté

Ethnologie

Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité

Après La Traversée du Luxembourg, Un ethnologue dans le métro et Domaines et châteaux, Marc Augé poursuit son anthropologie du quotidien en explorant les non-lieux, ces espaces d'anonymat qui accueillent chaque jour des individus plus nombreux. Les non-lieux, ce sont aussi bien les installations nécessaires à la circulation accélérée des personnes et des biens (voies rapides, échangeurs, gare, aéroports) que les moyens de transport eux-mêmes (voitures trains, trains ou avions). Mais également les grandes chaînes hôtelières aux chambres interchangeables, les supermarchés ou encore, différemment, les camps de transit prolongé où sont parqués les réfugiés de la planète. Le non-lieu est donc tout le contraire d'une demeure, d'une résidence, d'un lieu au sens commun du terme. Seul, mais semblable aux autres, l'utilisateur du non-lieu entretient avec celui-ci une relation contractuelle symbolisée par le billet de train ou d'avion, la carte présentée au péage ou même au chariot poussé dans les travées d'une grande surface. Dans ces non-lieux, on ne conquiert son anonymat qu'en fournissant la preuve de son identité - passeport, carte de crédit, chèque ou tout autre permis qui en autorise l'accès. Attentif à l'usage des mots, relisant les lieux décrits par Châteaubriand, Baudelaire ou les " passages " parisiens de Walter Benjamin, l'ethnologue remarque que l'on peut se croiser à un carrefour alors que l'échangeur interdit toute rencontre. Si le voyageur flâne en chemin ou s'égare sur une route de traverse, le passager qui prend le TGV ou l'avion est déterminé par sa destination. Aujourd'hui, les repères de l'identité et le statut de l'histoire changent en même temps que l'organisation de l'espace terrestre. Dans ce livre, Marc Augé ouvre de nouvelles perspectives en proposant une anthropologie de la surmodernité qui nous introduit à ce que pourrait être une ethnologie de la solitude.

03/2002

ActuaLitté

Littérature étrangère

A la recherche des esprits (Récits tirés du Sou Shen Ji)

À l'aube du quatrième siècle vécut un homme que son destin avait maintes fois mis en présence de l'étrange outre-tombe. Son frère quitta ce monde pour y revenir chargé de souvenirs célestes ; l'amante de son père vint à sortir vivante du tombeau... Qui sont ceux qu'en Chine aussi l'on nomme " revenants " ? Des démons, de purs esprits, des bêtes métamorphosées ? Au soir couchant, au matin parfois, " un peu avant l'aurore et les glaives du jour, quand la rosée de mer enduit les marbres et les bronzes ", ils apparaissent et nous parlent. Ecoutons donc ces revenants qui hantent les prés sous la lune, les chambres vides, nos songes les plus noirs et nos plus beaux livres. Ils nous ouvrent un monde que nous ne faisons que soupçonner, qui est au fond si semblable au nôtre : c'en est, en quelque sorte, le miroir. " Dans la solitude fervente de minuit ", ils désolent notre sommeil. Les chambres closes n'arrêtent pas ceux qui se jouent des murs. Tel Virgile avec Dante, Gan Bao nous prend la main dans cet univers hanté ; nous y sommes comme le marin mis au péril de la mer. Mais ce livre est la boussole et le gouvernail. Il dit où nous allons et, comme les tripodes de bronze fondus par Yu le Grand aux premiers temps du monde, désigne les êtres maléfiques qu'il convient d'éviter, les êtres fastes qu'il est licite de fréquenter. Ces deux mondes s'interpénètrent et s'influencent ; tout acte commis d'un côté du miroir se répercute au-delà. C'est le sentiment de l'étrangeté qui marque la présence du surnaturel. Tout l'art de l'observateur subtil consiste à repérer les sens de ces manifestations dérangeantes. C'est à cet apprentissage, à cette quête, que nous invite Gan Bao dans sa fascinante Recherche des esprits, ici traduite pour la première fois en une langue d'Occident.

11/1992

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

En mâle d'amour Tome 5 : Vivre pour l'amour

Beauregard Boudreaux est originaire de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Il est né et a grandi dans cet Etat. Il n'a jamais pensé s'éloigner de sa maison. La mort prématurée de son premier amour le laisse perdu, à la dérive et à la recherche d'un lieu aussi loin que possible de la douleur. Initialement, il est venu à New York pour rendre visite à un ami, mais appréciant de plus en plus la ville, il décide donc de rester. Son diplôme en droit lui est utile au centre LGBT qu'il dirige, mais son bar est son bébé. William Richards a grandi à Chicago, sa famille étrangement normale et très réceptive à sa sexualité. Le mannequinat payait les factures, les shows à travers le pays en tant que modèle, artiste masculin et entraîneur personnel lui donnant l'occasion de voir le monde. S'il n'a pas connu de perte ni de douleur comme Beau, leur dénominateur commun est la solitude. Comme "passif" troublant sous le nom de scène de Connor, William a trouvé l'amitié, une famille et un moyen de résoudre son envie de se montrer plus soumis que les hommes de sa taille et de sa stature le sont habituellement. Les deux hommes sont parfaits l'un pour l'autre, leurs goûts et leur vie s'alignent, et leur destin semble écrit. Mais Beau a un secret qu'il partage avec très peu de personnes, un secret qui ne menace pas seulement de les séparer, mais qui est mortel. Déterminé à maintenir un mur entre William et lui, Beau combat l'attirance, repousse William chaque fois qu'il s'approche. La détermination et la force d'un homme peuvent-elles suffire à abattre un mur qui détient des décennies de douleur et de ténèbres ? Et s'il le peut, l'un d'eux survivra-t-il au déluge ?

12/2018

ActuaLitté

Littérature française

La chasse au mérou

La mission du poète est d'emmener le lecteur au fil de ses enchantements : c'est ce qu'une fois de plus réussit Georges Limbour avec la chasse au mérou qu'il fait entreprendre à Enrico, étudiant à l'Université de Salamanque. Grâce aux savantes techniques de l'auto-stop, Enrico traverse d'austères paysages brûlés de soleil ou de nuit qui le conduisent à Murcie puis Carthagène. Sur sa route, Nisé, belle joueuse de boules, lui donne un oeillet. Ensuite, apparaissant et disparaissant comme à travers la grâce absurde des songes tout baignés de lumière méditerranéenne, José et Pépé, Clindia et Aminda vont l'accompagner jusqu'au rivage où doit s'accomplir, non sans solennité, la chasse au mérou. Mais Enrico seul ose s'aventurer dans les vierges profondeurs sou-marines : ainsi va-t-il se trouver face à face avec le poisson fabuleux (illusion , rêve, génie ?) avant de lui livrer un combat sans merci. Le mérou meurt lentement. Le mérou est mangé au cours d'une fête. Ensuite, Enrico, dépouillé par sa conquête, retourne à Salamanque. Et s'il rencontre à nouveau Nisé sur sa route, Nisé qui lui offre une nuit d'amour inoubliable, ce n'est que pour marquer davantage sa solitude de vainqueur imaginaire. Qui est Enrico en fin de compte ? L'auteur de ce livre merveilleux nous laisse sur une ambiguïté donnant à l'oeuvre sa dimension profonde : a-t-il seulement recueilli l'étudiant à bord de sa voiture sur une route déserte ? S'est-il confondu avec lui au point de faire sien ce fragment étincelant de destinée ? Ou bien l'a-t-il inventé entre veille et sommeil afin de plonger plus profond dans les sources mêmes de son génie ? Entre ces diverses propositions, le lecteur a toute liberté de choisir ; dans quelque direction qu'il aille, il trouvera la bonne réponse : beauté, musique et vérité.

