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Claudine Veuillet-Combier

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Histoire de France

Les grands discours parlementaires du XIXe siècle. De Benjamin Constant à Adolphe Thiers 1800-1870

Consulat, Premier Empire, Première Restauration, Cent Jours, Seconde Restauration, monarchie de Juillet, Deuxième République et Second Empire : l'énumération suffit à montrer combien la période qui s'étend de 1800 à 1870 est riche en bouleversements politiques. Elle l'est aussi par la grandeur et la diversité du discours parlementaire. Les moments clés du premier XIXe siècle - 1800, 1815, 1830, 1848, 1852, 1870 - ont inspiré la plus haute éloquence et produit d'authentiques morceaux de bravoure. Une place privilégiée a été accordée aux mots et aux phrases qui s'inscrivent dans la mémoire collective de la nation française, de " l'Empire est fait " de Thiers au " cœur léger " d'Ollivier, des imprécations de La Bourdonnaye aux incantations de Lamartine en passant par les prophéties de Tocqueville. Il fallait aussi faire revivre les grandes interrogations du XIXe siècle : la recherche du meilleur des régimes politiques possible, la pondération entre ordre et mouvement ou entre équilibre européen et satisfaction des nationalités, sans oublier l'émergence d'une question sociale à l'ère de l'industrialisation. Il était également indispensable de mettre l'accent sur des débats de société et des problèmes qui sont encore les nôtres aujourd'hui/divorce, peine de mort, durée de travail, droit de grève, question scolaire, place des religions, poids de l'économie, affairisme... Enfin, ce livre est un hommage à ces personnalités de conditions et de convictions diverses qui toutes ont servi la France avec leur immense culture, leur grand talent et leur énergie débordante. Ont donc été convoqués Benjamin Constant, le technicien des constitutions, Carnot, le majestueux avocat de la cause républicaine, Foy, l'incarnation du verbe viril, Rober-Collard, le philosophe-orateur, Chateaubriand, le génie hautain, La Fayette, l'éternel héros des Deux-Mondes, Berryer, le génial improvisateur, Guizot bouche d'or, Thiers, l'esprit du siècle, Lamartine, le lyrisme fait homme, Ledru-Rollin, le tribun théâtral, Hugo, le plus grand des romantiques, Montalembert, le héraut du libéralisme, Ollivier, l'apôtre solitaire, Gambetta, le prophète de la République et tant d'autres encore ! Ce recueil n'est pas seulement une anthologie. Exposés ici de façon chronologique, avec des introductions et des notes, les discours parlementaires permettent de mieux comprendre l'histoire, mais aussi le présent et l'avenir.

10/2005

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Beaux arts

Le double voyage : Paris-Athènes (1919-1939)

?" Paris m'a ouvert les yeux " écrit le sculpteur grec Apartis, élève de Bourdelle, arrivé dans la capitale française en 1919. " C'est l'Acropole qui a fait de moi un révolté ", déclare pour sa part Le Corbusier en 1933. Nous saisissons là l'essence même du " double voyage " : durant l'entre-deux-guerres, intellectuels et artistes traversent la Méditerranée orientale dans les deux sens, d'Athènes à Paris et de Paris à Athènes, chacun puisant dans ce va-et-vient fécond ce qui lui manque : les Grecs viennent se former à Paris et se frotter aux grands courants artistiques du moment, les Français partent en Grèce à la recherche d'une Antiquité renouvelée et découvrent un pays qu'ils ne soupçonnaient pas. Le poète Séféris, le romancier Théotokas, l'architecte Pikionis, le compositeur et chef d'orchestre Mitropoulos, tous sont passés par Paris, où deux Grecs, Christian Zervos et Tériade, jouaient un rôle déterminant au sein des avant-gardes artistiques. Dans l'autre sens, des personnalités aussi diverses que les architectes Ernest Hébrard et Le Corbusier, le photographe Eli Lotar, le sculpteur Ossip Zadkine, ou encore l'écrivain Raymond Queneau, ont trouvé en Grèce les éléments d'une autre modernité, tandis que Roland Barthes, venu en 1937 jouer Les Perses d'Eschyle avec les étudiants de la Sorbonne, éprouve à Athènes un trouble dont, comme Freud, il se souviendra quarante plus tard. Le double voyage est issu d'un programme franco-grec de recherche pluridisciplinaire qui exploite de nombreuses sources documentaires inédites ; il offre un aperçu de la richesse et de la variété des échanges littéraires et artistiques entre les deux pays durant l'entre-deux-guerres et vient combler une lacune dans un domaine de l'histoire culturelle encore très peu exploré. S'adressant aussi bien au chercheur spécialisé, qui y trouvera une bibliographie très complète et des données nouvelles, qu'au lecteur de bonne volonté, qui y découvrira un sujet passionnant, il a pour ambition de devenir un ouvrage de référence pour un public très large, en France comme en Grèce.

05/2018

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Décoration

Un maître du Livre, Bernard Naudin

La plupart des habitants de l'Indre en général et ceux de Châteauroux en particulier, ont entendu parler de Bernard Naudin, de ses illustrations, de son coup de crayon et de sa grande renommée au début du xxe siècle mais n'imaginent pas combien était génial ce touche-à-tout dont l'histoire a commencé au bord de la place Sainte-Hélène en 1876. Tour à tour dessinateur, musicien (il jouait de la guitare et de... la viole de gambe), graveur et illustrateur, Bernard Naudin a marqué son époque de son empreinte, au même titre qu'un Nivet l'a fait dans la sculpture, si ce n'est plus encore... Pour poursuivre le remarquable catalogue raisonné de l'oeuvre gravé de Bernard Naudin par Marie Berthail, Bernard Gagnepain livre un nouvel ouvrage, fruit de dix-neuf années de recherches et de labeur qui surprendra par la qualité et l'ampleur du travail réalisé d'une part, mais aussi et surtout par le sujet lui-même. Si l'oeuvre gravé de Bernard Naudin est important et reconnu, l'oeuvre dessiné l'est tout autant et ses illustrations poignantes de vérité complétées de ses dessins d'ornement font de lui un véritable maître du livre recherché par les bibliophiles. C'est à cet aspect que s'est attaché Bernard Gagnepain en rédigeant ce catalogue raisonné des ouvrages illustrés par Bernard Naudin qui répertorie 79 livres et 10 albums. Ce catalogue n'a d'autre ambition que de mettre en lumière la production artistique de Bernard Naudin au service de l'illustration d'oeuvres littéraires choisies et de contribuer au renom de cet artiste éclectique considéré comme l'un des maîtres de la gravure à l'instar des Callot, Rembrandt, Goya... Puisse cet ouvrage faire encore mieux connaître cet artiste doté d'un sens élevé de l'amour de l'art qui contribua à enrichir les arts graphiques et qu'il puisse répondre à l'attente de sa veuve qui écrivait : "Bernard Naudin n'est pas tout à fait mort. Si la matière périt, l'Esprit demeure."

11/2020

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Droit

Le contentieux de la violation des droits de l'homme devant la cour de justice de la CEDEAO

Juge des droits de l'homme depuis 2005, la Cour de Justice de la CEDEAO s'est indéniablement forgée une réputation de protectrice des droits humains à l'instar de juridictions aussi prestigieuses que la Cour Européenne, la Cour interaméricaine des droits de l'homme ou la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Cet ouvrage vient combler un vide, aucune étude systématique de cette jurisprudence de la Cour n'ayant à ce jour été entreprise. Sa première partie présente le corpus jurisprudentiel issu de près de quinze ans de pratique. Deux prouesses sont à relever ici. Celle de la Cour elle-même, dont la mission originelle, au demeurant toujours en vigueur, est de veiller sur les normes de l'intégration économique, et non de statuer sur des violations de droits de l'homme. Sa jurisprudence en cette matière résulte donc d'un long travail, non dénué d'approximations et parfois de méprises, mais d'autant plus méritoire qu'au contraire d'instances comparables, elle reste dépourvue de ce que l'auteur appelle une " boussole normative ', un corps codifié de règles de référence. Prouesse de l'auteur ensuite, qui réussit, dans un effort de recomposition logique servi par un art consommé de la synthèse, à reconstituer les différentes phases du procès, à restituer et à discuter systématiquement le point de vue de la Cour. La seconde partie est composée d'une série d'études, dont les thèmes sont au coeur des questionnements majeurs du contentieux international des droits de l'homme : qualité des requérants, relations de la Cour avec d'autres juridictions homologues ou concurrentes, dialectique des rapports entre le juge national et le juge international etc. Elle se clôt sur une réflexion prospective sur " L'avenir de la Cour u, dans laquelle l'auteur exprime ses espoirs mais aussi de sérieuses inquiétudes sur le devenir d'unejuridiction dont l'utilité et la fonction cathartique ne font aucun doute à ses yeux. L'ouvrage est, comme toujours, écrit dans une langue pure et délectable et les analyses, nourries de l'expérience du juge qu'a été l'auteur, remarquables par leur richesse, leur finesse et leur profondeur.

