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Daphné Collignon, Bénédicte Bazaille

Extraits

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Littérature française

Histoires d'amour & autres atrocités

Depuis qu'il était au chômage, les choses n'avaient fait qu'empirer à la maison. Il fallait se rendre à l'évidence, les vingt-huit mètres carrés de l'appartement HLM étaient incapables de contenir leur haine réciproque. De la chambre à la salle de bains, tout n'était que recoins malcommodes, réduits exigus où étouffait leur bien-être, angles aigus auxquels sans cesse s'affûtait un peu plus leur rancoeur. Seul le séjour pouvait passer pour une pièce à vivre, par ses dimensions en tout cas. Car pour ce qui était du quotidien, il s'apparentait plutôt à un champ de bataille où tous les coups étaient permis, les plus bas de préférence. Ursula buvait, ce qui n'était pas nouveau, mais elle buvait maintenant dans des proportions bien plus considérables que par le passé, quand ils vivaient dans leur sordide cabane, du côté des étangs. Sa pension d'invalidité passait dans l'alcool. Elle buvait de la vodka ; celle avec de l'herbe de bison dedans, qu'elle achetait avec les économies qu'elle cachait dans son immense soutien-gorge. - T'avise pas d'y fourrer tes gros doigts dégoûtants ! avait-elle dit un jour à Eugène sans qu'il eût manifesté quelque intention que ce fût. - Pas d'danger que j'aille salir mes doigts délicats sur tes gros nibards crados ! avait rétorqué Eugène et il n'avait eu le temps que de baisser la tête pour éviter la gifle monumentale qui rôdait dangereusement dans l'orbite de sa face. A travers les destins singuliers d'hommes et de femmes que tout semble séparer, ces dix-huit récits baroques et grinçants, souvent teintés d'humour et de poésie, composent à petites touches une fresque haute en couleur de ce que peut devenir la vie à deux dans ce qu'elle a de torride, terrible ou émouvant. Chaque étape de la vie amoureuse est jalonnée de moments intenses, tragiques parfois, ici mis en lumière au fil d'une narration polyphonique, chaotique, mais diaboliquement cohérente.

06/2020

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Actualité et médias

Serge Dassault

Dassault : un nom mythique évoquant l'aviation, les armes, la politique. Mais le plus souvent, on songe à Marcel, le grand avionneur, et non à son fils Serge. II incarne pourtant aux yeux de nombreux observateurs le nouveau Citizen Kane français. Le constructeur des Mirage et du Rafale ne cesse en effet de faire parler de lui. En prenant le contrôle du Figaro en 2004, en se faisant élire sénateur UMP de l'Essonne après avoir remporté la mairie de Corbeil, et en multipliant les déclarations fracassantes. Une façon de se faire enfin un prénom, lui qui a été écrasé par la personnalité d'un père qui ne voulait pas qu'il lui succède ? Longtemps considéré comme un personnage de second ordre, Serge Dassault a montré à 61 ans des capacités qu'au sein de sa famille, on lui avait toujours déniées. En remportant en 1986 sa plus grande bataille, celle de son accession à la tête de l'empire industriel. Vingt ans plus tard, cette biographie impartiale atteste que celui qui passe pour l'homme le plus riche de France n'est toujours pas rassasié de pouvoir. Riche d'anecdotes, nourrie d'entretiens avec lui, son entourage, sa famille, ses adversaires, cette enquête brosse le portrait d'un chef d'entreprise ayant pris sa revanche sur le tard. Elle livre de nombreuses révélations sur les réussites et les faiblesses de l'empire aéronautique, les liens de son président avec l'Elysée et le pouvoir, ainsi que sur sa conception de la presse - comment s'y prend-il avec les journalistes, lui qui veut des " informations positives " et souhaite utiliser ses titres pour faire passer ses idées ? Lui qui cherche aussi à accroître son influence au Medef ne songe pas un instant à passer la main, donne son avis sur tout et veut peser sur la présidentielle de 2007. A plus de 80 ans, Serge Dassault a trouvé une seconde jeunesse et souhaite en profiter le plus longtemps possible. Au grand dam de beaucoup !

04/2006

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Histoire de France

Le crime contre l'humanité. Le crime d'être né

Le témoignage d'André Frossard, résistant, catholique, à la cour d'assises de Lyon a constitué l'un des temps forts du procès de Klaus Barbie. André Frossard a vécu l'enfer durant la guerre dans la 'baraque aux juifs' du fort Montluc à Lyon. Il a vu ses camarades torturés, emmenés vers la mort, y échappant lui même de peu. Ces souvenirs terribles vis à vis desquels "le temps ne peut rien" il les a rappelé lors du procès de Klaus Barbie devant la cour d'Appel de Lyon durant les années 80 et en a fait l'objet de ce petit livre. Il donne dans ce livre la définition du "crime contre l'humanité" vis à vis duquel il ne peut y avoir prescription. Il montre que le déshonneur durant la seconde guerre mondiale ne fut pas d'avoir perdu la bataille de France en 1940 sinon la France serait déshonoré depuis Alésia, le déshonneur ce fut d'avoir livré des juifs, des franc-maçons, des résistants, des hommes politiques dans les mains des nazis, d'avoir collaboré à la plus grande entreprise criminelle de l'histoire. Dans cet ouvrage, la dignité, la hauteur du style, le poids des mots sont à la hauteur des évènements tragiques qu'ont vécu l'auteur et des dizaines de millions de personnes à l'époque. Ce n'est pas seulement un livre de témoignage, mais aussi une oeuvre de réflexion sur le drame que les juifs et l'Europe ont vécu au XXe siècle du fait de cette "seule et même origine : le mépris de l'homme". Que de souffrances, que de souffrances les contemporains durent subir à cause de la folie de quelques hommes. En conclusion André Frossard prévient les jeunes générations ; "Enfants, soyez vigilants, enfants, méfiez-vous", car "si le volcan de la haine raciste ne laisse plus échapper quelques fumerolles éparses, il n'est pas éteint".

05/2019

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Critique littéraire

Théophile Gautier

Théophile Gautier (1811-1872) est le personnage le plus flamboyant de l'histoire littéraire du XIXe siècle. Le gilet rouge qu'il portait lors de la bataille d'Hernani suffit à le rendre célèbre en une soirée. Puis, à vingt-quatre ans, son roman Mademoiselle de Maupin, fut considéré comme un événement par toute une génération. Prodigieusement doué, il aborda tous les genres et collectionna les succès tout au long de sa vie. Son premier ballet, Giselle, se révéla la plus grande réussite de toute l'histoire de la danse. Ses récits de voyage en firent le maître d'un genre à la mode. Le Roman de la momie et Le Capitaine Fracasse ravirent des générations de lecteurs. Mais, pour ses amis, il était d'abord un poète ; Baudelaire lui dédia Les Fleurs du Mal - on connaît la dédicace fameuse : " Au poète impeccable, au parfait magicien ès lettres françaises... ", et Flaubert disait : " On reconnaîtra plus tard que c'était un grand poète. " Le feuilleton du lundi de Théophile Gautier (d'abord dans la Presse, puis dans le Moniteur) fit de lui, pendant plus de trente ans, le critique dramatique et artistique le plus courtisé et le plus redouté de Paris. À cela s'ajoutait un réseau d'influence, car ses amis étaient innombrables. Mais il considérait son travail de journaliste, qui était à la fois son gagne-pain et la source d'un pouvoir considérable sur les arts et les lettres, comme une servitude qui le détournait de son œuvre de poète - cela ne l'empêcha pourtant pas de composer Émaux et Camées. De l'avis des Goncourt sa parole était un enchantement : ses tirades improvisées faisaient la joie des invités de la Présidente, de la princesse Mathilde ou de la Païva, et sa séduction lui valut de nombreuses aventures féminines. C'est une existence d'une richesse exceptionnelle que relate avec minutie et brio Gérard de Senneville.

