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Simon Hagemann

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Littérature étrangère

L'école de la chair

Dans le " bric-à-brac " de la société japonaise des années 60, les fantômes des ci-devant aristocrates hésitent encore à danser avec les premiers parvenus du miracle économique. Les Occidentaux, démasqués par leur épouvantable grand nez, se comportent toujours comme en pays conquis. Les rues sont pleines de jeunes filles qui n'en sont plus, de petits jeunes gens détestables dévorés de paresseuses ambitions. L'élite s'embourgeoise en se laissant prendre aux mensonges du luxe et de la mode, tandis que commencent à régner la démocratie des propriétaires de voitures, la civilisation des loisirs. Comment vivre, lorsque - comme le diamant de trois carats que l'on porte au doigt - on a été taillé dans une autre époque, La chair, soudain révélée, pourrait-elle faire disparaître ce désert que l'héroïne - trente-neuf ans : le même âge que Mishima au moment où il écrit son roman - voit s'étendre aux confins de sa brillante réussite sociale, ce goût acre de sable qui la saisit au plus intime d'une liberté féminine cueillie au passage sur les ruines encore fumantes du Japon féodal ? La chair ! ses cheminements obscurs, son arrogance animale, mais aussi sa pureté, sa grâce unique qui semble ouvrir à l'imagination un monde absolu sans autre limite que la mort... Hélas ! L'école de la chair, surtout lorsque le professeur n'est qu'un ange déchu, peut-elle être autre chose que l'école de la vie, ou pis, l'école des femmes ? Alors, que reste-t-il ? sinon l'âpre continuité du courage qui pousse certains êtres à aller jusqu'au bout de leur lucidité et de leur générosité, à prendre l'entière responsabilité de ce qu'ils imaginent " tout seuls dans leur tête ". Les grands thèmes de l'œuvre sont ici en suspension avant le précipité final de la tétralogie. Instant de grâce où tout semble possible : la noblesse de cœur, reconquise sur la noblesse de sang, trouve les chemins de cette gentillesse qui s'épanouit parfois dans les bas-fonds grouillants de nos sociétés.

03/1993

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Cinéma

24 images/seconde. Séquences de mémoire

" En scène " depuis l'âge de deux ans et demi, Marina Vlady donne sa première réplique à Gaby Morlay devant une caméra à l'âge de dix ans... 24 images/seconde est l'occasion de " tourner " avec elle autour du monde, d'Espagne en Italie et d'Afrique en Russie, d'évoquer maintes grandes figures du cinéma mondial : John Huston, Alberto Sordi, Anna Magnani, Marcello Mastroianni..., pratiquement tous les acteurs de cette génération ou de la précédente, autant de metteurs en scène, aussi divers que Jean-Luc Godard, Ettore Scola, Marco Ferreri ou Orson Welles. Mais ce ne serait là qu'un bel album, si chaque portrait de comédien ou chaque évocation de film n'était l'occasion de faire pénétrer le lecteur dans les arcanes du milieu lui-même et trouver réponse à ces questions que chacun se pose en voyant jouer un acteur ou une actrice comment choisit-on un scénario ? Pourquoi accepte-t-on de tourner un premier film promis à l'insuccès ? Comment se manifeste l'irrépressible envie d'un rôle quand on est prêt(e) à tout pour l'obtenir ? Comment mime-t-on l'amour sous l'ail de la caméra (et des techniciens) ? Comment évite-t-on de se répéter, de ressembler au " rôle-phare " auquel les autres veulent à tout prix vous identifier ? Et l'actrice n'oublie pas non plus d'évoquer la part la plus créatrice et sans doute la plus vibrante d'une carrière de comédienne : le théâtre. Ce livre est aussi l'occasion pour Marina Vlady de raconter des souvenirs beaucoup plus personnels. C'est Simone Signoret qui lui avait conseillé d'écrire son premier livre sur Vissotsky. C'est Léon Schwarzenberg, son dernier compagnon, qui lui tint lieu de premier lecteur pour le manuscrit de 24 images/seconde. Un livre où chacune et chacun de ceux qui ont hanté les salles obscures au fil de ces dernières décennies retrouvera le chemin parcouru par Marina Vlady en un demi-siècle d'histoire du cinéma.

01/2005

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Littérature étrangère

Exilia

Ce livre est semblable à une île cernée par la nostalgie. Dans ces cinq récits unis par leur tension interne et leur trame argumentative, " le gamin amoureux " de ces pages est un authentique raconteur d'histoires tendres, violentes et déconcertantes. Il est aussi, parfois, un protagoniste ou un mystérieux personnage sans nom. Qui est Restituto, ce gamin qui tout jeune pratique la vivisection sur nombre d'animaux et devient un chirurgien dévoué sur les champs de bataille angolais, mais qui perd le combat le plus dangereux de sa vie contre (et en même temps pour) une femme qui l'aime sans qu'il le mérite ? Dans la Saxophoniste le gamin narrateur perd à jamais sa première fiancée qui s'en va à Miami. Ses lèvres sont pour lui une île avec ses deltas, ses dunes, ses criques et ses coraux. Cette bouche émigrée a emporté avec elle la transparence du littoral de l'île de Cuba. Que se passera-t-il lorsque ces lèvres regrettées se mettront à parler anglais de l'autre côté du Détroit de Floride ? Qui est l'évanescente et passionnée Exilia et qui est le jeune étranger qui retourne à Cuba sur les traces de son père ? Quelle relation souterraine conserve ce père mort dans un lointain et froid pays avec le " gamin amoureux " et avec la vie de René Vazquez Diaz ? Que signifie le côté d'ici et le côté de là-bas, sinon la lente décomposition de la conscience au fur et à mesure que s'égarent l'authenticité et les rêves ? Exilia est peut-être le pouvoir ensorcelant de la rupture et de la nostalgie, une image des heurts de l'Histoire et de l'amour telle une hallucination qui assaillit l'homme de toutes parts. Exilia est l'altération que le temps et l'imagination imposent à ce que nous nommons " réalité ": pourquoi notre vie et notre moi coïncident-ils si rarement ? René Vazquez Diaz nous avait habitué à de longs romans foisonnants, Exilia prouve qu'il excelle dans la forme courte.

03/2004

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Critique littéraire

Vies parallèles. Tome 2

Originaire d'une famille aisée de Chéronée, Plutarque (46?-126?) y passa l'essentiel de sa vie, se consacrant à l'exploitation de son domaine et à ses travaux d'écriture. Des voyages l'ont conduit à Athènes, à Sparte, à Rome, dont il fut aussi nommé citoyen. Les vingt dernières années de sa vie, il exerça les fonctions de prêtre d'Apollon à Delphes et s'occupa de la restauration du sanctuaire, tombé en ruine. Parallèlement, il avait créé une académie privée où il enseignait la philosophie et l'éthique. L'œuvre de Plutarque est d'une extraordinaire abondance. Elle compte plus de deux cents titres ; un bon tiers nous en est parvenu, témoignant d'une des activités littéraires les plus intenses de l'Antiquité. Si la majeure partie des textes touchant aux sujets les plus variés ont été regroupés sous le titre un peu vague de Moralia, les Vies parallèles constituent un ensemble homogène à part : cinquante biographies, mettant en parallèle des représentants des peuples grec et romain, afin de rappeler aux Romains ce qu'ils doivent aux Grecs et de dire aux Grecs que les Romains ne sont pas les barbares qu'ils croient. Plutarque incite ainsi à une estime réciproque entre les deux peuples en soulignant l'égalité de leurs valeurs, même si, en filigrane, il ressort une supériorité des Grecs. Le succès des Vies a été immense. Montaigne s'y réfère souvent : " Je n'ai dressé commerce avec aucun livre solide, sinon Plutarque et Sénèque, où je puise comme les Danaïdes, remplissant et versant sans cesse. " Rousseau y conforte son esprit républicain : " Je me croyais Grec ou Romain. Je devenais le personnage dont je lisais la vie. " Que le lecteur contemporain fasse comme lui et se laisse emporter par la meilleure traduction moderne qui existe actuellement, signée par les grands hellénistes Robert Flacelière et Emile Chambry. La présentation est due à Jean Sirinelli, auteur d'une biographie remarquée de Plutarque.