07/2019

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Histoire internationale

L'écriture de l'histoire en Afrique. L'oralité toujours en question

Cinquante ans après la parution de l'ouvrage de Jan Vansina (1961) - De la tradition orale. Essai de méthode historique - des historiens, des anthropologues et des archéologues se sont réunis en mai 2011 à Agbodrafo au Togo pour dresser un bilan de l'apport des sources orales à l'écriture de l'histoire de l'Afrique et examiner les perspectives de recherche. Ce livre offre aux lecteurs une réflexion sur les principes méthodologiques revisités pour le bon usage des sources orales, mettant en avant les pièges qui guettent encore et toujours l'historien de terrain. Le recours nécessaire à d'autres disciplines que l'histoire a été clairement démontré. L'anthropologie et l'archéologie s'avèrent indispensables pour analyser les contextes d'énonciation ou pour éclairer des pans restés jusque-là inconnus de l'histoire des populations. Dans cet ouvrage, les auteurs proposent de nouvelles stratégies d'approche en tenant compte de l'évolution des terrains d'étude, liée à la disparition de certaines catégories d'informateurs. De nouveaux domaines de recherche peuvent encore être explorés comme le fait religieux par une étude des lieux de cultes, principalement les bois sacrés, et de leur environnement culturel. Les récits de vie permettent aussi de combler des vides importants sur l'histoire contemporaine. L'idée centrale est l'extension considérable de la gamme des sources non écrites utilisées et leur grande diversité : toponymes, anthroponymes, chants et autres contes ont été revisités. Les généalogies ont à nouveau été questionnées en croisant les sources et en s'interrogeant sur l'altération de ces listes, leur instrumentalisation et les enjeux de pouvoirs qui mènent à leur manipulation. Enfin, le lien entre documents écrits et traditions orales est à nouveau exploré, pour montrer les interférences existant entre les deux catégories. Ce livre présente ainsi un panorama large et diversifié de l'utilisation de l'oralité comme source d'histoire avec un avenir qui est loin d'être sombre. Cependant, l'urgence demeure de poursuivre les enquêtes de terrain et d'oeuvrer à la conservation des données orales recueillies. Il s'agit d'un véritable patrimoine immatériel que les chercheurs se doivent de récolter et de préserver.

06/2013

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Religion

Henri de Lubac. La rencontre au coeur de l'Eglise

L'influence que le père Henri de Lubac exerça sur le concile Vatican II est due, pour une grande part, à la publication, en 1953, de " Méditation sur l'Eglise ". Cet ouvrage, qui marqua un tournant décisif dans la pensée catholique, fut réédité à quatre reprises en moins de dix années et, grâce à de nombreuses traductions, rencontra rapidement une ample diffusion à l'étranger. Cinquante ans après, à l'occasion d'une nouvelle réédition aux Éditions du Cerf - couplée avec celle de " Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme " -, deux colloques, organisés l'un à Lyon et l'autre à Paris, permirent de mesurer à quel point cette pensée avait été novatrice et ancrée dans l'amour de l'Eglise, et combien elle était encore aujourd'hui vivifiante et féconde. Le présent ouvrage rassemble en effet les interventions de spécialistes de nombreuses disciplines (histoire, théologie, exégèse) venus d'horizons très variés (Europe, Afrique, Asie). En quatre temps, il décrit le contexte général et personnel de l'élaboration de cette œuvre, et en éclaire les aspects essentiels : " Histoire " dépeint la situation du catholicisme romain et de l'Église lyonnaise à l'orée des années 1950, et y replace le père de Lubac dans ses relations difficiles avec la hiérarchie ; " Ecclésiologie " examine par quels chemins sa Méditation a pu conduire au cœur d'un des plus profonds mystères qui soit à ses yeux, celui de l'Eglise elle-même ; " Universalité " met en lumière sa contribution à l'élaboration d'une théologie de la mission et de l'inculturation du catholicisme ; " Théologie " revient sur les grandes thématiques de sa pensée. " Bien plus qu'une institution, [l'Eglise] est vie qui se communique ", écrivait le père de Lubac. Cet ouvrage est pour le lecteur l'occasion de mesurer à quel point cette vie était inépuisable pour lui - et mystérieusement inépuisable -, lui qui eut pourtant à souffrir tellement à cause d'elle et pour elle. Avec des contributions de Jean-Dominique Durand, Jacques de Larosière, Jacques Prévotat, Bernard Comte, Étienne Fouilloux, Dominique Bertrand, Jean-François Chiron, Georges Chantraine, Olivier de Berranger, Matthieu Rougé, Antonio Russo, Édouard Adé, Juvénal Ilunga Muya, Germain Kwak Jin-Sang, Michel Fédou, Jean-Pierre Wagner, Étienne Guibert, Éric de Moulins-Beaufort, cardinal Philippe Barbarin.

11/2006

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Art gothique

Questions de mobilités au début de la période gothique. Circulation des artistes ou carnets de modèles ?

L'intensité des mouvements des artistes, des oeuvres et des objets durant le Moyen Age, son rôle dans la diffusion des formes et des iconographies à travers le monde occidental et l'impact des échanges avec la sphère byzantine sont bien connus et ont été précisés à de nombreuses reprises dans des études stimulantes. En revanche, les modalités de ces mobilités artistiques n'ont pas encore trouvé de définition convaincante. En ancrant la réflexion dans le domaine des transferts artistiques au moment de la genèse de l'art gothique, cet ouvrage tente de mesurer l'impact sur une région donnée du déplacement des artistes. Quels itinéraires ceux-ci suivaient-ils ; quelles distances parcouraient-ils, quels étaient les réseaux de diffusion ? Durant combien de temps un modèle était-il imité ? Quels effets exerçait la mobilité des hommes ou des oeuvres sur la production d'une région donnée ? En outre, alors que l'importance accordée aux carnets de modèles en tant que vecteurs de transmission a maintes fois été soulignée par les chercheurs, leur rôle effectif n'a jamais été évalué ni remis en question. Ces problématiques sont traitées par des cas d'études bien distincts. Un aperçu des réseaux de circulation connus est dressé et leur étendue est envisagée en considérant à la fois les critères stylistiques et iconographiques. La question de la mobilité est abordée à travers des personnalités connues par leur signature sur leurs oeuvres permettant de retracer quelques itinéraires artistiques précis. Le chantier de la façade occidentale de la cathédrale de Chartres, noeud d'un réseau de circulation de sculpteurs, est utilisé pour tenter de cerner la dynamique des centres artistiques dans la diffusion d'innovations techniques et formelles. Un intérêt particulier est en outre porté aux dits carnets de modèles. Les dessins médiévaux conservés, leur utilisation et leur possible circulation sont examinés à la lumière de leur rôle supposé dans la transmission des formes artistiques. Pour certains d'entre eux, de nouvelles hypothèses sont proposées sur l'agencement originel des feuillets, sur la cohérence de leurs représentations ou encore sur leur fonction initiale.

02/2021

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Religion

Un cri pour la vie. Il faut protéger l'embryon humain !

