Recherche

Terrorisme réactionnaire, Européisme impérialiste, Internationalisme communiste

Extraits

ActuaLitté

Comptabilité

Crédits documentaires, lettres de crédit stand-by, cautions et garanties. Guide pratique, 3e édition

Face aux risques de non-paiement dont le niveau varie en fonction de la situation économique du pays de l'acheteur et de l'évolution des taux de change, les exportateurs ont tendance à recourir à toute la panoplie des sécurisations proposées par les banques et les assureurs-crédit et, entre autres, au crédit documentaire. Les acheteurs, quant à eux, requièrent la mise en place de couvertures en leur faveur : clauses contractuelles plus sévères et garanties bancaires pour se prémunir contre les risques de défaillance de leurs fournisseurs. Ce guide pratique est unique. Il propose une lecture simple et exhaustive des problématiques relatives à la pratique des crédits documentaires, LCSB, cautions et garanties indépendantes dans leurs aspects juridiques, commerciaux et financiers et présente les deux volets de la sécurisation des contrats. Cette troisième édition, mise à jour des dernières révisions — des règles et usances des crédits documentaires (RUU 600) et des garanties sur demande—, intègre la dimension "conformité" ou "compliance" ainsi que les évolutions technologiques en matière de digitalisation du Trade Finance. En référence aux RUU 600, la première partie de l'ouvrage étudie la protection des intérêts de l'exportateur au travers des crédits documentaires et des lettres de crédit stand-by ; les auteurs ont développé la dimension"import" réclamée par nos fidèles lecteurs. L'ouvrage en décrit les mécanismes et les différentes formes et analyse la position de chacun des acteurs sous l'angle des risques et des sécurités obtenues. Il aborde également les crédits documentaires et stand-by à l'import avec les clauses spécifiques liées à certains secteurs d'activité, les exportateurs étant souvent confrontés à des problématiques d'achat international. La deuxième partie traite de la sécurisation de l'acheteur par la mise en place de cautions et garanties de marché par l'exportateur. Après un exposé juridique, l'ouvrage souligne les aspects pratiques conseils aux exportateurs lors de la phase de négociation, puis de gestion. Il présente les différentes garanties et passe en revue les clauses à recommander ou à éviter. Il explique le contexte de mise en jeu des garanties. détaille les recours offerts aux exportateurs et expose un panorama de la jurisprudence en la madère. La troisième partie est consacrée au poids renforcé des mesures de sanctions internationales et d'embargos, de lutte anti-blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la gestion des opérations de commerce international. Le respect des mesures d'ordre réglementaire ne se limite pas aux banques, mais concerne aussi les exportateurs, les importateurs ainsi que les prestataires logistiques, par exemple. Ce guide rappelle à tous les acteurs du commerce international — PME, grandes entreprises exportatrices. professionnels du secteur bancaire et de l'assurance, enseignants et étudiants en commerce international et en écoles de commerce — les règles applicables, les usages et les pièges à éviter.

04/2019

ActuaLitté

Sciences politiques

Les raisons cachées du désordre mondial. Analyses de géopolitique économique, juridique et monétaire

Comment l'idée de démocratie a-t-elle cédé le pas au chaos universel, fait de guerres économiques, de terrorisme, d'interventions militaires "préventives", de "révolutions colorées" etc. ? Derrière les apparences, qui sont les réels protagonistes de la géopolitique mondiale ? Les Gilets jaunes sont-ils une résurgence du rêve démocratique ne en Occident ? Catalyse juridique, institutionnelle, économique et monétaire faite dans le présent ouvrage, qui considère les évolutions historiques nationales et internationales, permet de saisir la réalité cachée du pouvoir actuel. Derrière le pouvoir politique apparent se profile, dans un jeu d'ombres et de lumières, le véritable pouvoir mondial. Les Etats sont majoritairement devenus des coquilles vides, dénués de toute légitimité politique, d'autonomie et de souveraineté. Depuis l'époque des grandes découvertes et de la fusion, par Oliver Cromwell, des puissances militaire et financière, le "fait politique" a progressivement, partout dans le monde, cédé la place au "fait économique". Les actuelles "démocraties" ne représentent pas les intérêts des populations mais les intérêts de ceux qui financent les campagnes électorales et les "partis". Ces donneurs d'ordre se cachent derrière les pantins politiques et l'anonymat des capitaux pour échapper à toute responsabilité. Les grands détenteurs de capitaux opèrent à partir de leur quartier général de la City et répartissent leurs forces dans les paradis fiscaux qui ont fleuri aux quatre coins du monde. Les allégeances actuelles fonctionnent sur le modèle de l'hommage-lige féodal, à la réserve près que ces liens de subordination sont occultes. Dans les coulisses, le véritable modèle de nos démocraties modernes est le fonctionnement des mafias. Les "banquiers-commerçants" ont construit leur puissance, au fil des siècles, par le contrôle des monnaies et des "lois". D'origine anglo-saxonne, ce système a, sous couvert de "liberté", remplacé le modèle de droit continental traditionnel. Les banquiers ont élaboré un archétype mondial de société sans ordre moral via le droit des affaires. Ce "modèle affairiste" a phagocyté toutes les branches du droit — y compris les normes comptables —, les "sciences économiques", les systèmes monétaires, financiers et institutionnels, nationaux et internationaux. Ce vaste mouvement de prédation, commencé au XVIIIe siècle, a subi plusieurs accélérations sensibles pour finalement s'imposer dans le courant du XXe siècle. Peu à peu, le modèle impérial anglo-saxon génère, partout dans le monde, un glissement vers l'esclavagisme légal. Il ne reste plus aux banquiers-commerçants qu'à parfaire leur oeuvre en instituant officiellement un gouvernement mondial, que leurs partisans appellent d'ores et déjà "nouvel ordre mondial". Toutefois, il existe des échappatoires au sombre destin promis par les banquiers. Outre ses analyses, le présent ouvrage propose des solutions juridiques, institutionnelles et monétaires permettant de sortir de la nasse civilisationnelle dans laquelle nous nous sommes collectivement enferrés.

03/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

L'homme qui voulait être aimé

Georges Kiejman est un homme de combat et un survivant, dont l'ascension singulière épouse l'histoire d'un siècle tumultueux. Né à Paris le 12 août 1932 de parents juifs polonais illettrés qui ont fui la misère, il échappe miraculeusement aux rafles et à la déportation. Réfugié avec sa mère dans le Berry, il ne reverra jamais son père, assassiné à Auschwitz en 1943. S'ensuit un incroyable parcours, de la pièce unique dénuée de tout confort qu'il partage avec sa mère dans le quartier de Belleville de l'après-guerre aux ors de la République. Rapide, intelligent, cultivé, séducteur, mais aussi implacable et déterminé, il devient un avocat réputé dans les années 1960. Il est à la fois le défenseur du monde de l'édition et de celui du cinéma, l'ami de Simone Signoret et François Truffaut, le conseil de Carlo Ponti et de Claude Gallimard. A cette époque, il fait également une rencontre fondamentale en la personne de Pierre Mendès France que lui présente Françoise Giroud dont il est proche. Il se met au service de PMF dans ses campagnes victorieuses comme dans ses échecs et restera son ami jusqu'à sa mort. Epoux de l'actrice Marie-France Pisier, puis de la journaliste Laure de Broglie, il accède à la notoriété en sauvant de la réclusion criminelle à perpétuité le révolutionnaire et braqueur Pierre Goldman. Il sera ensuite de tous les grands procès -avocat de Malik Oussekine, le jeune étudiant frappé à mort par des policiers en 1986, du gouvernement américain contre le terroriste Georges Ibrahim Abdallah, de Mohamed El Fayed dans le cadre de la mort de Lady Diana, puis de Jacques Chirac et de Liliane Bettencourt. A la fin des années 1980, il lie une relation de confiance avec François Mitterrand sous la présidence duquel il sera trois fois ministre et avec lequel il partagera vacances, week-end et conversations sur la littérature. Pour la première fois, Georges Kiejman accepte de raconter. Portraits, choses vues, secrets, dialogues... Au carrefour des arts, de la justice et de la politique, grand amoureux des femmes à qui il rend un hommage pudique, il lève le voile sur ce que cachent sa robe noire et son intelligence ironique : un homme qui voulait être aimé. Ce texte, étincelant, joyeux, traversé d'ombres et de mélancolie, a été écrit par Vanessa Schneider, romancière, grand reporter au Monde, en complicité intellectuelle et littéraire avec Georges Kiejman.

ActuaLitté

Arbitrage

Les Cahiers de l'Arbitrage N° 2/2022

Editorial par Charles Kaplan et Charles Nairac I. Doctrine - Colloque : Arbitrage et droit public / Articles - Conference : Arbitration and Public Law Recours à l'arbitrage par les personnes publiques - L'influence du Ministre-juge dans l'interdiction pour les personnes publiques de recourir à l'arbitrage, par Marie-France Benard - Résistances du Conseil d'Etat à l'arbitrage. Plongée dans l'histoire d'un antagonisme, par Amina Hassani - La commodité du soubassement conventionnel de l'arbitrage, par Maxence Chambon Régime de l'arbitrage - Le régime juridique de l'instance arbitrale en matière administrative, par Cédric Meurant - Le juge administratif d'appui à la procédure arbitrale, par Mehdi Lahouazi - Transparence administrative et confidentialité des procédures d'arbitrage : quel équilibre ? , par Loubna Belrhali-Debeaudoin - L'objectif de transparence à travers la publication des sentences, par Guillaume Aréou - La loi applicable au fond, par Filali Osman - L'arbitre et les règles impératives du droit des contrats administratifs français, par Lilian Larribere Contrôle des sentences - Contrôle des sentences arbitrales par le juge administratif, par Denis Mouralis - Le respect des règles relatives à la propriété publique. Carcan ou garde-fou ? , par Hugo Devillers - La mise en oeuvre du droit public étranger par le juge judiciaire français, par Malik Laazouzi - Le contrôle étatique des sentences arbitrales rendues à propos de contrats administratifs internationaux en droit comparé, par Mamadou Gacko Arbitrage et droit de l'Union européenne - L'arbitrage d'investissement à l'épreuve de l'autonomie du droit de l'Union européenne, par Philippe Coleman - Arbitrage et question préjudicielle, par Jérémy Jourdan-Marques Table ronde - L'arbitrage en droit public, par Irina Guerif Rapport de conclusion du colloque, par Malik Laazouzi II. Commentaires de jurisprudence / Case Law Sous la direction de Christophe Seraglini - L'irruption du financement terroriste en arbitrage commercial international, par Alexandre Reynaud et Martin Pradel - La violation de l'ordre public comme fondement d'annulation d'une sentence pour défaut d'indépendance et d'impartialité d'un arbitre, par Marc Henry III. Panorama international de jurisprudence / Panorama of World Case Law Sous la direction de Louis Degos et Michael Polkinghorne - France, partie I [Arbitrage interne et international], par Priscille Pedone et Bertrand Robert - France, partie II [Règlements amiables], par Priscille Pedone et Bertrand Robert IV. Brèves - Conférences - Bibliographies / In Brief - Conferences - Books Sous la direction de Priscille Pedone - Compte rendu d'ouvrage, par Pedro Arcoverde

