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Littérature française

Passionnément... Je t'aime

" Toute petite déjà, je menais une double vie. La vraie vie, je ne la supportais pas. Je la voyais comme une mare de boue dans laquelle on se débat, avec des gens tout autour qui vous tendent la main. Mais ils sont toujours trop loin, même en semblant tout près, même quand ils vous effleurent des doigts. C'est affreux de se noyer quand même, avec quelqu'un qui vous touche et, pire encore peut-être qui vous aime. Bien terrorisée par les faits d'ici-bas, en particulier par l'amour, j'aurais pas survécu si j'avais pas mené une existence parallèle, dans un genre d'au-delà où tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. " Ce livre est l'histoire d'une orpheline qui grandit hantée par la peur de perdre. Entre son frère Hector à qui elle porte une tendresse quasi incestueuse et sa grand-mère, Mamou, qui entretient la légende familiale, elle vit tournée vers le ciel où ses parents disparus incarnent la figure du Grand Amour, celui où l'on meurt main dans la main. C'est décidé : elle n'en vivra pas d'autres. L'héroïne mène une existence d'apparence normale, mais se réfugie dans les livres où elle continue de puiser son dédain pour les petites histoires sentimentales de la réalité. Jusqu'au jour où l'improbable rencontre d'un homme l'arrache à son indifférence et les entraîne tous deux dans une passion au bord de la folie et de la violence. Passionnément... Je t'aime est le roman d'un enfermement, aussi bien psychologique et volontaire que carcéral et subi. Il décrit une existence " hors la vie ", en marge de notre monde. C'est aussi un formidable texte sur le pouvoir à la fois créateur et dévastateur du sentiment amoureux.

06/2000

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Critique littéraire

Claris et Laris

Composé dans la deuxième moitié du XIIIe siècle par un auteur anonyme, Clans et tao est l'un des plus longs romans arthuriens en vers du Moyen Age. Deux jeunes gascons se rendent à la cour de Bretagne pour y faire leurs armes et ils y insufflent leur énergie, leur enthousiasme et leur pureté. Au contact de ces hommes unis par une amitié exceptionnelle, le roi Arthur et les compagnons de la Table Ronde retrouvent la fougue des grands conquérants, la solidarité des pugnatores, la volonté d'unir leurs forces pour lutter contre le Mal. La gémellité des héros est soulignée par le parallélisme de leur itinéraire chevaleresque et sentimental. Claris épouse la reine Lidaine, sœur de Laris, avant de devenir roi de Gascogne et d'Espagne. Laris s'unit à Marine, la sœur d'Yvain, puis il est couronné roi du Danemark et d'Allemagne. De nombreuses péripéties retardent ce dénouement heureux. En compagnie des chevaliers de la Table Ronde, les protagonistes participent à de grands tournois, des guerres terribles et de longues quêtes aventureuses où ils affrontent les ennemis d'Arthur et des entités surnaturelles comme la fée Madoine, éprise de Laris jusqu'à la folie. L'amour, les exploits guerriers et la merveille se mêlent tout au long de ce texte qui entend pérenniser les motifs et les personnages arthuriens dans une sorte de somme romanesque, d'œuvre reliquaire où le poète réactualise habilement chanson de geste, historiographie, romans antiques, contes arthuriens en vers ou en prose et récits folkloriques. Claris et Laris n'en reste pas moins foncièrement original car le poète prend le parti de nier le déclin du royaume d'Arthur décrit dans les œuvres de ses contemporains et il élabore autour du roi breton un nouveau mythe chevaleresque destiné à résister au temps, à l'oubli et à la mort.

05/2007

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Policiers

L'appel de Satan

Des rituels étranges, des meurtres sataniques, des infanticides, des individus crucifiés… une vague de crimes sans précédentsubmerge les cinq continents. Le Vatican dépêche Pierre, l'un de ses théologiens, auprès d'Antonio Alonzo, lieutenant de police chevronné, afin de comprendre la folie qui s'empare de l'humanité. L'enquête va les plonger dans les ténèbres d'écrits antédiluviens et les mettre sur la piste d'un ennemi dont l'ombre menaçante plane au-dessus d'eux et dont personne n'ose prononcer le nom… Un livre digne des grands polars américains, made in France. Une action qui défile à pleine vitesse, entrecoupée de rebondissements à même de tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page, le tout, pour une grande partie, dans l'Hexagone. L'idée d'associer un policier sur la pente descente, et un prêtre dont la foi n'aveugle pas son sens de la déduction, permet à l'auteur d'explorer des voies nouvelles. Les personnages secondaires ne sont pas oubliés, une palette de tempéraments différents, mais dont on apprécie la présence forte. Certains réservent leur lot de surprises au lecteur, offrant au roman ce constant mouvement, servi par une écriture vive et ciselée. L'autre idée forte du roman est cette trame parallèle qui traverse l'histoire et trouve sa cohérence dans l'époque contemporaine. On y découvre de grands hommes confrontés à un choix cornélien. Et que dire de la fin, succession de rebondissements qui laissera le lecteur bouche bée ! Un roman qui n'a rien à envier au standard du genre et dont vous n'oublierez pas de si tôt le titre. Àl'occasion du 4e centenaire des archives secrètes du Vatican, un roman qui vous entraînera dans les arcanes d'un mythe devenu réalité.

05/2012

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Policiers

Ange maudit

Dans la maison d'Herberay les invités sont rares, mais ils restent longtemps. Très longtemps. Les gens du coin murmurent parfois qu'une étrangère est entrée dans l'obscurité des bois qui gardent le domaine. Mais nul ne l'a jamais vue repartir. Automne 1883. Le peintre Mathias Yequel a accepté de venir travailler à Herberay. En ce lieu isolé, le jeune artiste parisien espère vaincre sa dépendance à l'absinthe qui le pousse vers la folie. Pourtant, dans l'ancienne demeure d'Herberay où les découvertes étranges s'enchaînent, il lui semble plus que jamais perdre la raison. La vieille maîtresse des lieux exerce sur lui une fascination surnaturelle qui l'envoûte et l'effraie tout à la fois. Il se demande encore ce qu'elle attend vraiment de lui quand on le présente à l'enfant aux yeux blancs, enveloppé d'une aura de puissance, inséparable de sa flûte dont les sons serpentent autour de lui. À l'incompréhension de Mathias s'ajoute le poids grandissant d'une menace. Contre sa souffrance, contre le danger qui s'affirme, peut-il vraiment compter sur l'aide de cette drôle de fille tombée amoureuse de lui au premier regard ? Paule a l'air prête à tout pour défendre cet homme qu'elle n'a rencontré qu'une fois, dans le magasin de son père. Mystérieusement, elle semble protégée des dangers qui émanent du domaine... Mais jusqu'à quel point peut-elle défier la vieille et l'enfant sans que, sur elle aussi, se referment les grilles d'Herberay ? Avec Ange maudit, Frédéric Merchadou nous montre que l'apparente tranquillité d'un bourg rural à la Flaubert peut cacher bien des terreurs. Un roman porté par une écriture impeccable, un découpage maîtrisé et une atmosphère sombre et raffinée, et qui vous réserve de beaux frissons.