02/2001

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Histoire internationale

Le discours balkanique. Des mots et des hommes

On parle beaucoup des Balkans, mais comment en parle-t-on ? Chacun des peuples de la péninsule a son propre discours, ses propres mots pour désigner les gens, les lieux et bien d'autres choses. Le discours sur les Balkans qu'on entend en Occident en est inspiré, il est donc cacophonique, il fourmille d'ambiguïtés, il favorise les partialités et les malentendus. Chacun, dans les débats sur ces pays, cherche à imposer son point de vue par le choix même des expressions qu'il emploie. Il importe donc de décrypter les mots, et derrière eux de retrouver les réalités. Quelles communautés humaines appelle-t-on une nation, un peuple, une ethnie ? Qu'entend-on par " autodétermination des peuples ", " nettoyage ethnique ", " langue serbo-croate " ? Quels groupes d'hommes sont nommés Bosniaques, Macédoniens, Valaques ? Quels territoires constituent la Moldavie ou le Kosovo ? Pourquoi telle bourgade bulgare a-t-elle, en un siècle, porté successivement quatre noms différents ? Chacune de ces questions, avec des dizaines d'autres du même genre, est étudiée dans son contexte historique proche et lointain, en se référant, si nécessaire, aux langues d'origine, et en cherchant à démêler les arrière-pensées idéologiques qui ont dicté le choix des mots. On cherche aussi à esquisser ce que pourrait être, sinon une vraie terminologie scientifique, du moins un langage plus ou moins objectif, qui permettrait de débattre vraiment sur les choses. Car, à travers cette enquête sur les mots, on voit aussi apparaître, quoique sous une lumière insolite, toute l'histoire, la géographie, la situation linguistique et religieuse des Balkans, tous leurs problèmes politiques. Certaines leçons peuvent en être tirées. Exorciser, par une analyse objective, les illusions forgées par les nationalismes, et dénoncer les horreurs qui en découlent, ne doit pas conduire à sous-estimer les identités nationales, réalité profonde qui jouera nécessairement un rôle dans les états démocratiques à construire ou à consolider dans cette partie de l'Europe.

10/2004

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Droit

Un avocat pour l'Histoire. Mémoires interrompus 1933-2005

C' est le récit d'une vie, celui d'un grand avocat et de sa passion pour le droit, pour la justice imparfaite des hommes, pour ces voix qui s'élèvent dans le prétoire, et défendent, et convainquent, et libèrent. Ce sont aussi, retracées par un témoin et un acteur majeur, cinquante ans de notre histoire judiciaire et politique : où l'on revit les grands procès de l'Algérie " française " - celui du général Challe, du général Salan, des conjurés du Petit-Clamart, du lieutenant Pierre Guillaume plus connu sous le nom de "crabe-tambour" -, mais aussi d'étonnantes affaires de presse où se côtoient Jacques Laurent, François Mauriac, Raoul Girardet, Michel Droit. Ce sont mille anecdotes et portraits en pied, de Tixier-Vignancour à Roland Dumas, en passant par Maurice Garçon, Vladimir Boukovsky, François Léotard et Bob Denart... Enfin, bien sûr, c'est la défense inspirée et obstinée de Maurice Papon, lors d'un procès spectaculaire par sa portée symbolique et qui reste à ce jour le plus long de l'histoire de France. À ce titre, ce livre est aussi une réflexion éclairée sur une société aux prises avec son histoire, sa culpabilité, ses aveuglements, ses obsessions. Toute sa vie, Jean-Marc Varaut aura ainsi combattu les menaces exercées sur ce que doit toujours être un procès équitable. Il n'aura fait, selon la méthode très simple qu'il explique, que " dire l'irréductible valeur, ou saveur, de tout homme ". Sa conviction nous emporte : quelle mission pour l'avocat, sinon d'" être celui qui dit quand il le faut : "on ne passe pas" " ? " Il y a des principes qui sont des conquêtes de la civilisation juridique, ils constituent la charge de la dignité humaine. L'espace où vit l'homme, c'est la petite plage d'ombre et de lumière que dessine et qu'enclôt le droit, opus incertum, que tente d'ajuster le juge. "

03/2007

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Sciences politiques

Une histoire de la séduction en politique

"Je n'ai qu'une passion, qu'une maîtresse, la France. Je couche avec elle." On ne saurait être plus explicite que Napoléon... Pour faire carrière en politique, il faut aimer séduire. L'opinion est une femme à conquérir, sinon à soumettre, et toutes les ruses sont bonnes pour arriver à ses fins: c'est le grand Pompée offrant au peuple des jeux grandioses; c'est Hitler déployant à la tribune sa rhétorique envoûtante et vénéneuse; c'est le jeune Kennedy affichant un sourire télégénique, Giscard d'Estaing dissimulant sa calvitie, Poutine gonflant ses biceps, Berlusconi multipliant les séjours en clinique d'esthétique... La politique a toujours été un art du paraître et ce phénomène s'est accru avec l'avènement du suffrage universel et de la société du spectacle. Alors que tout un chacun, en effet, prétend à son quart d'heure de célébrité, il est impératif de savoir se distinguer, sortir du lot, attirer la sympathie, bref "se vendre " comme un produit de marque. Ce livre est un voyage au pays des séducteurs. On y découvre les stratégies qu'ils déploient pour satisfaire leurs ambitions; on y croise des héros adulés, de César à Jaurès, des dictateurs hypnotiques, des foules versatiles, des magiciens de la com', des as du marketing, et aussi: des bimbos, des "first ladies", des traîtrises, des mensonges, des "petites phrases"... C'est en quelque sorte une autre histoire de la politique, qui nous enseigne qu'il n'y a pas deux façons de faire de la politique, l'une qui serait la bonne et qui consisterait à s'adresser à la raison des électeurs, à dire ce qui est, à leur faire partager des convictions... et l'autre -la "mauvaise"- qui viserait leurs imaginaires, leurs émotions, leurs pulsions irrationnelles. A l'heure où se profile un scrutin présidentiel, ce livre vient à propos nous éclairer sur le fonctionnement de nos sociétés et sur ce rapport si particulier que les électeurs entretiennent avec celui (ou celle) qu'ils choisissent de porter au pouvoir.

03/2011

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Sciences politiques

Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel

L'élection n'a pas toujours été tenue pour le moyen le équitable, le plus efficace et le plus transparent de distribuer les charges et les honneurs publics et de désigner ceux qui devaient contribuer à la fabrication de la loi. Le vote individuel et en conscience, dont la confidentialité et la fiabilité sont garanties par des dispositifs et des objets concrets (les bulletins secrets, les urnes, les isoloirs), n'a souvent pas été davantage considéré comme la meilleure façon de prendre une décision en commun sur les affaires importantes telles que les impôts, la religion ou la science. Longtemps, d'autres systèmes ont joui d'un prestige égal sinon supérieur, qu'il s'agisse du tirage au sort, de l'hérédité, de la cooptation, de l'acclamation ou de l'appel à l'Esprit saint. Votes et élections existaient pourtant, dans d'innombrables lieux et institutions : les villes et les villages, les ordres religieux et les conclaves - où agissait justement l'Esprit saint -, les universités et les académies. Mais ils servaient d'autres fins que la recherche de la solution optimale, la sélection des meilleurs représentants et la juste répartition des charges : la reproduction sociale des élites, par exemple, la construction de la hiérarchie des rangs et des statuts, la protection de certains monopoles professionnels ou encore la défense de l'orthodoxie religieuse... Ils n'avaient finalement pas grand-chose à voir avec l'idée que nous nous faisons de la démocratie et de la place que les procédures électives doivent y tenir. C'est à reconstruire cette longue histoire du vote avant les révolutions du XVIIIe siècle et la naissance des systèmes représentatifs modernes que s'attache ce livre. En rejetant, à partir d'études de cas vivantes et précises, l'idée d'un progrès linéaire du choix rationnel et des institutions représentatives depuis la fin du Moyen Age jusqu'aux révolutions démocratiques, Olivier Christin porte au jour les enjeux des débats qui ont actuellement pour objet la critique de la décision majoritaire et de la démocratie représentative.