08/2022

ActuaLitté

Sécurité incendie

Livre "Agent de Prévention et de Sécurité APS - Maintien et Actualisation des Compétences"

Ce livre s'adresse à toute personne exerçant une activité de sécurité des personnes et des biens et détenant une carte professionnelle "Surveillance humaine ou de gardiennage" délivrée par le C. N. A. P. S. (Conseil National des Activités Privées de Sécurité). Les descriptions, les nombreux schémas, photos et illustrations visent à faciliter la compréhension des notions et leur mémorisation. Il répond à l'article 4 de l'arrêté du 27 février 2017 relatif à la formation continue des agents privés de sécurité et détaille les connaissances indispensables au stage de Maintien et d'Actualisation des Compétences (M. A. C.) (31 heures) obligatoire pour le renouvellement de la carte professionnelle. SOMMAIRE : PARTIE 1 - CADRE JURIDIQUE D'INTERVENTION DE L'AGENT PRIVE DE SECURITE 1. 1 - Les évolutions récentes du livre VI du Code de la Sécurité Intérieure (C. S. I.) 1. 2 - Les règles de déontologie professionnelle 1. 3 - Le principe d'exercice exclusif 1. 4 - Les conditions de détention et d'usage des armes 1. 5 - Les obligations relatives au port de la tenue et de l'insigne 1. 6 - Les dispositions visant à éviter la confusion avec un service public 1. 7 - Les dispositions du code pénal utiles à l'activité de sécurité privée 1. 8 - Les conditions légales de rétention d'une personne avant mise à disposition des forces de l'ordre (Art. 53 et 73 du Code de procédure pénale) 1. 9 - Les principes de respect des libertés publiques PARTIE 2 - GERER LES CONFLIT 2. 1 - Les origines des conflits 2. 2 - La prévention des conflits 2. 3 - Traiter une agression verbale 2. 4 - Gérer ses émotions 2. 5 - Adopter des techniques verbales 2. 6 - Adopter une posture, un regard et une gestuelle adaptés PARTIE 3 - MAITRISE DES MESURES D'INSPECTION-FILTRAGE 3. 1 - Le cadre législatif des palpations de sécurité et de l'inspection des bagages 3. 2 - Les modalités d'agrément 3. 3 - Les éléments générateurs de situations conflictuelles lors de ces missions 3. 4 - L'inspection visuelle et la fouille 3. 5 - La palpation de sécurité PARTIE 4 - PREVENTION DES RISQUES TERRORISTES 4. 1 - Prévention des risques terroristes 4. 2 - Réagir face une attaque terroriste 4. 3 - Secourir Dépôt légal 5e édition : octobre 2022 - Format : 15 x 21 x 0, 8 cm - 160 pages - Réf MACAPS

10/2022

ActuaLitté

Science-fiction

Asylie, la Cruelle. Pirate et Vampire

A l'origine, j'ai été conçue pour dispenser du plaisir, pourtant celle que j'ai surnommée Kitty est terrorisée. Qui ne le serait pas ? Je lui ai promis de croquer son coeur juteux. Que voulez-vous ? je suis une Shamblô assoiffée de sang. Il est dans ma nature de vampire de me nourrir du liquide délicieux, si chaud, si goûteux et si suave de mes proies. Mais avant, ce qu'elle subira me permettra aussi de déguster ses émotions. Plaisir dont le nom n'a pas été inventé ou douleur fulgurante innomée, les deux me satisfont. Selon mes précieuses envies, elle bénéficiera tant de mes sévices que de mes douces attentions. Avant, pour bien la savourer, je dois la préparer à mon goût, elle n'en sera que plus savoureuse. Je suis une raffinée et non un monstre. Je ne force jamais ma victime. Je souhaite qu'elle se donne, qu'elle s'offre pour mieux pouvoir la déguster lentement. J'en ai déjà le sang qui me monte à la bouche... Afin de mieux la séduire, je lui narre ma vie de pirate. Conçue aussi comme une arme de guerre par Lilith la Maudite, j'ai reçu pour mission de combattre sur mer comme sur terre, les Shylocks qui menaçaient d'anéantir le royaume de Titan. Plus tard, j'ai participé à la guerre de succession de l'empire Mu. Puis, j'ai anéanti sur mer les Hordes Mardokhans. Ma dernière mission d'importance : ruiner l'Empire de Charles Quint. Mon ultime action d'éclat : la prise et le sac de Veracruz. Des exactions, j'en ai commis, mais qu'y puis-je, c'est ma nature. Certains nous considèrent mes semblables et moi, comme des monstres de cruauté et de perversité. Ils souhaiteraient nous voir disparaître de la surface du monde. Ils nous tendirent des pièges ignobles pour nous anéantir et nous firent des procès insensés. En vain. Nous avons passé les siècles et les millénaires et nous sommes toujours là. Cela ne m'écartera en aucune manière de ce pourquoi je suis ici : Croquer le coeur de Kitty. Peu m'importe ses suppliques et ses efforts pathétiques, afin d'échapper à mes crocs. Je n'éprouve aucune pitié, non vraiment aucune, car je suis une Shamblô. Je sens que je vais me régaler.

11/2019

ActuaLitté

Indépendants

MBS

Entre séduction et répression, le portrait sans concession de MBS, prince héritier d'Arabie Saoudite, l'un des futurs dirigeants les plus influents du XXIe siècle. Fils du roi d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salmane, dit MBS, est devenu à trente-deux ans l'homme fort d'un pays qui possède les premières réserves pétrolières du monde et les principaux lieux saints de l'Islam. Allié indocile de l'Occident, deuxième client de l'industrie d'armement de la France, ce prince ambitieux joue un rôle clef au Moyen-Orient et tente de peser sur le conflit en Ukraine. Depuis son arrivée au pouvoir, il affiche un bilan aussi détonant que contradictoire. Dans un pays longtemps obscurantiste, il a impulsé des réformes sociétales inédites, comme la possibilité pour les femmes de conduire ou la mise au pas de la police religieuse. Il a lancé de pharamineux projets économiques mais aussi embastillé des dizaines d'hommes d'affaires saoudiens. Il a autorisé des concerts mixtes et traqué des opposantes féministes. Il veut peser dans la géopolitique internationale et a kidnappé un premier ministre en exercice. Il livre une impitoyable guerre au Yémen, mène tambour battant une opération de relations publiques mondiale et a commandité l'assassinat du journaliste, Jamal Khassoggi. Cet homme-là se trouve être notre allié au Moyen-Orient. Pétrole, lutte anti-terroriste, paix israélo-arabe, nous avons besoin de lui mais sa fiabilité est sujette à caution. Si son pays apparait comme un pôle de stabilité? , son impulsivité? menace, dans le même temps, la paix. Entre realpolitik et fidélité? aux valeurs démocratiques, le Prince oblige l'Occident à des choix difficiles. Qui est-il et que peut-il vraiment ? Ce roman graphique trace le portrait politique et psychologique d'un jeune homme qui a hérité d'une lourde responsabilité? et d'un pouvoir peut-être trop grand pour lui. Un jeune homme de son temps, féru de nouvelles technologies, un prince ambiguë? qui affiche des intentions réformatrices tout en gouvernant avec une poigne de fer. Les auteurs proposent également un décryptage de la mutation de l'Arabie Saoudite qui hésite aujourd'hui entre modernisation et despotisme afin de comprendre la relation, que, nous, Occidentaux et Français, avons avec le prince. Pourquoi MBS est-il le meilleur allié arabe de l'Occident ? Quel est le prix à payer ?