02/2012

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Littérature française

Les latrines

"Les latrines", vaste plongée dans les bas-fonds de Port-au-Prince, est une grande aventure. De celles qui n'arrivent qu'une fois tous les dix ans chez un éditeur. Le talent est bouleversant. Comment écrire absolument quand on ne sait qu'écrire ? S'inventer alors sa propre mythologie, en faisant de la vie un acte de parole. Makenzy Orcel a compris qu'il ne faut pas y aller par quatre chemins. Il dessine ses fantômes. Le reste, ce sont des phases qui vont et reviennent comme une toupie. Ce roman est une fête du langage. Un parti pris de la jouissance alors que manque terriblement la jouissance. Des radoteurs sur la Place d'armes délient leur langue. Sous l'arbre à palabres, tout se raconte. La parole naît des latrines, se propage à la vitesse de la lumière et tourne dans la spirale du quotidien. Des dizaines de voix se lèvent, se racontent dans le vent. Dans ces lieux délabrés où la misère fait rage, les humbles partagent leur folie, leurs désirs et leurs secrets. Histoire d'un lieu et de ses ailleurs, mais aussi histoire des gens simples, dans l'urgence des gestes. "Les latrines" a été un pari audacieux pour Makenzy Orcel : "J'ai toujours rêvé d'écrire sur l'endroit où je suis né, alors j'ai décidé d'écrire sur les latrines, c'était difficile au début, je me demandais comment écrire sur les latrines sans se jeter soi-même dans la merde". Célébration de la vie. Célébration de la parole. Et on reste médusé devant l'exigence d'un regard qui sait aller au fond de la plaie. Makenzy Orcel nous rappelle que l'écriture est d'abord magie.

03/2012

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Littérature étrangère

La mort comme effet secondaire

Divorcé, Ernesto (Eni) Kollody vit dans un Buenos Aires en état de siège et en quasi-anarchie. La police est impuissante, les riches circulent en voitures blindées et vivent en communautés fermées. Les caméras de télévision pullulent, la vie et la mort sont avant tout un spectacle. Son père, patriarche tyrannique, atteint d'un cancer, est interné dans une " maison de réhabilitation " où tout est fait pour prolonger son agonie : le garder en vie, autant que possible, au-delà de la douleur et de la souffrance, tel est l'objectif inavouable de ces nouvelles entreprises privées florissantes. Ernesto décide de le sortir de là, coûte que coûte. Avec l'aide d'un transsexuel célèbre, d'un cinéaste milliardaire en panne d'inspiration, malgré l'amour pour une femme qui le consume de l'intérieur, à côté de voisins homosexuels dont l'un meurt violemment, sa route le mènera à une communauté de vieillards esclavagistes. Le rire de son père est autant la musique de fond de sa tragique existence que la rythmique du roman, la folie de sa mère est une mélopée, les tromperies de Margot sont les croches, l'impuissance de sa soeur sont les bémols... Eni est maquilleur, il fabrique des masques de vies : " Maquillage de vieillards à l'occasion des fêtes de famille, maquillage de poupées pour gamines de riches ou pour célibataires endurcis et même, maquillage de cadavres pour les cérémonies funéraires. " Mais ce qu'il souhaite, c'est changer de planète comme l'on espère changer la face du monde. Ana Maria Shua explore les limites d'une société sans futur, où vie et mort ne sont que des effets secondaires, et où chaque être, fort ou fragile, habille son geste d'émotion et de cruauté : un livre tendre et féroce, pour aujourd'hui et demain.

03/2013

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Science-fiction

Le livre des jours. A la recherche...

Le Livre des Jours, où sont consignés le passé, le présent et le futur de chaque être humain. Certains affirment que c'est une fable. D'autres sont convaincus qu'il existe vraiment, caché quelque part sur terre. Pour Cameron Vaux, le trouver est une question de vie ou de mort. "Quand tu commenceras à perdre la mémoire, cherche le Livre des Jours". Ce sont les dernières paroles de son père avant de mourir. Cameron n'y prête pas attention. Perdre la mémoire ? Il n'a que vingt-cinq ans. Chercher un livre qui n'existe pas ? De la folie ! Son père est malade et ne sait plus ce qu'il dit. Mais voilà que huit ans après la mort de son père, Cameron se rend compte que sa mémoire s'effrite. Des pans entiers de sa vie oubliés. Même certains souvenirs qu'il avait de sa femme, tuée deux ans plus tôt dans le crash de son petit avion, ont disparu. Se pourrait-il ? La prédiction étrange de son père serait-elle en train de se réaliser ? Désespéré, Cameron décide d'accéder à la dernière volonté de son père : chercher le Livre des Jours. Mais quand sa piste le mène jusqu'à la petite ville de Three Peaks dans l'Oregon, il se rend compte que les habitants, chaleureux au premier contact, deviennent de glace dès qu'il mentionne le Livre et semblent dissimuler de sombres secrets. Engagé dans une véritable course contre la montre avec sa mémoire, Cameron découvre que derrière de prétendus amis peuvent se cacher des ennemis redoutables. Mais la personne avec laquelle il s'entend le moins pourrait devenir son alliée la plus précieuse. D'autres convoitent le Livre. Des hommes qui ne reculeront devant rien pour se l'approprier. Et ils sont plus proches que Cameron ne le pense...

06/2012

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Psychologie, psychanalyse

Psychanalyse des enfants séparés. Etudes cliniques (1952-1986)

"Médecin des hôpitaux, pédiatre, neuropsychiatre, psychanalyste, membre fondateur de l'Ecole freudienne de Paris, Jenny Aubry (1903-1987) fut la première en France à s'intéresser au destin des très jeunes enfants séparés de leurs familles. Dès 1946, elle avait eu conscience de l'effet désastreux de la carence de soins maternels en prenant la direction d'un dépôt de l'Assistance publique - la Fondation Parent de Rosan - où étaient hébergés soixante enfants fort bien traités par des infirmières qui ne s'occupaient que de leur santé et de la propreté des lieux. Privés de parole, d'affect et de désir, ils poussaient des grognements, demeuraient immobiles des heures durant, léchaient les barreaux de leurs lits ou s'arrachaient les cheveux. Jenny Aubry démontra que ces enfants souffraient de problèmes psychiques qui les condamnaient à la délinquance, à l'autisme ou à la folie. Il fallait donc mener avec eux un travail de psychothérapie précoce, seul capable de les sauver de l'enfermement dans le silence et le néant. L'idée était nouvelle et subversive. Elle s'est imposée aujourd'hui dans toutes les institutions hospitalières. En 1963, poursuivant sa lutte en faveur des enfants séparés, Jenny Aubry créa, à l'hôpital des Enfants-Malades, la première consultation de psychanalyse dans un service de pédiatrie. J'ai réuni ici les principales études cliniques réalisées par Jenny Aubry entre 1952 et 1986, et destinées aux praticiens de l'enfance en détresse: psychologues, éducateurs, assistantes sociales, médecins, psychiatres. Rédigées dans un style incisif portées par une souveraine espérance, elles témoignent que pour l'enfant, même atteint des pires blessures de l'âme et du corps, rien n'est jamais joué d'avance". Elisabeth Roudinesco