Saviez-vous que Ludwig Van Beethoven et Jean-Paul II devaient être avortés ? Ces fait vécus racontés par François Granger dans ce "Cri pour la vie" nous rappellent combien chaque enfant est une bénédiction pour le monde. Or, des experts ont pu calculer qu'en France, depuis la loi de 1975 sur l'avortement, sept millions d'enfants ne sont pas venus au monde. Depuis 1975 un milliard et demi d'avortements ont été pratiqués dans le monde. L'auteur démontre dans ce livre que la crise de notre pays et la crise mondiale prennent leurs sources dans cette crise de la vie. "L'avortement est le plus grand destructeur de la paix dans le monde" dit mère Teresa. Jean-Paul II le compare aux "abominables génocides nazis et communistes du XXe siècle" et aujourd'hui, ces lois nous menacent tous, car "par un glissement, on parvient au stade où ce n'est rien de tuer un foetus, et puis on trouvera que ce n'est rien de tuer un nouveau-né. Et puis, on trouvera que ce n'est rien de tuer un vieillard. Et l'on finira par une sorte de conception Hitlérienne" comme l'avait prédit Jean Rostand dès 1972. La démocratie se mue en Etat totalitaire, obligeant les citoyens à financer l'application d'une loi de mort, les femmes y deviennent toujours plus esclaves des pulsions des hommes, les animaux sont mieux protégés par le législateur que les embryons. L'échec de ces lois est mis en évidence ici de manière flagrante. Il faut donc les détruire car "une loi injuste n'est pas une loi" (Jean-Marie Le Mené, 2004). L'auteur nous aide à cultiver une conviction simple : le goût sacré de la défense de la vie, à travers l'exemples d'hommes d'Etat qui ont su s'opposer avec courage à ces lois comme le Roi Baudouin en 1990. Ce livre-choc nous réveille dans la vérité. Ce "Cri pour la vie" s'adresse à la conscience de tous, à commencer par les parlementaires, députés et sénateurs, puis aux scientifiques, chercheurs, médecins, journalistes, croyants ou non-croyants.

10/2013

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Théâtre

Cardenio entre Cervantès et Shakespeare. Histoire d'une pièce perdue

Comment lire un texte qui n'existe pas, représenter une pièce dont le manuscrit s'est perdu et dont on ne sait pas avec certitude qui fut son véritable auteur ? C'est l'énigme que pose Cardenio - une pièce jouée en Angleterre pour la première fois en 1612 ou 1613 et attribuée quarante ans plus tard à Shakespeare (et Fletcher). Elle a pour trame une " nouvelle " insérée dans Don Quichotte, oeuvre qui circula dans les grands pays européens où elle fut traduite et adaptée pour le théâtre ; en Angleterre, le roman de Cervantès était connu et cité avant même d'être traduit en 1612 et d'inspirer Cardenio. Mais cette énigme a d'autres enjeux. C'était un temps où, grâce notamment à l'invention de l'imprimerie, proliféraient les discours : la crainte de leur excès conduisait souvent à les raréfier. Tous les écrits n'avaient pas vocation à subsister, et particulièrement les pièces de théâtre qui, très souvent. n'étaient pas imprimées - le genre, situé au plus bas de la hiérarchie littéraire. s'accommodait fort bien de l'existence éphémère des oeuvres. Mais qu'un auteur devienne fameux, et la quête de l'archive inspirait l'invention de reliques textuelles, la restauration des restes abîmés par le temps, voire, pour combler des manques. parfois la fabrication de faux. C'est ce qui arriva à Cardenio au XVIIIe siècle. Retracer l'histoire de cette pièce conduit alors à s'interroger sur ce que fut, dans le passé, le statut des oeuvres jugées aujourd'hui canoniques. Le lecteur redécouvrira ici la malléabilité des textes, transformés par leurs traductions et leurs adaptations ; leurs migrations d'un genre à l'autre : les significations successives qu'en construisirent leurs différents publics. Pour nombre de ses lecteurs, Don Quichotte fut longtemps un répertoire de nouvelles. bonnes à publier séparément ou à porter sur la scène, aux dépens de la cohérence des aventures du héros éponyme. et Shakespeare un dramaturge qui, à l'instar de nombre de ses confrères, écrivait en collaboration, recyclait des histoires empruntées à d'autres écrivains et dont certaines oeuvres ne rencontrèrent pas d'éditeur. Ainsi, grâce à Roger Chartier, s'éclaire le mystère d'une pièce sans texte niais non sans auteur.

08/2011

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Littérature française

Mirabilia N°14 La maison - novembre 2019

Quels que soient sa forme et ses matériaux, elle est au centre de la vie de chacun, par nécessité ou par goût. Elle est parfois celle dont on se déprend sur un coup de tête : "Plutôt repartir, courir laventure de rencontrer enfin labri quon épuise pas" , écrit Colette dans les pages qui ouvrent ce numéro consacré à "La Maison". Elle est peut-être, à limage de La Chambre bleue de Pierre-Jean Jouve, mystérieuse et figée dans le temps ou, au contraire, familière et originelle comme la Grande Maison célébrée par Vincent Gille. Elle est encore une image dIthaque ou du Petit Liré, dont on se demande, avec Pierre Démolis, pourquoi diable il a fallu la quitter, mais dont Les parfums, les couleurs et les sons ne déserteront jamais le souvenir. Elle est, pour Bruno de la Salle, celle qui nous habite autant que nous lhabitons, et constitue avec ses semblables croisées au long dune vie un patrimoine imaginaire. Edouard Vuillard, dans ses peintures et ses lithographies, en a saisi tout lintime, toute la chaleur paisible, tout lintérieur aimé. Mais elle est aussi ce qui lentoure et sur quoi ouvrent sa porte et sa Fenêtre au nord, nous dit Anne Guglielmetti. Une maison qui ne serait pas ouverte ne serait guère quune prison. Mirabilia est donc allée avec Nicolas Garnier visiter les maisons à Chambri, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et avec Junichiro Tanizaki un Japon dont lesthétique, ô combien raffinée, diffère tellement de la nôtre. Ouverte, accueillante, telle est aussi, en actes, la maison dont nous parle Claude Mouchard, tandis que les Demeures de Silvia Radelli sont celles du bout de la vie. Maisons du vivre ensemble, nous vous aimons ! Mais que cette question est difficile à mettre en oeuvre, preuve en est lextrait des Cités-Jardins dEbezener Howard, dont le projet, près dun siècle plus tard, relève encore de lutopie. Utopie enfin des Maisons créées par André Malraux, où la culture, quil voulait révélation et partage, a rassemblé "dans lordre de lesprit" , pendant quelques années, dix pour cent de la population dune ville. Au centre de la vie de chacun, disions-nous, la maison relie le ciel et la terre, comme en témoignent les épis de faîtage égrenés au fil de ces pages.

11/2019

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Littérature française

Un si beau parterre de pétunias

Dans ce nouveau recueil, Annie Saumont continue son exploration implacable et tendre de l’âme humaine. Sa méthode ne varie jamais. Au gré de faits divers ou d’anecdotes glanés ici et là, Annie Saumont construit de brefs récits envoûtants dont les personnages, enfants mal-aimés, délinquants en puissance, criminels involontaires, couples adultères ou rongés par l’ennui, solitaires en quête de l’âme soeur, forment un tableau sombre et poignant de l’humanité. Brimés par l’existence, acculés au désastre, tous les anti-héros d’Annie Saumont sont pourtant bien debout, capables de conter leur infortune avec une désarmante franchise, comme si chacun n’était que le spectateur étonné de son propre destin. Par-delà le choix de sujets graves traités sur un ton désinvolte, l’originalité du travail d’Annie Saumont réside dans l’invention d’un style unique, à la fois minimaliste, oralisé, et d’une minutie extrême, grâce auquel les thèmes les plus difficiles deviennent soudain limpides, voire enfantins. Dans chacun de ses récits, Annie Saumont confirme le vieil adage populaire selon lequel "le diable gît dans les détails". En partant d’un geste, d’une parole, de la présence ou de l’absence d’un objet, elle parvient à mettre en lumière la logique inconsciente d’un personnage. Opposée à tout jugement sur les êtres dont elle transcrit le désarroi, Annie Saumont montre comment le hasard des circonstances, apparemment insignifiant, peut précipiter la chute d’un individu. Maîtresse dans l’art de créer un suspense captivant sur une quantité réduite de pages, Annie Saumont n’hésite pas à laisser le lecteur combler les blancs de ses récits. Mais ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est bousculer la grammaire, tordre la syntaxe, bannir les virgules quand elles freinent le rythme de la narration, faire fi des négations, se régaler d’anglicismes ou du langage des rues, et oser l’insolence de ne pas toujours finir ses phrases. Certes, Annie Saumont est une rebelle, mais qui connaît la méticulosité de son travail sait aussi que, dans ses textes, chaque mot n’a qu’une seule place possible : celle qu’il occupe.