03/2023

ActuaLitté

Poésie

Douanes

Les douanes sont ces lieux qui n'en sont pas, dans les ports et les aéroports, où l'on contrôle la légalité de ce que l'on emporte avec soi au moment de passer la frontière. Ce sont des lieux où l'on vous demande d'où vous venez, qui vous êtes, ce que vous faites. Ou ce que vous venez faire ici. Solmaz Sharif semble écrire à partir de l'impossibilité de répondre à ces questions. Elle semble écrire à partir de la difficulté de ce passage des frontières, d'un territoire à un autre, de la mémoire au présent, d'une identité à l'exil. Dans "Mire" , son extraordinaire premier livre, Sharif se servait des termes du dictionnaire militaire américain pour évoquer la violence de l'état, la violation de l'intimité et les guerres impérialistes. Plus de dictionnaire ici, mais la difficulté d'un apprentissage solitaire, un "gribouillis" d'alphabet, des rayures sur des ardoises d'école, ou le décryptage phonétique du persan. Plus de "mire" précise, létale, face aux agents de sécurité, face au pays hostile, mais un "regard oblique" , louche, déformé qui guette l'arrivée d'une mère dans le miroir convexe des couloirs de l'aéroport. Seule face à ses origines perdues, irrattrapables, passagère en sursis dans la grande caravane de l'occident, Sharif interroge ses racines iraniennes, qui ne sont que des racines inconnues, des souvenirs inventés, un passé recomposé. Elle est "d'ailleurs" , que ce soit à Shiraz, la ville de ses parents, ou en Californie, où elle vit. Un ailleurs qu'elle a malgré elle "appris à être" . Solmaz Sharif revendique une poésie politique - ne dit-elle pas dans un poème que "toute nation déteste ses enfants" ? - et une position de femme considérée comme une barbare dans un pays de colons. Passer une frontière, est acquis pour les uns, impossible ou douloureux pour les autres, confinés derrière les barrières. "Visa" vient de "voir" nous dit-elle, et c'est ce regard qu'elle démultiplie tout au long de ces "douanes" : l'oeil noir des caméras de surveillance, le regard d'un amant sur son corps nu ou celui des policiers quand elle se déshabille, les souvenirs dans le rétroviseur, les prisonniers politiques à la télévision, tout ce que notre origine sociale ou ethnique nous autorise à voir, ou nous oblige à imaginer. A rebours de cette Amérique de synthèse droguée aux produits dévitalisés, à la richesse monétaire et au voyeurisme, Sharif retrace les rites anciens de ses ancêtres, et opère, à l'image des anciens tanneurs chassés en périphérie des villes à cause de la puanteur et qui décharnaient les peaux des bêtes pour produire du cuir, une forme de desquamation du poème, qui détache la chair émotionnelle de l'os de son identité. Comme ses ancêtres elle fabrique avec des mots des seaux de cuir qu'elle plonge dans le puits du passé pour en faire remonter un "reflet" de soi-même. Elle retourne chercher tout ce qu'elle avait soustrait d'elle faute de pouvoir "supporter de le regarder". L'exil peut-il prendre fin, lui qui vous touche jusque dans votre intimité, dans votre refus d'être touché, tant il vous habitue à "perdre même la perte" , tant tout retour est impossible quand on vient de "nulle part" ? Solmaz Sharif raconte le passage, le franchissement, une identité en quête de paysage, des cyprès, un chemin de pierres, un signe de la main.

10/2023

ActuaLitté

Histoire internationale

La décomposition des nations européennes. De l'union euro-Atlantique à l'Etat mondial, 2e édition revue et augmentée

" La deuxième moitié du XXe siècle aura été fondée sur un paradoxe. Des générations d'hommes politiques ont parlé de la " construction européenne " mais il semble s'agir d'un objectif qui, comme l'horizon, s'éloigne au fur et à mesure que l'on avance. En fait, avec les années qui passent, on assiste à la déconstruction, à la destruction des nations, sans que rien ne vienne les remplacer. Et l'on peut même se demander, hypothèse encore plus terrible, mais vraisemblable, si " faire l'Europe " ne consiste pas, en fait, à détruire les nations. L'historien allemand Rudolf von Thadden l'avait dit sans prendre de gants : " Pour faire l'Europe, il faut défaire un peu la France ". La construction européenne fut fondée, dès l'origine, sur l'idée d'une renonciation à l'exercice de la souveraineté, sous prétexte que certains pays européens, l'Allemagne, en particulier, avait cédé, entre 1914 et 1945, au vertige de la puissance. On avait libéré les nations mais pour, aussitôt, les démanteler à nouveau. Confondant la puissance et la souveraineté, on s'imaginait que l'équilibre des puissances passait désormais par l'abolition des souverainetés. Comme le montre Pierre Hillard, jeune et brillant connaisseur de l'Allemagne et des affaires européennes, on a, par cette politique de gribouille, permis à des forces fascistes et impériales de revenir sur le devant de la scène. Son nouvel ouvrage est l'occasion, pour lui, d'élargir le champ de son enquête : derrière le morcellement territorial des Etats, on ne retrouve pas seulement des organisations héritières du national-socialisme et des mouvements ethno-racistes, largement décrits dans son Enquête sur le plan allemand qui va bouleverser l'Europe : on recense, en fait, de multiples courants qui, de la droite à la gauche, militent pour la destruction des nations et, quelquefois consciemment, font le jeu de la mondialisation économique et politique, qui est, en fait, le produit du basculement des Etats-Unis d'Amérique dans l'impérialisme, comme l'avouent ouvertement les idéologues du gouvernement Bush. Pierre Hillard montre comment l'atlantisme, qui n'avait plus de raison d'être après la fin de la guerre froide, est devenu l'instrument de ce " mondialisme " que prônait, dès son élection à la présidence de la République, le père de l'Europe actuelle, Valéry Giscard d'Estaing. Chercheur scrupuleux, Pierre Hillard reconstitue un certain nombre de réseaux et identifie les fondations qui, en Europe et aux Etats-Unis, s'emploient à saper les principes mêmes de la souveraineté des Etats, au nom des droits des minorités et au service du capitalisme prédateur qui caractérise notre époque, toutes ces tendances faisant le jeu de l'hégémonie américaine. Une hégémonie que Zbigniew Brzezinski décrivait, en 1997, dans un cadre spenglerien : la vocation américaine est désormais de contrôler l'Eurasie, pour réaliser l'empire occidental. C'est la logique mortifère d'une Europe carolingienne à la fois impuissante diplomatiquement et ravagée par les désordres économiques qu'engendre l'ordre américain pour détruire la seule Europe possible, celle des souverainetés pleinement exercées par des Etats nationaux, coexistant dans la paix et la prospérité. L'auteur de ce livre s'affirme de plus en plus, en effet, comme un observateur très précieux de la politique internationale. La clarté et la précision de ses analyses sont le meilleur antidote aux tours de passe-passe idéologiques dont se servent les manipulateurs de la démocratie. "

06/2010

ActuaLitté

Littérature française

Un homme de plus

Le poète, essayiste, traducteur du grec (Yannis Ritsos, Constantin Cavafis...) et du tchèque (Vladimir Holan, Jaroslav Seifert), Dominique Grandmont (né le 25 janvier 1941), nous confie ici un livre considérable de pensées et d'Histoire(s), où par la mémoire du récit se réinvente l'autobiographie, le long de 12 chapitres et un épilogue, plus particulièrement tourné vers la Grèce, pays de prédilection de son auteur qu'il nous donne à découvrir comme son " enfance impossible à partager " (Chap. X), avec toutefois, en des sauts périlleux, des points de fuite (parfois par de simples retours à la ligne) en Russie et en France. Livre d'une vie ou de vie, la vie le fondant, fondant son écriture-même en rien formaliste, se pouvant être rapproché sur certains aspects, dans l'enchantement de la pensée et sa lucidité, du Voyage en Arménie de Mandelstam et Le Métier de vivre de Pavese. Traces subtiles mémorielles, des années 1950 à nos jours, de voyages, d'êtres rencontrés (Ritsos et Aragon pour les plus célèbres, mais aussi d'hommes et de femmes oubliés de l'Histoire : ouvriers, guides, gens de cafés, danseurs et musiciens, poètes...), au travers desquels ce que nous sommes se trouve interrogé " puisque c'est de l'imaginaire qui entre dans un réel dont il [le narrateur] ne ressortira plus " (Chap. I), puisque aussi écrire crée un fait : " Ce n'est pas moi, la première personne. C'est le moyen le plus sûr de relier les temps et les lieux sans mélanger les dates. " (Chap. I) Ou encore, écrit-il, nous aiguillant sur le sens du titre donné à cet ouvrage, Un homme de plus : " C'est parce que je n'y comprends rien que la vérité existe, et que j'arrive à exister en dehors de cet inexplicable qui nous constitue. Je ne puis croire qu'à l'impossible pour essayer de le comprendre, et c'est ce que j'ai sous les yeux. C'est à ce titre-là qu'écrire est un sacrement d'obscurité où l'écrivain n'est jamais qu'un homme de plus, même s'il est choisi par ceux qui lui demandent de porter la parole commune. " (Chap. XII) Ecriture éminemment poétique, comme en témoigne encore cet extrait, parmi bien d'autres, dans ce passage situé cette fois à Moscou : " De jour comme de nuit, les corbeaux viennent tournoyer autour de l'étoile rouge qui surmonte la tour Saint-Sauveur, à l'entrée du Kremlin. Ils jouent à se pourchasser ou à se laisser porter par les remous de l'air chaud, sous la neige protectrice qui ne cesse de tomber. Je les vois ralentir dans leur vrille ascendante, avant de s'imprimer dans la marge blanche de la nuit pour lancer des éclairs de connivence sauvage, comme des mouettes sur une mer obscure que le sel d'argent de la mémoire aurait inversée. " (Chap. X). Poésie et politique inconciliables, semble-t-il, car ce qu'il nomme ses " camarades " sont " ceux dont la politique ne rendrait jamais compte, ou qui n'avaient pas le temps d'attendre l'ascenseur, cette femme d'un soir dont les doigts tremblaient tellement que les billets de banque semblaient se multiplier dans ses mains, ou celui qui rit tout seul sur la place déserte comme un cheval qui hennit, ceux qui ne sont pas revenus parce que j'avais lu sur un mur en Grèce qu'en dehors de l'impérialisme et des monopoles, il y avait la solitude. " (Chap. VIII)