10/2004

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Histoire de France

Au maquis de Barrême. Souvenirs en vrac

"Lors de la réunion du trentième anniversaire de notre maquis vous m'avez demandé d'écrire son histoire. J'ai dit "oui" mais maintenant, le stylo en main, je suis perplexe. Ne se bombarde pas historien qui veut. Un véritable historien doit pouvoir manipuler à la perfection l'art du bidonus. Bidonus est un mot latin qui, traduit littéralement, signifie "art de mettre la pureté, la beauté et l'héroïsme dans des choses qui en ont moins". Mot qu'il ne faut en aucun cas confondre avec "bidon", terme vulgaire à sens péjoratif. " C'est donc un récit sans " bidonus " que l'auteur nous propose ici. Avec humilité et humour, il nous livre ses souvenirs du maquis Fort-de-France, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans lequel il combattit sous le pseudonyme de Matteï. Ici, pas de héros infaillibles, pas de soldats sans peur et sans reproche, mais des hommes, tout simplement, avec leur courage, leurs faiblesses, leurs erreurs. Et finalement, bien mieux que ne le ferait une étude normalisée, ce livre rend parfaitement compte du quotidien du maquis, de son ambiance, et du travail quelque peu aveugle du guérillero, entre obéissance aux ordres et improvisation nécessaire. "Le lendemain de cette première bataille, chacun de nous fêtait la victoire sur lui-même, car qu'est-ce qu'un héros sinon celui qui sait serrer les fesses mieux que les autres ? L'embuscade aurait fait trente-sept morts. Ce chiffre est probablement exact. Il n'y a pas d'inconvénient à l'augmenter un peu mais il faut se souvenir que, quand la mortalité des troupes allemandes dépasse cent pour cent, le lecteur commence à tiquer. Après la Libération le bruit de la fusillade a été remplacé par un bruit encore plus grand : celui de l'opérette, de la grosse farce et de l'imposture qui enveloppa les faits de la Résistance... Si tu nous laisses tomber, que deviendra notre épopée ?"

06/2006

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Poches Littérature internation

La dispute ou Le testament de Gaston de Puyparlier

Dans le dernier récit de Javier Torneo qui débute en 1874, il importe surtout de savoir si le fameux Gazon de Puyparlier, improbable hobereau tard saisi par le démon de midi, fut ou non capable, peu d'heures avant sa mon, de Tire le testament qu'a venait de dicter à son fidèle notaire. Le reste importe peu ou bien est fonction de ce que cela peut apporter à l'éclaircissement de cette grande inconnue primordiale. De ce que le juge décidera dépend le destin ultime d'une colossale fortune. Commence ainsi une bataille juridique acharnée où chacune des parties en litige tente d'apporter de l'eau au moulin de ses intérêts, et lorsque les intéréts ne incident pas, ne coïncident pas non plus les vérités respectives. Avec une verve digne du Château de la lettre codée, Tomeo nous embarque dam un univers sans pitié ni remords où les masques tombent avec une logique et une rigueur implacables dans un jeu de massacre réjouissant à nous faire douter de lu nature humaine. Une nouvelle fois Tomeo est saisi et nous saisit par le vertige de son verbe : chicanes, arguties, preuves et contre-preuves, témoignages et contre-témoignages, correspondances douteuses, doigts crochus, effets de manches, roublardise et stratégies finaudes. Le tout baigne dans un funèbre joyeux, on y meurt sans faire de sentiment et les corbeaux s'agitent, docteurs, gouvernantes, avocat et notaires, antiquaires véreux, tous en noir, surtout les pseudo-veuves derrière leurs voiles de crêpe, si bien que n'apparaît vivant que le défunt, le fameux Gaston de Puyparlier. C'est à un Daumier à l'aragonaise qu'on pense, un faux, où lieux et gens seraient un peu brouillés, irréels, dérisoires. Parmi ces masques qu'il anime pour le plaisir des mots Javier Tomeo guide le lecteur dans un drôle d'embrouille, hors du temps, hors des normes du récit balisé. Et le lecteur est pris, rit, s'étonne. Le plaisir, cela se partage.

03/1999

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Actualité et médias

La victoire des vaincus. A propos des gilets jaunes

Ce qui se joue en France depuis plusieurs semaines ne saurait se résumer à ce que gouvernants et éditorialistes veulent y voir. Spontanée et nourrie de motivations disparates, cette révolte doit s'entendre à la fois dans l'histoire longue des mouvements populaires et dans la spécificité de son époque, prompte à confondre le droit de tous et le privilège de certains. La révolte des gilets jaunes est un événement inédit, inventif et incontrôlable. Comme tout surgissement spontané du peuple, elle déborde les organisations, bouscule les commentateurs, affole les gouvernants. Comme toute lutte collective, elle s'invente dans une création politique autonome où l'auto-organisation est maître du jeu. Comme toute mobilisation populaire, elle brasse la France dans sa diversité, avec ses solidarités et ses préjugés, ses espoirs et ses aigreurs, ses beautés et ses laideurs. Prenant le contrepied de la morgue de classe qui s'est déchaînée face à un peuple rabaissé au rang de foule, cet essai veut en déchiffrer l'énigme en mêlant l'histoire immédiate et la longue durée. Né d'un refus de l'injustice fiscale et d'une exigence sociale d'égalité, ce mouvement s'est emparé de la question démocratique centrale, celle du pouvoir présidentiel qui confisque la volonté de tous. C'est cette audace républicaine qu'une répression policière sans équivalent lui fait payer. L'avenir n'est pas écrit, et le cours des événements dépendra de l'action de celles et ceux qu'ils convoquent. Aussi ce livre est-il une alarme face à la fuite en avant d'un pouvoir affolé qui, pour se légitimer, a choisi de jeter les gilets jaunes dans les bras de l'extrême droite. Si cette catastrophe advenait, en seraient aussi responsables tous les tenants d'une République démocratique et sociale qui auront préféré tenir à distance cet inédit, plutôt que de mener la bataille de l'égalité auprès des gilets jaunes.

03/2019

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Spécialités médicales

Choléra. Haïti 2010-2018, histoire d'un désastre

Janvier 2010, Haïti est frappé par un séisme dévastateur, et sa capitale, Port-au-Prince, est en grande partie détruite. Huit mois plus tard, une épidémie de choléra d'une violence inouïe frappe l'île. Aussitôt, les morts se comptent par milliers, là où il n'y avait jamais eu le moindre cas. Janvier 2010, Haïti est frappé par un séisme dévastateur, et sa capitale, Port-au-Prince, est en grande partie détruite. Huit mois plus tard, une épidémie de choléra d'une violence inouïe frappe l'île. Aussitôt, les morts se comptent par milliers, là où il n'y avait jamais eu le moindre cas. A la demande de l'ambassadeur de France en Haïti, le médecin français Renaud Piarroux, spécialiste du choléra, s'y rend pour aider le ministère de la Santé haïtien à dresser un plan de bataille visant à l'éliminer. Mais alors qu'il croyait participer à une " simple " mission épidémiologique, il se voit plongé au coeur d'un scandale politique et scientifique mondial. Politique, parce qu'il découvre que le choléra a été apporté en Haïti par les Casques bleus de l'ONU, responsabilité que l'organisation internationale a longtemps cherché à dissimuler avant que Ban Ki-moon, son Secrétaire général, ne demande pardon au peuple haïtien. Scientifique, car pour se disculper, l'ONU s'est appuyée sur des experts et des scientifiques qui ont propagé l'idée fausse selon laquelle l'épidémie était la " conséquence naturelle " de modifications climatiques et environnementales, minant ainsi tout espoir d'en venir à bout. C'est le récit de huit ans de batailles, menées dans un pays au bord de l'effondrement, que Renaud Piarroux nous conte ici : un récit à la première personne des espoirs, des déceptions, des colères, des lâchetés de certains, du courage d'autres, et d'amitiés scellées par un combat commun. Le récit d'une lutte menée jusqu'aux derniers soubresauts de l'épidémie.