04/2013

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Critique littéraire

HISTOIRE DE LA LITTERATURE ESPAGNOLE. Tome 1, Moyen-Age, XVIème-XVIIème siècles

Fruit d'un travail d'équipe, cette Histoire de la littérature espagnole entend combler une lacune : aucune synthèse comparable n'a jamais été publiée en France sur le sujet. L'ouvrage traite exclusivement de la littérature péninsulaire de langue espagnole, selon un découpage en deux tomes qui comportent chacun une bibliographie raisonnée, une chronologie, un index des auteurs et un index des œuvres. Ni palmarès ni panthéon, cette histoire, qui se veut cohérente, est, comme il se doit, une construction. Si les interprétations proposées sont situées par rapport à un état des connaissances, les enchaînements opérés manifestent des choix : soit qu'on prenne acte du verdict des siècles, soit qu'on procède aux révisions jugées indispensables. Ce premier tome s'ouvre avec le Moyen Age, dont il présente les principaux monuments : le Poema de moi Cid, le Libro de buen amor, La Célestine, le romancero. Il les replace aussi au sein d'un vaste paysage : celui que dessine, au fil des siècles, l'épanouissement de la poésie épique et lyrique ; celui qui s'élargit à mesure que la prose conquiert de nouveaux territoires, jusqu'à l'apparition des premiers livres de chevalerie et des fictions sentimentales. Viennent ensuite les XVIè et XVIIè siècles : les deux Siècles d'or. On suivra le renouvellement de la poésie lyrique, de Garcilaso à Lope de Vega, de Herrera à Gongora, de Fray Luis de Leon à Quevedo. On verra aussi comment la prose de la Renaissance, sans s'interdire les explorations les plus hardies - il n'est que de citer les mystiques -, a imprimé un élan décisif au récit de fiction. Le Lazarillo de Tormès, les fables pastorales et les nouvelles mauresques précèdent ainsi Don Quichotte et l'avènement de la littérature picaresque : deux coups d'éclat qui marquent la naissance du roman moderne, sans qu'il faille méconnaître le parcours singulier d'un Quevedo ou d'un Gracian. On découvrira enfin, avec l'essor du théâtre, le triomphe d'une Comedia dont Lope de Vega, avec ses disciples, a su imposer la formule, avant que ne lui donne son second souffle la génération de Calderon.

11/1993

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Du XVIe au XIXe siècle

Les images de dévotion en Europe (XVIe-XXIe siècle). Une précieuse histoire

Les objets de dévotion (images, chapelets, statuettes, chemins de croix portatifs...) font partie de la vie quotidienne des chrétiens depuis des siècles. La bibliothèque dominicaine du Saulchoir (Paris) est reconnue comme un point de passage obligé pour leur étude. Sa collection d'images de dévotion, qui compte plus de 200 000 pièces classées, constitue un corpus majeur dans ce domaine encore peu étudié. Depuis la recherche pionnière d'Adolf Spamer en 1930 et, beaucoup plus tard, l'exposition sur Un siècle d'images de piété, 1814-1914 organisée au Musée-galerie de la SEITA en 1984, ce corpus et d'autres collections ont commencé à être défrichés. Mais il manquait une confrontation des diverses approches de ces images et un bilan ouvrant des pistes de recherches, à l'exemple des catalogues d'exposition réalisés à Piombino. Pour combler cette lacune, un colloque international, "Précieux souvenirs : histoire de l'imagerie de dévotion en Europe", organisé par la bibliothèque du Saulchoir en collaboration avec l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, s'est tenu à Paris les 21 et 22 novembre 2019. Ce volume rassemble les contributions des intervenants à ce colloque, qui a accordé une large place aux collectionneurs et tracé de riches perspectives. Après un rappel de l'intérêt manifesté par l'ordre des Prêcheurs pour les images de dévotion, il offre un aperçu des recherches portant sur la création, l'édition et la diffusion en France de ces images, mais aussi sur leur iconographie et les courants artistiques qui les ont illustrées, sur la place qu'y tient l'histoire et sur leurs usages, y compris dans le monde protestant. Si la France occupe une place privilégiée dans ces études, plusieurs spécialistes élargissent notre regard en se penchant sur la production des images de dévotion en d'autres pays européens : l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne. Un volume essentiel pour mieux mesurer la diversité inattendue de ces images et leur fonction dans la société, et ainsi mieux cerner certains aspects du christianisme vécu en Europe du XVIe siècle à nos jours.

09/2021

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Mélanges

Marché de l'art et droit : originalité et diversité. Liber amicorum en l'honneur de François Duret-Robert

Ce livre des amis, initiative de l'Institut Art & Droit, est rédigé et publié en l'honneur de François Duret-Robert, grande figure du droit du marché de l'art. Véritable pionnier dans ce domaine, il a enseigné cette discipline dans plusieurs universités françaises, à l'Ecole du Louvre et à l'Institut du patrimoine. Parallèlement, il a pendant de nombreuses années, tenu des rubriques juridiques dans de grandes revues d'art. Il est l'auteur de publications remarquées, dédiées au droit du marché de l'art, dont l'ouvrage de référence, véritable traité, Droit du marché de l'art, publié chez Dalloz et régulièrement mis à jour. La notoriété de ce "traité" et son caractère unique, font qu'on le désigne communément sous l'expression "Le Duret-Robert". François Duret-Robert est apprécié par les juristes, les professionnels du marché de l'art ou encore par les institutions de la culture en raison, certes, de sa compétence juridique mais aussi en raison de sa grande connaissance du milieu du marché de l'art dont il est fin connaisseur, pour en avoir parcouru et observé les coulisses. Dans cet ouvrage collectif, maintes signatures expertes ont rédigé un article en droit du marché de l'art comme autant d'hommages individuels rendus au "Maître". Tous les auteurs sont des spécialistes, qu'ils soient universitaires, avocats, notaires ou professionnels divers exerçant leur activité dans le marché de l'art ou pour le marché de l'art. C'est dire combien leur apport respectif à l'ouvrage fera de celui-ci une source inestimable d'informations sur les règles et pratiques du marché de l'art. Ce Liber Amicorum sera donc indispensable à toute personne ayant vocation à maîtriser complètement le droit du marché de l'art, de l'étudiant au professeur, en passant par les avocats et notaires, mais aussi à tout professionnel du marché de l'art d'institutions culturelles. L'ouvrage bénéficie d'un comité d'honneur prestigieux composé de personnalités ayant croisé le cursus du dédicataire et apprécié tant l'homme que ses travaux.

06/2021

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Histoire ancienne

La france préhistorique. Un essai d'histoire

Les touristes se pressent en nombre dans les sites préhistoriques encore ouverts au public ou dans les parcs à thème ; les spectateurs assurent le succès aux productions cinématographiques sur les origines de notre monde. Cependant, archéologues et préhistoriens font montre d'une grande prudence : ce qu'ils savent de la Préhistoire, du Pléistocène (deux millions et demi d'années) à l'Age du Fer (800 à 50 avant J.-C.), forme un ensemble de connaissances instable et borné par le douteux, l'hypothétique et le certain. Il n'existe pas de " fait " historique lorsque l'on se penche sur le très lointain passé : chaque génération a sa manière propre de l'aborder. Aujourd'hui de nouvelles découvertes sont faites, grâce notamment au développement de l'archéologie préventive et aux analyses de laboratoires rendues possibles par des méthodes nouvelles, dans les domaines aussi variés que la datation, le champ magnétique terrestre, l'étude des pollens, des charbons et de l'ADN, sans oublier la palethnographie qui permet de définir à partir de coquillages ou d'objets manufacturés complexes des réseaux d'échanges et de contacts entre sociétés éloignées. Voilà qui bouleverse conceptions, théories et hypothèses. Cet ouvrage, auquel ont contribué les meilleurs spécialistes, est le bilan aussi complet que possible des connaissances actuelles. Centré sur l'Hexagone, il s'intéresse si nécessaire au reste de l'Europe, voire à l'Afrique et à l'Asie. Il comprend deux parties : les chasseurs-cueilleurs du Pléistocène et des débuts de l'Holocène ; puis les producteurs (éleveurs et cultivateurs) du Néolithique ancien à la conquête romaine - abordés les uns et les autres par la définition et la répartition géographique des cultures, les éléments matériels qui les caractérisent (armes, outils, parures), les modes de vie, l'attitude face à la mort (traitement des défunts et types de sépultures), l'art et la religion. L'indispensable rappel de l'historique des recherches et de l'évolution des idées souligne combien nos connaissances en ce domaine particulier sont contingentes. Gageons que si, dans vingt ans ou sans doute moins, une nouvelle synthèse est publiée, elle sera déjà différente de cet essai d'histoire.