10/2010

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Cinéma

Le cinéma d'Akira Kurosawa

Le cinéma d'Akira Kurosawa : une oeuvre d'une rare violence, ne reculant pas devant la brutalité. Pour le comprendre, Alain Bonfand n'a pas hésité à transposer dans son écriture ce que ce cinéma comporte de folie. Le tissu même de son Livre communique au lecteur, en l'incarnant, la sauvagerie de la gestuelle et du montage de ce cinéaste. Que l'on soit ou non connaisseur de Kurosawa, le texte de Bonfand dégage une extraordinaire autorité. Le savoir n'est pas mis en avant pour lui-même, quoique une évidente familiarité avec la culture japonaise entre ici pour beaucoup dans le sentiment de justesse des analyses. Mais l'essentiel est une étonnante lecture en profondeur, qui fait vivre tout autrement ce cinéma qui n'a souvent été apprécié que pour les plus mauvaises raisons. La construction du livre est limpide. Chaque partie gravite autour d'un centre : la figure, le motif, le phénomène, l'immontrable, la théorie des genres, la magnifique intuition, surtout, de "ce qui aveugle". La guerre est associée au thème surprenant de la "maladie de la terre"; le kamikaze ("vent divin"), à la tuberculose, si importante chez Kurosawa ; l'aveuglement, à la mort et à l'impossible, bien sûr, mais aussi à cent motifs particuliers. Cette pratique à la fois soutenue et légère de l'analyse, ces démonstrations économiques et concrètes de ce que c'est qu'une mise en scène orientée par une puissance figurative libérée de la thématisation, proposent pour finir une thèse fondamentale : l'idée esthétique donne plus que le concept. Il est exceptionnel qu'une monographie d'auteur se situe à ce niveau de pensée, d'écriture et de charme. C'est une expérience emballante, qui donne la sensation d'être emporté "sur un balai de sorcière".

05/2011

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Littérature française

La Prière de l'absent ; L'Enfant de sable ; La Nuit sacrée ; Les Yeux baissés ; La Nuit de l'erreur

L'oeuvre de Tahar Ben Jelloun, peuplée d'errants de toutes sortes, peut se lire comme une vaste quête initiatique. Elle touche des publics universels: un éclat dont il faut rechercher l'origine dans une forme romanesque héritée de la littérature arabe classique, mais au fond tout à fait singulière. Ici, les charmes et les embuscades du conte à l'orientale conduisent le lecteur vers des contrées dont il ne soupçonne guère le danger. Enfance saccagée, folie et sagesse, désir et cruauté, malentendu de l'homme et de la femme. Un seul sujet: la violence de la vie. Ce recueil rassemble cinq romans importants, dont l'unité est évidente. Cinq histoires où il sera question d'un enfant mal né, ballotté, nié dans son corps. Jamais d'enfance heureuse. Le premier d'entre eux est retrouvé abandonné au milieu des tombes du cimetière de Fès, dans La Prière de l'absent. Cette découverte conduira deux vagabonds sur les traces d'un héros de la résistance marocaine. Dans L'Enfant de sable, un père de famille vit dans la honte de ne pas avoir d'héritier mâle, et décide que le prochain, quel qu'il soit, s'appellera Ahmed. L'enfant naît: c'est une fille. Qu'importe, elle sera élevée dans l'ignorance de son propre sexe. Nous la retrouvons dans La Nuit sacrée. C'est désormais une vieille dame. Elle aura dû attendre ses vingt ans pour que son père la reconnaisse comme femme. Avec Les Yeux baissés, une autre jeune fille doit s'arracher à la sécurité de son village pour suivre sa famille à Paris. Quant à Zina, l'héroïne de La Nuit de l'erreur, sa seule faute est d'avoir été conçue la nuit où mourait son grand-père. Frappée par le sort, elle se vengera des hommes par une séduction empoisonnée.

05/2010

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Histoire internationale

A la frontière. La question des "mariages mixtes" durant la persécution antijuive en Italie et en Europe (1935-1945)

Pour les fascistes, le problème des " mariages mixtes " (entre juif et " aryen ") et de leur descendance, a été - dès les premières lois raciales et jusqu'à la fin de la guerre - particulièrement épineux car il leur imposait de distinguer nettement le non-juif du juif afin d'en déduire qui méritait ou non de vivre. Au delà de l'intérêt historique qu'il présente, cet aspect peu connu des idéologies racistes met bien en évidence le caractère délirant de celles-ci. Cela ressort en premier lieu des textes législatifs de divers états européens, ici analysés en détail, mais aussi des innombrables conférences, débats, échanges de lettres au sein des administrations qui se sont évertuées à résoudre cette insoluble question. La correspondance diplomatique révèle aussi le manque de fermeté des positions du Vatican par rapport aux projets de lois raciales, en Italie et en France, et l'heureuse surprise que cela constitua pour les fascistes. Outre la folie des lois, c'est aussi l'arbitraire de leur application - en Italie, en Allemagne et dans les pays occupés - qui est traitée avec une sobre rigueur. Des exemples bien choisis montrent l'extrême diversité du sort réservé aux victimes, grâce à des documents souvent inédits, toujours émouvants. Les lettres des prisonniers à leurs proches mettent en lumière leur dignité dans l'épreuve, tandis que la correspondance officielle dévoile l'acharnement méthodique des administrations, le zèle dans le crime des subalternes, la veulerie de beaucoup et le courage de quelques-uns. C'est dans la mémoire du sort tragique de leur propre mère, morte en déportation, que les auteurs ont puisé la force de cette vaste enquête menée de l'Italie à la France et à l'Allemagne, jusqu'aux rivages de la Baltique.