05/1963

ActuaLitté

Poésie

Croix et délice

Croce e delizia (Croix et délice), est un livre central dans l'oeuvre de Sandro Penna. Il paraît en 1958, chez Longanesi, 3e volume d'une nouvelle collection de poésie dont les deux précédents sont L'usignolo della Chiesa Cattolica de Pier Paolo Pasolini et Alibi d'Elsa Morante. Pier Paolo Pasolini, Elsa Morante et Alberto Moravia apportent une aide fondamentale à la composition de ce recueil de poèmes, Sandro Penna comme toujours patauge dans son désordre et indécision. Il s'agit de 40 poèmes, sélectionnés dans sa production des dernières 30 années. Pour la première fois les dates 1927-1957 sont indiquées en page de titre, ce sera par la suite toujours le cas, cela signifie que chaque nouveau recueil proposera un choix de poèmes représentant, à un moment donné, le travail d'une vie et les poèmes préférés par l'auteur et ses amis. A la suite des 40 poèmes de Croix et délice, nous publions un choix plus ample de poèmes, datés de 1927 à 1977, tous traduits et sélectionnés par Bernard Simeone, dont la connaissance et la passion pour la poésie de Penna apparait dans la grande fidélité (terriblement difficile à atteindre et tenir) de sa traduction : "Dans un anonymat orgueilleusement vécu, Penna est à la fois présent au cours du monde par sa sensibilité exacerbée aux êtres et aux instants, et définitivement retranché dans la solitude de son désir, la hantise d'une éternelle enfance. Refusant tous les emblèmes de la modernité, il n'est est pas moins le spectateur passionné d'une vie quotidienne que ses poèmes soustraient à la précarité pour lui donner valeur universelle". Enfin, ce volume se clôt sur trois magnifiques textes sur Sandro Penna et sa poésie écrits par ces grands auteurs qui lui furent proches : Pier Paolo Pasolini, Amelia Rosselli et Natalia Ginzburg. La simplicité de la langue de Penna est insaisissable, naturelle et ciselée, onirique et quotidienne, comme sa modestie fière et son innocence grivoise.

01/2023

ActuaLitté

Santé, diététique, beauté

Le voleur de brosses à dents

Eglantine est une maman connue, qui anime des émissions de télévision ; Samy, lui, est un petit garçon âgé aujourd'hui de dix ans qui ne parle pas, marche avec difficulté et ne communique pratiquement pas. Victime tout bébé d'AVC, il est atteint d'autisme et d'épilepsie, ainsi que de plusieurs autres maladies que sa maman a eu énormément de mal à accepter. Le Voleur de brosses à dents, c'est avant tout le récit de leur histoire d'amour. Une histoire d'amour dans laquelle il y a aussi un grand frère qui "va bien" mais pour qui rien n'est simple, une grande famille, des grands-parents très présents, des amis, et d'autres familles tout aussi démunies face au handicap. Pour Samy, parce que la société, frileuse, peureuse, mal adaptée, n'offre pas de place à ces enfants qui ne rentrent dans aucune "case", laissant leur entourage livré à lui-même dans un immense désarroi et face à une solitude et des difficultés insurmontables, Eglantine déplace des montagnes, chaque jour, depuis dix ans. Elle a même fondé une association, créé une école, réalisé un documentaire... Récit intime d'une jeune femme, d'une jeune mère confrontée au quotidien du handicap, mais aussi témoignage sans fard sur un fait de société qu'on occulte alors qu'il concerne des milliers de familles, ce livre raconte son combat. A son image : pugnace et lumineux même dans les moments les plus noirs, d'une émotion qui serre la gorge mais aussi drôle, voire cocasse, et irradié à chaque page d'une générosité contagieuse. "Parce que la vie dans le handicap est douloureuse et difficile, mais que les personnes concernées sont comme vous et moi, et savent encore rire, s'amuser, et qu'elles en ont tellement besoin ! Parce que montrer ces vies, c'est tout montrer et pas seulement ce qui fait pleurer. Parce que trop de gens pensent que nous sommes tristes, tout le temps."

09/2015

ActuaLitté

Poésie

Lieu l'autre

Il y a le(s) lieu(x), refuge et seuil au-delà de soi, se tenir "ici" , et franchir, parcourir, marcher, fouler : col, chemin, versant ; le paysage : ciel, arbres, lande, neige, pierres ou roche ; le sédiment. Le dehors. Le presque, l'imperceptible, l'aléatoire et le transitoire, l'évanescent. Les animaux, devenus quasi mythologiques, bisons, vieux troupeau, grand mammifère, "chevaux éventrés de la nuit" , avec lesquels l'homme partage "une souffrance fraternelle" , "pattes et mains" , "figures griffures" . Il y a l'homme, et le monde qu'il habite : sanatorium, hôpital psychiatrique, station balnéaire, un lampadaire la nuit, ou ces "villes effroyables et fascinantes" dont il s'agirait de se retirer. Et son corps, dans ce dehors, un "corps absent" , à la "semence calcinée" ("le bruit de vide / d'où ça vient dans les hommes" ? ), et pourtant tout entier dans les sens, la chair, la peau, les lèvres. Les "enfants graves" encore, "les petits tas de l'enfance" , des anges qui "craquent sous les pieds" . Le premier poème, "et refuge" , commence par le mot "terre" , isolé, comme on l'annonce d'un bateau à l'approche des côtes. Et elle "se tient possible" mais "mâchoire" aussi bien. C'est qu'il faut faire "des alliances difficiles avec le réel" , "cherche[r] une solitude exacte / de passer à l'autre versant / d'étranger en montagne" , "chacun descend[ant] dans l'automne // cette manière // de quelque part / juste avant la falaise" . C'est qu' "il y a du jeu entre le sol et chacun de nos pas" et "le chemin [est] terrible d'écrire" , il faut "trouer la langue" pour tenter d'approcher en mots "les pierres intraduisibles" , pour "recueillir nos états d'ombre" afin d'être pleinement au monde. Et formuler l'hypothèse d' "entrer une pierre dans le vent" : "décomposer la détresse bâtir / une demeure" où l'on peut "décou[vrir] encore un visage" , "au quotidien de toi" - de réunir "la semence les pommes. le poids / de quelle terre" bien qu' "on entend[e] toujours. le monde et l'arme à feu".