03/2019

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Esotérisme

1914-1968 : La Franc-maçonnerie, coeur battant de la république. Eclatée, féminisée, persécutée, renforcée...

Entre la bataille de la Marne et les événements de 1968, soit au-delà de la première moitié du XXe siècle, la franc-maçonnerie française a partagé tous les soubresauts de la France : deux guerres, la crise de 1929, les années 30, trois Républiques. Bien implantée dans la nation, surtout à gauche, mais divisée en deux grandes obédiences à la fois proches et concurrentes et plusieurs autres alors de moindre importance, elle a servi les idéaux de la République, proposé et fait avancer des réformes politiques, économiques et sociales. Partie prenante de l'Union sacrée pendant la guerre, elle a soutenu la Société des Nations (SDN) qu'elle aurait voulu transformer, ainsi qu'ultérieurement l'ONU, en un gouvernement démocratique mondial ; elle a appuyé le Cartel des Gauches puis le Front populaire, participé à la vie de l'Association maçonnique internationale (AMI), subi les assauts d'une extrême-droite haineuse, accueilli des réfugiés notamment russes, allemands et espagnols. Persécutée par Vichy et les nazis, présente dans tous les mouvements de résistance en France et outre-mer, sensible à la nécessité d'une décolonisation qu'elle espérait en 1945 dans le cadre d'une Union française ou d'une large association pacifique, elle s'est reconstruite, non sans quelque difficulté, sous la IVe République, alors qu'une large partie de la franc-maçonnerie sous influence anglo-saxonne voyait fondre ses effectifs. Elle s'est interrogée sur sa nature même, sur sa situation au sein de la maçonnerie internationale, sur ses rites, sa philosophie ou sa spiritualité, sa finalité. Sa vie intérieure, avec des surprises et des rebondissements, n'a pas été un fleuve tranquille. André Combes, historien de la franc-maçonnerie, convie le lecteur à un voyage dans la réalité de cette institution, ses combats, ses interrogations, ses utopies, son évolution si peu connue, y compris par ses membres, et si éloignée des clichés habituels.

02/2018

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Histoire de France

Correspondance générale. Tome 14, Leipzig, juillet 1813-décembre 1813

Aux premiers jours de juillet 1813, l'Empire menace de s'effondrer. Si Napoléon espère une paix qui ne soit pas "honteuse", il subit le ballet de masques que sont les négociations menées sous la houlette de Metternich, aboutissant à la déclaration de guerre de l'Autriche. Il affecte pourtant une confiance et une détermination inébranlables. Grâce au tome de cette correspondance consacré à la seconde moitié de l'année 1813, nous devenons les compagnons privilégiés de l'empereur dans la recherche d'une paix impossible, de l'homme de batailles, offensif et dominateur par nature, que les circonstances réduisent à la défensive. Il trompe avec virtuosité cette passivité imposée en mettant à profit chaque minute, chaque seconde, et gère inlassablement les affaires de l'Empire dans les moindres détails. Les 2600 lettres de ce volume démontrent une nouvelle fois la débauche d'énergie de Napoléon pour réorganiser une Grande Armée mise à mal par la stratégie défensive que dictent les évènements. Page après page, ses capacités à organiser, distribuer, donner des réponses simples à des problèmes toujours plus complexes forcent l'admiration. Mais il ne peut ignorer les failles de l'Empire : alors même qu'il se trouve en prise directe avec les chefs de corps d'armée et les oppositions intérieures, les alliés d'hier tournent le dos à la puissance française en décadence. Dans ce contexte de mise en défense générale de l'Empire dont la bataille de Leipzig est le point culminant,  Napoléon ne trouve aucun soutien auprès du clan Bonaparte qui se fissure. Parmi les lettres et notes consacrées à la chose militaire, on découvre dans ce quatorzième volume de la correspondance de Napoléon des sujets autrement plus légers, comme les poèmes du roi de Rome ou les gratifications des acteurs de la Comédie française. Si par l'optimisme dont il fait montre l'empereur donne l'illusion d'être encore maître des évènements, ses ennemis ne s'y trompent pas. Après vingt années de conflits et de domination, l'Empire et Napoléon sont au bord du gouffre.

10/2017

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Littérature française

Petit Louis - Un adolescent pris dans la tourmente révolutionnaire

Ce livre relate le parcours "initiatique" dans la bretagne du 18ème siècle, refusant l'évolution, mais aspirant à plus de justice, d'un de ces cadets de familles nombreuses : un adolescent qui était condamné dès sa naissance à n'être "qu'un homme de rien" n'ayant comme seul avenir... possible marin ou homme de peine (journalier ou ouvrier) au sein d'un monde de non-droit, voire au mieux devenir domestique chez un noble ou un bourgeois. Un adolescent ayant assisté à l'éveil des esprits pour l'avènement d'une "Révolution Bourgeoise" voulue par les provinciaux ayant porté au pouvoir le parti "des Girondins" et qui confrontés au coup de force des Sans-culottes de Paris (la Commune), portant au pouvoir Maximilien Robespierre et ses amis jacobins voulant le "beurre et l'argent du beurre" deviendront les fédéralistes rejoignant la contre-Révolution et souvent l'Armée catholique et royale pour une énième guerre franco-française. L'auteur nous rappelle les conséquences pour notre pays de l'opposition au zodiaque (aspect conflictuel) entre la planète Uranus (la politique, l'évolution) en Verseau et Pluton (la planète de la fin de la mort) en France (sous le signe du lion) où chacun sait que l'affrontement idéologique, le double langage a conduit à un triple génocide, celui de la noblesse et du clergé, les deux classes dominantes vivant pour cause de fiscalité et hérédité en parasites, celui des Vendéens c'est-à-dire toute la population de trois départements (rebelles car attachés à leur foi et traditions) et enfin de près de Cinq millions d'hommes obligés comme conscrits et volontaires de l'an II d'aller à l'abattoir sur les champs de bataille partout en Europe entre 1791 et 1815, soit 70 % des mâles français âgés de 16 à 55 ans afin d'exporter au début "l'idéal républicain" partout en Europe.