10/2010

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Economie internationale

Le capital et le travail dans les chaines mondiales de valeur. strate gies de profit et conditions d

La difficulté d'approvisionnement en équipements médicaux de base et en denrées alimentaires dans plusieurs pays au début de la pandémie du COVID-19 a montré une fois de plus la forte intégration et interdépendance de nos économies où les chaînes mondiales de valeur (CMV) constituent une forme d'organisation industrielle dominante. Grâce à celles-ci, les firmes leaders, le plus souvent des multinationales des pays riches, organisent la production à travers la soumission des firmes et des travailleur·euse·s du monde entier en contrôlant les ressources stratégiques et le travail dans les CMV en obtenant ainsi la part du lion des profits. La littérature dominante et les organisations internationales affirment que la participation des entreprises aux CMV permet d'élever les compétences, la valeur ajoutée de la production et les profits et, de surcroît, d'améliorer la croissance économique et le bien-être des travailleur·euse·s. Une récente littérature critique a remis en cause cette vision en montrant comment les firmes leaders recherchent une main-d'oeuvre précaire et à faible coût. Cependant, ces différentes études se focalisent sur les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre dans le Sud et sur une seule composante des CMV : le capital ou le travail. Cet ouvrage vise à combler cette lacune en étudiant l'effet des CMV sur les firmes et les travailleur·euse·s dans l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM). Sur la base d'une analyse documentaire et de soixante entretiens approfondis avec des dirigeants et des salariées de deux firmes leaders suisses et de trois soustraitants, ainsi que des syndicats et des associations patronales, l'auteur met en évidence une dynamique de double divergence par rapport aux effets étudiés dans la littérature : la participation aux CMV dominées par les firmes leaders implique une détérioration de la performance des firmes subordonnées, de l'emploi et du travail dans l'industrie MEM. L'auteur dévoile les mécanismes sous-jacents à cette dynamique et identifie des pistes pour les surmonter, ce qui permet d'envisager les CMV comme une organisation favorisante un développement économique au service du travail.

05/2023

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Exégèse

Paul, le travail et l'argent. Des domaines futiles ?

Les réalités pécuniaires ont, depuis les origines, une place quotidienne dans la vie des Eglises, qu'il s'agisse de l'entretien de leurs ministres, du financement d'opérations caritatives ou de projets d'évangélisation. Ces activités, on le sait, engendrent des conflits qui montrent combien la dimension éthique et affective apparaît bien vite, avec les reproches d'exploitation, de gaspillage ou d'incompétence dans la gestion des dons reçus. Car, sur le plan caritatif, les sommes recueillies ont le plus souvent leur origine dans la générosité de personnes parfois tiraillées entre, d'une part, le devoir de gratuité, selon l'adage " ce qui est donné est donné " et, d'autre part, la préoccupation légitime de la juste destination des dons. Paul a connu ces expériences, partagées à travers le bassin méditerranéen dans lequel il vivait. Or, l'Apôtre, et lui seul dans le Nouveau Testament, se confie sur les problèmes matériels et financiers qu'il rencontre. Si la belle Lettre de Jacques traite avec vigueur les rapports de justice qu'implique l'utilisation de l'argent, Paul, lui, sans négliger les impératifs éthiques, se place cependant sur un autre plan, et selon une politique subtile. Ni pour son travail manuel ni pour son rapport à l'argent, l'Apôtre n'invente de nouvelles pratiques ou de nouvelles techniques. Il tient du judaïsme son sens positif du travail mais s'inspire des réseaux de solidarité de l'Empire et du tribut du Temple pour la mise en oeuvre de la grande collecte. Paul se coule donc dans les usages de son époque et de sa culture, dans la mesure où ils correspondent aux orientations de l'Evangile qu'il porte. De ce point de vue, même sans dessein prémédité, il pose les bases de futures doctrines sociales, en s'opposant à des habitudes culturelles qui consacrent ou entretiennent l'égocentrisme, l'avidité et les inégalités. Par ses propres engagements, il témoigne que sans se confronter aux réalités économiques, l'Evangile reste une idéologie ; sans les valeurs évangéliques de gratuité et de réciprocité qui ont pour enseigne lumineuse le mot agapè, les réalités économiques risquent l'asphyxie dans l'huis-clos du donnant-donnant.

07/2021

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Littérature francophone

Pyromanes

PYROMANES Christian Demark Les méga-feux ravagent tout sur leur passage, cet été-là, dans la région d'Alonee. En contre-bas, juchée sur les falaises de Roch Rude, une demeure se trouve encore à l'abri des flammes, mais combien de temps tiendra-t-elle ? La Solitude domine toute la vallée d'Alonee et les monts qui l'entourent. C'est dans cette maison, qui appartenait à ses parents, au milieu de cette Californie irréelle, que vit Bruno. Pilote de Canadair de son état, ce fringuant quadra vit seul depuis que sa femme, Autumn, l'a quitté, lasse de cette passion qui le dévore - Le feu. Autumn est partie s'installer sur le front de mer, avec leur fils Coraÿ. La marina artificielle qui les abrite semble préservée des incendies, pour le moment. Du coup, Bruno s'est mis à la colle avec une starlette du porno, sous le regard ébahi de Matt, son meilleur ami. Pour des raisons encore mystérieuses, Matt, se terre aux yeux du monde à La Solitude, depuis qu'Autumn a fait ses valises. Encore dans la quarantaine, Il est scénariste à succès, notamment pour des séries télé. Mais de largages de retardant en interviews pour les chaînes d'infos en continu, Bruno va bientôt se retrouver affaibli et désespéré face à la tâche à accomplir. Inconsciemment, il va entrouvrir la porte à Autumn, qui va tenter de le reconquérir. Quant à Matt, submergé par une mère psychotique qu'il aimerait étrangler de ses propres mains, et un père avec lequel il parle au cimetière, il va devoir céder sa place à Dia, son ex, qui s'installe à La Solitude, fuyant les flammes. C'est alors que tout bascule, dans ce panorama de fin du monde. Comme tout reprenait place dans ce chaos, que tous les fils étaient reliés, le doigt du destin va s'en mêler. Et rien ne sera jamais plus comme avant. Comment éteindre ce feu qui ronge nos personnages ? La pluie salvatrice, tant attendue, lavera-t-elle ainsi ces pyromanes de leur propre vie ? Du chaos, parfois, peut naître une étoile...

06/2021

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Actualité médiatique internati

Tout peut exploser. Enquête sur les risques et les impacts industriels

Savez-vous combien d'accidents industriels subit la France chaque année ? Plus de 68 000. Environ 187 par jour. Vous n'en avez jamais entendu parler ? C'est normal ! La plupart du temps, ils suscitent juste un entrefilet dans la presse régionale. Seuls les accidents les plus meurtriers font la une. AZF nous a ainsi douloureusement marqués il y a vingt ans. Trente et une personnes ont perdu la vie parce qu'une centaine de tonnes de nitrate d'ammonium avait explosé. Ce même matériau a provoqué plus de 200 morts à Beyrouth en 2020. Pourtant, des ports comme Marseille ou Saint-Malo continuent à en stocker jusqu'à 60 000 tonnes. Vous l'ignoriez ? Savez-vous seulement que des milliers de trains remplis de cette même matière dangereuse transitent, chaque matin, par la gare de triage de Drancy, en Seine-Saint-Denis ? A deux pas du RER B que 400 000 Franciliens empruntent quotidiennement ? Vous tremblez ? Vous pouvez. Et s'il n'y avait que ça. Imaginez, demain, la rupture du barrage de Vouglans dans le Jura. Plausible, vu l'état de vétusté de ces infrastructures. La vague que la rupture provoquerait pourrait atteindre la centrale nucléaire du Bugey dans l'Ain, entraînant potentiellement la libération d'un nuage radioactif à 30 kilomètres de Lyon. Cinq millions de personnes seraient menacées dans un rayon de 100 kilomètres. Que font nos dirigeants pour nous protéger de ces risques et de tant d'autres présentés dans ce livre ? Trop peu. En dix ans, 10 000 contrôles sur des sites dangereux ont été supprimés ; les budgets des pompiers, amputés. Quant aux industriels, pour faire des économies sordides ils remplacent des salariés par des intérimaires ou des sous-traitants : 92 % de ce personnel travaillant sur des sites à risques d'incendie n'ont pas été formés à l'utilisation d'un extincteur. Autant vous dire que... tout peut exploser. Paul Poulain travaille dans un bureau d'études spécialisé en sécurité incendie et dans la maîtrise des risques industriels. Depuis huit ans, il sillonne la France et le monde pour étudier les installations dangereuses. Il est également enseignant, formateur et conférencier indépendant.