02/2014

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Histoire de France

Le crime contre l'humanité. Le crime d'être né

Le témoignage d'André Frossard, résistant, catholique, à la cour d'assises de Lyon a constitué l'un des temps forts du procès de Klaus Barbie. André Frossard a vécu l'enfer durant la guerre dans la 'baraque aux juifs' du fort Montluc à Lyon. Il a vu ses camarades torturés, emmenés vers la mort, y échappant lui même de peu. Ces souvenirs terribles vis à vis desquels "le temps ne peut rien" il les a rappelé lors du procès de Klaus Barbie devant la cour d'Appel de Lyon durant les années 80 et en a fait l'objet de ce petit livre. Il donne dans ce livre la définition du "crime contre l'humanité" vis à vis duquel il ne peut y avoir prescription. Il montre que le déshonneur durant la seconde guerre mondiale ne fut pas d'avoir perdu la bataille de France en 1940 sinon la France serait déshonoré depuis Alésia, le déshonneur ce fut d'avoir livré des juifs, des franc-maçons, des résistants, des hommes politiques dans les mains des nazis, d'avoir collaboré à la plus grande entreprise criminelle de l'histoire. Dans cet ouvrage, la dignité, la hauteur du style, le poids des mots sont à la hauteur des évènements tragiques qu'ont vécu l'auteur et des dizaines de millions de personnes à l'époque. Ce n'est pas seulement un livre de témoignage, mais aussi une oeuvre de réflexion sur le drame que les juifs et l'Europe ont vécu au XXe siècle du fait de cette "seule et même origine : le mépris de l'homme". Que de souffrances, que de souffrances les contemporains durent subir à cause de la folie de quelques hommes. En conclusion André Frossard prévient les jeunes générations ; "Enfants, soyez vigilants, enfants, méfiez-vous", car "si le volcan de la haine raciste ne laisse plus échapper quelques fumerolles éparses, il n'est pas éteint".

05/2019

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Littérature étrangère

Un Anglais sous les tropiques

Telle Rome, Nkongsamba, capitale à peine mythique d'un jeune Etat africain, est bâtie sur sept collines. Mais la comparaison s'arrête là. Nul n'en souffre davantage que le premier secrétaire au Haut-Commissariat britannique, Morgan Leafy, la trentaine bedonnante, le cheveu en voie de disparition, la peau trop rose pour le soleil d'Afrique, le foie en crise aussi permanente que ses relations avec l'agressive et imposante Mrs Fanshawe, l'épouse de son supérieur direct, le Haut-Commissaire-adjoint. Rien ne vient dans sa vie relever l'ennui vertigineux d'une routine administrative absurde, la banalité pathétique des soirées au club, pas même ses ébats avec une maîtresse noire loin d'être au-dessus de tout soupçon... Voici pourtant que cet horizon embrumé de chaleur moite s'éclaire avec l'arrivée de la jolie (encore que ce nez...) Priscilla, la fille du couple Fanshawe. Le même jour, son patron confie à Morgan une délicate mission : celle de soudoyer un politicien local afin de rétablir par le biais d'élections contrôlées l'influence et la gloire de l'ex-puissance coloniale. Que Morgan réussisse à la fois dans cette entreprise et son projet d'épouser Priscilla, et c'en sera fini de la médiocrité gluante qui menace d'engloutir sa vie et ses légitimes ambitions. Tout semble bien commencer, et il paraît acquis que le nez trop pointu de Priscilla va changer sinon la face de Kinjanja du moins le destin de notre héros. Hélas, très vite les catastrophes s'enchaînent. Et il apparaît encore plus rapidement que si la Grande-Bretagne doit continuer " à gouverner les vagues " au Kinjanja, il lui faudra d'abord maîtriser les tempêtes que soulève chaque intervention du malheureux Morgan... Avec ce premier roman, magnifique et irrésistible, chargé de mœurs coloniales dans une Afrique aimablement vengeresse, William Boyd s'est haussé d'emblée au premier rang des satiristes anglo-saxons.

03/1995

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Critique littéraire

George Sand à Nohant. Une maison d'artiste

" Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée ", écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. A vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour " la bonne dame", je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais. Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une " oasis " propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation. Ce lieu, Sand l'a investi. L'art y établit la communion des coeurs et des esprits. C'est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde. Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis. Michelle Perrot

08/2018

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Littérature étrangère

Les soldats et les nonnes

Les soldats et les nonnes est un roman d'amour construit avec la plus grande rigueur. D'un côté il y a les "nonnes" : Anne Cavidge, bonne soeur défroquée, et son amie Gertrude Openshaw, riche bourgeoise londonienne dont le mari se meurt d'un cancer. De l'autre, les "soldats" : Wojciech Szczepanski, exilé polonais surnommé le Comte pour plus de facilité, et Tim Reede, peintre encore assez jeune, plein de charme et d'insouciance, sinon de talent, amant de Daisy Barrett, mal embouchée et ivrogne sur les bords mais qui, elle aussi, est dans son genre une nonne. Au milieu, "les cousins et les tantes", parents plus ou moins éloignés de Guy, le mari de Gertrude ; leur rôle est celui du choeur antique et, à l'occasion, d'empêcheurs de danser en rond. L'histoire est celle d'un intellectuel anglais d'ascendance juive, Guy Openshaw, qui, sur son lit de mort, exhorte sa femme, Gertrude, à se remarier quand lui-même aura disparu. A quelque temps de là, Anne, échappée du couvent, demande asile à Gertrude, son amie de jeunesse. Guy mort, les deux femmes jurent de finir leurs jours ensemble et de faire le bien autour d'elles. Mais les choses ne se dérouleront pas comme prévu. Gertrude se remariera, et pas avec le prétendant choisi par son mari. Anne ne retrouvera pas la paix et l'innocence qu'elle était venue chercher dans le monde. Eros va venir bouleverser les projets et les vies de la manière la plus violente. A partir de ce schéma, Iris Murdoch a construit un édifice romanesque d'une vitalité foisonnante et d'une beauté baroque, riche en suspense, en rebondissements et coups de théâtre, le tout sous-tendu par une réflexion profonde sur le Bien, le Mal, Dieu et la mort. Les soldats et les nonnes est un beau livre, profond, poignant et brillant.