08/2018

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Sciences historiques

Robots tueurs. La guerre déshumanisée, les robots et drones autonomes visent zéro mort

De par leurs nombreux automatismes, les drones de combat et autres appareils pilotés à distance préfigurent l'arrivée d'engins robotisés autonomes létaux que les médias appellent "robots tueurs". Pourvus de la capacité à ouvrir le feu sans intervention humaine, ils suscitent une grande appréhension. Dotées d'intelligence artificielle, ces machines sont aptes à choisir et à décider d'elles-mêmes quelle cible détruire. Elles amalgament en une seule entité l'arme et son décideur — le combattant. Pourtant, des appareils automatiques aptes à détruire des cibles existent déjà — tels les systèmes anti-aériens — mais ils se contentent de réagir à des intrusions et non de prendre des décisions. N'étant doués de conscience, les robots tueurs ne peuvent être tenus pour responsables de leurs actes. Ils ne peuvent donc être jugés, ils doivent répondre à d'autres modes de régulation. L'autonomie des robots tueurs permet non seulement de transformer la conduite des opérations militaires, mais également le paradigme même de la guerre. Les conséquences sociales, voire morales de l'usage des robots tueurs sont loin d'être négligeables. Le chemin qui a mené aux robots tueurs fut long et difficile. Démarré dans les années 40, il s'est poursuivi avec constance et malgré des échecs répétés dans le cadre d'un objectif : automatiser la guerre. Ce projet se rapproche aujourd'hui de son terme. Une fois établie, l'automatisation du champ de bataille risque d'être irréversible. De par leur vitesse de décision, leur capacité d'accéder à de larges bases de données, leur absence d'émotion et leur statut de machines consommables, ces engins pourraient progressivement occuper un rôle central dans la conduite de la guerre. En établissant la généalogie des robots tueurs et en explorant leurs implications militaires, sociales et morales, cet ouvrage propose une compréhension globale d'un phénomène auquel chacun d'entre nous se doit de porter toute son attention.

10/2018

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Histoire de France

Héros oubliés. Les animaux dans la Grande Guerre, 2e édition

Chevaux, chiens, chats, vaches, ânes, pigeons... Lors de la Première Guerre mondiale, des millions d'animaux ont accompagné les combattants pour le meilleur et le pire. Les soldats ne sont pas les seuls à vivre, à souffrir et à mourir sur les champs de bataille : c'est aussi le sort de millions d'animaux. La guerre est, pour eux, le cruel miroir de celle des poilus tant bites et humains sont unis dans les tranchées. Des chiens sanitaires aux lourds chevaux de L'artillerie, des pigeons voyageurs aux chats qui nettoient les tranchées, l'armée ne peut se passer des animaux. Ils sont utilisés pour communiquer, monter le guet, transporter les troupes et tes canons, sauver les blessés... Mais il y a aussi les espèces dont le soldat se passerait bien et qui hantent sa vie quotidienne : rats, poux, mouches... Dans cette mobilisation, les chevaux sont mis à dure contribution. Pourtant, la Grande Guerre constitue un moment capital de rupture entre le chevalet l'homme : sous la contrainte du feu moderne, le soldat doit accepter de cesser de "faire corps" avec l'animal. A ce titre, les camions de la Voie sacrée et les chars d'assaut marquent la fin d'une époque. A l'issue du conflit, alors qu'ils ont été tellement présents - mime indispensables - dans les tranchées, les animaux deviennent les héros oubliés de cette terrible guerre. Malgré les services rendus, malgré la souffrance et la mort, aucun monument français ne leur rend hommage, aucun livre ne raconte leur terrible sort... Il faut attendre 1982 pour que Michael Morpurgo écrive le roman Cheval de guerre, adapté à l'écran en 2011 par Steven Spielberg. L'ouvrage de Jean-Michel Derex redonne sa place à l'animal et fait découvrir la Grande Guerre de manière complètement nouvelle : en racontant les liens profonds qui ont uni L'homme à l'animal dans l'horreur de ces quatre années de conflit.

12/2018

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Science-fiction

Martelin Tome 2 : L'héritier du miroir. Partie 1, La patience et la roublardise d'un jeu d'échec

L'apprenti sorcier Luckiel est envoyé pour récupérer Orianna et le miroir de l'enchanteresse PhénomaCordis. Une traque s'amorce, une bataille se prépare, mais pour quels enjeux ? Après tout, dans cette partie d'échecs où plusieurs joueurs veulent participer et changer la donne à leur avantage, Orianna n'est au fond qu'un simple appât. Le roi noir est prêt à tout pour garder la reine blanche hors-jeu et qu'elle ne puisse protéger Martelin. Ce dernier ignore encore qu'il vaut plus qu'une tour, un cavalier ou un fou, qu'il est en fait le roi blanc en personne. Que s'il tombe, la partie est terminée. Il n'est guère étonnant que les forces se rassemblent et concoctent une stratégie avant le début officiel d'un combat. Du côté des blancs, on fait tout pour garder un coup d'avance et préparer Martelin à survivre aux futures manoeuvres des noirs. Leurs adversaires tentent déjà de manipuler leurs pions pour conduire leurs proies dans leurs pièges, afin de les mettre en échec. Cependant, Luckiel hésite dans un rôle qui ne lui a jamais convenu et réfléchit sérieusement de quel côté, entre l'ombre et la lumière, il souhaite évoluer. Pour le plus grand plaisir des lecteurs du premier tome, l'auteure poursuit le cycle consacré à Martelin, un jeune humain adopté par des elfes promis à accomplir de grandes choses. A la fois récit initiatique et roman d'aventures, ce second tome accompagne l'intrépide protagoniste sur le chemin de son émancipation. Après avoir quitté sa famille pour suivre l'enseignement de son nouveau maître, ce prince des forêts doit affronter bien des épreuves avant de réaliser sa destinée : mettre à terre un tyran qui conquiert et étouffe année après année ce monde, à la manière d'un cancer. Donnant vie à un univers magique peuplé de monstres, de nains, de fées et de dragons, l'auteur, fidèle au genre du roman fantasy, imagine une épopée épique pleine de retournements et de péripéties.

07/2017

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Histoire ancienne

Brutus. La République jusqu'à la mort

"Toi aussi, mon fils..." C'est à ce cri de Jules César que Marcus Junius Brutus doit sa célébrité. Né vers 85 av. J.-C. , Brutus n'est pas le fils de César, mais celui de sa maîtresse Servilia. C'est un jeune homme brillant que le grand général a pris sous son aile protectrice, le pensant promis à un grand avenir. Pourtant, le 15 mars de l'an 44, Brutus est l'un de ceux qui percent de vingt-trois coups de poignards le corps de César. Les conjurés reprochent à celui qui vient d'être proclamé dictateur à vie d'avoir piétiné une République déjà moribonde au profit de sa toute-puissance. Pire, on le soupçonne de vouloir être fait roi. S'il n'est pas l'instigateur du complot, Brutus en a pris la tête, poussé par les Républicains, en raison de sa réputation d'homme vertueux et de grande rigueur morale. Mais, faute d'un projet élaboré, l'attentat se solde par un fiasco politique. Poursuivi par la haine de Marc Antoine, qui se pose en vengeur de César, Brutus choisit l'exil. Féru de philosophie, ami de Cicéron, Brutus n'aime ni la violence, ni la guerre. S'il fait couler le sang de César, c'est au nom d'un idéal de liberté et de justice. S'il lève des légions avec son complice Cassius, c'est dans l'espoir de rétablir la République d'antan. Mais c'est encore un échec. Brutus meurt en octobre 42 à la bataille de Philippes, défait par Marc Antoine et Octave, le futur empereur Auguste. En tuant César, Brutus a-t-il rendu service à Rome ? Rien n'est moins sûr si l'on en juge par les quinze années de désordre qui ont suivi son geste. Une histoire aux multiples rebondissements entre amitié et trahison, idéalisme et duplicité, que nous racontent Plutarque, Appien, Suétone, Dion Cassius, Nicolas de Damas et Cicéron.