09/2021

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Rock

David Bowie l’enchanteur. Portrait d'une icône sous les masques

Tour à tour Greta Garbo, Ziggy Stardust, Major Tom, Thin white duke... Combien de masques David Bowie a-t-il portés puis tombés au cours de son existence ? Bowie est un personnage caméléon, qui se réinvente dans et à travers les média et les scènes artistiques où il évolue. Trois auteurs, tous universitaires anglo-saxons, se sont emparés du sujet protéiforme qu'est David Bowie, se penchent et réfléchissent à son importance culturelle et artistique, partent à la recherche de son vrai moi sous les masques. Ils écrivent un texte à trois voix, où chacun s'empare d'un fragment de la personnalité ou de l'image de David Bowie, qu'ils dissèquent en quatre parties : (1) Comment Bowie crée un certain type d'espaces - urbain, extraterrestre, touristique et intergalactique - dans lesquels il existe ; (2) comment il subvertit et renégocie le temps et le temporel à travers des thèmes liés à la résurrection, la nostalgie et le désir ; (3) comment il incarne le genre, la race et la sexualité en ouvrant des capacités transgressives ; (4) comment son oeuvre génère, reproduit et appelle la mémoire et permet la mémorisation par le son, la vision, l'allusion, le souvenir et l'oubli. Sous un éclairage provocateur, les auteurs tentent de débusquer l'être de Bowie sous les alter ego qu'il crée, puis tue pour toujours renaître sous une autre forme. Ils nous aident à comprendre l'importance de son influence et la force de son attraction dans le monde entier et sur plusieurs générations. Au final apparaît le portrait d'un enchanteur, d'un ensorceleur. Il ne s'agit pas ici d'une biographie linéaire mais, à l'instar de la personnalité même de Bowie, d'une biographie mosaïque, passionnante parce qu'ouverte aux différentes incarnations d'un artiste qui est resté iconique jusqu'au bout. De ses débuts à l'ultime album, Blackstar, David Bowie, l'enchanteur entend rendre justice à l'oeuvre considérable d'un artiste hors norme tout en montrant les nombreuses façons dont son oeuvre enchante la vie sociale et culturelle contemporaine.

11/2021

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Musique, danse

Brahms

Nul autre n'était plus qualifié que Claude Rostand, grand spécialiste de la musique allemande romantique, pour traiter un sujet qui avait été jusqu'alors complètement négligé par la littérature musicale de notre pays. C'est, en effet, le premier livre complet et exhaustif paru à ce jour en français. Cet ouvrage considérable, Claude Rostand (1912-1970) y a consacré plusieurs années de sa carrière de critique et de musicographe, rassemblant tous les documents les plus récents à l'époque, lui permettant de tracer le portrait véridique d'une des plus grandes et attachantes figures du romantisme, et de faire justice d'un certain nombre de légendes qui en faussaient souvent la vérité. A travers les correspondances, les mémoires, les récits, les articles de journaux, il a su s'introduire au plus intime de son sujet et nous faire connaître la physionomie profonde d'un homme et d'un artiste parfois étrange, souvent déroutant, mais combien attachant pour qui le connaît. La valeur toute particulière du Brahms de Claude Rostand tient à ce que l'auteur a fait tout en même temps oeuvre d'historien d'une part, et de savant d'autre part. L'ouvrage comprend un élément biographique, récit très attachant, très vivant, au long duquel nous suivons le musicien presque jour après jour durant toute sa carrière. En outre, ce récit brosse une vaste fresque de l'Europe musicale d'alors : les grandes capitales de la musique, le cénacle de Schumann à Dusseldorf, celui de Mendelssohn à Leipzig, la Rome lisztienne de Weimar, Vienne à l'époque de François-Joseph et de Johann Strauss, etc. Nous y voyons vivre ou mourir Schumann, Liszt, Berlioz, Wagner, Hugo Wolf, Bruckner. Dans ce livre vivant, varié et passionnant, Claude Rostand a intercalé un élément qui, pour technique qu'il soit dans une certaine mesure, n'en reste pas moins à la portée de l'amateur moyen : toutes les oeuvres sans exception sont analysées de façon que cet ouvrage puisse également être consulté comme un guide et un dictionnaire brahmsiens. Toutes les oeuvres sont ainsi situées dans leur ambiance historique, psychologique, poétique et sentimentale, et expliquées sommairement et clairement du point de vue strictement musical.

09/1990

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Droit international public

Le moment de la naissance du revenu imposable en droit fiscal belge. Fait générateur du revenu, interaction avec le régime des fruits civils, interaction avec le principe d’annualité de l’impôt

DROIT BELGE Le moment où le revenu imposable naît détermine le moment où le contribuable doit payer l'impôt. Pourtant, le sujet a peu été étudié jusqu'ici en droit fiscal belge. Cet ouvrage, issu de la thèse de doctorat de l'auteur, entend contribuer à combler ce vide. La première partie identifie quels sont les faits générateurs du revenu en droit fiscal belge, en délimite les champs d'application respectifs et en précise les contours. Elle examine ainsi tour à tour le fait présumant la naissance du revenu, le fait générateur comptable, le fait générateur de la mise à disposition du revenu et les cas de "réalisation systématique" où le revenu naît de manière anticipée en raison de la perte pour le fisc du pouvoir d'imposer le revenu. La deuxième partie clarifie l'interaction entre les deux principaux faits générateurs du revenu ainsi identifiés - le fait générateur comptable et le fait générateur de la mise à disposition du revenu - et le régime des fruits civils. Dans son premier volet, elle détermine le fait générateur du fruit civil, cette question étant elle-même obscure, et précise la relation entre ce fait générateur et les principaux faits générateurs du revenu. Dans son second volet, elle clarifie la relation en droit civil et en droit fiscal entre, d'une part, la question de la naissance du revenu consistant en un fruit civil et, d'autre part, celle de la répartition de pareil revenu et de la détermination de la personne qui en est le contribuable. La troisième partie étudie le principe d'annualité de l'impôt contenu dans le Code des impôts sur les revenus 1992 en vertu duquel l'impôt est établi sur les revenus nés pendant la période imposable en raison de la survenance de leur fait générateur. Dans son premier volet, elle examine l'incidence de l'événement postérieur à la période imposable sur les revenus nés pendant cette période. Dans son second volet, elle établit un panorama des cas où le revenu se rattache, par dérogation au principe d'annualité de l'impôt, à une période imposable autre que celle de sa naissance et puis analyse le plus complexe d'entre eux, à savoir celui relatif aux loyers professionnels.