06/2022

ActuaLitté

Littérature étrangère

A l'ombre du Mont Kenya. Ma soeur Karen Blixen

" Pour finir, je voudrais écrire quelques mots sur moi-même. Je crois que tu avais raison, c'était une bonne chose que je reparte - ce qui veut dire que je comptais faire mon avenir ici, car j'étais bien obligée de partir. J'appartiens à ce pays et je dois donc être là. Ce pays possède aussi beaucoup, peut-être la plus grande partie de mon cœur. Je dois m'habituer à la solitude et à d'autres choses. Ce qui, principalement, m'avait retenue chez nous, c'est de ne pas avoir de shauries, des doutes et des complications ; mais d'une certaine façon, être enveloppée dans du coton est quelque chose qui malgré tout ne me convient pas... Le vent souffle des plaines d'Athi, et les hyènes hurlent tout près d'ici. Maintenant que la pluie a cessé, le vert domine, la forêt embaume, tout comme les champs de maïs. La lune se lève très basse, derrière les caféiers. Il y a de gros nuages couvrant presque tout le ciel - tu te rappelles sûrement de la nuit africaine... " Thomas, le frère de Karen Blixen, trace ici un portrait de sa sœur tien loin de l'image hollywoodienne. À travers ces correspondances, on découvre une femme hors du commun, d'une richesse infinie et même fortement francophile qui, malgré toutes les tragédies de sa vie - le suicide de son père chéri quand elle avait 10 ans, un amour malheureux, une grave atteinte de syphilis, un divorce, des difficultés financières insurmontables - déborde d'idées et de projets. Étouffant dans son petit Danemark victorien et guindé, elle crée son propre paradis " Mbogani " au Kenya. L'Afrique, son autre patrie, où elle a trouvé la liberté, la paix et l'harmonie, lui permettra de prendre conscience que la véritable et la plus grande passion de son existence ci été l'amour pour son " frère noir ".

06/2002

ActuaLitté

Littérature française

Les travailleurs de la mer. L'archipel de la manche - Poèmes marins

Le grand roman de la mer de Victor Hugo dans une superbe édition, illustrée des gravures dessinées de la main de l'écrivain. Avec, en texte liminaire, L'Archipel de la Manche, présentant les îles anglo-normandes. Plus méconnu et mystérieux que Les Misérables ou Notre-Dame de Paris, Les Travailleurs de la mer est une épopée de la mer à lire ou redécouvrir. " Les Travailleurs de la Mer sont donc à la fois le roman le plus méconnu de Victor Hugo, le plus riche et le plus mystérieux. " Claude Aziza. Gilliatt est " un homme de la mer surprenant ", un " vrai marin qui navigue sur le fond plus encore que sur la surface. ". Une force de la nature mal aimée qui vit isolée dans sa maison " visitée par les esprits " et doublée d'un tempérament pensif et solitaire ; d'aucuns le surnomment le Malin. Afin de pouvoir épouser Déruchette qu'il aime, il accepte le défi lancé par la tante de celle-ci : retrouver une machine de l'épave La Durande coincée entre les deux rochers au large de l'île de Guernesey. Entre l'homme et les éléments marins s'engage alors un combat terrible, dans lequel Gilliat se mesure, dans une solitude extrême, aux puissants éléments, à la mer déchaînée mais aussi au mystère et aux cauchemars des fonds marins qu'incarne une pieuvre... Et pourtant, l'exploit accompli restera vain, la jolie et insouciante Déruchette n'attendra pas Gilliat car elle s'est offerte à un autre. Ecrit lors de son exil à Guernesey, Les Travailleurs de la mer est une oeuvre grandiose et lyrique, introduit par L'Archipel de la Manche, qui présente la vie, les moeurs des îles anglo-normandes. Cette édition Omnibus est également enrichie de poèmes marins de Victor Hugo, des illustrations magnifiques de l'écrivain, d'une préface de Claude Aziza et d'un dictionnaire de l'exil hugolien de ce spécialiste du XIXe siècle.

10/2021

ActuaLitté

Littérature française

La Chambre des écureuils

Figure emblématique des arts et des lettres du début du XXe siècle, mécène flamboyante, Marie-Laure de Noailles est aussi une autrice à redécouvrir : elle a signé avec La Chambre des écureuils un Bonjour tristesse avant l'heure. Née en 1902 à Paris, issue d'une riche famille de banquiers allemands dont elle est l'unique héritière, Marie-Laure Bischoffsheim forma, avec le vicomte Charles de Noailles qu'elle épouse en 1923, l'un des couples de mécènes les plus flamboyants du vingtième siècle. Ils soutinrent l'avant-garde littéraire et artistique du début des années 1920 à 1970, finançant plusieurs projets cinématographiques (dont Les Mystères du château de Dé de Man Ray et Le Sang d'un poète de Jean Cocteau), achetant les manuscrits de René Char, Robert Desnos ou Georges Batailles et rassemblant une très importante collection d'oeuvres d'arts tant anciennes que modernes. De leur hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris à la Villa Noailles qu'ils firent édifier à Hyères (réinvestie aujourd'hui en centre d'art contemporain), ils ne cessèrent ainsi d'élargir la définition du mécénat en en explorant toutes ses formes. Parallèlement à son rôle de bienfaitrice, Marie-Laure de Noailles fut l'autrice d'une oeuvre étonnante, aujourd'hui oubliée, mêlant poésie, fiction et essais littéraires. Parmi laquelle : La Chambre des écureuils, certainement son roman le plus abouti, paru en 1955 chez Plon. Dans un Bonjour tristesse avant l'heure, elle romance en rebelle cette adolescence confite dans un univers néoclassique italien. Poétique, écrit avec fluidité et une certaine élégance, La Chambre des écureuils excelle à créer une atmosphère emplie de soleil, de mélancolie et de solitude. En coédition avec les éditions 7L et en lien avec l'institution de la Villa Noailles, les éditions Seghers souhaitent aujourd'hui rééditer l'ensemble de l'oeuvre de Marie-Laure de Noailles, à commencer par La Chambre des écureuils en octobre 2023.