04/2006

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Littérature française

Signé Parpot

Monsieur le directeur, J'ai faim et froid, je n'ai pas d'argent, je suis logé très modestement dans un appartement et je n'arrive pas à me nourrir et à me vêtir, j'aime une fille qui s'appelle Claudine Courvoisier que j'ai rencontrée aux cours du CNAM en novembre 1990 et qui n'a pas voulu me fréquenter parce que je ne travaillais pas et que je n'avais pas d'argent. Je suis vierge et je n'ai jamais eu de rapports intimes avec les femmes, et malheureux maintenant, je ne veux plus jamais d'autres femmes car j'aime à la folie cette jeune fille Claudine Courvoisier de novembre 1990. Je n'ai jamais vécu par manque d'argent et manque de travail, l'important serait que je puisse au moins avoir ma femme Claudine car dans la vie, c'est important d'avoir sa femme qui serait Claudine Courvoisier de novembre 1990, mon épouse pour la vie. Signé Parpot et Un Amour de Parpot, respectivement parus en 1994 et 1996, par leur manière très particulière, franchement cocasse, de s'intéresser aux dérapages obsessionnels de l'humaine condition, révélaient un rare écrivain. Au sujet d'Un Amour de Parpot, André Comte-Sponville pouvait écrire dans L'Express : " J'ignore tout de l'auteur, sauf ceci : il vient d'écrire un livre improbable et réussi, à la fois émouvant et cocasse, original, aussi singulier qu'universel ". Autant de traits que le lecteur trouvait déjà dans le premier livre d'Alain Monnier, aujourd'hui réédité. Roman noir épistolaire, d'autant plus subtilement orchestré que sans narrateur, Signé Parpot est donc à redécouvrir à l'heure où le dernier ouvrage d'Alain Monnier, Les Ombres d'Hannah, démontre l'étonnante capacité de cet écrivain à se renouveler à chaque livre.

08/1999

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Romans de terroir

Le jeune amour

" Pour une certaine raison, il est assez content. Il a un béguin, qui lui tient chaud au cœur, bien que peu avouable. Il aime une femme mariée. rêve d'elle toutes les nuits et ne l'oublie pas le jour. Certains soirs, il songe à sa belle et à la mort. Les Russes ont la bombe atomique depuis un an, la guerre vient d'éclater en Corée. Elle risque de devenir mondiale et de s'achever sous un déluge de feu qui n'épargnera personne. Il se dit, et il n'est pas le seul, qu'il aimerait bien connaître l'amour avant d'être changé en fumée. " 1950, Saint-Veillant, Dordogne. Gil Jallas, beau garçon de dix-sept ans, a l'esprit et les sens aiguisés. Il rêve d'entrer à l'université et de devenir un grand écrivain. Las, la réalité n'est pas un rêve. En guise d'écriture, sitôt décrochée la première partie de son bac, c'est à celle de la perception qu'il va devoir s'atteler. Plongé au cœur des rumeurs et des secrets inavouables du bourg qu'attise encore la mémoire de la guerre toute proche, le futur romancier met au jour les vérités humaines pas toujours reluisantes. La découverte des femmes, les belles comme les moins belles, se révèle le plus sûr remède pour oublier les noirs et les gris de l'existence... Se retournant sur une longue vie de romancier, Michel Jeury nous offre là un roman d'initiation autant qu'un roman de mémoire, habité encore par la fraîcheur de sa propre jeunesse. Un hymne tendre et lucide aux enchantements de la vie malgré l'éternelle et terrible folie des hommes.

04/2006

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Romans historiques

Capitaines des Ténèbres

En 1898, la mission " Afrique centrale " part planter le drapeau tricolore sur les bords du lac Tchad. L'affaire Dreyfus agite les esprits, on a rogné sur les crédits. Pour le ministère des Colonies, une poignée de tirailleurs et quelques spahis doivent suffire à traverser la moitié de l'Afrique. En réalité, il faudra recruter plusieurs centaines d'irréguliers qui se paieront sur la bête, et réquisitionner près de mille porteurs en chemin. Cela n'effraie pas Paul Voulet et Julien Chanoine, les deux capitaines qui conduisent la colonne. Ils sont jeunes et ambitieux. En période de paix, il faut du temps et bien des intrigues pour obtenir un galon supplémentaire, surtout quand on est, comme Voulet, sorti de rang. Ensemble, ils rêvent de bâtir un empire blanc au cœur de l'Afrique. Voulet, familier du continent, prompt à l'action, commande avec l'exaltation des pionniers. L'Afrique est son sésame. Mais il part la mort dans l'âme : Josefa, la femme qui lui a enseigné le véritable amour, a repris sa liberté. Chanoine son adjoint, fils de général et Saint-Cyrien, tel un mauvais génie, comprend quel parti tirer de ce chagrin. Dépassés par l'envergure de leur mission, les deux hommes luttent contre la terre rouge d'Afrique, qui les fascine et les prend dans sa tourmente. Peu à peu, Voulet se réfugie dans la mégalomanie. Pillages, incendies et massacres se multiplient. Et la rumeur de ces exactions finit par atteindre les autorités militaires françaises. Un drame se prépare. A partir de cet épisode peu glorieux, tragiquement célèbre, d'une conquête coloniale qui tourna à la folie et inspira à Joseph Conrad son chef-d'œuvre Au cœur des ténèbres, Serge Moati et Yves Laurent rouvrent un dossier terrible, à l'heure où la France commence à regarder en face le temps des colonies.

01/2006

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Critique littéraire

Correspondance 1923-1941

C’est à Londres, en 1922, que Virginia Woolf rencontra pour la première fois, au cours d’un dîner, Vita Sackville- West qui allait être pour de nombreuses années une des deux ou trois personnes les plus importantes de sa vie. Après avoir lu leur correspondance qui se poursuit sur plus de dix-huit ans, on ne pourra plus douter de la profondeur de la passion qui lia ces deux femmes exceptionnelles – une passion qui, en dépit des orages de la jalousie et parfois de la fureur, leur apporta, jusqu’à la mort tragique de Virginia, le bonheur d’une tendresse et d’une réciprocité de désirs qui renaissaient, crise après crise, de leurs cendres indestructibles.Vita-Sackville West excellait dans l’art de la correspondance. Qu’elle dépeigne des jardins anglais ou les steppes de la Prusse, les montagnes de la Perse ou les déserts de l’Arizona, sa démarche est alerte, imagée, avec un rien de malice dans la satire mondaine. Ses lettres nous transportent dans une époque où Gide et Proust choquaient, où un procès en obscénité était intenté à une romancière accusée de saphisme ; une période aussi où la littérature de langue anglaise, entraînée par de grands novateurs, continuait d’accorder la prééminence aux techniques de la fiction. Virginia Woolf, pour sa part, n’allait cesser de se débattre dans les affres de l’enfantement de « sa » vérité de l’écriture qui, peu à peu, l’acculerait au seuil de la folie. Mais au coeur de cette recherche torturante allait jaillir, avec une fraîcheur de fontaine, Orlando, dédié à Vita. À travers cette correspondance, c’est un nouvel aspect du fascinant et multiple visage de Virginia Woolf que nous apprenons à mieux connaître encore.