03/1988

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Littérature française

Le dernier kaléidoscope

"André Wurmser naquit peu avant le siècle et, après des études baroques, exerça des métiers désagréables. Gallimard publia son premier roman en 1929. Romancier, nouvelliste, essayiste, Conseils de révision obtint le Grand Prix de la critique et La comédie inhumaine a projeté une lumière que certains disent nouvelle et d'autres trop crue sur les rapports de Balzac, de son oeuvre et de son temps avec l'argent, il écrit, dans le même sens, depuis près de quarante ans, un "billet" quotidien. Ce n'est donc pas sans raison que ses mémoires s'intitulent Fidèlement vôtre et que la plupart des critiques ont parlé de son amour des hommes. C'est justement à propos du Nouveau kaléidoscope qu'André Stil écrivit : "Chaque matin, dans son miroir, il nous voit." Le dernier kaléidoscope, comme les deux précédents recueils, se compose de nouvelles brèves. Elles sont de toutes les couleurs, du riant au sévère, et de tous les temps, de 1910 à l'an 2000. La plus courte a quelques lignes, la plus longue quelques pages. Le dernier kaléidoscope est encadré de deux tout petits romans. Le tueur de l'Yonne a quelque chose du roman policier : plusieurs crimes et, au bas mot, un assassin. Qui ? Lui ? Déjà, une nouvelle de Courrier de la solitude affirmait que "les choses sensuelles sont secrètes et terribles". Mais Le tueur de l'Yonne est surtout une interrogation sur la fragilité des images et l'instabilité de la confiance. La conscience professionnelle a quelque chose d'un roman historique. Le journaliste de province dont est rapportée la longue carrière est banal : c'est sa force. Ses billets quotidiens, débordant de bon sens, de sarcasmes amusants et d'opinions rassurantes, paraissent du début des années trente à la fin des années soixante, avec une courte interruption après juillet 1944. Ainsi nous est-il rappelé ou appris comment ces années ont été ressenties et vécues, sinon par M. Tout-le-monde, du moins par son porte-parole." Bulletin Gallimard n° 313, mars 1982.

03/1982

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Histoire de France

Au maquis de Barrême. Souvenirs en vrac

"Lors de la réunion du trentième anniversaire de notre maquis vous m'avez demandé d'écrire son histoire. J'ai dit "oui" mais maintenant, le stylo en main, je suis perplexe. Ne se bombarde pas historien qui veut. Un véritable historien doit pouvoir manipuler à la perfection l'art du bidonus. Bidonus est un mot latin qui, traduit littéralement, signifie "art de mettre la pureté, la beauté et l'héroïsme dans des choses qui en ont moins". Mot qu'il ne faut en aucun cas confondre avec "bidon", terme vulgaire à sens péjoratif. " C'est donc un récit sans " bidonus " que l'auteur nous propose ici. Avec humilité et humour, il nous livre ses souvenirs du maquis Fort-de-France, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans lequel il combattit sous le pseudonyme de Matteï. Ici, pas de héros infaillibles, pas de soldats sans peur et sans reproche, mais des hommes, tout simplement, avec leur courage, leurs faiblesses, leurs erreurs. Et finalement, bien mieux que ne le ferait une étude normalisée, ce livre rend parfaitement compte du quotidien du maquis, de son ambiance, et du travail quelque peu aveugle du guérillero, entre obéissance aux ordres et improvisation nécessaire. "Le lendemain de cette première bataille, chacun de nous fêtait la victoire sur lui-même, car qu'est-ce qu'un héros sinon celui qui sait serrer les fesses mieux que les autres ? L'embuscade aurait fait trente-sept morts. Ce chiffre est probablement exact. Il n'y a pas d'inconvénient à l'augmenter un peu mais il faut se souvenir que, quand la mortalité des troupes allemandes dépasse cent pour cent, le lecteur commence à tiquer. Après la Libération le bruit de la fusillade a été remplacé par un bruit encore plus grand : celui de l'opérette, de la grosse farce et de l'imposture qui enveloppa les faits de la Résistance... Si tu nous laisses tomber, que deviendra notre épopée ?"

06/2006

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Religion

Les suprêmes appels de Bossuet à l'unité chrétienne (1668-1691)

Le grand rêve de Bossuet La Réunion des Eglises, conçue par Bossuet, comme un Retour des protestants, au sein de l'Eglise romaine, en de fraternelles retrouvailles, fut le grand et sublime rêve de l'illustre docteur. A cette tâche difficile, quasi impossible humainement, il devait consacrer le meilleur de sa vie de prêtre et d'apôtre, conjointement avec ses autres et prodigieuses activités spirituelles, intellectuelles, pastorales, durant un demi-siècle, dans la conviction qu'il nourrissait que, à une époque d'intolérance et de ressentiments, le seul moyen d'y réussir était l'instruction, la persuasion, la charité, la prière. Trois périodes On peut répartir son action irénique sur trois périodes. Elles sont marquées : 1) par sa controverse, puis son dialogue irénique avec le ministre messin, Paul Ferry, de 1652 à 1668 ; 2) par ses controverses avec les principaux ministres : Claude, Jurieu, Basnage, Burnet, de 1668 à 1691 ; 3) par son dialogue irénique avec le savant philosophe allemand, Leibniz (1691.1702). Nous avons raconté, en deux volumes précédents, les première et troisième phases, closes l'une et l'autre par un échec. La seconde phase, que nous abordons dans le présent volume, fut de beaucoup la plus mouvementée, l'évêque de Meaux s'étant alors heurté, chez les divers ministres, ses interlocuteurs, à une passion, sinon à une agressivité qu'il n'avait pas rencontrées chez le modéré Paul Ferry, ni chez le sage Leibniz. Nous nous y arrêterons à ses principaux actes, à savoir : 1) L'Exposition de la Doctrine Catholique sur les matières de controverse (1671) ; La Conférence avec le ministre Jean Claude (1678) ; Le Traité de la Communion sous les deux Espèces (1682) ; L'Histoire des Variations des Eglises protestantes (1688) ; Les Six Avertissements aux Protestants (1689-1691). Les deux premiers traités, le premier surtout, "Chef d'oeuvre des Chefs-d'oeuvre", "écrit pour l'éternité" selon Brémond, présentant un intérêt capital, pour notre époque actulle de recherche oecuménique, nous en reproduirons, en outre, le texte intégral, au risque de nous répéter, après les avoir présentés.

01/1969

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Histoire internationale

AUX SOURCES DE L'IDENTITE EUROPEENNE

A côté de l'Europe des marchands, des techniciens et des scientifiques qui se forme peu à peu, il est une Europe tout à fait essentielle, faisant figure de parent pauvre : l'Europe des citoyens. Pourtant tous, à commencer par les hommes politiques, l'appellent de leurs voeux. Elle devrait constituer la base et le ferment de l'Union Européenne. Comment dès lors susciter davantage de solidarité et développer le sens de l'identité européenne qui nous est cher ? A qui s'adresser sinon à la jeunesse et, par voie de conséquence, à l'enseignement ? Les institutions de la Communauté ont émis le souhait de faire l'Europe par l'éducation, d'en renforcer la dimension européenne. Or dans ce domaine, un grand vide doit être comblé. L'Europe de l'éducation reste à construire, elle se trouve à l'heure actuelle au stade embryonnaire. D'où l'intérêt de mettre à la disposition des enseignants et des étudiants du niveau secondaire des douze pays de la Communauté, un ouvrage d'information commun, ayant pour principal sujet l'identité de l'Europe, cernant les idées-forces et les traits essentiels de la civilisation européenne. Afin de s'adapter au mieux à la politique actuelle de la Communauté Européenne, ce livre ne souhaite pas se substituer aux programmes enseignés dans les différents systèmes éducatifs nationaux, mais bien s'ajouter à ceux-ci tel un "plus" homogène et identique pour tous comme moyen complémentaire pour mieux connaître et aimer l'Europe. Le choix de l'interdisciplinarité, pour éclairer et guider la rédaction de cet ouvrage et du plurilinguisme, sans lequel il perdrait une partie de sa vocation européenne (le livre est publié simultanément dans plusieurs langues), veut mettre en évidence, le mieux possible, l'idéal européen et la dimension culturelle de l'Europe, en partant de l'origine pour éclairer à travers le passé, le présent et les perspectives d'avenir.