10/2023

ActuaLitté

Nietzsche

Correspondance. Tome 6, Janvier 1887 - Janvier 1889

Avec ce tome VI s'achève la traduction de la correspondance intégrale de Friedrich Nietzsche ; cet ultime volume rassemble les lettres des deux dernières années de la vie consciente du philosophe (1887 et 1888) et les "billets de la folie" des premiers jours de 1889. Un document qui éclaire l'oeuvre". Je n'écris que ce que j'ai vécu et je m'y entends pour l'exprimer", affirme Nietzsche chez qui vie et pensée sont imbriquées comme chez nul autre, et c'est donc dans l'intimité d'un penseur en errance - d'un "Prince Hors-la-Loi" de l'esprit - que nous introduit cette correspondance de haut vol. Nietzsche y apparaît comme un philosophe en quête perpétuelle du climat favorable, de l'environnement supportable, du régime salutaire : il séjourne à Nice, à Sils-Maria, sur les lacs italiens et surtout à Turin, découverte tardive d'une ville en harmonie avec ses aspirations, où il s'effondrera en janvier 1889. Ses lettres sont aussi des lettres d'affaires : Nietzsche publie lui-même, à compte d'auteur, ces deux années-là, des oeuvres aussi radicales que La Généalogie de la morale, Crépuscule des idoles, Le Cas Wagner et Ecce homo. Son projet philosophique se précise : la critique de la religion chrétienne comme expression éminente du ressentiment ; la préparation en secret d'une "transvaluation" de toutes les valeurs qui place un temps la "volonté de puissance" au centre de la réflexion. La relation avec le souvenir wagnérien devient déterminante, une problématique esthétique nouvelle s'installe avec la notion de décadence. Toutefois, ce qui frappe dans ces lettres familières, c'est l'extrême solitude dans laquelle évolue Nietzsche. La correspondance se déploie entre un petit nombre de personnes, ce qui lui confère une intensité humaine rare et une vraie portée philosophique. Les belles journées de Turin ont donné naissance à des livres où se construit le plus séduisant des "gais savoirs". Tout cela s'interrompt en janvier 1889. J. L.

06/2023

ActuaLitté

Science-fiction

La saga d'Illyge

Naître à Saga, c'est surgir en plein désordre. C'est apparaître entre les cuisses de sa mère au fond d'un appartement obscurci par une nouvelle panne, c'est apprendre très tôt à éviter les dispensaires indigents qui portent le nom nostalgique d'hôpitaux, c'est accepter très jeune de demeurer intouchable pour le reste du monde, c'est se résoudre à demeurer isolée dans un espace enclos aux dimensions démesurées... Grandir à Saga, c'est apprendre à ne jamais apprivoiser le silence. C'est connaître la solitude dans tout ce qu'elle a de cliché: perdue au milieu de la foule. C'est connaître très peu le soleil, parce que ses rayons franchissent mal la brume opaque qui enchâsse la Cité, c'est vivre sous la chape de nuages poussés depuis les Périphes jusqu'au Cceur urbain, c'est se familiariser très vite avec la saleté, la détresse et la gloire passée des monuments décrépits... Celle qui parle s'appelle Illyge Raimbault, et c'est la performeuse la plus sulfureuse de Saga. Pas plus que la majorité des Citéens, contrairement aux Périphéens venant s'encanailler dans l'Arrondissement rouge, elle ne peut quitter le Coeur urbain. Illyge habite un ghetto, une prison. Est-ce pour cette raison qu'elle est devenue accro à l'élyx, la nouvelle drogue qui sévit dans la Cité ? Selon les autorités, l'artiste est morte d'une overdose et c'est un jeune Périphéen, Idrisse Sainmarc, qui a découvert son cadavre. Mais Idrisse n'est pas d'accord : si le visage était bien celui d'Illyge, le corps était manifestement celui d'un homme ! Têtu, défiant les autorités, Idrisse décide de retrouver la performeuse. Dès lors, sa vie à Saga devient un enfer, mais il n'en a cure, car très vite il se sait sur le point de découvrir une réalité qui risque de changer à jamais l'avenir de l'Humanité !

04/2013

ActuaLitté

Biographies

Flaubert et Louise Colet. L'amour en poste restante

Critique, chroniqueur et passionné par la littérature du XIXe siècle, Joseph Vebret raconte l'une des passions les plus célèbres des lettres françaises : celle liant Gustave Flaubert à Louise Colet, aussi brève et tumultueuse que féconde par la correspondance. L'amour avec Louise Colet... poste restante Le 28 juillet 1846, Gustave Flaubert, 24 ans, grand gaillard moustachu, rencontre Louise Colet qui pose dans l'atelier du sculpteur James Pradier. Eclatante beauté de dix ans son aînée, elle est plus connue pour ses frasques sentimentales et son caractère emporté que pour sa production littéraire, pourtant non dénuée d'intérêt. Lui-même sacrifie au " culte fanatique de l'art ", unique consolation à " la triste plaisanterie de l'existence ", mais n'a encore rien publié. Le coup de foudre est immédiat, violent, dévastateur. Louise s'offre sans retenue. Deux jours d'amour fou. Le troisième, Gustave file en direction de Croisset, près de Rouen, où il vit avec sa mère et sa nièce, laissant Louise pour le moins surprise. Gustave semble déjà moins épris, mais il donne le change : " Tu donnerais de l'amour à un mort, écrit-il à Louise. Comment veux-tu que je ne t'aime pas ? Tu as un pouvoir d'attraction à faire dresser les pierres à ta voix. " En réalité, Gustave appartient corps et âme à une puissante maîtresse : la littérature. Bourreau de travail, reprenant et polissant infatigablement ses phrases, noircissant des milliers de feuillets, il jette toutes ses forces dans un roman : Madame Bovary. Louise, volcanique, attend, s'impatiente, tempête, s'emporte, exige, se désespère, se révolte, s'épuise dans d'autres bras. Gustave, impavide, jaloux de sa solitude, tempère. Comment réconcilier le feu et l'eau ? Ce manège dure de 1846 à 1848, puis de 1851 à 1855 : liaison en pointillés de deux amants aux aspirations contradictoires. Mais qui donnera naissance à l'une des plus belles correspondances de la littérature française.