11/2010

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Histoire internationale

A la recherche du Liban perdu

A Beyrouth, au début des années 70, Nahida Nakad faisait partie d'une bande de copains joyeuse et insouciante dans le quartier de la Galerie Semaan, un magasin de meubles situé à la frontière des quartiers chrétien et musulman. Il y avait là tout l'arc-en-ciel des confessions libanaises : Alex le chrétien maronite, Walid le chiite, Salma la Palestinienne... et Nahida la Druze. A la recherche du Liban perdu est l'histoire entremêlée d'un pays et de ce groupe d'amis qui se désagrège, miné par la résurgence de haines ancestrales et happé en 1975 par la guerre civile, qui fera d'eux des ennemis irréductibles et, pour certains, des tueurs. Nahida Nakad, qui est revenue régulièrement au Liban comme grand reporter pour TF1, raconte un peuple épris de liberté, " désespérément optimiste ", qui rêve de paix mais dont la nation souffre de vices de construction rédhibitoires. Taillé dans le territoire syrien par décision des puissances occidentales au début du XXe siècle, doté d'une constitution qui pérennise les clivages religieux, le Liban est incapable de faire bloc face aux convoitises et aux coups de force de ses puissants voisins. Qu'il était beau, pourtant, le Liban de son enfance ! Nahida Nakad nous raconte les montagnes sauvages de l'arrière-pays, fief des grandes familles féodales druzes et chrétiennes, chez lesquelles on trouve un mélange de traditions millénaires et de liberté des mœurs unique au Proche-Orient. Elle décrit la côte où sévit une folie immobilière alimentée par l'argent de la diaspora libanaise que rien ne décourage. Mais elle dépeint aussi un pays qui vit aujourd'hui encore la peur au ventre, entre bombardements israéliens et assassinats politiques en série de personnalités antisyriennes.

09/2008

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Philosophie

OEUVRES. Tome 1

" Je ne suis pas encore à l'ordre du jour. Il en est qui naissent posthumes ", écrivait Nietzsche, en 1888, dans Ecce homo. A peine en effet avait-il sombré dans la folie, l'année suivante, qu'il naissait à la gloire et que son nom, depuis, n'a pas cessé d'être à l'ordre du jour - en France, notamment, où son œuvre a toujours été admirée, contestée, débattue. Nietzsche y aurait sans doute vu un signe du destin, lui qui, à travers ses références fréquentes à Montaigne et à Baudelaire, en passant par Chamfort et Stendhal, n'a pas dissimulé son admiration pour la culture française. Aussi était-il indiqué que cette édition de l'ensemble de ses œuvres autorisées et authentiques reprenne le texte, révisé, des premières traductions, parues au tournant du siècle. La langue est celle-là même dans laquelle Nietzsche eût aimé se lire ; et le lecteur d'aujourd'hui retrouvera ainsi le " Nietzsche français " qui séduisit tant Gide et Valéry. Ce volume va de La Naissance de la tragédie (1872) à Aurore (1889) : du jeune Nietzsche wagnérien qui annonçait une régénération de la culture allemande par la musique, au Nietzsche anti-romantique et antichrétien qui part " en campagne contre la morale ". Les textes sont éclairés par des notices et des notes traduites et adaptées de l'édition allemande des Œuvres due à Peter Pütz, professeur à l'université de Bonn. Une préface de Jacques Le Rider retrace l'histoire des " présences de Nietzsche en France ", tandis que ses rapports avec la civilisation française sont analysés, dans une postface, par Jean Lacoste, auquel on doit également une chronologie détaillée de la vie et des œuvres du philosophe. GEORGES LIEBERT.

03/2000

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Philosophie

OEUVRES. Tome 2

"Presque à chaque phase de ce livre, la gravité et l'enjouement se donnent tendrement la main", dira Nietzsche du Gai Savoir, par lequel s'ouvre ce second volume de ses oeuvres autorisées. Grave et enjoué, Le Gai Savoir chante la "grande santé" de l'intellect, qui se gausse de tout ce qu'on a tenu jusqu'alors pour "bon, intangible, divin", la prétendue morale surtout, "refuge des faiseurs de nuées", et avec elle ces endémies qu'on appelle compassion, abnégation et amour indifférencié du prochain. Repris sur le mode lyrique dans Ainsi parlait Zarathoustra, ce sont là les principaux thèmes qui vont désormais occuper la pensée de Nietzsche jusque dans ses derniers livres, achevés au seuil de la folie, où "le marteau parle" en brisant les idoles, pour préparer une "inversion de toutes les valeurs". Comme dans le premier volume de cette édition, nous avons repris le texte, révisé par Jacques Le Rider et Jean Lacoste, des premières traductions françaises de Nietzsche, parues au tournant du siècle dernier. Les textes sont éclairés par des notices et des notes traduites et adaptées de l'édition allemande des Oeuvres due à Peter Pütz, professeur à l'université de Bonn. Une préface de Philippe Raynaud replace Nietzsche dans la tradition philosophique dont il fut autant l'héritier que le critique radical, tandis que, dans une postface, Georges Liébert étudie les rapports passionnés que Nietzsche entretint toute sa vie avec la musique, à la fois comme compositeur et comme philosophe. Le lecteur trouvera enfin dans ce volume un index des noms et des notions, établi par Jacques Le Rider et Jean Lacoste, et qui est le premier de ce genre à paraître en France. GEORGES LIEBERT.

03/2000

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Beaux arts

Hubris, la fabrique du monstre dans l'art moderne. Homoncules, Géants et Acéphales

L'art moderne s'est souvent voué à la laideur. Anatomies difformes, palettes outrées, compositions incongrues, volonté de surprendre et de heurter : qui oserait encore parler de beauté ? Faute de pouvoir en appeler à la raison historique et à la désuétude des canons anciens - des proportions de Vitruve à la perspective d'Alberti -, ne convient-il pas de rechercher ce qui a provoqué ce changement radical dans l'élaboration des formes qu'on appelle "art" ? S'appuyant sur les matériaux patiemment rassemblés depuis trente ans à travers de mémorables expositions, de "L'Âme au corps" à "Crime et châtiment " en passant par "Mélancolie : Génie et folie en Occident " et "Les années 1930 : La fabrique de "l'Homme nouveau"', Jean Clair pro-pose une lecture anthropologique de l'esthétique moderne qui croise l'histoire de l'art, l'histoire des sciences et l'histoire des idées. Ainsi la seule année 1895 a-t-elle vu, simultanément, la naissance du cinéma. la découverte des rayons X, les applications de la radiotéléphonie (mais aussi la croyance en des rayonnements invisibles chez les tenants de l'occultisme), les premiers pas de la psychanalyse, l'essor de la neurologie : la sensibilité en est bouleversée, mais d'abord la façon qu'a l'artiste de se représenter le monde visible et singulièrement le corps humain. Paradigmes et paramètres, les modèles ont changé. L'art devient l'expérimentation du monstrueux et crée de nouvelles entités parmi lesquelles Jean Clair distingue trois figures directrices : le mannequin des neurologues, descendant des alchimistes et de Goethe, le Géant des dictatures, ' l'Ogre philanthropique" dont Le Colosse de Goya est le prototype, l'Acéphale enfin, le nouveau dieu des avant-gardes célébré par Georges Bataille.