01/1994

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Sciences historiques

Panthéonistas. Elles pour nous, nous pour elles

Depuis la Révolution française, les panthéonisations ont suscité réflexions, débats et polémiques. Qui mérite réellement de la nation ? Pour ce choix cornélien très politique, la patrie s'est montrée, depuis deux cents ans, parcimonieuse. A ce jour, soixante-quinze grands hommes ont été distingués individuellement. Parmi eux quatre femmes, l'une, Madame Berthelot, accompagne son mari, l'autre, Marie Curie, est accompagnée de son époux, quant à Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, elles sont accompagnées de deux cavaliers au principe de la parité. Ce sursaut de mixité est louable mais sonne en fuite constante quand trois femmes sont honorées pour soixante-et-onze hommes. Rendre visibles en nombre les femmes d'exception est nécessaire à notre société pour battre en brèche l'idée, cultivée à l'envi, d'une pénurie de candidates. Il est temps, à défaut de réussir à ouvrir en grand les portes de bronze, de faire rayonner au plus haut les noms de celles ayant contribué au développement des valeurs de la république et de la démocratie. Parmi elles, Geneviève, Héloïse, Christine de Pizan, Marguerite de Navarre, Olympe de Gouges, Manon Roland, Sophie Germain, Eugénie Niboyet, Flora Tristan, George Sand, Jeanne Deroin, Marguerite Boucicaut, Rachel, Julie-Victoire Daubié, Maria Deraismes, Louise Michel, Madeleine Bres, Sophie Lumina, Sarah Bernhardt, Hubertine Auclert, Séverine, Marguerite Durand, Louise Weiss, Rose Valland, Paulette Nardal, Joséphine Baker, Maryse Hilsz, Simone de Beauvoir, Charlotte Delbo et Silvia Monfort montrent la voie par leur engagement dans la vie artistique, politique ou sociale. En quête de liberté et d'égalité, elles sont des prétendantes de taille. Ces pages, loin d'être exhaustives, sont un univers de possibles proposés aux bonnes volontés. Suscitons réflexion, curiosité et fierté. Il restera aux plus audacieux à prendre la plume et à envoyer un bulletin à nos représentants afin de solliciter que les noms des Panthéonistas soient gravés en lettres d'or sur les murs extérieurs du trop lisse Panthéon. A vous de voter !

03/2017

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Théâtre

Les Noces du pape / Sauvés

Ce volume contient les premières pièces d'Edward Bond, deux pièces qui ont fait sa gloire, créées entre 1962 et 1965 au Royal Court Theatre à Londres. Les Noces du Pape, dont le titre, à première vue absurde, signifie l'impossible, est une pièce sur Scopey, un jeune travailleur dans une exploitation agricole en East Anglia, et sa relation avec Alan, un vieux solitaire, vivant dans une vieille baraque à l'extérieur du village. Avec le temps, Scopey nourrit vis-à-vis du vieil homme une obsession qui provoque son effondrement. Les Noces du Pape, dont le titre, à première vue absurde, signifie l'impossible, est une pièce sur Scopey, un jeune travailleur dans une exploitation agricole en East Anglia, et sa relation avec Alan, un vieux solitaire, vivant dans une vieille baraque à l'extérieur du village. Avec le temps, Scopey nourrit vis-à-vis du vieil homme une obsession qui provoque son effondrement. Sauvés, la pièce la plus connue de Bond, a été créée dans le cadre d'une représentation privée, suite au refus des autorités britanniques de lui accorder une public licence, la permission de donner des représentations dans un théâtre ouvert à tout le monde. Elle fut au centre d'une controverse féroce, particulièrement à cause d'une scène où un bébé est lapidé. Les Noces du Pape, dont le titre, à première vue absurde, signifie l'impossible, est une pièce sur Scopey, un jeune travailleur dans une exploitation agricole en East Anglia, et sa relation avec Alan, un vieux solitaire, vivant dans une vieille baraque à l'extérieur du village. "La pièce est, presque d'une manière irresponsable, optimiste", affirmait Bond dans une préface. "Len, le personnage principal, est de nature sociable, malgré son éducation et son environnement. Pourtant, il n'est pas profondément bon, car sinon sa bonté serait sans importance, du moins pour lui-même. l'ambiguïté de ses sentiments à l'égard de la mort du bébé, et la fascination morbide que celle-ci exerce sur lui, lui démontrent ses propres fautes".

06/2013

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Cinéma

1914-1918 Grande guerre ou contre-révolution ? Ce que disent les imaginaires

Les représentations a posteriori - romans, nouvelles, films, oeuvres théâtrales, peintures, oeuvres plastiques, bandes dessinées - de la Première Guerre mondiale sont nourries d'imaginaires singuliers et intimes, que l'histoire n'a pas nécessairement voulu ou su interpréter pour ne pas faillir aux orientations d'une thèse, sinon dominante, du moins majoritairement partagée au moins jusqu'aux années soixante, celle du consentement patriotique des combattants. Cette querelle, confrontée à celle de la "brutalisation" avère, de surcroît, la nécessaire opposition de classe au sein même de la nation française qui a présidé à l'initiation de ce conflit avec ce nouvel ennemi héréditaire venu remplacer l'Angleterre : l'Allemagne de Bismarck. En effet, sur la scène nationale, tandis que se jouait une guerre des paradoxes, entre le colonialiste pacifique Jaurès et l'anticolonialiste guerrier Clemenceau, le peuple des ouvriers, employés, paysans se préparait, au parterre, à faire front pour protéger la bourgeoisie et l'aristocratie des villes, non pas tant des Allemands, que de la tentation révolutionnaire perpétuelle de tous ces anciens communards qui les avaient tourmentés durant tout le XIXe siècle. Les célébrations du Centenaire terminées, il est grand temps d'examiner ce que disent aujourd'hui de la guerre ces propositions, comme autant de métamorphoses poétiques de la mémoire souvent délaissées au lendemain des grands événements de l'Histoire, au profit des archives officielles et de la parole autorisée, puis des contenus explicites des témoignages individuels. Non pas seulement à travers les sujets qu'elles abordent, aux contenus qu'elles dévoilent, mais à l'anatomie, à l'histologie, pour ainsi dire, de la parole qui les énonce, ses bruissements, ses frémissements et tout ce qu'elle nous murmure au creux de l'oreille, et qu'il nous faut comprendre à l'aune de nos convictions, des résonances de nos histoires individuelles, familiales, collectives, de notre culture, de nos convictions et croyances, de nos engagements idéologiques, sans craindre aucunement d'aller au rebours d'un certain mode officiel de fabriquer l'Histoire.

01/2019

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Histoire de France

Journal d'une bourgeoise 1914-1918

"C'est une évocation si sincère et si vibrante de ces années abominables de l'occupation, qu'en parcourant les pages, j'avais l'impression parfois, jusqu'à l'illusion, de vivre encore sous le joug de l'ennemi", écrit le grand historien Henri Pirenne à Marguerite Giron après avoir lu le Journal d'une bourgeoise, l'un des rares journaux écrits par une femme à l'époque en Belgique. Destinés à ses fils, mobilisés dans la lutte contre l'envahisseur "s'ils reviennent", ces cahiers où elle consigne au jour le jour ses angoisses et ses espoirs, les deuils et les naissances et tous les événements qui émaillent le quotidien de son entourage, ne sont en effet pas une simple chronique familiale. C'est aussi et surtout un témoignage passionnant sur une période sombre de l'histoire, traversé par un leitmotiv : "les civils tiennent". Marguerite y évoque la vie difficile des Belges, soumis à une censure pesante, harcelés par une bureaucratie tatillonne qui prétend tout contrôler, victimes de vexations et de réquisitions en tout genre, sinon d'une répression féroce ; l'esprit frondeur de ses compatriotes qui narguent l'occupant ou lui résistent ouvertement lors des mises sous séquestre des usines ou de l'instauration brutale du travail obligatoire ; la misère noire des plus pauvres qu'elle découvre lors de ses activités caritatives ; la cupidité des profiteurs de guerre ; la révolte des fonctionnaires et des magistrats ou encore la politique de flamandisation menée par les Allemands. En dépit des difficultés à obtenir des informations fiables par la presse clandestine ou internationale, les courriers qui échappaient à la censure ou les amis et relations qui revenaient de l'étranger, elle suit de près aussi les rebondissements politico-diplomatiques de cette époque troublée en Belgique comme à l'étranger et, bien sûr, les nouvelles militaires. "Nous menons", écrit-elle un jour de 1916, "une vie exposée et précaire dans un temps furieusement intéressant". Le lecteur ne pourra que partager cet avis.