11/2021

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

La mélancolie de celui qui vise juste

A Attrape-Flèche, en plein bayou du Mississippi, au coeur d'une faune sauvage et d'une flore luxuriante, on aime, on flingue, on cherche comment percer dans le show-business... Tout ça, peut-être, pour oublier que sous la surface des eaux sombres où s'égarent parfois des dauphins, il n'y a qu'un grand vide silencieux. Un soir, quand deux "gentils enfants" - en vérité, des tueurs sans pitié venus braquer la station-service du coin - se font abattre, les déflagrations seront perçues bien au-delà, et très vite, c'est la ville entière qui sera sous le choc. Que ce soit Hydro, le jeune amateur de tartes aux pêches, le Prince des Ténèbres et ses envolées théâtrales, le doux shérif Chisholm et sa splendide épouse, ou Morgan l'as de la gâchette, tous vont se demander au fond d'eux-mêmes s'ils ne sont pas responsables du drame, et partir en quête de cette paix intérieure qui leur fait défaut depuis trop longtemps et que seuls des proches peuvent apporter. Par une écriture limpide, presque fluide, tout en rythmes et sonorités, La Mélancolie de celui qui vise juste de Lewis Nordan nous balade d'être en être et de coeur en coeur comme une chanson de blues. Il nous offre un récit onirique marqué d'un optimisme lumineux, et si l'humour affleure, c'est pour mieux révéler l'humanité, dans sa beauté et ses fêlures. En 1995, alors qu'il a une cinquantaine d'années et quatre livres derrière lui, Lewis Nordan, profondément marqué par le suicide de son plus jeune fils l'année précédente, entame l'écriture d'un roman qui, il ne le comprendra que plus tard, lui servira de salut. Si La Mélancolie de celui qui vise juste est, d'après lui, un récit sur la solitude impitoyable chevillée à l'homme, page après page, néanmoins, c'est le contraire qu'il nous prouve, pour finir par faire briller les liens inextinguibles qui nous unissent.

06/2021

ActuaLitté

Thrillers

Protocole Magog

Sur fond de cyber attaques et de luttes d'influence géostratégique, "Le protocol Magog" met en scène le chaos qui pourrait résulter d'une perte de contrôle de nos données numériques et les moyens à disposition pour s'en prémunir. Dans ce roman captivant, tout est plausible puisque la trame et la plupart des personnages, construits avec talent, sont inspirés des connaissances et expériences des auteurs, tous trois experts en leur domaine. Côte d'azur, Palais des congrès de Nice. Un jeune informaticien travaillant sur un programme de cryptage révolutionnaire est retrouvé mort juste avant de présenter sa conférence au public, tué d'une balle en plein coeur. L'arme utilisée : un pistolet ultra silencieux, servant habituellement à achever les chevaux blessés. Quelques jours plus tard, son associé meurt à son tour à Paris, dans des circonstances similaires. Explorant d'abord des pistes personnelles, voire politiques, la commandante Sanda Pleynel finit par comprendre que le mystérieux logiciel est peut-être la clé de l'énigme. Très vite, apparaît le nom d'un sulfureux oligarque d'Asie Mineure mêlé à une escroquerie bancaire. Pour les besoins de son enquête, mais également pour tromper un sentiment de solitude de plus en plus pesant, la policière niçoise recontacte Alasdair McPhee, un homme d'affaire anglais et ancien légionnaire dont elle est tombée sous le charme il y a plus de 20 ans, quand elle n'était qu'une adolescente, en vacances en Corse avec sa famille. Les événements se précipitent soudain lorsqu'un coup d'Etat fomenté par des puissances étrangères provoque la chute du président du Kazakhstan, proche du Kremlin. La tension monte entre Paris, Washington, Moscou et les partisans du président déchu, et les exécutions se poursuivent. Quant aux informaticiens français de l'Agence nationale de sécurité, ils comprennent enfin la nature du logiciel développé par Abel le protocole Magog tant convoité par le nouvel homme fort de Noursoultan.

06/2022

ActuaLitté

Littérature française

Avec Bas Jan Ader

Avec ce nouveau roman, Thomas Giraud s'approche peut-être encore davantage qu'il ne l'avait fait jusque-là d'une de ces figures fulgurantes et insaisissables, celles qui n'ont fait que passer, qui ont expérimenté et qui nous laissent au bout du compte avec beaucoup d'interrogations, à peu près autant de passions, de frissons même. Si de Bas Jan Ader, artiste hollandais, nous savons peu de choses, endécouvrant ce qui aurait pu être son histoire, selon Thomas Giraud, on se demande forcément d'où lui vient cette fascination pour les chutes ? Qu'entend-il montrer en tombant à vélo dans un canal ou en se lâchant d'une branche d'arbre ? Est-ce là uniquement le goût d'aller contre un ordre établi du monde matériel ? D'y trouver ce qui fait s'écouler les montagnes immobiles ? D'éprouver le fait d'être au monde ? D'aller contre l'immobilité de ce qui semble inscrit dans l' éternité... ? Ou faut-il chercher du côté de la petite enfance et de cet équilibre introuvable qui fait tomber à longueur de temps ? Ou encore d'avoir grandi dans l'absence et pourtant avec la figure omniprésente d'un père héros de guerre ? Avec Bas Jan Ader, sommes-nous devant une scène sans fin de la chute du père, fusillé par des soldats allemands ? Sommes-nous pris par l' immense solitude ressentie, causée par cette absence, par le manque ? Si Bas Jan Ader semble avoir laissé peu, c'est en même temps déjà beaucoup, pour penser, imaginer, construire, inventer. Bas Jan Ader a mené bon nombre d'expériences et de performances spectaculaires. Jusqu'à cette toute dernière dont il ne reviendra pas : la traversée de l'Atlantique à bord d'un bateau trop léger sans doute, In Search of the Miraculous... Thomas Giraud s'enquiert de son histoire, traverse l'océan à ses côtés et dresse son portrait à travers les âges, de son enfance à sa vie d'adulte, sa vie d'artiste.

ActuaLitté

Littérature étrangère

Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte

Un journaliste d'une petite ville de Nouvelle-Zélande fait naufrage et échoue sur une île déserte au milieu du Pacifique. Très vite, ce Robinson du xxie siècle voit dans cette péripétie l'occasion rêvée de donner libre cours à ses aspirations profondes. Mû autant par l'obsession de la réussite que par une naïveté à toute épreuve, déterminé à atteindre à tout prix le bonheur et la reconnaissance, il décide d'édifier… un supermarché. Une comédie désopilante sur les ambitions et les désirs au xxie siècle. Un roman sur la solitude, la vanité, et surtout sur les illusions après lesquelles nous courons tous. Pour aller plus loin En transposant dans le temps et dans l'espace le Robinson de Daniel Defoe, Dimitris Sotakis revisite les valeurs idéologiques, sociales et esthétiques de Robinson Crusoé, proposant une version particulièrement subversive de ce mythe littéraire. Actant en quelque sorte le passage de l'homo economicus à l'homo consumptor, s'appuyant aussi sur une lecture originale de Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier ou encore de Robur le Conquérant de Jules Verne, Sotakis compose une fable hilarante et profonde à la fois où l'absurde le dispute au réalisme. Ce n'est plus la survie mais la créativité et le besoin de reconnaissance qui guident le personnage de Sotakis. Celui-ci n'arrive pas sur son île déserte avec les outils de sa civilisation comme chez Defoe mais avec une mentalité, des conceptions, et des modèles qui sont ceux de la société de consommation moderne. L'auteur s'amuse aussi à jouer avec bon nombre de topoï littéraires et de conventions narratives, au point qu'on peut aussi voir dans cette fable un questionnement drôle et subtil sur l'ambition de l'écrivain lui-même. Finalement, la recherche du bonheur ne nous fait-elle pas courir les plus grands dangers qui soient??