02/2017

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Faits de société

J'ai choisi d'être libre

J'ai décidé d'écrire comme on livre un combat. Ce combat, je le mène en France depuis 2006, date à laquelle j'ai réussi à fuir le mouvement sectaire qui me détruisait peu à peu : le salafisme. Ce courant religieux fondamentaliste prône un retour à "l'islam des origines" et rejette les valeurs de notre République. Mon combat, longtemps mené dans l'ombre, est devenu public en 2015, le jour où j'ai publié deux photos de moi sur ma page Facebook. Sur la première, j'ai la vingtaine, je suis vêtue d'un immense voile noir, le jilbab, ma tenue habituelle. J'ai l'air perdu. Sur la deuxième photo, toute récente, je porte un pantalon et une petite veste élégante sur un tee-shirt. Je suis tête nue. J'ai l'air heureux. J'ai accompagné ces deux photos d'un long message : j'y explique mon ancienne vie de salafiste, et comment je me suis libérée de cette prison. J'ignorais alors que ces photos et ces écrits allaient chambouler ma petite vie tranquille. Ma page Facebook se mua en champ de bataille. Des milliers de personnes se l'appropriaient. La plupart utilisaient mes photos pour s'insurger contre l'extrémisme religieux et l'oppression des femmes, mais d'autres m'insultaient et me menaçaient. Alors, j'ai décidé de me raconter, sans fard et sans fioritures. De dire mon parcours, mes faiblesses, mes erreurs, mes joies et mes victoires. Parce que mon expérience du salafisme en France, mon voyage au coeur de l'enfer, est celui de trop nombreuses femmes, enfermées dans leurs voiles, niées dans leur féminité, victimes de la violence et de la perversité d'une organisation religieuse et sectaire qui les broie. C'est d'abord pour elles, ces femmes, mes soeurs, que j'écris, pour qu'elles sachent que la révolte est une solution et qu'il est possible de dénoncer l'hypocrisie et la brutalité qui animent trop souvent les défenseurs de ces intégrismes religieux.

11/2016

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Sciences historiques

Histoire des émotions. Tome 2, Des Lumières à la fin du XIXe siècle

Après le succès de l'Histoire du corps et de l'Histoire de la virilité, Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello dirigent cette très ambitieuse Histoire des émotions en trois volumes, héritière du programme des Annales, de l'histoire des mentalités et de celle des sensibilités, portée par les renouvellements historiographiques les plus récents. Elle réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers de l'histoire des émotions, toutes générations confondues. Ouverte par les Lumières, la séquence qui fait l'objet de ce deuxième volume, dirigé par Alain Corbin, fournit un chapitre très riche de l'histoire des émotions. Dès le milieu du XVIIIe siècle se dessinent des attentes nouvelles. La notion d'" âme sensible " émerge peu à peu. C'est le temps du journal intime et celui de l'émerveillement face au paysage. Un " moi météorologique " se fait jour, sensible aux aléas des phénomènes naturels. Dans ce siècle de la Révolution et des révolutions, la colère, la terreur, l'indignation côtoient l'exaltation, la joie, la ferveur ou la mélancolie sur la scène politique. De nouveaux rituels les expriment et leur donnent corps. Des barricades aux champs de bataille, des grandes chasses aux catastrophes naturelles, du romantisme à l'impressionnisme, des émois de l'orgasme à la vénération de la Vierge Marie, de multiples gammes des émotions sont ici mises en lumière. A l'extrême fin du XIXe siècle, des savants commencent à mesurer l'expression des émotions. La psychologie, peu à peu, s'impose. Professeur émérite à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, pionnier de l'histoire des sensibilités dont il a inventé et exploré les nouveaux territoires, Alain Corbin est l'auteur de nombreux ouvrages. Il a dirigé au Seuil : Histoire du corps et Histoire de la virilité (avec G. Vigarello et J.-J. Courtine). Avec les contributions de : Olivier Bara, Serge Briffaud, Anne Carol, Alain Corbin, Guillaume Cuchet, Michel Delon, Emmanuel Fureix, Corinne Legoy, Judith Lyon-Caen, Charles-François Mathis, Guillaume Mazeau, Hervé Mazurel, Anouchka Vasak, Sylvain Venayre, Agnès Walch.

10/2016

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Histoire de France

Abd El-Kader / Aumale. Identités meurtries

L'Emir Abd El-Kader (1808-1883), le duc d'Aumale (1822-1897) : des images nous viennent, faites de légendes, de mémoire collective, d'oeuvres picturales et photographiques ; ce sont deux figures idéalisées et souvent instrumentalisées. Deux hommes, ennemis sur le champ de bataille, qui ne se sont rencontrés qu'une seule fois et qui connurent chacun la gloire et l'exil ; ils en furent marqués à jamais. Deux guerriers, certes, mais pas seulement. Soumis aux tentations et sollicitations de la politique, ils firent le choix de devenir des humanistes brillants, dépassant le cadre de leur culture respective. En historienne, Thérèse Charles-Vallin n'ignore pas les sources anciennes et nombreuses, mais elle a consulté aussi les ouvrages de jeunes historiens, les études récentes qui permettent d'éclairer, loin des stéréotypes, les personnalités d'Abd El-Kader et d'Aumale et de leur rendre chair et substance. L'analyse "en miroir", spécifique de cette collection, montre que malgré l'époque tourmentée qui fut la leur, il y eut bien alors le jaillissement d'une véritable soif de dialogue entre deux civilisations, deux pays, deux peuples, deux "nations". Les tourments n'ont pas cessé, la soif n'est pas étanchée non plus. Cet ouvrage a le grand mérite de nous le faire profondément ressentir. Les lecteurs de biographies, en particulier les personnes intéressées par les rapports originels de l'Algérie et de la France, verrouillés souvent par une sorte de "prêt à penser le passé" à l'aune du présent, apprécieront de trouver ici une analyse sourcée et documentée, dans un style clair qui ne se perd pas dans les détails, et sait aussi émouvoir. Abd El-Kader et Aumale ont vécu tous les deux 75 ans et la toute dernière acquisition du duc d'Aumale pour ses collections fut un portrait d'Abd El-Kader que les lecteurs de cet ouvrage pourront aller contempler au Musée Condé à Chantilly, certainement avec un regard nouveau.

01/2017

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Actualité et médias

Ce qu'ils disent vraiment. Les politiques pris au mot

"Liberté", "laïcité", "sécurité", "peuple", "identité"... Les hommes politiques aiment les mots qui claquent ou qui clivent. Mais quel sens précis leur donnent-ils ? A l'aube d'une année électorale à hauts risques, et dans le contexte de montée du Front national et de menace terroriste accrue, il est urgent de clarifier le sens des mots du débat politique. Pour la première fois, une analyse scientifique décode la logique du discours des politiques qui se disputent l'élection présidentielle de 2017 – Marine Le Pen, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, etc.– et de ceux qu'ils ont peu à peu supplantés – François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé. A la croisée d'un monde ancien et d'un monde nouveau, c'est la capacité des politiques à lire le monde contemporain et à le dire qui est scrutée. L'auteur passe au crible plus de 1 300 textes – 2,5 millions de mots – écrits ou prononcés de 2014 à 2016 pour décrypter mots-clés, mots-fétiches et mots-tabous, et cartographier les positions de chacun et la reconfiguration du paysage politique. Cette enquête sémantique, stylistique et rhétorique dévoile derrière l'écume des petites phrases la structure profonde de la vision du monde des politiques. Que disent-ils ? Qui est "de gauche" et "de droite" à l'heure des concepts politiques élastiques ? Les "populismes" des deux bords se ressemblent-ils vraiment ? Et quels sont les angles morts de ces orateurs aguerris qui manient aussi bien silences et non-dits que slogans et mots d'ordre ? Plus que jamais, la bataille des idées passera par celle des mots. Et celui qui imposera son propre sens de la "laïcité" ou de la "République" aura remporté une victoire idéologique, au-delà même des résultats électoraux. Professeur de littérature à l'université Stanford et chercheuse associée au Cevipof à Sciences Po, Cécile Alduy est l'auteur au Seuil de Marine Le Pen prise aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste (2015).