10/2019

ActuaLitté

Théâtre

Ecrits sur le théâtre. Tome 2, Edition revue et augmentée

L'aventure de Vsevolod Meyerhold des années 20, c'est celle d'un artiste qui s'engage résolument et rapidement aux côtés de la Révolution, parce qu'il ne peut séparer révolution politique et révolution théâtrale. Son " Octobre théâtral " ouvre la scène à la rue, au travail corporel (biomécanique) et à l'analyse politique. L'étude des grandes traditions commencées dans les années dix s'approfondit. Le plateau devient un laboratoire, esthétique et politique, où l'on expérimente et élabore des techniques complexes, où l'on prend tous les risques. On verra, dans ce volume fortement augmenté, les incroyables obstacles rencontrés dès 1918 à Moscou par Meyerhold pourtant membre du parti communiste, les fermetures ou menaces de fermeture de son théâtre, ses polémiques violentes avec ses disciples, les liens tissés avec E. Vakhtangov... On comprendra mieux l'intérêt pointu porté par le metteur en scène aux " neurosciences " de son époque et son approche scientifique et musicale du jeu d'un acteur-poète. Meyerhold remet en cause, radicalement, tout le théâtre. Il dénude la scène en y installant la machine à jouer constructiviste, il utilise les techniques de cirque, de cinéma, et toute son immense culture plastique et musicale. Il pratique collage et montage dans un travail dramaturgique poussé sur le grand répertoire classique russe - ce qui lui permet de regrouper autour de lui de nouveaux auteurs (N. Erdman). 1917-1930, c' est aussi la période de collaboration avec V. Maïakovski, " l'ami bien-aimé ". Avec le suicide du poète, Meyerhold perd un de ses grands soutiens. Une corde se brise et l'on parle déjà de cette chose suspecte que serait le " meyerholdisme "... Cet ouvrage dont la construction nouvelle cherche à rendre toute l'effervescence créatrice de l'artiste-chercheur, curieux de tout et présent sur tous les fronts, se termine sur cette date tragique. Quatorze spectacles dont pas un ne répète l'autre en quatorze ans à peine - sans compter les travaux de laboratoire, les projets avortés (neuf au théâtre et au cinéma), la participation à des spectacles réalisés par d'autres. Des textes de critiques ou de collaborateurs ont été introduits dans ce livre pour que le lecteur puisse se faire une meilleure idée des spectacles et des débats passionnés qu'ils soulevèrent. Ce corpus " étranger " complète le corpus meyerholdien - proclamations, manifestes, interventions, exposés, entretiens, cours, conférences, programmes de travail, articles - produit dans le feu de l'action. Meyerhold crée et parle beaucoup en ces années-là, d'où les guillemets qu'il faudrait sans doute mettre à " Ecrits " sur le théâtre pour ce tome 2. " Le trésor " disait S. Eisenstein en parlant des archives de son Maître qu'il eut par la suite le courage de cacher. Pour nous aussi, sans aucun doute, encore un trésor... Béatrice Picon-Vallin.

09/2009

ActuaLitté

Essais biographiques

Käthe Kollwitz - Regard(s) croisé(s)

Ce volume collectif est issu du premier colloque français consacré à Käthe Kollwitz alors que l'historiographie se développe surtout en Allemagne et aux Etats-Unis. Le principal enjeu en est de sortir du domaine des spécialistes de l'estampe et de faire d'une lacune, le peu de développement de la recherche sur Kollwitz en France, un potentiel heuristique. Le parti-pris était en effet d'ouvrir le propos du colloque à des chercheurs et chercheuses extérieur-e-s au champ de l'estampe allemande, de proposer une lecture croisée de l'oeuvre de Kollwitz, en invitant non seulement des chercheuses et chercheurs en histoire de l'estampe et en histoire de l'art mais aussi en histoire de la photographie, en histoire culturelle ou en études germaniques. Chacun considérant Kollwitz sous l'angle de ses connaissances mais aussi des objets et méthodes propres à sa discipline, leur confrontation permet ainsi de renouveler la recherche sur l'artiste. Trois lignes forces structurent l'ensemble des contributions de ce volume. La première interroge les fonctions de l'image dans l'oeuvre de Kollwitz, à travers l'expressivité des sujets qui, avec récurrence ou au contraire de manière plus marginale, sont chargés d'une signification symbolique, dans le champ artistique ou l'espace social, et jusque dans la pénombre discrète voire secrète de l'atelier, en explorant les potentialités de la gravure, de la photographie ou de la sculpture dont l'artiste a été la praticienne. La deuxième voie d'approche examine la situation de Kollwitz face à l'histoire, en éclairant la confrontation de l'artiste aux combats et violences de son temps, qu'elle vécut dans un enthousiasme parfois inquiet (la révolution allemande) ou qu'elle subit dans la douleur (la mort d'un fils tué à la guerre, dès l'automne 1914, la convertit au pacifisme), cependant qu'à partir de 1933 le nazisme lui retirerait ses droits d'artiste et d'enseignante en la plongeant dans la nuit de l'art décrété dégénéré. La troisième et dernière partie de l'ouvrage réunit des essais interrogeant la portée de l'oeuvre de Kollwitz, en s'intéressant à ses réceptions et ses lectures comme autant d'interprétations qui, parfois, croisent d'autres destins d'artistes, tels George Grosz ou Lea Grundig, et qui varient selon des contextes changeants ? : l'engagement de l'artiste dans l'Allemagne des années 1920, sa postérité dans la RDA d'après 1945 ou les significations de la monumentalité de son oeuvre dans les régimes d'idéologie communiste. Contributions de ? : Aurélie Arena, Claire Aslangul-Rallo, Jérôme Bazin, Annette Becker, Marine Branland, Jean-Numa Ducange, Thierry Dufrêne, Marie Gispert, Christian Joschke, Philippe Kaenel, Morgane Lafagne, Juliette Mermet, Denis Pernot, Emmanuel Pernoud, Chiara Ripamonti, Bertrand Tillier, Catherine Wermester.

08/2022

ActuaLitté

Art mural, graffitis, tags

Affiches cubaines. Révolution et cinéma, 1959-2019

Le renversement de la dictature du général Batista le 1er janvier 1959, à laquelle succède le gouvernement révolutionnaire présidé par Fidel Castro, amorce de profonds changements dans la société et l'esthétique cubaines. D'une logique capitaliste avec ses codes visuels empruntés aux Etats-Unis, Cuba se tourne vers un système communiste où prédominent institutions et commande publiques. La production graphique délaisse la publicité pour se mettre au service des idéaux du nouveau régime : l'engagement politique national, la solidarité internationale avec les pays du tiers-monde par le biais de l'OSPAAAL (Organisation de Solidarité des Peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine) - dont Ernesto Che Guevera est l'un des instigateurs -, et l'éducation culturelle des masses, notamment par le biais du cinéma promu par l'ICAC (Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos) créé en mars 1959. Dans le contexte économique du pays, où la rareté de l'électricité rend la télévision et la radio peu accessibles, l'affiche devient le mode de communication le plus efficace. Durant les années 1960-1970, âge d'or de l'affiche cubaine, les graphistes cherchent à créer un style un rupture avec la manière hollywoodienne, qui s'éloigne aussi de la propagande soviétique. Les pénuries de matériaux - papier, encre -, stimulent la créativité en imposant des contraintes. La sérigraphie, technique d'impression artisanale largement adoptée, détermine les grandes lignes de cette nouvelle école : solides contours noirs et choix restreints de couleurs appliquées en aplats. Les affiches commandées par l'OSPAAAL, pliées en quatre et glissées dans la revue Tricontinental diffusée à travers le monde, cherchent à faire passer des messages simples évoquant l'union dans la lutte révolutionnaire tout en transcendant la barrière de la langue, d'où l'émergence de leitmotivs graphiques immédiatement reconnaissables : drapeaux et symboles nationaux, poing levé... L'ICAIC, de son côté, produit des affiches spécifiquement cubaines, souvent dessinées, pour chaque film diffusé. Grâce aux festivals de cinéma, elles sont connues et collectionnées dès les années 1960. Cette âge d'or est suivi d'une période mois féconde, marquée par "el período especial" , crise économique en temps de paix après l'effondrement du bloc de l'Est. Le nombre d'affiches produites d'effondre, la bureaucratie omniprésente entrave la créativité, et de nombreux graphistes phare émigrent. Ce champ de création connaît un renouveau depuis le début des années 2000, dans le domaine culturel plutôt que celui de la communication à grande échelle, renouant avec une dimension expérimentale et artistique. A travers cette production artistique, populaire dans le sens où elle s'adresse à tous et investit l'espace public, ce livre invite à voyager dans le passé et le présent d'un pays dont l'histoire récente reste peu étudiée.

03/2023

ActuaLitté

Guerre d'Indochine

Aimer et servir - Lettres d'Indochine. 1945-1947, 1954

La conversation épistolaire à la fois passionnée et pudique, épique et amoureuse, entre André Butor, jeune officier servant en Indochine entre 1945 et 1947, puis en 1954, et une jeune étudiante à sciences po, Chistiane Chauvet, devenue son épouse. Avec pour fil conducteur aimer et servir. "AIMER : le coup de foudre qui frappe André en juillet 1945 est sans doute partagée, même si Christiane ne se l'aouera que plus tard. Le 28_ octobre celui-ci embarque pour Saigon, sans l'avoir revue. S'ensuit une abondante correspondance "transcontinetale" , 354 lettres échangées durant les deux années suivantes ; d'abord amical, cet échange prend un tour rapidement sentimental et leur permet de se connaitre plus intimement. Peu à peu au bout d'un an, celui qui se qualifie d'"ami d'indochine" et celle qui lui envoie à la fin de ses lettres son "affectueux souvenir" et "sa meilleure amie" vont ressentir, simultanément à 12000km de distance la même progression du sentiment amoureux, une flamme mutuelle. Cette conversation épistolaire va se poursuivre avec la même intensité, leur permettant de mieux se connaitre : André, un homme au tempéramment intrépide, à l'humour volontiers moqueur, ayant le gout du risque, de l'aviation et soif d'aventure ; Christiane, une nature indépendante, impétueuse et passionnée. Ils partagent une m^me vision de l'actualité politique : pour elle "notre pays est entre de bien mauvaises mains". Lui met très peu de temps à se rendre compte, " que la France aura vite fait de perdre l'Indochine". SERVIR : c'est aussi l'histoire et le destin d'une génération de jeunes officiers fraichement sortis de saint Cyr, souvent issus de la résistance contre le nazime et qui considèrent que cette guerre consttue un maillon important dans la lutte contre le totalitaisme communiste. Affecté en cochinchine et en Annam dans des postes isolés, lieutenant André Butor prendra ardemment sa part dans la lutte contre la guérilla vietminh ente 1945 et 1947 . De retour en Indochine en 1954 comme pilote d'héicoptère , la dernère lettre envoyée à son épouse est datée du 27 mars 1954. Rentré de Hanoi à Muong sai, le capitaine André Butor trouvera la mort le soir m^me en effectuant des essais de vol de nuit afin de poursuivre les héroïques évacuations sanitaires pendant le siège de Dien Bien Phu. André Butor est promu Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthumme le 5 août 1954 ". N'omettez pas d'inscrire le souvenir d'André. Il fut un héros", écrira Christiane Butor à ses enfants au soir de sa vie. Message bien reçu par ses filles Nathalie Volle Butor et Isabelle Chollet-Butor qui se sont chargées de transcrire méticuleusement ces lettres, de les composer et de présenter ce livre qui se lit comme un grand roman d'amour et d'aventure.