02/2017

ActuaLitté

Littérature française

Nous nous aimions

Dans les années 1980, tous les étés, la scène se rejoue à l'aéroport de Moscou, escale obligatoire au retour des vacances en Géorgie : les douanières fouillent les valises, terrorisent les filles et menacent leur mère, Daredjane, de ne pas la laisser repartir à Paris, lui rappelant qu'ici, elle est toujours soviétique. Mais Daredjane tient à ce que Kessané et sa soeur gardent un lien avec leurs grands-parents et avec son pays natal, qu'elle a quitté pour s'installer en France. Son mari, Tamaz, finissait par les retrouver et la famille reprenait le cours limpide des jours, dans leur pavillon du Vésinet. Bien longtemps après, Daredjane contemple tristement le portrait de Tamaz, mort depuis dix ans déjà. Elle se sent étrangère dans la belle maison de Kessané, devenue journaliste, à qui elle reproche sa dureté. La mort du père a fait voler en éclats l'harmonie passée, les soeurs, si proches, se sont éloignées l'une de l'autre. Tout était si simple avant, et si romanesque : le coup de foudre de Tamaz pour Daredjane, venue se produire au Théâtre des Champs-Elysées avec le ballet de Géorgie ; la détermination de la belle danseuse à le rejoindre à Paris ; le premier flirt de Kessané, son aînée, avec ce jeune voisin d'Abkhasie... Elucidant les raisons de ce désamour à la clarté des souvenirs heureux, la subtile romancière excelle à suggérer les failles, à scruter les dissonances et surtout les silences : si on ne parlait pas de politique, c'est pourtant sur fond d'exil et de guerre que s'est écrite l'histoire de cette famille apparemment si ordinaire. Comme autant d'ondes de choc, les drames de leur pays d'origine viennent se mêler au drame intime que vivent ces trois femmes désormais confrontées à leur solitude. Nous nous aimions est un très beau roman sur l'empreinte ineffaçable de l'enfance.

08/2022

ActuaLitté

Littérature française

La nostalgie de l'aile

Voici l'histoire d'une non-histoire, celle d'un homme qui aurait pre ? fe ? re ? ne pas e^tre. A uble ? d'un corps qui n'a pour lui que peu de re ? alite ? , il peut sans di culte ? exister a` co^te ? de son enveloppe charnelle. Il devient alors observateur de sa propre identite ? et revient a` la source, celle de son enfance. Une enfance marque ? e par un double manque : la relation avec un fre`re ai^ne ? qui habitait sous le me^me toit, mais qui e ? tait exclu du noyau familial, et la pre ? sence-absence d'un troisie`me enfant dont il occupe la place dans l'imaginaire familial. En grandissant, il recherche le fre`re manquant. Il l'a de ? couvert jeune adulte en la personne d'un e ? tudiant qui semblait exister a` sa place. Cet Uriel moderne, archange solaire, ne t qu'accentuer la solitude mortelle cause ? e par l'e acement de sa personne. Une seconde rencontre, celle d'un chanteur tout aussi ange ? lique, creuse cette disparition de soi comme programme ? e de`s l'enfance Ce re ? cit d'une construction malgre ? soi, traverse ? par une nostalgie sans fond, tempe ? re ? par la pre ? sence bienveillante de la famille actuelle du narrateur et par la re ? ve ? lation de la radio - ou` le son prend la place du corps - emme`ne le lecteur dans un univers a` l'e ? criture singulie`re et sensible. Une expe ? rience de lecture proche de l'apne ? e ou` Pascal Go aux nous emme`ne dans l'intimite ? de son enfance, avec un humour noir, mordant, a` la limite de l'autosabotage. Laurent Quillet explore cette non-pre ? sence au monde dans un travail d'e acement volontaire de sa personne sur d'anciennes photos de famille. Les univers de ces deux hommes se rejoignent et se re ? pondent. Dans leur démarche d'absence et de retrait du monde, ils ont trouvé leur alter ego.

10/2021

ActuaLitté

Chiens

Mon chiot, facile ! Guide indispensable pour bien débuter

La décision est prise : vous allez devenir l'heureux propriétaire d'un chiot. Félicitation ! Vous souhaitez que votre relation soit parfaite, mais vous vous posez encore de nombreuses questions... Comment dois-je l'accueillir ? Vois-je parvenir à l'éduquer ? De quelle manière vais-je gérer les aléas du quotidien ? Pas d'inquiétude, je ne suis là pour vous aider ! Je m'appelle Paul et je suis éducateur canin professionnel depuis 2014. Adepte de l'éducation positive, j'ai rédigé ce guide afin de vous donner les clés pour que la relation avec votre nouveau compagnon de vie débute de la meilleure façon qu'il soit. Cet ouvrage vous permettra d'appréhender parfaitement les premiers mois avec votre chiot : - Vous découvrirez des astuces pour l'accueillir du mieux possible, préparer son premier transport, l'arrivée à la maison et les premières nuit ; - Vous obtiendrez également des conseils pratiques pour bien commencer son éducation : je vous livrerai des techniques pour lui enseigner son nom et les ordres de base en douceur, mais aussi pour l'éduquer à la propreté et à la solitude, des étapes cruciales dans la vie d'un chien ! - Enfin, vous serez guidés dans les différentes phases déterminantes, telle que la sociabilisation, l'apprentissage des interdits ou encore les frustrations, ainsi que la gestions des petits tracas quotidiens comme les destructions. Ce livre est destiné à tous les maîtres et les chiens, que vous soyez novice ou en enquête d'une éducation plus douce et respectueuse de l'animal. Avec mon aide, vous comprendrez que les premiers mois avec votre chiot ne sont pas insurmontables ! Grâce à des méthodes simples et efficaces fondées sur l'éducation positive, vous aurez toutes les bases pour vous aider dans ce début de relation, et ainsi créer une véritable complicité avec votre boules de poils ! Et bientôt, vous pourrez clamer haut et fort : " Mon chiot, facile ! "