01/2017

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Histoire de France

Dans les yeux des poilus (1914-1918). Des Flandres aux Vosges

« Mais qu'avons-nous fait pour mériter une chose pareille ? Quelles fautes devons-nous expier en ce bas monde ? » Avant de franchir le parapet de la tranchée pour monter à l'assaut, le soldat Paul Viriot, du 37e régiment d'infanterie, s'interroge. Combien de camarades vont être broyés lors de cette énième attaque ? Il se sent abandonné à lui-même, sans secours ni consolation. Un siècle plus tard, il demeure difficile de s'imaginer ce qu'ont vécu les poilus durant plus de quatre années. Contrairement aux récits officiels teintés de propagande et saturés de patriotisme, les jeunes hommes qui ont dû combattre n'ont pas été dans leur grande majorité des « bêtes de guerre » recherchant à tout prix une forme de gloire. Il n'y a qu'à parcourir leurs écrits pour mesurer à quel point ils étaient lucides. S'ils aimaient leur pays et la liberté, ils n'admettaient pas que leur existence soit sacrifiée dans des offensives stériles. Voici un ouvrage émouvant et authentique au fil duquel vous découvrez le quotidien d'hommes ordinaires plongés dans la première guerre moderne de l'humanité. L'auteur s'est attelé à rechercher des témoignages inédits afin d'illustrer son récit historique. Des Flandres aux Vosges, il vous fait partager le destin de poilus venus de tous les horizons - paysans, ouvriers et employés ; chefs d'entreprise ; poètes et écrivains comme Guillaume Apollinaire ou Charles Péguy - et vous emmène dans l'intimité des états-majors en vous faisant côtoyer les généraux Joffre, Foch, Pétain et bien d'autres encore… Sans la moindre censure, tous les aspects de la guerre sont abordés, de l'officier mal-aimé abattu par ses hommes sur le champ de bataille aux ordres impitoyables donnés pour empêcher une troupe de reculer face à la déferlante d'un assaut. Les yeux des poilus ont nourri la mémoire d'images et d'émotions, admirablement traduites dans leurs écrits, avec leurs mots et leur sensibilité.

09/2015

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Histoire de France

Ardennes 1944. Le va-tout de Hitler

Novembre 1944. La guerre semble perdue pour une Allemagne prise en étau entre les Russes sur la Vistule et les Alliés à sa frontière occidentale. Hitler se convainc qu'une contre-offensive éclair en Belgique pourra faire éclater la coalition anglo-américaine et lui donner le temps de déployer ses armes secrètes. Une concentration militaire de grande ampleur est organisée en secret dans les Ardennes belges, là où le front tenu par les Américains est le plus vulnérable. Le 16 décembre, sous la poussée inattendue et brutale de deux armées de panzers, le front est enfoncé sur cinquante kilomètres. Nombre d'unités américaines se replient en désordre, mais d'autres résistent héroïquement dans des températures qui tombent à moins 22 degrés avant Noël. Plusieurs unités américaines sont encerclées à Bastogne, alors que le mauvais temps empêche toute opération aérienne de ravitaillement ou de renfort. Froid glacial, pénurie de vivres, massacres de prisonniers, cadavres piégés, représailles contre les civils, combats rapprochés, amputations à la chaîne, snipers, 5e colonne : du 16 décembre 1944 au 4 février 1945, les Ardennes sont le théâtre d'une guerre totale qui mettra hors de combat 80000 soldats américains et sensiblement le même nombre du côté allemand. En pure perte. Ayant sacrifié ses meilleures unités et ses dernières réserves contre une armée dont il a gravement sous-estimé les ressources matérielles et morales, Hitler a joué son va-tout et perdu. Une fois de plus, Antony Beevor excelle à multiplier les points de vue. Son récit alterne en permanence entre les niveaux politique, stratégique, tactique et individuel. Nourri d'une documentation impressionnante, il nous fait vivre cette lutte à mort telle que la vécurent les états-majors, les officiers sur le terrain et les hommes du rang - des deux côtés -, sans oublier les civils, avec cette empathie dépourvue de jugement moral qui est sa marque de fabrique. Antony Beevor rend à cette bataille, l'une des plus féroces et des plus inutiles de la Seconde Guerre mondiale, sa juste place dans l'histoire terrible de ce conflit.

09/2015

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Poésie

Rose saignée. suivi de "L'étrange amour de Monsieur K." et "Eros saigne"

Cette oeuvre poétique publiée initialement en 1974 fut l'un des premiers textes portés par la toute jeune maison d'édition des femmes-Antoinette Fouque. Profondément novatrice, polymorphe et anticonformiste, elle trouve une résonance particulière auprès des jeunes générations féminines et féministes, avides d'apprendre de leurs aînées. Cette nouvelle édition est enrichie de deux textes inédits retraçant la genèse et les conditions d'écriture de cette fiction ainsi que sa réception dans les années 1970. De la mythique Istanbul à d'autres rivages, l'errance de plusieurs personnages compose la trame narrative de ce texte qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour " avoir un sexe ", être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, il faut mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère. L'écriture est alors perçue comme une tentative de vivre une rébellion de femme, exigeante et transgressive. " Ce texte poétique travaillé dans la violence et la douleur de l'érotisme et de la mort, apparenté en ses paroxysmes à l'univers de Bataille, zébré d'éclairs rimbaldiens et surréalistes, ce texte donc, de femme, mais blessé, mais stigmatisé par la nomination masculine, est comme irrigué par l'impertinence rutilante, manuscrite, déréglée, des sinuosités sur le vécu des règles, métaphore d'une traversée de "la mère rouge", voie "d'une seconde naissance ". Françoise Clédat Extrait " Je me soulève/les mots sont là, très existants/Je fais venir le temps/où tombant de douleur/les branches des grands arbres/une à une se détachent/(J'ai tard veillé dans la nuit longue/pour que sinueux les crocodiles/descendent aux mers englouties)/baisent mes mains, sucent ma peau/je picorais des vulves chaudes/sur ces rochers bouillants de cris/la peau de mes pieds durcissait/noircissait : /j'étais un bandit aux yeux clairs/(et Jésus-Christ se faisait femme) " X.G.