09/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1920-1946. "Y a-t-il quelque chose qui nous importe plus que la vérité ?"

Jean-Richard Bloch et Jean Paulhan ont 36 ans l'un et l'autre en 1920, quand commence leur correspondance. Fondateur en 1910 de L'Effort libre, Bloch est alors sous contrat avec les éditions de la NRF, où ont paru Lévy en 1912 et ... Et Cie en 1917. De son côté, Jean Paulhan, qui a publié à compte d'auteur en 1917 Le Guerrier appliqué, est le dévoué secrétaire de Jacques Rivière, directeur de La NRF depuis 1919. Leur échange va croissant jusqu'en 1932, année de parution du roman de Bloch, Sybilla, dédié à Paulhan, devenu rédacteur en chef de La NRF. Celui-ci, qui s'était montré "déçu" en 1925 de n'avoir pas retrouvé, dans La Nuit kurde et Sur un cargo, "le sévère, l'incorruptible Jean-Richard Bloch", tente alors de lier avec l'écrivain un complexe dialogue sur le pouvoir des mots : "Là où il y a pouvoir, il n'y a pas mots, et là où il y a mots, il n'y a pas pouvoir." Mais Bloch est requis par ses engagement politiques - participation au premier Congrès des Ecrivains soviétiques (1934), organisation du Congrès des Ecrivains pour la Défense de la Culture (1935), voyage à Madrid (1936) - cependant que Paulhan, conseiller municipal Front populaire à Chatenay-Malabry, orchestre dans les pages de La NRF une vive politisation des débats. Puis Bloch accepte de diriger avec Aragon le quotidien communiste Ce soir, dont le premier numéro sort le 1er mars 1937. Au lendemain du pacte germano-soviétique conclu en 1939 à Moscou, l'"embarras" entre Jean-Richard Bloch et Jean Paulhan est à son comble, et le sabordage de la revue Europe, que Bloch aurait eu l'intention de "reprendre", achève de distendre leur conversation. Bloch constate alors que "l'Europe, la guerre, les hommes de la politique ont emmêlé leurs fuseaux". Après l'offensive allemande du 10 mai 1940, ces différends paraissent "dépassés" à Jean Paulhan au profit de la seule fraternité d'armes et, bientôt, de l'entrée en Résistance. A la veille du départ de Bloch pour Moscou, Paulhan cherche une dernière fois le dialogue - qui passe toujours à ses yeux par les "questions langagières" - en lui adressant, le 22 février 1941, le début de ses Fleurs de Tarbes. Intellectuels et hommes de revue s'il en fut jamais, Jean-Richard Bloch et Jean Paulhan, écrivains l'un et l'autre, se sont connus, estimés et liés d'une amitié qui ne pouvait être qu'ombrageuse, en raison de leurs relations respectives à la politique. Leur entente, et la possibilité même de cet échange de lettres, supposait cette différence entre eux, et une façon de pleinement l'assumer.

01/2015

ActuaLitté

Philosophie

Circonstances. Tome 8, Un parcours grec

La Grèce est au coeur de ce livre, qui lui donne son titre. Tout s'y relit de ce qui a fait son histoire très récente, doublement exemplaire : exemplaire d'abord de la volonté des marchés financiers de lui imposer - jusqu'à la mise sous tutelle - leur politique ; exemplaire aussi des oppositions qu'une telle volonté peut partout soulever, mais n'a soulevées nulle part ailleurs mieux qu'en Grèce. Exemplaire, la Grèce n'est donc pas seule présente dans ce livre. De sa situation, dit Badiou, "on peut assurément dire qu'elle cristallise plusieurs des contradictions fondamentales qui sont les nôtres, en Europe d'abord, sans doute, mais finalement dans le monde tel qu'il est, le monde livré à l'anarchie autoritaire du capitalisme". C'est du capitalisme et de ses menées proprement impériales qu'il y est essentiellement question : en Grèce, c'est le point de départ, en Europe, avec et après elle ; en Afrique surtout. Menées de "désorganisation plutôt que de colonisation" auxquelles Badiou donne le nom de politiques de "zonage", qu'il définit ainsi : "pratiques impériales qui ne consistent pas à occuper des pays, à les coloniser, à en extraire tout ce qu'on peut en extraire et à se heurter ensuite éventuellement à des résistances nationales, à des luttes de libération nationales [...] mais à créer de zones où finalement les Etats sont affaiblis, où les territoires sont dépecés, où se créent des enclaves sous la juridiction d'armées privées". Pour encourageante qu'ait été la politique d'opposition des Grecs eux-mêmes à l'hégémonie des marchés financiers, et, après eux, de l'Europe qu'ils se sont assujettie, Badiou n'élude aucune de ses limites. Ainsi conduit-il une analyse acérée, sans concession, du spontanéisme des politiques mouvementistes, quelque sympathie qu'elles suscitent a priori, lesquelles, dit-il, "n'ont strictement aucun autre effet que de souder provisoirement le mouvement dans la faiblesse négative de ses affects ; [...] qui peuvent en effet obtenir un résultat, mais nullement construire la politique de ce résultat, comme on le voit aujourd'hui en Egypte comme en Tunisie". Il revient en effet à toute opposition actuelle, s'inspirant des politiques d'émancipation passées, et se réappropriant ce que Badiou a théorisé sous le titre de l'hypothèse communiste, de se constituer a minima suivant ce qu'il appelle ici des "maximes d'orientation" : l'idée égalitaire, le dépérissement de l'Etat et l'organisation d'un travail indivisé. La victoire de la gauche radicale grecque s'en est-elle assez inspiré ? Pas, sans doute. Alain Badiou médite ainsi pour finir sur le destin intellectuel de l'alternance politique grecque.

09/2016

ActuaLitté

Histoire de France

Des étrangers antifascistes à Marseille (1940-1944). Hommage au consul du Mexique Gilberto Bosques

Un recueil de documents et de témoignages inédits sur la résistance au fascisme et au nazisme en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les étrangers antifascistes, antinazis et républicains chassés de leur pays par les dictatures, furent très nombreux en Provence et à Marseille. Parmi eux il en est qui ont mené combat contre le fascisme et le nazisme sur le sol méridional, jouant un rôle non négligeable dans la lutte contre l'occupant. Tous ont trouvé en Gilberto Bosques Saldivar (1892-1995), consul du Mexique en France et vétéran de la révolution mexicaine, un appui indéfectible. L'ouvrage, qui fait suite à une journée organisée le 11 octobre 2013 aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône (dans le cadre du colloque "La culture de l'Europe en exil, Marseille, 1940-1944"), présente quatre cas emblématiques, au travers de témoignages. Tout d'abord, celui de la jeune résistante autrichienne Mélanie Berger (née en 1921) qui, avec son groupe, oeuvrait à la démoralisation des troupes allemandes. Arrêtée par la police de Vichy, lourdement condamnée par les juridictions d'exception de l'Etat français, incarcérée dans la prison des Baumettes, elle parvint toutefois à s'évader et à reprendre le combat. Les mineurs espagnols de Meyreuil offrent un autre exemple d'engagement. Ces immigrés républicains faisaient partie du 6e GTE (groupe de travailleurs étrangers), structure crée par l'Etat français dans un but répressif et pour pallier au manque de main-d'oeuvre. Ils s'organisèrent pour survivre, mais aussi, clandestinement, pour mener grèves et actions collectives. Leurs enfants, qui ont effectué un important travail de collecte de témoignages et de documents, évoquent ici leur vie à Meyreuil. Le jeune communiste italien Giuliano Pajetta fut parmi les bénéficiaires d'un visa délivré par le consul du Mexique. Mais il choisit de ne pas partir pour les Amériques, s'évada du camp des Milles, relança l'action de son parti en Provence. Combattant en Italie, déporté à Mauthausen, il échappa à la mort. Sa fille Elvira, retrace son itinéraire de résistant, en Espagne, en France et dans son pays natal. Une part importante de l'ouvrage est consacrée à Gilberto Bosques Saldivar, consul général du Mexique à Marseille et à son rôle essentiel dans le sauvetage de centaines de républicains espagnols, de combattants des brigades internationales et "d'indésirables", qu'il a pu faire partir pour le Mexique. Les deux filles du consul Bosques, Laura et Maria-Teresa, portent témoignage de son action, mais aussi de leur enfance à Marseille. Enfin, Gérard Malgat, auteur d'un important ouvrage sur Gilberto Bosques, apporte l'éclairage du biographe. L'ouvrage est richement illustré grâce aux archives familiales et personnelles des témoins.