06/2015

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Mode

Le détail qui tue. Petit précis de style de Marcel Proust à Rihanna

SOPHIA LOREN - PAUL BOWLES - FRANK SINATRA - AMELIA EARHART - MARGUERITE DURAS - THELONIOUS MONK - MARIANNE FAITHFULL - WILLY DeVILLE - JACKIE ONASSIS - KAREN BLIXEN - GRETA GARBO - MARVIN GAYE - CAROLE LOMBARD ET CLARK GABLE - WOODY GUTHRIE - LAUREN BACALL - THE KILLS - C. ISHERWOOD ET W. H. AUDEN - MILES DAVIS - BRIAN JONES - LOUISE BOURGEOIS - CURZIO MALAPARTE - AMY WINEHOUSE - CARY GRANT - JAMES BROWN - GRAM PARSONS - RIHANNA - MARLENE DIETRICH - LEONARD COHEN - MICHAEL CAINE - THE WHO - JIMI HENDRIX - DAVID CROSBY ET GRACE SLICK - MARTIN ET KINGSLEY AMIS - JEAN COCTEAU - BRYAN FERRY - JOHNNY ROTTEN - DIANA ROSS - JULIE CHRISTIE - JEANNE MOREAU - BIANCA JAGGER - DOLLY PARTON - YAYOI KUSAMA - GRACE JONES - STEVE McQUEEN - BILLIE EILISH - DANI ET ZOUZOU - CHLOË SEVIGNY - ELVIS PRESLEY - JANE RUSSELL - BRUCE SPRINGSTEEN - CARDI B - GABRIELE D'ANNUNZIO - FRANCIS SCOTT FITZGERALD - BOB DYLAN - PATTI SMITH - GRACE KELLY - ALAIN DELON - SIGOURNEY WEAVER - ANAÏS NIN - WILLIE NELSON - FRED ASTAIRE - CHARLIE PARKER - JACK LONDON - CHET BAKER - SACHA GUITRY - SIMONE DE BEAUVOIR - YUKIO MISHIMA - JOHN UPDIKE - MEL GIBSON - JANE FONDA - MARLON BRANDO - JAMES DEAN - PABLO PICASSO - DEBBIE HARRY - DENISE HO - CHRISTOPHE - ANDY WARHOL - ALBERT CAMUS - IRIS APFEL - PETER FONDA - ANDRE BRETON - FRIDA KAHLO - NANCY CUNARD - MARCEL PROUST - CARSON McCULLERS - PETER DOHERTY - MADONNA - PHARRELL WILLIAMS - FRANCOISE DORLEAC - NENEH CHERRY - RAYMOND ROUSSEL - JIM MORRISON - JANE BIRKIN - KANYE WEST - GEORGIA O'KEEFFE - AUDREY HEPBURN - JOAN CRAWFORD - DAVID BOWIE - ANNEMARIE SCHWARZENBACH - JEAN-PAUL GOUDE - JOANNE WOODWARD ET PAUL NEWMAN - NEIL YOUNG - KATE MOSS - FRANCOISE HARDY - JIM HARRISON - AVA GARDNER - FRANCOISE SAGAN ET ANNABEL SCHWOB - JAMES JOYCE - BALTHUS - KIRK DOUGLAS - ANGELINA JOLIE - TILDA SWINTON - RITA HAYWORTH - PJ HARVEY - MARILYN MONROE - JACK KEROUAC - PRINCE - ELIZABETH TAYLOR - URSULA ANDRESS - CHARLOTTE RAMPLING - ROMY SCHNEIDER - FAYE DUNAWAY - WILLIAM FAULKNER - THE BEATLES - TERENCE STAMP - LEE MARVIN - CHARLOTTE GAINSBOURG - SALVADOR DALÍ - JACQUES PREVERT - FOUJITA - JAMES TAYLOR - INGRID BERGMAN - ANDRE GIDE ET JEAN-PAUL SARTRE - LEONARDO DiCAPRIO - BRIGITTE BARDOT - JAYNE MANSFIELD - KATHARINE HEPBURN - JACK LEMMON - ANTHONY PERKINS - ERROL FLYNN - WES ANDERSON - EDWARD NORTON - G. B. SHAW - JACQUES DUTRONC - DAVE DAVIES - RAMÓN NOVARRO ET ROBERT MONTGOMERY - DENNIS HOPPER.

10/2022

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Roman d'amour, roman sentiment

Un Noël romantique en Laponie

Noël est plus beau sous les aurores boréales La neige à perte de vue, les rennes, les balades en chiens de traîneau : Christy se faisait une joie de passer les vacances de Noël chez sa tante qui tient un Snow Spa en Laponie. Mais, à l'approche du grand départ, Seb, son mari, se montre distant et anormalement stressé. Christy sent que si elle veut réparer leur couple à la dérive elle doit passer, avant le réveillon, quelques jours seule avec lui. C'est décidé : elle va confier leur fille à Alix, sa meilleure amie, pour les premiers jours. Et si tout va bien, à Noël, ils seront tous réunis dans ce décor de rêve, plus soudés que jamais. Alix est terrorisée. S'occuper d'une fillette de quatre ans représente un vrai défi pour une phobique de l'engagement comme elle. Mais pour rendre service à Christy elle est prête à tout. Sauf que son amie ne lui a pas tout dit, et elle comprend très vite qu'elle ne va pas être la seule nounou de la petite Holly : Zac, l'ami de Seb, est venu en renfort. Zac, ce globe-trotter aussi irrésistible qu'agaçant, qu'elle a pris soin d'éviter pendant cinq ans... Voilà qu'ils vont devoir partager un chalet romantique à souhait ! Heureusement que Holly sera là pour les occuper nuit et jour, sinon, elle serait en grand danger de céder à la plus dangereuse des tentations... A propos de l'autrice Autrice fréquemment citée par USA Today, la Londonienne Sarah Morgan a conquis ses nombreux fans grâce à ses histoires finement tissées d'humour et d'émotion intemporelle. Elle a vendu plus de 21 millions de livres à travers le monde. Enfant, Sarah rêvait de devenir écrivain et, bien qu'elle ait pris des détours avant d'y parvenir, elle vit à présent son rêve.