10/2022

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Histoire de la médecine

Allons médecins de la patrie.... Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire

Quel est le point commun entre la blouse verte de votre dentiste, un bouillon cube, des neuroleptiques, un auto-injecteur d'insuline, le BCG et l'IRM ? Toutes ces innovations sont nées de l'inventivité et de l'expérience de la médecine militaire. "Médecine" , "militaire" , les deux mots semblent en totale contradiction. Quand le militaire blesse ou tue, le médecin soigne et sauve. Mais le corps étant l'outil de travail du soldat, le réparer et le préserver s'est vite avéré essentiel. En 1708, Louis XIV crée le Service de santé des armées et les premiers hôpitaux militaires. Il imagine même un établissement de soins de suite : les Invalides. L'inventivité des chirurgiens, médecins, pharmaciens et dentistes militaires pour soigner les combattants permettra des avancées médicales majeures. Ils les transmettront au monde civil. Parfois de façon originale : ainsi, un chirurgien de marine, fort de son expérience des épidémies, interviendra dans l'urbanisation de la ville de Rochefort, et l'auto-injecteur bien connu des enfants allergiques naîtra dans les trousses de secours des soldats. Car la médecine militaire s'invite plus souvent qu'on ne le pense au chevet des civils. D'Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne et médecin de Charles IX, à Henri Laborit, découvreur des neuroleptiques, du "syndrome de stress post-traumatique" aux prothèses, de la kinésithérapie aux vaccins, en passant par les célèbres antibiotiques et les greffes de peau, l'auteur nous entraîne dans un voyage passionnant des champs de bataille aux hôpitaux. Après des études d'histoire, Elisabeth Segard s'est orientée vers l'information et la communication. Elle travaille comme journaliste à La Nouvelle République du Centre-Ouest. Auteur de plusieurs ouvrages, son livre Si fragiles et si forts, publié en 2021, a été le premier roman à présenter l'hôpital des Invalides au grand public. Il a été récompensé par le prix Srias Centre 2021.

02/2023

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Romans historiques

Avant d'être Belges

Août 1789. La lame de fond générée par la Révolution française provoque des remous jusqu'au coeur des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège. Celle-ci supporte de plus en plus mal l'absolutisme de son prince-évêque, ceux-là sont opprimés par le despotisme centralisateur de Joseph II... Inspiré d'une collection d'archives familiales, ce roman balaie la période 1789-1830, ces quarante années tumultueuses qui ont marqué la gestation de la Belgique. Il est subdivisé en trois parties : - Les Autrichiens – époque de Renier - Les Français – époque de Maximilien - Les Hollandais – époque de Nicolas. De la bataille de Ramillies qui a laissé des traces à la ferme de Morivaulx jusqu'à la révolution brabançonne de 1790, des soulèvements du peuple liégeois jusqu'à la victoire du général Dumouriez à Jemappes, de la déroute de ce dernier à Neerwinden au triomphe de l'impétueux général Jourdan à Fleurus, de l'annexion à la République française à la chute de l'Empire, de l'enfer de Waterloo aux journées de septembre 1830. Comment les populations de l'époque ont-elles vécu ces temps agités ? Dans le cas présent, comment trois générations de fermiers évoluant dans un univers clos, éloigné des villes importantes et des grandes voies de circulation, ont-elles appréhendé ces événements ? De quelle manière ces hommes ont-ils été informés, alors qu'ils ne disposaient d'aucun des moyens de communication que nous connaissons aujourd'hui, si ce n'est de quelques courroies de transmission aléatoires : récits de voyageurs, rumeurs et "on-dit" qui constituaient, pour ainsi dire, les seuls médias de l'époque ? D'éminents historiens ont analysé cette période avec brio. N'étant pas historien, mon propos ne se situait pas à ce niveau. En utilisant un autre angle de vue, j'ai tenté de répondre à ces questions en mettant en scène des "petites gens" dans le cadre de leur vie quotidienne qui fut, inévitablement, bouleversée par les événements dont ils furent les acteurs involontaires ou, à tout le moins, les spectateurs impuissants.

01/2021

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Policiers

Le mage du Rumorvan

On aurait dit que la Lune était rousse et que le soleil venait à peine de rejoindre l'autre hémisphère, quand tous les chiens du quartier se mirent à hurler à la mort. Un bien triste concert qui interrompit la nuit hivernale des habitants du petit village, mais des grognements et des gémissements exprimant un irrépressible effroi, avaient fait converger tous les regards dans le moindre recoin sombre. Ils sortaient tous de chez eux, jeunes et vieux se regroupant au cœur du bourg, les yeux rivés sur les nuages illuminés par un feu intense. Ils venaient de comprendre l'origine de ces cris inhumains qui donnaient cette impression unique d'apercevoir une esquisse de l'enfer. Lorsque cet événement exceptionnel arriva à l'Aber-Ildut, petit bourg aux confins de la Bretagne, les esprits des villageois façonnés par de vieilles légendes, surent que de terribles maux allaient les accabler bientôt. Le mage était mort. Assassiné. La rumeur circulera dès le lendemain, des murmures apeurés. Les langues se délieront bientôt, chaque villageois, convaincu de ce qu'il sait ou imagine. Et rien que du mauvais pour tous. L'inspecteur Lavigne va devoir comprendre leur personnalité, savoir ce qu'ils savent réellement. Qui avait intérêt à tuer le mage tant craint et respecté ? Quel en était le mobile ? Qui en voulait à ce point au rebouteux ? Solitaire et taciturne, l'inspecteur poursuivra auprès d'une population qui a toujours été effrayée par la personnalité de la victime, son côté sombre, une force obscure qu'il tirait du pouvoir de l'ombre. Qui ? Sa femme ? Sa maîtresse. Le contenu de ses livres, aussi anciens que secrets ? Lavigne va livrer une bataille muette, tenter de comprendre le contexte dans lequel vit ce bourg figé dans des croyances d'un passé qu'il croyait révolues. Et il ira de surprise en surprise, jusqu'à avoir peur de son ombre.

09/2009

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Histoire de France

Tempête à l'Est. L'infanterie berrichonne dans la campagne de France (mai-juin 1940)

En 1939, la France s'imaginait invincible. Les experts mondiaux, considérant le savoir faire acquis dans la Grande Guerre, estimaient que l'armée française étaient une des meilleures du monde, sinon la meilleure. Pourtant, en cinq semaines elle a vu ses illusions s'écrouler. Quelle était donc cette armée si puissante et si vulnérable ? Pour répondre à cette question, cet ouvrage relate chronologiquement, de la mobilisation à l'armistice, la vie, les mouvements, et les affrontements avec l'ennemi, de sept unités d'infanterie mobilisées à Bourges dans le Cher. Troupes de combat, de réservistes mais aussi de protection situées normalement à l'arrière-garde, ces unités n'en sont pas moins un échantillon représentatif de l'armée française présente sur les fronts des Ardennes, du Nord, de la Champagne et de la Lorraine en mai et juin 1940, période que l'on a coutume d'appeler la Campagne de France... A travers les plans de bataille, les cartes, les anecdotes, complétés par des informations sur la mobilisation, l'organisation des armées, l'équipement et l'armement, les nombreuses biographies, l'auteur explique et livre un bilan militaire et humain. Presque toutes les vieilles familles berrichonnes sont concernées par un père, un grand-père, un oncle, un parrain, un ami de la famille qui a servi dans l'une ou l'autre de ces unités. Mais les belligérants, avec pudeur, n'ont jamais relatés leurs épopées, laissant la place aux récits de la Résistance et de la Libération, plus glorieux. Pourtant, ils se sont bien battus ! Les vétérans n'ont pas eu toute la reconnaissance publique qu'ils méritaient. Beaucoup ont combattu avec courage, avec héroïsme pour certains, contre un ennemi supérieurement organisé, armé et endoctriné. La responsabilité de la déroute ne peut pas être imputée aux soldats. Lorsqu'ils furent bien commandés, ils furent aussi braves que leurs pères dans la guerre précédente.