03/2014

ActuaLitté

Histoire internationale

L'extraordinaire destin de Milda Bulle, une pasionaria rouge

Milda Bulle fut une figure de la révolution russe et des débuts du régime soviétique. Partie de Lettonie, militante, combattante, gradée, décorée, apparatchik du parti communiste à Moscou, féministe, oratrice, auteure de livres de propagande, promotrice de la culture, elle fut, en 1938, victime des purges staliniennes. Le drame d'une militante prise au piège de sa fidélité. Aujourd'hui bien oubliée, Milda Bulle (prononcer "Boulé") fut pourtant une des figures exceptionnelles de la révolution d'Octobre et des débuts du régime soviétique. Partie d'un hameau de Courlande, en Lettonie, devenue militante, puis combattante, armes à la main, lors de la guerre civile dans le Caucase, passée par l'Iran pour y enfiévrer une révolution, gradée (elle fut l'une des premières à porter le titre de kombrig, équivalent à général de brigade), décorée, apparatchik dans les organes du pouvoir à Moscou, féministe, oratrice, auteure d'ouvrages de propagande, promotrice de la culture, de deux théâtres et d'un opéra dans la république de Bachkirie (entre Volga et monts d'Oural), Milda fut, en 1938, victime des purges staliniennes. Pourquoi s'intéresser à Milda, pasionaria rouge ? Son histoire, fascinante par bien des aspects, ne s'inscrit pas dans la lignée des récits biographiques habituels. Elle n'est pas une personne célèbre, ancrée dans la mémoire de ses "pays" et descendants, dont les exploits ont laissé de nombreux témoignages. Elle n'est pas non plus l'une de ces anonymes, à l'existence banale, dont le parcours sans relief révèle l'air du temps, un quotidien toujours si difficile à saisir ? S'agirait-il encore d'un personnage émouvant dont on pourrait suivre avec empathie les accidents de l'existence ? La vie de Milda est tumultueuse, ponctuée de hauts et de bas. Ce que nous savons d'elle par les documents ou les renseignements divers nous informe beaucoup plus sur les soubresauts de l'histoire que sur la platitude du quotidien. Son enthousiasme pour une cause et son engagement corps et âme, au seuil de sa vie adulte, pour un monde meilleur, jusqu'à son glissement dans une dérive totalitaire qui finit par se retourner contre elle et la broyer. La trajectoire et la fin tragique de Milda suscitent l'admiration et la compassion. Mais sa docilité et son allégeance au pouvoir soviétique, son "suivisme" tapageur, n'entraînent en rien l'adhésion. Le drame d'une militante prise au piège de sa fidélité. L'auteur, ethnologue spécialiste de l'Iran, a "rencontré" Milda de manière incongrue au cours de ses recherches et ne l'a plus lâchée. Il retrace ici, avec beaucoup de précision et non sans humour, son fabuleux destin. Le livre est aussi un passionnant carnet d'enquête. Christian Bromberger raconte toutes les étapes de sa recherche sur ce personnage méconnu et médite sur les raisons de son oubli.

12/2018

ActuaLitté

Sciences politiques

Violence politique au Pérou 1980-2000, Sentier lumineux contre l'Etat et la société. Essai d'anthropologie politique de la violence

La question de la violence politique reste encore sous-étudiée en histoire, en anthropologie et dans les autres disciplines humaines et sociales. Dans ce livre, qui a largement puisé dans les données recueillies par la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR), dans les travaux d'Alberto Flores Galindo et de Carlos Ivan Degregori, mais aussi de Primo Levi, de Hannah Arendt, de Tzvetan Todorov et de Françoise Héritier, Mariella Villasante avance que le Pérou a traversé une guerre civile qui ne veut pas dire son nom. Entre 1980 et 2000, dans les régions andines du centre et du sud, et de l'Amazonie centrale, les populations se sont divisées en deux camps ennemis, pour et contre la subversion armée déclenchée par le Parti communiste du Pérou, Sentier Lumineux (PCP-SL), qui luttait contre l'Etat et la société. Pour autant, cette guerre ne fut en aucun cas une "guerre ethnique". Les gouvernements civils accordèrent un pouvoir total aux militaires pour arrêter la subversion, et les territoires soumis à l'état d'urgence furent régis par la loi martiale entre 1982 et 2000. Du coup d'Etat de Fujimori, avec l'appui des Forces armées, le 5 avril 1992, jusqu'en novembre 2000, date de sa destitution, le Pérou fut gouverné par une junte civilo-militaire. La répression militaire fut excessivement brutale et aussi barbare que les méthodes terroristes du PCP-SL, d'une violence inutile et d'une cruauté extrême. Selon la CVR, la guerre interne péruvienne fit au moins 70 000 morts. Et plus de 6 000 Indiens Ashaninka sont morts dans des camps d'internement sendéristes. Une réalité encore peu connue au Pérou et dans le monde. En septembre 1992, la capture d'Abimael Guzman, chef historique du Sentier Lumineux, marqua le début du déclin de la guerre civile. Les actions armées ont continué jusqu'aux années 1998-2000, puis elles se concentrèrent dans la vallée des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM), où elles se poursuivent de nos jours. La guerre péruvienne présente des traits singuliers en Amérique latine, différents des dictatures (Argentine, Chili), et des guerres civiles de l'Amérique centrale. Elle se rapproche cependant de la guerre au Guatemala, et du cas de la Colombie qui combine subversion et trafic de drogue. Le recrutement par le PCP-SL de jeunes, pauvres, déracinés, abandonnés par l'Etat et en quête d'une "cause", fut semblable à celui qui a cours dans les groupes islamistes de la mouvance d'Al-Qaeda ou, plus récemment, de l'Etat Islamique (Syrie et Irak). Cette guerre présente également des similitudes avec la guerre civile en Algérie dans les années 1990. Toutes ces comparaisons sont abordées à la fin de l'ouvrage.

04/2016

ActuaLitté

Religion

Missionnaire intrépide. Paul Seitz, évêque de Kontum (Vietnam) 1906-1984

"Risquer sa vie une fois par semaine, ce n'est pas de l'héroïsme, c'est de l'hygiène mentale". Cette boutade nous avertit que lire ce livre, écrit de main de maître, c'est risquer sa vie à son tour. Car Paul Seitz, né en 1906, est de ceux qui entraînent : au scoutisme, à l'armée, en Afrique, au séminaire et surtout comme missionnaire au Tonkin à partir de 1937. De santé fragile, il fait peu de cas de sa propre vie et s'expose sans relâche durant ces années difficiles : invasions du Japon en 1940 et Viet-Minh en 1954. Sauvant d'innombrables vies, surtout celles des enfants des rues par la création de centres de formations pour la jeunesse et pour les orphelins, il a mérité d'être appelé "le Monsieur Vincent de Hanoi", et le "Don Bosco" des mendiants. Devenu évêque de Kontum en 1952, il se dépense auprès des Montagnards des Hauts-Plateaux, et fait construire églises, séminaire, écoles, hôpitaux, maisons et ateliers, voulant faire de ces laissés pour compte des "hommes debout", voulant surtout les gagner tous au Christ : par milliers, ils lui demandent, à lui et aux missionnaires qui l'assistent, le baptême et les sacrements de l'Église. Expulsé de son diocèse par les communistes en 1975, il poursuit en France, à Paris et en province, sa mission d'évangélisateur. Dans une Église qui cherche alors ses repères, il tente d'éclairer et de faire agir ceux qu'il appelle les "chiens muets" (Isaïe 66,10), estimant que "nous avons trop souvent fait de la pratique de notre foi une compagnie d'assurance tous risques". Il ne cesse pas pour autant d'aider les réfugiés de son Vietnam bien-aimé. Il meurt à la tâche le 23 février 1984, des suites d'une tumeur. L'archevêque de Paris, le cardinal Lustiger, proclame qu'il est "un de ceux qui auront fait le plus d'honneur à la Société des Missions Étrangères de Paris au XXe siècle". Le rayonnement de cet évêque qui a passé 38 ans de sa vie au service des populations pauvres du Vietnam, où sa mémoire est restée très vivante, méritait de passer à l'Histoire. C'est chose faite grâce à cette biographie passionnante.

07/2014

ActuaLitté

Littérature française

Itinéraire d'un Juif du siècle

Claude Berger est placé par naissance au coeur des drames du siècle passé, le régime nazi et Vichy dont il réchappe, le totalitarisme bolchévique qu'il démystifi e, la décolonisation. Il reçoit une étoile jaune le jour de ses six ans. Suit la condamnation à mort qui pèse sur les enfants juifs et un enfermement de deux années dans une maison vétuste aux volets fermés. Chaque sortie s'achève par une survie miraculeuse. La Libération substitue la misère à la traque qu'elle recouvre d'une chape de silence. 1954, guerre d'Algérie, il se révolte contre la torture : De quoi est donc porteur l'inconscient de l'Occident ? En Afrique, sous le communisme primitif, il découvre l'animisme. Bénévole en Algérie, il est pris au piège de la face cachée de l'indépendance. En 1971, il démystifi e Lénine et dénonce capitalisme et salariat d'État. Le sociopsychanalyste Gérard Mendel lui témoigne sa connivence. Son essai, Marx, l'association, l'anti-Lénine, vers l'abolition du salariat lui vaut l'hommage d'Otelo de Carvalho, l'initiateur de la révolution des oeillets. André Gorz le soutient. "Lip et après ?" paraît dans Les Temps Modernes, "Georges Marchais et la question juive" dans Le Matin. La question du pourquoi et non pas seulement du comment de la mort des Juifs ne cesse de le hanter. Il dénonce une mythologie progressiste, née de l'antisémitisme des pères de la pensée de gauche. Elle empêche d'oeuvrer vers une société solidaire et non-salariale. C'est cette quête que Claude Berger conte ici. Une histoire riche d'engagements : La défense de la population pauvre du Marais, l'exercice d'une médecine sociale, l'interruption d'une messe à Pétain. Une histoire riche de rencontres, de personnages croisés : Georges Perec, Jacques Lanzmann, Jean Rouch, Kateb Yacine, Jean-Paul Sartre, Bernard Lambert, Benny Lévy. Une histoire parsemée de récits de montagne en écho de ceux d'Erri De Luca, mais aussi de miracles, de mystique et de poésie. "J'aurais traîné une vie entière un couloir de la mort de deux ans pour le dissoudre dans la recréation du monde", dira l'auteur faisant sien le propos de Chateaubriand : "Il est possible que mon Itinéraire demeure comme un manuel à l'usage des Juifs errants de ma sorte".