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Histoire de France

Tempête à l'Est. L'infanterie berrichonne dans la campagne de France (mai-juin 1940)

En 1939, la France s'imaginait invincible. Les experts mondiaux, considérant le savoir faire acquis dans la Grande Guerre, estimaient que l'armée française étaient une des meilleures du monde, sinon la meilleure. Pourtant, en cinq semaines elle a vu ses illusions s'écrouler. Quelle était donc cette armée si puissante et si vulnérable ? Pour répondre à cette question, cet ouvrage relate chronologiquement, de la mobilisation à l'armistice, la vie, les mouvements, et les affrontements avec l'ennemi, de sept unités d'infanterie mobilisées à Bourges dans le Cher. Troupes de combat, de réservistes mais aussi de protection situées normalement à l'arrière-garde, ces unités n'en sont pas moins un échantillon représentatif de l'armée française présente sur les fronts des Ardennes, du Nord, de la Champagne et de la Lorraine en mai et juin 1940, période que l'on a coutume d'appeler la Campagne de France... A travers les plans de bataille, les cartes, les anecdotes, complétés par des informations sur la mobilisation, l'organisation des armées, l'équipement et l'armement, les nombreuses biographies, l'auteur explique et livre un bilan militaire et humain. Presque toutes les vieilles familles berrichonnes sont concernées par un père, un grand-père, un oncle, un parrain, un ami de la famille qui a servi dans l'une ou l'autre de ces unités. Mais les belligérants, avec pudeur, n'ont jamais relatés leurs épopées, laissant la place aux récits de la Résistance et de la Libération, plus glorieux. Pourtant, ils se sont bien battus ! Les vétérans n'ont pas eu toute la reconnaissance publique qu'ils méritaient. Beaucoup ont combattu avec courage, avec héroïsme pour certains, contre un ennemi supérieurement organisé, armé et endoctriné. La responsabilité de la déroute ne peut pas être imputée aux soldats. Lorsqu'ils furent bien commandés, ils furent aussi braves que leurs pères dans la guerre précédente.

01/2011

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Histoire de France

De l’esclavage à la liberté forcée. Histoire des travailleurs africains engagés dans la Caraïbe française au XIXe siècle

Entre 1854 et 1862, plus de 18 500 hommes, femmes et enfants originaires du continent africain, furent amenés en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique. Afin d'y circonscrire les changements de l'abolition de l'esclavage de 1848, le gouvernement français a mit en place l'immigration de travailleurs sous contrat d'engagement de travail en provenance de Madère, d'Inde, de Chine mais aussi d'Afrique. L'engagisme succédait alors à l'esclavagisme. Dans ces migrations de travail, l'engagisme des Africains occupe une place singulière puisque 93% d'entre eux furent recrutés selon le procédé dit du "rachat préalable". Captifs, ils étaient achetés par les recruteurs français qui leur imposaient un contrat d'engagement de travail, sur lequel ces "engagés" figuraient en tant que "noirs libres". Cette étrange liberté leur imposait une traversée de l'Atlantique pour un voyage qui s'avérerait sans retour, sinon pour une infime partie des 7% d'entre eux partis librement. Céline Flory a exploré de nombreuses archives, souvent inédites, afin de retracer cet épisode mal connu de l'histoire des premiers temps du colonialisme postesclavagiste. Elle l'insère dans celle plus large des politiques impériales destinées à relever le défi de besoins persistants en main-d'oeuvre, alors que les "nouveaux libres" des colonies entendaient jouir de leur nouveau statut. L'auteur s'attache d'abord aux acteurs qui modèlent la nouvelle politique et analyse leurs ruses et leurs discours. Pas à pas, elle accompagne ensuite ces milliers de migrantes et migrants africains dans leur voyage jusqu'à leur arrivée en Amérique, puis dans leur quête d'une vie à bâtir. Au croisement de l'histoire impériale et de l'histoire sociale, ce livre montre comment un système de domination s'est perpétué selon de nouvelles modalités une fois l'esclavage aboli ; tout en mettant en évidence la force des êtres humains à déjouer le nouveau système et à exploiter ses failles pour construire des espaces d'indépendance, voire de liberté.

04/2015

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Aviation

La passion du vol

LA PASSION DU VOL 85 ans, 40 000 heures et toujours pilote ! par Jean-Louis Daroux Rien ne prédestinait Jean-Louis Daroux à faire une carrière de Pilote ! Arrière petit-fils du régisseur des propriétés d'Armand Fallières, il aurait dû être agriculteur. Frustré d'avoir eu peu d'informations sur la vie de cet aïeul, sinon qu'il fournissait l'Elysée en chapons pour les ripailles présidentielles, il a été taraudé par l'idée d'écrire pour son propre Petit-Fils. Le confinement dû à la COVID-19 lui en a donné l'occasion et le temps. Vingt sept ans de pilote militaire agrémentés de plusieurs séjours opérationnels précèdent trente huit années de pilote civil, tant sur hélicoptères que sur avions de toutes envergures. Il est raisonnable de penser que la période couverte par ces quelques soixante années représentent la liaison entre les aventures de nos Grands Ainés et les " assistés " dont il fait partie. Ses 40 000 heures de vols lui ont permis de vivre les deux faces d'une aviation qui aura été sa vie de passion et d'aventures. " Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser tu m'enrichis. " Antoine de Saint Exupéry. A PROPOS DE L'AUTEUR : Le Lt/Colonel Jean-Louis Daroux est né en 1936 à Tarbes (Hautes Pyrénées). Il suit un cursus de technicien et dessinateur industriel. Cependant, le maintien de l'ordre en Algérie abrège ses ambitions, car l'Armée de l'air manque de pilotes d'hélicoptères. Suivra le pilotage des avions avec une interruption de six ans durant laquelle il sera cadre en entreprise, sans arrêter le pilotage sur Transall comme " abonné " dans le Transport Aérien Militaire. Il n'y a pas de répit pour ce passionné. Aujourd'hui, à 85 ans, il a encore la chance d'être instructeur sur hélicoptère R-22 et sur avions légers.

04/2022

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Etats-Unis (XXe et XXIe siècle

L'histoire de la Standard Oil Company

L'enquête choc qui a conduit à la chute de la Standard Oil Company, l'empire industriel de l'homme le plus riche de l'histoire, John D. Rockefeller. " M. Rockefeller traitait ses détracteurs avec une habileté qui frisait le génie. Il les ignorait. " A l'aube du XXe siècle, une ressource d'un genre nouveau, tapie dans les entrailles de la terre, déchaîne tous les appétits : c'est l'or noir. Aux Etats-Unis, coeur battant de la révolution industrielle, des milliers de barils du précieux liquide sont écoulés chaque jour - et la demande ne fait que croître. Mais à force de manoeuvres, une entreprise, la Standard Oil Company, est parvenue à faire main basse sur la quasi-totalité de son commerce, et abuse de ce monopole pour imposer à tous la loi de ses seuls profits. Rien ne semble pouvoir arrêter son expansion ni l'influence de son fondateur, John D. Rockefeller... Une femme va cependant se dresser contre cet ogre économique : Ida Tarbell, considérée comme l'une des pionnières du journalisme d'investigation moderne. Entre 1902 et 1904, elle publie dans une revue indépendante, le McClure's Magazine, une série d'articles révélant les pratiques déloyales, sinon illicites, employées par la Standard Oil pour neutraliser ses rivales. Son enquête choc provoquera une déflagration dans l'opinion publique qui conduira la justice américaine, en 1911, à reconnaître l'entreprise coupable de violation du droit de la concurrence et à ordonner son démantèlement. C'en sera fini du plus grand trust de l'histoire des Etats-Unis. Ici traduit en français pour la première fois, le livre de Tarbell est un monument de la littérature américaine qui brasse tous les éléments de sa mythologie - une plongée dans l'enfance terrible du capitalisme, lorsque tout était encore permis. " Le plus remarquable livre de ce genre jamais écrit aux Etats-Unis. " - ; The New York Times