07/2021

ActuaLitté

Théâtre - Pièces

Théâtre I, Les Radis creux

Meckert "croit au théâtre" , écrit Raymond Queneau en 1949. Connu comme romancier, Jean Meckert est aussi l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont la plus ancienne, Les Radis creux, date de 1943, peu de temps après la parution de son premier roman, Les Coups, salué par Gide et Queneau. La lecture-spectacle des Radis creux au Vieux-Colombier est chaleureusement applaudie, le critique Thierry Maulnier soulignant alors la "valeur dramatique incontestable" de la pièce, dont le héros, Albert, est un jeune chômeur qui vit misérablement en faisant pousser des légumes sur les tombes abandonnées d'un cimetière. Albert empêche le suicide d'une jeune fille venue se tuer sur la tombe de son amant, Madeleine, qui lui confie son désespoir mais aussi sa révolte contre la tyrannie bien pensante d'une famille de bourgeois parisiens. Si un lien semble naître entre les deux êtres que rapproche la solitude, Albert est rapidement rejeté et humilié par Madeleine, puis par sa soeur Edith : "Entre celui qui garde en lui le besoin des échanges humains, mais que la société, qui l'écrase, rejette comme un déchet, et ceux chez qui les plus grands sentiments, la pitié, la vertu, l'amour et la révolte ne sont plus que des simulacres derrière lesquels la première secousse un peu brutale fait apparaître le visage hideux des préjugés et des conventions de caste, la communication n'a pu s'établir". Montée en novembre 1951 au Théâtre de Poche, la pièce est interprétée par Sylvia Monfort dans le rôle d'Edith, Marie-France Rivière dans celui de Madeleine, Etienne Bierry dans celui d'Albert, et Marcel Cuvelier, qui a mis en scène Nous avons les mains rouges, dans celui du gardien du cimetière. Meckert voulait que son théâtre soit publié. Les éditions Joseph K. , qui ont déjà fait paraître plusieurs inédits de l'auteur, exaucent ce souhait, révélant une facette méconnue de son oeuvre, indissociable de la singularité et de "l'énergie intérieure" qui habitent ses premiers romans.

01/2024

ActuaLitté

Littérature étrangère

Pleine lune

Dans une petite ville du sud de l'Andalousie battue par la pluie et le vent, une fillette est retrouvée morte sur le talus d'un parc. Couverte de terre, elle ne porte que ses socquettes, et sa culotte a été enfoncée dans sa bouche pour l'asphyxier. L'hiver et la peur tombent sur la ville tandis que se font entendre, comme une trame en continuelle expansion, les voix des personnages liés entre eux par des bribes de passé et l'horreur d'une cruauté gratuite. L'inspecteur, un homme muté du pays Basque, miné de l'intérieur par la violence terroriste, obsédé par la recherche de l'assassin comme si d'elle dépendait son propre salut. Susana Grey, l'institutrice, dont la sensibilité, l'ouverture sur le monde et les autres vont bouleverser la vie de l'inspecteur. Le père Orduna, ancien prêtre ouvrier, persuadé que les yeux sont le reflet de l'âme et que ceux de l'assassin sont vides. Paula, la seconde victime, elle aussi retrouvée sur le talus, mais vivante à force de courage et de ténacité, protégée par la tendresse de son père. Le médecin légiste, dissimulant sa solitude et son désenchantement sous sa conscience professionnelle et sa tendresse pour l'enfance. L'assassin enfin, personnage névrosé et énigmatique, ordinaire et ignoble, qui ne sait vivre que dans la haine et la soumission du plus faible. Témoin symbolique de cet entrelacs d'horreur et d'humanité, la clarté lunaire tantôt illumine l'amour rédempteur de l'institutrice et de l'inspecteur, tantôt pousse l'assassin au plus noir de lui-même. On ne sort pas indemne de ce livre dense, qui s'appuie sur une prose précise et une construction sans faille, animé d'un souffle poétique admirable et qui s'enfonce, entre passé et présent, dans l'obscure et lumineuse matière humaine. Pleine Lune révèle la profonde cohérence du monde narratif d'Antonio Munoz Molina, l'un des plus grands écrivains de notre temps. Traduit de l'Espagnol par Philippe Bataillon.

07/1998

ActuaLitté

Littérature étrangère

La femme tombée du ciel

Une catastrophe écologique provoquée par la multinationale Domidion lors de la construction d'un oléoduc élimine toute forme de vie dans l'océan près de Samaritan Bay, sur la côte de Colombie-Britannique, et fait des victimes parmi les autochtones de la réserve voisine qui jadis accueillait la migration annuelle des tortues, des oiseaux et des touristes. Les deux personnages principaux du roman sont les responsables de cette catastrophe et vont chercher leur rédemption, chacun à sa manière. Le chercheur Gabriel Quinn, scientifique génial qui a mis au point le défoliant mortel GreenSweep, puis lutté contre sa mise en vente, dévoré de culpabilité, vient s'installer secrètement dans la réserve polluée, d'où est originaire sa propre mère, dans l'intention de se suicider. Il y rencontre des survivants qui vont lui redonner goût à la vie : Mara Reid, peintre ayant grandi sur la réserve, dont la sexualité décomplexée initiera Gabriel ; Nicholas Crisp, sage et coloré doyen des lieux ; Sonny, jeune maître des tortues, collectionneur d'objets vomis par la marée. Dorian Asher, le PDG de Domidion, narcissique et attachant à la fois, ne lit rien, n'aime pas les Arts, est même indifférent à la procédure de divorce instruite par sa femme. Il tente d'oublier un nouveau scandale écologique qui s'annonce (cette fois-ci dans une rivière de l'Alberta) en fuyant dans de luxueux hôtels, savourant sa solitude et avec pour unique obsession le choix de sa nouvelle montre... Gabriel et Dorian ne se reverront pas mais, liés par le désastre, ils connaîtront des sorts inattendus. La femme tombée du ciel est un livre à l'humour satirique dévastateur. Thomas King use habilement des traditions amérindiennes pour mieux faire ressortir la monstruosité de l'homme contemporain vis-à-vis de son environnement : le lobby des armes, l'industrie chimique, l'agriculture à haut rendement, le capitalisme sont férocement critiqués tout au long de ce roman foisonnant et engagé, baigné d'une lumière poétique des origines, indispensable et guérissante.

04/2017

ActuaLitté

Photographie

La disparition des lucioles. (Réflexions sur l'acte photographique)

Rien n'est plus grave que l'acte photographique. Pour un écrivain, s'y livrer c'est signer chaque fois un "départ d'orgueil". C'est aussi abandonner à tout bout de champ les simulacres et les stratégies, échapper à la contrainte des persuasions, à la subtilité obligatoire des enchaînements. J'ajouterais même : au savoir-faire, si je n'étais sûr du contraire, sûr qu'il s'agit là d'un leurre qu'on rajoute tous les jours au débat sous une forme différente. Tout gain de liberté (et chaque instantané photographique en gagne) va de pair avec une augmentation de savoir-faire. C'est ça qui fait le style. Et c'est le vertige éprouvé à leur course commune, au sursaut qu'ils font sur l'abîme, qui définit bien sûr cet art. D'où l'importance accordée tout au long de ce livre - par le biais d'approches voulues aussi diversifiées que le sont l'essai, l'interview, la fiction, le journal intime, ou encore une série de photos commentées comme autant de schémas pensifs - à la prise photographique elle-même, moment de sensation éperdue qui dit textuellement ceci : toute photo est une intelligence qu'épuise une lumière. Les lucioles disparaissent peu à peu, cantonnées dans quelques réduits occasionnels de la nature. Mais tandis que ces charmants animaux à la lumière se font rares, nous autres photophores prenons le relais. La fabrication des photos ne laisse rien dans l'ombre, et surtout pas l'instant de folie pure qu'abrite le déclenchement de la photo. Devant la gravité de telles certitudes, l'écrivain que je suis est renvoyé à la solitude, à l'angoisse, à la pénombre de sa durée. Mais à la beauté aussi, circulant entres elles et lui, qui valait bien le voyage. Chaque photo répète la phrase de Proust : "Nous disions : après, la mort, après, la maladie, après, la laideur, après, l'avanie." On verra bien.