03/2012

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Critique littéraire

La mort du papillon. Zelda et Francis Scott Fitzgerald

Francis Scott Fitzgerald fut un grand explorateur de la fêlure de l'être. C'est cette fêlure qui parcourt le livre bref et intense que Pietro Citati consacre au romancier américain et à la coquette et fantasque Zelda Sayre qui devint son épouse en 1920, l'année même où Scott publiait L'Envers du paradis. Si ce premier roman valut à Fitzgerald une immédiate célébrité, son succès ne l'empêcha pas de deviner tout près de lui l'ombre de futures catastrophes. Il pressentait que l'euphorie des roaring twenties - cette " orgie la plus coûteuse de l'Histoire " - devait un jour prendre fin. Alors que Scott observait le monde à travers sa propre fêlure, Zelda ne révélait, en apparence, aucune faille. Leur amour les rapprochait passionnément l'un de l'autre. Comment en vinrent-ils à blesser cet amour, à le déchirer, avant même d'être submergés par la folie ? Le couple ne comprit pas la raison du naufrage, pas même Fitzgerald qui représenta cette perte dans ses livres, car ses livres comprirent ce que lui ne comprit jamais. Tout en contant le pathétique destin de Scott et de Zelda, Pietro Citati évoque avec finesse et vivacité l'œuvre d'un écrivain plus sensible qu'aucun autre à la musique des choses perdues. Fitzgerald se glissait dans les interstices entre les choses. Ses mots avaient le pouvoir de rendre la réalité légère et transparente, même quand elle était faite de stridence, de tristesse et de douleur. Cette poignante légèreté qui traverse l'œuvre de Fitzgerald, Citati l'accueille dans son propre livre. II fait place à ce très vif sentiment d'une vérité de la vie qui loge au secret du cœur, à la source du style, et qui ne pèse pas plus que la poussière des couleurs sur les ailes d'un papillon.

10/2007

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Sciences historiques

Le roi et le déshonneur des familles. Les lettres de cachet pour affaire de famille en Franche-Comté au XVIIe siècle

Au XVIIIe siècle, le roi reçoit des suppliques désespérées de dizaines de milliers de familles qui redoutent que le comportement déviant de l'un des leurs ne conduise au scandale d'une condamnation judiciaire. C'est un quotidien familial intime et douloureux, pris sur le vif, qu'exposent sans fard les dossiers de lettres de cachet pour affaires de famille de l'intendance de Franche-Comté. Les conséquences dangereuses des excès d'un fils cadet, de la folie d'un neveu ou de l'adultère d'une épouse amènent le monarque, père et juge suprême des sujets, à intervenir pour préserver l'honneur de la famille, en expédiant une lettre de cachet qui ordonne la détention de l'accusé. Les archives comtoises révèlent une prise en compte attentive des conflits de plus de 270 familles, principalement nobles et bourgeoises, par la monarchie absolue. Faisant des affaires de famille une affaire d'Etat, le roi emploie la lettre de cachet pour le règlement de différends privés, dans un subtil parallèle entre ordre familial, social et politique. Une procédure complexe, basée sur une enquête de terrain, mobilise toute la hiérarchie administrative, dévoilant une famille déchirée par des luttes de pouvoir intestines et des frustrations anciennes. Le succès des lettres de cachet de famille éclaire d'un jour nouveau le rapport unissant l'Etat et la famille à la fin de l'Ancien Régime et la crise profonde née de la confrontation entre l'intérêt familial et les aspirations individuelles. La cruelle destinée des correctionnaires comtois enfermés à l'hôpital de Bellevaux à Besançon, au château de Joux, à Bicêtre, ou même exilés en Nouvelle-France et aux Antilles, montre quel est le prix payé par ceux qui, rejetés par leur famille avec l'aide de l'Etat, commencent à apparaître à l'approche de la Révolution comme les victimes de l'arbitraire monarchique.

12/2017

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Romans historiques

Un meurtre, une société. L'assassinat du duc d'Orléans, 23 novembre 1407

L'assassinat de Louis, duc d'Orléans, frère unique du roi de France, par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, cousin germain de l'un et de l'autre, est un événement d'importance. Ce fut une affaire de famille et une affaire d'Éat qui plongea les Français d'alors dans les malheurs d'une guerre civile où s'opposèrent les Armagnacs et les Bourguignons, puis de la guerre étrangère, contre les Anglais. D'autre part, rien ne peut mieux révéler ce que fut la société politique française à la fin du Moyen Âge. Les Français rêvaient alors d'une société bien ordonnée en une belle hiérarchie dominée par la majesté royale. En réalité, désordres et violences les faisaient vivre dans une structure fragile que la folie du roi Charles VI menaça plus encore. Elle posa des problèmes que ni les parents du roi ni les institutions du royaume ne purent résoudre. La haine et le froid calcul poussèrent le duc de Bourgogne au meurtre de son rival. Ce meurtre aurait pu être de peu de conséquence. Si le duc avait avoué son crime et s'était repenti, le roi aurait pu pardonner, et la paix aurait été rétablie. Au contraire, l'honneur du duc le conduisit à se justifier et à se glorifier. Le roi fut donc impuissant à contenir le désir de vengeance des parents et amis du duc d'Orléans. Le récit des tempêtes et des débats qui suivirent le meurtre de 1407 est ici prolongé jusqu'en 1419, où la mort du duc fut vengée par le meurtre de son meurtrier, à Montereau, sur ordre et en présence du dauphin Charles, le futur Charles VII.

03/1992

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Littérature étrangère

L'exercice

Le roman éblouissant d'une implacable manipulation Georgia et Filippo vivent dans la banlieue est de Milan. Après trois ans de vie commune, leur quotidien de couple s'est fait morose. Alors, quand Giorgia croise son ancien professeur de théâtre, Mauro, et qu'il lui propose un rôle dans sa prochaine pièce, elle saute le pas, se donnant corps et âme à ce nouveau projet. Si par le passé la scène avait maintenu Giorgia à flot, les peurs et hallucinations contre lesquelles elle s'est battue toute sa vie reviennent cette fois-ci pour briser les digues de son esprit.
En perdant ses repères le soir de la représentation, persuadée de savoir voler, Giorgia tente de se défenestrer. Tandis qu'elle est soignée, on lui diagnostique une schizophrénie paranoïde. De façon inattendue, Mauro vient au secours d'un Filippo dévasté, se présentant régulièrement à l'hôpital pour lire à Giorgia des bribes de ses rôles passés, notamment la comtesse Olivia de La Nuit des rois. Alors que Giorgia reprend progressivement connaissance, c'est au travers des dires et gestes de ce personnage qu'elle s'exprime.
Ce comportement inspire une idée à Mauro : il propose à Filippo d'écrire ensemble un scénario reprenant les détails de sa vie commune avec Giorgia qui permettra à celle-ci de retrouver son identité en s'interprétant elle-même. Un " exercice " qui les mènera sur des chemins qu'ils ne soupçonnaient pas... Dans ce premier roman éblouissant, Claudia Petrucci met en place une implacable manipulation. Avec une langue vive et délicate, elle explore les frontières entre " folie " et " normalité ", et projette avec talent ses personnages sur la troublante scène de théâtre qu'est le monde.