10/2022

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Musique, danse

Jack Teagarden. Pluie d'étoiles sur l'Alabama

" Le 15 janvier 1964, Weldon Leo Teagarden meurt d'une crise cardiaque dans une chambre d'hôtel de La Nouvelle-Orléans où, comme toujours, il ne faisait que passer... Personne n'était là. Personne, sinon peut-être les ombres familières engendrées par les ombres anonymes, ces ombres sans mystère qui s'allongent quand le soleil descend... " Mais avant d'en arriver là, quelle route, quelles pistes entremêlées avait-il empruntées, celui que de prestigieux musiciens, à commencer par Louis Armstrong, ont considéré comme l'un des plus singuliers trombonistes du jazz classique, voir comme le plus irremplaçable de tous ? Sa vie fut une histoire blanche cousue de fil noir, à partir du moment où, très tôt dans son enfance, dans la petite ville de western texan où il avait vu le jour, il rencontra le gospel que des nomades de la misère et de la foi, éternelles " personnes déplacées " par leur négritude, promenaient de campement en campement. Plus tard, quelque part du côté de Houston, ce serait le blues qu'il trouverait sur sa route. Le blues sous la forme, raconte Alain Gerber, d'une " ombre bleue qui s'échappe d'une Bessie Smith égorgée du dedans par sa chanson ". Après quoi, " M. T ", comme on le surnommait, fut à jamais un transfuge béatement égaré entre les couleurs de peau, les communautés, les styles de jazz, la tradition et le futurisme. Écartelé, aussi, entre les rodomontades et les renoncements, l'angoisse et la frivolité, entre les défis et les dérobades, une formidable propension à la nonchalance et de formidables aptitudes à se surpasser. Jusqu'au jour où, pour citer encore l'auteur de cet ouvrage, il rejoindra " l'ombre que fait le silence quand il retombe ". " Si Alain Gerber est aujourd'hui notre plus précieux conteur de jazz, c'est parce qu'il sait faire vivre tous ces jeux d'ombres et de lumières qui font la vie des musiciens poètes. Lui aussi est un faiseur de pluie d'étoiles sur l'Alabama. " Gilles Anquetil

01/2003

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Histoire internationale

Manuel d'histoire du Rwanda à l'Epoque coloniale. Suivant le Modèle de Mgr Alexis Kagame

Ce Manuel est la suite du Manuel d'Histoire du Rwanda ancien. Il analyse la part imputable à la Colonisation allemande et à la Colonisation belge dans le Chaos rwandais. Avec cet ouvrage, on a la preuve que la Colonisation a amplifié la Spirale de la violence rwandaise en renforçant la tyrannie de la Noblesse séculaire Tutsi trouvée sur place. Celle-ci s'explique par cinq déterminants principaux, à savoir : le Code Tutsi des institutions politiques et militaires, l'organisation foncière rwandaise de droit Tutsi, l'organisation socio-familiale rwandaise, l'Uburetwa et l'institution d'Ubuhake (oubouhakié), etc. L'Ubuhake traditionnel noble Tutsi est de droit une institution Tutsi dans le cadre de laquelle se passaient, sous le régime féodal Tutsi, des contrats asymétriques de servage socio-économique liant un noble Tutsi à un serf Hutu sur la simple promesse de protection et d'une gratification éventuelle par une vache en cas de mérite. Mais en cas de démérite, le contrat sous-entendait le risque d'exécution à coup de lance, ou sinon de dépossession du menu bétail, que le serf Hutu devait mettre sous garantie. Le contrat court le jour de l'entrevue, mais toutes les corvées obligatoires exécutées par le serviteur Hutu postulant pendant la longue période de demande de rendez-vous ne sont pas prises en considération. Les droits et les devoirs réciproques, le cahier des charges du serf Hutu ainsi que toutes les autres modalités pratiques étaient déterminés par le noble Tutsi à qui revenait la gestion unilatérale du contrat. L'Ubuhake est à la fois une philosophie d'inégalité des sous-populations, un lien d'assujettissement et une règle de stratification de la Société rwandaise en castes Tutsi, Hutu et Twa. L'Uburetwa et l'Ubuhake sont les principaux faits historiques classiques expliquant la Domination interne séculaire du Rwanda par la Noblesse Tutsi. Un autre fait est que celle-ci a été exacerbée autant par la Colonisation allemande que par la Colonisation belge.

12/2010

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Sciences politiques

Révolutions et transitions politiques dans le monde arabe

Les interprétations des bouleversements politiques que connaissent l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient depuis fin 2010 se sont multipliées aussi bien en France qu'à l'étranger, sans pour autant toujours en fixer le sens de manière éclairante. L'évolution actuelle de ces processus politiques en conflits militaires et confessionnels et la multiplication des acteurs ont eu pour conséquence d'obérer la compréhension des dynamiques politiques à l'oeuvre dans ces régions. Cet ouvrage s'attache à décrire ces dynamiques complexes en les inscrivant dans une temporalité plus large, en revenant sur les séquences fondatrices, pour mieux comprendre l'évolution de cet ensemble d'événements, appelé à l'origine "révolutions arabes" ou "printemps arabe", dont les contours, l'étendue et le sens sont loin d'être stabilisés. L'ouvrage met l'accent sur le cas syrien afin de donner à voir la transformation d'un conflit local, une révolte populaire contre un pouvoir contesté, dans le sillage des révolutions arabes, en un conflit à dimension mondiale qui échappe aux acteurs locaux et dont les effets se font ressentir jusqu'au coeur des capitales européennes. Il s'agit aussi de mesurer à travers le jeu des alliances entre les différents acteurs régionaux et internationaux toute l'ambiguïté de l'attitude des Etats occidentaux à l'égard de ces processus révolutionnaires. La parole est donnée à un acteur du conflit, Burhan Ghalioun, professeur émérite à l'Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3, premier président du Conseil national syrien, à travers un témoignage qui dévoile de l'intérieur les vicissitudes de la révolution syrienne et les aléas de la diplomatie internationale. Ce livre rassemble des spécialistes venant d'horizons différents, politologues, sociologues et historiens, dont le terrain de recherche principal sinon exclusif est le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Il s'inscrit dans un effort de mise en perspective historique d'événements qui participent à la formation du monde arabe contemporain.

08/2017

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Littérature française

Faits d'hiver. 20 journées ordinaires de la vie de 50 femmes

Le JOURNAL ou le JOURNAL INTIME est un genre littéraire à part entière. Celles et ceux qui s'y adonnent sont appelés DIARISTES (de l'anglais Diary, journal intime). La spécificité de l'ouvrage que vous avez entre les mains est que tous les textes des journaux retranscrits ont été écrits par des femmes et qu'ils sont délimités par une période courte et définie : du 21 décembre (solstice d'hiver) au 9 janvier, soit une vingtaine de jours pour traverser le temps et passer de l'année 2021 à l'année 2022. A la base, le JOURNAL (en tout cas le JOURNAL INTIME) est conçu et écrit à usage privé, et généralement touche à l'intimité de son auteur(e). Mais depuis des lustres, ce JOURNAL, intime ou non - certains s'en servent pour parler de l'actualité, des livres, de la nature, etc., et on en vient ainsi à parler plutôt de JOURNAL PERSONNEL - devient un récit littéraire (ou même quelquefois artistique), qui peut se rapprocher de l'autobiographie par le fond, même si la forme est clairement définie : relation des faits par ordre chronologique et daté. De grand(e)s auteur(e)s se sont risqués au JOURNAL et non des moindres : les Frères Goncourt, Jules Renard, André Gide, Benjamin Constant, Léon Bloy, Michelet, Paul Léautaud, Cioran, Simone de Beauvoir, Anaïs Nin et tant d'autres. Certains l'ont appelé JOURNAL, d'autres CAHIERS. Discrédité durant une bonne partie du XXe siècle, le JOURNAL a plutôt tendance à être réhabilité de nos jours avec des diaristes contemporain(e)s qui leur redonnent leurs lettres de noblesse. Notre ambition avec cet ouvrage collectif est de mettre en avant des FEMMES auteures, que l'on ne rencontre pas habituellement sur le devant de la scène littéraire, mais dont l'écriture n'a souvent rien à envier à leurs illustres consoeurs médiatisées. Nous remplissons ainsi pleinement notre rôle de découvreur, défricheur, et vous donnons à lire un contre-courant de la scène littéraire qui, nous l'espérons, parviendra à vous séduire.

05/2022