01/2011

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Histoire littéraire

Barthes/Quignard. L'idée de littérature au tournant du XXIe siècle

Ce livre est pensé comme un exercice d'entrelecture qui croise les oeuvres de Roland Barthes (1915-1980) et de Pascal Quignard (1948). Il prend le parti de relier ces deux générations d'écrivain pour mettre en tension plusieurs enjeux théoriques qui, à l'échelle de la littérature française, ont convergé entre la fin du 20e siècle et le début du 21e siècle. Il s'intéresse plus particulièrement à ce courant d'auteurs qui a choisi de maintenir, dans les marges d'une écriture littérairement assumée, une forte ambition spéculative. L'ouvrage met alors au jour les différents arguments qui sous-tendent cette ressaisie des savoirs par la littérature. La question qui l'anime est d'ordre généalogique : il cherche à comprendre ce que la " littérarisation " des formes du discours savant (philosophie, anthropologie, psychanalyse, philologie, etc.) peut nous dire, en retour, de l'idée que la littérature se fait d'elle-même. Il montre ainsi combien cette revendication d'un savoir de la littérature tient à la fois de la fierté et de la résistance : de plus en plus contestée dans sa capacité à formuler des vérités, la littérature entend faire de sa relégation symbolique le lieu même d'une réaffirmation statutaire. A chacun des chapitres correspond alors un faisceau de problématiques que l'on retrouve au carrefour des oeuvres de Barthes et de Quignard : la concurrence des sciences et des lettres, la résurgence de la rhétorique dans la pensée littéraire, la mise en scène de la figure du " lettré ", la spectacularisation du rapport affecté au langage, la marginalisation héroïque de l'écrivain. De la revue Tel Quel aux Cahiers de L'Ephémère, de Bataille à Derrida, en passant par Rousseau et Lévi-Strauss, ce livre s'inscrit dans le jeu brouillé des généalogies pour retisser des solidarités inédites. A rebours d'une pensée de la fin de la littérature, il retrace l'histoire d'un certain " orgueil " de la littérature, symptomatique – lui aussi – du dernier tournant de siècle.

03/2021

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Critique littéraire

Le bruit d'Iris

Ce recueil d'essais sur des textes de Sade, Nerval, Villiers, Mallarmé, Claudel, Bataille, Sarraute, Derrida, Cixous, Deguy, est exempt de toute prétention "scientifique". Seul l'organise un effort d'infiltration lente de l'écrit. Roland Barthes, s'adressant à l'auteur dans sa préface, résume l'entreprise en ces termes : "La novation théorique que vous apportez, c'est de faire comprendre que l'excès (de lecture) ne désigne pas un trop-plein quantitatif, mais une modification du rythme, du débit (de l'oeil-bouche), c'est-à-dire du tempo (votre théorie est proprement musicale). D'où les images (chez vous) qui disent l'excès de lecture : la battue du texte, le ressassement, l'acharnement, l'attardement, le soutenu, la lenteur. Nous découvrons alors que le tempo est l'enjeu même de toute théorie et de toute histoire de la lecture. Le classicisme (au sens très large du terme), dont nous vivons encore, a établi une norme du débit de lecture, un rythme optimal que l'on doit imprimer à l'oeil-intelligence qui lit, en deçà ou au-delà duquel il n'y a que démence et non-sens. Pascal a formulé cette Loi de lecture ("Quand on lit trop vite ou trop doucement, on n'entend rien"), et l'a développée à propos de la peinture : "Ainsi les tableaux vus de trop loin et de trop près. Et il n'y a qu'un point indivisible qui soit le véritable lieu, les autres sont trop près, trop loin, trop haut ou trop bas. La perspective l'assigne dans l'art de la peinture." Le texte, lui aussi, nous le lisons selon une "perspective" toute classique : nous ajustons le débit de notre lecture à l'impératif de la figuration (idéelle, émotive, narrative). Et c'est là que vous intervenez : vous ruinez la contrainte d'une perspective "normale" ; vous faites Fleur le texte ce qui se fait en peinture depuis le début du siècle."

01/1979

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Histoire de la philosophie

L’Énigme de la philosophie grecque

L'ouvrage ici présenté ne prétend pas constituer une histoire de plus de la philosophie grecque. Pour tenter d'en résoudre l'énigme, il propose une histoire à deux caractéristiques typiques : 1) elle est gouvernée, des premiers Milésiens jusqu'aux Néo-platoniciens tardifs, par une idée qui sert de trame. Autrement dit, ce n'est pas le récit d'une évolution des systèmes sur un mode paisiblement chronologique, mais l'illustration d'une formidable guerre dans la pensée, d'un "combat de géants" que j'ai déjà évoqué dans d'autres ouvrages, et qui demande d'interroger le fait majeur d'un "virage dans la pensée" dont l'Occident provient ; 2) cet aspect polémologique de la première philosophie m'a semblé reposer sur un changement de paradigme : on serait passé d'une pensée-mouvement, ambiguë, s'intéressant non pas aux êtres et aux choses, mais à l'intervalle ou l'interstice entre ces entités, et voyant dans cet intervalle le mouvement vif de la réalité et le gage paradoxal de sa stabilité contrastée - à une pensée-substance, tenant les formes diverses (corps et en concepts), pour des réalités arrêtées et "absolues" , entre lesquelles nul partage n'existe que hiérarchique, les unes pleinement positives, vouées à prendre la direction des affaires, les autres traînant leur vie d'inférieures au service des premières. Je fais l'hypothèse que ce passage d'une pensée à un autre a laissé sa trace dans la forme "duel" du grec, dont on peut noter qu'elle disparaît en latin : ni "un" ni "deux" , mais l'unité duelle d'un conflit créateur, aucun des antagonistes n'ayant de raison de céder devant l'autre. La pensée grecque, sous sa forme crépitante, serait l'histoire de ce paradigme perdu et de la longue bataille qui en est résultée. L'ouvrage est destiné à tout public, excepté les notes en encadré, plus techniques

09/2022

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Littérature française

La Mère, la Sainte et la Putain. Lettre à Swann

" La Mère la Sainte et la Putain : ce sont les trois visages d'une femme qui raconte la gestation d'un enfant fait de mots, car ici, le texte est sa première mise au monde, avant l'être à venir . On suit toutes les étapes traversées par cette amazone libre, entre le moment où elle tombe amoureuse (l'errance puis la « chute d'organes, le cour tombé dans l'estomac ») et celui où elle va enfanter : ces étapes, ce sont les trois statuts du titre de ce bref roman en forme de cri, violemment imposés au corps féminin dans un monde décrit sans concession.« La faculté d'adaptation de la femelle humaine est un miracle de la nature. C'est à ce jour la seule espèce qui sait muter en quinze jours de prédateur à invertébré. »« Les mots naissent de l'inconfort, de la plaie, de là où ça fait mal. Les mots sont le hurlement de l'animal blessé, le cri du soldat pendant la bataille, le rugissement de la lionne affamée. Les mots ne surgissent pas de la tranquillité. »« Parce que les mots sont plus grands que la chair, parce qu'ils lui préexistent et qu'ils lui survivront, parce que l'odeur d'une peau ça s'oublie, et que les mots ça se relit. Parce que le souvenir se floute, quand les mots ont fixé pour toujours les contours des corps entre les draps. »« La mère porte le fils de l'homme, la sainte lave les péchés. La putain baise la lie de l'humanité. Puis est venue Marie-Madeleine, qui a sanctifié le métier. Depuis elle, les putains jouent les infirmières, essuient les pieds de Jésus condamné, sèchent les larmes, noient dans leur ventre le mal de vivre, les vices et la fureur, consolent le cour des amants empoisonnés. Les putains appartiennent aux hommes, mais ne portent pas leur descendance. À elles la douleur du monde, aux autres celles d'enfanter. »"