10/2014

ActuaLitté

Critique littéraire

André Gide, André Malraux. L'amitié à l'oeuvre (1922-1951)

André Gide et André Malraux ont fait connaissance en mai 1922, à la suite de la publication par ce dernier d'un article consacré à l'oeuvre de son aîné et à son impact sur la génération nouvelle. L'auteur de Paludes et des Caves du Vatican est impressionné par cet admirateur talentueux, aux vues originales et pénétrantes. Il s'avère de plus qu'il a le sens de l'aventure et que c'est un homme de goût, en art comme en littérature. Aussi se réjouit-il de le voir figurer bientôt parmi les écrivains proches de La NRF ; et il l'autorise à publier une version illustrée du Roi Candaule à l'enseigne des Aldes, sa maison d'édition. Entré chez Gallimard comme directeur artistique et membre du comité de lecture en 1928, André Malraux devient l'éditeur des oeuvres complètes d'André Gide et de très belles rééditions illustrées de ses premières oeuvres. Cette amitié littéraire et éditoriale se double au début des années 1930, d'un engagement commun contre le fascisme, dans le sillage du communisme soviétique. Sans adhérer au Parti, André Gide et André Malraux, prix Goncourt 1933, président ensemble les grands congrès antifascistes de 1933 à 1936. L'un et l'autre font le voyage à Moscou ; André Gide prononce l'oraison funèbre pour Maxime Gorki en 1936 sur la Place Rouge, aux côtés de Staline. Mais on connaît la désillusion lucide et sans appel du Retour d'URSS, qui marque chez André Gide la fin de ce compagnonnage ambigu. André Malraux, pour sa part, s'engageant corps et âme dans le combat auprès des Républicains espagnols. Les deux hommes restent proches au début de l'Occupation ; ils se côtoient sur la Côte d'Azur, avant que Gide ne s'embarque pour l'Afrique du Nord et que Malraux ne s'engage en 1944 dans le combat armé contre l'occupant. Plus espacées jusqu'à la mort d'André Gide en 1951, leurs rencontres - la plupart du temps au Vaneau - restent placées sous le signe d'une chaleureuse amitié, qui n'exclut pas un jugement croisé, et sans complaisance, sur l'évolution et la signification générale de leur oeuvre. Littérature, art, morale, politique et histoire : voilà une amitié à l'oeuvre. Cet album, abondamment illustré, réunit de nombreux documents inédits ainsi que la correspondance échangée entre les deux écrivains.

04/2018

ActuaLitté

Sciences politiques

Le KGB à l'assaut du tiers-monde. Agression-corruption-subversion (1945-1991)

Il serait bien naïf de croire que jadis les combats idéologiques ou de puissance se déroulaient sans que chaque protagoniste se renseigne sur l'ennemi et même qu'il cherche à jeter chez lui la discorde... Pourtant la Tchéka et ses successeurs jusqu'au KGB inclusivement (dissous en 1991) ont battu tous les records de férocité - contrôle social, goulag, etc. - et d'efficacité froide à l'encontre des " adversaires " capitalistes (saur peut-être durant l'agonie du régime) en matière d'espionnage politique, militaire ou technologique. Après la Seconde Guerre mondiale et durant toute la guerre froide, l'un de ses terrains (l'action privilégiés furent les pays du tiers-monde que les puissances coloniales durent, de gré ou de force, laisser vivre leur destin. De l'Inde émancipée en 1947 à la Chine soumise aux communistes en 1949, de l'Egypte évacuée par les Anglais à la Guinée où Sékou Touré rejeta toute association avec la France, de l'Ethiopie du Négus et de l'Angola des Portugais à l'Afrique du Sud de l'apartheid, les " mesures actives " du KGB firent ou faillirent faire basculer ces rials dans le camp soviétique. Assassinats de leaders politiques locaux, corruption de ministres ou de hauts fonctionnaires, chantage, désinformation, tout fut bon pour couper les ex-colonies de leurs anciennes métropoles. Quant à l'" arrière-cour " des Etats-Unis, l'Amérique latine, indépendante depuis plus longtemps, elle était déjà un continent particulièrement mal disposé à l'encontre des gringos. Le triomphe des guérilleros à Cuba ou l'élection de Salvador Allende au Chili auraient-ils été possibles sans le coup de pouce tout à fait décisif de Moscou (entraînant par ricochet, il est vrai, de non moins réelles turpitudes de la part de la CIA) ? Comme le premier volume consacré à l'action du KGIR dans les pays occidentaux, cet ouvrage, qui s'appuie sur une documentation totalement inédite et bien sûr jamais mise à la disposition des chercheurs, trouve sa source dans les dizaines de milliers de pages d'archives top secrètes recopiées clandestinement par Vassili Mitrokhine, officier du KGB réfugié à l'Ouest et révolté par ces pratiques, qui désirait que cette histoire on ne peut plus opaque fût connue de tous. Sans aucun doute, ce livre invite l'historien, le chercheur ou le curieux à interpréter à nouveaux frais l'histoire du monde depuis 1945.

06/2008

ActuaLitté

Histoire de France

Plus noir dans la nuit. La grande grève des mineurs de 1948

Qui s'en souvient ? Fin 1948, la troupe est envoyée dans tous les bassins miniers, réprimer, brutalement, la grande grève des mineurs. Six morts, deux mille arrestations, autant de condamnations à de la prison entraînent autant de licenciements. Or, être viré pour un mineur, c'était tout perdre. La maison, l'école, le médecin, le chauffage, tout appartenait aux puissantes Houillères. Pire encore, dans le Pas-de-Calais, les ouvriers grévistes ont interdiction de travailler dans la région. "Moi vivant, t'auras plus jamais de boulot !", tonne le chef de Georges Carbonnier après sa sortie de prison. Chassé du coron, Georges empile meubles et vêtements sur une charrette à bras et traverse la cité, avec Simone, son épouse et leur bébé. Le début d'une longue errance, pour eux et pour d'autres. Colette et René Lebrun échouent, avec leurs enfants, dans une baraque en bois, sans eau, ni électricité. Norbert et Lucienne Gilmez n'ont plus rien. Jeanne et Henri Couchey emménagent dans un blockhaus désaffecté, ruisselant d'eau et grouillant de souris. Leur crime à tous était le même. Être communistes et grévistes en pleine guerre froide, sans que nul ne se soucie ni de leur grève héroïque, en 1941, contre les nazis, ni de leur ardeur à extraire le charbon à la Libération. Ce livre fait revivre cette histoire oubliée, à travers ceux qui l'ont vécue. Norbert, Colette, Jeanne et les autres, au soir de leur vie, racontent ici leur jeunesse dans ce monde des mines désormais englouti et leur fureur d'avoir été traités en parias. Voici Lucienne, sur le marché de Bully-les-Mines faisant essayer à sa fille un paletot rouge qu'elle ne peut lui payer. Voilà Colette qui, à Vermelles, se lève à 2 heures le matin pour nettoyer des bureaux. Voici Jeanne et Henri, le résistant, le militant qui "en a fait des sabotages contre les Boches !" et en fut si mal récompensé. La retraite venue, Georges et Norbert n'ont pas cessé de réclamer réparation des tourments passés, se heurtant à l'indifférence de tous les gouvernements successifs. Enfin, en 2013, ils obtiennent 30000 euros par famille. "Ce n'est pas assez !" clame Norbert, 92 ans, qui refuse de baisser les bras et continue le combat de sa vie : "Quand j'aurai gagné, je pourrai mourir content !"

03/2014

ActuaLitté

Apparitions

Je viens vous préparer. Apparitions et messages de la Vierge Marie pour notre époque, à la lumière des Saintes Ecritures

Une découverte sereine et dépassionnée de ce que l'Eglise et les Saintes Ecritures appellent les "Derniers Temps" . Ce livre nous révèle, à la lumière de la Bible, les messages et les avertissements donnés par la Sainte Vierge dans ses apparitions pour notre temps. La trame et la structure du livre est faite pour aider le lecteur à entrer dans ce sujet de la "Fin des temps" sans l'effrayer. Il commence tout en douceur, donne des clés de discernement et, peu à peu, entre dans les messages mariaux. Un livre idéal pour ouvrir les yeux de ceux qui sont "endormis" ou pour offrir à ceux qui ne connaissent rien à tout ça. Maintenant que le temps des prophètes de l'Ancien Testament, qui nous annonçaient l'arrivée du Messie tant attendu, est passé, la Sainte Vierge est le nouveau prophète de notre temps qui nous avertit de ce qui va se passer. C'est ce qui a été annoncé dans l'Apocalypse, le dernier livre de la Bible dont certains événements n'ont pas encore eu lieu. Marie nous a avertis de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale, de l'arrivée du communisme, de la perte de la foi, de la crise de l'Eglise, mais aussi d'un nouveau et décisif dogme marial, de la grande effusion de l'Esprit Saint que l'humanité recevra, du triomphe de son Coeur Immaculé... Quoi de mieux que d'être informés et préparés avec les moyens et les aides spirituelles que la Vierge Marie nous transmet pour notre époque ? "En puisant largement aux sources de l'Ecriture Sainte, l'auteur s'intéresse très particulièrement aux apparitions dont le message s'adresse à tous, et dont la dimension résolument eschatologique constitue comme le fil conducteur. En ce sens, il entend montrer que les grandes apparitions, depuis la Salette (1846) jusqu'aux plus récentes (1980...), en passant par Fatima (1917), révèlent la Vierge Marie comme le nouveau Précurseur du Christ, dans la perspective de son dernier Avènement dans la Gloire... Je formule le voeu que ce livre permette à de nombreux fidèles d'approfondir leur dévotion mariale et d'entrer ainsi dans la pédagogie du Salut dont la Vierge Marie, comme interprète autorisée de l'unique Révélation transmise par les Apôtres et leurs successeurs, est l'instrument choisi et privilégié pour notre temps". Extrait de la préface de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