11/2021

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Histoire de France

L'honneur perdu de Gustave Cluseret

Gustave Cluseret (1823-1900) est un aventurier dont les tribulations feraient pâlir d'envie les héros d'Alexandre Dumas ! Benjamin Disraeli, homme politique et écrivain britannique, s'en est même directement inspiré pour camper le héros de son roman Lothair, le "captain Bruges". Tour à tour, officier sous la Monarchie de Juillet, la Deuxième République et l'Empire, engagé volontaire en Italie dans l'expédition des Mille aux côtés de Garibaldi, puis en Amérique pendant la Guerre de Sécession sous l'uniforme Yankee, complice du mouvement Fenian irlandais, journaliste, conspirateur, membre de la Commune, député du Var et artiste-peintre versé dans l'orientalisme, Cluseret a un parcours riche et original, plein d'enseignements. Cluseret intrigue souvent, déconcerte parfois, agace beaucoup. Pourquoi ? Parce qu'il est inclassable. Il est socialiste, mais pas collectiviste ; il est anti-boulangiste, mais s'allie avec d'anciens boulangistes ; il est internationaliste, puis devient nationaliste, xénophobe et antisémite ... S'amuse-t-il à brouiller les cartes ? Non. Cluseret est un personnage troublé, à l'image de cette seconde moitié du XIXe siècle. Cluseret est riche d'avoir vécu plusieurs vies en une, d'avoir sillonné de nombreux pays à une époque où les voyages n'étaient pas aussi aisés qu'aujourd'hui. Contemporain de Marx et Bakounine, de Ferry et Naquet, de Gambetta et Clemenceau, de Guesde et Jaurès, de Barrès et Drumont, dont il a été à différentes périodes de sa vie l'ami ou l'adversaire, il porte un regard pointu sur le monde. Les questions qui nous interrogent aujourd'hui ne sont pas si différentes de celles qui se posaient hier ; elles sont sociales, économiques, diplomatiques ou sociétales et recouvrent pêle-mêle la laïcité, les rapports entre le capital et le travail, la fiscalité, les relations entre les élus et les citoyens, la place du paysan et de la ruralité dans une société de plus en plus urbanisée, la politique migratoire, le positionnement de la France dans les guerres étrangères ... C'est dire combien, un siècle après la mort de Cluseret, son histoire nous invite à questionner notre relation au monde, notre rapport à l'autre et notre capacité à nous réinventer.

10/2018

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Romans, témoignages & Co

J'aime/J'déteste le collège

Une tranche de vie collégienne, bourrée d'humour, signée Bernard Friot. Bernard Friot : un auteur phare des éditions Milan Les trois livres "J'aime/Je déteste" ("J'aime/Je déteste le sport", "J'aime/Je déteste le français", "J'aime/Je déteste les maths et la musique") enfin réunis en un seul volume. Le grand talent de Bernard Friot dans l'art de raconter : un style limpide, beaucoup d'humour, et un ton original qui font l'immense succès des "Histoires pressées" avec, ici, une histoire plus développée, pour peaufiner les personnages (toujours très attachants) et les rebondissements (souvent très inattendus). Humour et impertinence En 6e tout irait bien... sans le sport ! Romain a horreur du sport. Il accumule les bévues, et fait tourner le prof en bourrique, qui finit par convoquer sa mère. Aïe... Comment sortir de ce guêpier ? En 5e, une nouvelle prof arrive pour lui compliquer la vie, la prof de français qui a décidé de les faire lire. Carnets de lecture, parcours de lecture, création de marque-pages : elle est déchaînée ! Et, comble de l'horreur : un tournoi de lecture. Dix livres à lire ! Comment Romain pourrait-il survivre à ça ? Quand, enfin, Il passe en 4e, Romain est toujours en vie (ouf ! ), mais pour combien de temps encore ? Car sa nouvelle prof de maths chante et donne des concerts (aux abris ! ). Elle décide alors de s'associer avec le prof de musique pour un projet pédagogique (au secours ! ). Mais, au fond, quelle importance : Romain, lui, ne s'intéresse qu'à Katia. Katia la gentille, Katia qui commence à avoir des seins... Katia, Katia, Katia... Mais Katia semble plutôt regarder le nouveau, Enguerrand... Attention, là, Romain est vénère, mais il n'a pas dit son dernier mot... Identification assurée A travers les petits et les grands malheurs de Romain de la 6e à la 4e, collégiens et collégiennes vont retrouver leur vie : complexes, angoisses, profs trop bizarres, fous rires, secrets, petites vacheries et grandes complicités ! "Une chouette lecture, drôle, impertinente, avec sa petite dose d'histoire d'amour qui ne gâche rien. . ". (Stéphanie Baur Kaeser, "Ricochet".)

08/2022

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Linguistique

Le langage de l'amour. De la rencontre à la rupture, comment les mots révèlent nos sentiments

"C'est lui", "c'est elle", "on s'est trouvés", "je t'aime", "je t'aimerai toujours"... , si chaque histoire d'amour est unique, toutes se vivent, s'écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Aujourd'hui, j'ai rencontre l'homme de ma vie clame Diane Dufresne, Que je t'aime, crie Johnny, Juliette est le soleil s'émerveille le Roméo de Shakespeare quand nous disons souvent de l'autre aimé qu'il est une lumière dans nos vies. Nos relations peuvent varier, nos mots d'amour sont identiques car nos sentiments sont semblables. Pour la première fois dans un livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l'expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, du fameux "coup de foudre" où l'on "tombe" amoureux, aux redoutables "il faut qu'on parle", "j'étouffe". En quatre grandes parties, retraçant les phases de l'amour, de l'amour fantasme (où le nom de l'autre cristallise nos désirs et le destin s'invite pour donner du poids à la rencontre), à l'amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l'intensité, je t'aime le souhait d'être lié à jamais à ce toi singulier), l'amour possession, (temps de la domestication, des surnoms voués à s'approprier l'autre devenu familier) et l'amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d'éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires des caricatures s'échangeant de sempiternelles répliques), Julie Neveux révèle combien nos mots d'amour construisent nos histoires. Et comment nous pouvons les comprendre en nous voyant les dire. Pour illustrer son propos, elle s'appuie à la fois sur les mots de l'amour les plus célèbres (ceux des artistes, de Louis Aragon à Annie Ernaux en passant par Barthes, Corneille, Barbara, Stromae, Fellini, Ingmar Bergman...) et ceux des personnages qu'elle invente, Juliette et Roméo, dont le récit de la romance scande les chapitres pour incarner la théorie. Essai de linguistique, répertoire culturel amoureux et analyse de nos relations sentimentales, ce livre est un trésor de sens qu'on dévore comme un grand roman d'amour plein d'esprit et d'humour.

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Photographie

Tourisme de la désolation

Le tourisme noir, aussi appelé tourisme de la désolation, est un phénomène qui se développe depuis une dizaine d'années et qui tend à devenir un nouveau marché pour les tour-opérateurs et certains professionnels du voyage. Il ne se confond pas totalement, même s'il s'en rapproche, avec le tourisme dit mémoriel qui vise à établir une réflexion sur l'Histoire et à susciter une forme de recueillement. Le tourisme noir serait en quelque sorte une dérive morbide du tourisme mémoriel. Des agences de voyages spécialisées ont récemment vu le jour et proposent à des vacanciers toujours en quête de nouvelles sensations de visiter des lieux marqués par le désastre et le drame. Tremblements de terre, tsunamis, accidents, catastrophes industrielles, zones sinistrées ou miséreuses constituent autant de "destinations" et de sites potentiels dont la découverte est à même de combler la curiosité ambiguë d'un nombre croissant d'amateurs. Le voyeurisme, l'attrait pour le macabre et l'effroi sont au coeur de ces séjours tarifés même s'ils se parent parfois d'alibis culturels... S'interrogeant sur cette réalité nouvelle, qu'il croise régulièrement au cours de ses propres reportages, et cherchant à en saisir les différents aspects, le photographe Ambroise Tézenas a entrepris un long travail d'enquête dont il a établi le minutieux protocole avec le Pr J. J. Lennon de l'université de Glasgow, spécialiste des problématiques de l'industrie du tourisme. Il sélectionne une dizaine de lieux emblématiques, et s'inscrit auprès des tour-opérateurs afin de vivre à l'identique et comme en immersion l'expérience d'un touriste lambda. Par souci d'exactitude, il veille à ne photographier que ce qui est donné à voir au visiteur. Du circuit de l'assassinat du président Kennedy à Dallas, à la prison militaire de Lettonie où il est possible de vivre pour quelques heures une véritable incarcération, en passant par les parcs à thème du Sud Liban conçus et gérés par le mouvement Hezbollah, Ambroise Tézenas dresse un état des lieux de ces voyages organisés d'un nouveau genre, qu'il résume d'une phrase : "Ici, on vient vérifier un cauchemar."