01/2021

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Littérature française

Des nouvelles de l'amour ?

On dit que l'amour gouverne le monde, ou bien on veut le croire, mais qu'est-ce qu'il s'y prend mal ! On tangue, on roule, on a le mal de mer, le vertige des profondeurs, l'ivresse du voyage. On est coulé, on se noie ou on surnage, nos vies sont des croisières et des naufrages... Bref, c'est l'amour dans toutes ses dispositions qu'on lira ici. Celui qui s'écrit en testament ou palimpseste, en cyrillique et calligraphes, au goût du jour pour des vedettes, ou « des histoires comme la nôtre, de celles qu'on n'écrira jamais », le coup de folie-feu de paille ou le platonique qui s'entête... Que l'on soit sage ou fou, gamin ou tête blanche, consentant ou réfractaire, bête ou poète, c'est le même sentiment qui donne à la vie la couleur que l'on aime tant. Et pour respirer ce parfum subtil ou entêtant, cette musique légère ou dramatique, ces couleurs vives, leurs transparences... De l'Amour, en voici des... nouvelles ! Tout le monde a quelque chose à dire sur l'amour, mais l'écrire peut être un défi, relevé avec humour ou sérieux, dans ce recueil polyphonique, qui, évidemment, n'épuise pas le sujet ! Douze auteurs, douze variations sur un même thème, et autant de sensibilités et d'approches pour tenter de cerner ce qui fait de nos vies des montagnes russes, pour le pire comme pour le meilleur. Exploratrice de l'écriture, ex-professeur de lettres, l'auteur aborde différents types d'écrits : témoignage, nouvelles, roman. Ici, elle cède aux muses de la poésie contemporaine sans règles fixes, facile… à lire, et au dessin d'aquarelles figuratives à feuilleter.

09/2014

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Critique littéraire

Les manuscrits de l'extrême

" Je crois que les mots ne sont pas sans importance. Je crois qu'ils sont notre cirque et notre dignité ". Cette épigraphe, tirée du livre Croquis de Jean-Pierre Cescosse, ouvre l'introduction du catalogue de l'exposition " Manuscrits de l'extrême ". L'usage des mots dans une situation extrême - détention, mission périlleuse, tournant critique, amour passionnel, deuil, aliénation mentale - prend souvent la forme d'un acte nécessaire, mais se heurte aussi à l'impasse du langage, à la difficulté à exprimer et à transmettre les émotions ou les tourments les plus vifs qui nous animent, sans les dévoyer, les amplifier ou au contraire les subvertir. Cet ouvrage présente une centaine de manuscrits touchants, bouleversants et parfois glaçants : les lettres de Sade écrite lors de son emprisonnement à la Bastille, le Livre d'heures de Marie-Antoinette annoté avant son exécution, les notes prises par Victor Hugo sous la dictée des esprits lors de séances de spiritisme, les fragments du Journal de Marie Curie à la mort de Pierre, les dessins des enfants d'Izieu, un billet d'Alice Mangin, arrêtée en 1942, écrit avec son sang, les derniers mots de Pierre Guyotat alors qu'il sombre dans le coma,... Il s'organise en quatre sections : " Prison " : ce sont les manuscrits écrits dans des conditions de détention (prisons, camps, interrogatoire, isolement, déportation) ; " Passion " : les manuscrits écrits dans des états émotionnels extrêmes (transport amoureux, délire mystique, deuil) ; " Péril " : les manuscrits écrits dans des situations particulièrement périlleuses ou face à un danger de mort imminent (expédition, veille d'exécution, évasion, aventure incertaine) ; " Possession " : les manuscrits écrits sous emprise, qu'elle soit liée à la prise de psychotropes ou à un état psychique particulier (folie, drogue, délire, transe).

04/2019

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Musique, danse

Verbier Festival. 25 ans au sommet, Edition bilingue français-anglais

Coédition Noir sur Blanc / Fondation du Verbier Festival Livre bilingue français/anglais 300 photographies en couleur. Le Verbier Festival est un festival de musique classique qui permet des rencontres et des échanges entre les grands maîtres et de jeunes musiciens du monde entier. Sa 25e édition aura lieu du 19 juillet au 5 août 2018 à Verbier (Suisse). Verbier Festival. 25 ans au sommet / 25 years at the top est une plongée dans les coulisses du monde de la musique classique, à la découverte des secrets de fabrication d'un événement de renommée mondiale perché à 1500 mètres d'altitude. En 1993, lorsque l'idée de réunir en montagne des grandes stars du classique a émergé dans l'esprit de Martin T : son Engstroem, ce projet a été considéré comme une pure folie. Désormais, le festival est installé dans la saison estivale et s'est affirmé comme une pépinière pour les jeunes talents avec ses programmes de formation. Les violonistes Renaud Capuçon et Julia Fischer, les pianistes David Kadouch, Denis Kozhukhin et Kirill Gerstein ont tous passé par Verbier avant de mener une brillante carrière. Par des témoignages et des anecdotes, Julian Sykes nous fait revivre cette épopée parfois chaotique, mais aussi les grands moments, les tournées, les magnifiques rencontres entre artistes et mélomanes – toutes ces petites et grandes histoires qui font l'ADN du festival. Quant à Michèle Larivière, elle donne la parole aux personnalités locales, commerçants, hôteliers et Amis du festival. Le fonds photographique du festival révèle ses trésors, à mi-chemin entre l'album de famille et le livre d'art aux clichés exceptionnels. On découvre des images inédites des vedettes de la scène classique internationale, comme les pianistes Evgeny Kissin et Martha Argerich, les violonistes Maxim Vengerov et Leonidas Kavakos, ou encore le violoncelliste Mischa Maisky.