09/2021

ActuaLitté

Histoire de France

Le général Huntziger. L'"Alsacien" du maréchal Pétain

Né en Bretagne d'un Optant de Guebwiller, le général Charles Huntziger (1880-1941) o tenu les seconds rôles les plus ingrats de la grande histoire. Début septembre 1939, le général Gamelin lui confie le commandement de la IIe armée, à la charnière de Sedan. A la mi-mai 1940, il subit donc de plein fouet l'assaut des Panzer de Guderian et partage, avec le général Corap, la responsabilité du désastre. Avait-il mal préparé son secteur ? En eut-il seulement les moyens ? Les communistes en tout cas vont l'accuser de s'être reculé exprès par vengeance du Front Populaire. Il avait pourtant pu reformer une seconde ligne de front sur les hauteurs de Stonne. La bataille y dura une douzaine de jours et passe pour le "Verdun de 40". Impressionné par son sang-froid, le général de Gaulle insiste le 11 juin pour le nommer à la place du généralissime Weygand et continuer la guerre outre-Mer. Mais sans suite... Lorsque le gouvernement de Bordeaux demanda aux Allemands à connaître leurs conditions d'armistice, Huntziger est le seul joignable des généraux de corps d'armée. C'est donc lui "l'Alsacien" qui est envoyé à Rethondes et à Rome pour signer l'arrêt des combats. Puis, dès son retour, Pétain et Weygand lui confient la présidence de la délégation française à la Commission d'armistice de Wiesbaden, où il s'agissait d'empêcher tout empiétement supplémentaire. A Vichy, il peut alors s'appuyer sur une Direction des services de l'armistice dirigée par un autre Alsacien, le général Koeltz. Ensemble, ils élaborent la première protestation d'ensemble du 3 septembre 1940 contre l'annexion de fait des départements du Rhin et de la Moselle. Trois jours après, Huntziger remplace Weygand comme ministre secrétaire d'Etat à la guerre et commandant en chef des forces terrestres. Il réorganise alors l'Armée de l'armistice suivant ses consignes secrètes pour en faire une armée nouvelle, de métier, auxiliaire des Alliés dès leur débarquement. Il joue le double jeu avec Londres, mais trouve la mort en avion le 12 novembre 1941 en rentrant d'Afrique du nord. Mélomane, catholique fervent, très Action française, peut-être affilié à la Cagoule militaire, il est le seul "Alsacien" à qui la France ait réservé, à Vichy de surcroît, des obsèques nationales.

05/2014

ActuaLitté

Littérature coréenne

Impossibles adieux

Comme un long songe d'hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire. Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu'elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d'un an, lorsqu'elles avaient passé quelques jours ensemble sur l'île de Jeju. C'est là que réside Inseon et que, l'avant-veille de ces retrouvailles, elle s'est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l'ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu'elle puisse être opérée de toute urgence. L'intervention s'est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais l'oiseau d'Inseon n'a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d'ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l'animal. Malheureusement, une tempête de neige s'abat sur l'île à l'arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l'oiseau d'Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l'enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu'un cauchemar bien pire l'attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l'histoire de la famille d'Inseon a envahi la bâtisse qu'elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l'un des pires massacres que la Corée ait connus - 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes. Impossibles adieux est un hymne à l'amitié, un éloge à l'imaginaire, et surtout un puissant réquisitoire contre l'oubli. Ces pages de toute beauté forment bien plus qu'un roman, elles font éclater au grand jour une mémoire traumatique enfouie depuis des décennies. Traduit du coréen (Corée du Sud) par Kyungran Choi et Pierre Bisiou

08/2023

ActuaLitté

Littérature française

La communauté inavouable

Il semble désuet de parler de communauté. Notion vague qui renvoie nostalgiquement à un passé lointain où des groupes restreints constituaient l'essentiel du fait social. Et les temps modernes témoignent ou paraissent témoigner non seulement de la perte définitive de l'idée de communauté, mais de l'oubli de ce qui s'est perdu avec cette perte et cependant de ce qui s'est maintenu dans cette perte même. Ce qui s'est maintenu et qu'il est nécessaire de redécouvrir, c'est une exigence ancienne et nouvelle qui concerne l'avenir. Qu'un écrivain, aussi important et, il faut le dire, aussi méconnu que Georges Bataille, ait été fasciné par cette recherche où se jouait, avec son propre sort, le destin de la communauté, du communisme et de la communication, voilà ce qu'on a en général négligé et que Maurice Blanchot, à partir d'un essai de Jean-Luc Nancy, s'est efforcé de retrouver, puis de mettre en lumière en montrant (en essayant de montrer) les voies qui nous ont été ouvertes par l'échec de plusieurs tentatives qu'il a suscitées et qui n'étaient pas destinées à réussir (Contre-attaque, Acéphale, le Collège socratique). Mais de quelle communauté s'agit-il ? Qu'est-ce qui se cache ou se dérobe sous ce nom de communauté ? Et comment un événement aussi singulier que celui de Mai 68 et aussi apparemment banal que la manifestation de Charonne peuvent-ils nous aider à poser cette question et à concevoir certaines réponses possibles ? Enfin, comment un récit, tel que celui que Marguerite Duras a intitulé La Maladie de la mort et qui semble, du moins à une lecture superficielle, le plus éloigné des enjeux dont nous apprenons ici à reconnaître l'importance, peut-il à son tour nous ouvrir des perspectives nouvelles, dans la mesure où il nous met en présence de la plus inavouable des communautés, par le biais d'une écriture surprenante où la communication littéraire s'expose en même temps qu'elle s'abolit ? Voilà quelques-unes des interrogations, parmi d'autres, que nous impose la lecture de ce livre. Car c'est finalement notre temps lui-même qui est interrogé dans son avenir menacé, avenir énigmatique où vacille la possibilité d'un futur. La Communauté inavouable est paru en 1984. La Maladie de la mort, de Marguerite Duras, est également disponible en numérique.

01/1983

ActuaLitté

Littérature française

La shoah traversée. Simone & Ladislas

Le nazisme a pulvérisé les destins individuels, familiaux et collectifs. Des populations ont été massacrées par un Etat qui industrialisa la mort des Juifs, des Tziganes, des homosexuels et des handicapés. La violence, la criminalisation de la loi, la trahison, les harcèlements législatifs ont muselé les Juifs, étouffé leurs cris. Epuisés par ces déferlements haineux, fracassés, fragilisés, certaines et certains ont frôlé leur point de rupture psychique. Simone et Ladislas ont traversé la Shoah, ce sont des rescapés, «je suis une rescapée». Simone fut adolescente dans une petite ville française, Lacaune-les-Bains où sa mère Jeanne, Juive apatride d'origine russe fut assignée à résidence. Son histoire sera façonnée par la collaboration de l'Etat français et par la résistance des organisations juives, socialistes, sionistes, communistes mais aussi consistoriales. Certaines combattront avec succès l'institution juive mise en place par Pétain sur instruction des nazis, l'Union générale des Juifs de France (UGIF). Son histoire est celle d'une adolescente qui aurait pu être déportée sur ordre de Laval pour être assassinée à Auschwitz ou être dirigée vers les maisons de l'UGIF, homes protecteurs devenus à la fin de la guerre des réserves d'enfants Juifs pour les chambres à gaz. Choc des dates, Simone est sauvée au moment où Ladislas, Juif transylvanien, est déporté à Auschwitz en juin 1944, peu après le débarquement Allié en Normandie. Les nazis ont perdu la guerre, ils s'acharnent sur les Juifs hongrois, dernière grande communauté juive existante. Son histoire est celle, tragique, de leur déportation, catastrophe annoncée et non arrêté par des Alliés qui «savaient». De même, leurs dirigeants ou Judenrat n'ont jamais voulu «croire» qu'ils partageraient le sort des autres Juifs : la «Solution finale». Son histoire est celle de l'extermination de 569 000 Juifs hongrois et du sauvetage de 1 685 par le train «Kasztner». Pas de «Pourquoi», mais un «Comment». Comment Simone et Ladislas ont-ils, traversé la Shoah, résisté, revécu, ri à nouveau, souri et fondé une famille ? Peut-être, dans ce hasard infernal ont-ils eu la chance de rencontrer, indéfectible, combattant la destruction, l'humaine humanité d'une main qui se tend, d'une oreille qui écoute, d'un regard qui bat, d'un cour qui s'élance, pour advenir, au sortir de la Shoah, «autre», irréversiblement «autre».

04/2014

ActuaLitté

Théâtre

Vive le feu ! (On s'entend bien)

« On n'est pas du tout des Polonais, clame la Petite Fille, on est des Européens, des gens normaux ! » La pièce ébouriffante de Dorota Maslowska met en présence trois personnages féminins : la « Vieille Prostrée en fauteuil roulant », sa fille Halina et la « Petite Fille en Métal ». Trois générations : celle d'avant le déluge de la guerre, celle qui est née dans l'enclos du communisme et qui se tient désormais, sidérée, face à la télévision et aux rayons du supermarché, et enfin, la jeune génération, celle d'après la chute du Mur, incomprise, pour le moins. Tandis que la grand-mère évoque sans fin le matin d'été qui précéda l'entrée des Allemands dans Varsovie, la mère farfouille dans ses casseroles et profère un collage de phrases insensées : extraits de prospectus de grandes surfaces, de test psycho, de conseils conso. Contrairement aux ménagères du siècle dernier, elle ne rêve pas du grand amour (le mot et la chose semblent avoir disparu) : elle réactualise sans cesse le catalogue de tout ce qui lui manque et qu'elle n'aura jamais. La fillette interroge, raille, coupe la parole et le ronron des deux autres. Habitant la même et unique pièce, au énième étage d'un clapier, chacune vit dans une réalité séparée, chacune parle un langage différent, penchée sur son propre gouffre : pure nostalgie, pour la grand-mère, pure envie, ou sidération consumériste, pour la mère, et pure attente pour la Petite Fille, qui écoute le dehors : croyant parfois entendre qu'on frappe à la porte, elle se demande si ce n'est pas la Seconde Guerre mondiale, en personne, qui revient… Ces personnages plus ou moins possédés, qui se juxtaposent en restant séparés, démontrent ici l'inexistence du « Polonais moyen », l'absence d'un terrain commun qui permettrait aux gens de dire « nous ». Et s'il est bien une chose qui semble commune aux Polonais de Maslowska, c'est leur aversion pour la Pologne. Un Polonais, c'est-à-dire personne ? Une pièce à l'écriture jubilatoire, à lire comme un petit roman. Dans ce huis-clos, une petite fille, sa mère et sa grand-mère forment un mélange instable et détonnant… qui viendra peut-être à bout de la Pologne et de toutes les Nations !

10/2011