05/2016

ActuaLitté

Littérature française

Rêveurs

Avons-nous chacun un double de nous-mêmes, s’agitant quelque part sur la Terre et menant une vie parallèle à la nôtre ? Alain Blottière dispose ainsi les deux jeunes héros de ce roman sur les deux registres alternés d’une intrigue où ils se font face sans se connaître. Nathan, un adolescent de 16 ans dont la mère est morte dans un accident de voiture un an plus tôt, vit avec son père dans une banlieue bourgeoise de l’Ouest parisien. Il est assez gâté, blasé, un peu paumé. Il plaît aux filles, Justine d’abord, Manon aujourd’hui, et aux garçons, notamment à son ami Raph qui en est franchement épris. Mais il s’ennuie. Son vrai plaisir, il le trouve en pratiquant le fameux et dangereux jeu du foulard, qui consiste à s’étrangler un court instant pour plonger dans d’étranges visions, comme en autant de fragments empruntés à un univers caché. Dans un autre monde, à Dar es Salam, un quartier misérable du Caire, le jeune Goma, 16 ans, vit les premières heures de la révolte anti-Moubarak. Goma et son ami Ragab se méfient des sbires de la police qui bouclent le quartier et réservent un sort particulièrement cruel aux petits émeutiers pauvres qui tombent entre leurs mains. Lui aussi vit le meilleur de son temps en rêve, loin d’ici, dans un pays sans faim ni violence. Il arrive que les parallèles se croisent. À l’occasion de courtes vacances en Égypte, Nathan se baigne en compagnie de Goma dans le Nil. Ils ne parlent pas la même langue, ne savent pas qu’ils sont dans le même livre. Nathan a la sensation éblouissante de rencontrer son double, un moment magique qui ne peut qu’annoncer sa mort. Puis l’auteur sépare à nouveau leurs destins, renvoie les personnages à leur solitude, à leurs fantasmes.

09/2012

ActuaLitté

BD tout public

Un portrait de moitié claire

Ce livre est inspiré et nourri par un conte de Philippe Dorin, Moitié Claire qui évoque symboliquement le développement de la sexualité d'une petite fille. Claire a environ 35 ans et comme beaucoup de femmes aujourd'hui, elle ne se fond pas dans le reflet sociétal du modèle féminin. Ses compagnons sont partis les uns après les autres, elle vit seule, et le manque affectif est au centre de sa vie. Partant de ce présent difficile, son portrait part explorer son identité intérieure et secrète. Il se dessine, au fur et à mesure, en scènes successives : les souvenirs d'enfance heureuse ou elle exprime une sexualité libre et innocente, l'abandon, les paroles maladroites de sa mère, ses rivales, les rêves amoureux que fait Claire dans sa misère affective, la souffrance de se sentir différente. Ces scènes la présentent suivant la structure du Conte de Philippe Dorin, en plusieurs parties : L'ambivalence... "Est-ce un jardin ou un parc ?" Le choix et l'interdit... "Ta mère te l'a toujours défendu" Le déchirement entre deux choses... "Haut la hache ! Coupé en deux parties égales" Ainsi, dans le portrait de Claire adulte, flotte et danse l'ombre de Claire enfant. Le récit, en forme de monologue, s'écoule au fil de ses pensées, sans volonté chronologique, la réalité de Claire et son imaginaire sont indissociables. Les images se concentrent sur Claire, elles explorent son corps, s'approchent de sa peau, regardent l'intime, pénètrent en elle, cherchent à voir l'impossible secret. On suit Claire dans sa maison, dans ses longues promenades, dans les paysages mentaux de sa solitude. Un portrait de moitié Claire s'inscrit dans la continuité d'autres livres de Pierre Duba comme Sans l'ombre d'un doute et Racines, tout en s'aventurant dans des paysages plus intimistes sur le questionnement de l'identité, de la femme et de sa sexualité.

03/2012

ActuaLitté

BD tout public

Pacush Blues Tome 13 : Correspondance avec les corps obscurs

"Tu vois man, la vie est une agitation globale terriblement complexe et il n'y a que la proximité de la mort qui peut t'en apporter la révélation" . La proximité de la mort, ou peut-être la lecture de Pacush Blues ? En marge du monde des humains, dans la crasse et les ordures, vivent les rats de Pacush Blues. Après s'être attaqué à l'intolérance, l'égoïsme, la manipulation, la xénophobie et tous ces petits bonheurs de la vie en société, dans ce nouveau tome Ptiluc amène ses rats à plonger dans les méandres d'une réflexion philosophie sur l'essence de la vie, et les réactions et désirs paradoxaux que cela entraîne ! Paradoxe de l'envie de solitude et du besoin des autres, de la binarité entre la lumière éblouissante et de l'obscurité enveloppante, du désir de vivre en pleine conscience et de la tentation de se laisser glisser sur l'existence sans même savoir le jour qu'il est ? Et puis la mort, la maladie, la vieillesse ; est-ce une malédiction, un aboutissement ou un passage ? Notre héros déglingué est taraudé par ces questions existentielles depuis qu'il a pris l'habitude de discuter avec l'âme chevillée au corps en décomposition d'un de ses congénères ? A la manière des cobayes de laboratoire, observez dans quelles turpitudes vivent, survivent et meurent les rats de Ptiluc, vous en apprendrez sans aucun doute beaucoup sur vous-même ! Dans un univers sombre forcément propice à l'humour noir, dans des pages somptueuses où l'abstraction côtoie la déconnade, cet auteur majeur nous tend un miroir déconcertant sur notre humanité. Heureusement que Kant et Sartre n'avaient pas pensé à faire de la BD avant lui ? ! Enfin, Claude Serre ne disait-il pas de l'oeuvre de Ptiluc : "C'est beau ! C'est simple, on dirait du Proust ! Mais en mieux dessiné. ". . ?

03/2010