11/2018

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Littérature étrangère

L'exil éternel. Une traversée du Goulag

Pour le conservateur du musée de l'association Mémorial à Moscou, ce " récit au regard perçant " est l'un des meilleures livres jamais écrits sur le goulag. Pendant plus de trente ans, ces pages saisissantes reposèrent dans un tiroir. Il fallut attendre 1989 pour voir ce récit imprimé par une petite maison d'édition autrichienne, à titre posthume. C'est un chef-d'oeuvre qui sort aujourd'hui de l'oubli. Issue de l'aristocratie autrichienne, Angela Rohr parcourt l'Europe du début du XXe siècle et fréquente les milieux littéraires, scientifiques et politiques : les expressionnistes, les dadaïstes, Freud, Brecht, Rilke... Elle s'essaie à l'écriture, étudie la médecine à Paris, à Berlin et à Vienne, s'initie à la psychanalyse. Avec son mari, elle rejoint l'URSS avec ferveur pour participer à la construction de la "société nouvelle" . Après l'invasion de l'Union soviétique par la Wehrmacht en 1941, ils sont arrêtés parce qu'ils sont autrichiens. Son mari disparaît et Angela est condamnée à cinq ans de Goulag. A l'issue de sa peine, elle est assignée à la relégation définitive, l' "exil éternel" . C'est seulement après la mort de Staline qu'elle peut rentrer à Moscou, en 1957. Elle meurt en 1985, dans la misère, sans savoir que son oeuvre survivra. L'auteure, qui a passé seize années au Goulag, n'explique pas. Elle décrit, dans un style dépouillé, sans artifices ni fioritures, avec une apparente froideur et parfois même quelques pointes d'ironie. C'est d'autant plus bouleversant. Avec son récit au scalpel sur l'humanité broyée par la folie concentrationnaire, Angela Rohr prend place aux côtés des grands témoins du Goulag, Alexandre Soljénitsyne, Evguénia Guinzbourg ou Varlam Chalamov.

02/2019

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Critique littéraire

Un dénommé Ramondès

Roman historique ou d'amour ? Roman à clef ou d'espionnage ? Un dénommé Ramondès oscille entre les genres, à l'image de son protagoniste voyageant entre France et Italie, à la veille de l'entrée en guerre, au printemps 1940. Il arrive dans un Milan tout aussi stendhalien que fasciste. Qui est-il d'ailleurs ce Ramondès ? (Le sait-il lui-même ? ) Lettré, amoureux de Proust – et des jolies Milanaises –, il endosse les habits (rutilants) d'un presque homonyme, célèbre critique. Cette imposture onomastique lui donne accès aux cercles culturels de la capitale lombarde où l'on se plaît à refaire le monde littéraire et politique, comme dans les salons de cette France que tous admirent et que notre héros incarne à leurs yeux. (Et à sa manière, pour ne point être démasqué, il lui faut livrer bataille face à des experts en bons mots et saillies à double sens).  ;
Récit brillant (entre Gadda et Proust sur le plan stylistique), hommage à la culture française aimée par son auteur, Un dénommé Ramondès propose une plongée, sans équivalent dans la littérature italienne, au coeur d'un moment de crise où, comme nous le rappelle la célèbre formule de Gramsci, deux mondes s'affrontent : celui qui ne veut pas mourir, constitué par des intellectuels érudits pour qui la littérature est un refuge apaisant, et celui qui ne peut encore naître, empêché par l'emballement de la folie des hommes. Réflexion sur l'identité, le roman de Vigevani illustre d'une façon implacable, et éminemment élégante, une période qui vit l'Italie basculer dans l'irrationnel. En ce sens, il se prête aussi à une lecture plus contemporaine. C'est là la marque des grandes oeuvres littéraires.   ;   ;
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01/2019

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Philosophie

Les nouveaux somnambules

L'ouverture de cet essai en résume le propos : " Quoique tous leurs mouvements se produisent dans la réalité, le propre des somnambules est d'y poursuivre leurs rêves. Or ce rêve leur fait éprouver comme inexistante la réalité où ils agissent, tout en leur imposant comme une incontestable réalité la fiction dont ils sont envoûtés. Les somnambules sont donc comme des hallucinés. Ils croient percevoir ce qu'ils ne font en fait qu'imaginer. Ils vivent l'irréel comme suprêmement réel, sans que la réalité soit pour eux plus que rien "C'est dire que cette théorie du somnambulisme concerne aussi bien le terroriste (qui ne croit qu'à ce qu'il imagine) , que le rêveur ou le militant politique. Cet essai s'ouvre ainsi, sur les évènements tragiques de janvier 2015 où des fanatiques voulurent ne voir, dans le monde réel, que la projection de leur foi, de leur folie, de leurs illusions ; mais cet essai se poursuit aussitôt avec l'analyse de vision du monde des dessinateurs de " Charlie " qui, en faisant de tout une farce, ont également pris le risque de considérer le réel comme une interminable saga comique - donc fallacieuse. Là aussi, l'imaginaire, fût-il drolatique, déforme le vrai. De fait, les hommes, semble dire Grimaldi, n'ont cessé de prendre leur imaginaire pour le réel, et les exemples ne manquent pas : que l'on songe, par exemple, à la " vision " paradisiaque que les communistes eurent du " paradis " soviétique. A celle que les nazis eurent du IIIème Reich, etc. Nicolas Grimaldi ne cesse donc, ici, d'aller et de venir entre l'histoire et la philosophie, entre le goulag et Montaigne, entre l'islamisme et Spinoza, pour analyser, impitoyablement, les distorsions que l'idéologie inflige au monde réel. C'est brillantissime. Et convaincant.

01/2016

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Littérature française

Ames frères

Premier livre d'une auteure funambule, Ames Frères se lit d'un trait, sans reprendre son souffle. On y traverse les épreuves d'une vie à perdre haleine, qui, follement émouvante, oscille entre le tragi-comique, de la même façon qu'on ne saurait dire s'il s'agit d'un roman ou d'un témoignage. Kidnappée dès son plus jeune âge, sauvée par Robert Broussard, qui devient sa figure de référence avant d'être le flic préféré des français, élevée par un père fou et tyrannique qui se croit de plein droit l'homme le plus riche du monde, et une mère que sa beauté oblige à vivre au-delà des autres, Laure se retrouve dès l'âge de ses quatre ans à la tête d'une fratrie qu'elle décide de sauver d'un monde adulte en lequel elle ne croit plus. La narratrice, ses petits frères sous le bras, nous attrape par la main pour nous emmener taper les murs de sa vie. On pleure, on rit. On valdingue du discernement à la folie. On est balloté entre tendresse et froide lucidité. On retient son souffle entre profondeur et légèreté. On chancèle entre les millards et la misère. On rend l'âme entre humanité et inhumanité. Une épopée démarrée sur les chapeaux des roues de la voiture qui l'enlève, et qui à chaque nouveau virage, relate une vie extra-ordinaire. Une écriture vivante, sensible, spontanée, à l'oeil aiguisé qui tombe les masques des préjugés, du regard porté sur l'autre, de la société, des exclus. Un hymne à la vie, à la liberté, à ceux qui ne renoncent pas, dont on sort bouleversé, le coeur et le regard à l'envers de la gifle que l'on prend. Un chant d'amour dans lequel on comprend que Laure puise sa grande force. En fait, une nécessité.

10/2015