11/2014

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Histoire de France

1940, l'empreinte de la défaite. Témoignages et archives

L'expérience de la guerre est, de manière générale, propice à l'expression de témoignages individuels. Il n'est donc pas étonnant de constater le très grand nombre de combattants de la Drôle de guerre et de la campagne de 1940, ou de civils pris dans la tourmente de la défaite, qui prirent la plume pour livrer leur vision de la guerre, encouragés par la conviction de vivre des événements extraordinaires qui les plongeaient dans le cours tumultueux de l'histoire. D'autant qu'il s'agissait pour les contemporains, plus ou moins consciemment, de combler les vides causés par le conflit dans les sources archivistiques. L'effondrement de la France, en effet, eut tôt fait de mettre en péril la mémoire de la nation et la conservation de la documentation officielle, bientôt placée sous la main de l'occupant. Le sort des services d'archives français au cours de l'année 1940 et pendant la guerre n'a pas encore fait l'objet d'études d'ensemble, malgré les travaux récents sur les spoliations nazies. Les mesures de protection mises en place avant guerre, les conséquences des combats sur l'intégrité des fonds, les réorganisations dues à l'Etat français ainsi que les mécanismes des saisies allemandes sont ici présentées dans des contributions qui s'ouvrent au patrimoine dans sa définition la plus large. Parmi toutes les sources relatives à l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, le témoignage s'est massivement imposé aux historiens aussi bien qu'au grand public. Est ici analysée la manière dont les témoignages ont été collectés et utilisés, de façon parfois exclusive. Les rapports entre archives, témoignages et histoire sont complexes : si les archives, au-delà de leur valeur de documentation historique, sont un témoignage du passé, si les témoignages, écrits ou oraux, gagnent le statut d'archives tout en appartenant à une catégorie d'archives bien spécifique, les archivistes se font parfois témoins, et les témoins historiens. Enfin, le témoignage déborde de plus en plus largement du champ historique pour envahir toute notre société : il constitue à tous égards un objet d'études autant qu'une source historique.

03/2014

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Histoire internationale

La social-démocratie sous Bismarck. Histoire d'un mouvement qui changea l'Allemagne

La social-démocratie allemande, née précocement en une période mouvementée, prend dès l'origine des positions ô combien remarquées. Ainsi les socialistes, n'imaginant pas abdiquer leurs convictions internationalistes même au moment où se constitue leur nation, refusent en 1870 de soutenir l'effort de guerre allemand, ils clament leur solidarité envers la Troisième République, puis s'opposent de manière véhémente à l'annexion de l'Alsace-Lorraine. Devenu la bête noire des autorités, le parti doit faire face à des mesures coercitives toujours plus sévères, qui le privent progressivement de la possibilité d'exister légalement. Cependant la répression donne lieu à un autre effet, inattendu : elle incite les militants à diversifier à l'infini leurs modes d'intervention. Outre les champs d'action classiques, propagande politique et travail parlementaire (car les socialistes conservent le droit de se présenter aux élections - et de les gagner ! ), le parti développe ses organisations syndicales, coopératives et caisses d'entraide, et systématise aussi des structures bien différentes, d'apparence inoffensive. Théâtres, chorales et clubs de gymnastique, sociétés d'éducation, cabinets de lecture, lieux de convivialité ou restaurants ouvriers, il pilote alors pléthore d'associations culturelles et sportives, qui forment bientôt des réseaux incontournables dans la plupart des villes allemandes. En une génération, ce mouvement se fraye un accès à la population laborieuse, prenant part à la vie de millions de petites gens, voire organisant leur quotidien. En termes d'implantation, cela signifie une présence militante dans toute la société, jusque dans les couches les plus pauvres, d'où la capacité de transmettre ses mots d'ordre avec une redoutable efficacité et d'influencer l'ensemble de la vie publique. Des structures non politiques jouent donc un rôle de premier plan dans la construction d'un parti éminemment politique, et ce n'est pas la moindre des contradictions dont le SPD est pétri. Lui qui vise au renversement de l'ordre social et épilogue sur l'inutilité des élections, trouve une large audience justement au travers des élections, gagnant par elles crédit politique et renforts organisationnels. Le présent ouvrage se propose de faire revivre ce passé si riche et complexe, pour observer comment le plus puissant parti révolutionnaire du 19 siècle accompagna l'entrée de l'Allemagne dans la modernité.

10/2013

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Histoire internationale

Goulag. Une histoire soviétique

Le goulag : des camps soviétiques de travaux forcés au fin fond de la Sibérie dont l'existence fut révélée à travers le monde en 1973 par l'écrivain Alexandre Soljenitsyne. Au-delà de cette simple phrase, que sait-on du Goulag ? Quand cela a-t-il commencé ? Combien de détenus, de morts ? Quels étaient les motifs d'arrestation ? Y avait-il des femmes, des enfants ? Dans quelle mesure ce système a-t-il participé au développement économique de l'URSS ? Le Goulag, acronyme de Direction centrale des camps, est l'un des systèmes répressifs les plus impitoyables et les plus meurtriers du XXe siècle. Par son gigantisme, par sa longévité, par le nombre de ses victimes, il est hors norme : des milliers de camps et des millions de zeks contraints de travailler jusqu'à l'épuisement dans le froid, le dénuement, l'isolement, le manque total d'hygiène, la peur, la faim et l'humiliation... De la fin des années 1920 au milieu des années 1950, 20 millions de Soviétiques sont passés par les camps du Goulag, 6 millions ont été déportés, 4 millions ne sont jamais revenus ni des camps ni de la déportation. L'enjeu fondamental de ce livre est de raconter, de décrire et d'expliquer cette entreprise de production et de déshumanisation dont l'existence a longtemps été occultée à l'Est et niée à l'Ouest. L'originalité de Goulag, une histoire soviétique est d'allier, pour la première fois, un récit historique nourri des recherches les plus récentes avec un descriptif concret de la vie et de la violence des camps, du travail des zeks, s'appuyant sur une riche iconographie (photographies, dessins, cartes, documents administratifs, statistiques) dont une large partie d'inédits issus de l'ONG russe Memorial. En complément, l'ouvrage propose de nombreux encadrés : les grands chantiers (canal mer Blanche-mer Baltique, la Voie morte), les camps emblématiques (les Solovki, la Kolyma, Vorkouta...), les grands témoins (Soljenitsyne, Chalamov, Guinzbourg, Margolin, Rossi, Buber-Neumann), mais aussi les témoignages de victimes anonymes. Par les auteurs de la série documentaire Goulag, une histoire soviétique (une production Kuiv - Michel Rotman ; diffusion Arte).

11/2019

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Histoire de France

Le roi emmuré

Le dernier combat de Jacques Chirac s'est déroulé à huis clos. Ce combat que chacun doit perdre, un jour, contre le chagrin, la maladie, la mort. A quoi pensait ce vieil homme face à l'inéluctable ? Pour l'ancien président qui a livré tant de batailles, celle-ci a été la plus dure, la plus sombre. La plus universelle et la plus intime aussi. Peu avant Noël 2015, Il entre dans un bel hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris, propriété de son ami François Pinault. Sa dernière demeure, le pressent-il ? Nul ne le voit, sinon quelques fidèles, de moins en moins nombreux. Près de quatre années s'écoulent ainsi, dans un silence glacé. Le tombeau se dresse autour d'un homme encore vivant, qui s'absente de soi-même. Au dehors, la nostalgie Chirac grandit. Dans cette famille si célèbre et pourtant vouée à l'enfermement et au secret, se tient une femme, Bernadette, la seule épouse. Passé le temps de la revanche qu'elle se plaisait à prendre sur son mari, elle a affronté, d'abord sans faiblir, la mort accidentelle de Laurence, leur fille aînée, dénouement tragique d'une existence recluse. Puis elle s'est laissée emporter, comme lui, par cette peine immense. Bernadette Chirac qui ne cessait de s'inquiéter pour l'avenir de leur fille, handicapée, quand elle-même aurait disparu, s'est trouvée face à un vide que rien ne pouvait combler. Claude, la fille cadette du couple, s'est consacrée, comme toujours, à régenter leur vie. Elle qui avait si longtemps veillé sur la communication de son père, s'est ingéniée meubler sa solitude, après l'avoir soustrait aux regards de tous. Puis celle de sa mère, soudain cloîtrée – en écartant impitoyablement de ce huis clos étouffant tous ceux qui pourraient en rapporter des bribes. L'un de ceux qui appartenait à ce tout petit cercle est brutalement congédié pour avoir parlé. Il meurt d'une crise cardiaque quelques jours plus tard... Béatrice Gurrey est grand-reporter au Monde. C'est l'une des plus fines connaisseuses de la Chiraquie. Elle est notamment l'auteure du Clan Chirac chez Robert Laffont.

09/2020